jeudi 28 mars 2024

43 ans de pénitence ou d’indépendance ?

Written by  Aoû 11, 2003

Cinquième plus grand pays du continent africain, indépendant le 11 août 1960, le Tchad, après 43 ans de gestion par ses fils, va-t-il bien ? La réponse est non ! Parce que le Tchad souffre d’un handicap économique et politique important.

Handicap économique à cause de son enclavement. Il se situe en effet à plus de 1500 km de la côte la plus proche, Douala, au Cameroun. Cette position géographique constitue, certes, un handicap économique important mais, vu la potentialité des paysages, de la faune, de la flore, des arts, de la culture et des gisements pétroliers de ce beau pays, toutes les prévisions au lendemain de l’indépendance laissaient croire au comblement du déficit géographique, mais hélas! Le manque de la responsabilité du père de l’indépendance, François Tombalbaye, au lieu d’être un bâtisseur comme Amadou Ahidjo au Cameroun ou Léopold S. Senghor au Sénégal, a choisi la mégalomanie à la Mobutu jetant ainsi le Tchad dans un deuxième handicap aussi important que le premier. Celui-ci est d’ordre politique.

Ce handicap politique, fruit des tensions politiques et des luttes armées permanentes, empêche ce pays fascinant, de développer son potentiel touristique. Le Tibesti, l’un des déserts les plus merveilleux du monde, offre le visage d’une région montagneuse, aux paysages spectaculaires avec des massifs volcaniques, des cratères lunaires, des lacs du désert, des peintures rupestres et gravures préhistoriques. Ajouter à tous ceux-ci les sources thermales, aux vertus thérapeutiques, de Soboroum, avec ses geysers et ses eaux sulfureuses chaudes. Cette richesse culturelle malheureusement, à l’heure actuelle, ne réjouit que l’œil des nomades, des rebelles et de quelques baroudeurs qui s’aventurent dans cette région fabuleuse, malgré les risques.  

Si les morts pouvaient parler, que dira le général Charles Degaule du Tchad après 43 ans d’indépendance ? Lui qui a souhaité au nom de la France « le bonheur et la liberté à la jeune république tchadienne », le 11 août 1960, dans un discours lu par André Malraux. Ces vœux confiant fait par cet homme d’État est loin de se réaliser, à cause de l’immature du peuple tchadien et de l’ingérence politique de la France au Tchad. Pourtant, au jour d’héroïque, le Tchad n’a pas fait défaut à la France. M. Degaule reconnaissant le sacrifice disait : « le Tchad peut être assuré aujourd’hui, le 11 août 1960, que la France ne lui fera pas défaut ! »  Est-ce le général Degaule, dans cette phrase faisait allusion à l’ingérence politique qu’aura son pays sur le nôtre ? Inutile de polémiquer là-dessus, car cet homme d’État n’y est plus.

Au-delà des préjugés, le vrai mal dont souffre le Tchad est le tchadien lui-même. À l’aube de l’indépendance, le Tchad était gouverné par un civil. Ce civil nommé François Tombalbaye, considéré à l’époque comme l’homme du compromis entre le nord et le sud, n’a pas été à la hauteur des attentes. Préférant la dictature et la mégalomanie à la démocratie, le régime de feu Tombalbaye avait commis des graves erreurs politiques dont l’ombre des conséquences plane encore aujourd’hui sur le Tchad. Cependant, malgré les graves erreurs politiques commises, notamment, la révolte de Mangalmé en 1966 et la création de Frolinat, les acquis de la république ont été préservés par le régime civil. Les premières infrastructures économiques se réalisaient comme ils se devaient (contontchad, sonasut, mct, ondr, stt, omvsd, stee, brasserie du logone, abattoir frigorifique, grand moulin, etc.), jusqu’au bon matin du 13 avril 1975 où les militaires décidèrent de changer à jamais le destin du Tchad, en prenant le pouvoir.  

Depuis cet avènement et la succession des militaires au pouvoir, tout semble reculé. Le sang coule sans pitié en permanence. Les droits à l’éducation et à l’environnement sain sont bafoués. Les écoles, lieux par excellence de savoir-faire et de savoir être se trouvent transformées en de véritables jungles par les rejetons des dignitaires intouchables des régimes. Les établissements scolaires manquent de clôture, des latrines, d’eau potable et d’électricité. Certains servent même de dépotoirs et de lieux privilégiés pour « se soulager » à un grand nombre de personnes inciviques. Le lac Tchad, fleuve aux eaux boueuses, fut, à l’époque, le centre du marché du sel de l’Afrique centrale, rétrécit aujourd’hui à une vitesse inquiétante et se dépeuple. Le Parc national de Zakouma situé dans une immense plaine traversée du nord au sud par la rivière Bahr Salamat et ses affluents sont vidés de sa faune sauvage, à cause des perturbations de l’équilibre écologique du lieu par les braconniers. Les sociétés existent au règne de Tombalbaye sont réduites à l’unité ou n’existent plus. Les infrastructures touristiques et le réseau des transports sont peu développés, ce qui empêche l’émergence du tourisme, à la plus grande joie des aventuriers et des baroudeurs, mais sûrement au détriment de l’économie!

Avec le vent de la démocratie où le Tchad espérait être bien assis, en observant les partis politiques franchement qui, parmi ces opportunistes politicards endurcis peut avoir le souci de te donner un souffle de vie Oh ! Tchad mon pays ! chantait le défunt artiste, Ahmat Pécosse.

L’opposition politique n’existe qu’à la veille des élections; la société civile est encore embryonnaire. Qu’est-ce que le Tchad a fait pour mériter un tel châtiment ?  Le châtiment dont la sentence semble être à vie. Pourtant, ce pays est un cadeau de Dieu, car, immense en richesse culturelle et économique. Il suffisait de les mettre en valeur et les exploiter. Malheureusement, cette solution ne semble guère plaire à ses fils qui, s’apprêtent à ouvrir les premiers robinets de l’or noir (le pétrole) dans cette mauvaise gestion devenue symptomatique.

Après 43 ans d’indépendance, le Tchad est toujours sur une route desserte et vaste, à la recherche d’un homme qui peut le libérer !

Armand Djedouboum Nadjibé

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