Reportage

Reportage (1382)

La coordination pour l’action citoyenne dénommée Wakit Tama vient d’achever sa marche pacifique ce 29 juillet comme prévu à N’Djamena, capitale, tchadienne. Du point de départ, rond-point Hamama au lieu du rendez-vous le Palais du 15-janvier. Les forces de l’ordre et de la sécurité ont bien quadrillé les manifestants. Reportage !

Il est 8h 00, les marcheurs de Wakit Tama se rassemblent au Rond-point Hamama, dans le 8e arrondissement de N’Djamena. Les forces de sécurité  se déploient tout le long de l’itinéraire. Le point de départ de la marche est le Rond-point Hamama et le point d’arrivée le Palais du 15-Janvier. La grande avenue est dégagée pour l’occasion. Les marcheurs, les journalistes et les forces de sécurité l’ont conquise. La mobilisation est forte, les marcheurs sont venus nombreux, de tous les horizons et quartiers de la ville. L’ambiance était joyeuse. Chansons, coup de sifflets, pancartes en mains avec différentes mentions, les manifestants avancent lentement mais sûrement. On peut lire par exemple, « France hors du Tchad. Réviser la charte de transition. Arrêter de voler le peuple. Non à la succession dynastique. CMT ou sont nos indemnisations » entre autres.

A chaque 200 mètres, les marcheurs s’arrêtent. Soit ils entonnent l’hymne national, soit ils lancent un message. Assis sur le bitume face au palais de Justice de N’Djamena, ils observent une minute de silence puis réclament une véritable justice au Tchad. Chose impressionnante, Wakit Tama semble mieux organisé pour cette marche. En dehors de la police, tout autour des marcheurs, se trouve une haie des jeunes chargés de la sécurité. Ils quadrillent les autres. L’itinéraire est bien suivi et les manifestants après un bref arrêt non loin de l’aile gauche de l’échangeur de Diguel, sont enfin entrés au palais du 15-janvier. Les leaders de Wakit Tama se tiennent tous debout pour accueillir les marcheurs qui avancent vers eux en chantant la Tchadienne. Une ambiance stupéfiante se dessine avec des cris et youyous. Le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar invite ses camarades à paraphraser un couplé du musicien ivoirien Tiken Djafa Koli. « Aller dire au CMT qu’ils enlèvent nos noms dans leurs business, on a tout compris. Ils nous mènent souvent en bateau vers des destinations qu’on ignore, ils allument le feu et ils activent. Et après ils viennent jouer au pompier. On a tout compris », répètent-ils.

Pour Mahamat Nour Ibedou, cette marche est un début de libération du peuple tchadien. « Nous disons non au CMT et non à la France. Notre pays est souverain et indépendant. Nous avons la vérité et nous arriverons à notre but. C’est un grand jour aujourd’hui, parce que c’est pour la première fois qu’on nous autorise à marcher ».

Dr Yombatnan Sitack, estime pour sa part qu’il faut que justice règne dans ce pays. « Il n’y a pas la paix sans la justice, sans le pardon et la réconciliation. C’est la raison de notre marche. Chaque jour que Dieu fait, nous ne savons pas dans quelle destination le CMT nous mène », dit-il. Selon lui, la charte doit être révisée pour donner des garanties, avant de préciser que c’est l’exigence du peuple, de l’UE, et de l’UA. Dr Sitack rajoute par ailleurs que Wakit Tama dit non à la méthode actuelle du CMT. Il souligne que la plateforme a besoin d’un gouvernement civil et non militaire. Ce dernier estime que les militaires devraient plutôt assurer la sécurité des citoyens.

Toutefois, il plaide pour l’indemnisation des victimes de l’ancien président Hissène Habré, la revue des situations des personnes handicapées, des diplômés sans emplois et des retraités. « Un pays normal ne peut former les jeunes et les laisser au quartier. Nous ne sommes pas contre les activités de la transition, mais il faut impliquer tous les Tchadiens. Car la justice élève une nation », dit Dr Sitack.

Le président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), Barka Michel, affirme que Wakit Tama ne demande pas trop au CMT. « On lui demande d’organiser dans les 18 mois, il ne reste plus que 15 mois, un dialogue national inclusif et garantir des élections libres et transparentes. Ce qui permettra également de constituer des institutions étatiques sérieuses », précise-t-il.

Le coordonnateur de Wakit Tama Me Max Loalngar soutient que la plateforme est une organisation sérieuse, responsable et intelligente. Elle ne cédera pas à la machination. « Votre détermination montre qu’on doit continuer. Et j’ai le plaisir de vous dire que la prochaine marche est prévue pour le 07 août 2021 ».

Moyalbaye Nadjasna

Depuis le 23 juillet 2021 le marché Central de N’Djamena, capitale tchadienne, n’est plus alimenté en électricité. Les couloirs du marché sont sombres, les commerçants sont en colère. 72 heures de préavis de fermeture des boutiques sont lancées à l’endroit de la Mairie centrale et la Société nationale d’électricité (SNE). La SNE promet de donner deux semaines d’électricité. Reportage. 

28 juillet. 12 heures.  C’est sous une fine pluie que nous nous rendus au marché Central surnommé Soukh Khabir, grand marché. Nous rencontrons des commerçants fâchés suite au délestage de la Société nationale d’électricité SNE. Selon une source de la SNE, le courant devrait être rétabli pour deux semaines au grand marché, ce 28 juillet. Adoum Boukar est commerçant et vendeur des appareils électroniques. Il estime que c’est une insulte à l’égard des commerçants. « Je trouve que deux semaines d’électricité promises par la SNE est peu. Nous n’avons pas d’arriérés et ils vont nous donner seulement la lumière pour deux semaines, c’est une farce », dit-il. Selon lui, chaque fin du mois les boutiques collectent l’argent pour la facture de la SNE. Il rajoute que tous les commerçants étaient étonnés lorsqu’ils ont appris que la SNE a coupé l’électricité du marché pour non-paiement. « C’est étonnant lorsqu’on apprend que le grand marché a des arriérés qui sont montés à 245 millions de francs CFA. Or, les délégués viennent de payer 4 millions pour la facture du mois écoulé ».

M. Adoum Boukar, note que leur préoccupation actuellement, c’est le rétablissement de l’électricité. Les arriérés engagent ceux qui les ont entretenus. D’après lui, les conséquences sont un manque à gagner. « Les vendeurs produits périssables sont pénalisés. Ils ont perdu tous leurs produits. Qui va les dédommager ? Actuellement, ils achètent de la glace pour conserver leurs marchandises », affirme-t-il. Mahamat Tahir, un autre commerçant est inquiet. « Sans l’électricité, c’est vraiment piteux. Voyez comment c’est obscur. Ce n’est pas intéressant. Nous n’arrivons même pas à vendre nos articles. C’est l’obscurité à l’intérieur de nos boutiques. En toute sincérité, nous ne sommes pas motivés à faire le marché », lance-t-il.

Un autre commerçant qui requiert l’anonymat est exaspéré qu’un grand marché soit plongé dans l’obscurité, « ce marché est le marché central. Regardez dans quel état les commerçants se trouvent. La nuit par exemple, si un étranger arrive et qu’on lui dit que c’est un marché central, que dira-t-il ? Je crois qu’on ne fait pas seulement du mal aux commerçants, mais à l’image du pays », affirme-t-il. D’après lui, si rien n’est fait comme ils l’ont promis, ils vont fermer leurs boutiques. « Je vous assure que nous n’avons pas d’arriérés de la SNE. J’ai tous les reçus et je peux même vous les montrer, la vérité est bonne à dire. Il y a des boutiques qui payent 10 000 f, d’autres 7500f, 5000f et 2500f. Ceux qui ont des réfrigérateurs ne payent pas moins de 25 000F », renchérit-il.

Pour découvrir la vérité, certains commerçants que nous avons rencontrés proposent, au ministère des Mines et de l’Énergie, d’instruire une enquête auprès de tous les commerçants du grand marché. Cette vérification leur permettrait de voir si les commerçants payent ou pas leur facture d’électricité.

Moyalbaye Nadjasna

Le concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration (ENA) pour l’année 2020 2021 lancé le 15 juin dernier crée de frustration chez certains  arabophones. L’administration a limité le concours aux francophones et aux bilingues. Pour exprimer leur frustration, les unilingues arabophones ont organisé une marche qui s’est soldée par 7 arrestations.

Les arabophones unilingues ne sont pas d’accord pour la restriction du concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration pour l’année académique 2020 2021. Ils reprochent à l’administration de les exclure. Le délai de dépôt de dossiers va du 15 juin dernier au 30 juillet prochain. Pour le directeur général de l’ENA, M. Senoussi Hassana Abdoulaye, depuis sa création en 1963, les concours d’entrée dans cet établissement étaient toujours en français et que les arabophones doivent cesser de raconter des fausses histoires.  « Il n’a jamais été question de section arabe, c’est une contre-vérité. Il n’y a jamais eu de cours en arabe à l’ENA », précise-t-il. Il explique que c’est en 2018 que le gouvernement a exprimé le besoin de former les traducteurs bilingues et les assistants de direction bilingues et c’est par l’expression des besoins de l’État que l’ENA avait lancé le concours.

M. Hassana Abdoulaye précise que c’est seulement qu’en 2018 que le concours a été ouvert aux bilingues et non aux arabophones. Il explique que pendant la formation de la filière des traducteurs et de assistants de direction bilingues, 40% des cours sont en français, 40% en arabe et 20% autres pour cent de cours sont soit en français ou en arabe et que les élèves ne sont pas séparés, mais l’enseignant est libre de dispenser son cours en français ou en arabe. Selon lui, le bilinguisme n’est pas bien expliqué aux Tchadiens qu’il y’a une grande confusion entre arabophones et le bilinguisme. Le directeur général de l’ENA souligne que l’établissement s’évertue à former les administrateurs selon les besoins de l’État et qu’il n’a pas la vocation d’exclure les uns et de favoriser les autres. Pour ce qui concerne le concours en cours, il affirme que le gouvernement a exprimé le besoin dans la formation en domaine et impôt. Et qu’à l’heure actuelle, il est difficile d’avoir les formateurs professionnels en arabe, c’est pourquoi le concours est ouvert seulement aux bilingues et aux francophones, avant de noter que ce n’est pas une exclusion, mais plutôt un besoin qui nécessite une qualification pointue.

Pour le porte-parole des arabophones, Mahamat El Béchir, la langue arabe est une langue officielle au Tchad. Il n’est pas question d’organiser un concours national et d’exclure les arabophones. Pour exprimer leur frustration, les arabophones ont organisé une marche qui s’est soldée par une arrestation de 7 membres.

Le délai de dépôt des dossiers a commencé le 15 juin et fini le 30 juillet 2021. Les candidats doivent préciser dans leurs demandes l’un de 8 départements choisis.  Les centres de concours sont Abéché, Bol, Bongor, Faya, Mao, Mongo, Moundou, N’Djamena, Pala et Sarh.

Jules Doukoundjé

Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la capitale tchadienne ont font d’énormes dégâts dans certains arrondissements. A Dingangali 1, quartier sud, situé dans le 9e arrondissement, les habitants sont à pied d’œuvre pour évacuer les eaux de pluie. Reportage.

Les habitants de certains arrondissements de la capitale tchadienne, N’Djamena, n’arrivent plus à dormir, à cause des pluies qui se sont abattues ces derniers jours. Au quartier Dingangali 1, situé dans la commune du 9e arrondissement, les habitants ont passé la nuit debout pour évacuer les eaux des pluies. Pour faire face à cette situation, ils sont contraints d’ouvrir un passage sur le canal pour évacuer les eaux. Pour Dounia Alexandre Tandoka riverain de la digue, la digue a été construite d’une manière précipitée. M. Tandoka estime que les autorités devraient, en principe, consulter la communauté locale, avant d’ajouter que c’est elle qui vit la situation. Et c’est  elle qui devait donner des orientations à l’équipe technique qui a construit la digue, mais cela n’a pas été fait. Selon lui, en construisant la digue, les ingénieurs devraient ouvrir des vannes et mettre les buses pour permettre à l’eau de circuler, mais ils n’ont pas fait.

 Pour avoir ouvert la vanne, le dimanche dernier, les habitants de Dingangali 1, victimes des inondations ont eu de violents échanges avec l’entreprise qui a construit la digue. « Nous n’avons pas besoin qu’un ministre signe une décision, alors que nos familles sont dans l’eau », explique-t-il. Il a noté par ailleurs que chacun a sa responsabilité et qu’il est de la responsabilité et de l’État de construire les infrastructures pour évacuer l’eau. « Nous ne demandons pas une assistance, nous demandons à la mairie d’assumer ses responsabilités et nous allons appuyer celle-ci à faire son travail », précise-t-il. Pour Bintou Simondih, mère célibataire, chaque année, les habitants de Dingangali, surtout ceux qui habitent aux abords de la digue souffrent des inondations. Selon elle, le gouvernement leur a promis la construction des canaux d’évacuation digne de ce nom, mais c’est resté sans suite. « Je vis seule avec mes enfants et quand l’eau est entrée dans notre chambre, je suis obligée d’aller réveiller les voisins à 1 heure du matin pour aller ouvrir la vanne ».

Les inondations dans le quartier Dingangali ont empêché plusieurs débrouillards de vaquer à leurs occupations. C’est le cas du jeune forgeron qui a vu son atelier de fabrication de seau inondé par les eaux de pluie. Pour Dingamadji Maturin, il faut régler définitivement ce problème qui empêche les habitants de ce quartier de se débrouiller pendant la saison des pluies.

La commune du 9e arrondissement manque d’infrastructures et de moyens matériels et financiers pour faire face à des catastrophes naturelles telles que les inondations.  L’année dernière, la quasi-totalité des habitants de Dingangali, Walia et Gardolé ont été contraints de quitter leurs habitations pour cause de débordement des eaux fluviales. Cette inondation causée par le relâchement de la digue construite par l’État pour contenir les eaux du Chari et du Logone a fait d’énormes dégâts matériels.

Jules Doukoundjé

Il y a quelques semaines, le ministre de la Fonction publique, du Travail et du dialogue social disait que la Fonction publique est saturée. Il a profité pour appeler le patronat, c’est-à-dire au secteur privé, à recruter les diplômés sans emploi. L’un des membres fondateurs du patronat tchadien pose quelques conditions. Reportage.

M. Ali Abbas Seitchi, 60 ans est membre fondateur du patronat tchadien. Cet ancien Consul général du Tchad en Turquie fut aussi un opérateur économique tchadien rodé. 11 heures passées, il nous reçoit dans son bureau d’un air très jovial. Juste le temps de civilité, nous échangeons les propos du ministre in extenso : « la fonction publique du Tchad est saturée, le patronat doit employer les jeunes diplômés. » Selon Ali Abbas Seitchi, partout ailleurs, c’est le secteur privé qui constitue un grand pourvoyeur d’emplois. Mais si cela doit se faire, il faut incontestablement un accompagnement de l’État, dit-il. Cet accompagnement, précise-t-il, n’est pas une simple contribution monétaire ou faveur fiscale, mais dans la perspective que l’État joue son rôle régalien. « Ce rôle tient en trois dimensions fortes : il s’agit d’un rôle de régulateur, c’est-à-dire créer des conditions favorables pour les entrepreneurs légaux, les encourager et frapper ceux qui sont dans les fraudes ou contrebandes, bref ceux qui exercent dans le faux. Donc dans la régulation, l’aspect judiciaire est important pour donner des garanties à un investisseur. Il faut aussi une administration qui assure sa fonction en toute équité», souligne-t-il. Il rajoute que, le deuxième rôle que doit jouer l’État c’est le rôle d’investisseurs structurants. « Construire de grandes et bonnes routes, réaliser des ouvrages adéquats pour permettre une meilleure circulation des biens et personnes, améliorer la problématique de l’énergie, essentielle pour le fonctionnement et la création des entreprises », clarifie-t-il. L’opérateur économique note le troisième rôle qui est la facilitation. D’après lui, la facilitation (alléger la fiscalité) permet de « booster » les activités industrielles, et ceux qui sont dans l’informel vont s’inscrire rapidement dans le formel. « Dès l’instant que ces trois dimensions sont réunies, tout marchera très bien », affirme-t-il.

Pour monsieur Ali Abbas Seitchi, le constat actuel est que le secteur privé ne crée pratiquement pas d’emploi. « L’État nous appelle à employer les gens. Mais on va parler avec l’État et l’accompagner. Au niveau du patronat nous avons arrêté de jeter l’anathème sur l’Administration. Le déficit d’embauche est colossal dans le contexte actuel. La plupart des entreprises sont familiales. Elles ne créent absolument pas d’emplois. Seules les multinationales qui peut-être emploient encore assez », dit-il. Il renchérit en notant que, les entreprises formelles au Tchad malheureusement, le nombre diminue chaque année.

 « Le gouvernement doit faire profil bas. La plupart des décideurs se comportent comme les administrateurs des années 60. Le monde a évolué. Ils pensent être les meilleurs et les opérateurs économiques leurs esclaves », lance-t-il. Ali Abbas Seitchi déclare qu’il n’y a pas un État fort sans un secteur privé fort. Il propose la refondation de l’État. Il estime pour sa part qu’il faut, renforcer les capacités dans les ministères prioritaires en les aidant à avoir des relations avec l’extérieur (OIT, OMS…). « Les maillons de l’Administration doivent être contrôlables. Les nominations rapides sans tenir compte de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut qui tue l’Administration publique tchadienne. Cela doit cesser. Il faut un leadership à la verticale et à l’horizontale, mais en renforçant plus l’horizontale tout en consolidant la verticale. C’est par cette façon qu’on peut construire une économie et faire de politique publique conséquente », indique-t-il.

M. Seicthi relève que, c’est le seul moyen de construire une plateforme et les choses vont se relancer d’elles-mêmes. C’est ainsi que les petites entreprises vont se créer pour résorber le problème de chômages, explique-t-il. Pour Ali Abbas Seitchi, le Tchad n’a pas d’excuses. Celle qui consiste à dire qu’on est pauvre ne tient pas. Les atouts pour créer des emplois sont là et nécessitent une réelle volonté publique. « Une jeunesse ne s’est faite jamais d’elle-même, mais elle est formée par les aînés. Le problème c’est que l’intergénérationnelle n’est pas prise en compte ».

Moyalbaye Nadjasna

Les habitants des carrés 1,2, et 3 du quartier Camp de Fil, commune du 5e arrondissement de la ville de N’Djamena n’arrivent plus à vaquer correctement à leurs occupations. Surtout la nuit, ils craignent d’être agressés par les bandits qui sèment la terreur. Ils appellent aussi les autorités compétentes à sécuriser le quartier. Reportage.

L’insécurité va grandissant dans plusieurs arrondissements de la ville de N’Djamena. Au quartier Champ de Fil, les carrés 1, 2 et 3, dans la commune du 5e arrondissement, les habitants n’en peuvent plus et appellent les autorités à sécuriser le quartier. Pour ces habitants, beaucoup sont victimes des agressions, surtout pendant la nuit à des heures tardives. Pour vaquer normalement à leurs occupations, ils souhaitent mettre en place une brigade de jeunes pour assurer leur sécurité. Ces derniers se plaignent d’une absence totale des agents de sécurité publique. Ils accusent aussi les gardes nationales et nomades du Tchad (GNNT) qui sont en faction devant le gouvernorat d’être la cause principale de l’insécurité dans leurs carrés. Le samedi 24 juillet dernier, un jeune a été agressé aux environs de 23 heures par les agents de sécurité publique en poste devant le gouvernorat. Pour Matibeye Remy, jeune d’environ 25, victime d’agression, ce sont les militaires qui sont devant le gouvernorat, qui les ont agressés. « Je rentrais avec un ami, nous sommes passés devant le gouvernorat vers 23 heures, 3 militaires nous ont brutalisé pour arracher notre moto. Ils nous ont demandé de l’argent, et je leur ai donné 1500 f pour qu’on nous laisse partir », relate-t-il, avant d’ajouter que ces agents de sécurité publique les ont intimé l’ordre de ne plus passer devant le gouvernorat à des heures tardives. Matibeye Remy, visiblement bien molesté par les agresseurs, dénonce le comportement non professionnel des agents de sécurité publique du gouvernorat. Selon lui, ces derniers, au lieu d’assurer la sécurité des habitants du quartier, ils se transforment en agresseurs, surtout pendant la nuit.

Le problème d’agression devient de plus en plus préoccupant, surtout pour les habitants du quartier Champ de fil. Certaines personnes rencontrées estiment que, hormis les agents de sécurité publique qui sèment le désordre, il y’a aussi certains délinquants du quartier qui agressent les honnêtes gens. Pour Djimhadem Christoph, couturier au carré 1, avant le quartier était sécurisé et que la majorité des agresseurs viennent d’autres quartiers pour commettre leur forfait. Selon lui, même s’il y’a de jeunes délinquants dans le quartier, la plupart des agresseurs viennent d’ailleurs. Ce dernier explique aussi que ce sont les fumeurs de chicha qui pullulent dans le quartier qui sont les vrais agresseurs.

Cri de cœur du chef de carré 1

Pour lutter contre l’insécurité et surtout les agressions de nuit de certains délinquants du quartier champ de fil, surtout dans les carrés 1,2 et 3, le chef de carré 1, Kana Goumbogo, estime qu’il faut organiser les patrouilles de manière permanente et de fermer certains débits de boissons tels que les cabarets et les locaux de fumeurs de chicha. Selon lui, dans ces carrés, il y’a toujours de bagarres, de menaces mort, de poignards et autres incidents. Le chef de carré note que, ces carrés renferment que de bandits, de drogués et certains commerçants qui vendent la drogue au vu de tout le monde. « Je n’arrive plus à gérer la situation. À chaque qu’il y’a problème, je renvoie au poste de police, mais souvent la police relâche ces briguants, c’est compliqué », explique-t-il.

Pour l’aider à gérer la situation, M. Goumbogo a plusieurs fois envoyé de correspondances aux autorités communales, à la police et au gouverneur, mais sans suite. Selon lui, il faut nettoyer les carrés 1,2 et 3 pour permettre aux habitants de vaquer à leurs occupations. « J’en ai assez, j’ai tout fait, mais pas de changement, je suis surpris du silence des autorités », souligne-t-il. Le chef de carré dénonce le comportement de la police de proximité qui serait en connivence avec les agresseurs. Concernant la correspondance au maire, avec copie au gouverneur, ce dernier explique que cette correspondance lui a valu de menaces et de sanction de la mairie du 5e arrondissement.

Jules Doukoundjé

Les maires premiers adjoints des communes du 7e et 8e arrondissement ont procédé hier vendredi 23 juillet à la démolition du dalot situé au carré 41 du quartier Amtoukouin Koudou dans la commune du 8e arrondissement. Objectif : évacuer les eaux de pluie du quartier Amtoukoui 1, dans le 7e. Les habitants du carré 41 avaient fermé ce dalot il y a deux semaines pour empêcher d’être engloutis par les eaux du bassin de rétention situé de Amtoukouin 1.

C’est un Ouf de soulagement pour les habitants du quartier Amtoukouin 1. Les maires premiers adjoints des communes du 7e et 8e arrondissement s’entendent pour démolir le dalot, situé au carré 41, dans le 8e arrondissement, pour permettre d’évacuer les eaux de pluies du quartier Amtoukoui 1. La dernière pluie diluvienne qui s’est abattue sur la ville de N’Djamena a plongé les habitants de plusieurs communes et surtout ceux du quartier Amtoukoui 1 dans un désarroi. Pour le maire premier adjoint de la commune du 7e arrondissement, M. Pascal Kemkoï Gueou, cette dernière pluie a fait beaucoup de dégâts dans sa commune. À tel point qu’il était obligé de discuter avec Mme la maire du 8e pour trouver une solution. « Bien que la population du 8e arrondissement n’est pas d’accord, nous sommes obligés de le faire. Nous avons pris l’initiative d’ouvrir le canal et de frayer le chemin pour évacuer les eaux », explique ce dernier. Selon lui, les travaux sont faits, et c’est un processus qui est en train d’évoluer progressivement. Il espère que les choses vont arriver au point où l’on ne parlera plus d’inondation dans sa commune. Il précise que sa commune est l’une de communes la plus vaste de la capitale et qu’on ne peut pas sentir des efforts des autorités. Il souligne que, ces travaux sont un soulagement pour la population de sa commune. Les deux maires ont décidé de curer le bassin de rétention d’Amkoutoui Koudou pour soulager les habitants de cette commune. Malgré l’accord de ces deux maires pour ouvrir le dalot, les habitants de la commune du 8e ne sont pas d’accord. Ils craignent d’être inondés par les eaux de pluie. Toutefois, pour mener à bien ces travaux, les deux maires ont fait appel à la police municipale et à la police de proximité pour empêcher l’affrontement entre les résidents de deux communes. Pour le président des jeunes du quartier Amtoukoui Koudou, Amza Togona, c’est le soulagement pour les voisins de Amtoukoui 1. Selon lui, leurs voisins du 7e n’ont pas pu dormir, et que ce geste est à saluer. Certains habitants du carré 41, de la commune du 8e arrondissent étaient sortis massivement pour donner un coup de main aux voisins du 7e.

Pour avoir de plus amples explications, Ialtchad Presse a tenté de recueillir les commentaires du maire premier adjoint de la commune du 8e arrondissement et du directeur de la voirie de la mairie centrale, qui étaient sur les lieux, mais ces derniers ont refusé de s’exprimer sur cette affaire de dalot.

Jules Doukoundjé

Une réunion des chefs des partis politiques, convoquée par le ministère d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue Acheikh Ibni Oumar,  a failli tourner en ring de boxe. Il a fallu l’intervention du ministre d’État pour calmer les esprits. Retour sur la réunion avec Ialtchad Presse.

Remarques, motions, questions, opinions et propositions ont constitué les temps forts de cette rencontre entre les responsables des partis politiques et le ministère d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue. L’objet de la rencontre de ce jeudi 22 juillet est d’adopter les modalités de désignation des représentants des partis politiques au sein du comité d’organisation du dialogue national inclusif. Mais très vite, la réunion s’est transformée en une immense cacophonie.

La plupart des présidents et secrétaires généraux des partis politiques qui ont répondu présents et qui ont pris la parole ont relevé que le quota donné aux partis politiques est insignifiant et qu’il faut  au moins 50 places pour les représentants des partis politiques. Selon la présidente du Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale (RPJS), Mme Louise Ngaradoumri, la situation actuelle est purement politique et non technique. Donc, il ne faut pas les repousser en arrière pour dire que cela ne regarde pas les partis politiques, ça regarde que les techniciens. Pour elle, le dialogue national inclusif représente à peu près la conférence nationale souveraine donc, il faut inclure tout le monde. « Est-ce que vous voulez qu’on fasse ce dialogue politique semblable au deuxième forum national ? », demande la présidente du RPJS.

Le président du parti Mouvement pour l’Égalité et le Rassemblement des Citoyens (MERCI), quant à lui, trouve anormal qu’on donne cinq (5) places aux membres du Conseil militaire de transition (CMT). On ne comprend pas pourquoi donner 5 places aux militaires, s’interroge-t-il.  D’après lui, le Conseil militaire de transition est égal au militaire. Donc, il faut qu’on augmente le quota pour les partis politiques à 50 places. Pour lui, il ne faut pas exclure les partis qui n’ont pas de représentation à l’Assemblée nationale. Il faut tenir compte de regroupement de chacun ou des partis politiques, suggère-t-il. « Monsieur le ministre en tant que garant de la paix, cette fourchette on vous a donné et vous savez parfaitement la situation du pays, je voudrai que vous soyez sage quand on vous envoie la liste de nos représentants, même si cette liste est individuelle. Tenez compte des propositions faites par les uns et autres », demande-t-il.

Étant donné que la plupart des interventions étaient des opinions et questions, le ministre d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue, M. Acheikh Ibn-Oumar a tout d’abord signifié qu’ils ne sont pas là pour régler les problèmes des partis politiques, ni en train d’organiser la conférence nationale souveraine. « L’objet de notre rencontre est très clair. C’est la concertation pour trouver les modalités afin de mettre en place le comité d’organisation du dialogue national inclusif. Moi en tant que ministre de la réconciliation, je n’ai pas la légitimité pour trancher certaines affaires. J’ai une mission très précise » a-t-il affirmé.

Le débat est tellement vif que la salle allait être transformée en ring. Certains chefs des partis étaient prêts à s’échanger des coups de poing. « Je n’ai peur de personne moi », lance un chef de parti à son collègue qui a pris le contrepied de son intervention. Comportement que le ministre d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue a déploré et qualifié d’indigne des présidents de partis politiques. « On a donné une mauvaise image à la classe politique tchadienne parce que si le public apprend cette nouvelle, il va dire que les présidents des partis politiques se sont réunis et ils se sont chamaillés », regrette M. Acheikh Ibn-Oumar.

La rencontre s’est achevée en queue de poisson. Les présidents des partis n’étant pas à mesure de s’accorder sur les modalités de désignation ont fini par se remettre au ministère en charge de la Réconciliation.  En conclusion, les présidents et secrétaires généraux de partis politiques ont jusqu’au lundi 26 juillet pour faire parvenir leurs propositions ou la liste de leurs représentants au sein du comité d’organisation du dialogue national en vue. « Les partis politiques doivent nous envoyer leurs candidats individuellement. Une fois la liste envoyée, on va l’étudier pour tirer une conclusion », a dit M. Acheik Ibn-Oumar.

Il faut rappeler que lors de l’allocution du secrétaire d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue, Djimadjibaye Kantangar Aimé, le président d’honneur du Front nouveau pour le changement (FNC), Yaya Dillo Djérou Bétchi et ses éléments ont claqué la porte.

Allarassem Djimrangar

La déclaration du ministre de la Fonction publique Brah Mahamat « la Fonction publique est saturée » continue par mécontenter les diplômés sans emploi. Ce jeudi, le collectif des lauréats des écoles professionnelles a organisé une manifestation pacifique dans les locaux de cette institution. Reportage.

10h00mn ce jeudi 22 juillet 2021. A N’Djamena, la capitale tchadienne une grosse averse s’abat sur la ville. Dans les bureaux du ministère de la Fonction publique, logé à Farcha, les fonctionnaires vaquent à leurs occupations.  Aux abords du ministère, des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration s’impatientent. Ils sont venus pour exprimer leur colère. Ils sont mécontents de la déclaration du chef de ce département, Brah Mahamat qui affirmait que « la Fonction publique est saturée ». 

À 11h 20, les lauréats des écoles professionnelles décident de braver la pluie. Il ne tombe que des gouttelettes. Papiers imprimés en noir sur blanc sur lesquels les textes « non au clientélisme, non au népotisme, nous sommes fatigués de vos promesses masquées, fonction publique égale fonction parent, fonction publique saturée, Brah dégage » en mains, les mécontents avancent à l’entrée de la Fonction publique.  L'hymne national « la Tchadienne » est entonné.  Regroupés sous le hall central de l’institution, les manifestants ont commencé par faire leur show, sans violence. L’air triste, ils entonnent leur chant de détresse : " nous sommes les professionnels, nous sommes formés par l'État suite à un besoin, nous sommes la réalité du pays, nous sommes les enfants des pauvres, nous avons aussi les diplômes, nous voulons notre intégration, nous n'avons pas l'argent pour négocier, nous sommes aussi Tchadiens, nous sommes abandonnés, la Fonction publique n'est pas saturée, nous avons aussi droit, nous sommes humiliés pendant 15 ans, nous sommes maltraités pendant 15 ans et aujourd'hui la Fonction publique est saturée, non à discrimination, trop c'est trop." Ce chant est repris en chœur durant tout le temps qu’a duré la manifestation.

Selon le porte-parole du collectif, Neuzilka Emmanuel, cette manifestation est motivée par la cause pour laquelle ils sont engagés depuis 2019, l’insertion socioprofessionnelle. « Nous ne revendiquons que notre intégration, car nous le méritons aussi », a-t-il réaffirmé. Nouvelle exigence, le collectif demande la démission du chef de département de la Fonction publique.

12h. Les éléments de la police antiémeute surgissent par surprise dans la cour de la Fonction publique. Des grenades lacrymogènes fusent de partout. Aucune arrestation n’est signalée sauf deux cas de blessures et des vitres des véhicules parties en éclat, établit Neuzilka Emmanuel.

Le collectif d’indiquer que des actions seront organisées en continu jusqu’à satisfaction de leur revendication.

L’Or Orthom
Christian Allahadjim

Sur l’étendue du territoire du Tchad, 106 988 candidats dont 36940 filles entament ce 21 juillet 2021, les épreuves écrites du Brevet d’Enseignement Fondamental (BEF). N’Djamena, la capitale tchadienne elle seule compte 34 000 candidats. Ialtchad Presse s’était rendu dans deux établissements de la ville. Reportage.  

Ce matin, dès 7 heures du matin, les candidats au Brevet d’Enseignement Fondamental (BEF) pour la ville de N’Djamena ont répondu présents dans leur centre de composition respectif.  Ils sont 34 000 Candidats répartis dans 72 centres d’examen avec au moins 3500 membres de jury.

12 heures et demie, nous arrivons au centre du lycée Felix Éboué. Ce centre regroupe trois collèges notamment les deux collèges du Lycée Éboué et celui de l’Assemblee Chrétienne. Dès notre arrivée nous rencontrons les élèves qui viennent de finir les épreuves de la rédaction et de la mathématique. Un petit temps leur permet de souffler avant d’entamer la dernière épreuve, le civisme. Juste à notre côté se trouve un garçon et une fille, tous candidats des collèges du Lycée Éboué. Pour le garçon, « les épreuves sont abordables, je suis sûr que je m’en sortirai par la grâce de Dieu », confie-t-il. Pour la jeune fille, « l’épreuve de la rédaction parlait des élections qu’il fallait expliquer. C’est une surprise pour moi, mais je me suis bien débrouillée. J’ai confiance, je suis tranquille », dit-elle.

Nous marchons vers la direction, à l’entrée du bâtiment une infirmière est en poste avec des médicaments pour prévenir toute éventuelle crise. Tout semble organisé ici. Dans un bureau Mme Seid Farah Madjé, présidente du centre CEG lycée Felix Éboué est assise. Pour elle, il n’y a rien de grave, les premières épreuves étaient la rédaction et les mathématiques. Elle rajoute que, pour cette première journée, la dernière épreuve est le civisme. « Nous avons 499 candidats. Nous faisons un travail simultané, une équipe de correction est bien en place. Au fur et à mesure qu’une épreuve finie, les copies sont déposées pour la correction », dit-elle.

Au Collège du lycée Sacré-Cœur, c’est un centre d’examen. Nous avons en face de nous Allarangué Abel, il est le vice-président du centre. Selon lui, tout se passe bien, tout le monde est venu très trop notamment les candidats tout comme les surveillants. Il affirme aussi que toutes les conditions sont réunies, même les épreuves sont arrivées à temps. Nous avons 270 candidats, nous sommes un centre principal, au collège Évangélique il y a un centre secondaire avec 183 candidats. Leurs copies vont être convoyées vers nous. Actuellement la correction des deux premières épreuves est en marche. Le collège du Sacré-Cœur compte 183 filles.

« Cet effectif élevé des filles montre aujourd’hui, les filles sont aux études et c’est vraiment à encourager. Nous demandons aux parents d’encourager davantage leurs filles à étudier, car elles sont capables et peuvent bien réussir comme les garçons », souligne monsieur Allarangué Abel.

Nous avons rattrapé Elvira Ratomte, candidate au collège du Sacré-Cœur avant qu’elle n’entre en salle pour la dernière épreuve pour la journée. « J’ai bien entamé la journée. Vous savez, l’examen quand on le prépare on ne se fait pas de soucis. Je n’ai pas de raisons de m’inquiéter, ça ira », déclare-t-elle d’un air rassurant.

Pour l’ensemble du territoire national, une source du ministère de l’Éducation nationale et de la promotion civique note, 106 988 dont 36940 filles. Les épreuves écrites vont durer 3 jours pour les francophones et 4 jours pour les arabophones.

Moyalbaye Nadjasna

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