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La Radio a 100 ans, un média incontournable

Jui 05, 2021

Bientôt les radios à travers le monde vont commémorer les 100 ans de la Radio. Un évènement qui a inspiré la Haute Autorité des Media Audiovisuel du Tchad HAMA, à suspendre les redevances des radios associatives, communautaires et confessionnelles. Ialtchad Presse est allé échanger avec certains dirigeants de ces radios sur leur situation. Reportage.

Il était 11 heures, lorsque nous avons poussé les portes quelques radios privées associatives, communautaires et confessionnelles à N’Djamena, capitale tchadienne.

Début. Quartier chagoua, 7e arrondissement, avenue Mobutu non loin de l’hôpital Notre Dame des Apôtres, c’est le siège de la radio Arc-en-ciel. Une radio communautaire qui regorge en son sein du personnel de tous les horizons. Le directeur à peine sorti,  mais le rédacteur en chef M. Vangtou Abdoulaye nous reçoit. Très vite la question sur les redevances des radios privées que la HAMA a suspendues est abordée.  Selon le rédacteur en chef, cette décision de la HAMA est une bonne nouvelle. Un soulagement, « les radios privées traversent une crise ce dernier temps. L’exemple de Dja-FM, qui a suspendu ses programmes depuis le 27 mai est un exemple. La radio Karouba de Moundou, Vision FM, voire Électron Télévision à qui la Société Nationale d’Électricité a coupé le courant pour factures impayées, etc. Cela montre que les médias privés ont des difficultés financières», dit-il. Pour lui, la suspension des redevances des radios est une initiative salutaire. Il rajoute toutefois que, la HAMA devrait plus revoir son aide aux médias afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle. Ces radios dit-il, contribuent beaucoup à la sensibilisation, l’éducation et le divertissement de la population. Les radios communautaires participent beaucoup au développement du Tchad, lance-t-il. « Cette suspension des redevances est bien, mais il y a beaucoup d’années déjà que les médias sont restés sans soutien. Si on prend le cas de la radio Arc-en-ciel, en un mois la dépense due seulement au carburant s’élève à 300 000FCFA. En plus de cela, il y a le personnel, les matériels de travail et autres dépenses », affirme M. Vangtou Abdoulaye.

D’après lui, bientôt la Radio va fêter ses 100 ans. Il note ne pas être à même de parler d’apport de la radio en général pendant les 100 ans. Mais il faut reconnaître relève-t-il, que la Radios est à la base de la démocratie. Prenant comme exemple la Covid-19, le rédacteur souligne le rôle important joué par les radios. « Tout le monde était en confinement, mais les journalistes prenaient des risques, ils informaient le public confiné. Les radios avec l’immédiateté relayaient les infos de la coordination de riposte sanitaire en temps réel au public.», dit-il. Le cap doit être maintenu même après 100 ans, conseille-t-il. M. Vangtou Abdoulaye affirme qu’au Tchad nous sommes dans un contexte particulier de transition et il faut que les radios contribuent plus à la consolidation de la paix et de la stabilité. « Les radios doivent amener et les gouvernants de la transition et le peuple tchadien d’être plus responsable dans ce processus pour aboutir à des élections démocratiques, libres et transparentes au Tchad. Les radios doivent jouer un rôle très réconciliant afin de freiner les dérapages sur les réseaux sociaux tendant aux replis identitaires », conclut-il.

Nous sommes à la grande Mosquée, à la radio Al-Coran, une radio confessionnelle. Le sous-directeur des Programmes et Nouvelles, M. Mahamat Abdoulaye se prête à nos questions. « C’est une très bonne initiative de la part de la HAMA. Vous savez, notre système de communication ou de l’information au Tchad est faible et fragile en même temps. Les organes de presse surtout privés dans notre pays sont très limités. La HAMA a pris une décision très responsable », dit-il. Radio Al coran poursuit-il, est une radio confessionnelle qui ne cache pas la vérité, elle contribue beaucoup à l’information, à l’éducation et à la formation des Tchadiens. « Nous remercions la tête de cette institution M. Dieudonné Djonabaye et toute son équipe qui sont préoccupés par la situation socioéconomique difficile que traversent les radios associatives, communautaires et confessionnelles », insiste-t-il. Pour les 100 ans de la radio, M. Mahamat Abdoulaye affirme que la radio est un média facile d’accès par rapport à la télévision et à l’Internet. « La prolifération médiatique au Tchad est un bon signe, car les médias constituent le socle du développement. Notre souhait est que notre pays évolue davantage dans ce domaine », évoque le responsable de programme de la radio Al coran. 

« Rien ne peut remplacer la radio ni aujourd’hui ni demain… »

À la radio FM Liberté, nous rencontrons le rédacteur en Chef Mekondo Sony. Il est aussi président de l’Union des radios privées du Tchad (URPT). D’après lui, la décision de la HAMA est une initiative louable. « C’est un geste qui soulage, mais il reste beaucoup à faire encore. Merci à la HAMA, mais nous souhaitons qu’elle aille au-delà et plaider le sort des radios privées auprès du gouvernement. Il y a de cela cinq ans que les radios privées n’ont pas reçu l’aide à la presse. Mieux vaut tard que jamais », lance-t-il. Pour le président de l’URPT, ces médias font un travail méticuleux. Elles sensibilisent la population à la cohabitation pacifique pour que le Tchad soit un pays de paix. Il affirme qu’au moins 6 radios à Ndjamena comme en province sont en panne et n’émettent plus.

S’agissant des 100 ans de la radio qui vont être bientôt fêtés, le président l’URPT note une fierté même si la radio au Tchad n’a pas totalisé ce nombre d’années. « Je me rappelle encore la radio Tchad c’est dans les années 50. Vers 1990 avec l’arrivée de la démocratie au Tchad que les radios privées sont autorisés à fonctionner. Il y a une avancée significative, car à travers ces radios les gens sont mieux informés », dit-il. Il demande au gouvernement de soutenir les radios privées à migrer vers le tout numérique. Pour lui, rien ne peut remplacer la radio ni aujourd’hui ni demain. « La radio est là au début elle est toujours là et elle sera là. Au Tchad, l’oralité reste importante. Beaucoup ne sont pas instruits pour être sur les réseaux sociaux, mais trouvent leur compte à la radio à travers les différentes langues » affirme-t-il. Il demande aux auditeurs d’encourager le travail des journalistes qui n’est pas du tout facile. Quant aux journalistes, il les conseille de vérifier et revérifier les nouvelles à la source pour éviter toute diffamation ou information erronées. « C’est vrai nous sommes dans un monde de scoop, mais à vrai dire le scoop n’existe pas. Quelque part les gens ont dit avant que cela ne soit redit. Il ne faut jamais diffuser l’information à la va-vite pour ne pas entacher sa crédibilité »

Moyalbaye Nadjasna

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