La forêt de Walia victime des coupecoupes

Oct 20, 2021

Dans un passé récent, la forêt de Walia constituait une ceinture verte pour la capitale tchadienne, N’Djamena. Aujourd’hui avec l’agrandissement de la ville, elle se vide peu à peu de ses arbres. Cause: certaines populations riveraines coupent clandestinement les arbres pour servir de bois de chauffe. Reportage.

9 h. Foret de Walia dans le 7e arrondissement de N’Djamena. Le soleil commence à être brûlant. Le mouvement humain est constant. Véhicule, motocyclistes et piétons se frayent  chacun un passage au cœur de cette forêt entre les cimetières de Ngonba et de Toukra. Ils zigzaguent entre les cultures de riz, de sorgho, des jardins d’oseille, des sables stockés çà et là. Selon le chef de secteur forestier de Walia, la coupe des arbres est préoccupante. « Nous effectuons souvent de contrôle à l’intérieur comme au pourtour de la forêt, mais les gens sont terribles. Il arrive qu’on prenne des gens, mais la plupart des femmes avec des enfants au dos. Certaines personnes agissent tard dans la nuit, vraiment les gens ne sont pas conscients », dit-il.

Un voisin de la forêt sous couvert de l’anonymat affirme, « j’habite depuis 3 ans derrière la forêt. Les agents forestiers font souvent des tours de la forêt à motos. Pendant la nuit, on entend parfois de tirs dans la forêt pour dissuader les coupeurs des arbres ».

M Loumou Brazza Soulé, technicien forestier s’indigne de la situation. Pour faire l’historique, il rappelle que cette forêt existe depuis 1952. Il précise qu’elle prend sa source ici à Walia et s’étend jusqu’à la périphérie de Koundoul. Le technicien ajoute qu’avec l’agrandissement de la ville, elle rapetisse petit à petit, cédant la place aux habitations. M Loumou déplore le fait que les populations riveraines empêchent les arbres de vivre. Elles coupent clandestinement les arbres pour une utilisation personnelle. Pourtant, dit-il, l’arbre joue un rôle très important dans la vie de l’homme. D’après lui, l’arbre produit de l’oxygène, c’est un purificateur de l’air, une source de vie. « Les arbres génèrent de pluies, car ils émettent des molécules qui servent de germes qui finissent par former des gouttes d’eau qui tombe en pluie. Enfin, les arbres facilitent les relations humaines en offrant des lieux de rencontre et d’activité pour tous ». Pour lui, l’arbre joue beaucoup de rôle à la survie de l’Homme et il est indispensable de le protéger. 

Les agents des eaux et forêts installés à un jet de pierre du Lycée de Walia patrouillent tous les jours dans le secteur. Mais cela n’empêche visiblement pas la coupe des arbres même tard dans la nuit. Le technicien forestier soutient que les bois récupérés par la patrouille sont envoyés dans les maisons d’arrêts et commissariats. Pour confirmer les propos du chef de secteur, M Loumou Brazza Soulé affirme que la plupart des personnes arrêtées pour coupe abusive des arbres sont effectivement les femmes. « Ce sont des femmes avec des bébés au dos qui coupent les arbres. Quand tu les prends, elles te disent qu’elles sont veuves avec des enfants. Comme c’est un cas social, on est obligé de les laisser partir», explique, M. Loumou l’air désemparé.

Autorisations d’exploitation véritables gangrènes

En plus de ces cas d’abattage des arbres, le technicien des eaux et forêts donne d’autres raisons. « La forêt est certes absorbée par la ville, mais les éleveurs nomades qui s’installent coupent aussi les arbres pour nourrir leur bétail. La Mairie aussi donne des autorisations à des tierces personnes pour exploiter l’espace de la forêt pour des fins personnelles. Tout cela contribue à la destruction de la forêt et ce n’est pas facile de la protéger à 100%. » Selon lui, ils sont à couteaux tirés avec la Mairie pour cesse de donner des autorisations d’exploitation à des individus.

Pour le technicien des eaux et forêts, ceux qui coupent les arbres abusivement sont envoyés devant les tribunaux afin de répondre de leurs actes conformément à la loi en vigueur. Seulement il regrette les autorisations communales pour les grillades dans ces espaces forestiers. Ces autorisations entravent malheureusement le travail des agents forestiers sur le terrain. Il propose aux autorités de mettre des grillages pour encercler la forêt. « C’est le seul moyen de protéger le reste de ces arbres. Même s’ils font de leur mieux pour protéger les arbres, il faut nécessairement clôturer ce secteur forestier de Walia ».

Kouladoum Mireille Modestine

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