Reportage

Reportage (1382)

Les Arabes du Tchad ont tenu leur tout premier festival hier 27 février 2022, à N’Djamena, capitale tchadienne. Le thème de ce festival culturel est, « Ensemble pour la paix, le développement, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble. » L’Association solidaire des chefs de races de la communauté arabe a mobilisé plus d’un millier de ressortissants vivant à N’Djamena, ses banlieues et les villes et villages aux alentours. Ils étaient des milliers à envahir tôt dimanche matin, la cour de palais du 15 du janvier. Les cavaliers à dos des dromadaires et chevaux décorés n’ont laissé personne indifférent. Reportage.

De la couleur et du rythme se sont entremêlé ce matin du 27 février dans la cour de palais du 15-janvier de N’Djamena. Ce festival de la communauté arabe du Tchad était des véritables retrouvailles entre des milliers des Tchadiens. Convivialité, euphorie de joie, parade des cavaliers à dos des dromadaires décorés, la fête était gigantesques, les femmes et les jeunes filles habillées en tenue festivalière étaient belles, des tambourins et claironnistes rehaussent l’ambiance. Dans la salle de la cérémonie, du parterre aux gradins c’était plein comme un œuf. Des poèmes appelant à la solidarité du peuple arabe et de tous les Tchadiens ont été déclamés. Même message lors des différentes présentations théâtrales.

Selon le président du comité d’organisation Idriss Ousmane Djameh, ce festival permet de valoriser la culture arabe, mais aussi, appeler à la cohabitation pacifique des Tchadiens. Il affirme que toute la communauté reste positive pour un dialogue inclusif inhérent à la reconstruction de notre pays.

Pour le porte-parole des chefs de races Djidda Abdoulaye, le thème de ce festival culturel, « Ensemble pour la paix, le développement, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble », n’est pas fortuit. Le Tchad dit-il, depuis quelques mois est dans une phase de transition. La réussite de cette transition pour bâtir un Tchad digne de ses filles et fils nécessite l’implication de tous, a affirmé le porte-parole. Si la paix de notre pays concerne tous les Tchadiens, les chefs traditionnels en sont des acteurs clés, dit-il. Le Cheik Djidda Abdoulaye, recommande aux chefs coutumiers et traditionnels à résoudre tous les problèmes de manière pacifique en collaboration avec les acteurs politiques. « Notre pays connaît ce dernier temps de multiples crises sociales et de conflits meurtriers entre les différentes communautés. Et ce dans toutes les provinces entraînant d’énormes pertes en vie humaine. Il est de notre devoir en tant que chef traditionnel de jouer pleinement notre rôle pour le maintien de la cohésion sociale », a soutenu Djidda Abdoulaye. Il demande aux autorités traditionnelles de valoriser la solidarité nationale, la réconciliation et la cohabitation pacifique dans nos sociétés. « Chères autorités de la République, nous ne pouvons vivre en paix dans un pays s’il n’y a pas de justice et la paix. Nous devons contrecarrer la propagande de la division tribale à travers les propos haineux ».

Les femmes arabes déplorent les conflits meurtriers au Tchad et les haines via les réseaux sociaux. Elles plaident pour que la communauté arabe les implique dans toutes les organisations. Les jeunes arabes regrettent eux aussi, le comportement peu orthodoxe des jeunes tchadiens sur Internet. Ils demandent aux internautes tchadiens de véhiculer des messages de fraternité pour la consolidation de la paix au Tchad.

Les organisateurs du festival ont fait des recommandations. Ils se sont arrêtés sur l’essentiel: « assurer l’éducation et la santé des nomades, moderniser l’élevage, sensibiliser les populations sur la cohabitation pacifique, organiser chaque année le festival, etc. »

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

Le président d’honneur de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) Dobian Assingar a dédicacé son livre intitulé « De la Kakistocratie au Syndrome de Chenilles », ce samedi à N’Djamena.  Ce livre est un style littéraire du genre Essai qui traite des sujets variés et exposés de manière personnelle par l’auteur. Le livre présente le fruit de sa réflexion et de sa vision des choses sur la vie politique, sociale et économique du pays. Reportage.

L’ancien président de la ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) et président d’honneur de cette institution, Dobian Assingar vient de sortir son 3e livre intitulé « De la Kakistocratie au Syndrome de Chenilles ». À travers cet écrit, l’auteur veut nous montrer vers quel désastre les dirigeants tchadiens veulent conduire le peuple. « La mort dans l’âme, j’ai pointé du doigt le pouvoir du pire ou la Kakistocratie, marquée par la banalisation de l’État qui se caractérise elle-même par la médiocrité dans la gouvernance, l’exercice patrimonial du pouvoir dans une ambiance paranoïaque et un empire de crimes et de mensonge », a déclaré Dobian Assingar lors de la cérémonie de la dédicace de son Essai. Pour l’auteur, tous ces comportements illustrent l’absence d’amour pour la patrie et l’obsession pour le pouvoir par tous les moyens, dans un océan de misère et de chaos.

À travers le cas du Tchad, ce livre aborde toutes les questions que se posent à celles et ceux qui souhaitent comprendre comment un État s’effrite, une République chavire et comment l’anarchie s’installe devant un peuple résigné, qui fait face à un régime de faussaire et d’innombrables lacunes dans la gouvernance.

Selon l’auteur, en 3 décennies, de fausses démocraties instaurées par le régime de feu maréchal Idriss Deby Itno, qui a réussi à corrompre les élites et à domestiquer une partie des médias, utilisés et dressés contre le peuple pour faire la propagande du régime.

Dans ce livre, l’auteur expose chapitre après chapitre, qu’il n’y a pas de justice ni de transparence au pays de Toumaï. Et deux expressions reviennent : une chimère et un slogan vide de sens. Pour le défenseur des droits humains, le défunt président Idriss Deby Itno apparaît aux yeux de ses compatriotes comme, quelqu’un dont la parole est instable. L’enfant de Mbikou, dans le Logone Oriental, estime aussi que le défunt Maréchal aimait gouverner avec des personnes dont il est sûr qu’elles lui doivent obéissance et soumission totale. 

Selon lui, pendant 3 décennies, les responsables politiques de toutes les provinces n’agissaient pas comme des hommes et des femmes au service de l’État, mais plutôt comme des employés au service des personnes influentes de notre pays. Et la conséquence de tout cela, la dignité et l’esprit de sacrifice ont disparu pour faire place à la traîtrise, la soumission et à la résignation. À son avis, les affaires publiques sont transformées en affaires privées, familiales et claniques.

Dobian Assingar pointe du doigt dans ce livre tous les complices de la dictature, de l’injustice, des massacres et des dérives sans distinction. « Je pointe du doigt le pouvoir qui corrompt, mais aussi certaines élites pour leur veulerie et leur flagornerie » dit-il. Pour l’écrivain et essayiste, lorsque l’on perd sa liberté de parole, l’on perd aussi son âme, pour ne pas dire sa raison d’être.

Après toutes ces critiques, il affirme que tout n’est pas du tout trop tard, il appelle à la prise de conscience. M. Assingar invite le Conseil militaire de la transition à prendre sa part dans ce combat, car il y a urgence pour sauver le Tchad. Selon lui, trop de sang et trop de morts dans notre pays pour rien. Alors il faut savoir arrêter à temps. « J’estime avoir fait ma part en donnant l’alerte en tant que citoyen, et j’invite les nouveaux dirigeants à faire la leur, sinon le temps me donnera raison ».

Jules Doukoundjé

Un incendie d’origine inconnue est survenu dans la nuit du 25 février 2022 au marché Faya dans le 2e arrondissement de N’Djamena. Tous les articles, meubles et denrées de première nécessité sont partis en fumée.Il y a une perte de vie humaine et un blessé grave transporté dans un hôpital de la place. Le délégué des commerçants de ce marché Mahamat Tahir Mahamat rencontré sur les lieux de l’incendie ce 26 février, estime la perte matérielle à environ un milliard de nos francs. Reportage.

Plusieurs personnes se sont précipitées ce matin au marché Faya de N’Djamena parti en fumée hier aux environs de 22h. Au moment de publier cet article, certaines marchandises continuent à brûler et les sapeurs-pompiers sont à pied-œuvre pour éteindre ce sinistre. La désolation est grande et se lit sur les visages des commerçants. La police nationale a quadrillé les entrées pour empêcher les intrus de s’infiltrer sur les lieux. Un coup dur pour les commerçants de ce marché tous désemparés.

De l’autre côté sous un hangar isolé se trouve un groupe des commerçants assis autour de leur délégué, M. Mahamat Tahir Mahamat. Répondant à nos questions, le délégué dit qu’il y a eu d’énormes dégâts matériels qu’il estime à environ 1 milliard de FCFA. M. Mahamat Tahir, affirme aussi qu’il y a  de perte en vie humaine. Il rapporte qu’un chauffeur de l’agence de voyages de Faya a été calciné et une personne grièvement brûlée transportée d’urgence dans un hôpital. Le délégué plaide lance un appel au gouvernement de leur venir en aide. Il estime aussi que ce marché est très encombré et sollicite que la commune du 2e arrondissement vienne faire le nettoyage. Mahamat Tahir confie qu’ils sont à peu près 120 commerçants à exercer leurs activités dans ce marché. C’est un marché, dit-il, ou tout se vend : les meubles meublants, du natron, des dattes, des jus, de l’or, etc.

À côté du marché Faya, se trouve un complexe scolaire privé dénommé « Espérance », une est victime collatérale. Cette école a subi aussi des dégâts matériels importants. Deux bureaux de l’administration et quatre salles de classe ont été atteints par la flamme. « Informés de la situation nous sommes venus très tôt ce matin pensant sauver les documents administratifs, mais hélas tout est consumé par le feu. Nous avons ainsi perdu nos archives. Compte tenu de la situation, nous avons suspendu les cours et demander à nos élèves de rentrer », dit M. Abdramane Miskine, un des administrateurs de cet établissement. Il assure qu’ils vont s’atteler dans les jours à venir pour reprendre les cours la semaine prochaine. Toutefois, M. Miskine, plaide auprès du ministère de tutelle de leur venir en aide.

On peut voir la fumée par endroit sur les lieux de l’incendie. Peut-être une enquête diligentée par les autorités publiques va permettre de clarifier l’origine réelle de cet incendie.

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

Le président du conseil militaire de la transition(PCMT), le général du corps d’armée Mahamat Idriss Deby a qualifié de laxiste la justice tchadienne.  Il a fait cette déclaration suite à la marche des magistrats pour demander plus de respect des droits humains.  La sortie du PCMT est diversement analysée par les juristes. Reportage.

Le président du conseil militaire de la transition, Mahamat Idriss Deby n’apprécie pas le travail des magistrats tchadiens. Le PCMT s’exprimait à propos de la sortie des magistrats tchadiens pour réclamer la justice et le respect des droits humains. Il a ainsi dénoncé le laxisme et la corruption qui gangrène la justice de son pays. Faisant allusion aux évènements qui ont endeuillé Abéché et Sandan, le général du corps d’armée a rappelé aux magistrats qui dénonçaient le manque de liberté de la justice que certaines personnes arrêtées et jugées ont été libérées par les magistrats. Le général Mahamat Idriss Deby avait évoqué que le problème de Sandanan à l’origine était un problème judiciaire mal géré. En dénonçant cette faille de la justice, le PCMT refuserait de porter seul la responsabilité des conflits qui ont endeuillé des communautés dans plusieurs provinces du pays.

Mais les propos du président du CMT qui est lui-même le premier magistrat sont qualifiés d’une fuite de responsabilité.

Pour le bâtonnier du Tchad, Me Djerandi Laguerre Dionro, la justice tchadienne n’arrive pas à assumer normalement sa mission qui est celle de veiller au respect du droit, au respect des lois par tous et aussi de préserver le droit de chacun. À propos de la corruption qui gangrène la justice, le bâtonnier souligne que ce n’est pas faux. Mais, il précise qu’on doit demander pourquoi la corruption continue à gangrener la justice tchadienne ? L’avocat se demande aussi pourquoi le corrompu et le corrupteur ne sont pas sanctionnés et continuent cette pratique. « Qu’est-ce que les autorités en charge font pour résoudre ce problème. Je pense que le PCMT lui-même le sait. Il faut une indépendance réelle de la justice », propose Me Djerandi Laguerre Dionro.

Le responsable du barreau tchadien suggère que l’État améliore les conditions de travail des magistrats en augmentant par exemple leur salaire et les conditions matérielles. Il exhorte le PCMT à prendre à bras le corps ce problème. Me Laguerre interpelle le PCMT en tant que premier magistrat président du conseil supérieur de la magistrature de poser des actes concrets. Il évoque également les représentants de l’État dans les provinces qui ne laissent pas les magistrats faire leur travail. Selon lui, ces commandants, préfets et gouverneurs qui ne comprennent rien de l’indépendance de la justice font à leur tête. Le bâtonnier estime que le problème de la justice est à différents niveaux, il faut nommer les magistrats compétents et d’une certaine probité morale et faire respecter l’ancienneté des magistrats.

Dans le même registre, l’ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, le professeur Ahmat Mahamat Hassan rappelle que le PCMT a effectivement dit que certains magistrats seraient corrompus en évoquant le problème de Sandanan. Le prof Ahmat Mahamat Hassan souligne que le président a dit que le problème de Sandanan était au début un problème judiciaire mal géré. Selon lui, la déclaration du PCMT décrit certaines réalités du corps judiciaire. À son avis, ses propos ne devraient pas surprendre les magistrats. Tout le monde sait les magistrats sont corrompus. Selon l’ancien ministre de la Justice, la corruption est à tous les niveaux, dans les tribunaux et les cours d’appel. Le Prof Ahmat Mahamat Hassan explique qu’il y a un divorce net entre la population et les acteurs judiciaires, cela depuis des années. Pour lui, il y a des intermédiaires judiciaires, des influences politiques, des interférences des politiques dans le judiciaire. L’enseignant chercheur a l’impression qu’au Tchad tout se règle à coup d’argent. Il note que la République et les lois sont mises de côté par les citoyens et l’État.

Jules Doukoundjé  

Le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la promotion de l’Entrepreneuriat sort de son silence suite à la revendication des cadres qui dénoncent ce qu’ils appellent « les nominations fantaisistes » de leur ministre. Un communiqué de presse a été signé par, M. Mahamat Bokhit Digui, directeur adjoint de la communication, des Études, de la Planification et de la Coopération, le 23 février 2022 évoque que le syndicat refuse de dialoguer. Le SG du syndicat M. Netel Mianwodjim rencontré, ce 25 février dans son bureau, rejette cette allégation. Reportage.

M. Mahamat Bokhit Digui est directeur adjoint de la communication, des Études, de la Planification et de la Coopération du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la promotion de l’Entrepreneuriat. Il a signé le 23 février un communiqué de presse affirmant que les cadres en grève refusent de dialoguer. Cela malgré les efforts consentis par le ministère pour juguler cette crise en proposant de pistes de solutions, au cours de différentes rencontres avec le bureau de SACJS. Il rappelle dans ce document ces propositions : création de cadre d’échange mutuel, audit des CV et reconstitution des bases de données. Le ministère estime qu’il faut scruter avec diligence, l’intention du syndicat invoquant l’annulation des actes pris.

Dans ce communiqué signé par Mahamat Bokhit Digui, les nominations relèvent du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’État. Les postes spécifiques, dit-il, (les membres du Cabinet, les secrétariats généraux, les inspections générales) sont régis par des textes spéciaux (décrets : 173, 172 de 2018 et 18 de 2021). Il en est de même des nominations concernant les organismes sous tutelle, a-t-il ajouté. D’après le directeur de telles nominations sont aussi régies par des textes spéciaux qui ne prévoient pas la nomination absolue du personnel du ministère. Pour la question relative à l’Institut national de la Jeunesse et des Sports(INJS), le communiqué soutient que grâce aux efforts du ministère, l’institution est entrée dans le système Licence-Master-Doctorat(LMD) en privilégiant les cadres en exercice. Le communiqué précise que 500 jeunes lauréats qui ont été récemment intégrés sont au service du pays. Pour le ministère, l’INJS ne forme pas des juristes, des économistes, des informaticiens, etc. Ceux-là, poursuit le ministère, ne peuvent que faire l’objet de recrutements spécifiques. « Aucune disposition n’interdit aux Tchadiens d’occuper un poste de délégué provincial dans un ministère s’il a les compétences requises », dit le document. Le ministère justifie que la direction générale de l’entrepreneuriat et de l’emploi-jeune émane de la vision du Chef de l’État et du gouvernement de transition. C’était pour répondre à l’épineuse question de l’emploi des jeunes. Mahamat Bokhit Digui écrit dans le communiqué que l’expertise en deçà de niveau souhaité nécessite un renforcement. C’est ce qui justifie cette sollicitation de compétences externes nationales. Le ministère réaffirme sa volonté de dialoguer et compte sur un examen de conscience du syndicat et des cadres.  il demande aux grévistes de reprendre le chemin du travail. Le ministère invite aussi le syndicat à faire de propositions dans le sens d’amélioration de conditions de travail et qui prennent en compte les aspirations de la jeunesse.

Pour le SGA de la Section académique de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, M. Netel Mianwodjim, le communiqué de presse du ministère prête à confusion. Selon lui, le ministre veut les traîner sur un terrain confus, mais il reste dans leur logique. « Notre revendication est technique et professionnelle. Je réponds au ministre que nous avons eu trois rencontres. Ce qui suppose que nous n’avons pas refusé de dialoguer. Seulement, nous n’avançons pas sur les points de discussion. Nous pensons que le ministre néglige les cadres du ministère », dit M. Netel. Le SG affirme que les cadres n’entrent pas dans la logique politique, ils sont dans un cadre administratif et veulent que les cadres de ce département soient valorisés. Il informe qu’ils vont évaluer leur grève demain à travers une assemblée générale. Une occasion de dévoiler le contenu du communiqué de presse du ministère à la base. La décision viendra de la base, toutefois nous restons toujours ouverts au dialogue, dit-il.

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

Au quartier Karkandjié dans la commune du 8e arrondissement se trouve une usine de fabrication artisanale des marmites. Cette usine produit chaque jour une quantité importante de marmites vendues sur les marchés. L’activité permet aux ouvriers de l’usine de joindre les bouts du mois. Ialtchad Presse est allé à la découverte de cette usine. Reportage.

C’est une véritable industrie de fabrication de marmite qui est installée dans ce quartier. L’usine est visible à 50 m par la montée de la fumée qu’elle dégage de son toit. C’est dans un espace d’environ 10 m de long et 5 m de large que l’entreprise est installée. Cet espace est occupé à 80% par du sable noir qui sert à donner la forme à la marmite. Presque tout tourne autour de ce sable noir. D’un côté traînent des matériels de travail comme les moules, les pelles, cuillères d’un côté. De l’autre côté, un fut rempli d’huile de moteur des véhicules et motos déjà utilisé. Cette huile sert à faire marcher le moteur de la machine qui fait le mélange des matériaux de fabrication.

L’usine fabrique tous les numéros des marmites. La fumée que dégage l’usine a rendu les employés encore plus noirs. On dirait des travailleurs de mine à charbon. C’est le cas d’Idriss Oumar Idriss ,43 ans. Il est le doyen de l’atelier. Il y travaille depuis 23 ans . Il parle peu et travaille beaucoup. Moule en main, Idriss dessine la forme de la marmite à fabriquer. « Nous fabriquons les marmites par commande ou pour ravitailler les marchés. On peut produire 20 à 30 marmites par jour. Tout dépend des commandes. C’est une activité que nous ont léguée nos parents », explique Idriss. Il apporte des précisions sur  la provenance des matériaux de fabrication des marmites. Selon lui, ce sont des femmes qui leur fournissent de vieilles marmites trouées. Les pièces des véhicules, des motos et tout objet en aluminium est aussi utiles pour la fabrication.

Au total 15 employés font tourner l’entreprise au quotidien. Ils sont également payés par jour et selon le rendement. Les employés rentrent avec 2500 voire 3500 par jour. Autrement dit, rien n’est prévu pour un ouvrier malade ou qui a un cas social. Ils parviennent à joindre les deux bouts avec cette recette. Idriss Oumar affirme qu’il ne se plaint pas. « Je gère ma famille avec le peu que je gagne . Tout est une question d’organisation. Aux jeunes qui aiment qu’on leur présente tout dans un plat, je leur demande de se battre. La vie n’a jamais été facile », affirme-t-il. Il réitère son amour pour le métier qu’il exerce. Selon lui, quand tu aimes ce que tu fais, tu vas toujours gagner dignement ta vie. C’est mieux que d’aller voler, a-t-il ajouté. M. Idriss déplore enfin l’attitude de la Mairie qui les harcèle en les arnaquant tous les jours. « La mairie nous prend 2000 à 2500 FCFA tous les jours sans nous donner un petit bout de papier. Je ne sais pas où va l’argent. Les autorités nous demandent d’entreprendre, mais la mairie ne cesse de nous escroquer. Comment va-t-on développer notre entreprise avec ce comportement », s’interroge-t-il ?

Kouladoum Mireille Modestine

La société industrielle des matériels agricoles et Assemblage des tracteurs(SIMATRAC) et le lycée d’Enseignement Technique industriel de N’Djaména (LETIN) ont désormais la même vision. Les deux entités ont signé un partenariat ce 23 février 2022 dans les locaux de la SIMATRAC au quartier industriel de Farcha. Une convention d’une durée de 3 ans avec d’importants enjeux. Reportage.

Un premier du genre dans l’histoire du lycée d’Enseignement technique de N’Djamena (LETIN). L’établissement vient de signer un partenariat avec la société SIMATRAC qui assemble toutes les machines agricoles comme les tracteurs et autres engins agricoles. Selon M. Jean-Michel Djerané, Directeur général de la SIMATRAC, cette convention bilatérale entre dans le cadre de la politique du gouvernement de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Il rappelle la mission de la SIMATRAC qui consiste à doter les agriculteurs en matériels et accessoires agricoles en vue de la mécanisation et la modernisation de l’agriculture tchadienne. Le DG soutient qu’il ne sert à rien de disposer des engins sans une unité opérationnelle. À son avis, il faut une formation, un entretien et surtout la réparation dans les pôles à hautes rentabilités agricoles.

Le DG du SIMATRAC affirme que cet accord mise sur une formation initiale et continue du LETIN afin de fournir une main d’œuvre de qualité, performante et compétitive. Il soutient aussi que cet établissement investi d’une mission de service public est un véritable cadre d’excellence en formation professionnelle. Pour M. Jean-Michel, c’est une négociation entre deux institutions. Les deux partenaires visent une synergie d’actions afin de susciter une nouvelle initiative dans une ouverture réciproque. « Désormais la SIMATRAC ouvrira grandement les portes de ses ateliers aux élèves du LETIN pour approfondir leur pratique. Le personnel de la SIMATRAC bénéficiera également de formation continue », dit le DG.

M. Jean-Michel Djerané, « qui veut aller loin ménage sa monture. » Le technicien précise que c’est le fruit issu de cette convention qui sera le cheval de prédilection des partenaires (SIMATRAC-LETIN). « La SIMATRAC a besoin des techniciens qualifiés pour sa chaîne de production », affirme le DG. Il évoque également les besoins de sa société en ressources humaines efficaces et efficientes. Seul gage d’une mécanisation et une modernisation réussies de notre agriculture pouvant induire l’autosuffisance alimentaire, dit-il.

Selon le proviseur du LETIN Temoua Habmon, ce partenariat a pour objet de fédérer les énergies de ces deux institutions pour en faire une énergie composite. « Je me réjouis que nous partageons la même conviction avec le jeune Directeur général de la SIMATRAC. Il a très vite compris tout intérêt et les intérêts et les enjeux de l’heure », dit le proviseur.  M. Temoua Habmon, souligne que la mise en œuvre de la convention va permettre à LETIN de réaliser sa mission conformément à la loi 16 (article 12) portant orientation du système éducatif au Tchad. Il assure que cet accord va contribuer aussi à la diversification des offres de formation avec des thématiques nouvelles. Ces formations se feront suivant les besoins de la SIMATRAC. Le proviseur du LETIN rassure son partenaire que son institution va s’investir pour répondre aux attentes de cette convention.

Selon le proviseur, c’est un protocole axé sur trois points : la formation, le recrutement et la communication. La SIMATRAC s’engage à accueillir nos élèves en stage, à recruter nos meilleurs élèves, à mettre certaines machines à notre disposition pour les travaux pratiques, précise-t-il.

Moyalbaye Nadjasna

Le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable Mahamat Ahmat Lazina, accompagné du commandant de la garde forestière et d’une forte délégation de son département ont sillonné plusieurs marchés de N’Djamena, la capitale tchadienne, pour saisir le charbon du bois vendu illégalement. Cette saisie a fait réagir plusieurs vendeuses de charbons qui ne vivent que de ce commerce. Reportage.

La vente du charbon de bois est interdite sur toute l’étendue du territoire national depuis presque 10 ans. Mais ces dernières années, cette loi interdisant la vente du charbon de bois ne semble pas être respectée. Dans les marchés de la capitale tchadienne, on constate au vu et au su de tout le monde, cette vente. La vente du charbon de bois semble être l’une des affaires les plus lucratives sur les marchés. Certains commerçants et surtout les personnes handicapées avec leurs motos tricycles vont chercher du charbon de bois à Kousseri, de l’autre rive du fleuve Logone au Cameroun pour le revendre dans les marchés de N’Djamena. Certains pratiquent la coupe illégale dans les alentours de la capitale, mais aussi dans les provinces pour apporter à N’Djamena.

Mais pour mettre fin à cette pratique illicite et illégale, le ministre tutelle, accompagné d’une forte délégation sont allés dans les marchés de la capitale tchadienne pour saisir du charbon.

Pour le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina, la vente du charbon de bois est interdite par une loi. Il faut que les gens prennent conscience et changent de comportement. Il exhorte les femmes vendeuses de charbon de bois à arrêter cette activité et d’investir d’autres secteurs d’activités. « Nous sommes aujourd’hui responsables de la destruction de l’environnement et l’histoire nous rattrapera. Tout doit s’arrêter, car nous faisons face à l’avancée du désert et de changements climatiques », a affirmé le ministre de l’Environnement. À son avis, la protection de l’environnement doit être l’affaire de tous les Tchadiens.

D’après M. Mahamat Ahmat Lazina, tous ceux qui croient défier l’autorité de l’État doivent cesser. Sinon, ils risquent de se retrouver en prison. Il promet de mener une guerre sans merci pour retrouver ceux qui s’adonnent à la coupe abusive de bois pour en faire du charbon.

Mais cette sortie musclée et inattendue n’a pas du tout été du goût des femmes vendeuses qui qualifient la sortie du ministre Lazina d’hasardeuse. Elles estiment, être victimes d’une machination politique visant à plaire ses supérieurs. Les femmes vendeuses de charbon de bois rencontrées dans quelques marchés de la capitale affirment qu’elles achètent le charbon de bois chez les personnes handicapées qui s’adonnent au trafic de cette source d’énergie de façon légale à Kousseri aux vues et au su des autorités frontalières.

Pour cette femme handicapée qui vend du charbon de bois depuis 5 ans, c’est grâce à cette activité qu’elle élève seule ces 7 enfants. Elle ajoute qu’avec son tricycle, elle va chaque matin à Kousseri au Cameroun pour se procurer du charbon de bois. Toujours selon elle, c’est grâce à la vente de charbon de bois qu’elle parvient à payer son loyer et à inscrire ses enfants à l’école. Selon elle, si le ministre doit lutter contre la désertification, il doit plutôt instruire les agents des eaux et forêts qui sont dans la plupart corrompus de bien contrôler ceux qui coupent des arbres pour en faire du charbon de bois. Elle souligne que les vendeuses du charbon de bois ne sont qu’un maillon faible de la chaîne et qu’elles sont victimes de la loi du plus fort.  Même argument chez cette vendeuse rencontrée au marché d’ardepdjoumbal, appelé communément « marché Ndombolo ». Elle affirme que les éléments du ministre de l’Environnement ont saisi ses sacs de charbon hier mercredi. Sous couvert de l’anonymat, elle explique qu’elle a fait face au ministre Lazina et lui a dit ses quatre vérités. Selon elle, les vendeuses de charbon de bois ne sont pour rien. Elle promet de continuer cette activité, car dit-elle, c’est de cette vente qu’elle vit.

Après le tour dans les marchés de N’Djamena, le ministre de l’Environnement a aussi fait une descente surprise dans la nuit du 23 au 24 février dans la province du Chari-Baguirmi. Cette sortie surprise a permis au ministre et sa délégation de saisir plusieurs camions transportant du charbon de bois et de bois verts.

Jules Doukoundjé

Le président du Conseil militaire de la Transition (PCMT), le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby a dit le contraire du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah qui affirmait que les déclarations audio du chef rebelle Timane Erdimi suffisaient pour l’exclure du pré-dialogue de Doha. Le PCMT a tranché en affirmant que personne ne doit être exclu au prochain dialogue national inclusif (DNI). Reportage.

Le président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby prend le contre-pied de son ministre de la communication porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah. Dans un entretien accordé à la télévision nationale, le PCMT a clairement affirmé que personne ne doit être exclu au prochain DNI. Par cette sortie, le président a pris le contre-pied de son porte-parole, Abderaman Koulamallah.

La semaine dernière, le ministre de la Communication avait déclaré que le chef rebelle Timane Erdimi, en cherchant à coopérer avec le groupe paramilitaire russe Wagner s’est auto-exclu du pré-dialogue des politico-militaires, prévu pour le dimanche 27 février prochain. Le PCMT est sorti de son silence pour non seulement recadrer son ministre qui semble avoir parlé sans l’aval de sa hiérarchie, mais a affirmé que le pré-dialogue avec les politico-militaires à Doha au Qatar aura bien lieu le 27 février.

Pour le professeur Ahamat Mahamat Hassan, ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux et ancien recteur de l’université d’Abéché, la réponse du gouvernement ne devrait pas être de la sorte. Selon le juriste, c’était une réaction à « la va vite », et passionnelle. « Un gouvernement n’a pas les mêmes réactions par rapport à un politico-militaire ou un parti politique. Un gouvernement a la gestion de la nation en main, donc il doit être posé », dit le professeur Ahamat Mahamat Hassan. L’ancien ministre indique que c’est le gouvernement qui a lui-même opté, après la disparition brutale du président Idriss Deby Itno, pour un dialogue inclusif. Pour l’analyste, l’assise même de la légitimation du Conseil militaire de la transition (CMT), est le DNI qu’il a annoncé dès son installation au pouvoir. Ahamat Mahamat Hassan souligne que le mot « dialogue inclusif » veut dire « pas d’exclusion ». A son avis, le gouvernement, quelle qu’en soit la déclaration de Timan Erdimi, devrait dans sa logique continuer à prôner le dialogue. Il explique que c’est depuis une vingtaine d’années que M. Timane Erdimi cherche le pouvoir par tous les moyens. Il note aussi que cela ne devrait pas surprendre le gouvernement.  L’analyste estime que le porte-parole du gouvernement n’a pas bien réagi et le PCMT lui-même a recadré le ministre. Selon lui, ce travail devrait être fait par le Premier ministre qui n’a pas parlé. L’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux affirme que par rapport au recadrage du PCMT, Timane Erdimi a écrit un communiqué pour exprimer son souhait de participer au dialogue de Doha. Le politologue indique que, le chef rebelle, malgré sa position, réitère son désir ardent de participer au dialogue qui est d’ailleurs ouvert à tous les politico-militaires. L’enseignant chercheur reconnaît que les choses sont en train de se rétablir pour donner priorité au dialogue. Il précise que c’est sur la base du dialogue national inclusif que le CMT est accepté.

Jules Doukoundjé

 

La coopérative des fleuristes « Stop désert », située à côté de l’Institut Français du Tchad, à N’Djamena, dans le 3e arrondissement, menacée de déguerpissement le 17 décembre 2021 bénéficie de la clémence de la Mairie centrale. Instruits à quitter les lieux par une ordonnance judiciaire au profit d’un particulier détenteur d’un titre foncier, ils continuent d’exercer en attendant une éventuelle autorisation. Ialtchad Presse est reparti sur les lieux ce 23 février 2022 rencontrer le secrétaire général des fleuristes Bagargué Oueina Dabei. Reportage.

23 février 2022, il est 11heures sur le site de la coopérative des fleuristes. Tout est calme, les fleuristes vaquent à leurs occupations. Les uns arrosent les fleurs, les autres préparent les pots de fleurs remplis de terre sélectionnée. M. Bagargué Oueina Dabei est assis. Il est Secrétaire General des fleuristes. « Aucun problème n’est survenu encore depuis la menace de déguerpissement par ordonnance judiciaire du 17 décembre 2021 brandit par un particulier détenteur d’un titre foncier. Nous travaillons, pour l’instant, normalement, sur instructions du maire de la ville de N’Djamena » affirme, le SG.  Suite à ce problème dit-il, le Maire était venu rencontrer les membres de la coopérative. Après concertation, il leur avait demandé de rester. M. Bagargué Oueina Dabei soutient que la mairie a assuré qu’elle va traiter le problème à son niveau. « Le maire nous a toutefois instruit d’adresser une correspondance au ministre de la Justice. Chose faite donc notre correspondance est au niveau du ministère de la Justice pour examen avant toute éventuelle autorisation si possible » dit le SG des fleuristes.

Pour l’instant, les fleuristes travaillent sur la recommandation verbale du maire de la ville de N’Djamena, sans aucune autorisation selon M. Bagargué Oueina Dabei. Il soutient que ce qui a été détruit et constaté par le maire le 17 décembre dernier est déjà remis à sa place. Selon les fleuristes, la mairie entend transformer ce lieu en un lieu d’activité publique.

Il faut rappeler que les fleuristes membres de la coopérative « stop désert » ont étés installés à cet endroit depuis 2000, par la Mairie de N’Djamena. Ils ont un million et demi de plants. Le terrain a été vendu à un commerçant qui veut faire un parc de vente d’automobiles. L’affaire a été traduite en justice 2 fois avec 2 acquéreurs différents. Le premier procès avait été gagné par les fleuristes, mais ils en ont perdu le second au profit d’un de deux acquéreurs. C’est ce qui a entraîné, le propriétaire, à brandir une ordonnance judiciaire demandant aux fleuristes de vider les lieux. La coopérative « Stop-désert » a 250 membres.

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

  1. Arts & Culture
  2. Musique
  3. Mode-Beauté

-Vos Annonces sur le site Ialtchad Presse-

  1. Divertissement
  2. Sports
  3. Mon Pays