Festival de Cannes 2021, « Lingui » de Mahamat Saleh Haroun en compétition

Juil 08, 2021

Le film « Lingui » du cinéaste tchadien, Mahamat Saleh Haroun a été retenu pour la 74e édition du Festival de Cannes du 6 au 17 juillet 2021. Le long-métrage sorti en 2020 a été retenu parmi les 24 films en lice pour la Palme d’Or et la sélection officielle. Retour sur ce film avec Ialtchad Presse.

« Lingui, les liens sacrés », est un film qui raconte l’histoire d’Amina, mère d’une adolescente, nommée Maria. Celle-ci, âgée d’une dizaine d’années est tombée enceinte précocement. Dans les faubourgs de N’Djamena au Tchad, Amina vit seule avec Maria, sa fille unique de 15 ans. Son monde déjà fragile s’écroule le jour où elle découvre que sa fille est enceinte. Cette grossesse, l'adolescente n’en veut pas. Dans un pays où l'avortement est non seulement condamné par la religion, mais aussi par la loi, Amina se retrouve face à un combat qui semble perdu d’avance.

Dans ce film, on retrouve l’acteur fétiche du cinéaste, Youssouf Djaouro avec qui il a remporté la Palme d’Or ainsi que, Achouackh Abakar, Rihane Khalil Alio. Le film sera dans les salles en  janvier 2022.

Qui est Mahamat Saleh Haroun ?

Mahamat Saleh Haroun est un réalisateur tchadien, le tout premier, vivant à Paris en France depuis 1982. Il est né en 1961 à Abéché, dans la province du Ouaddaï. Mahamat Saleh Haroun a fait des études de cinéma à Paris au Conservatoire libre du cinéma français. Il a aussi une formation en journalisme à l’Institut universitaire de Technologie (IUT) de Bordeaux. Ce qui lui a permis de travailler pour plusieurs quotidiens régionaux de France. En 1991, il réalise son premier court-métrage « Tan Koul », mais c’est son second film « Maral Tanié » réalisé en 1994 qui le révèle au monde. Ce film raconte l’histoire du mariage forcé de la jeune Halimé avec un homme d’une cinquantaine d’années. Contrainte par ses parents au mariage, la jeune femme se refuse à son mari. Mahamat Saleh Haroun réalise son premier long-métrage « Bye Bye Africa » en 1999.

En 2001, il réalise « Letter from New York City », un court-métrage avec lequel il obtient la même année le prix de la meilleure vidéo au 11e Festival du cinéma africain de Milan. Le second long-métrage « Abouna », en 2002 a remporté le prix de la meilleure image au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Le cinéaste tourne ensuite un documentaire « Kalala ». Ce film est le portrait intime d’Hissein Djibrine, un proche du réalisateur décédé en 2003 du Sida. Hissein Djibrine avait produit les deux premiers longs-métrages du cinéaste, et Mahamat Saleh Haroun est profondément touché par cette disparition.

En 2007, il réalise « Daratt » l’histoire du jeune Akim, âgé de 16 ans qui quitte son village pour N’Djamena, dans le but de venger son père. Ce film remporte, l’étalon de bronze de Yennenga, ainsi que le prix de la meilleure image au Fespaco. En 2008, il reçoit le titre de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Son quatrième long-métrage réalisé en 2010 s’intitule « Un homme qui crie ». Le film est sélectionné en compétition officielle lors du Festival de cannes et remporte le prix du jury. Ce long-métrage raconte l’histoire tragique d’un homme et de son fils que la guerre civile au Tchad va séparer. Pour ce film, Mahamat Saleh Haroun reçoit le prix Robert-Bresson à la Mostra de Venise. Ce prix récompense les cinéastes ayant une œuvre significative par sa sincérité et son intensité en faveur de la recherche du sens spirituel de notre vie. En 2016, il est à nouveau à Cannes pour présenter son film de témoignages « Hissein Habré, une tragédie tchadienne » qui donne la parole aux victimes du régime d’Hissein Habré, président de la République du Tchad de 1982 à 1990.

Mahamat Saleh Haroun a été ministre du Développement touristique de la culture et de l’Artisanat du Tchad du 5 février 2017 au 8 février 2018. Le mois du livre et de la lecture est à mettre à son actif. Tout le mois du novembre est dédié à la lecture. Il a écrit son premier roman « Djibril ou les ombres portées » publié en 2017 chez Gallimard.

Allarassem Djimrangar

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