Il est jeune. Il est fringuant. Il est rappeur, slameur. Il est le roi du « bounda rap ». C’est un artiste engagé. Il s’est engagé politiquement avec le parti Les Transformateurs. Il dit vouloir changer les choses. Sur son état civil, il s’appelle Djasrabé Kimasson Miyelmiyon alias Ray’s Kim, son nom d’artiste. Nous recevons ce jeune artiste pour parler de son engagement, des actualités du pays. Et de tant d’autres choses….
Rappeur, slameur, défenseur des droits, politique porte-parole du parti Les Transformateurs, quel titre ou quel casquette vous résume le mieux ? Et dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise.
J’aime particulièrement qu’on me définisse comme rappeur, slameur, je suis à l’aise dans mon assiette.
Pourquoi ?
Parce que c’est ce que je fais. C’est ce que j’aime faire. Et ce n’est qu’à travers ça que j’arrive à m’étendre. À pouvoir exercer dans tel ou tel domaine en tant que défenseur des droits humains, en tant qu’activiste politique, aller jusqu’à même m’engager dans un parti politique. Vous l’avez tantôt dit, je suis l’un des porte-parole. La base c’est le rap, je me vois plus rappeur parce qu’on n’a pas de limite.
Ça donne plus de liberté ?
Oui, oui ça donne plus de liberté que certains n’auraient pas eu. Par exemple je rencontre des gens au quotidien qui me dise qu’il aurait aimé faire ce que je fais, mais dans leur boulot ils ont signé des contrats. Alors que moi je n’ai signé de contrat avec personne. C’est ce qui fait que cela m’apporte un peu plus de liberté, je peux étendre mon champ un peu plus comme je veux.
Un peu plus de liberté, un peu plus du plaisir, on va dire un peu plus du bonheur peut-être ?
Bon, à chacun sa conception du bonheur. Il gît partout. Et comment lui donner une valeur, chacun regorge en soi-même le bonheur. Moi je le vis à travers min art, à travers ce que je fais. Je le fais avec tellement d’amour, beaucoup de sincérité, beaucoup d’honnêteté. Et quand je finis de le faire en toute sincérité, je peux dormir tranquille.
Ce nom d’artiste Ray’s Kim d’où il vient ? Et qu’est qu’il signifie ?
Ray’s Kim, ce non, je ne suis pas vieux, je suis jeune, mais j’étais plus jeune qu’aujourd’hui. Et dans le domaine du rap, on cherche toujours un pseudonyme qui puisse faire genre et entre-temps j’ai des amis qui prenaient plus les noms américains, un chez les rappeurs français, les Mc, fc. Moi dans le premier temps j’ai pris le nom Oustass.
Oustass comme en arabe qui veut dire Maître ?
Oui oustass, après j’ai su qu’il y avait quelqu’un d’autre qui s’appelait oustass. Je voulais tellement être différent…
Être purement tchadien, purement africain ?
Je voulais être purement moi. Et du coup je me suis dit, si on allait pour Raïs, cela fait trop président. Mais en réalité mon Ray’s à moi, il ne fait pas président. Ray’s, le « R a » ça fait race et le « y’s » c’est tout une philosophie, toute une idéologie, toute une pensée qui renvoie à un « son » de vouloir changer. Donc, la race en colère. Et le Kim c’est le dimunitif de mon patronyme Kimassom, c’est la colère des descendants de Kimassom. Et devant tu vas trouver « EDM » qui veut dire enfant de merveille, tu vas trouver le « bounda boys », tu vas trouver « l’ambassadeur de la forêt de Dembé » e roi…
Justement Ray’s Kim, le « roi de bounda », c’est votre genre musical ? Bounda boss c’est quoi ?
En réalité le « bounda hip hop » c’est un style de musique. Non pas de musique, mais c’est l’exploitation non parlée dans notre société, qui existait dans nos foyers, mais qui n’était pas mis en valeur on l’a copié aux enfants désœuvrés dans les marchés qui leur servait de code pour faire face à une société qui les marginalise, qui n’a pas d’oreilles pour les écouter. Alors ils ont créé le « bounda » qui est un ensemble de codes. Un moment donné Maoundoué est rentré du Burkina Faso. Il m’a dit : « c’est bien, mais ce que tu fais n’est pas suffisant. Il faut oser quelque chose, si tu peux mettre cela en valeur, ça va te donner de l’originalité, le « bounda » avec le petit parlé de la rue. Pour moi quand j’écrivais les textes, je me voyais en « Aimé Césaire ». Quand il me ramène aux trucs de la rue, je me suis dit « mais quel manque de respect ». Il n’a pas lâché prise jusqu’à ce que je pose sur son titre « bounda hip hop ». Et cela a été un coup de maître. Il m’a dit tu as vu parce que ce un truc original.
Vous vous êtes renseigné sur la signification du mot « bounda » sous d’autres cieux ?
Oui, c’est un peu vulgaire, mais chacun sa définition du mot « bounda ». Chez nous ici c’est un parlé de la rue à l’exemple du « rouchi » ivoirien ou du « francanglais » camerounais ou d’autres, parlés des différents pays. Une fois que Maoundé m’a convaincu et on a fait un coup de maître, j’ai décidé au Tchad de porter plus haut le bounda, c’est ainsi que je dis de la rue à la scène. Autrement un langage né dans la rue et porté sur la scène par un artiste.
Le « bounda » est devenu pour vous une identité artistique ?
Oui, absolument. Et c’est aussi dans le travail que je fais quotidiennement. Un de ces 4 matins, il va se positionner, le « rap bounda » pour le Tchad. Comme en Côte-d’Ivoire, on dit le « rap ivoire », au Cameroun on dit le « rap-camer » ou bien le « rap mboa ». Ici aussi on peut créer le « rap bounda ». J’invite les jeunes, même s’il le font déjà, à s’intéresser à ce parlé, à le valoriser pour qu’on ait une identité propre à nous Tchadiens mais pas à moi.
Vous avez une identité politique maintenant. Une question me trotte dans la tête. Qu’est-ce que vous êtes allé faire dans cette galère de politique ?
Comme je vous ai dit, je n’ai aucunement de limite à conquérir le savoir. Je suis toujours en perpétuel conquête du changement. Je le veux jusqu’aujourd’hui pour ma société, mon quartier, pour mon pays, pour les hommes et les femmes que je fréquente. Ce n’est pas juste des paroles ou un couplet, parce que depuis le début de ma carrière je suis resté sur cette droite ligne là : celle de pouvoir interpellé, critiquer et proposer.
Vous vous êtes encarté chez les Transformateurs, est-ce que vous ne perdez pas un peu de votre liberté ? Parce qu’on sait que dans les partis politiques, il y a une ligne, ce qu’il faut dire, ce qu’il ne faut pas dire.
Je pense que jusqu’aujourd’hui cela ne s’est pas fait sentir parce que je suis d’abord artiste, mon caractère artistique nul ne peut m’enlever mon identité d’artiste qui est au-dessus de tout. Nul ne peut piétiner ma liberté d’artiste au détriment de quoi que ça soit. Je suis arrivé en politique parce que je cherchais un cadre qui puisse me donner plus de force, plus de directives à pouvoir mettre les forces dispersées pour les mettre ensemble. J’ai commencé par les mouvements citoyens. J’ai milité dans le mouvement « iyina », cela n’a pas marché. On fait appel à moi dans les différents mouvements pour donner de formation aux jeunes, je suis toujours disponible. Moi-même j’ai créé des plateformes avec des amis qui s’appelle « au nom du respect ». Tout cela dans le but d’arriver à quelque chose, mais au fil du temps, on se rend compte que c’est un peu très loin de la réalité.
Ce n’est pas le bon véhicule alors ?
Je pense que moi je ne devrais pas être dans ce compartiment. Je peux être dans ce compartiment politique tout en étant dans l’autre compartiment artistique. Si on me dit que je suis politique et que je ne peux pas occuper le compartiment artistique alors je vais me contenter du politique. Chez les Transformateurs avec Succès Masra avant qu’on ne lance le mouvement Les Transformateurs, il me fait comprendre, demande suivez-moi. Il m’explique de long en large, cela nous a pris deux semaines de discussion sur discussion jusqu’à ce qu’il arrive à me convaincre.
Vous dans cela, vous avez obtenu votre marge de liberté. C’est cela ? Vous êtes Transformateur mais vous restez d’abord artiste ?
La liberté, ça ne se discute pas, je ne la mets pas sur la table pour discuter. Elle est automatique. Nul ne peut mettre ma liberté en tant qu’artiste sur la table pour conditionner quoique ça soit. Impossible. Je peux faire la politique en journée, mais le soir je reviens je m’assois et je réfléchis en tant qu’artiste.
Samedi 14 mai, Ray’s Kim, il y a eu une grande manifestation contre l’ingérence française au Tchad. D’abord, quels ont été vos impressions en tant qu’artiste, en tant que citoyen ?
Bien la marche du 14 mai qui a drainé beaucoup de monde d’abord des silhouettes qu’on n’avait pas vu dans les marches était sorties. Une marche a vu la participation des Tchadiens venus de tous les bords. C’était déjà cela, on le recherchait depuis longtemps. Voir les Tchadiens sortir de partout pour une seule cause : le changement, la liberté…
La présence Française au Tchad, vous qu’est-ce que vous en pensez ?
Moi en tant qu’artiste si vous me suivez, cela a toujours été mon combat. Je l’ai toujours dit, la France c’est notre souffrance, on vit sous la France dans la souffrance. J’ai toujours dénoncé la France, je dénonce toujours la France, je dénoncerais toujours la France tant qu’on aura un manque à gagner. Tant qu’on n’aura pas notre indépendance totale. Tant qu’on ne sera pas vu comme un État qui peut porter au pouvoir qui il veut, mais que ça soit d’abord mis en consultation par la France qui peut imposer ou maintenir qui elle veut alors dès cet instant moi je ne ferai que la critiquer.
Bien, là c’est le Ray’s Kim artiste. Le politique maintenant, vous êtes secrétaire général à l’art et à la culture, votre parti les Transformateurs s’est désolidarisé de la grosse manifestation du 14 mai dernier contre l’ingérence française au Tchad. C’était une erreur ?
Non pas du tout, ce n’était pas une erreur. C’est la communication autour de la marcher qui a poussé les Transformateurs à la retenue.
Quelle communication ?
Il y avait des tracts qui circulaient sur Internet. Il y a une page qui appelait à combattre les Zaghawa du Soudan, déjà quand tu entends un truc comme ça, tu écoutes, ça sonne Zaghawa, ça sonne ceci ou ça sonne cela.
Zaghawa pour nos téléspectateurs, c’est le groupe ethnique du président, on va dire comme ça
Exactement. Et cette page a pris ce tract pas simplement pour mobiliser les gens, mais pour mettre mal à l’aise Les Transformateurs en disant que ce tract a été conçu par Les Transformateurs et que ces derniers appellent à ce qu’une partie du pays se lève contre une autre partie. Ils ont fait 2 jours de lynchage médiatique.
Pour être clair Ray’s Kim ce tract, on a laissé croire que c’était Wakit Tamma qui a fait le tract. Et les Transformateurs sont venus dirent que cette marche était une marche contre une ethnie donc ils se désolidarisent, c’est cela ?
On a laissé entendre clairement que Les Transformateurs appellent à marcher contre une ethnie, on appelle à marcher contre un pays. Et que dans la politique que Les Transformateurs veulent installer une politique contre une ethnie, contre un pays. Les Transformateurs, c’est une politique de partenariat, une politique égale de pays à pays, de pouvoir discuter d’égale à égale. Les Transformateurs ont toujours demandé de ne pas brûler le drapeau d’un pays. Est-ce que vous Tchadiens, vous serez content que quelqu’un brûle le drapeau tchadien ? Ce qu’il faudra recadrer, c’est de dire que nous ne voulons pas de l’ingérence politique comme la Francafrique, la politique de la France vis-à-vis de l’Afrique, vis-à-vis du Tchad. Mais pas dire qu’on est contre la France, ça sème de la confusion quand même.
Est-ce que vous n’avez pas refusé de participer par lâcheté ? Est-ce que vous n’êtes pas dans un vieux schéma ? Est-ce qu’après coup, vous n’allez pas reconnaître que vous avez fait une mauvaise lecture ? Les Tchadiens ne vous ont-ils pas surpris ?
En toute sincérité, ce qui nous amené comme vous dites à nous désolidariser, c’était pour que le président qui était en voyage puisse entrer en contact avec l’équipe dirigeante de Wakit Tamma afin d’éclaircir certains points parce qu’on est surpris par un tract sur les réseaux sociaux. Un tract dont on n’a pas été à la base dont on nous a vilipendés sur le Net. Nous ne sommes pas un parti qui est venu se rallier à Wakit Tamma, mais nous sommes à la base de ce mouvement.
Donc c’est une erreur ?
Non. Ce n’est pas une erreur
C’est une lâcheté ?
Non, pas une lâcheté.
Ialtchad était sur place à la manifestation. On a vu les militants Les Transformateurs parmi la foule malgré votre désolidarisation. Est-ce que ce n’est pas un désaveu ?
Non, pas du tout.
Il y a eu des arrestations. Des leaders tel que Max Loalngar sont jetés en prison. On ne vous entend pas plus que ça. Pourquoi ?
Si juste après leurs arrestations le parti Les Transformateurs a fait un communiqué sur sa page officielle pour appeler à leur libération et condamner la procédure de leur arrestation.
La question qui fâche Ray’s Kim, le problème du Tchad c’est la France ?
Le problème du Tchad, c’est la France, oui. Mais c’est aussi les Tchadiens.
Pourquoi ?
Parce que ce sont les Tchadiens qui signent des contrats de partenariat avec la France. Ce sont les Tchadiens qui suivent les directives que leur donne la France. Ce sont les Tchadiens qui acceptent d’être copains de la France. Au Mali par exemple qui fait face à la France ? Ce sont des Maliens qui refusent que la France pille leurs richesses, à les rabaisser. Ils ont décidé de prendre leur destin en main et dire non. Aujourd’hui nous, nous pouvons nous mettre ensemble pour mettre à la tête de ce pays des dirigeants qui puisse défendre les intérêts de notre pays d’abord. On peut accuser la France de mettre le Tchad dans cette situation, mais la première obligation revient d’abord aux Tchadiens.
Dialogue national pointe son nez, vous êtes optimistes ?
Oui je suis optimiste, c’est mon état d’esprit de chaque jour. Je ne veux pas être fataliste, pessimiste. Je suis optimiste parce qu’en face ce sont aussi des hommes. Ce ne sont pas des machines. Pas de dialogue taillé sur mesure, mais un dialogue sincère où les Tchadiens viendront parler de leurs problèmes pour trouver des solutions.
Les massacres de Kouri-Bougoudi, qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est de l’irresponsabilité du gouvernement.
Réalisation Bello Bakary Mana
L’UST a déclenché une grève sèche depuis le 25 mai pour demander la libération des leaders de Wakit Tamma arrêtés suite à leur marche autorisée du 14 mai dernier. Pour l’analyste politique Prof. Ahamat Mahamat Hassan, les conséquences auraient dû être évitées. Il note une responsabilité co-engagée. Entrevue.
Le Tchad selon le Prof. Ahamat Mahamat Hassan, est entré dans une période de transition, entre deux normalités. Pour retrouver l’équilibre normal, dit-il, il faut un dialogue inter-tchadiens. Seulement, il déplore qu’en interne, les forces vives aient de tout temps revendiqué une meilleure gouvernance. L’analyste rappelle que la dernière manifestation contre la France supposée être à la base de la mauvaise gouvernance au Tchad. A son avis, les marcheurs ont considéré la France comme coauteur des malheurs tchadiens (la pauvreté, la paupérisation, le chômage, etc). Il dit avoir malheureusement constaté qu’au cours de ces manifestations, des casses et autres brigandages ont été relevés. « Ils sont déplorables et d’ailleurs condamnables. Le gouvernement à travers les forces de la sécurité à appréhender les leaders considérés comme les organisateurs de ces manifestations qui ont eu de débordement », signifie-t-il.
Pour revenir à la question juridique et judiciaire, Pr Ahmat précise que le Tchad est sous le régime de l’autorisation préalable en matière de manifestation depuis 1962. Premièrement, selon M. Ahmat, après l’octroi de cette autorisation préalable, les organisateurs de la marche (Wakit Tama) et le gouvernement devraient prendre de prédispositions relatives aux textes réglementant les manifestations sur les voies publiques au Tchad. Une telle prédisposition permettrait de prévenir le débordement, estime-t-il. Ce manquement de deux côtés a conduit au-delà des questions pacifiques, cause de la destruction des biens publics et privés, analyse l’enseignant chercheur. Pour lui, les deux responsabilités sont co-engagées : le gouvernement a failli à sa responsabilité de prévention, mais les organisateurs de la marche aussi. Car, soutient-il, l’autorisation n’a pas été soumise à l’obligation d’encadrement.
Deuxièmement chose, pour le Pr c’est l’idée de poursuite judiciaire relative aux casses opérées. « Le premier manquement de ces poursuites judiciaires est la procédure d’arrestation. On devrait arrêter les auteurs directs. En matière pénale, la responsabilité n’est pas collective, mais individuelle et personnelle », explique-t-il. La police souligne l’analyste politique, devrait prendre les manifestants qui ont détruit les biens privés. Ce qui est déplorable c’est que le gouvernement ait envoyé arrêter les leaders, dit-il. « La procédure de leur arrestation ressemble à un enlèvement. Car si on convoque un individu et qui ne répond pas il commet une infraction. La 2e étape c’est de lui délivrer un mandat d’arrêt qui permettrait de le prendre par contrainte ou par force », explique le chercheur. Il rappelle que, le cas de Me Max Loalngar où le gouvernement a envoyé les gens en civile le cueillir à la maison. C’est une procédure illégale, un enlèvement, critique le professeur.
Autre précision, l’analyste affirme que le gouvernement était dans la détente d’autoriser la marche sans prévenir les exercices de la liberté. « Nous sommes dans une dynamique du dialogue, et ces arrestations conduisent les gens à se radicaliser. Ces arrestations n’apaisent pas l’atmosphère pour un dialogue sincère de cœur et d’esprit. Ce que je déplore pour mon pays », dit le prof. Ahamat.
Légale? Illégale? les conséquences de ces arrestations
D’après prof Ahamat, il faut d’abord analyser que l’Union des Travailleurs du Tchad (UST) a déclenché la grève sèche avec un service minimum au niveau des districts sanitaires. C’est déjà une conséquence des arrestations qu’il faut gérer. Le gouvernement dit que cette grève ne correspond pas à des revendications sociales. Pourquoi attendre maintenant pour signifier que l’UST sort du cadre de pacte social en déclenchant sa grève ? Pour l’analyste, il ne faut pas toujours attendre les conséquences d’un fait souvent difficile de gérer, souligne-t-il. « J’appelle à la libération des leaders. On constate que l’évènement devient une surenchère politique. Les politico-militaires demandent la libération, les politiques aussi s’entremêlent. Cela ne soigne pas l’image de la transition et surtout du dialogue national inclusif projeté ». Il insiste sur le caractère illégal de la procédure d’arrestation. « Le tribunal compétent c’est celui de N’Djamena. Le Procureur de la République est compétent pour déclencher l’action publique. On aurait dû les garder à la maison d’arrêt de Klessoum à N’Djamena. Ils n’ont pas été encore jugés et sont présumés innocents donc en aucun cas on ne doit les transférer à Moussoro. Puisqu’ils n’ont pas été condamnés, cette procédure est aussi illégale », explique l’enseignant chercheur. Prof. Ahmat soutient que c’est un amalgame et dans cette confusion c’est le Tchad et le peuple tchadien qui perdent. Un tel extrémisme n’augure pas un bon dialogue, insiste-t-il.
Moyalbaye Nadjasna
La franchise est un contrat qui lie deux opérateurs économiques à savoir le franchiseur et le franchisé. Ce contrat est défini comme un mécanisme dans lequel le franchiseur met à la disposition du franchisé soit un savoir-faire, soit une marque, un certain nombre de produits dans le cadre de leurs affaires. Me Danoné Fréderic, avocat à la Cour d’Appel de N’Djamena au cours d’un entretien accordé à Ialtchad donne quelques précisions sur le cas de Total Marketing au Tchad. Entrevue.
Selon Me Danoné Fréderic, dans la franchise, le franchisé écoule ou utilise le savoir-faire mis à sa disposition par le franchiseur, les produits ou la marque pour mener ses activités. L’avantage pour le franchisé dit-il, dépend du contexte socioéconomique et de la nature du contrat. Pour entrer dans la franchise, une garantie est exigée par le franchiseur. L’avocat précise qu’au Tchad, c’est la caution à verser une somme assez importante. Une autre condition d’entrée c’est aussi, l’utilisation non abusive de savoir-faire, des marques et des matériels fournit par le franchiseur.
Me Frédéric affirme que généralement dans les contrats, l’équité voudrait que ce soit une entente mutuellement bénéfique pour les deux parties. Sinon tout dépend de la négociation du contrat entre les parties, soutient-il. « Mais il faut savoir que l’entreprise franchiseuse est une très grande entreprise avec un poids lourd soit à l’échelle nationale ou internationale. Or les franchisés souvent n’ont pas leur gabarit et ont des moyens limités. Ce qui pose un problème de l’équilibre dans la négociation du contrat de franchise », a clarifié le praticien du droit. À son avis, le franchiseur, lui dispose déjà une structure et un réseau bien établis. Ce qui entraîne une réalité incontestable, le déséquilibre dans les conclusions des contrats. Me Frédéric clarifie qu’on peut se retrouver parfois avec des clauses léonines. C’est-à-dire des clauses imposées par la partie la plus forte à la partie la plus faible, assure l’avocat. De telles clauses jouent contre les avantages des franchisés, indique le juriste. D’après lui cela fait que certaines entreprises franchisées ne font pas long feu tout simplement parce qu’elles ont mal négocié leur contrat.
Me Frédéric donne une précision par rapport au régime juridique de multinationale au Tchad. Selon lui, la législation nationale impose la soumission de la création de toute filiale ou société à part entière, à la réglementation tchadienne. « Total Marketing est une entreprise qui s’est constituée sur le territoire tchadien selon la loi tchadienne et d’autres textes subséquents. Bien qu’il appartient à un grand groupe d’origine française. Cela en fonction du code OHADA, une législation africaine commune qui encadre les milieux des affaires », clarifie l’avocat. Les textes subséquents peuvent être relatifs à la question de sécurité de la population, les employés et les entreprises elles-mêmes. Il s’agit de la vente de produit dangereux tel que le carburant et certains lubrifiants. « En ce moment, suite aux actes de vandalisme, nous constatons tous d’ailleurs que les dégâts sont plus ou moins importants. La sortie médiatique du directeur de Total Marketing, qui a estimé le dégât matériel à plusieurs centaines de millions. À ce niveau, et le franchiseur et les franchisés sont impactés. Pour les franchisés en tant qu’opérateurs économiques, le temps pour eux de se remettre et réparer les matériels leur fait un manque à gagner de quelques jours », dit l’avocat. Du point de vue économique répond-il, les franchiseurs et les franchisés sont des victimes. Par contre la responsabilité de deux personnes qui ne font pas partie du contrat de franchise est engagée, explique Me Frédéric. Il cite l’État tchadien qui a un pouvoir régalien de sécurité des personnes et biens et les vandales. « S’il y a eu des actes de vandalisme qui ont été commis, je pense que la responsabilité de l’État pourrait être mis en avant. Mais les vandales sont aussi responsables individuellement et personnellement de leurs actes. Il faut que les choses soient bien précises, il n’y a pas de responsabilité collective en matière pénale », souligne Me Frédéric. À son avis, c’est l’une des raisons pour laquelle, Total Marketing entend envisager une poursuite judiciaire contre X. autrement dit, chaque personne doit être identifiée et selon le degré de son implication dans la chose afin de situer la responsabilité de chacun, conclut l’avocat.
Moyalbaye Nadjasna
Selon l’article 182 et suivant du Code de procédure pénale tchadienne, seuls les officiers de la police judiciaire doivent garder à vue une personne pour des besoins d’enquêtes. M. Taoka Bruno, Procureur général 1er substitut de la Cour d’Appel de N’Djamena a accordé un entretien à Ialtchad. Il déplore que la garde à vue devienne une pratique dans toutes les unités de sécurité. Elle aboutit même à des jugements à l’insu du Procureur de la République. Entrevue éclairage sur la garde à vue.
Selon les dispositions de l’article 282 et suivant du code de la procédure pénale, un officier de la police judiciaire (PJ) agissant en enquête préliminaire en cas de flagrance ou sur commission rogatoire ne peut retenir une personne à sa disposition pour nécessité d’enquête au-delà de 48 heures. Passé ce délai, la personne est relâchée ou conduite devant le procureur ou devant le magistrat compétent. Le magistrat compétent est immédiatement informé par un officier de la PJ de tout placement en garde à vue. Le magistrat compétent peut autoriser pour un nouveau délai, de 48heures de prolongation de la garde à vue des personnes contre lesquelles, existaient des indices sérieux de culpabilité. L’autorisation donc est donnée par écrit après que le magistrat s’est assuré au besoin que personnellement, que la personne retenue n’a fait l’objet d’aucuns sévices. Cependant en matière d’enquête de flagrance, la prolongation de la garde à vue peut être accordée sans présentation. Sur instruction écrite ou téléphonique, les allégations téléphoniques ou écrites doivent être confirmées dans les 12heures.
La loi dit : il n’y a que les officiers de la police judiciaire. Autrement dit, ce n’est pas tout le monde. Ce n’est pas qu’on est une unité de force de l’ordre qu’on doit retenir des citoyens pour 48heures. Ou bien les détenir pour une à deux semaines. Malheureusement le constat est amer.
Aujourd’hui on a des citoyens qui sont gardés dans de petites unités, dans les locaux de police, chargée peut-être de maintien de l’ordre. Il n’y a que la police judiciaire qui garde les personnes pour les besoins d’enquête. Le procureur seul donne des instructions et l’officier de la police judiciaire prend sa disposition pour déposer la personne devant.
Exception au délai de la garde à vue
Une personne gardée à vue a le droit de rencontrer ses avocats, à l’alimentation, aux soins. C’est quelqu’un qui est seulement présumé coupable. Il n’a pas été condamné donc il jouit de tous ses droits. On ne doit pas lui administrer les coups et blessures.
En matière de terrorisme, le délai de garde à vue va au-delà, pratiquement 1 mois. En cas de corruption aussi le délai varie selon article 283 « pour les enquêtes, portant sur les infractions en matière de corruption, le délai assimilé prévoit au titre IV du livre II, le magistrat compétent peut accorder un troisième délai de 48heures pour la prolongation de la garde à vue. » Donc le délai de 48h qui est d’abord le principe, l’exception viendra lorsque le législateur l’édicte expressément ou autrement. En toute honnêteté, il y a tellement de bavures dans nos brigades, dans nos commissariats à assurer la sécurité publique. Bizarre lorsqu’on se rend là-bas, on s’indigne. On peut dire que tel est à la disposition de tel. Aujourd’hui vous allez constater qu’au commissariat central il y a des personnes qui sont aussi gardées. Or on ne peut que garder quelqu’un. On ne garde que quelqu’un pour des besoins d’enquête des faits qui sont susceptibles d’être portés devant le procureur qui qualifiera et l’orientera vers la chambre de tribunal où va l’orienter vers le cabinet d’instruction pour que cette affaire suive sa procédure normale.
On ne garde pas des citoyens au commissariat pour un jugement. Malheureusement la plupart de ceux qui sont gardés on leur impose le procès au commissariat. Ça peut être le commissaire lui-même ou des gens destinés pour juger. Et le plus souvent avec de fortes amendes. Et cela se passe à l’insu du Procureur de la République (PR). Normalement le PR a aussi un rôle important qui est le contrôle des violeurs de la loi. En principe on doit effectuer de contrôle inopinés pour desceller ces genres de choses qui frustrent pratiquement les droits de l’homme. Aujourd’hui, il y a des gens qui sont gardés 4 à 5 mois, mais il vous le dit après être libéré. Les cellules ou les violons sont transformés en maison d’arrêt.
C’est le procureur seul qui va qualifier et orienter l’affaire vers la chambre de tribunal où vers le cabinet d’instruction pour une procédure normale. Il regrette que beaucoup de choses se passent à l’insu du Procureur de la République dans les unités de sécurité. Pour lui, le PR a aussi un rôle important du contrôle des violeurs de la loi. « En principe on doit effectuer de contrôle inopinés pour desceller ces genres de choses qui frustrent les droits de l’homme. Les cellules ou les violons sont transformés en maison d’arrêt », conclut le 1er substitut.
Moyalbaye Nadjasna
Le Tchad comme partout dans le monde a célébré le 3 mai dernier la journée mondiale de la liberté de la presse. Le rapport 2022 de Reporters Sans Frontière classe le Tchad au 104 rang sur 180. Et dis ceci: « La situation politique et sécuritaire du Tchad reste très instable et fait peser des risques importants sur l’exercice du journalisme. La mort, en avril 2021, du président Idriss Deby Itno n’offre pour l’instant aucune perspective nouvelle pour la démocratisation du pays. » Entrevue.
Alors où en est-on au pays avec la liberté de presse, en cette phase de transition? Comment se portent les médias? Dans quelles conditions travaille le journaliste tchadien? Vaste champ de questionnement. Nous recevons au plateau de notre émission Le Point et dans le studio Saleh Gaba l’ex-journaliste, politologue et enseignant chercheur Dr Évariste Ngarlem Toldé pour nous éclairer.
On est dans le studio Saleh Gaba, une grande figure du journalisme tchadien. On fête ce 3 mai la journée de la liberté de la Presse et on ne voit aucun signe qui parle de cet imminent journaliste. Qu’est que cela nous dit à nous tous, journalistes, citoyens, patron de presse, décideurs politiques sur l’état des médias au Tchad?
J’ai eu un pincement au cœur dès que vous avez prononcé le nom de Saleh Gaba (SG) que j’ai personnellement connu et je sais dans quelle situation il a disparu. Je suis dans un studio qui porte son. Je vaudrais vous dire merci d’avoir pensé à refaire vivre SG. C’est le prototype du reporter, le journaliste hors pair. Alors en cette journée qu’est que les Tchadiens et le journaliste tchadien on fait? À ma connaissance pas grand-chose. Une telle date devrait permettre de penser à ceux qui ne sont plus de ce monde, les premiers journalistes qu’on a eu à la radio dans les débuts des années 60. On m'a cité Khamis Togoï, Laou Djongosi ce sont des noms qu’on doit mettre ce 3 mai en valeur. Apparemment on n'a pas pensé à ces pionniers qui ont déblayé. le métier On devrait penser à ceux qui ont payé de leur vie pour que la liberté de la presse soit une réalité dans notre pays. Malheureusement on constate un relâchement par rapport aux années passées alors qu’on devait poser des actes pour marquer cette journée.
Pour rétablir les choses, il y a le prix SG institué par la Haute Autorité des Médias audiovisuels (HAMA) avec le président Djonabaye Dieudonné. Si j’ai bien compris, l’état de la presse est catastrophique. Elle n’a même pas de mémoire?
Absolument. Je ne vous le fais pas dire. J’étais même parmi ceux qui ont institué le prix de l’excellence en journaliste. À l’époque, on voulait même un studio qui porte le non SG. Il y a eu débat, mais nous ne sommes pas arrivés à le faire.
Un studio Saleh Gaba?
Oui, oui un studio SG
Malgré cette grande tour (télévision et radio, Onama), personne n’a pensé à SG?
Même pas. Personne n’a pensé à l’immortaliser malgré la proposition de Sy Koumbo Singagali. Elle représentait l’ATPE (agence tchadienne de presse et d’édition), moi j’étais président de l’UJT (Union des journalistes tchadiens) et les présidents des corporations, on avait pensé à ces genres d’initiatives.
Le Tchad est passé de 123e rang à la 104e place. N’est-ce pas une amélioration? Ou c’est juste en trompe-œil?
Il faudrait qu’on nous dise qu’est-ce qui s’est passé entre temps. Le rapport de Reporter Sans frontière (RSF) c’est chaque année. Qu’est-ce qui s’est passé entre 2021 et 2022? Entre temps on a vu les journalistes faire de la prison, entraînés en justice, à la barre pour un oui, pour un non. Ce sont des images qu’on ne voyait plus. Je me rappelle, l’UJT on se mobilisait pour voler au secours, avec la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), le directeur de radio Brakos de Moïssala qui était menacée par les militaires parce qu’il donnait libre parole aux auditeurs.
Dans une situation pareille, peut-on parler de la liberté de la Presse?
Oui, pourquoi pas. Cela a toujours existé. Vous savez au sortir de la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1993, les journalistes, nous avons obtenu la Loi 19 sur le régime de la Presse, nous avons obtenu aussi la nomination d’Emmanuelle Touadé et la mise en place du Haut conseil de communication. Tout cela relève du domaine des textes juridiques qui régissent la presse au Tchad. J’ai aimé votre appréciation en disant « médias publics » et non des médias d’État. C’est tout à fait normal de nommer les journalistes qui sont fonctionnaires, agents de l’État. Moi mon problème ce que ces journalistes sont presque tous du même bord politique. Tous ceux qui arrivent là font les louanges du chef de l’État. Ils rament tous à contre-courant des idéaux du journalisme. Je ne citerai pas des noms, mais aujourd’hui, beaucoup des journalistes pour suivre sont obligés de passer par là.
Les médias privés travaillent dans la précarité, l’aide à la presse a tari, les publications respectent à peine les règles. Quelle solution faut-il proposer? Quel modèle économique proposer?
Vous savez nous nous sommes retrouvés en 2005 entre responsables des associations de journalistes à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC). Nous avons concocté la convention collective des journalistes qui fixe un minimum pour le journaliste : salaire, congés, etc. Nous avons travaillé, 14 pays, dans le sens de la viabilité des médias en Afrique et surtout de l’Afrique francophone. Vous avez parlé de l’impression, oui. Mais la détaxation des intrants qui rentrent dans la production d’un journal. Il y a le loyer, le coût de l’électricité, etc. Nous avons dit voici le minimum. Il faudrait aussi que le journaliste soit bien traité. Les patrons de presse, directeur de publication roulent tous en voiture alors que le journaliste marche à pied. Nous-mêmes parfois les journalistes nous nous faisons du mal à nous-mêmes. La convention voulue devrait s’occuper du journaliste. Dès l’instant qu’on a sa carte de presse, on doit avoir des soins gratuits, se déplacer librement, voyager rapidement, etc. Plusieurs domaines évoqués, mais les gens ne veulent pas nous entendre. En 2002 l’Union européenne (UE) avait mis 200 millions de F CFA pour demander à l’État tchadien de nous donner un local et l’équiper avec ces 200 millions. L’État tchadien est resté muet. 2003 ce fonds sont ramenés à 125 millions, 2004 à quatre-vingts quelques millions, 2005 j’étais arrivé comme président de l’UJT. Et les fonds sont rapatriés. Quelles raisons ont été évoquées? Ils disent « on ne peut pas mettre des fonds aussi conséquents à la disposition des journalistes, « nos ennemis », ils deviendront pires que les partis politiques.»
Justement, est-ce que cette situation, maintenir les journalistes dans la précarité n’est pas voulue? N’est-ce pas la faute des journalistes?
Oui. Vous l’avez ébauché. En 1988-89, on a créé l’UJT sous la dictature, organisation faîtière des journalistes. Aujourd’hui vous allez compter combien des organisations qui défendent des intérêts partisans dans la profession? Tantôt c’est ceci, tantôt c’est pour cela. Donc nous avons creusé notre propre tombe. Vous arrivez à un reportage, on attend les gars de télé. On va même les chercher comme si la radio et la presse écrite ne sont pas des médias. Il y a même une division entre médias publics et privés. On estime que ceux des médias publics doivent être privilégiés au détriment du privé. On crée de ces distanciations. On est entré dans la division, cela a fait le lit de la division. Les journalistes doivent demander des comptes aux autorités.
A votre époque, il y avait l’âme du journaliste tchadien avec les Madjirangar Fakir Kana Sawa. Malgré la dictature, il y avait quelque chose et cela donnait envie d’être journaliste. Mais aujourd’hui c’est creux, ça sonne faux. Quels conseils donnerez aux jeunes journalistes qui montent en termes de prise de conscience?
Avant la libéralisation des médias, il n’y avait que les médias publics à part Tchad Culture. Et tous ceux qui venaient sortaient des écoles de formation, même si les premiers étaient formés dans le tas, parce que le journalisme est une science et une technique. Ce n’est pas pour rien qu’on a concocté une loi, rien que pour la presse. Il n’y a pas une loi pour les médecins. Pas une loi pour les juges.On a choisi de faire une loi pour les journalistes parce que c’est un métier à part. La loi dit que toute personne exerçant dans un journal, une radio, une télé et tirant ses revenus d’une entreprise de presse est journaliste. Celui qui a 30 ans d’exercice et celui arrivé aujourd’hui, rien ne vous distingue. Cette disposition ne fait pas référence à un diplôme. Elle a ouvert la porte à ceux que j’appelle les brebis galeuses. Ils sont entrés dans la profession. Ils ont terni l’image de la profession.
Faut-il donc nettoyer le métier?
Oui justement.
Comment faites pour nettoyer?
Pour la remise de la carte de presse, je crois que la Hama a exigé que les Directeurs de publication et rédacteurs en chef soient issus des écoles du journalisme. Il faut un minimum. On a découvert à un moment qu’il y a qui venaient avec leurs diplômes de pêche ou d’agriculture et qui devenaient journalistes. Pourquoi ils ne peuvent pas aller aux Douanes ou à la Police avec ses diplôme?. Pourquoi c’est le journalisme qui absorbe ces gens-là.
C’est peut-être parce que c’est un métier de liberté. Non?
Oui, mais…un métier de liberté parce que c’est laissé à merci de tout le monde alors que c’est la loi qui règlemente. Je dis, c’est la loi qui les autorise puisqu’elle ne fait pas mention de diplôme. Je reconnais comme beaucoup que les meilleurs journalistes ne sont pas ceux qui sortent des écoles de journalisme. Là je suis entièrement d’accord.
On est en période de transition. Depuis les journalistes sont invités à ne pas diffuser des propos haineux. Est-ce que c’est le rôle du journaliste? Est-ce que ce n’est une forme de censure?
Non. Ce n’est pas le rôle du journaliste.
Mais on n’entend pas le journaliste dirent que ce n’est pas leur rôle.
Ils ne peuvent pas le dire. Ils ne peuvent pas s’arrêter de passer l’information. On ne peut pas empêcher le journaliste de dire ce qu’ils voit. Mais c’est la façon de le dire et de l’écrire. Aujourd’hui, il y a des médias modernes ces choses se disent.
Quel est votre mot de fin par rapport à l’état des médias et des conditions de travail des journalistes?
Moi je sollicite le statut particulier pour ceux qui travaillent dans les médias. Il faut faire en sorte que les conditions de travail des journalistes s’améliorent. Il faut faire parvenir l’information partout. Je demanderais en cette journée qu’elle soit consacrée à la réflexion aux conditions de travail des journalistes avant de penser aux projets.
Réalisation Bello Bakary Mana
L’université de N’Djamena célèbre depuis 3 jours ses 50 ans au service de la société tchadienne. Pour donner un cachet particulier à cette grande fête, le comité scientifique organise des ateliers scientifiques pour commémorer ce cinquantenaire. La rédaction Ialtchad Presse a échangé avec le président du comité scientifique. Entrevue
L’université du Tchad devenue université de N’Djamena célèbre depuis 3 jours ses 50 ans au service. Pour donner un cachet particulier à ce jubilé, les manifestations culturelles, sportives et surtout scientifiques sont organisées pour commémorer ces 50 ans.
Pour le Pr Mbailao Mbaiguinam, enseignant chercheur à l’université de N’Djamena et président du comité scientifique du cinquantenaire de l’université de N’Djamena, au bout de 50 ans, il fallait montrer ce que l’université est capable de faire, surtout en termes de productions scientifiques. Selon lui, qui dit université, dit non seulement formation, il y a également la recherche scientifique et l’innovation et le service à la société. « De tout cela nous avons envoyé des appels à communication à tous les collègues de l’université de N’Djamena et des autres universités afin de collecter de communication scientifique que nous avons classé en 4 catégories », dit-il. Le Pr souligne que ces communications permettent de montrer au public universitaire, mais aussi en dehors du public universitaire ce que l’université est capable de produire pour aider au développement du pays.
Au sujet du niveau de la recherche scientifique par rapport aux autres universités de la sous-région, le Pr Mbailao Mbaiguinam ajoute que le Tchad a fait quand même un grand bond parce qu’à la création de l’université du Tchad à l’époque, le niveau des enseignants n’était que le niveau de doctorat, mais au fur et à mesure que l’université a grandi et surtout ces 6 dernières années, il y’a eu un grand bond. L’universitaire affirme que le temple du savoir compte maintenant 12 professeurs titulaires, 54 maîtres de conférences et 200 maîtres assistants. « Les enseignants ont compris, ils se donnent aux activités de la recherche et publient et augmentent en grade. Le président du comité scientifique dit que le pays est encore à la traîne par rapport aux autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal où chaque année, 30 40 professeurs qui sont promus.
Concernant l’insuffisance de la production scientifique, le chercheur est clair, la recherche scientifique a deux aspects. L’aspect recherche et développement et l’aspect purement scientifique qui est publié dans de revues scientifiques dont il faut avoir accès à ces revues pour voir ce que les chercheurs tchadiens produisent. Le Pr estime que la recherche fait son bonhomme de chemin, même s’il y a quelques années, les chercheurs ne sont pas compris, mais de plus en plus les chercheurs s’ouvrent. À propos de classement des universités africaines dont le Tchad ne fait pas partie, il explique que les critères ramènent le pays au bas de l’échelle et ajoute il y’ a encore du chemin à faire pour se retrouver dans ce classement. Pour atteindre le top, l’enseignant-chercheur suggère que les autorités donnent de moyens, il faut recruter suffisamment d’enseignants et équiper les laboratoires, parce que la recherche coûte cher et les chercheurs éprouvent d’énormes difficultés. Le président du comité scientifique soutient que si les autorités veulent le développement du pays, ils doivent investir dans l’éducation et précisément dans les universités et les recherches.
Jules Doukoundjé
Après un mois de jeûne pour le ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam, les musulmans tchadiens à l’instar d’autres à travers le monde vont fêter. En prélude à cette célébration, Ialtchad Presse s’est entretenu ce 28 avril avec Cheikh Abdadayim Abdoulaye, SG du Conseil supérieur des Affaires islamiques du Tchad (CSAI), sur plusieurs sujets. Entrevue.
Au sujet du social, Cheik Abdadayim Abdoulaye, SG du CSAI estime que le contexte social actuel est marqué par la cherté de vie que l’année dernière. Il confirme la vie est cher, mais le contextualise par rapport à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Selon le leader religieux, ce conflit entre ces deux nations impacte le monde entier. Ces pays, dit-il, exportent plus de 60% de produits alimentaires à travers le monde. « Je loue le courage et la patience des fidèles musulmans tchadiens qui ont observé ce moment de ramadan dans ces difficultés. Vous voyez aux alentours de la grande mosquée les personnes vulnérables la plupart, des femmes demandent des aides. Dieu le créateur est capable de nourrir sa créature », dit le SG du CSAI. À son avis, le jeûne tend vers la fin, les fidèles ont beaucoup prié afin qu’Allah nous facilite la vie. Il considère l’arrivée précoce de la pluie comme une réponse à des pétitions adressées à Dieu par les fidèles. D’après Cheik Abdadayim Abdoulaye, la chaleur accablante a diminué ces dernières heures, c’est la clémence d’Allah. Au Tchad poursuit-il, la température vacillait entre 45 et 46 degrés et dans certains pays, les gens sont obligés de rompre le jeûne.
Sur la transition au Tchad, le SG du CSAI appelle les Tchadiens à l’unité. Il souligne que c’est un temps particulier qui demande la contribution de tous. Il constate que beaucoup de pays dans le monde ont échoué dans la période de transition. 99% des Tchadiens sont des croyants donc je leur demande de prier. « Musulmans et chrétiens doivent plaider le sort de notre nation devant Dieu Le Tout puissant. L’unité des Tchadiens, la réussite de la transition et du dialogue national inclusif ne dépendront que de Dieu. C’est à travers le dialogue que la paix vient et on met fin à la guerre », dit Cheikh Abdadayim Abdoulaye. Le leader religieux rappelle les 60 ans de guerre qui ont détruit le Tchad. Selon lui, les armes n’ont jamais développé un pays et les Tchadiens doivent y prendre conscience. « Nous remercions Allah, car les gens ne croyaient pas à un Tchad calme, mais la miséricorde de Dieu nous a comblés. Je crois que c’est grâce aux prières des musulmans et chrétiens que Dieu confond chaque jour les mauvaises prétentions », confie-t-il.
Pour donner de conseils relatifs à la fête qui s’annonce, Cheik Abdadayim Abdoulaye affirme le caractère sacré du ramadan. Il invite les musulmans à demeurer toujours dans la dynamique de pureté et non retourner vers le mal. Le SG du CSAI souligne que la période de ramadan est un moment où le croyant se sent plus près d’Allah. Il cite les Oulémas qui disent que le ramadan c’est un entraînement dans les prières, l’adoration et la lecture du Saint Coran. C’est un exercice spirituel qui doit se perpétuer même après le ramadan, déclare le SG. « Si on plie le saint Coran et le petit tapis pour dire c’est fini. On va se voir avec vous : le saint Coran, le petit tapis, la mosquée, la prière en commun l’année prochaine, êtes-vous sur d’atteindre l’année prochaine », s’interroge-t-il ?
Aux jeunes musulmans, le SG conseille la prudence, car la vie humaine est sacrée. Ce contact avec Allah doit continuer, alerte-t-il. À l’attention des musulmans qui se préparent à la fin de ramadan pour la vie de débauche dans les bars, les auberges et autres lieux inconnus, il leur dit attention. Il estime que ce n’est pas digne qu’on dise que c’est les croyants musulmans qui boivent beaucoup. À son avis, certaines sources rapportent que maintenant les bars se préparent pour la fête, c’est dangereux. « Lorsqu’on a laissé toutes ses bêtises pendant le mois saint, on y revient plus. Surtout coucher à la veille de la fête avec une femme dans une auberge annule tout. Vous avez lavé votre boubou propre pour le replonger dans la boue. Votre gain c’est la faim et la soif au lieu d’être béni », insiste-t-il dans sa conclusion.
Moyalbaye Nadjasna
La Chambre de Commerce, d’Agriculture, des Mines et d’Artisanat (CCIAMA) du Tchad organise depuis hier une foire dénommée Foire Ramadan au palais du 15-janvier de la capitale tchadienne, N’Djamena. Pour avoir plus d’information sur les enjeux socioéconomiques de cette activité du patronat, Ialtchad s’est entretenue avec Ali Adji Mahamat Seïd, Président de la Chambre de commerce du Tchad ce 25 avril 2022. Entrevue.
M. Ali Adji Mahamat Seïd, Président de la Chambre de commerce du Tchad affirme que son institution organise cette foire afin d’alléger un peu la souffrance des consommateurs tchadiens. Selon lui, c’est aussi une manière d’encourager l’importation massive des produits. Ce qui pourrait, dit-il, influencer ceux qui font souffrir la loi de l’offre et la demande. M. Ali Adji constate que la guerre en Ukraine, accentué par le déficit céréalier de notre agriculture l’année dernière a fait que certains produits commencent à être rares sur les marchés. D’après lui, même les produits disponibles ont flambé. « On s’est dit que pendant cette période, nous allons proposer au gouvernement d’organiser une foire alimentaire. Ce qui a été accepté et on a adressé une correspondance au ministère de commerce, avisé les plus hautes autorités de l’État sur notre action. C’est un projet qui est encouragé et soutenu par le président de la transition. Il a donné toutes les instructions pour nous accompagner dans cette phase », a confié le président de la Chambre de Commerce, d’Agriculture, des Mines et d’Artisanat (CCIAMA).
A son avis, c’est une foire spécialement du mois de ramadan afin d’aider la population à trouver surplace certains produits inhérents à la fête (gâteaux, habits et autres). Pour motiver l’ouverture de la foire que dans la soirée, M. Ali Adji évoque la forte chaleur dans la journée. Le soir selon lui est mieux indiqué et le climat est favorable. « Nous ne pouvons pas demander aux commerçants de vendre moins cher ou à perte. Nous sommes les représentants des opérateurs économiques qui ont de grandes entreprises. Nous ce qu’on leur demande c’est d’être correctes et de ne pas profiter de cette situation de pénurie pour augmenter le prix », souligne le chef du patronat. Il insiste pour dire que l’enjeu de cette foire est d’encourager les importateurs à faire une importation de masse. Le président de la Chambre de commerce souhaite que l’équilibre s’établisse entre l’offre et la demande. Il précise que l’intervention de la CCIAMA est beaucoup plus technique afin que les commerçants et les consommateurs trouvent chacun leur compte.
Pour répondre à notre question pourquoi organiser la foire à la fin du ramadan, M. Ali affirme que le retard vient de la mise en place de la logistique. L’idéal selon lui, c’était de la faire bien avant le ramadan, mais les procédures administratives ont traîné. « Étant donné que nous avons demandé l’exonération pour plus d’importation. L’attestation d’exonération a pris aussi du retard. Voilà les raisons fondamentales du retard. Mais la cherté de vie continue et ce n’est pas seulement le ramadan, il faut agir sur l’offre d’une manière globale. La dynamique, c’est de continuer la foire pour que cette période difficile d’offre puisse avoir sa raison sur le marché », dit-il. La CCIAMA assure M. Ali Adji, voudrait accompagner les actions du gouvernement. Il demande à la population de visiter la foire afin de constater d’elle-même, les différentes offres. À titre informatif, il signale que certaines entreprises ont tout de même accepté de diminuer si peu soit-il, le prix de certains produits. C’est encourageant et cela va permettre à la population de faire une petite économie, soutient-il.
Le président de la chambre de commerce déclare que ce n’est ni une première ni une dernière foire. Mais après cette année plusieurs autres vont en suivre. L’organisation de la foire fait partie de la mission assignée à la CCIAMA, affirme-t-il. La foire en cours va durer 20 jours, conclut M. Ali Adji Mahamat Seïd.
Moyalbaye Nadjasna
Le Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif a organisé un atelier de renforcement des capacités sur les enjeux méthodologiques du dialogue national inclusif. Les travaux ont pris fin ce 14 avril à l’hôtel Radisson Blu. Le président du comité technique Armand Djégoltar Gambaye Ndjérakor rassure les Tchadiens quant au respect de la date du 10 mai pour le dialogue. Entretien
Le CODNI vient de renforcer les capacités de ses membres, est-ce pour dire que le dialogue aura bel et bien lieu le 10 mai prochain ?
Oui je dirais que nous sommes plus que prêt parce que cet atelier nous a permis une fois de plus de pouvoir renforcer les capacités des responsables du comité d’organisation. Et en même temps, leur donner les dernières informations pour leur permettre de faire une mise à jour. Nous travaillons résolument avec cette date du 10 mai donc nous devons être prêts dans tous les cas. Nous, en tant que comité d’organisation ne regardons pas de gauche à droite pour poser des questions le dialogue sera reporté ou pas. Nous travaillons dans la perspective de pouvoir terminer le 10 mai et nous allons donc tenir ce pari. Voilà pourquoi nous avons estimé qu’il était important d’avoir cet atelier pour nos membres.
Sur le plan logistique, comment le CODNI entend organiser les choses?
Nous tenons à vous informer que sur le plan logistique, c’est le palais du 15 janvier qui est le site retenu pour la tenue des assises du dialogue national inclusif. Pour le moment nous n’avons pas encore un travail finalisé et approuvé sur les quotas. Mais nous savons que l’infrastructure qui est le palais du 15 janvier peut prendre un nombre important des participants. Donc sur le site, on peut avoir participants et organisateurs qui seront autour de 1500 personnes. Alors nous travaillons un peu dans cette perspective et nous allons nous déployer progressivement par rapport à cela.
Comment vous allez vous prendre par rapport aux participants des provinces ?
Les participants des provinces seront aussi informés après, quand le quota sera complètement finalisé au niveau du comité d’organisation du dialogue national inclusif avec la validation du gouvernement. Mais déjà, nous voulons profiter de votre micro pour informer toutes les catégories des forces vives des provinces pour que chaque catégorie puisse déjà être prête. Chacune des catégories devrait se préparer en disant au cas où on nous donne un quota, qui nous allons envoyer ? Qu’on n’attende pas le quota pour désigner. Mais qu’on soit déjà prêt et quand le moment viendra elles pourront dépêcher les personnes désignées.
Propos recueillis par Kouladoum Mireille Modestine
C’est un jeune influenceur. C’est un activiste qui refuse qu’on le définit comme activiste. Il ne laisse personne indifférent à tel point que ses amis le jalouse et ses adversaires le craigne. Il en mène large, il est l’un des Tchadiens les plus suivis sur les réseaux sociaux, 50 à 60 000 followers. Dénonçant par ici, accusant par là. Il a été accusé de diffamation par le Maire de N’Djamena Ali Haroun, il est déclaré non coupable. Dès le lendemain, il a repris ses interventions, le super actif Ahmat Larry est notre invité.
Une première question toute bête, connaissez-vous Saleh Gaba ?
J’ai appris que c’est un journaliste parmi les rares Tchadiens à un moment donné ou la liberté d’expression n’était comme aujourd’hui à avoir donné sa vie pour la liberté d’expression. Je suis fière de son histoire. Nous sommes sur ses pas.
M. Larry, vous êtes jeune, très connu publiquement surtout sur les réseaux sociaux, mais peu connaissent votre enfance ? Qu’a-t-elle été ?
Mon enfance a été comme la plupart des jeunes tchadiens. J’ai vécu des choses que beaucoup n’ont pas vécues. Par exemple, à l’âge de 3 ans, j’ai perdu ma grand-mère avec qui j’étais. On a vécu avec elle le changement du régime Habré et l’arrivée du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). J’ai perdu la plupart de mes parents dans le confit entre la Libye et le Tchad. Du coup, en 1990 je me retrouve séparé de mes parents. Ils étaient en exil. J’étais avec ma grand-mère. Deux ans après, ma grand-mère décède. À l’âge de 5 ans, j’étais un orphelin.
Qu’est ce qui vous motive d’être activiste?
Je ne me définis pas comme activiste, être activiste c’est parfois transgresser la loi de la république pour d’intérêt politique et autres ou restaurer, mais moi je me définis comme un auditeur de conscience quelqu’un vient le respect de la loi le texte de la république je me définis comme un acteur de changement positif dans ma communauté .
C’est quoi un acteur de changement positif pour vous ?
Un acteur de changement c’est quelqu’un qui conscientise qui appelle la communauté à être dans le changement il ne faut pas toujours être négatif ya des choses qui ne marchent pas, mais il faut dire oui que ça ne marche pas, mais il faut qu’on change les choses soient bien . il faut soit d’accord sur les choses publiques il faut qu’on soit d’accord pour la gestion de la citée pour moi on peut critiqué moi j’ai toujours critiqué les hommes politiques on a toujours critiqué les ministres les directeurs généraux pour moi eux qui sont là on doit les critiquer pour qu’ils fassent les choses bien ; on ne critique pas parce qu’ils sont tels on critique les choses négatives pour qu’il change donc être acteur de changement positif c’est chercher les biens de la communauté c’est cherché à impacter la société pour le changement des mentalités le changement pour le bien-être de tous. C’est ça un acteur de changement positif .
M. Larry vous venez être reconnu non coupable de diffamation contre M. le Maire Ali HAROUN. Vous disiez tantôt ne pas vous définir comme activiste. Alors que tout ce que vous faites c’est de l’activisme politique. Vous allez souvent dans les réseaux sociaux brandir des documents et déclariez que tel est coupable, etc. Est-ce que c’est votre rôle ?
Je n’ai jamais déclaré quelqu’un coupable. Je n’ai jamais dit cela, mais s’il s’agit de la plainte du Maire de la ville, vous avez vu la plainte, elle est non constituée. Il n’a jamais mis pied ni au commissariat ni au palais de justice. Ils ont tout fait pour m’intimider pendant un mois. J’ai survécu à toutes sortes de pression. Il m’ont demandé d’écrire une lettre d’excuse en oubliant que je maîtrise le droit lorsqu’on me dit écrire une lettre d’excuse sur un fait que je n’ai pas connu. Si j’écrivais cette lettre, cela veut dire que je reconnais les faits, que je suis coupable.
Tout le monde vous a vu brandir des documents
Mais ce n’est pas faut. Ils n’ont pas démenti. Et c’est la vérité. Ces documents sont authentiques. Je l’ai brandi devant la juge. La procureure a demandé à l’accusation est-ce que les documents sont faux ? Ils ont refusé de répondre. Et c’est eux qui sont condamnés. Ils m’ont arrêté sans une preuve. Moi je suis un acteur de la société civile, j’ai suivi de formation. J’investigue, etc.
Ce travail d’investigation comme vous dite, est-ce n’est pas aux journalistes de le faire ?
On parle de nouveau système de communication. Ce n’est pas l’apanage des seuls journalistes.
C’est quoi le nouveau système ?
Le nouveau système, c’est des acteurs comme moi qui communiquent. Les journalistes à un moment donné ont perdu leur crédibilité. Les journalistes comme vous le dîtes suivent leur confrérie.
…non je n’ai pas dit cela
…si vous êtes journaliste proche du gouvernement vous teinté vos papiers aux couleurs du gouvernement. Si vous êtes proche de l’opposition, vous faites pareil. Au Tchad toute la presse n’est pas libre. Les journalistes ont un penchant.
..Ialtchad est une presse libre
…non lorsque vous me dites pourquoi je ne donne pas mes documents aux journalistes. En ma qualité d’acteur de la société civile, c’est aux médias de venir vers ces acteurs, ce n’est pas à nous de venir vers les médias. Au Tchad même si je dénonce quelque chose, il faut payer un journaliste. Même lorsqu’on fait un point de presse, il faut payer le journaliste.
Vous n’êtes pas un professionnel de l’information. Vous n’êtes pas formé pour traiter l’information et le rendre public.
C’est ça le problème. Nous sommes les acteurs de la mise en marche de l’agenda politique. La presse ne fait qu’accaparer ce que nous dénonçons. Vous avez tantôt dit que j’ai brandi un document, mais c’est à la presse de vérifier la véracité de ce document. Et susciter le débat. Si la presse est incapable de chercher la vérité, c’est très grave. Lorsque je brandis ce document j’interpelle la presse d’aller demander au Maire Ali Haroun et au Trésor public est-ce que c’est vrai ? La presse ne le fait pas. Je sais ce que je fais. Qui est un journaliste d’investigation au Tchad ? Qui ? Il n’y a pas. Les gens ne font pas leur travail.
Au début de la transition Ahmat Larry était très pro-Conseil militaire de transition (CMT). Aujourd’hui il est très critique. Lequel Ahmat Larry est vrai.
Je me suis toujours défini comme pro-Tchad.
C’est quoi pro-Tchad ?
Pro-Tchad parce que je pense au peuple. Je m’en fiche des autres.
…mais vous n’êtes pas un élu
Non je ne suis pas un élu, c’est ça la différence.
D’où vous tenez votre légitimité ?
Je tiens ma légitimité du simple fait que l’État m’a autorisé à exercer comme un acteur de la société civile. Du simple que je suis un acteur de la société civile sous régionale. La différence avec les élus ce que j’ai vu des élus qui ne font même pas leur travail. La question c’est qui est élu au Tchad ? Personne n’est élu au Tchad. Il faut que les gens restent tranquilles. Je ne veux pas entrer dans ce débat. Ceux qui sont au Conseil national de transition, on sait comment ? A l’Assemblée nationale (AN), on sait comment ? Moi je sais.
Dites-nous comment ?
Moi je sais. Comme je vous ai dit, moi j’investigue. Personne n’est élu dans ce pays.
Vous faites allusion à qui ? Dites-nous. Un exemple ?
Je dis tous les membres de l’AN. Qui va dire qu’il est élu. Franchement, qui va sortir dire cela ? Les conseillers municipaux, qui va sortir dire qu’il est élu ?
Pourtant on vous a vu presque en larme lorsque le Conseil national de transition a été formé. Parce que vous n’avez pas été choisi. Vous avez dit que le Tchad est un gâteau à partager…
Effectivement, un gâteau. Tout le monde doit avoir sa part. Non, en fait je n’ai même pas déposé mon dossier parce qu’on sait comment la cooptation se passe .
Comment ?
On appelle les organisations, parfois on n’appelle même pas les membres…
On ne vous a pas appelé ?
Non on ne m’a pas appelé.
Vous avez eu beaucoup de chagrin ce jour en disant beaucoup ont pleuré
Oui. Et j’ai dit même nous sommes plusieurs à avoir pleuré. Qui ne veut pas être au CNT pour prendre les 3 millions de salaires ? C’est ça le problème. Tout le monde veut entrer.
Donc tout ce monde est là pour l’argent, pas pour servir le pays ?
Non personne n’est là pour servir. On dit toujours en arabe « celui qui travaille mange ».
Ahmat Larry est ce que vous pouvez regarder les Tchadiens dans les yeux et répéter ce que vous avez dit ?
Oui, « celui qui travaille mange ». Tout ce qu’il font là, c’est pour manger. Dès qu’ils n’ont leur salaire, ils crient. Ils ne font pas pour le bien du peuple.
Le CNT n’est pas là pour assurer que la transition se passe selon les législations?
Non. Les gens qui se sont bagarrés là, jusqu’à là, il y a des procès. Même nos imams si on ne les paie pas, vous pensez qu’ ils vont diriger la prière ?
Vous n’avez toujours pas répondu à ma question. Vous étiez très pro-CMT au début, aujourd’hui vous êtes très critique
Je ne suis « anti-personne ». Ni anti-CMT, ni Pro-Mahamat Kaka, ni anti-transition, ni anti-groupe de personne. Non. Moi je vois, j’analyse, je dénonce ce qui ne marche pas pour que ces acteurs changent. Ce n’est pas parce que je vous soutiens que s’il y a dérive je ne change pas. C’est ça l’erreur qu’ils ont faite en m’envoyant en prison parce qu’avant j’avais soutenu le maire. Lorsqu’il a dévié, j’ai critiqué. Et c’était grave pour eux.
Est-ce que vous n’êtes pas en train de rouler pour les adversaires de M. le Maire ?
C’est cela le problème. Lorsque j’ai soutenu le CMT, on m’a dit tu es trop pro-CMT. Quand je les ai critiqués certains on-dit, non il est devenu anti-CMT. J’ai toujours critiqué, mais quand les personnes que je critique font bien, je dis qu’ils ont bien fait. Moi je fais tout pour être neutre. Dans mes vidéos, je demande toujours de me dire si j’ai fait des erreurs, je suis un être humain. Mais lorsque j’ai raison, on ne peut pas m’intimider pour que je change d’avis. Je ne le ferai jamais. J’assume, ma parole n’engage que moi. Un homme doit mourir pour son idéologie.
Ainsi donc, avant vous avez travaillé avec le maire ?
Non, mais j’ai soutenu ses actions qui sont bonnes. Je ne suis ni son ennemi ni son adversaire. Pour ceux qui disent que je roule pour tel ou tel. Je ne roule pour personne. A ma sortie de prison j’ai entendu des gens dirent, non lui là , on le paie pour ceci…pour cela. Ça m’a fait rire.
M. Ali a tenté de vous dissuader selon nos sources en vous donnant des cadeaux ?
Ce n’est pas Ali Haroun en personne, mais d’autres personnes qui sont venues parler au nom de Ali Haroun. Ils m’ont proposé beaucoup de choses, même des postes, argent et véhicule, mais j’ai refusé.
Pourquoi refusé ? Vous venez de dire que le Tchad est un morceau de gâteau..
Non je n’accepte pas la corruption.
Que pense Ahmat Larry du pré-dialogue de Doha ?
Vraiment moi, je suis pour la paix et pour le dialogue. Il y a des choses qui se sont passées. On a ramassé des soi-disant politico-militaires, on ne sait pas si ce sont des humoristes, des comiques. En tout cas, ils sont tous Tchadiens et ont le droit de participer à la vie socio-politique du pays. Les politico-militaires sont des vrais acteurs, il faut qu’on négocie avec eux. Mais ce qui m’a déçu c’est l’attitude du comité, surtout du ministre des Affaires étrangères qui est parti ailleurs. Il laisse, M. Kebzabo, l’ex-chef de file de l’opposition pour diriger les choses. Il est parti pour un autre sommet. Pour lui le sommet est plus important que le dialogue entre Tchadiens. C’est grave. Si lui il est réellement engagé pour le dialogue, pour la paix, il reste. Son Secrétaire d’État ira pour l’autre sommet.
Est-ce qu’on peut immobiliser un ministre des Affaires étrangères pendant 2 semaines à un endroit ?
Pourquoi il a un Secrétaire d’État ? Pourquoi il a accepté d’être à la tête du comité ?
Il y a Saleh Kebzabo…
Kebzabo ne peut engager l’État. Seul le ministre Chérif peut le faire. Il y a un peu d’amusement. Moi je pense que les conditions d’un dialogue réussi ne sont pas réunies.
Pourquoi ?
Ce qui manque c’est le sérieux. Un dialogue réussi quand les acteurs s’entendent sur le médiateur, avant ce n’était pas le Qatar. Les acteurs discutent après 2 semaines, le Qatar accepte d’être médiateur, etc. Il faut aussi la confiance pour qu’un dialogue réussisse. Vous mettez Kebzabo devant les politico-militaires ce que vous ne voulez pas que le dialogue réussisse.
Vous ne croyez pas à Doha ?
Je crois à la paix malgré les petits qu’on évoque, je crois que ces hommes politiques ont la volonté.
Les Transformateurs de Succès Masra demandent la modification de la charte. Est-ce que ce n’est pas une bonne idée ?
Ce n’est une bonne idée du simple fait qu’il nous reste 7 mois sur les 18. Durant les 7 mois restants, il faut aller au dialogue national.
M. Larry regardez la caméra une seconde fois et dites si vous pensez sincèrement qu’en 7 mois il y aura un dialogue et une transition pacifique ?
Oui si on veut, on peut.
Vous semblez avoir une dent contre vos amis activistes parce qu’ils ne sont pas venus vous rendre visite en prison ?
Non je ne suis contre personne parce qu’en prison j’ai tout vécu des machinations. Les gens m’ont arraché le téléphone, ils m’ont empêché les visites, je n’ai pas voulu évoquer tout cela. Mes amis activistes ne m’ont pas lâché.
Ahmat Larry vous aimez la politique. Pourquoi vous ne vous engagez pas en politique ?
Je suis né et j’ai grandi dans la politique. Je suis aussi politologue, j’ai une maîtrise en science politique. On nous a toujours dit qu’il y a la science et il y a la politique. On nous a aussi dit à la Fac si vous ne voulez pas être prince, il faut être le conseiller du prince. Je donne des conseils, je critique, j’oriente. Je suis très content de ce que je fais. Le jour où ils vont nous demander de servir, de m’engager, c’est autre chose. Moi je ne parle pas du futur. Je vis le présent.
Conseiller, je tiens le mot. Est-ce que demain le président de la transition fait appelle à Ahmat Larry comme conseiller, il va y aller ?
Moi j’ai toujours accepté de travailler. Moi je ne ferme pas la porte. Il faut accepté de contribuer même si je ne suis dedans je vais contribuer.
Réalisation Bello Bakary Mana
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