La marche vers l’indépendance

Oct 03, 2019

La marche vers l’indépendance

 « Nous voici au seuil de l’indépendance. Dans quelques minutes, notre peuple aura gagné le droit de disposer de lui-même, le droit de choisir lui-même sa propre voie, le droit de figurer parmi le concert des nations, égal en dignité aux plus grandes. Nous sommes fiers et joyeux en cet instant unique. Nous sommes aussi résolus et décidés. Un peuple majeur se fait respecter, mais il n’oublie pas ses devoirs, devoir civique du travail et de la discipline, devoir d’honneur du respect des alliances et des amitiés. Une nouvelle journée va commencer. La République du Tchad souveraine, n’oubliera pas qu’elle est grande et qu’elle est belle. Elle n’oubliera pas ce qu’elle doit à la France et au général de Gaulle dont le noble message vient d’être lu par M. Malraux. Tchadiens, crions notre joie. Il est minuit. Je proclame solennellement que le Tchad est indépendant et souverain ! »  François Tombalbaye, le 11 août 1960

L’accession du Tchad à la souveraineté internationale n’est pas le fruit d’une lutte armée de libération comme au Cameroun ou en Algérie. A l’instar des autres Etats d’Afrique noire francophone, elle résulte d’un long processus de décolonisation dont les premiers jalons ont été posés à la Conférence de Brazzaville en 1944.

En 1946, deux ans après la conférence de Brazzaville de 1944, avec la promulgation de la Constitution du 27 octobre qui, en instituant l’Union française, a apporté des changements notables : citoyenneté et droit de vote, représentation des Territoires d’Outre-Mer (TOM) au parlement français et à l’Assemblée de l’Union française, création d’Assemblées territoriales, etc. A partir de cette période, les votes se suivent à un rythme accéléré pour élire les représentants du Tchad dans les différentes Assemblées. Les premiers députés du Tchad à l’Assemblée nationale française ont été élus le 10 novembre 1946. Il s’agit de René Malbrant et de Gabriel Lisette. Le 15 décembre de la même année, les 30 membres de la première Assemblée locale du territoire dite Conseil représentatif sont à leur tour élus. Ce conseil était doté de pouvoirs limités, mais à travers lui, on voit apparaître pour la première fois, une élite locale qui va côtoyer les colons dans ce cadre parlementaire.

En l’absence de tout parti ou regroupement de partis politiques, ce sont des notables qui ont, pour la plupart, été élus. C’est en 1947 que les premiers partis politiques sont créés. Il s’agit de l’Union Démocratique Tchadienne (UDT), favorable à l’administration coloniale et du Parti Progressiste Tchadien (PPT) de Gabriel Lisette, anticolonialiste. Après quelques années d’hégémonie électorale, l’UDT, minée par des dissensions internes, a commencé par s’émietter dès 1954, au profit du PPT, en donnant naissance à plusieurs petits partis comme : le Parti Social Indépendant du Tchad (PSIT), l’Action Sociale Tchadienne (AST), l’Union Démocratique des Indépendants du Tchad (UDIT), le Mouvement Socialiste Africain (MSA), le Groupe des Indépendants et Ruraux du Tchad (GIRT), etc.

En 1956, un tournant majeur a été amorcé dans l’évolution politique des territoires grâce aux réformes apportées par la Loi-cadre dite « Loi Gaston Deferre ». Cette loi qui date du 23 juin associe étroitement les populations locales à la gestion de leurs intérêts en instituant le collège unique et le suffrage universel, une Assemblée territoriale aux pouvoirs élargis et un conseil de gouvernement investi par celle-ci et responsable devant elle. A travers ce Conseil, apparaît un exécutif local tandis que l’accroissement des attributions de l’Assemblée territoriale la rapproche d’une Assemblée législative. Avec ces réformes, les territoires étaient véritablement engagés sur la voie de l’autonomie. Profitant de l’émiettement de son concurrent, l’UDT, le Parti Progressiste Tchadien a commencé à amorcer une montée fulgurante.

Après la réélection triomphale de son président, Gabriel Lisette, comme député à l’Assemblée nationale française, le 2 janvier 1956, ce parti remporte les municipales de Fort-Lamy en novembre.

Dans la perspective des élections à l’Assemblée territoriale de mars 1957, il forme avec d’autres partis, un regroupement dénommé « Entente pour l’Application de la Loi-cadre » (EALC). Le 31 mars, cette coalition remporte une victoire écrasante en raflant 46 des 65 sièges de l’Assemblée. C’est cette Assemblée qui, après l’élection de son bureau le 13 mai 1957, a élu les 9 membres du premier Conseil de gouvernement dirigé par le chef de file des progressistes, Gabriel Lisette.

Un nouveau pas décisif est franchi deux ans plus tard par la promulgation de la Constitution française du 4 octobre 1958 qui instaure la Communauté. Rejetant l’option de l’accession immédiate à l’indépendance ainsi que celle du statu quo, c’est à dire le maintien du statut de Territoire d’Outre-Mer, les élites tchadiennes décident le 28 novembre 1958 de proclamer le Tchad une République autonome, membre de la Communauté.

C’est donc le choix de la continuité dans le progrès avec la France. La mise en place des institutions politiques de la jeune République a été difficile en raison de l’instabilité politique qui s’est installée très vite (premier trimestre 1959) et qui trahissait une certaine immaturité de l’élite politique d’alors. Il y eut quatre gouvernements successifs en l’espace de quatre mois ! Il s’agit des gouvernements provisoires dirigés respectivement par Gabriel Lisette (décembre 1958 - février 1959), Sahoulba Gontchomé (10 février- 11 mars), Ahmed Koulamallah (12-24 mars) et François Tombalbaye (24 mars …).

Cependant, l’adoption de la première Constitution de la République le 31 mars puis la victoire écrasante du PPT aux législatives du 31 mai 1959 ont ouvert la voie à la mise en place de nouvelles institutions stables. Tombalbaye qui a été reconduit dans ses fonctions en juin 1959 était chargé de mener à bien ce chantier.

C’est ainsi que, le Premier ministre François Tombalbaye signe, le 12 juillet, avec son homologue français Michel Debré, les accords de transfert des compétences de la Communauté à la République du Tchad. Dès lors, il ne restait qu’à définir les modalités pratiques de la proclamation de l’indépendance. La devise de la

République ainsi que les couleurs du drapeau national ont été déjà fixées en 1959. L’hymne national (La Tchadienne) lui, a été composé par le révérend-père Gidrol avec la collaboration d’un groupe d’élèves de l’internat Saint-Paul de Fort-Archambault. Par la loi n° 11-60 du 26 juillet 1960, l’Assemblée législative fixe la date de la proclamation de l’indépendance au 11 août 1960 mais le peuple tchadien souverainement a décidé de le fêter le 11 janvier pour des raisons pratiques.

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