Reportage

Reportage (1382)

Les réfugiés centrafricains composés des femmes et des enfants et quasi totalement des Peuls Mbororo (fallata), arrivés au Tchad depuis plus 3 mois sont abandonnés à leur triste sort. Pour survivre, elles sont contraintes de mendier dans les rues de la capitale tchadienne, N’Djamena. Pour mettre fin à cette situation dèshumaine et humiliante, l’ONG nationale Al-NAHDA les recense et lance un appel aux autres organisations humanitaires à leur venir en aide. Reportage.

Les réfugiés centrafricains arrivés au Tchad, et surtout ceux qui sont arrivés à N’Djamena, ne peuvent plus supporter le poids de la misère. Pour subvenir à leurs besoins, ils sont contraints de tendre les mains dans les rues de la capitale tchadienne pour trouver à manger. Selon l’ONG AL-NAHDA, ces réfugiés constitués majoritairement des femmes et des enfants sont issus de la communauté peule Mbororo. Arrivés au pays depuis plus de 3 mois déjà, celles-ci ne vivent que de la mendicité. Et pour mettre fin à cette situation déshonorante, l’ONG AL-NAHDA a procédé à un recensement afin de connaître leur nombre exact pour un éventuel recasement. Elle lance un appel aux autres ONG et organisations humanitaires résidants au Tchad de les appuyer pour prendre en charge ces vulnérables personnes.

Pour le vice-président de l’ONG AL-NAHDA, Anour Abba Djaourou, ces réfugiés qui traînent dans les rues de N’Djamena souffrent beaucoup et ont besoin d’aide et d’assistance. Selon lui, l’organisation humanitaire qu’il préside a pris l’initiative de leur venir au secours en les regroupant. Il souligne que vu la situation difficile que vivent ces réfugiés, il y a urgence que les autres ONG agissent vite pour les assister. « Ils ont quitté leur pays en laissant dernière eux leurs bétails et certains ont tout perdu. Ils ont besoin d’un soutien social », explique-t-il. Anour Abba Djaourou indique que ces réfugiés ne sont pas seulement ici à N’Djamena, mais dans les autres localités du pays. A son avis, plus de 500 réfugiés peuls centrafricains sont dans les rues de N’Djamena, en train de mendier et cette situation est inadmissible qu’il faut stopper. Ces réfugiés, constitués quasi totalement de femmes et des enfants ont besoin de l’aide humanitaire. Selon lui, le gouvernement a été informé la semaine dernière de la situation. L’ONG AL-NAHDA a eu la promesse de la croix rouge tchadienne pour les assister. Abba Djaourou souligne que son ONG a apporté quelques aides, mais c’est insuffisant. Il craint qu’avec le ramadan qui s’approche et avec les canicules, ces personnes vulnérables ont vraiment besoin de secours permanent. En attendant une éventuelle relocalisation de la part des autorités et les autres associations humanitaires, AL-NAHDA a regroupé plus 500 réfugiés au lycée public de Diguel.

Pour cette femme, à un âge avancé, les Peuls bororo ne savent pas mendier, mais la situation les a contraintes à tendre la main. Selon elle, ce n’est pas de gaieté de cœur que les réfugiés peuls mendient, mais elles sont dépassées. Khadidja souligne aussi que les Peuls ne connaissent pas la ville, ils sont des éleveurs, mais à cause de la guerre en Centrafrique, ils ont tout perdu et sont obligés de s’exiler. Elle explique que là où elles étaient, il n’y a ni eau ni nourriture, mais grâce à l’ONG AL-NAHDA, elles ont à manger et à boire. La vieille dame craint qu’avec l’arrivée du ramadan et la chaleur, leur situation ne se dégrade. Elle souhaite que la paix revienne pour qu’elle retourne chez elle pour revoir sa famille et reprendre ses activités.

Jules Doukoundjé

Plusieurs associations qui militent dans la défense des droits humains ont lancé une nouvelle coalition dénommée coalition de la société civile contre l’impunité au Tchad (CCI) pour lutter contre l’imputé au Tchad. Le lancement a eu lieu en présence de plusieurs leaders des associations de défense des droits humains et de la société civile. Reportage.

L’imputé est devenue de plus en plus une banalité au Tchad, selon plusieurs associations. Et pour lutter contre cette pratique néfaste, ces associations ont décidé d’unir leurs forces pour créer une coalition. Le lancement a eu lieu en présence de plusieurs leaders de la société civile et de certains intellectuels. Au tour de l’avocate Jacqueline Moudeina, six autres organisations de la société civile ont rejoint la coalition.

Justifiant les raisons de la création de cette nouvelle coalition, l’avocate souligne que cette initiative est le fruit d’une observation attentive des dérives sécuritaires caractérisées par une impunité totale d’une catégorie de personnes proches du pouvoir, qui se croient tout permis. Selon elle, depuis des décennies, des auteurs de ces exactions jouissent d’une impunité et certains sont promus à des postes de responsabilité comme si le permis de tuer leur est délivré. Elle ajoute que les derniers évènements survenus à Faya, en passant par Salamat, Abéché et Sandana les ont confortés dans l’idée de mettre en place cette coalition unie et solidaire.

La présidente de cette coalition Me Jacqueline Moudeina promet de défendre les citoyens contre les dérives sécuritaires et les violations des droits de l’homme qu’a connu le pays depuis 1990 et encore récemment avec les drames survenus à Sandana, dans le sud du Tchad, et à Abéché dans l’Est. Pour elle, la coalition a pour objectif de lutter contre l’impunité des auteurs, complices et instigateurs de crimes graves, notamment le génocide, les crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Elle va aussi lutter contre les tortures et traitements inhumains et dégradants. L’avocate et ses camarades promettent aussi de lutter contre la corruption sous toutes ses formes et œuvrer en faveur de la promotion de la bonne gouvernance et la transparence dans les institutions publiques. La présidente de cette coalition ajoute que cette nouvelle institution va aussi sensibiliser la population sur la nécessité de promouvoir la justice et l’égalité devant la loi et la lutte contre l’impunité et l’injustice. Au cours de la cérémonie Me Jacqueline Moudeina a insisté sur la nécessiter d’engager des poursuites judiciaires et toutes autres formes de recours devant les instances nationales et internationales en cas de crimes et de délits graves.

Répondant aux préoccupations de la salle, sur la pléthore de coalitions au Tchad, elle dit qu’isolé rend faible, et le champ est vaste et que ce n’est pas une coalition de trop. Me jacqueline et ses camarades souhaitent aussi travailler avec la Cour Pénal Internationale (CPI) sur les violations des droits de l’homme. « L’impunité chez nous est créée et entretenue et c’est ça qui fait que ces violations des droits de l’homme continuent », affirme-t-elle. Elle ajoute que cette impunité est la cause principale de toutes les violations des droits de l’homme au Tchad. Elle reconnaît un manque cruel de moyens financiers, mais elle s’engage à aller jusqu’au bout.

Jules Doukoundjé

La ministre de transport et de la sécurité routière a annoncé des séries de sanctions à l’agence de voyages Abou Hamama dont le retrait provisoire de son agrément. C’était suite à l’accident des deux bus de la compagnie survenu le dimanche 27 février 2022 sur l’axe Oum-Hadjer Mangalmé. Cet accident a fait 39 morts et 47 blessés. Nous avons fait un tour à l’agence Abou Hamama de Dembé pour constater le respect de cette mesure. Reportage

Tout se passe normalement ce 04 mars à l’agence Abou Hamama au lendemain de la décision de la ministre de transport et de la sécurité routière Fatimé Goukouni Weddeye. Tous les services notamment ceux de transactions, de colis et de voyage fonctionnent. Les passagers payent les tickets de voyage et attendent dans l’enceinte de l’agence pour quitter N’Djamena vers le sud du Tchad. Quelques passagers interrogés dénoncent la politique de deux poids, deux mesures.

Pour cette dame Nodjidéné Hermine qui vient de faire des transactions, les autorités ne pèsent plus 1kg. « Les autorités ont retiré l’agrément de voyage, mais c’est le contraire que vous voyez. Ces mêmes autorités qui retirent l’agrément sont les détentrices des agences de voyages. Comment voulez-vous qu’on respecte une décision dans ce cas de figure», s’interroge-t-elle. Selon elle, il existe des Tchadiens qui sont hors la loi et ceux sur qui la loi sévit. Au nom de toutes ces personnes décédées pour rien, l’agence doit au moins respecter ces mesures pour soulager la douleur des parents des victimes, a-t-elle ajouté.

Un autre passager Djimasra Théodore rencontré, cites-en pêle-mêle, les causes des accidents de circulation. À son avis, la dégradation des routes bitumées et le non-respect du Code de la route sont à l’origine de ces accidents. Pour lui, beaucoup des voies bitumées sont dégradées et les chauffeurs filent à toute allure. « Les chauffeurs conduisent de manière exagérer comme si c’était une compétition et oublient qu’ils transportent des vies humaines. Au moindre danger, le chauffeur ne sera pas à mesure de l’éviter », a-t-il, affirmé. M. Théodore déplore le fait que les forces de sécurité routière sont impuissantes face à la vitesse avec laquelle les chauffeurs roulent sur les routes. À cela s’ajoute l’usage du téléphone au volant, la consommation des stupéfiants par les chauffeurs et le tout couronné par la fatigue des longues distances sans repos. M. Djimasra Théodore propose des pistes de solutions. Pour lui, il faut deux chauffeurs pour de longs voyages. Ils vont se permuter de temps à autre. Il faudra aussi interpeller sur les routes les conducteurs qui roulent à grande vitesse. Et ceux qui ne respectent pas les panneaux de signalisation.

Ousmane Bello Daoudou

Au Tchad, beaucoup de femmes se débrouillent dans le « petit commerce » au quotidien sur les différents marchés de la capitale, N’Djamena, pour trouver subvenir aux besoins de leur famille. Elles se sont très présentent dans les activités génératrices de revenus. Nous sommes allés au marché de Dembé pour rencontrer quelques-unes afin de savoir ce que la Semaine Nationale de la Femme tchadienne représente pour elles. Reportage. 

Les femmes constituent à peu près 80% de l’effectif des personnes qui exercent les activités génératrices de revenus dans les marchés. Parmi elles, madame Memdingui Léonie. Des étoffes de pagne à l’épaule, au bras et sur la tête, elle se démène tous les jours pour la faire vivre ses orphelins. Sous un soleil ardent, elle propose son produit aux clients. Mme Léonie est loin de la SENAFET, surtout celle de cette année. Pour elle, les autorités feraient mieux de faire quelque chose qui sera bénéfique pour toutes les femmes que de réduire les prix des pagnes de 08 mars. « Si c’était le prix du « coro » de maïs que le président du Conseil Militaire de Transition (CMT) a subventionné, j’allais applaudir, mais réduire le prix des pagnes cela ne me dit absolument rien. J’ai des enfants à ma charge et la cherté de vie m’empêche de les nourrir normalement », explique-t-elle. Mme Léonie d’ajouter que si le gouvernement veut réellement aider toutes les femmes, qu’il lutte contre la cherté de vie. Comme dans toute autre activité, il arrive des jours où madame Léonie rentre les mains bredouilles. Pour elle, il n’y a rien au monde qui fait mal à une femme que de voir ses enfants affamés, alors elle s’endette à la boutique d’à côté.  Au milieu de tout cela se trouve la santé de cette femme battante. Tellement qu’elle est exposée au soleil, elle doit absolument avaler quelques comprimés pour se tenir sur ses deux pieds le jour suivant.

Tout comme madame Memdingui Léonie, d’autres femmes se battent au quotidien à l’exemple de Mme Zara Moussa. Elle est détentrice d’un restaurant dans une agence de voyages de la capitale. Mme Zara est assise en train de couper en morceau le poisson pour le menu du jour à son restaurant. Pour elle, la SENAFET ne signifie rien du tout. « Cette fête du 8 mars est faite pour les femmes qui travaillent dans les bureaux. C’est tellement festif que nous autres, nous nous sentons exclues d’office. Tout ce qui importe pour nous c’est d’avoir la santé pour mener normalement nos activités génératrices de revenus », a-t-elle précisé. Aussi, elle souligne qu’elle n’achète pas pagne 08 mars à moins que quelqu’un le lui offre. Mme Zara ne voit aucun intérêt d’aller défiler « c’est une perte de temps » a-t-elle conclut.

Kouladoum Mireille Modestine

Au cours d’une audience publique ce matin 3 mars 2022, le tribunal de grande instance de N’Djamena, statuant en matière correctionnelle de simple police déclare l’activiste Ahmat Haroun Lary, non coupable pour infraction non constituée. Il condamne la partie civile aux dépens. En janvier 2022, le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun, a déposé une plainte contre sieur Lary pour diffamation, injures et outrage. Reportage.

L’activiste tchadien monsieur Ahmat Haroun Lary poursuivi pour diffamation, injures et outrages contre le maire de la ville de N’Djamena M. Ali Haroun est désormais libre. Il vient d’être déclaré non coupable pour infraction non constituée. Une décision judiciaire rendue suite à une audience publique ce 3 mars par les juges de 1ere première instance, statuant en matière correctionnelle de simple police. Ce matin vers 9h30, plusieurs dossiers ont été parcourus par les juges. L’affaire Ali Haroun contre Lary a été abordée à partir de 13h et close vers 14h et demie. Des parents, amis et sympathisants ont rempli la salle d’audience.

Du côté du prévenu comme du plaignant, les avocats ont plaidé en collectif. Ils ont fait la démonstration de leur talent en matière de la défense. De temps en temps, le président du Tribunal maintenait le calme dans la salle d’audience. Un procès accrochant, les avocats se reliaient au fur et à mesure pour défendre leurs clients. Le collectif des avocats du maire de la ville de N’Djamena, citant les articles 143, 340 et suivants du Code pénal, note deux éléments matériels de l’infraction reprochée au sieur Lary. Ils évoquent les vidéos incriminées pour lesquelles ils ont fait une analyse séquentielle d’une part, et d’autre part, le procès-verbal prélevé. Selon eux, sieur Lary accuse le maire d’être à l’origine de l’arrestation du maire déchu Foullah, d’un détournement d’un fonds, etc. ils énoncent que c’est à force de répétition des vidéos que M. Ali Haroun a déposé une plainte. Ils disent qu’ils réclamaient le rétablissement de l’honneur de leur client, en tant que père de famille, commis de l’État. Les défenseurs du maire ont demandé aussi une condamnation pécuniaire modeste d’une somme à hauteur de seulement 1FCFA.

A leur suite, la parole a été remise à Mme le procureur. Dans sa réquisition, elle a signifié que tout ce qui a noté est au conditionnel. La parquetière a souligné que le conditionnel n’est pas une affirmation, mais une supposition. A son avis sieur Lary n’a pas diffamé, le travail d’un activiste c’est de soulever les débats autour d’un intérêt public. Le maire étant une autorité publique et a de compte à rendre aux publics, car l’argent de la mairie est généré par les contribuables. Selon elle, l’activiste n’a pas diffamé. « Nous sommes dans un pays démocratique et la dénonciation est une arme de la démocratie », a soutenu Mme le procureur.

Pour Me Djatto Aimé, un des avocats de sieur Lary, les juges ont dit le droit et ont relaxé leur client pour infraction non constituée. C’est la chose la plus normale à son avis. « Je pense qu’on ne doit pas utiliser la justice pour rendre compte. La justice est là pour réglementer la vie en société dans le bon sens. Il n’y a pas de super citoyen, ils sont tous égaux devant la loi. Ce que les juges viennent de faire c’est un message fort envoyer à l’intention de ceux qui se croient être au-dessus de la loi », a confié l’avocat.

Pour Me Djatto, nous sommes en démocratie et rien ne va empêcher à sieur Lary de dénoncer, car il a une carte rose. Selon lui, il faut critiquer pour qu’il y ait la bonne gouvernance et une gestion saine des choses publiques. C’est une mission de tous, mais si très peu le font, il faut les encourager. Il estime que leur client n’a pas des excuses à demander, ce sont de chantages il ne se reconnaît pas fautif. Il souligne que la parquetière était à la hauteur de son travail, c’était loyal.

Moyalbaye Nadjasna

Le ministre de l’environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina a promis au cours d’une rencontre avec les femmes vendeuses de charbons dans les marchés de N’Djamena, une somme de 100.000 F CFA à chacune si elles abandonnent le commerce de ce produit. Il leur donne une semaine pour liquider le reste de leurs marchandises, après ce délai elles seront passibles de poursuite judiciaire. Cette proposition du ministre est diversement appréciée par les vendeuses. Reportage.

Une semaine après une décente musclée sur le terrain et soldée par une importante saisie des sacs de charbon de bois dans les marchés de la capitale tchadienne, N’Djamena, le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina propose une somme de 100. 000 F CFA à chacune des 64 femmes vendeuses de charbon de bois pour pouvoir changer d’activités commerciales. Il a fait cette proposition au cours d’une rencontre avec les femmes vendeuses de charbons de bois dans les marchés de N’Djamena. M. Mahamat Ahmat Lazina donne une semaine à celles-ci pour liquider le reste de leur charbon. Après ce délai, la garde forestière fera le tour des marchés et celles qui continuent cette activité, seront poursuivies. Au sujet des sacs de charbon saisis la semaine dernière, le ministre annonce qu’il va mettre à la disposition de la maison d’arrêt de Kléssoum et dans quelques hôpitaux de la capitale.

Mais cette proposition du ministre de l’Environnement divise les femmes vendeuses de charbon de bois. Celles du marché Goudji, un quartier situé dans le 8e arrondissement, au nord de la capitale, se sont résignées en acceptant la proposition du ministre Lazina. 

Une vendeuse rencontrée dans ce marché qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat, explique que les 100. 000 f CFC proposés par les autorités, ne se suffisent pas pour commencer une activité génératrice de revenus. Selon elle, les femmes vendeuses de charbon du marché de Goudji sont contraintes d’accepter la proposition de l’État, parce qu’elles ne veulent pas simplement désobéir à l’autorité. Elles affirment avoir conscience de la difficile décision qu’elles ont prise, mais s’en remettent à Allah le Tout Puissant.

Dans la plupart des marchés des quartiers sud de la capitale tchadienne, leurs consœurs, aussi vendeuses de charbons de bois, rejettent de manière unanime la proposition du ministre. Du marché Dombolo en passant par les marchés de Dembé et Taradona du quartier Chagoua les femmes vendeuses de charbon sont unanimes, il faut résister à la décision ministérielle.

Pour Dorkemdéné Marie-Jeanne, veuve et vendeuse de charbon de bois au marché Dombolo, c’est grâce à ce commerce qu’elle élève seule ses 5 enfants depuis plus de 3 ans. Elle souligne qu’elle est l’épouse d’un militaire qui a perdu sa vie au front en défendant la patrie. Et aujourd’hui c’est en monnaie de singe que les autorités la remercient. La jeune veuve dit qu’elle a une dette de plus 100.000 francs à rembourser à son fournisseur de charbon résidant à Kousseri au Cameroun. Mme Marie-Jeanne estime que les 100.000 F CFA proposés par le ministre de l’Environnement sont insuffisants et ne peuvent pas éponger ses dettes. Elle suggère au ministre Lazina de recenser d’abord les besoins réels des femmes vendeuses de charbon, tout en prenant compte leurs énormes dettes avant de faire une proposition. Mme Larbiih, vendeuse de charbon aussi, accepte la proposition du ministre, mais affirme aussi que la somme proposée par le ministre est dérisoire. Selon elle, il faut que le ministre paye leurs colossales dettes avant de faire de propositions. Elle estime que les femmes de Goudji qui ont accepté la proposition ne vivent peut-être pas les mêmes réalités que les autres vendeuses de charbon. Certaines vendeuses affirment qu’elles ne vont pas arrêter ce commerce. Car disent-elles, le Tchad est un État de droit et que chacun est libre de choisir le genre de commerce pour exercer. Elles exhortent au ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat à déployer ses agents dans les forêts pour contrôler ceux qui abattent les arbres. Elles soulignent enfin qu’elles vont à Kousseri au Cameroun pour se procurer du charbon de bois et non de la coupe abusive des bois provenant du Tchad.

La décision du ministre d’allouer 100.000 francs aux 64 vendeuses de charbon de bois dans les marchés de N’Djamena a suscité beaucoup de suspicions et des interrogations. De nombreux analystes et défenseurs des droits humains s’interrogent sur la provenance de l’argent que le ministre doit payer ces vendeuses. Ils estiment que dans le budget du Ministère, aucune ligne budgétaire n’a mentionné une somme pareille pour les femmes vendeuses de charbon de bois.

Jules Doukoundjé

La foire SENAFET appelée village de la femme s’est ouvert à la maison nationale de la femme juste après la cérémonie de lancement des activités. Dans ce village, les stands sont ouverts pour l’exposition des produits des femmes. Quelques entreprises de la place, des associations et des groupements de femmes exposent leur produit fabriqué localement et ceux importés. Reportage.

C’est un véritable marché ou l’on trouve un peu de tout. Des produits cosmétiques, des vêtements, des chaussures, des bijoux, des perles et des objets ornementaux. De plus, on découvre également des ustensiles de cuisine, et des produits alimentaires. Des nombreux produits sont fabriqués au Tchad et d’autres sont importés. Ils sont exposés et vendus dans ce village. Le village de la femme est un peu terne. Les femmes ne sont pas motivées comparativement aux années passées. Beaucoup de stands sont inoccupés.

En faisant le tour, nous sommes tombés sur le groupement des femmes potières de Gaoui. Ce groupement est représenté à la foire par la coordinatrice Zénaba Mahamat Hassane avec ses produits. Dans le stand  du groupement, on trouve les objets d’ornements, les ustensiles de cuisine, des jarres et autres. Tous ces objets d’art sont fabriqués de manière artisanale à base d’argile. Pour la coordinatrice, en 13 ans d’existence le groupement doit grandir sur tous les plans si les autorités sont réellement intéressées par le problème d’autonomisation de la femme. « En temps normal, les autorités doivent nous donner des crédits pour mener d’autres activités en plus de la poterie. Et mettre sur pieds un comité de suivi de nos activités génératrices de revenus qui fera un bilan trimestriel. C’est dans ce cadre qu’on va parler de l’autonomie de la femme sinon les discours ont en a assez écouté», a-t-elle indiquée. À son avis, si le groupement des femmes existe, c’est pour contribuer au développement social. Mais c’est difficile pour les autorités de comptabiliser les efforts qu’on fournit tous les jours afin de nous donner un appui conséquent.

En plus de l’aspect autonomisation, Mme Zenaba évoque aussi l’impérieux problème sur la scolarisation des filles de sa localité. Victime de mariage précoce et forcé, la coordinatrice du groupement des femmes potières de Gaoui en garde un mauvais souvenir. Elle préfère que le débat sur la scolarisation et le maintien des filles à l’école soit au cœur des conférences-débats en cette semaine. « Beaucoup de filles sont envoyées en mariage très tôt et cela retarde le développement de la fille et celui de sa société également. Il faut les autorités fassent quelque chose pour empêcher cette pratique sinon réduire un peu le taux du mariage des filles de Gaoui. Cela me fait mal », dit madame Zenaba.

Au côté des femmes potières de Gaoui se trouve un jeune sculpteur qui fait des merveilles. C’est pour la première fois qu’il fait une exposition de ses œuvres sculpturales à la foire. Il a fait la sculpture des objets ornementaux destinés pour le salon. À base du ciment, moule, sable, peinture, et vernis, il fabrique cet objet d’art appelé fefadine en arabe. Pour le sculpteur Moussa Goudja, après la fabrication, il introduit un compresseur électrique et de l’eau pour fonctionner. « Avec un tuyau placé du haut vers le bas, le compresseur électrique envoie l’eau dans les tuyaux à différent niveau. Tout tourne autour du compresseur électrique et il ne peut pas fonctionner sans électricité », explique-t-il. Il précise que les objets sont fabriqués en fonction des commandes lancées. En plus de la sculpture, le jeune Moussa Goudja fait aussi dans la décoration et le dessin.

Kouladoum Mireille Modestine

Plusieurs marchés à N’Djamena, la capitale tchadienne, ont subi des incendies à répétions. Pour comprendre quelle est la responsabilité de la Mairie par rapport à ce phénomène récurrent, Ialtchad a rencontré ce 2 mars, M. Ali Haroun maire de la ville de N’Djamena. Selon lui, les incendies dans les marchés sont dus aux mauvaises installations électriques et à l’utilisation des gaz butane. Reportage.

Le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun affirme que les raisons d’une série d’incendies qui frappe les marchés sont d’ordre électrique et d’usage malpropre des gaz butane. Selon lui, les commerçants ne sollicitent pas des bricoleurs pour installer l’électricité dans leurs boutiques. Il déplore l’anarchie dans la commercialisation de gaz butane qui sont déposés partout sans aucune mesure de précaution, « il suffit d’un déclic pour bruler tout le marché », dit-il. Il ne s’est pas arrêté seulement aux marchés, mais il a aussi parlé des gaz butane qui sont vendus dans les boutiques des différents quartiers. Ils sont un risque permanent pour le voisinage.

Ali Haroun souligne que la ville de N’Djamena dispose d’un service de protection civile bien équipé qui répond à toutes les exigences. Ce service dédié aux incendies, il compte 5 gros fourgons et 13 autres de moyenne capacité.  Ces engins de secours sont positionnés à travers la ville et disponibles à tout moment, dit-il. « En dehors des engins propres à la Mairie, la Force Barkhane nous appuie, l’Armée nationale du Tchad et la police nationale également nous soutiennent en cas d’incendie. Le service de secours de l’ASECNA aussi lorsqu’on est dépassé, il nous épaule », dit le maire. Ali Haroun se dit toucher suite à l’incendie qui a ravagé le marché Faya la semaine dernière. Les pertes étaient énormes et évaluées à des millions de FCFA. Bien que compatissant, le Maire Ali Haroun déplore qu’une importante somme d’argent soit brûlée. A son avis, les intéressés auraient dû les placer à la Banque pour plus de sécurité. Il appelle les commerçants à la prudence dans la thésaurisation de l’argent .

Sur la question des usagers de routes qui ne cèdent pas le passage aux sapeurs-pompiers, afin d’arriver rapidement sur les lieux d’incendie, Ali Haroun trouve cela lamentable. Il demande aux usagers des voies publiques de faire preuve de citoyenneté et de faciliter le travail des services de secours de l’incendie. À son avis, la réussite d’une telle mission requiert la contribution de tous. Il plaide auprès des médias pour plus de sensibilisation au profit de nos populations pour une prise de conscience collective. Le Maire de la ville affirme que désormais, les unités de contrôles de la police municipale appuyée de la police nationale seront mises à l’alerte pour veiller sur la sécurité des grands marchés à N’Djamena.

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

Pour permettre à la femme tchadienne de s’épanouir et d’obtenir son autonomisation, l’État et ses partenaires, mais aussi les associations de la société civile et les associations féminines ont pendant des années lutté et sensibilisé les femmes dans les milieux ruraux et urbains.  Cette lutte a porté des résultats, mais beaucoup reste encore à faire. Reportage.

Au Tchad, les pesanteurs socioculturelles font que les femmes jouent un rôle de second plan dans nos sociétés. Que ce soit en le milieu urbain ou rural, les femmes tchadiennes sont confrontées à d’énormes difficultés qui les empêchent parfois de s’épanouir.

Pour améliorer la condition de vie de celles-ci, l’État avec ses partenaires a mis en place des politiques sectorielles pour l’autonomisation des femmes. À part le gouvernement et ses partenaires, il existe plusieurs autres associations féminines qui font un travail de titan pour aider leurs sœurs à connaître et à réclamer leurs droits. C’est dans ce sens que l’association pour la promotion des libertés fondamentales au Tchad (APLFT) mène pendant plus de 2 décennies une lutte dans le pays pour permettre aux femmes tchadiennes de connaître leurs droits afin de les réclamer.

Pour la chargée des affaires juridiques à l’APLFT, Djékounda Nembaye, la clinique juridique aide les femmes à connaître leurs droits et à obtenir justice. Elle souligne que beaucoup de femmes viennent se plaindre à la clinique juridique de l’association et surtout sur des cas liés à la prise en charge et à la réclamation des biens successoraux. Selon elle, l’APLFT aide beaucoup les femmes en détresse à entrer dans leurs droits.

Mme Djékounda Nembaye explique que l’association fait des sensibilisations et organise des causeries éducatives avec les associations des femmes pour les sensibiliser sur leurs droits et leurs devoirs. « Lors des sensibilisations, nous choisissons les thèmes par rapport aux groupes que nous venons sensibiliser », dit-elle. Au sujet de la participation de la femme à la gestion de la chose publique, la juriste de l’APLFT, précise que c’est une activité quotidienne de l’association. À son avis, même en dehors de la semaine nationale de la femme tchadienne, l’APLFT sensibilise, au moment convenu, sur cette cause. À propos des droits de ses consœurs tchadiennes, la jeune dame ajoute que la sensibilisation est faite dans les langues maternelles pour que celles-ci comprennent mieux afin qu’elles s’en approprient. L’APLFT est dans 17 provinces du pays et fait un travail remarquable dans les zones rurales, mais dit-elle, le poids de la tradition pèse beaucoup et elle pense qu’il va falloir que les autorités locales et traditionnelles puissent accepter que ces femmes s’affirment. « Tant que les femmes rurales sont sous le poids des us et coutumes, il sera difficile pour elles d’affirmer leurs droits en zones rurales. » La chargée de la clinique juridique de l’APLFT révèle qu’en milieu urbain, la situation s’est nettement améliorée, mais c’est dans le monde rural que le véritable défi se pose.

Abondant dans le même sens, assistante, chargée de la lutte contre la violence basée sur le Genre, Mme Narompi Yvette, affirme que la semaine de la femme tchadienne devrait être une semaine de réflexion sur la condition de la femme et non-être limitée aux festivités. « Ça devrait être le moment pour les femmes de réfléchir sur leur devenir et non une semaine pour acheter des pagnes et s’afficher », dit-elle. Selon elle, depuis toujours au Tchad, la femme a été vue comme un être qui n’a pas la capacité à occuper les postes que les hommes ont occupés. Elle estime que les femmes ont des atouts et des compétences requises pour pouvoir exercer les mêmes activités que les hommes. Mais, dit-elle, malheureusement les femmes pensent que le 8 mars est seulement une semaine dédiée à la tenue et à la fête. La chargée de lutte contre la VBG constate aussi que la femme entre temps ne se positionnait pas dans la prise des décisions, mais de nos jours, la situation a nettement évolué, à cause de la sensibilisation et dans le renforcement des échanges.

Pour Nadine Mapaté, du bureau VBG, beaucoup de femmes dans certaines contrées du pays trouvent que c’est normal qu’elles soient violentées par leurs maris. Elle explique que certaines femmes en milieu rural pensent que le fait d’être tapée par son mari est un signe d’expression d’amour. La jeune dame soutient aussi qu’au nom de la tradition, certaines femmes sont contraintes de souffrir en silence, au risque d’être la risée de tout le village. Pour mettre fin à ces pratiques néfastes pour l’épanouissement de la femme, Nadine Mapaté suggère que les femmes se surmontent pour franchir ces lignes rouges invisibles qui les empêchent de se libérer. Selon elle, il faut que les femmes acceptent de se sacrifier pour mettre fin à ces pratiques.

Jules Doukoundjé

Les activités marquant la 32e édition de la Semaine Nationale de la Femme Tchadienne sont lancées ce 1er mars sur toute l’étendue du territoire. Et c’est la ville de Pala chef-lieu de la province du Mayo-Kebbi Ouest qui accueille les activités nationales. Ici à N’Djamena, c’est la maison nationale de la Femme qui a servi de cadre à la cérémonie d’ouverture. Reportage

La salle de la maison nationale de la femme est pleine à craquer ce 1er mars. Toutes les couches sociales des femmes de toutes les communes de la ville de N’Djamena sont représentées à cette cérémonie inaugurale. Et c’est parti pour une semaine d’activités par les femmes, pour les femmes. M. Senoussi Mahamat Ali, vice-président du comité technique du dialogue national fait une présentation sur la conférence inaugurale axée sur le thème de SENAFET qui est « femme tchadienne au cœur de la transition, enjeux et perspectives ». Pour lui, la femme qui représente l’espèce humaine par excellence est marginalisée depuis le commencement des choses. Il souligne que les livres saints déterminent diversement le rôle de la femme dans la société. « Pour la bible, la femme est créée pour être une aide à l’homme. Le mot aide semble reléguer la femme au second rang. Mais la bible nous renseigne plus tard que Dieu est l’aide de ceux qui sont menacés à mort. Le coran dit que celui qui traite sa femme de la meilleure façon fait partie des meilleurs musulmans », a-t-il précisé.

Il revient pour aborder l’implication des femmes dans le processus de paix. À son avis, plusieurs expériences empiriques ont confirmé qu’à chaque fois que la femme est impliquée dans un processus de paix, la paix a plus de chance de durer. Mais, elles sont beaucoup plus sous-représentées dans les instances de négociation que dans le reste de processus. Pour M. Senoussi, le rôle informel que joue la femme est souvent crucial, mais peu visible dans les instances formelles de négociation en matière de la paix. Parlant de la violence basée sur le genre, le vice-président du CTD a fait remarquer que la femme a toujours été victime de violence sexuelle, de conflits armés et de déplacements forcés. « Très souvent, les femmes victimes ont moins de chance que les hommes de reprendre une vie normale après une violation de leurs droits. Aussi, il est difficile pour elles de dénoncer les violences afin obtenir justice dans une période post conflit », affirme-t-il.

La Maire 1er adjoint de la ville de N’Djamena madame Batchiret Fatimé Zara elle, salue les efforts du gouvernement de transition pour la confiance placée aux femmes. Allusion faite à la récente nomination de la Mme Pakouaré Evodia comme contrôleur général de police et Directrice générale Adjointe de la police nationale. Pour elle, c’est la première fois dans l’histoire du Tchad de voir une femme à ce poste. Revenant à l’idée de la SENAFET, elle rappelle que cette semaine initiée par les autorités est une période de réflexion sur les difficultés que rencontrent les femmes dans le but de dégager des solutions. « Durant ces jours, nous nous attellerons à travers des activités comme des séances de réunion, de sensibilisation pour la paix, la cohabitation pacifique et le dialogue national inclusif. Les femmes restent disponibles à apporter leur contribution à la réussite de la transition », a-t-elle indiqué. Madame Fatimé finit son discours en demandant un quota de 50% après la transition aux femmes.

La Secrétaire générale du ministère de la femme, de la Famille et de la protection de la petite enfance Mme Allahissem Dangar Martine représentant sa ministre de tutelle, souligne pour sa part que la SENAFET est un moment fort dans la vie des femmes tchadiennes. Elle place l’édition de cette année dans son contexte avant d’appeler les femmes à jouer le rôle qui est le leur. « Dans ce nouveau contexte de transition, les femmes ont des rôles particuliers à jouer pour contribuer au développement durable qui exige une participation inclusive de tous. Ce moment nous permet d’évaluer nos réalisations, celle du gouvernement dans la promotion et la protection des droits des femmes et des filles », argue-t-elle. Après la cérémonie de lancement, les officielles ont visité la foire.

Kouladoum Mireille Modestine

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