Reportage

Reportage (1398)

Selon les spécialistes affirment que certaines femmes enceintes ne font pas de visite prénatale pour des raisons financières. Pourtant, la visite prénatale  évite beaucoup de risques aux femmes. La rédaction s’est rendue au centre de santé de Koundoul, en banlieue sud de la capitale tchadienne, N’Djamena, rencontrer des femmes et des sage-femmes. Reportage.

La visite prénatale est obligatoire pour les femmes enceintes, selon les sage-femmes et les obstétriciens. Mais, certaines femmes soit par ignorance, soit pour des raisons non convaincantes ne font pas de visite prénatale.  

« Je ne viens pas à la visite parce qu’à chaque fois que je viens pour la visite prénatale au centre de santé, on me demande souvent de l’argent et je n’ai pas d’argent. Le paracétamol qu’on peut trouver au marché à 100 coûte 500 FCFA au centre. Même le fer en comprimé est payant. Je n’ai pas de moyens pour payer. Je demande au gouvernement tchadien de revoir cela », affirme Hawaï Issa femme enceinte, rencontrée au quartier non loin du Centre. Elle ajoute que si une femme qui fait la visite prénatale dans un autre centre de santé, le jour où elle est en travail les certains centres de santé refusent de l’aider à accoucher. Par contre, d’autres femmes racontent les bienfaits de la visite prénatale.

«  Je fais la visite prénatale  pour le bien-être de mon futur enfant. Je le fais parce que certains enfants ne se positionnent pas bien. Cette visite me permet d’éviter certains aliments qui peuvent compromettre ma santé ou celle de mon enfant. C’est grâce à cette visite que j’évite certaines maladies. Quand je viens faire la visite, on ne me prend pas de l’argent avec moi, je viens régulièrement à l’hôpital », dit  Iyana Prisca.

Pour Famabou  Bienvenue, sage-femme, les risques de maladies et d’accouchements sont grands si la femme enceinte ne fait pas de visite prénatale.  «  Les risques  pour une femme  enceinte qui ne vient pas à la visite prénatale sont nombreux à savoir la fausse couche, le paludisme, les hémorragies » . Toujours selon elle, une femme qui ne fait pas la visite prénatale peut tomber subitement  en taux  de l’hémoglobine, elle peut faire  de fausse couche à cause du paludisme, avoir des infections sans s’en rendre compte.

Dans la même lancée, la sage-femme explique l’importance de la visite prénatale. « Nous appelons les femmes enceintes de venir faire la visite. Maintenant nous sommes en période de la floraison du  paludisme. Le paludisme, c’est un facteur de risque pour une femme enceinte. Certaines femmes enceintes ont les pertes blanches abondantes, mais elles ne s’en rendent pas compte, est-ce que c’est la syphilis ou des infections  génitales  peuvent causer de problème sur le fœtus », conseille-t-elle. Elle dit que,  certaines femmes enceintes pensent quand elles viennent pour la visite, il faut absolument de l’argent, pourtant ce n’est pas vrai. «  Il faut qu’elles viennent se faire consulter par une sage-femme et s’il y a quelque complication, c’est en ce moment qu’on va les préinscrire les médicaments à prendre ou faire quelques examens ».

Mamadjibaye Patricia renchérit  en soutenant qu’une femme enceinte au premier trimestre doit d’abord faire les examens. « On lui fait d’abord les examens prénataux et les examens complémentaires. On examine si elle a le paludisme, si elle n’est pas infectée, on regarde son taux d’hémoglobine,  hépatite  et le groupe sanguin. On demande aux femmes enceintes de faire leur toilette intime pour éviter les infections, etc. », indique-t-elle.

Nadège Riradjim

L’État tchadien avait autorisé les personnes handicapées et chômeur, de faire du trafic entre Kousseri, ville camerounaise et la capitale tchadienne, N’Djaména séparées par un pont. Depuis un mois, elles font face à des tracasseries douanières qui entravent leurs activités. Reportage.   

Jeunes ou âgés, femmes et hommes, en tricycle, ces personnes en situation de handicap qui peinent à se déplacer font la ligne Nguéli-Kousseri tous les jours afin pour nourrir leurs familles. Ces hommes et femmes travaillent, refusent de mendier, vivent des petits trafics de marchandises achetées à Kousseri, ville camerounaise, pour les revendre à N’Djamena, au Tchad. Ils exercent ces activités depuis quelques années avec l’autorisation du gouvernement. Selon leur porte-parole, Ali Odjinbédé Justin, ces personnes handicapées ont été recensées et  détiennent des badges. Cependant, la réalité du terrain est autre chose. Elles dénoncent des bavures et tracasseries douanières.

« Depuis un mois déjà,  on ne sait pas pourquoi ils nous empêchent de traverser. On se demande, si les autorités ont vu quelque chose de suspect, ils devraient nous dire pour qu’on soit tranquille. L’État ne nous prend pas en charge, on se débrouille pour subvenir à nos besoins.  Ailleurs, certains États prennent en charge les handicapés, mais ici au Tchad, ce n’est pas le cas », fulmine Guingar Arnaud. Ce dernier demande au gouvernement de les soutenir.

« Les douaniers nous ont dit qu’ils ne peuvent pas nous laisser aller à Kousseri. Parfois, on sort le matin et traverse le pont. Quand on veut rentrer, ils nous bloquent jusqu’au soir. Certains parmi nous,  rentrent des fois sans marchandises. On leur demande de nous donner la raison de cette décision. Depuis le matin, nous sommes comme ça, nous ne savions quoi faire. Pourquoi ils interdisent seulement aux handicapés. Et laissent les personnes bien portantes d’exercer leurs  activités. On a des enfants à notre charge. Certains sont en location. Je demande au Président de penser à nous »,  se plaint Zakari Jacques.  

Désespéré, Koudjibaye Armand, se confie plutôt à Dieu pour soulager ses souffrances. « Maintenant l'année scolaire s'approche également et si on nous exclut du commerce Kousseri-N’Djamena, comment faire pour inscrire nos enfants à l’école? », s’inquiète-t-il.   

Pour d’autres, comme Blaise ce sont des taxes douanières qui les asphyxient.  « On nous laisse  traverser, mais pour rentrer  avec nos marchandises, ce n’est pas facile. Quand tu prends quelque chose à 1000F ou 1500F, tu ne gagnes rien. L’argent fini seulement en route. Il faut que l’État pense à nous les pauvres handicapés », dit-il. Larndjima Débora, une commerçante soutient que tous ses enfants sont morts. Elle n’a personne pour l’aider, c’est grâce à cette activité qu’elle survit.

Un douanier, sous e sceau de l’anonymat, rétorque que, c’est à cause du désordre organisé par les personnes handicapées elles-mêmes qu’ils aient pris certaines mesures. « Avant, l’accès était libre. Un handicapé faisait 4, 5 à 6 voyages, mais ce n’est pas ce qui est dit dans le règlement. Au lieu de ramener ses propres marchandises, il préfère prendre les marchandises des commerçants.  Un gros porteur dédouane ses produits en payant entre 4 à 5 millions, mais les handicapés peuvent décharger 2 gros porteurs en une seule journée. C’est un manque à gagner pour l’État. On dit que la boisson est interdite, mais ils ne comprennent toujours pas », dit l’agent.

Nadège Riradjim

Dans la capitale tchadienne, N’Djaména, beaucoup de ménages assaisonnent leurs repas et thé avec du citron. La saison de pluie est la période où le produit abonde et est moins cher sur le marché, mais c’est le contraire qui se passe cette saison. Le prix de ce fruit vertueux a flambé. Reportage.   

De son nom scientifique Citrus Limon ou citron, est un fruit juteux à la forme ronde. Selon les spécialistes, il possède des propriétés anti-inflammatoires, anti-infectieuses, antibactériennes et antivirales. Il aide à faciliter la digestion. IL est un excellent allié contre la fatigue grâce à la vitamine C qu’il contient. Conseillé aussi pour les personnes souffrant d’Anémie, il augmente l’absorption du fer contenu dans les aliments végétaux bien que sa teneur en fer soit très faible. Une cliente venue se procurer ce fruit non loin de l’Hôpital de la Mère de l’Enfant souligne que le citron est devenu incontournable pour son alimentation. Elle se lamente de l’augmentation du prix. « Je viens acheter du citron tout le temps  parce qu’il est indispensable pour mon alimentation quotidienne. Je l’utilise pour le repas, avec le piment, les laitues y compris le café. Aujourd’hui, le citron est devenu trop cher sur le marché, pour les autres fruits n’en parlons même pas », se résigne-telle.
Il n’y a pas longtemps le prix du citron était à la portée de tous à cause de son abondance sur le marché. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Un « koro » se vend entre 2500F à 3000F CFA, donc, un seul fruit peut coûter 50 F. Le jus du citron est aussi vendu à 1500F la bouteille de 2 litres au lieu de 1000F.

Malgré la saison du citron, les vendeuses ou détaillantes disent qu’elles achètent toujours plus cher le produit chez les grossistes. «  Bien que nous sommes en pleine saison où il devrait abondant sur le marché, force est de constater que le citron est rare. Pour l’augmentation du prix, cela est indépendamment de notre volonté, c’est pourquoi les prix ont augmenté aussitôt sur le marché », justifie Voutko Miryam.

« Nous aussi, on achète le citron cher et nous vendons en augmentant le prix pour avoir un peu de bénéfice. Maintenant le sac du citron se vend à 70 000F», rajoute Neloumta Nathalie. Elle poursuit en affirmant que le jus du citron qu’elle vend est de deux qualités à savoir le jus pur et non pur qu’elle  mélange avec un peu d’eau afin de permettre aux consommateurs qui n’ont pas assez de moyens de s’en procurer. Certaines  vendeuses s’approvisionnent des vergers aux alentours de N’Djamena, d’autres font leurs commandes des provinces voire importent de l’étranger. Quelle est la cause de la rareté du citron sur le marché ? Serait-elle liée à la canicule qui a fané beaucoup d’arbres fruitiers ?

Rôle du citron

D’après le nutritionniste Ahmat Boukar Alio, le citron est un excellent moyen de réguler naturellement le potentiel hydrogène (ph) de l’organisme. «Le citron aide à limiter les douleurs et les problèmes de digestion tels que les ballonnements du ventre, les indigestions, les constipations ou encore les remontées acides. Par ailleurs, le citron favorise la production de la bile », dit-il.  

Ano Nadège & Mahamat Yang-Ching

Le 17 juillet dernier, les jeunes diplômés en instance d’intégration ont campé devant la Primature pour revendiquer leur intégration à la Fonction publique. Ils disent avoir été gazés et arrêtés par la police. Et ont passé quelques heures en cellule. Ils affirment être déterminés à aller jusqu’au bout. Reportage.

Selon Youssouf Soumaïne, porte-parole des diplômés en instance d’intégration, connu sous le nom de Sabarna, le feu Maréchal Idriss Deby Itno leur avait promis l’intégration à la Fonction publique après plusieurs rencontres. Mais, dit-il, certains ont été intégrés sur la base du clientélisme et du clanisme. Toujours selon lui, le président Mahamat Idriss Deby Itno avait donné son aval à leur intégration. Ils auraient fait plusieurs demandes d’audience auprès du Premier ministre (PM) pour une mise au point. « Le PM fait la sourde oreille et ne veut pas nous rencontrer », dit-il  

Les diplômés sans emploi « Sabarna » disent avoir été arrêtés et molestés  devant la Primature.  « Plusieurs d’entre nous ont été arrêtés à la suite à notre rencontre avec le directeur de cabinet du PM. Nous étions quatre à être reçus alors que certains attendaient dehors. À notre sortie, les forces de l’ordre ont arrêté 53 personnes membres de Sabarna », soutient le porte-parole. Il affirme que lors de leur arrestation, la police scientifique a relevé leurs empreintes puis les a filmés avec des papiers sur lesquels étaient inscrits leurs noms. « Ce traitement est indigne pour des personnes revendiquant pacifiquement pour leur insertion socioéconomique. Cette pratique est propre aux brigands et non aux diplômés sans emploi », regrette-t-il.

Youssouf Soumaïne souligne qu’ils ne lâcheront pas la lutte jusqu’à leur intégration. « Nous tiendrons une réunion ce 19 juillet pour décider de ce que nous allons faire à l’avenir. Ils ne nous décourageront pas si facilement. Parmi nous, les plus anciens ont obtenu leurs diplômes depuis 17 ans, c’est-à-dire17 ans de chômage. Il faut être capable et prêt à mourir pour ses droits. Tous les diplômés doivent se mobiliser et prendre conscience que la fin de leurs études ne se résume pas à devenir des conducteurs de mototaxis ni de parieurs de jeu de chance. Ils doivent savoir que personne ne plaidera pour leur sort », lâche-t-il.

Mahamat Yang-Ching

Six jours après la publication des résultats du baccalauréat, les candidats admissibles au second tour prévu pour le 20 juillet,  travaillent fort pour ne pas rater leur seconde chance. Reportage.

Ils sont 14 993 candidats attendent le second tour sur toute l’étendue du territoire national. Aux Lycées Félix Eboué et Sacré-Cœur, ils sont nombreux, toutes séries confondues, qui s’apprêtent à affronter les épreuves du baccalauréat.  Encore abattus par les résultats du premier tour, certains sont stressés par la seconde épreuve qui se déroulera le 20 juillet prochain. D’autres sont concentrés, assis sous l’ombre des arbres des cours des établissements. Ils font de dernières révisions en groupe ou individuellement.  

« On se prépare pour le deuxième tour qui débutera le samedi. Et on espère que tout ira bien par la grâce de Dieu. Les difficultés sont nombreuses dans certaines matières comme en histoire, philosophie, français. Dans toutes ces matières, j’ai eu des problèmes, car l’année scolaire a été perturbée. Mais Dieu merci, je suis au deuxième tour. Et j’espère que cette fois-ci, j’aurais mon bac »,  dit Mahamat Mahmoud, candidat en série A4.

Abba Maï, de son côté souligne qu’il va redoubler d’efforts pour affronter les épreuves. « On se débrouille quand même pour affronter le second tour. Actuellement, je n’ai pas de difficultés. On se prépare en groupe avec les amis et certains camarades pour réussir. Même au premier tour, on a bien préparé. Comme dit un adage, l’Homme propose, Dieu dispose. Je suis au deuxième tour, je remercie Dieu, parce que le pourcentage de réussite cette année est catastrophique », affirme M. Maï

« On se débrouille en relisant les cours de soutien avec les enseignants », ajoute Laremodalbaye Chanceline.
Les préparatifs vont bon train

Selon Dr Minda Mahamat Saleh, présidente du centre du Sacré-Cœur, les préparatifs vont bon train. «  Nous avons déjà commencé avec les préparatifs. Au niveau de Sacré-Cœur  nous avons 575 candidats qui sont revenus pour composer le second tour toutes séries confondues sauf la série A4. Jusqu’à là, il n’y a aucun problème ». Toujours selon la présidente, la liste des candidats est affichée, celle des surveillants aussi, les tables-bancs sont numérotés, l’établissement est prêt. Elle souligne qu’au niveau de Sacré-Cœur, il n’y a pas d’entraînements pour les candidats. « Je crois que les candidats sont prêts pour affronter l’examen. Concernant les matières, nous avons plusieurs séries qu’on va travailler  qu’en un seul jour.  Nous allons  commercer  à 8h pour finir à la fin de la journée », dit-elle. Dr Minda conseille aux candidats d’être sereins, sérieux parce que c’est la dernière chance, « ne tricher pas. Concentrez-vous sur les matières à traiter ».

Nadège Riradjim

Très tôt dans la matinée du jeudi 18 juillet, les hangars aux abords de l’Avenue Elie Roumba dans le 3e arrondissement, derrière le Lycée Technique Commercial, ont été déguerpis. Reportage.

La tractopelle de la mairie a ravagé sur son passage des étals et kiosques installés de manière anarchique sur la voie publique. Dans un climat de colère et de tristesse apparente sur leurs visages, les propriétaires des boutiques détachent leurs hangars détruits par les bulldozers.

Djénobé Jean-Yves, tenancier d’un restaurant ne cache pas sa désolation. « En réalité, nous sommes déjà des victimes. La mairie, elle-même donne des autorisations et c’est la même mairie qui vient nous déguerpir. L’administration de la commune de N’Djaména est tordue. Si on dit que l’administration est une continuité et que l’autorisation a été donnée par le maire sortant, l’actuelle mairesse doit respecter les termes du contrat. Puisque c’est suite à une autorisation que nous avons créé notre petite entreprise. Nous avons eu un délai, mais ce renvoi est fait avant l’expiration du délai. Chaque fin du mois, ils viennent prélever 5 000 F CFA. Juste après ce dernier prélèvement, ils sont revenus casser nos hangars », dit-il.

M. Djénobé poursuit en soutenant qu’il y a beaucoup de choses à faire, mais la Mairie ne le fait pas. « Au lieu de nous donner du travail, ils ne veulent pas. Qu’est-ce qu’ils veulent dans ce pays ? Nous sommes des diplômés sans emploi et nous faisons ces activités pour survivre, mais ils viennent nous renvoyer. Qu’allons-nous faire ? C’est à cause de cela que les jeunes deviennent des brigands. Et ils n’ont pas tort ».

Un autre jeune entrepreneur Hissein Bani affirme que cette opération est irréfléchie. « Ils nous ont donné un délai, mais nous ne savons où aller. Les pertes sont énormes et le gouvernement doit nous dédommager. En principe, ils devraient nous chercher un endroit où nous installer. Nous n’avons pas refusé de quitter, nous sommes des débrouillards qui collectons 100 F CFA et 200 F CFA pour subvenir à nos besoins, mais ils viennent nous déguerpir. Qu’allons-nous devenir », se plaint-il.

Entre temps, la tractopelle qui déchiquetait les hangars est tombée en panne, à la grande satisfaction des vendeurs qui se moquaient des agents de la mairie.

Ousmane Bello Daoudou

L’espace champ de fil situé dans le 5e arrondissement de la ville de N’Djaména, la capitale tchadienne, réputée dans la vente des pièces détachées des engins de tout calibre, a aussi subi l’opération de déguerpissement de la ville le 8 juillet passé. Mécaniciens, « petits débrouillards » et boutiquiers sont vent debout contre cette décision. Reportage.  

Sur le lieu, les endroits autrefois occupés par des pièces des engins et des véhicules sont remplacés par une clôture en tôle. L’ambiance qui y régnait a laissé place aux véhicules de la police stationnés. Les mécaniciens, les chefs de garages sont chassés de leur lieu de travail. Le 11 juillet dernier, quelques jeunes mécaniciens mécontents ont saccagé la clôture en tôle qui a délimité ce l’endroit qu’ils considèrent comme leur espace de travail. Pour eux, le délai accordé pour quitter les lieux est très court. Et, certains disent avoir appris que leur espace est attribué temporairement aux vendeurs de « Wall Street ou marché Dubai Garr Tigo », eux aussi déguerpi du centre-ville. Cette situation est une pilule difficile à avaler pour les déguerpis de Champs de fil qui se sont installés depuis plusieurs décennies. Certains disent être informés avec un retard. C’est le cas de Béchir, propriétaire d’une entreprise de fabrication des briques en parpaings. « C’est de l’injustice, cet acte posé par l’État. Nous avons reçu le préavis à seulement 4 jours du déguerpissement sans même voir les preuves de ce préavis », fustige-t-il.

« Ils nous ont déguerpis sans toutefois nous proposer un endroit ailleurs. Nous attendons que les autorités nous trouvent un endroit. Les autorités ne sont pas sérieuses, sinon comment expliquer le renvoi des gens qui ne veulent que travailler pour survivre ? Nous sommes disposés à toutes les propositions. Si le gouvernement nous demande de partir, nous partirons. Mais, il faudrait qu’il songe à nous trouver une place », concède Aboubakar Chabana Abdelkérim, chef de garage rencontré sur place.

Par contre, certains jeunes manifestants ont saccagé les feuilles de tôle à cause d’un propriétaire de parking qui n’a pas été déguerpi. « Si ces jeunes se sont révoltés, c’est parce qu’un propriétaire du parking qui se trouve de l’autre côté n’a pas bougé d’un iota. Or la loi doit être appliquée à tout le monde. Soit nous partons tous ensemble soit nous restons tous », justifie Abakar Abdoulaye.

L’accusé rétorque en soutenant que, « cette manifestation n’est en aucun cas liée à mon installation. Ces personnes sont venues nous demander de participer à cette révolte. Mais, nous avons refusé, car c’est l’État qui s’est prononcé. Nous avons été informés du préavis à seulement 4 jours. Nous n’occupons pas cette place par la force ni par une influence quelconque. Je suis propriétaire de 3 parkings avec mes frères, nous avons plus de 200 véhicules stationnés dont certains propriétaires sont à l’étranger. Où est-ce que nous pouvons trouver un espace pouvant contenir ces véhicules dans un délai de 4 jours ? », se défend-il. Ce propriétaire de parking indique que lors de la visite des autorités dernièrement, l’accent a été mis plus sur l’évacuation des zones insalubres. « C’est de la pire injustice ce que nous vivons. Comment peut-on expliquer le renvoi des pauvres pour donner aux plus riches ? Ne sommes-nous pas aussi des Tchadiens ?  », ajoute-t-il. 
 
Il explique être volontiers de se faire déguerpir s’il y’a un espace pouvant contenir ses véhicules. Il soutient que les commerçants, les mécaniciens respectent les règles. « Nous nous sacrifions pour le bien du pays en payant régulièrement nos taxes, impôts, patentes et douanes qui s’élèvent à plusieurs millions. Nous représentons toutes les couches sociales ici au parking. Il faudrait qu’on nous traite avec dignité pour notre contribution au développement », dit-il en terminant.

Ano Nadege
Mahamat Yang-ching

Dans la nuit du 18 juin 2024, un incendie s’est déclaré dans un dépôt de munitions d’armes à Goudji, dans le 10e arrondissement de la ville de N’Djaména. Cet incendie dont l’origine est encore inconnue, a fait d’importants dégâts matériels et plusieurs morts et blessés sans oublier les traumatismes. Certaines victimes disent être lésées par les autorités et organisations non gouvernementales près d’un mois après le drame. Reportage.

Depuis la date sombre du 18 juin, les autorités et les responsables des organisations non gouvernementales défilent sur le lieu du sinistre. Mais, visiblement, rien ne semble bouger en ce qui concerne la prise en charge des victimes. C’était une panique totale ce jour. Des explosifs ont détruit des maisons, calcinés des engins et tués des personnes dont plusieurs blessés. Certains blessés peinent à se prendre en charge. Alors que le Président de la République avait déclaré que les frais d’hospitalisation des blessés sont entièrement payés par l’Etat. « Pour certaines victimes, la prise en charge est à cent pour cent et pour d’autres, il n’y a pas eu de prise en charge du tout. J’ai une sœur qui a des fractures au niveau des pieds et bras, mais elle n’était pas prise en compte. En plus de cela, une autre voisine qui avait fait une fausse couche suite à cet incendie, elle aussi, n’a pas été prise en charge. Elle s’est rendue à l’hôpital pour se faire soigner, mais, elle n’a pas assez de moyens pour payer les factures », dit Mahamoud Defallah, rapporteur général adjoint du Comité des victimes des explosifs. M. Defallah, rajoute en affirmant qu’une mission conjointe de Etat et les humanitaires sont venus sur le terrain pour faire le porte-à-porte afin de recenser sans expliquer le but de ce recensement. « Pourtant l’Etat devait constituer une commission afin d’établir un rapport digne et honnête. Pour situer les responsabilités et réparer les dommages. Le chef de l’Etat s’est rendu sur le lieu au lendemain de l’incident pour constater les dégâts et annoncer la prise en charge des victimes liées à l’explosion », dit-il.

Aderamane Hamid, une victime indirecte déplore la situation, « un jour après l’incident, le matin, l’État a envoyé les gens pour recenser les personnes touchées par cet incendie. Depuis ce jour, les autorités gouvernementales ne sont plus revenues. Cet évènement a fait beaucoup de morts et blessés. On demande à l’État de nous venir en aide, sinon, on ne sait quoi faire ».

Même les commerçants ne sont pas épargnés par le drame. La déléguée des vendeuses de poisson au petit marché « patte d’oie » Justine Fatimé est inquiète, « cet évènement nous a traumatisé. Nous avons perdus nos frères et sœurs. Nos marchandises se sont décomposées à cause de ce problème. Je n’ai pas pu vendre. Je n’ai pas l’esprit tranquille, parce que j’ai toujours peur que la même chose se reproduise. On demande à l’État de nous venir en aide », a-t-elle plaidé.

Ousmane Bello Daoudou
Nadège Riradjim

Depuis un certain temps, le panier de la ménagère et le grenier du paysan sont vides. Malgré les discours des autorités et des associations de la société civile, les prix de denrée de première nécessité vont crescendo. Les consommateurs n’en peuvent plus. Reportage.

Sur les marchés de N’Djaména, les prix des produits de première nécessité ont flambé. Le panier de la ménagère est presque vide. Face à cette situation, les consommateurs expriment leur ras-le-bol concernant la cherté de vie. Ils appellent les autorités à voler à leur secours en cette période de soudure. Un sac du riz de 50 kg qui coûtait autrefois à 50.000 F CFA est vendu aujourd’hui à 75.000 F CFA. Assia, quinquagénaire rencontrée au marché à mil se désole. « Nous sommes dépassés. On demande au Président de la République de casser les prix. C’était mieux avant, maintenant, nous n’arrivons plus à acheter quelque chose avec le peu d’argent dont nous disposons. Le mil, le riz, l’huile, les arachides, tous sont devenus chers sur les marchés. Nos salaires n’arrivent pas à couvrir nos besoins à cause de cette cherté. On aimerait que les autorités revoient nos priorités, surtout la question de la nourriture. Nous ignorons la cause de cette augmentation des prix. Le riz et le mil que nous labourons au Tchad sont aussi si chers », se plaint-elle. « Je suis veuve et je vis avec des enfants en location. En plus, la vie est trop chère », renchérit Fatimé.

Les opérateurs économiques à l’exemple de Ahmad Masri, importateur de farine du blé et d’huile. Il justifie cette inflation par le coût exorbitant des taxes douanières et le transport dû au mauvais état des routes. Les vendeurs, eux, disent ignorer les raisons de l’augmentation subite des denrées alimentaires. « Avant on vendait un « koro » du riz à 1000 F CFA  parce qu’un sac se prenait à 45 000 F CFA. Maintenant un sac, coûte 75 000F et on vend le « koro » à 1 500F. On ne sait d’où vient ce changement brusque », se défend un commerçant.

Al hadj Ali, fait savoir que la cause de cette hausse des prix est due à la mauvaise pluviométrie. « Un sac de haricot de 50 kg qui coûtait 40.000 F est vendu à 75 000 F aujourd’hui. Nous sommes obligés de vendre le  « koro »  à 2000 F. Tout est cher.  Peut-être pour des raisons liées à la rareté des pluies ces dernières années ».

Selon Yaya Sidjim, secrétaire général adjoint de l’Association des Droits des Consommateurs (ADC), son organisation fait toujours des plaidoyers auprès des autorités pour que d’autres mesures plus efficaces soient prises pour juguler le problème de cherté de vie. « Il faut absolument subventionner certains produits. Il faudrait que le gouvernement fasse des stocks des denrées alimentaires. Nous allons sensibiliser les commerçants pour qu’ils essayent de limiter leur marge bénéficiaire et cela contribuera à réduire les difficultés des Tchadiens. Nous demandons aux autorités d’aider les consommateurs. Depuis deux ans, beaucoup de réunions ont eu lieu avec les autorités responsables du dossier sauf que la mise en œuvre de ces décisions pose problème », a-t-il souligné.

Nadège Riradjim
Mahamat Gonsebé Yang-phing

Ridina est un quartier populaire et historique de la capitale tchadienne, N’Djamena. Il jouxte le marché à mil. Il est prisé par les migrants pour sa proximité avec le marché, avec le centre-ville et les autres quartiers. Il héberge beaucoup des « sans-papiers » logés à la belle étoile. Reportage.
 
Au bord d’une rue de 15 mètres du quartier logent plus d’une cinquantaine de migrants, hommes femmes et enfants. Ils viennent tous du Nigeria et du Niger, deux pays voisins. À la tombée de la nuit, ils dorment à la belle étoile dans la cour d'une maison pour ceux qui ont un peu d'argent. Pour ceux qui ne peuvent pas se payer une place dans la cour, ils dorment au pied du mur, de la même maison.
 
Au tour de la propriété, des sacs et autres affaires personnelles sont installés à côté de certains locataires, des vieilles nattes, un luxe servent de matelas, des moustiquaires sont suspendues pour se protéger des moustiques durant la nuit. Pour d’autres locataires, c’est sur un simple plastique ou carton qu’ils passent la nuit. Pour avoir le privilège de dormir dans la cour, il faut débourser 300 FCFA par nuit et entre 100 à 150 FCFA au tour du mur.
 
La majorité de ces immigrés ont plus d'un an de résidence au pays. Certains sont même à leur quatrième année, mais toujours sans domicile ni carte de séjour. Pourtant la plupart des hommes travaillent. Ils sont  cordonniers, couturiers ambulants, coiffeurs, de blanchisseurs, de restaurateurs, etc. Les femmes aussi ne se croisent pas les bras. Elles s’adonnent aux activités génératrices de revenus. « C'est juste un dortoir, là où je pose ma tête pour dormir. Le matin je suis au marché », dit un de locataire. La plupart sont mariés, plusieurs sont venus avec leurs épouses. D'autres ont laissé leurs compagnes dans leur pays d'origine pour disent-ils de mieux se concentrer sur leur travail pour faire fortune.
 
Le matin au réveil, l’endroit se transforme en place du marché pour certaines de ces locatrices. Chacune transforme sa place en cabine de vente. Mme K qui est aussi locatrice de l'espace mural, sort de sa natte et détache sa moustiquaire afin de s'apprêter pour faire la cuisine. Mme K est vendeuse de nourriture, tous les autres locateurs sont sa clientèle. Elle sert les mets du pays d’origine (riz mélangé aux haricots, beignet de haricot, bouille...). Pour allumer le feu de cuisine, elle ramasse des objets jetés. Par exemple les chaussures usées, les objets en plastique et autres matériels combustibles. Les muets cuisinés font voyager ces migrants dans leurs pays. Mme K affirmant que depuis quelques années elle fait la navette entre son pays d’origine et son pays d’accueil, le Tchad. Elle souligne qu'elle vivait au village et a facilité l'arrivée de beaucoup
d'autres comme elle.

NDM

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