Insécurité à l’école: un proviseur témoigne d’un fait ahurissant

Jan 18, 2022

L’insécurité dans les établissements scolaires persiste. Le vendredi, 14 janvier, autour de 9h un individu armé s’est introduit au lycée officiel de la sous-préfecture de Koundoul, département de Loug Chari, province du Chari Baguirmi. Une banlieue à environ 25 km au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. La rédaction a rencontré, ce 17 janvier le proviseur de ce lycée. Il témoigne.

C’était le vendredi passé vers 9h qu’une personne étrangère s’est introduite au lycée. L’individu s’était habillé en civile, dit M. Saï-Allah Adda proviseur du lycée de Koundoul. Selon lui, l’individu avait sur lui un pistolet avec les accessoires. « Il était d’abord intercepté à la porte par le surveillant. Il a refusé d’obtempérer à l’injonction du surveillant et il a continué tout droit vers une salle de classe. Je ne sais pas ce qu’il cherchait mais surement une victime », rapporte le proviseur. Les surveillants, dit-il, l’ont alerté. M. Saï-Allah et ses surveillants l’ont stoppé mais il a refusé. Il a continué droit vers le grand bâtiment, dit le proviseur. « Nous l’avons suivi. Il est monté à l’étage, nous aussi. Je lui ai demandé ce qu’il cherchait. Il me répond qu’en qualité de qui je lui pose cette question. Je lui ai dit que je suis le proviseur du lycée ». J’insiste, lui demandant le mobile de sa visite. Mais l’homme lui dit qu’il n’a pas d’explications à lui donner. Le proviseur ajoute que l’individu lui a demandé qu’est-ce qu’il veut ? « Alors je lui ai dit dans ce cas tu es venu pour un problème, on ne te connait et sais pas tes intentions. On ne peut pas t’accepter ici, on a des règlements. Toute personne étrangère passe par l’administration. Seule l’administration peut lui chercher un élève. Mais quand vous menacez de cette sorte, vous allez descendre », lui dit M. Saï-Allah. Le monsieur réplique d’un ton agressif qu’il ne descend pas. Le responsable du lycée affirme que lorsqu’il voulait le prendre au colle, il a dégainé son pistolet. « J’étais vigilant et j’ai réussi à prendre sa main de force et je l’ai roulé. Il est tombé, le pistolet aussi, puis on l’a maitriser. On lui a pris l’arme et les accessoires », dit le proviseur.

Vu ce qui s’était passé, rapporte M. Saï-Allah, les élèves venaient pierres en mains vers eux pour le luncher. Mais comme il est déjà maitrisé, ils l’ont protégé et mis à l’abri le temps d’attendre l’arrivée de la police, explique le proviseur. « Il y a eu deux interventions d’unité de la police et de la gendarmerie. Ils étaient en nombre insuffisant. Ils n’ont pas pu contenir les élèves. C’est les forces de l’ordre de 3ème degré, les bérets rouges qui ont réussi à l’extraire sous une pluie de pierres ». Le proviseur dit ne pas savoir vers quelle destination a été conduit l’intrus. Il affirme avoir déposé le pistolet et les accessoires du suspect au commandement territorial de la brigade de Koundoul avec à l’appui une plainte.

« Dieu merci, il n’y a pas de dégâts humains ni matériels. Pour la plainte, on veut connaitre le mobile de son arrivée afin que cela ne se répète plus. Jusque-là ils ne m’ont pas appelé », dit le proviseur.

Pour lui, cela fait 4 ans qu’il est proviseur dans ce lycée mais il n’a jamais vu un tel évènement même pas lors d’une manifestation, insiste-t-il. Selon lui, ils s’organisent chaque matin avec ses surveillants. « Je prends toujours sur moi mon bâton. Ce sont des prédispositions qu’on prend pour fouiller nos élèves avant qu’ils n’accèdent à la cour. Il n’y a pas des agents de sécurité pour assurer la protection. Comme vous le voyez, chaque jour nous sommes exposés et courons des risques ». Il ajoute, que lorsqu’un problème se présente, c’est l’administration qui se met à l’avant-garde. Le phénomène de l’insécurité persiste dans les établissements scolaires. Le proviseur demande à son ministère de tutelle (l’Éducation) afin de voir avec son collègue de la Sécurité publique pour résoudre ce problème. « Surtout l’année passée, il y a eu beaucoup de cas d’insécurité dans les établissements scolaires ont été constatés par tous. Nous sommes menacés de partout, il faudrait que le gouvernement sécurise nos écoles », dit M. Saï-Allah.

Le lycée officiel de Koundoul compte, 1247 élèves dont 428 filles et 819 garçons.

Moyalbaye Nadjasna

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