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N’Djamena : 3 lycées interdisent le port de sacs à dos

Nov 26, 2021

Pour assurer la sécurité de leurs enseignants, certains responsables des écoles publiques prennent de mesures en attendant les autorités en charge de l’Éducation nationale. C’est le cas des lycées publics champs de fils, lycée d’application et le lycée belle vue qui partagent le même local. Ils interdisent aux élèves le port de sacs à dos à l’école. Cette mesure permet de contrôler et d’empêcher les apprenants d’apporter les armes blanches, cause de l’insécurité en milieu scolaire. Reportage.

Après la mort du jeune surveillant tué par son élève au complexe scolaire Toumaï au quartier amriguebé, dans le 5e arrondissement de la commune de N’Djamena, capitale tchadienne, le 10 novembre dernier, les enseignants souffrent en silence dans la psychose. En attendant les mesures du ministère en charge de l’Éducation nationale, certains responsables des établissements scolaires ont pris des mesures pour leur sécurité. C’est le cas des responsables des 3 lycées publics qui partagent un seul local pour plus 4 000 élèves. Les proviseurs des lycées champs de fils, lycée d’application et lycée Belle vue, dans le 5e arrondissement. Ils ont interdit le port de sacs à dos dans leurs établissements. Cette mesure prise en commun accord avec des parents d’élèves va permettre de mieux contrôler les étudiants et assurer la sécurité de tout le monde.

Pour Mme Mamadjibeye Judith, proviseur du Lycée Belle vue, c’est pour la sécurité de tout le monde. Selon elle, la décision a été prise d’une manière collégiale par les responsables des 3 lycées publics pour mieux contrôler et assurer la sécurité. Les responsables de ces établissements publics ont aussi exigé le port de la tenue avec des logos de chaque lycée, sans cela, aucun élève ne peut accéder à l’enceinte des établissements. « Il y a des élèves qui viennent s’infiltrer dans nos établissements sans le logos de leur tenue », ajoute-t-elle.

A la place des sacs à dos qui sont interdits, les responsables des 3 établissements ont proposé les cartables aux élèves. Ils estiment que les cartables sont faciles à vérifier et à identifier si l’élève se permet d’y cacher une arme blanche. Abondant dans le même sens, le proviseur du Lycée d’application, Mahamat Haroun Mahamat, souligne qu’il y a 2 semaines il a surpris un élève qui fumait de stupéfiant. Il a arraché. Le proviseur explique qu’après cet acte, il a suggéré aux deux autres proviseurs l’idée d’interdire le port des sacs à dos dans ces 3 lycées. Lors de l’échange, le proviseur a sorti de son tiroir la poudre et quelques bâtons de cigarettes arrachés des mains des élèves. Selon lui, tous les responsables ont approuvé la proposition et ont convoqué les parents d’élève pour en parler. M. Mahamat Haroun Mahamat affirme que des séances de sensibilisations ont été faites à l’endroit des élèves pour leur expliquer l’importance de la mesure interdisant le port des sacs à dos. Il souligne que cela n’a pas été facile. Contrôler 3 lycées avec tenues scolaires de couleurs différentes et plus de 4000 élèves n’a pas été de tout repos. Pour ramener la sécurité, le proviseur fait appel par fois aux services de sécurité publique. Selon lui, la mesure a été bien appréciée par beaucoup de parents, mais aussi par les élèves eux-mêmes.

Les enseignants approuvent la mesure

Pour Alrassem Ezéchiel, professeur de chimie au Lycée Belle vue, la mesure est salutaire. Il estime que les enfants ont souvent tendance à cacher des armes blanches dans leurs sacs. Il faut donc bien fouiller pour qu’ils ne s’infiltrent pas avec ces armes pour semer de l’insécurité. Mais le professeur précise que ce n’est pas une solution durable. Pour pallier au problème d’insécurité en milieu scolaire, il suggère que les enseignants et les parents d’élèves, en collaboration avec les autorités en charge de l’Éducation nationale se réunissent pour trouver lancer des journées de formation et de sensibilisation pour changer la mentalité. « Franchement, on n’est pas en sécurité dans nos lieux de travail. On est tout le temps inquiet et ça peut avoir de répercussion sur le résultat », dit l’enseignant. Il souhaite que les autorités prennent l’affaire en main. Il exige que le ministère prenne de décisions fermes et ramène les enfants à l’ordre. Il propose aussi qu’on mette fin au nomadisme scolaire pour mieux contrôler les enfants. Même point opinion de son collègue Abdelkhassim Mahamat, professeur de géographie. Il rajoute que c’est une meilleure décision : interdire les enfants de porter des sacs à dos. Il note que le plus souvent les élèves cachent beaucoup de choses, y compris les armes blanches.

Les élèves adoptent une position mitigée à propos de la mesure. Certains sont pour et d’autres sont contre. Malgré cette position, ils sont unanimes qu’il faudra appliquer la mesure. Certains récalcitrants sont contraints pour le moment de faire profil bas, car la sécurité en vaut la peine.

Djimtonebey Richard, élève en classe de Terminale A2, approuve l’interdiction des sacs à dos dans les 3 lycées publics qui partagent le même local. « C’est une bonne mesure. Maintenant les élèves ne respectent pas les enseignants et nos sacs à dos contiennent beaucoup de choses qui peuvent nuire à notre sécurité et à celle de nos enseignants », reconnaît-il. Selon lui, certains élèves ont l’habitude de cacher les armes blanches dans leurs sacs et parfois même des stupéfiants comme le chanvre indien. Par contre, Hapsatou Gakna, élève en classe de Terminale A1 au lycée champ des fils, n’est pas d’accord avec la mesure interdisant le port de sac à doc à l’école. Elle estime que cette mesure n’arrange pas les élèves. « On ne peut pas porter nos fournitures à la main, sans sac. C’est difficile pour nous. Il faudrait que les proviseurs des 3 lycées emploient des gardiens pour fouiller les sacs et assurer la sécurité des enseignants et des élèves », propose-t-elle.

Jules Doukoundjé

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