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Ce courage qui nous fait défaut

Mai 25, 2009

Le Tchad, le peuple, la Nation, la République sont des réalités en désuétudes, on se cache plus pour placer haut sa personne, sa famille, sa région, sa religion, son appartenance ethnique. C’est une des pensés les mieux partagées par les tchadiens, on ne peut y échapper aujourd’hui parce qu’il appartient aux AUTRES de nous qualifier.  Ainsi, il y a une situation grave dans ce pays. Quand a commencé cette situation ? Tout tchadien a plus qu’une idée, il a une foi. Pour certains c’est avec la Constitution de 1962, pour d’autres avec le coup d’Etat de 1975 ou encore avec la guerre civile de 1979, avec les FAN 1982, avec le MPS 1990. Pas de volontaire pour la guillotine, ici il n’y a pas une, mais des vérités, le scientifique et la raison sont indéfiniment discutés. Chaque ethnie, tribut ou région à son sorcier. Pour chacun c’est les AUTRES, les arabes, les goranes, les ouaddaeins, les nordiste, les sudistes, les habreistes, les itno, les zakhawa, la France, la Libye, les soudanais et j’en passe. Les AUTRES, pas NOUS. Tous, non coupables ? Que Satan soit lapidé !
Pourtant on se doit de comprendre quelque chose. La question tchadienne est tout autre chose sauf des écritures d’opinions antinomiques. Les opinions contradictoires constituent un éventail des négations inter tchadien, au-delà, elles contribuent à rendre la question plus complexe. La désastreuse situation du Tchad peut trouver ses origines aussi loin dans les expressions colonialistes d’André Malraux proclamant l’indépendance du Tchad, mais elle serait aujourd’hui entretenue par le manque de courage.

Bientôt dix-neuf ans au pouvoir, même si tout n’a pas commencé en 1990, le régime en place ne peut nier sa responsabilité. Ce régime devrait se sonder en interrogeant son bilan. Quoiqu’on puisse discourir sur les origines de notre triste sort, aujourd’hui c’est plutôt l’absence d’une véritable démocratie et particulièrement la décrépitude économique et sociale du pays qui sont les causes de l’instabilité endémique du pays. C’est dans ces fondements que les mouvements rebelles et autres oppositions politiques harponnent légitimités et prétextes.
Sur le plan économique, la Somalie, pays en guerre civile depuis près de deux décennies n’a pas à nous envier. Le pétrole exploité depuis 2003 n’a rien apporté de concret. La corruption et les détournements sont troublants. Le pays reste pauvre parmi les pays les plus pauvres. Jusqu’à quand veut-on couver ce non-sens ? Courage, c’est tout ce qu’il faut pour dire qu’il s’agit d’un pays le Tchad, et non d’un bazar privé.

Constitués essentiellement des architectes d’hier, ceux de ce même système en place, il faut le dire, les mouvements armés sont mal partis. Il est impossible ou presque de greffer des bonnes causes sur du vent et en faire une pitance comestible. Beaucoup d’entre eux ont eu la chance, le temps et la responsabilité nécessaire pour montrer qu’ils aiment le Tchad, mais ils ont fait le contraire. Ce qu’ils trouvent injuste aujourd’hui est bien leur irresponsable toile. Sans vision, sans leader crédible, la prétention que la rébellion armée sera un orchestre national est à démontrer. Le plausible est une désolante continuité parce que le pouvoir par les armes n’est absolument pas différent de ce que les tchadiens vivent depuis le coup d’Etat institutionnel de 1962. Le courage, c’est tout ce qu’il faut pour condamner avec le défunt Ibni Oumar Mahamat Saleh « la prise de pouvoir par les armes et » son inévitable « confiscation par les armes.»

Aussi, s’ajoute des personnes ne trouvant pas autre vocation que celle d’attiser la haine et d’appeler à la mort d’autres tchadiens pour leurs mesquins intérêts. Désinformations, injures, viles propagandes, diffamations, étalage de vies privés et le tout contre des tchadiens comme eux. Femmes et enfants ne sont pas épargnés. Est-ce cela traité de l’information ? Des blogs, des images, des vidéos aux relents de la Radiotélévision Libre des Mille Collines rwandaise pour évangéliser la haine et la mort. Qu’on se le dise, prendre les armes et aller mourir à l’Est n’est pas le propre à une communauté, d’ailleurs à aucun individu. La conviction pour un changement par la violence restera inachevée si elle se limite à des ridicules et haineux clavardages.  Sans la vérité, toute détermination demeurera dérisoire. Du courage, et on verra qu’on n’est pas en train de servir le Tchad.

Un pays, un Etat de droit, sont les aspirations des tchadiens. Cela ne peut pas se réaliser tant qu’on n’aura pas le courage de dire que la victoire militaire des tchadiens sur des tchadiens ne sera jamais la libération. Cette dernière entretiendra au contraire le cycle de la barbarie, le cycle de cette même dictature qu’on voulait initialement résister. Ourdir le mal sous toutes ses formes contre ses concitoyens qui ne penseraient pas comme nous ou qui n’appartiendraient pas à notre famille est en soi une vision sans éclairage, de la stupidité. Pour sortir le Tchad du bois, il faut une lutte contre tous les vices qui nous minent et d’où qu’ils viennent. On ne peut dissocier la lutte contre ces muezzins de la haine et des opportunistes convertis en rédempteurs, de la lutte contre la dictature. C’est le cycle de l’impasse qu’il faut contenir par un changement pour tous et non un changement aux effluves partisans. Du courage pour refuser l’aliénation partisane. Rien que du courage pour s'accepter mutuellement afin d’avoir les coudées franches pour sauver le Tchad.
Courage n’est-ce pas ?  

Moussa Yayami, Hamid

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