jeudi 28 mars 2024

Droits de l’Homme : CNDH et LTDH dressent un bilan mitigé

Déc 10, 2020

Le Tchad comme pays signataire de la convention de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme commémore ce 10 décembre 2020 le 72ème anniversaire de la Journée internationale des Droits de l’Homme. La Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) font leur bilan relatif aux 30 ans de Démocratie et la Liberté au Tchad. Reportage.

Le Tchad se veut un État de droit et de la liberté depuis 1995. Plusieurs instruments internationaux en matière des droits de l’homme ont été signés et ratifiés. Les jalons d’un État de Droit ont été posés à l’arrivée du président Idriss Deby Itno et de Mouvement patriotique du salut (MPS) au pouvoir en 1990. Selon Djidda Oumar Mahamat, président de la CNDH, le bilan en matière de Droit de l’Homme est moins satisfaisant. Pour lui, avant de parler de 30 ans de Liberté et de Démocratie au Tchad, il faut faire un aperçu sur les années 1980, et même avant, marquées par la terreur et la peur. C’est un moment de turbulence dit-il. « Le régime Hissène Habré arrêtait les gens et les exécutaient en totale violation les droits humains », rappelle-t-il. Le problème des droits de l’Homme concerne tout le monde. Il ne peut se résoudre que par le changement des mentalités, déclare-t-il. « Les violations permanentes de Droit de l’Homme sont multiformes. Il y a par exemple, l’excision des filles, la maltraitance des personnes, les enlèvements des personnes contre rançons, les arrestations abusives des journalistes, les bavures des forces de l’ordre dans les locaux des partis politiques et dans les organes de presse entre autres », explique-t-il.

Sur la question des éleveurs et agriculteurs, Djidda Oumar Mahamat, signifie que ces deux communautés très longtemps sont en tiré couteaux. Il déclare que c’est un conflit qui demande un travail de fond et non une sensibilisation. Il estime pour sa part qu’il faut former les spécialistes, les juges spéciaux à ce sujet. « Aujourd’hui, les grands éleveurs sont les préfets, les sous-préfets et autres responsables militaires. Ils sont souvent armés, or le Sud du pays est toujours une zone d’agriculture », confie le président de la CNDH.

D’autres voies contredisent cette thèse selon laquelle ce sont les agriculteurs qui sont toujours victimes. Ils soutiennent que l’attitude des agriculteurs n’est pas aussi neutre. Ils s’organisent pour dresser ce que les éleveurs appellent des « champs pièges » qui ont pour seul objectif de soutirer de l’argent aux éleveurs. Le problème agriculteurs-éleveurs est trop simplifié, selon les membres des organisations d’éleveurs, par les agriculteurs. Il y a plusieurs choses à dénoncer du côté des agriculteurs. L’exemple survenu il y a quelques jours au Moyo Kebbi Est où un grand éleveur peul a été égorgé par ses amis agriculteurs. Pour les éleveurs tout a été monté de toutes pièces pour assassiner un paisible éleveur. Les enquêtes, si elles sont menées avec justesse, relèveront selon les éleveurs qu’il s’agit d’une affaire d’extorsion, d’escroquerie. Cette histoire a déclenché la colère des éleveurs de la région. Cela a dégénéré faisant des dizaines de morts.

Pour résoudre ce conflit, le président de la CNDH, propose qu’un tribunal spécial et indépendant soit mis sur pied pour faire son travail en toute liberté. Et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur pour punir les fauteurs de trouble. « On ne peut pas éteindre le feu par la salive », martèle-t-il.

La démocratie ne se proclame, elle se vit

Pour Me Loalngar Yogangnan Max, président de la Ligue Tchadienne de Droit de l’Homme (LTDH), « le bilan de droit de l’homme au Tchad est catastrophique ».  Selon lui, l’année 2020, est marquée par des violations massives des libertés et droits fondamentaux de l’homme. Il cite quelques cas des viols et assassinats des femmes et des filles, les criminalités ordinaires et les conflits intercommunautaires.

Le président de la LTDH déclare qu’il y a des violences imputables à l’État. Ce sont les faits ou agissements des agents publics. « Les cas de maltraitances et des traitements inhumains et dégradants infligés à certains citoyens dans l’exercice de leur fonction. Les arrestations illégales et des détentions arbitraires effectuées par les agents nationaux de la sécurité (ANS) ainsi que certaines tortures infligées aux citoyens », constituent a insisté Me Loalngar, des entorses aux principes de droits humains. 

En dehors de ces atteintes aux libertés publiques, les autorités limitent les mouvements des citoyens, dit-il. L’interdiction de certaines associations et partis politiques de se réunir. Ce sont des exemples palpant de ces violations, indique Me Loalngar Yogangnan Max. « Cette démocratie est une dictature pure et simple », martèle le président de la LTDH. Pour lui, les Tchadiens vivent dans une démocratie proclamée, mais elle n’est pas réelle. « Notre liberté naîtra de notre courage », s’exclame-t-il. La république nous appartient tous, il est inadmissible qu’un groupe taille les lois fondamentales à leur mesure, insiste-t-il.  

« Quand l’État est fort, il vous écrase, quand il est faible vous disparaissez », conclut Me Loalngar Yogangnan Max sur cette phrase de l’écrivain français de Paul Valery.    

Djilel-tong Djimrangué
Orthom l’Or

 

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