Les conséquences des délestage dans les hôpitaux

Jui 08, 2022

Classé avant dernier pays au monde en termes d’accès à l’énergie par la Banque Mondiale (BM) en avril 2021 avec 11,8%. Le Tchad fait partie des pays où le délestage intempestif est récurrent. La population a très peu accès. Les secteurs public et privé  en sont victimes. Les hôpitaux considérés comme des lieux sensibles où l’électricité devrait être en permanence sont aussi touchés. L’équipe de Ialtchad Presse est allé dans quelques hôpitaux et cliniques de la capitale pour le constat. Reportage.

Si hier la population et quelques institutions publiques et privées sont dans le noir, le délestage contamine même les services hospitaliers. Le constat est amer. De l’hôpital polyclinique Chérif Kachallah Kasser en passant par l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine et la Clinique Médico-chirurgicale Al-Shifa, personnels et responsables se plaignent.

À l’hôpital polyclinique Chérif Kachallah Kasser, situé dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne, sis au quartier Ambassatna il est 10h Personnels infirmiers, médecins, responsables administratifs et patients tous étaient présents, mais sans énergie électrique et dans l’obscurité. La plupart des administrateurs de l’hôpital utilisent l’éventail ou un bout de papier pour se rafraîchir. Les patients, impuissants, sont abandonnés dans la chaleur des salles ou dans la cour.

Pour Banterné Nojie, sage-femme et responsable, plus de quatre (4) semaines que l’hôpital souffre de délestage. La SNE (Société Nationale d’Électricité) ne fournit plus de l’énergie dans cette structure sanitaire, dit-elle. Pour elle, la maternité demande de l’électricité pour son bon fonctionnement. «En cas de saignement, il faut impérativement un bilan auprès du laboratoire afin de bien prendre en charge la patiente, mais sans l’électricité nous avons un sérieux problème et ça risque de mettre la vie de la patiente en danger », affirme-t-elle. Quant au Médecin en Chef de cet hôpital, Dr Tidjani Abou Nassib, le délestage est devenu très fréquent. Il ajoute aussi que cela un impact sur la prise en charge des patients et ralenti les travaux au sein de l’hôpital. Il souligne que « le laboratoire, l’échographie, la maternité, la réanimation, l’oxygène… ne fonctionnent qu’avec l’énergie. Sans électricité, la vie des patients est en extrême danger ».  Pour pallier au délestage, Dr Tidjani Abou Nassib dit qu’un groupe électrogène a été mis en marche, mais ce n’est pas suffisant, « avec la chaleur il faut un temps de repos pour le groupe, il faut du gasoil… ce n’est pas du tout facile sans électricité », dit-il.

À l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine situé dans le 8e arrondissement de la capitale derrière l’ancien hôtel Kempinski, il est 11h. Les bourdonnements des groupes électrogènes envahissent presque tout l’hôpital. Il y a délestage. La majorité des groupes sont en marche et alimentent une grande partie de cette institution hospitalière. Selon Moussa Adoum, technicien de laboratoire, le délestage est devenu récurrent, mais la direction de notre institution a pris des dispositifs nécessaires en installant des groupes électrogènes automatiques en subdivisant par secteur. Il soutient que délestage à un impact négatif dans leurs travaux de laboratoire « quand il y a délestage, en labo, nous allons reprendre tout à zéro et nous perdons des réactifs, ce qui bloque la coordination du travail », martèle-t-il. Pour Dr. Allarassem Diaz Kody, technicien supérieur en Anesthésie Réanimation, le délestage a un impact négatif sur le résultat de leur travail. Il dit que le bloc opératoire, la chirurgie, l’anesthésie nécessitent de l’énergie. « Lorsqu’il y a délestage en pleine chirurgie, les appareils s’arrêtent, nous ne pouvons plus contrôler  les paramètres du malade, le respirateur pour oxygéner le malade, s’arrête aussi et il y a grand risque que le patient meurt », confie-t-il.

À la Clinique Médico-chirurgicale Al-Shifa, située dans le 8e arrondissement non loin du lycée la Fidélité, il est 12h. Lorsqu’on entre dans l’enceinte de la cour on est saisi par le vrombissement du groupe électrogène, signe qu’il y a délestage à la clinique.  Pour Balamto Etienne, Directeur administratif de cette clinique, la SNE est dans les oubliettes, le délestage est monnaie courante. Il ajoute même s’il y a de l’énergie, il y a une faible capacité de pouvoir alimenter la clinique. Pour remédier à ce problème, deux groupes électrogènes sont mis à contribution. Balamto Etienne affirme que « les 2 groupes électrogènes consomment 2 fûts de gasoil, soit l’équivalent de 250.000 FCFA par jour ».   Selon Madet Lévis, laborantin, le délestage a un impact négatif son travail et sur les patients. Il relève que la clinique dispose des appareils qui nécessitent de l’énergie. Il ajoute que « sans électricité nous n’arrivons plus à effectuer certains examens et c’est un manque à gagner tant pour la clinique que pour les patients » conclut-il.

Rappelons que le délestage est devenu récurrent ces derniers temps même dans les structures hospitalières. Ils engendrent des conséquences fâcheuses sur la santé des patients. Il freine le travail des médecins et occasionne la mort des patients surtout ce qui sont en salle de chirurgie, de réanimation disent unanimement médecins, personnels soignants et administrateurs des cliniques et des hôpitaux.

Abderamane Moussa Amadaye      

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