jeudi 28 mars 2024

Ô feu Maréchal, le PAN refusa

Written by  Mai 10, 2021

Le président Deby Itno n’est plus. On a tout dit sur lui. En bien et en mal. Moi, le premier. Il faudra se résoudre à tourner la page. Avant de la tourner, je voudrais revenir commenter une fois encore les évènements de ces dernières semaines.

Mort du président

Version officielle : Le Maréchal est mort au combat les armes à la main. Il est mort comme il a vécu, intensément. Depuis qu’il est entré dans la vie des Tchadiens, il y a bien longtemps, il avait quelque chose qui le distinguait de ses prédécesseurs : sa patience. Une patience mesurée, calculée, réfléchie qui a fait craquer amis et adversaires. Sa patience était sa plus grande force. Lors de son dernier meeting, il avait demandé pardon aux Tchadiens pour s’être emporté. Les Tchadiens, je pense, lui ont déjà pardonné.

Version non officielle : Le Maréchal aurait été assassiné? Par qui? Pourquoi? Mystère et boule de cristal. Je n’ai pas arrêté de fouiller. D’interroger. De questionner. Je continue à m’interroger. Je n’ai comme réponses que des histoires invraisemblables. Sans têtes. Ni queues. Ces histoires mises ensemble ne tiennent pas, comme on dit, la route. Sacré Maréchal. Du haut des cieux, il dira certainement…. « en faite….disons… », son expression favorite. Et passera à une autre expression, « restez unis, mais dans la République… ». Il a marqué ce pays. En bon ou en mauvais. Chacun fera ses comptes.

Mythe?

Un mythe est-il en cours d’être né? Difficile de se prononcer. Si j’étais le conseiller du Maréchal, je lui aurais suggéré d’être Empereur. Un peu comme Napoléon. Tiens son autre surnom « le Napoléon d’Afrique », attribué par le journaliste français Pierre Elkabbach, un de ces jours où son pouvoir avait vacillé. Et qu’il a réussi à s’en sortir.

Le président Deby Itno n’aurait-il pas pardonné au président de l’Assemblée nationale (PAN) de refuser de lui succéder?  Je crois que oui. Parce que la toile d’araignée tissée par le défunt serait difficile à détricoter par le PAN. Alors pourquoi accepter?

Non, la bonne question c’est : pourquoi avoir refusé?

D’abord est-ce pas par loyauté? Presque 30 ans au côté du Maréchal. Le PAN Haroun Kabadi (HK) a refusé d’assumer l’intérim que lui reconnaissent les textes transitoires de la Constitution. Il a refusé donc le pouvoir au pays des hommes qui aiment le pouvoir. Pourtant c’est un homme de pouvoir. Qui a sa place aurait refusé? Peu de personne pour ne pas dire personne. Est-ce ce refus n’est pas plutôt de la sagesse? De l’intelligence? Il a donné ses raisons : maladie et âge respectable. Quoi d’autre aurait empêché HK? La peur? Je ne crois pas. Le manque d’ambition? J’en doute. Du haut de ses 70 ans passés, seul lui sait pourquoi. Il faut respecter sa décision. Mais on finira par le savoir un jour. Peut-être que l’écrivain Ali Abdramane Haggar a raison de dire qu’il a manqué de courage. Mais peut-être que HK a totalement raison d’avoir refusé. Et réserve aux Tchadiens une grosse surprise.

Toujours est-il que HK est encore à la manette. Presque omniprésent. L’Assemblée Nationale après être dissoute par la junte est reconduite avec HK à sa tête jusqu’à la mise en place du nouveau Conseil National de transition (CNT). Fort probablement que le même Kabadi sera à la tête du CNT. En cette période difficile, il serait plus utile là qu’ailleurs.

Entre-temps, que deviennent les partisans de l’ex-régime? Les opposants? La société civile? Les politico-militaires? Chacun se cherche. Chacun voit midi à sa porte.

Avez-vous découvert, comme moi, lors des funérailles que le Tchad était presque la « Corée du Nord de l’Afrique ». Je n’exagère pas. J’ai une preuve qui plaide pour ma farfelue thèse : les pleureuses de la Place de la Nation le jour des funérailles. C’était hallucinant. Non? C’était de l’émotion? Ok mais…

Avez-vous constaté aussi que, au lendemain du décès du Maréchal, les informations n’ont pas aisément  circulé. Tout a été verrouillé aux premiers jours et aux premières heures. Les rumeurs et les « fakes news » ont envoûté les Tchadiens. Bref, c’était plus de peur que de la rumeur vénéneuse. Bon en notre « République presque Gondwanaise » on a réussi, pour l’instant, une succession dynastique en douceur. Le cataclysme prévu s’est éloigné, mais il faut continuer à surveiller la « marmite Tchad » comme du lait sur le feu ardent des passions du pouvoir.


Enfin, les Tchadiens ont un Conseil Militaire de Transition muet. Pas étonnant ce sont les plus gradés de la grande muette. Ils ont également un Premier ministre sans envergure. Ils feront avec. Ils ont opposition démocratique « gaga », ils l’observent. Ils ont société civile fâchée, ils la surveillent. Ils ont une diaspora excitée, ils s’en amusent. Malgré à ces tensions, les Tchadiens sont, étonnement, stoïques. Un vieux papa m’a dit « mon fils, les gens s’agitent, mais Allah à son plan ». Allah? Avec le ramadan, je lâche prise. J’avais envie de lui crier « Allah n’est pas obligé » comme le titre du roman du célèbre écrivain ivoirien Amadou Kourouma. Je me suis abstenu. Et j’ai monologué dans ma barbe, « sacré Tchadien, fataliste au bout du bout du bout ».

Bello Bakary Mana

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