Étudiants : l’auto-stop pas sécuritaire mais nécessaire

Déc 14, 2021

Certains étudiants de l’Université de N’Djamena, capitale tchadienne ont, depuis quelques années, adoptés l’auto-stop comme mode de déplacement. Ils se tiennent debout le long des principales artères de la capitale en direction de Farcha et de Toukra (9e et 1er arrondissements). Cette pratique est risquée, mais pour les étudiants l’essentiel est d’arriver à destination. Reportage.

Auto-stop est une pratique qui consiste à arrêter un automobiliste ou motocycliste et lui demander gentiment de se faire conduire à une destination ou de se faire déposer le plus loin possible. Nous sommes en face de l’axe principal qui mène à Farcha, 1er arrondissement de N’Djamena, ce 12 décembre 2021. Un bus universitaire est stationné non loin de l’entrée principale de la faculté des sciences exactes de l’Université de N’Djamena. Les étudiants se bousculent dans les rangs pour ne pas rater l’embarquement. Au bord de la même voie, d’autres étudiants font de l’auto-stop !

Benjamin Urbain en faisait partie. Il est en 3e année de la médecine vétérinaire. Il pratique l’auto-stop depuis 3 ans auprès des automobilistes ou des motocyclistes. « Tant que le problème de transport des étudiants demeure, je ferai de l’auto-stop. J’ai déjà 3 ans à la faculté donc 3 ans d’auto-stop », dit le futur médecin vétérinaire. Benjamin affirme que cette pratique a des risques, mais, dit-il, les étudiants sont obligés de  le faire. « Le gouvernement nous a retiré la bourse. Il faudrait par conséquent garantir notre déplacement. Il faut que les nouveaux bus soient rapidement mis en circulation. Nous insistons sur le facteur temps, ces bus nous retardent beaucoup et nous perdons en plus », dit l’étudiant.

Un autre étudiant Tissibé Moursac donne son opinion en affirmant que les difficultés de transports des étudiants de l’université de N’Djamena sont réelles. « Nous qui sommes loin par exemple, il faut quitter la maison à 5h. Nous ratons souvent les cours des 1res heures. Je fais du vélo par moment sinon la plupart de temps, c’est l’auto-stop qui me rend service », dit l’étudiant. Pour Tissibé le risque est lié à la vie, « qui ne risque rien n’a rien »,

Un troisième étudiant intervient. Il s’appelle René. Il est en 2e année de mathématique appliquée à l’informatique. René se félicite de l’achat des nouveaux bus par le gouvernement. Seulement le jeune étudiant se plaint du fait que la mise en circulation tarde à être effective. « Comme vous le voyez, dans cet unique bus nos camarades sont entassés comme des poissons dans une boîte de sardines. Les risques encourus sont énormes », constate René.

Selon ces jeunes étudiants, la pratique de l’auto-stop est risquée, mais ils le font pour ne pas rater les 1eres heures des cours. Et les conditions d’embarquement dans un seul bus est en elle-même un risque. Les nouveaux bus mis récemment à la disposition du Centre national des œuvres universitaires (CNOU) pourraient aider à désengorger l’épineux problème de transport des étudiants.

Moyalbaye Nadjasna

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