vendredi 29 mars 2024

Quelle Diplomatie pour le Tchad ?

Written by  Fév 26, 2005

A l’occasion de la nouvelle année 2005, permettez-moi de vous présenter mes meilleurs vœux de succès et de réussite pour votre Journal, mes vœux de santé, de bonheur et de prospérité pour vos rédacteurs et lecteurs et enfin mes vœux de paix et de sécurité pour notre pays, le Tchad. Ainsi, au seuil de ce nouvel An, il est certes bien d’adresser des vœux, mais il serait aussi intéressant de poser des questions qui permettraient à chacun de nous de réfléchir sur des sujets importants pour notre pays.

Dans les années 1995, on parlait de la <clochardisation des diplomates tchadiens>, article publié dans NDjaména-Hebdo par notre frère Mahamat-Ahmat Adamou. Aujourd’hui environs dix ans après, comment se porte la diplomatie tchadienne ? Y a-t-il une évolution positive ou négative ? Quels changements ou réformes ont-ils été entrepris ? Bien qu’il ne soit pas question ici de faire un bilan, peut-on savoir l’état actuel de notre diplomatie ? Quel est le sort de nos diplomates et dans quelle condition exercent-ils leur noble mission de représentation de notre pays ?
La politique étrangère relève généralement du domaine réservé du Président de la République. Quels efforts le Chef de l’Etat a-t-il fait pour améliorer la diplomatie tchadienne ? Et quels résultats nos multiples Ministres des Affaires Étrangères avaient-ils réalisés ?
La politique étrangère appelée aussi politique extérieure, est en principe le prolongement et l’expression de la politique nationale d’un Etat sur le plan international. La diplomatie n’est que la manière de sa mise en œuvre ou la méthode de son exécution par les agents et cadres du Ministères des Affaires Étrangères.
La crédibilité d’un Etat dépend certes de sa bonne gouvernance mais aussi de sa politique étrangère et de sa diplomatie. La réussite d’une diplomatie est liée à plusieurs facteurs mais surtout aux ressources humaines et financières mises à sa disposition. Et la volonté politique des hauts dirigeants du pays crée le déclic et donne souvent le stimulus aux diplomates.

Depuis le 1er décembre 1990, date de la prise de pouvoir du président Idriss Déby à nos jours, la diplomatie tchadienne a connu neuf Ministres des Affaires Étrangères(2). Il n’est pas question ici de les classifier bon ou mauvais, mais plutôt de savoir quelle réforme sérieuse notre diplomatie a-t-elle connue ? Nos ministres des Affaires Étrangères ont-ils eu le temps et les moyens d’accomplir leur mission ? Avaient-ils eu la volonté ou le courage de l’assumer pleinement ?
- Pour ce qui est des ressources humaines, notre diplomatie renferme des cadres expérimentés et compétents, capables d’assumer pleinement leurs fonctions et responsabilités, même au niveau international. Ces potentialités sont-elles exploitées suffisamment comme il le fallait ?
Au niveau national, avec la politisation abusive et négative de l’Administration tchadienne, les cadres et agents du Ministères des Affaires Étrangères ne sont pas réellement associés dans les grandes négociations internationales du Tchad. Ignorés parfois volontairement par leur propre Chef de Département ou parfois par méconnaissance de leur capacité réelle, certains croupissent dans leurs bureaux sans prendre aucune initiative. D’autres, découragés s’orientent vers d’autres Départements ministériels ou se résignent simplement chez eux, en observant à distance ce qui se passe. D’autres encore se font rares au Département et n’apparaissent que périodiquement pour percevoir leur salaire mensuel. Dommage!... Mais il y a aussi ceux qui malgré cette situation difficile et complexe, travaillent et font des propositions intéressantes qui malheureusement ne sont pas toujours suivies par les politiques.

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Ainsi, les Agents et cadres du Ministère des Affaires Étrangères sont marginalisés pour ne pas dire exclus des négociations importantes du Tchad. Libre cours est donc laissé à d’autres personnes à compétence aléatoire en négociation, qui se bousculent pour s’arroger le droit de participation à telle ou telle mission extérieure, sans défendre réellement et méthodiquement les intérêts du pays, moins encore rapporter de résultat tangible. Souvent aucun rapport de mission n’est établi ne serait-ce que pour permettre une bonne suivie dans l’avenir.
En cas même de nomination officielle de certains dans une Mission diplomatique tchadienne à l’extérieure, nos diplomates traînent six à douze mois entre les bureaux et services du Ministère des Finances pour se voir délivrer les titres de transport pour rejoindre leur poste d’affectation. Et ils partent généralement, dans un premier temps, sans leur famille.
Après la prise de service de leur fonction, ils attendent encore désespérément trois à quatre mois pour se voir mandater et percevoir leur salaire. Ainsi, ils deviennent de facto une charge supplémentaire pour les Ambassades qui n’ont d’ailleurs que de très maigres ressources financières. Parfois, certains payent eux-mêmes le transport des membres de leur famille, sans être remboursé par les finances publiques. S’ils persistent à réclamer le remboursement, leur dossier est systématiquement transféré et classé à la Direction de la Dette. Les frais de scolarité de leurs enfants et les frais médicaux, prévus par les textes officiels, ne sont pas payés par l’Etat. Pire encore en cas de rappel à la fin de leur mission, leur rapatriement au pays n’est pas immédiat. L’obtention des titres de transport pour leur retour au Tchad devient problématique et hypothétique, créant ainsi des frustrations et parfois des conflits inutiles. Nos diplomates sont donc obligés de mobiliser leurs amis et parents au pays, pour négocier avec les autorités et chefs de Services du Ministère des Finances, comme si leur rapatriement était une faveur et non un droit prévu par les textes nationaux. Abandonnés ainsi sans salaire et sans leurs billets d’avion de rapatriement, certains essaient de travailler temporairement dans le pays hôte pour soutenir leur famille. Mais au pays, certains politiciens opportunistes les qualifient d’Opposants politiques en exil. Face à cette situation, nos Ministres des Affaires Étrangères sont indifférents ou restent impuissants. Et nos Conseillers diplomatiques à la Primature et à la Présidence de la République ignorent totalement leur sort ou s’en soucient peu.

Notre pays a besoin de ses fils et de ses cadres. Nos diplomates, quel que soit le nombre des années passées à l’extérieur, ont acquis de l’expérience et du professionnalisme. Le Gouvernement tchadien doit-il encourager et faciliter leur retour au pays ou les pousser indirectement à l’exil ? Cette manière de faire ne favorise-t-il pas la fuite des cerveaux tchadiens vers d’autres horizons ?
Quant à nos Ambassades et Missions permanentes, elles sont très limitées en nombre actuellement. Mais leurs locaux sont vétustes et généralement avec des équipements qui datent des décennies. Certaines sont gonflées des agents et d’autres presque vides. Leur caractéristique commune est qu’elles sont laissées à la merci de certains faucons politiciens qui dès leurs prise de fonction, se cantonnent soit dans le mercantilisme primaire, soit à se servir abusivement pour ne pas parler de dilapider les maigres ressources de fonctionnement de nos Représentations diplomatiques. Si celles-ci deviennent rares, ils se lancent sans scrupule à brader nos patrimoines immobiliers acquis depuis des décennies et après tant d’efforts. Quelques exemples connus de tous méritent d’être rappelés.
- L’ancien Ambassadeur du Tchad aux États-Unis d’Amérique, M. Ahmat Hassaballah Soubiane, connu sous le vocable <Bavure> a troqué notre résidence de Washington D.C., pour soit disant avoir une nouvelle résidence descente. Il opte ainsi volontairement pour s’éloigner à l’Etat voisin de Maryland. Pour quel intérêt pourrait-on brader cette immense résidence du District de Columbia, en plein centre de Washington, pôle attractif de la diplomatie américaine et mondiale ? Comment cette transaction a-t-elle été menée et à qui profite-t-elle ? En fait, notre pays le Tchad bénéficie-t-il de quoi ?  Paradoxalement, à la fin de sa mission interrompue par le président Déby suite à leur fameux conflit pré-électoral, notre Ambassadeur confisque cette résidence du Tchad avec tous les autres biens y compris les voitures de fonctions de l’Ambassade. Sous prétexte d’exiger ses droits de rapatriement, bien qu’il est évident qu’il ne retourne pas au pays pour le moment, il refuse de libérer cette résidence à son successeur et se lance dans son opposition contre le président Déby. Drôle de manière de défendre les acquis constitutionnels et faire main basse sur les biens publics...
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- M.Ousmane Djidda, notre Ambassadeur au Nigéria, sous prétexte de préparer le déménagement de l’Ambassade du Tchad de Lagos à Abudja, s’est plongé également dans des confuses transactions immobilières, soulevant la réprobation des tchadiens, dans les journaux et Sites Web. Comment s’est terminée son affaire ? Seul lui-même pourrait nous éclaircir.
- M.Ahmat Abderahmane Haggar, notre ancien Représentant-Permanent aux Nations Unies, avec la complicité de son neveu M. Bichara Daoussa, ancien Ministre des Finances qui avait récemment le vent en poupe, a tenté sans succès de vendre la propriété de la résidence du Tchad de White Plaine à New York. Cette transaction a été stoppée grâce à la vigilance du Ministre des Affaires Étrangères de l’époque, l’honorable Mahamat-Saleh Annadif, et du président Déby lors de sa visite à New York en juin 1999.
Malheureusement son remplaçant M. Koumtog Laotekguelnodji avec la complicité de son Conseiller Issa Boukar, qui d’ailleurs avait déserté son poste, ont réussi à achever le bradage de cette propriété tchadienne de White Plaine, pour s’acquérir à quel prix et dans quelle condition un misérable ghetto de résidence dans les faubourgs de New York. Aussitôt la juteuse et douteuse transaction ficelée, notre Premier Conseiller déserta son poste de New York pour aller soi-disant se soigner au Soudan, mais rentre discrètement à N’Djamena…. Quant à l’Ambassadeur, à la fin de sa mission, il déclara qu’il avait acheté cette nouvelle résidence à crédit. En fait, sur les 700.000 dollars encaissés, notre Ambassadeur n’a payé que 200.000 $ et plonge ainsi volontairement le Tchad dans les dettes. Alors où sont passées les 500.000 dollars restant des recettes de la vente de notre propriété de White Plaine ? Pire encore bien qu’il a reçu ses billets d’avion pour le retour au Tchad, il opta pour laisser sa famille à New York, soit disant à la charge d’une Église. Drôle de manière de préparer un exil discret.

Au moment où tout le monde cherche à avoir une résidence dans les centres urbains, ce qui faciliterait le contact et les concertations avec les autres diplomates, nos stratèges politiciens-diplomates persistent et optent à s’isoler dans les périphéries et faubourgs, en échange peut-être de quelques subsides financières personnelles….Heureusement que pour le moment certaines de nos Ambassades ailleurs, sont épargnées. Ainsi, nous espérons que de telles pratiques mafieuses ne puissent pas tenter nos Excellences !
Il y a certes de problèmes de gestion, mais il faut noter aussi que le budget de notre Ministère des Affaires Étrangères est insignifiant et ne permet pas d’atteindre de grands objectifs d’envergure internationale. Souvent dans nos chancelleries, par faute de moyens ou par simple manie d’économie épicière, des réceptions et cocktails sont très rarement organisés et cela même à l’occasion des fêtes nationales historiques. Nos plénipotentiaires prennent fonction et quittent dans la clandestinité, sans même dire parfois au revoir à leurs collègues diplomates des pays amis ou à leurs compatriotes-résidents. Heureusement qu’il y a quelques-uns qui font de leur mieux pour représenter dignement le Tchad, mais ne sont pas du tout encouragés. D’autres, se considérants comme des politiciens zélés, ne trouvent leur salut qu’à produire de faux papiers de renseignements sur leurs compatriotes. Parfois, ils s’en prennent à leurs propres collègues diplomates tchadiens et agents d’Ambassade, les menaçant parfois ou les poussant implicitement à l’exil. C’est pourquoi une appréciation préalable de leur intégrité mérite d’être faite avant toute nomination. La diplomatie classique spécifiquement politicienne est de nos jours dépassée. Elle devient aujourd’hui un réel facteur de développement économique, culturel et social. Pourquoi alors ne pas lui consacrer une attention particulière et un budget conséquent, pour permettre à nos diplomates d’assumer pleinement leur mission ? Cela serait plus réaliste que de se précipiter d’ouvrir de nouvelles missions comme à Genève ou envisager d’autres à Montréal, Johannesburg et Tokyo, sans réellement définir leurs objectifs et évaluer au préalable leur coût financier.

-Sur le plan international, les Chefs de la Diplomatie tchadienne ne font aucun effort pour soutenir le maintien de nos quelques rares cadres dans les Institutions internationales. Moins encore, ils n’ont pas de stratégie conséquente, ni une politique de placement et d’intégration de nos anciens Diplomates, anciens Ministres, des hauts Cadres et Techniciens tchadiens dans les Organisations internationales. Aucune planification ou une projection à moyen ou long terme n’est envisagée. Le Tchad est membre de plusieurs Organisations internationales. Notre pays n’a-t-il pas le droit de négocier, de faire campagne, et de briguer des postes pour ses ressortissants dans les Institutions internationales ?
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Quelques soient nos possibilités, notre pays y contribue financièrement. Alors pourquoi ne pas envisager cette possibilité de faire participer les tchadiens qui ont le profile et la capacité à amorcer l’expérience internationale ? Le Tchad a-t-il épuisé le quota des postes qui lui reviennent dans certaines Institutions internationales ? Ces questions sont déjà soulevées par nos cadres et agents, mais la gestion opaque, personnelle et quotidienne de notre diplomatie ne laisse pas la possibilité de faire de projections d’avenir. Le Tchad est membre de l’ONU depuis les années 60. Est-il normal qu’après plus de quarante ans, il n’y a pas un seul tchadien fonctionnaire permanent travaillant au siège des Nations Unies à New-York ? Pourquoi sommes-nous si absents dans les Institutions et Organisations internationales ?
Quant aux ressources financières du Ministère, si on exclut les salaires des agents et diplomates, la plupart du budget du Département est souvent consommé par le transport des Ministres et leurs Caisses d’Avance. Nos Ministres voyagent souvent seuls, sans être accompagné des agents de leur Département. Et dans nos Représentations diplomatiques, ce sont souvent les dépenses personnelles des Ambassadeurs qui priment. Ils se font rembourser leurs frais médicaux et autres, ignorant parfois ceux de leurs collègues et agents. Le fonctionnement réel des services intérieurs et extérieurs, généralement relégué au second plan, se limite à l’achat de quelques paperasseries. Les mobiliers et autres équipements ne sont pas du tout renouvelés et restent vétustes, tant au Ministère que dans les Ambassades et Consulats, du fait qu’ils datent des dizaines d’années. Cette situation est connue de tous. Les responsables politiques, les membres du Gouvernement, les cadres et fonctionnaires tchadiens effectuent régulièrement des missions à l’extérieur. Ils visitent souvent nos Ambassades et Missions permanentes, rencontrent nos diplomates et sont informés de cette réalité. Comprennent-ils ou sont-ils conscients de l’enjeu de notre Diplomatie ? Personne ne réagit et la situation persiste. Le Chef de l’Etat est-il vraiment engagé à redynamiser la diplomatie tchadienne et lui donner le soutien politique et financier conséquent ? Le Tchad pourrait-il mettre un terme à la politique de sous-représentation symbolique dans nos Ambassades ? Peut-on enfin évoluer de la politique de la chaise vide dans les Organisations internationales à une réelle diplomatie d’action dynamique pour la défense de nos intérêts ?
Alors, quand pourrait-on espérer un changement réel et positif dans la méthode de gestion de notre Diplomatie ? Le Chef de l’Etat, le président Idriss Déby nomme nos Ministres des Affaires Étrangères et Ambassadeurs. Il leur fait confiance dans leurs missions respectives. Mais ces derniers assument-ils correctement leur responsabilité ? Font-ils des rapports périodiques de travail sérieux ou de simples notes de réclamation de fonds, d’interminables arriérés et remboursements ?
Nos Ambassadeurs ont-ils les capacités et surtout les moyens d’accomplir leurs fonctions ? Les Conseillers diplomatiques à la Primature et à la Présidence de la République assurent-ils correctement le suivi de notre Diplomatie ? Maintiennent-ils des contacts réguliers avec le Département des Affaires Étrangères et nos Ambassades à l’extérieur ? Suivent-ils les propositions et avis des cadres et agents du Ministères des Affaires Étrangères et de nos Chancelleries ? Ou bien portent-ils uniquement leur titre et s’agitent simplement au cas où le Chef de l’Etat ou le Premier Ministre leur sollicite tel ou tel dossier ?

Face à cette situation quelle Diplomatie pour le Tchad peut-on espérer à l’ère du millénium ? Quelques soient nos difficultés et problèmes internes, le Tchad doit soigner son image de marque et préserver sa crédibilité internationale. La pression de certaines Institutions internationales financières ne doit pas nous faire perdre de vue le choix d’une politique extérieure dynamique et tout azimute. Notre politique étrangère relève du domaine de la souveraineté nationale. Les tchadiens, à tous les niveaux, doivent l’assumer pleinement et correctement, sans aucune complaisance. L’honneur et la crédibilité de notre pays, le Tchad n’a pas de prix.

Hassane Mayo-Abakaka
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(1) - Membre fondateur et Secrétaire Général de l’UN (Union Nationale) de Abdoulaye LAMANA(1992-1997), Dr. Hassane MAYO-ABAKAKA, Diplomate de carrière, dispensait les Cours d’Histoire diplomatique et des Droit des Organisations internationales à l’ENAM de N’Djaména (1989-1997).Plusieurs fois Directeur au Ministère des Affaires Etrangères(1991-1997), il était  Premier Conseiller à la Mission Permanente du Tchad Auprès des Nations Unies à New York(1998-1999),puis devient fonctionnaire des Nations Unies chargé des questions politiques dans le Conflit du Sahara Occidental(2000-2002). Il est aujourd’hui Consultant international.

(2) - Il s’agit de:1-Soungui Ahmed Kotoko, 2-Mahamat-Saleh Ahmat, 3-Mahamat-Ali Adoum, 4-Fakadi Lockna-Vidina, 5-Korom Ahmed, 6-Ahmat Abderaman Haggar, 7-Saleh Kebzabo, 8-Mahamat-Saleh Annadif, et 9-Nagoum Yamassoum.  

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