Indépendance : « Il faut réécrire le contrat social du Tchad », Dr Sali Bakari

Aoû 11, 2021

La République du Tchad va célébrer demain le 11 août 61 ans d’accession à l’indépendance. En prélude de cette célébration, le Dr Sali Bakari, enseignant chercheur au département d’Histoire à l’École Normale Supérieure (ENS) de N’Djamena retrace les grands moments qui ont marqué la vie sociopolitique du pays. Reportage

Le 11 août 1960, il y a 61 ans à Fort Lamy la capitale, actuelle N’Djamena que le premier Président François Tombalbaye, avait proclamé l’indépendance du pays. C’était en pleine nuit après un discours du ministre français de la Culture André Malraux, représentant du général de Gaulle à la cérémonie. Quelques heures plus tard, un grand défilé de l’indépendance était organisé à Fort Lamy et on hissait le premier drapeau du nouveau pays. Les Tchadiens s’apprêtent à célébrer l’anniversaire d’un pays qui a durant les 61 ans, a connu plusieurs conflits politico-militaires et qui peine à retrouver le chemin du développement socio-économique. Pour le Dr Sali Bakari, enseignant chercheur à l’École Normale Supérieure (ENS) de N’Djamena, à l’instar de nombreux pays africains qui ont accédé à l’indépendance en 1960, mais qu’à la différence de ces pays, le Tchad bascule très tôt dans la violence. Selon lui, avec la création du mouvement politico-militaire du Front de Libération Nationale du Tchad (FROLINA), le 22 juin 1966 à Nyala (Soudan), les militaires et les combattants tchadiens se sont invités sur la scène politique tchadienne et que l’armée a joué un rôle important et continue à jouer encore un rôle important dans la dynamique politique du Tchad.

« La preuve, le premier président du Tchad, François Tombalbaye sera tué lors d’un coup d’État, le président Maloum partira à suite à un bras de fer avec de tendances politico-militaires, Goukouni Weddey va arriver par les armes et partira par les armes. Hissein Habré a pris le pouvoir par les armes et partira par les armes, et enfin Idriss Deby Itno était arrivé au pouvoir par les armes et a été tué par les armes et qu’aujourd’hui c’est encore un militaire qui est au pouvoir », relate M. Sali Bakari. L’enseignant chercheur estime que, quand on parle de l’histoire politique du Tchad, au lieu qu’elle soit uniquement centrée sur le plan politique, sur les débats idéologiques et surtout sur les partis politiques, on se rend compte qu’au Tchad, quand on parle de l’histoire politique, les mouvements politico-militaires sont au centre de celle-ci. L’historien indique qu’une telle situation produit des conséquences désastreuses sur le plan économique et politique. A son avis, le Tchad n’a pas de possibilité de mener les deux guerres, c’est-à-dire la guerre pour le pouvoir, la guerre pour préserver le pouvoir et surtout la guerre pour le développement socio-économique. Il souligne qu’après 6 décennies d’indépendance, les indicateurs socio-économiques sont au rouge. Le chercheur a, point par point dépeint le tableau sombre du pays depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. M. Sali Bakari a relevé par exemple le manque d’infrastructure qui empêche le pays de décoller.

Pistes de solutions

Pour permettre au pays de reprendre l’élan de son développement, l’historien affirme qu’il faut passer de la guerre pour le pouvoir et la préservation du pouvoir, pour la guerre pour le développement. « Le dialogue national inclusif devrait être une occasion pour revoir le contrat social tchadien », estime-t-il. Selon lui, les conflits ont pendant longtemps permis à la bourgeoisie politico-militaire de prospérer. Il est temps d’arrêter cela. Il estime que le prochain dialogue national inclusif devrait être une vraie occasion de discuter de tous les problèmes sociaux du pays. Du point de vue de la démocratie, M. Bakari reconnaît qu’il y’a toutefois une nette amélioration et que le pays a connu une nette avancée dans le domaine de la lutte syndical et de la société civile. L’enseignant chercheur propose qu’on remette le compteur à 0. Et réécrire un autre projet de société, sans cela, le pays fera toujours du surplace. Selon lui, un pays, c’est d’abord le label de qualité et d’excellence, et que le Tchad ne dispose pas ce label-là. Il souhaite par ailleurs que le gouvernement s’appuie sur les ressources humaines de qualité pour permettre au pays de décoller.

Jules Doukoundjé

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