Campagne électorale : ni eau, ni électricité, mais le vote

Written by  Avr 19, 2024

Comme électeurs avez-vous suivi assidûment  la campagne électorale qui a démarré? Avez-vous écouté les promesses des candidats? Avez-vous l’électricité pour le faire? Comme journaliste je le fais avec beaucoup des difficultés « naar maafi, almi maa fi » (pas d’eau, pas d’électricité). Je me suis fait la promesse d’écrire une chronique de campagne électorale par jour. Je renonce. Pourquoi?
 
D’abord parce que c’est pénible de la suivre comme journaliste. Il me manque souvent de l’énergie dans le corps. Comme ce n’est pas suffisant, il me manque aussi de l’énergie pour mes outils de travail et pour hydrater mon corps d’eau fraîche. Ce n’est pas une blague. Pas d’électricité donc souvent pas d’eau fraîche pour étancher ma soif sous cette infernale canicule.
 
Parce que la « fumeuse » Société nationale d’électricité (SNE) est incapable de nous fournir l’énergie nécessaire. Tiens, le fameux général Ramadan Erdoubou et directeur général est viré. Il est remplacé par un autre général Saleh Ben Haliki. Lui, je le connais personnellement pour avoir joué, enfant et jeune adolescent, au foot avec lui entre les quartiers Bololo et Mardjandaffack. C’est un N’Djamenois pur jus qui aimait déjà être direct, « la SNE est en faillite » , nous dit-il. Merci, mon général, mais on savait cela depuis fort longtemps. Curieusement mon général, c’est la seule société la plus rentable au monde. Le secret de son succès est connu: facturer ses clients sans fournir le service promis.
 
Ensuite, l’autre général et candidat de la coalition Tchad uni, Mahamat Idriss Deby Itno a surenchéri. Il a promis sans sourciller que s’il est élu, il nous fournira l’électricité 24h par jour tout le temps. Bon, que dire? On va dire, « parole d’officier » dans le système politico-militaire de ce pays où la parole d’officier est pire que celle du civil. Bref, la galère énergétique a de beaux jours devant elle.
 
Et les civils candidats? Ils sont nombreux à promettre eux aussi monts et merveilles. Ce qui m’impressionne, c’est le désintérêt des Tchadiens pour cette campagne. Ils ne croient pas à la refondation du pays. Ils ne croient pas non plus à la transformation du pays. Je m’amuse souvent à interroger les Tchadiens dès qu’ils sont un groupe de 10 personnes. C’est ma méthode à moi de faire un sondage, non scientifique, mais un sondage tout de même. Ma question est simple : « Irez-vous voter le 6 mai? ». Sur 10 personnes, 9 à 8 personnes disent qu’elles n’iront pas voter. Je pousse mon interrogatoire, non-scientifique plus loin, avec une sous-question : « Pourquoi vous n’irez pas voter? » La réponse est presque la même : « Ça ne changera rien. Que ces politiciens nous fournissent d’abord l’eau et l’électricité…ensuite on verra si on ira voter ». Ce manque d’électricité et d’eau est un vrai enjeu électoral. Je me rends compte aussi qu’il est presque trop tard. Le général candidat ne pourra rien faire. Les 9 autres candidats civils ne pourront rien faire non plus.
 
Enfin, les électeurs tchadiens, selon mon si fiable sondage, ont-ils vu clair? Refuseront-ils d’aller voter pour sanctionner ces politiciens? En attendant le jour de vote, la circulation routière dans la capitale est souvent ralentie ou bloquée à cause des caravanes de militants éphémères et de mototaxis payés qui font le tour de la ville sous les youyous et les klaxons. Et qui le soir venu nous empêchent de dormir tellement leurs bureaux de soutien sont bruyants. Décidément, ces politiciens ont décidé de nous rendre la vie dure.  

Bello Bakary Mana

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