Reportage

Reportage (1382)

Seulement 4 mois pour consommer les 18 mois prévus pour la transition au Tchad. Le spectre de prorogation taraude les esprits des Tchadiens. Pour éclairer la lanterne de ses lecteurs, Ialtchad a donné la parole à deux analystes. Selon professeur Ahmat Mahamat Taboye, enseignant chercheur et ancien ministre la prorogation ne fait pas de doute. Dr Saleh Bakari, lui estime que le Tchad entre dans l’histoire en reculant. Analyse et reportage sur les enjeux.

Les Tchadiens s’interrogent sur les enjeux de la transition en cours. Les 18 mois de transitions sont pratiquement consommés, deux fois, le dialogue national inclusif (DNI) est reporté, le pré-dialogue des politico-militaires est à la traîne. Selon professeur Ahmat Mahamat Taboye, enseignant chercheur et ancien ministre sous Idriss Deby, la transition est une période d’exception. Lorsqu’on voit les gens sortir pour manifester, dit-il, c’est leur droit, mais ils ont aussi de devoirs de retenu. « Dans une telle période, le droit de manifester doit être suspendu. La raison, la sécurité du citoyen et de l’État ne dépend que des autorités de la transition. Elles seules doivent la piloter. On ne peut pas s’autoriser pendant la période de transition à faire ce qu’on veut. Cette vacance de pouvoir ou de la gouvernance ne peut être gérée que par les autorités transitoires », explique M. Ahmat Taboye. La transition devrait s’organiser et nous organiser de telle sorte à nous sortir de cette période difficile que nous avons connue après de la mort brusque du maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, estime le Pr Taboye. C’est un vide politique qui doit être comblé par tous les membres de la communauté tchadienne, souligne-t-il. Ce qui sous-entend à son avis, une entente, un dialogue, le pardon et surtout des méthodes. Pour lui, on ne doit pas aller dans tous les sens. « Ce qui nécessite d’être souligné, on a craint le pis après le décès du maréchal. Les débâcles, la catastrophe ou la violence. Pour moi, si les gens le croient ou pas, notre armée a démontré qu’elle ne sait pas tirer seulement que sur des cibles militaires, mais elle a réussi à nous sauver de débâcles et de la vacance de l’État. Notre armée a réussi a mettre la sécurité jusqu’à nos frontières », dit-il.

Concernant transition, M. Ahmat Taboye indique qu’en toute logique les 18 mois ne suffisent pas. « Il ne reste que 4 mois, soyons réalistes, les politico-militaires sont dehors d’autres sont mécontents. Je ne pense pas que la présidence du CMT ne puisse régler en 4 mois tout ce problème-là. En toute sincérité qu’on le veuille ou pas on aura la prolongation », analyse le professeur. Pour le dialogue de Doha, il dit avoir appris qu’il y a eu des propositions et un accord de paix. Si c’est cela, c’est une bonne chose, mais il faut que cet accord de paix vienne à N’Djamena et soit porté à la connaissance d’autres composantes politiques du pays, soutient-il. « Tout ce qui se passe dans ce pays-là c’est la gestion de la gouvernance de l’État. Nous sommes dans un pays vaste, de 1 284 000 km2 peuplé par peuplade de petites communautés juxtaposées. Ces peuplades sont éloignées par l’espace et la tradition. Il faut amener tout ce monde à s’entendre et avoir un bien commun, un destin national. Ce ne serait pas possible de la faire en 4 mois ou 18 mois », assure Ahmat Taboye.

« On entre dans l’histoire en reculant »

L’historien Dr Sali Bakari, lui aussi enseignant chercheur estime que le pouvoir militaire a été mis sur pied par un impératif de paix et de sécurité. Malheureusement, constate-t-il, que la recrudescence de la violence telle que les conflits intercommunautaires, les manifestations et dernièrement les confrontations qui se sont déroulées à Kouri Bougoudi dans le Tibesti sont déplorables. D’après Dr Sali Bakari, tout porte à croire que la transition sera prorogée. Selon lui, il y a une autre lecture de la chose.  L’historien précise que la transition ne se résume pas seulement sur la durée de 18 mois. Mais c’est une occasion pour refaire un nouveau Tchad, dit-il. Même si on organise un dialogue et des élections, cela ne va pas résoudre le problème des Tchadiens indique l’enseignant chercheur. « Ce que les Tchadiens veulent n’est pas un agenda qui se focalise sur les élites politiques du pays ou sur les partenaires. Ils ont besoin d’être nourris, logés, bien se soigner, des routes pour bien circuler », dit-il. À son avis, c’est difficile à comprendre qu’on soit en 2022 et le taux de couverture en électricité ne soit que de 10%. « Les Tchadiens vivent dans leur propre pays comme s’ils étaient des étrangers. Cela n’est pas normal. Il faut qu’on passe de pacte de sécurité qu’on nous a plongé depuis 1960 jusqu’aujourd’hui à un pacte social. La paix et la stabilité c’est fondamental, mais il n’y a pas que cela », affirme Dr Sali.

L’historien pense que les autorités doivent comprendre que la marche contre la présence militaire au Tchad organisée le 14 mai dernier n’est qu’une expression de la colère d’un peuple. Un peuple qui a trop souffert, qui vit dans la pauvreté et qui pense que c’est la France qui devrait être à l’origine de sa souffrance, explique-t-il. « Les organes de transition doivent revoir leur manière de lire les évènements, les évaluer. Prendre des décisions dans les circonstances pareilles », assure Dr Sali. Pour l’analyste, le Tchad entre dans l’histoire en reculant. Aujourd’hui, soutient l’enseignant chercheur, personne ne croit en ce que dit les gouvernants. « le peuple a atteint un niveau de rupture de confiance. Le peuple ne s’intéresse pas à celui qui parle, mais à celui qui parle qu’est-ce qu’il produit comme acte. Ce n’est pas le propre du Tchad, mais pareillement dans beaucoup d’autres pays africains. La confiance ne peut s’établir que si l’élite assume sa responsabilité. Privilégier l’intérêt général au détriment de l’intérêt personnel (clan, ethnie ou région) », conclut-il.

Moyalbaye Nadjasna

L’Union des Syndicats du Tchad (UST) a tenu une Assemblée générale évaluative ce 31 mai à la bourse du travail. Assemblée au cours de laquelle la grève qu’a lancée l’UST depuis le 25 mai dernier a été évaluée. Toutes les sections syndicales sont représentées et chaque section a pris la parole pour évaluer la grève. Reportage.

À l’entame de l’Assemblée, les leaders donnent la nouvelle de leurs camarades en prison. Les prisonniers sont en bonne santé et demandent aux autres de ne pas penser à eux, mais plutôt de penser à la lutte. Après cela, les responsables des sections syndicales affiliées à l’UST ont pris chacun la parole pour évaluer la grève dans leur section respective. Ils ont exprimé les problèmes qu’ils rencontrent dans leur lieu de service. Ces problèmes sont entre autres la non-reconnaissance de la grève par leurs chefs de service et les menaces de certaines autorités qui pèsent sur eux.

Le vice-président de l’UST Younouss Mahadjir prend la parole pour galvaniser ses pairs en ces termes, « nous avons été arrêtés, nos salaires coupés, on a été affecté, mais cela ne nous a pas empêché de continuer la lutte », a-t-il dit. Il a ensuite parlé de la rencontre que les responsables de l’UST ont eu avec les autorités au sujet de la grève. Selon lui, c’est le dilatoire, sinon rien de concret n’a été dit. « Connaissant les forces, les faiblesses et les mensonges de nos autorités, nous sommes restés sur notre position pour demander la libération de nos camarades. L’arrestation de nos camarades est une goutte d’eau qui a débordé le vase sinon on compte déclencher en grève pour violation flagrante du pacte social triennal par le gouvernement», déclare-t-il.  Faisant allusion au pacte social, Younouss Mahadjir affirme également que le Fonds Monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale (BM) ont exigé au gouvernement que l’UST pose sa signature sur le pacte social. Alors s’il se retire maintenant, le pacte n’aura plus de valeur. Nous tendons vers le retrait parce que sur tous les points de revendication inscrits dans le pacte, c’est sauf les frais de transport qui ont été honorés, a-t-il ajouté.

Montanan Ndinaromtan secrétaire général du SYNTASST affirme, lui, que toutes les sections syndicales se réunissent chaque jour à partir de 11h pour évaluer la grève. Il partage avec les autres les informations sur la grève dans les provinces. Pour lui, la centrale syndicale est en contact direct avec les provinces. La grève est suivie sur l’ensemble du pays malgré certaines pressions de certaines autorités locales, affirme-t-il. Montanan Ndinaromtan fait la restitution de la rencontre qu’ils ont tenue avec le ministre de la Santé publique. « Le ministre a convoqué tous les responsables des sections syndicales et a fait de plaidoyer pour que les syndicats reviennent au meilleur sentiment afin de trouver une solution à l’amiable. Si le gouvernement est responsable, il allait résoudre le problème quand nous avons lancé le préavis. Mais, l’expérience nous a démontré que dans notre pays, les autorités ont tendance à ne pas résoudre les problèmes rapidement, mais plutôt à les compliquer », explique-t-il. Il rappelle à ses camarades que les syndicats et le gouvernement se sont mis d’accord sur certains points dans le pacte social que chaque partie doit respecter. Mais force est de constater qu’il y a une impasse du côté gouvernemental. Nous avons attiré leur attention à plusieurs reprises, mais malheureusement, ils ne nous ont pas écoutés, a-t-il conclut.

Kouladoum Mireille Modestine

Un complexe scolaire d’obédience religieuse composé du préscolaire et de l’élémentaire a été réduit en cendre. L’incendie d’origine inconnue pour le moment n’a pas fait des dégâts humains, mais des pertes considérables en matières didactiques. Reportage.   

Le complexe scolaire privé évangélique « Shalom la lumière », situé au quartier Walia Ngosso, dans le 9e arrondissement de la commune de N’Djamena est réduit en cendre. Les tableaux et les tables-bancs sont complètement calcinés. L’effectif de cette école est 375 élèves, de la maternelle au primaire. Sauf la direction qui a été sauvée par les voisins qui ont défoncé la porte pour sauver les documents administratifs et didactiques. L’incendie a lieu dimanche matin. L’origine de cet incendie est encore inconnue pour le moment.

Créé il y a 6 ans, ce complexe scolaire de confession religieuse comptait 6 salles de classes du préscolaire au primaire dont les 4 classes sont construites en paille et deux salles en terre bâtie. Selon le fondateur de l’établissement, Nadjiorta Ndouba Bruno, c’est une surprise pour lui, car c’était le dimanche matin et il était à l’église. « C’est au culte que j’ai reçu l’appel des voisins et je me suis précipité, mais c’était trop tard. Tout a été déjà embrasé par le feu », explique le fondateur et directeur administratif et financier du complexe scolaire. Il ajoute qu’il ne connaît pas encore l’origine de cet incendie. Selon lui, c’est sa tante qui a vu l’incendie et a hélé les voisins, mais quand ils étaient venus, c’était tard, rien n’a été sauvé. Tout est parti en fumée, précise Nadjiorta Ndouba Bruno. Le fondateur qui explique la situation avec tristesse ajoute qu’il ne sait quoi faire. « Je bénis le seigneur, pour ce qu’il nous a fait, il n’y a pas eu de décès ni de blessés », dit-il. Il souligne qu’heureusement, ils viennent de finir avec le dernier examen de passage et que les carnets de notes des élèves sont sains et saufs. Le directeur administratif et financier évalue les pertes causées par l’incendie à plus de 3 millions de FCFA. Il lance un SOS aux partenaires et aux personnes de bonne volonté de les aider à reconstruire l’école avant l’année scolaire prochaine.

Pour la témoin et tante du fondateur du complexe scolaire, Ménodji Christine, c’est depuis 2 ans que l’école est logée sur son terrain. Selon elle, c’était le dimanche matin que l’incendie a eu lieu, elle se reposait dans la salle de classe des élèves de cours préparatoire première année (CP1) et qu’il n’y avait personne. Mme Christine explique que c’est son fils qui jouait sous un arbre qui a vu la fumée sortir dans la classe de CE1 et l’a réveillée et aussitôt elle a crié au secours aux voisins. Elle ajoute que les fidèles croyants de l’église voisine qui étaient venus leur donner coup de main, mais le feu a embrasé toutes les autres salles de classe. La veuve soutient qu’elle a perdu 102.125 FCFA et un appareil portable calciné. Elle affirme aussi qu’un jeune voisin qui cherchait à verser de l’eau sur le feu a de brûlures assez graves au pied droit et affecté à l’hôpital le bon Samaritain de Walia.

Depuis le début d’année, la ville de N’Djamena fait face à plusieurs cas d’incendie, d’origine parfois inconnue. Le Maire de la ville avait appelé les populations à la vigilance et à adopter un comportement citoyen afin d’éviter les incendies.

Jules Doukoundjé

Ce matin, 31 mai 2022 a eu lieu au Centre d'Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD)  l’atelier de validation du plan de renforcement des capacités du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique avec l'appui de l'UNESCO. Reportage.

Dans son discours de bienvenue le Secrétaire général du Ministère de l'Éducation nationale, Mahamat Seid Farrah a souligné que le Plan intérimaire de l’Éducation au Tchad (PIET 2018-2020), arrimé au plan national de développement, pour la période 2018-2020 a identifié les contraintes liées au développement des capacités en planification et gestion de l’éducation et à la gouvernance. Malgré les efforts déployés pour l’amélioration de l’administration du secteur, celle-ci reste marquée par la faiblesse des capacités de pilotage stratégique, la prévalence d’un mode de gestion axé sur les moyens et non sur les résultats, l’insuffisance de suivi et de contrôle du système et l’insuffisance des crédits alloués au secteur. Ces difficultés persistantes se traduisent par une gestion des ressources humaines marquée par de l’incohérence et le manque de transparence et d’efficacité dans l’allocation des personnels, une gestion pédagogique qui souffre de l’absence d’une culture d’évaluation et dont les résultats obtenus restent en deçà des attentes, a-t-il dit.

Pour relever ces défis, il affirme qu'il est nécessaire de « se doter d’un plan stratégique de renforcement des capacités » comme un moyen de consolider et de pérenniser les bases indispensables à la gestion et au pilotage efficaces du système éducatif.  C’est dans ce sens que, lors de l’élaboration du Projet de Renforcement de l’Éducation et de l’Alphabétisation (PREAT), le Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique a inscrit, parmi les priorités, l’élaboration d’un plan de renforcement des capacités du ministère.

Dans son mot d'ouverture, le Coordonnateur par intérim de l’Antenne de l’UNESCO au Tchad M. Adjanohoun, Maxime Joseph Richard, le Plan intérimaire de l’Éducation du Tchad (PIET) pour la période 2018-2020 a relevé des actions urgentes qui visent l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages à tous les niveaux. Il ajoute que dans le cadre de la mise en œuvre du PIET, il est prévu l’élaboration du plan de renforcement des capacités des institutions et des cadres du ministère. Il soutient que dans le cadre du Projet de Renforcement de l’Education et de l’Alphabétisation au Tchad (PREAT), une des sous-composantes de la composante Amélioration des capacités de gestion du système porte sur le « Renforcement des capacités de pilotage et de gestion ». Selon lui, la sous-composante vise à renforcer les capacités de pilotage et de gestion du système à travers, d’une part, la conception et la mise en œuvre d’un plan de formation destiné aux structures clés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique en charge de la planification, de la programmation, de la gestion administrative, financière et de l’administration scolaire ; et d’autre part, l’appui à la structure de gestion et de pilotage de PIET et aux directions stratégiques impliquées dans la mise en œuvre du Projet à travers notamment la dotation en équipement informatique de ces structures clés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique.

Rappelons que cet atelier vise à consolider et de pérenniser les bases indispensables à la gestion et au pilotage efficaces du système éducatif tchadien.

Ousmane Bello Daoudou
Abderamane Moussa Amadaye

Dans le cadre de l’organisation, du prochain dialogue national inclusif (DNI), le comité technique d’organisation (CODNI), décide d’organiser une série de conférences-débats publiques. C’est dans ce sens qu’a lieu ce lundi après-midi dans l’auditorium de l’Office National des Médias Audiovisuels (ONAMA), une conférence débat sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ». Toute la semaine plusieurs thèmes seront débattus. Reportage.  

Le comité technique pour l’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) organise toute cette semaine une série de conférences-débats publiques sur le dialogue, le pardon et la réconciliation nationale. Ce lundi après-midi, dans l’auditorium de l’ONAMA, des conférenciers composés des juristes chercheurs, hommes politiques et journalistes analystes politiques ont débattu sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ».

Pour Dr Ramadji Alfred, enseignant chercheur et analyste politique, la démocratie au Tchad n’a pas commencé en 1990, mais bien avant. Selon lui, aux indépendances, le pays vivait une vie démocratique animée par des partis et c’est en janvier 1962 que le premier président François N’garta Tombalbaye a érigé son parti en pari unique en supprimant le multipartisme. Le chercheur a fait l’état de lieux de la démocratie de notre pays avant de faire un constat. Il rappelle que le Tchad a connu plusieurs crises sociopolitiques et le premier c’est en 2005, l’année où il y a eu le référendum constitutionnel qui a fait sauter le verrou de la limitation du mandat. Dr Ramadji Alfred ajoute aussi que de 2005 à 2015 qu’il qualifie de désenchantement socioéconomique aurait pu normalement consacrer deux points de départ important. Le premier point aurait pu être l’alternance politique ou la succession au sommet de l’État, dit-il. « On n’a eu ni alternance, ni la succession », soutient l’enseignant chercheur. Pour lui, le deuxième niveau de progrès que devrait annoncer la dynamique démocratique, cette aire qui a été un rendez-vous manqué, c’est le progrès socioéconomique. Le conférencier explique que tout ce que le pays a engrangé comme manne pétrolière n’a pratiquement rien servi et le pays a connu plusieurs crises socioéconomiques. Selon lui, le Tchad a eu un système marqué par l’instabilité dû aux crises socioculturelles. « Notre démocratie entretient une ambiguïté avec les coups d’état. Une démocratie décapitée », souligne le chercheur. Il soutient que le dialogue à venir, a un défi : refonder l’État et restaurer la démocratie pour qu’enfin, on amorce le développement du pays.

 Dans le même sens, le Dr Ahmed Djidda, qui faisait aussi l’historique de la situation politique du pays sur 4 points. Il s’interroge sur le rôle joué par les partis politiques dans la mise en œuvre de la démocratie. Il ajoute qu’après l’expérience démocratique, quelles sont les leçons tirées de cette expérience au Tchad et si les partis politiques ont encore un rôle à jouer et s’ils pouvaient en cause leurs visions pour une démocratie plus réussie. L’homme politique note que c’est à partir de 1990 que les hommes se sont réunis au tour du président Idriss Deby pour amener le changement démocratique. Selon lui, les partis politiques de bonne foi ont cru à la démocratie et ont voulu jouer pleinement leur rôle.

Le journaliste Laladjim Narcisse, analyste politique ajoute que les défis sont énormes. Pour notre confrère, un pays comme le nôtre a besoin de médiateurs. Il suggère aussi qu’on renforce les pouvoirs des chefs traditionnels.

Après la présentation succincte des 4 conférenciers, un échange riche avec de questions et suggestions des responsables politiques, mais aussi de quelques leaders de la société civile a permis au public de comprendre l’enjeu du dialogue à venir. C’est également le lieu de parler franc et sans taboue sur les maux qui minent le développement socioéconomique de notre pays.

Jules Doukoundjé

Ce lundi 30 mai 2022, traverser l’ancien pont de Chagoua de N’Djamena la capitale tchadienne était un vrai cauchemar. Un embouteillage terrible a été créé de toutes pièces par les usagers par incivisme. Reportage.

Les embouteillages sur l’ancien pont à la sortie sud de N’Djamena au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement sont dus simplement à des comportements peu civiques des usagers. Ce lundi 30 mai vers 10 heures, c’est un véritable spectacle. Une dispute entre deux usagers a créé un embouteillage monstre.

Même si le pont de Chagoua a été interdit aux automobilistes, les usagers autorisés à le traverser sont multiples. Les porte-tout, les motocyclistes, les cyclistes et piétons se disputaient pour se frayer un passage. C’est dans cet enchevêtrement que les choses s’empirent. Difficile à se comprendre et pourtant c’est simple. Il suffit de se suivre en fil indien pour rendre fluide la circulation, lance un usager furieux. Tout le monde parle à la fois, les uns s’acharnent sur les autres, des cris stridents des klaxons des motocyclistes étourdissent. Il a fallu une demi-heure pour qu’un agent de sécurité faufile parmi la foule pour mettre de l’ordre.

Pour certains usagers interrogés à la sortie, c’est vraiment le calvaire sur ce pont. Chaque fois, ce sont des scénarios pareils qui se déroulent, soutiennent-ils. « Écoutez on nous a appris que ce pont a atteint déjà son âge. On ne sait pas pourquoi, jusque-là, le chantier du grand pont n’avance pas tellement. Au moins ce pont peut nous soulager si on l’a parachevé », confie Djong-Maïla, habitant de Walia. Un autre usager, un piéton qui requiert l’anonymat affirme que son cœur bat à grande vitesse à chaque fois qu’il passe sur ce pont. « Je suis piéton, j’habite juste derrière le petit marché après le pont. S’il faut contourner par le pont double voies c’est pénible.  C’est quotidien ma peine croyez-moi. C’est quand même pénible, mais nous sommes obligés. Je demande qu’à une certaine heure, il faut que les forces de sécurité mettent un peu de l’ordre sur ce pont pour éviter le pire », plaide-t-il.

Contourner semble pénible pour certains usagers, le spectacle qui se produit au quotidien sur ce pont est inquiétant. Le pont de Chagoua inauguré par les colons en 1959 avant l’indépendance du Tchad est long d’environ 550m et d’une hauteur de 300m sur le fleuve Chari. Pour des mesures de sécurité, les autorités tchadiennes ont en son temps interdit les transports interurbains après la construction de celui à doubles voies au quartier Abena.   

Moyalbaye Nadjasna

L’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) en appui avec la Banque Mondiale (BM) ont organisé un atelier de formation en passation des marchés publics au profit des acteurs de la commande publique. La formation se tient du 30 mai au 1er juin 2022 à Amitié hôtel ex ledger Plazza de N’Djamena. Reportage  

Cet atelier a pour but de renforcer les capacités des acteurs de la commande publique notamment les chefs de services de passation des marchés publics, les départements ministériels et les projets de développement. Aussi prennent part à cet atelier, les présidents des commissions de passation des marchés, les coordonnateurs  des projets ainsi que les responsables administratifs et financiers. La tenue de cet atelier conjointe sur la passation des marchés, qui intègre à la fois les procédures de la BM et le Code national des marchés publics, cherche aussi à harmoniser  la compréhension des principaux acteurs qui encadrent les projets de la BM.

En ouvrant les travaux, le représentant résident de la Banque Mondiale au Tchad Rasit Pertev se dit rassuré quant à la tenue de cet atelier. Pour lui, l’évocation de la passation des marchés renvoie à l’efficacité, à la transparence et la diligence dans la mise en œuvre des projets pour l’atteinte des résultats qui puissent effectivement profiter aux populations. « La BM accorde une attention particulière à la passation des marchés dans la mise en œuvre des projets qu’elle finance. Il est attendu de cet atelier qu’il renforce les capacités des cadres opérant dans la passation des marchés pour améliorer la gouvernance des projets pour une meilleure absorption des ressources mises à la disposition du gouvernement », précise-t-il. Le représentant affirme également que la Banque Mondiale se tient prête à accompagner les acteurs dans la mise en œuvre des solutions et des enseignements au sein des différents projets.

Le directeur de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics Ahmat Bichara Seïd a pour sa part indiqué que l’ARMP insiste sur la formation continue des cadres et acteurs de la commande publique pour les professionnaliser davantage. Il ajoute qu’en plus du respect et de la maîtrise des textes régissant les passations des marchés au Tchad, les participants doivent discuter de la dématérialisation des marchés publics, de l’informatisation du système pour être au même diapason que les autres pays de la sous-région. « Un appel d’offres bien élaboré, bien évalué respectant les directives de la BM et celle du code des marchés publics tchadiens se conclut très rapidement et permet à l’État tchadien d’aller plus loin et de mobiliser en temps réel les fonds mis à sa disposition », souligne-t-il. Ahmat Bichara Seïd n’a pas manqué de rappeler aux participants les attentes de son institution à leur égard à l’issue de cette formation qu’il veut interactive et dynamique.

Haoua Adoum Ibeth                           

Azor Mbailassem Dingamnayal a présenté ce 28 mai au Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD) ses deux livres. L’un intitulé « Passation du pouvoir, quels modèles pour les leaders ? » composé de cent (100) pages et repartie en deux (2) chapitres avec huit (8) points et l’autre « Aliments locaux à valeurs nutritives » de deux cents (200) pages et repartie en vingt (20) parties. Reportage. 

Le premier ouvrage « Passation du pouvoir, quels modèles pour les leaders ? » est un ouvrage paru aux éditions Toumaï (Tchad) qui décrit un des problèmes épineux que font face les leaders politiques actuels. De l’analyse de l’auteur se dégage deux catégories de modèle de leaders auxquels le choix s’impose : ceux qui se laissent conduire par la sagesse et ceux qui se considèrent tout puissants, omniprésents, omnipotents.

Pour l’auteur, les premiers des cas cité haut, ce sont des leaders aptes à produire des nouveaux leaders à travers leur attitude, leur conduite et sont prêts à laisser leur place le moment venu sans crainte. Par contre, les seconds sont des leaders qui agissent de façon démoniaque et leur ombre empêche les autres de s’épanouir. Tous les moyens sont utilisables et permis, même le plus défendu, lorsque leur intérêt est en jeu. Azor Mbailassem Dingamnayal souligne également que pour être un bon leader de référence et impacter positivement sa génération il faut impérativement avoir cinq (5) choses : un bon caractère, être compétent, avoir l’art de parler et de convaincre, être cohérent et enfin être courageux.

Le second livre intitulé « Aliments locaux à valeurs nutritives », paru aux éditions le Monage (Cameroun), l’auteur raconte que le Tchad regorge de produits alimentaires naturels aux valeurs nutritives avérées, mais des milliers de Tchadiens meurent de malnutrition ou de faim. Selon lui, pour lutter contre la malnutrition des milliards sont injectés par l’État et ses partenaires, mais le résultat demeure le même, inefficient. Pour l’auteur, il faut informer, éclairer et éduquer la population à la bonne hygiène de vie à partir de nos alimentations locales pour une meilleure santé que de se focaliser sur les produits industriels venant de l’extérieur dont on ignore très souvent ses compositions et les conséquences qui vont en découler à court et long terme. Pour assurer son bien-être, le Tchadien doit se nourrir à base des aliments locaux assure Azor Mbailassem Dingamnayal. L’auteur estime que la consommation des aliments locaux permet de combattre la malnutrition. « Un peuple en bonne santé est un gage pour le développement », conclut-il.

Abderamane Moussa Amadaye
Ousman Bello Daoudou

Par un arrêté, le ministre de la Sécurité publique et de l’immigration le Général Idriss Dokony Adiker interdit la marche pacifique prévue ce samedi 28 mai par la coordination des actions citoyennes Wakit Tamma. Comme motifs, la marche est susceptible de causer de trouble à l’ordre public. Le porte-parole des actions citoyennes Wakit Tamma Soumaine Adoum prend acte de cette interdiction et annule la marche. Tout de même, un dispositif impressionnant des militaires entourent les coins stratégiques de la capitale ce samedi. Reportage

C’était hier 27 mai dans l’après-midi que l’arrêté portant interdiction de la marche est rendu public. Il interdit les manifestations ou marches dites pacifiques sur tout le territoire national et indique également que tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par les textes en vigueur. Le ministre de la Sécurité publique demande aux directeurs généraux de la police, de la gendarmerie, au commandant de la garde nationale et nomade du Tchad et les gouverneurs de prendre leur responsabilité pour l’exécution de l’arrêté.

En même temps, la coordination des actions citoyennes Wakit Tamma sort un communiqué de presse pour annuler la marche. Le porte-parole des actions citoyennes Wakit Tamma Soumaine Adoum dit prendre acte de l’interdiction et décide du report de la marche à une date ultérieure vu le climat délétère qui entoure cette marche. La coordination demande aussi aux citoyens à garder leur calme et rester mobilisés. Wakit Tamma déclare qu’elle ne cessera de dénoncer les politiques de la France au Tchad qui ont impacté négativement durant des décennies la gouvernance politique et le niveau de progrès social du pays. Elle indique également que l’ingérence de la France dans la transition politique actuelle empêche un véritable dialogue entre les Tchadiens pour sortir le Tchad du cercle vicieux de la violence. Wakit Tamma renouvelle son exigence : libérer sans condition ses leaders.

Kouladoum Mireille Modestine

L’institut universitaire des sciences appliquées et humaines, et vingt autres universités et instituts en Afrique et au Moyen-Orient organisent le premier colloque scientifique sous le thème « le rôle des universités privées dans la consolidation du savoir, le développement et la paix ». Plusieurs chercheurs venant des 13 pays d’Afrique et du Moyen-Orient débattent depuis 2 jours sur l’apport des universités privées en Afrique. Reportage. 

Plusieurs enseignants chercheurs venant de plus de 13 pays d’Afrique et du Moyen-Orient se travaillent depuis 2 jours dans la capitale tchadienne à N’Djamena sur l’apport des universités privées et instituts dans la consolidation du savoir, le développement et la paix. Les universités privées et les instituts sont des partenaires clés des États dans le domaine de l’enseignement supérieur. Pour qu’elles jouent un rôle de pionnier dans la consolidation du savoir et la promotion de la paix, il faudrait un choix judicieux des enseignants et la rigueur dans le contenu des cours.

Des enseignants chercheurs des instituts universitaires et des universités privées venant de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Soudan, du Niger, Nigéria et plusieurs autres pays du continent débattent sur des thèmes tels que la paix, la consolidation du savoir et le vivre ensemble. Selon les conférenciers, les universités ont un rôle important à jouer dans le développement humain et dans la promotion de la paix en Afrique.

Pour le Dr Khadidja Hassaballah, enseignante chercheuse à l’université de N’Djamena, à la faculté des sciences exactes et appliquées, les écoles et les universités privées jouent un rôle important au Tchad et en Afrique. Selon elle, ce sont des réflexions profondes et riches en thèmes qui ont permis aux étudiants de comprendre l’importance des universités privées et des instituts dans la consolidation du savoir. Elle souligne qu’à la fin de cet atelier de 3 jours ils vont faire des recommandations pertinentes aux gouvernements, mais aussi aux professeurs. Dr Khadidja Hassaballah soutient qu’il faut aussi des enseignants de qualité pour avoir des enseignements de qualité. « Les gens payent très cher pour la formation de leurs enfants et si l’on ne met pas du sérieux pour améliorer le système éducatif privé, ce serait la catastrophe », dit-elle. Concernant la paix et la cohabitation pacifique au Tchad et dans les autres pays africains, la chercheure soutient que la cohabitation pacifique est un thème social important, il faut enseigner cette notion aux étudiants des universités privées. Pour étayer son argumentaire, elle donne l’exemple de la Côte d’Ivoire où l’on enseigne dans les universités privées la notion du vivre ensemble et la cohabitation pacifique. Elle souhaite également que le gouvernement tchadien prenne l’exemple des Ivoiriens pour nos instituts et universités privés, mais aussi dans les universités publiques. Dr Khadidja Hassaballah estime que pour ne pas avoir de problème de division dans nos pays, il faut nécessairement instaurer la notion de la paix et du vivre ensemble dans les programmes d’enseignement supérieur. Pour que les étudiants deviennent de bons citoyens, ajoute-t-elle, il faut enseigner et insister sur la notion de la paix et du vivre ensemble dans nos universités privées.

Pour M. Hassan, enseignant chercheur d’une université américaine privée à Dakar au Sénégal, le colloque permet d’échanger entre collègues chercheurs sur comment introduire la notion de la paix dans les programmes. Pour lui, l’Afrique a beaucoup d’universités privées qui ont de grands rôles pour propager la connaissance et la paix. Selon lui, il y a des crises partout en Afrique et ces universités peuvent apporter leur contribution dans la consolidation de la paix et le vivre ensemble.

Jules Doukoundjé

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