Entrevue Exclusive : Ali Abdelrahmane Haggar

Written by  Juil 15, 2010

Enseignant, écrivain et homme politique, Dr Ali Abdelrahmane Haggar est aujourd’hui Président du Comité de Pilotage de l’École des hautes Études Économiques, Comptables, Commerciales et Communication (HEC-Tchad). Rencontré par Ialtchad Presse, c’est à bâton rompus que Dr. Haggar aborde l’éducation, la culture, l’évolution politique du pays.

Ialtchad Presse : Comment vous présenter ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La présentation qui me convient et à laquelle je suis attaché est celle d’enseignant. Enseigner c’est ma vocation. C’est la réalisation d’un rêve d’enfant. Le reste, ça vient, ça va.

Ialtchad Presse : Quels sont les tares du système éducatif tchadien ?
Ali Abdelrahmane Haggar :
Une des plus grandes tare est la baisse de niveau. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la qualité des ressources humaines futures. À ce rythme, on risque de rater le XXI siècle, du moins dans sa première moitié.

Ialtchad Presse : La pléthore d’écoles privées dans la capitale est-elle indispensable ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Moins de services publics induit un surplus de services privés. Franchement, je crois que le mieux serait de réglementer la création des écoles et des instituts privés. Une école, une clinique, ce n’est pas une quincaillerie.

Ialtchad Presse : Il y a-t-il une explication particulière à la baisse de niveau scolaire ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Oui mais il y a des gens qui sortent du lot. Mais il y a beaucoup de choses à faire dans ce sens. Les raisons sont autant structurelles que conjoncturelles : insuffisance de structures d’accueil, pas assez d’enseignants, peu de qualification, les grèves perlées, l’école a perdu un peu de son hora du fait de la promotion de la médiocrité etc. Les solutions existent. Elles sont dans les documents des états généraux de l’éducation. La volonté de bien faire inonde le monde.

Ialtchad Presse : Vous avez fondé HEC-Tchad, quel est l’apport de cette au pays ?
Ali Abdelrahmane Haggar : “Apprendre, pour entreprendre” est la devise de l’école. “ Construire des infrastructures d’accord ! Mais des homes d’abord” est notre idéal. L’apport de cette école c’est 417 jeunes gens en train de travailler dans différents domaines dont plus de 75% dans le privé.

Ialtchad Presse : Haggar comme écrivain, quelle opinion avez-vous de la littérature tchadienne ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La littérature tchadienne est jeune, dynamique et variée. Chacun écrit en plongeant sa plume dans l’encrier de son univers culturel, sentimental etc. Le Tchad est varié et sa littérature est tout autant. Ndjekeri est aussi beau à lire que Ghazali ou Ouaga D, ou Koulsy ou Khayar ou Christine Koundja etc. De ce côté on n’a pas à désespérer. Le problème c’est l’édition et le lectorat. Au Tchad on ne lit pas beaucoup.

Ialtchad Presse : Plusieurs pensent que la culture n’a jamais été un souci pour nos gouvernants. Partagez-vous cette affirmation ?
Ali Abdelrahmane Haggar : La culture “cultiver”, si. La culture “cultivant”, non. Avec la TVT, un effort est en train d’être fait mais beaucoup reste à faire. Après tout, je suis optimiste. Le Tchad ce n’est pas l’Égypte. À chacun ses pyramides. Je dois cependant demander à nos gouvernants de mettre un peu plus de moyens à la promotion de la culture qui ne doit pas être résumé à l’unique élection “Miss Tchad”

Ialtchad Presse : Comme homme politique, quelle lecture personnelle pouvez-vous faire de l’évolution politique du pays ?
Ali Abdelrahmane Haggar : On évolue mais tant qu’on ne prépare pas la dévolution pacifique de paix, des rares alternances par le truchement des urnes, il y aura toujours l’incertitude. Et puis la paix, il faut la faire, il faut la faire. Le Tchad a besoin des généraux de la paix, ça suffit les généraux. Voilà pourquoi j’apprécie le retour du président Goukouni Weddeye, de Nahor et la visite d’IDI au Soudan. Il y a aussi l’épineuse question de l’armée qui doit nous obliger à appuyer les résolutions des états généraux de l’armée.

Ialtchad Presse : Pour conclure Docteur ?
Ali Abdelrahmane Haggar : Merci Ialtchad Presse et à la diaspora qui tire le Tchad vers le haut. C’est la prévue qu’il n’y a que les enfants du pays pour le sortir de l’ornière. Cela me rappelle le titre d’un livre de Richard Wright “ Un enfant du pays”. Courage et bonne chance.

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