Concours d’entrée à la fonction publique : une proposition qui divise

Avr 07, 2022

Dans le cadre de recrutement des 5. 000 jeunes diplômés à la Fonction publique, le gouvernement a proposé organiser un test pour permettre à tous les diplômés d’avoir la chance à un emploi public. Cette proposition a été systématiquement rejetée par les diplômés en instance d’intégration. Certains analystes estiment que la proposition de l’État devrait concerner les diplômés des écoles privées et non ceux des écoles publiques qui ont passé un concours rigoureux. Reportage.

Le gouvernement justifie que cette nouvelle forme de recrutement à l’emploi public va permettre d’appliquer l’égalité des chances à tous les diplômés. Dr Sabre Fadoul, le désormais ancien directeur de cabinet du Président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) avait défendu que le recrutement de 5 000 jeunes voulu par le PCMT se fera sur la base d’un concours transparent sous l’œil vigilant d’observateurs externes au circuit administratif. Mais aussitôt l’annonce faite, plusieurs diplômés en instance d’intégration avaient campé devant le ministère de l’Éducation nationale pour protester contre la nouvelle mesure.

Cette tentative du gouvernement qui peine à trouver des solutions au problème de chômage des jeunes diplômés est appréciée de différentes manières par les analystes et les leaders de la société civile.

Pour le Pr Ahmat Mahamat Hassan, cette procédure est légale, mais ne doit pas concerner tout le monde. Selon lui, les diplômés des Écoles professionnelles nationales ne doivent pas être concernés parce que depuis leur entrée par concours à l’école, ils sont considérés comme des élèves fonctionnaires. Il souligne que leurs places sont en principe réservées et n’ont pas besoin de passer un autre concours. L’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, estime par contre que le concours comme moyen d’égalité citoyenne et de transparence pourrait être utilisé pour les autres diplômés des autres écoles, notamment les universités et les autres écoles privées de formation professionnelle ou semi-publique. Le Pr Ahmat Mahamat Hassan estime que les Écoles nationales comme l’École normale supérieure, l’ENA, l’ENAM, l’école nationale de santé publique, les élèves de ces écoles précitées sont des élèves fonctionnaires, n’ont pas besoin de passer un concours pour entrer à la Fonction publique. « Le gouvernement aurait dû apporter cette précision qui est légale pour permettre à ce qu’il n’y ait pas de tiraillement inutile », ajoute-t-il.

Selon le président par intérim de la ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), Me Adoum Boukar, l’institution qu’il préside n’est pas opposée au recrutement à la Fonction publique par voie de concours. Il souligne que c’est le statut général de la fonction publique qui le prévoit, même si dans la pratique, on n’a jamais mis en application cette disposition. Me Adoum Boukar exprime sa surprise de la manière avec laquelle, on veut organiser les choses. « Normalement un décret d’application devrait préciser les modalités pratiques de ce concours. Mais ce décret n’a jamais vu le jour », dit-il. Le défenseur des droits humains note qu’à défaut du décret d’application, on ne peut organiser le concours d’entrée à la fonction publique. Il estime d’autre part que le concours ne devrait pas en principe concerner les lauréats des écoles professionnelles publiques. Le président par intérim de la LTDH affirme qu’on y entre dans ces écoles publiques par concours et on est élève fonctionnaire. Il insiste en disant que les concours d’entrée à des écoles publiques et professionnelles sont organisés par l’administration qui a exprimé des besoins en personnel, donc ils ont leur place à la fonction publique. « En principe le concours concerne ceux qui ont fini à l’université ou des écoles privées », explique-t-il. M. Boukar exprime aussi son inquiétude en indiquant que l’expérience a montré que les concours au Tchad, ce sont des magouilles et du clientélisme. Pour organiser le concours, dit-il, il faut bien renforcer les conditions de transparence pour qu’il y ait vraiment égalité des chances entre les candidats.

Jules Doukoundjé

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