En suivant docilement les reportages de la TéléTchad sur la cérémonie de signature de l’Accord politique entre l’opposition civile et la mouvance présidentielle au Palais Rose, surtout le discours du président Alingué Jean Bawoyeu de la CPDC et les itw d’autres barons, je n’ai pu m’empêcher de replonger dans l’Histoire passée de notre pays. Ce n’est pas une réaction volontaire mais un réflexe exprimant les séquelles de traumatismes cumulés du fait d’être une victime de cette Histoire tchadienne. Je me suis retrouvé plongé dans les images des années 85.

En effet, il y une vingtaine d’années (qui passent pour deux ans à peine de surplace !), le président Hissène Habré venait de gagner la bataille diplomatique reconnaissant sa lutte pour la défense du principe sacré de la défense de l’Intégrité Territoriale du Tchad. Les conséquences étaient alors évidentes : les différents groupes politiques en exil (Brazzaville, France, Bénin, etc.) opposés à Hissène Habré, n’avaient d’autres choix que de « regagner le bercail » et de participer à l’exercice du pouvoir de l’époque, sans condition. Le président Alingué (suivi du général Kamougué et d’autres barons) était l’un des leaders de ce mouvement de « réconciliation nationale » qui ramena la plus grande partie des barons des régimes précédents et de nouveaux loups au pays. Ce revirement historique important contraint les derniers groupes politico-militaires actifs de la zone sous occupation étrangère, de rallier à leur tour les FANT (Forces Armées Nationales Tchadiennes). Le général Oki Dagache convoya la colonne FAP (Forces Armées Populaires) du défunt GUNT (Gouvernement d’Union Nationale de Transition), sur les instructions du président Goukouni Oueddey. Avec ce sursaut patriotique, les tchadiens marqueront d’une pierre blanche leur seule vraie victoire nationale collective, pour la défense de l’Intégrité Territoriale, au cours de l’année 1987.

Le président Alingué put alors sillonner le pays pour proposer au référendum la Constitution de 1989, ayant donné lieu à des élections législatives correctes mais dont les élus n’auront eu droit qu’à moins de trois mois d’existence. Le 1er décembre 1990 rappela tout le monde à d’autres réalités bafouées de l’Histoire. Ce jour-là, le monde découvrit avec horreur la face cachée du pays, à travers les rescapés de la sinistre DDS. Le Dr Gali N’Gothé, le syndicaliste Younous Mahadjir et d’autres survivants pourraient mieux en parler. Or, la commission d’enquête du juriste Mahamat Hassane Abakar pu établir, dans ses archives non publiées, l’identité, la date d’arrestation, la date probable de disparition et la cause de mort de près d’un millier de tchadiens par la DDS au cours de cette seule année 1986 où la plupart des barons de l’opposition au régime de Hissène Habré avaient regagné « le bercail ». N’eusse été le surcroît de travail demandé par une telle démarche journalistique, les extraits des discours du président Alingué ou du général Kamougué à l’époque diffèrent peu de ceux qu’ils tiennent encore aujourd’hui. L’élément le plus notoire est d’annoncer, à chaque fois, que « tout va bien désormais et la paix est de retour au pays pour de bon !». La suite, bien sûr, n’est souvent que plaisanterie de mauvais goût.

Par exemple, sitôt l’Espérance renaissait en 1987, les « réalités tchadiennes » gravées dans les caractères et les logiques personnelles des acteurs politiques reprirent le dessus. Après les « sudistes » en 1984 et les groupes « hadjeraï », les Béri (Zaghawa et Bidéyat) allaient, à leur tour, subir une répression féroce des FANT et de la DDS réunies, au cours de laquelle rien que le clan Itno perdit près d’une centaine de ses membres. La satisfaction du président Alingué, à la tête de la toute nouvelle assemblée nationale, sera de courte durée, car cette seule réalité suffira à mettre un terme à la fiesta politique à N’djaména le 1er décembre 1990.

Pourquoi rappeler tout ça ? Entre 1986 et 2007, une nouvelle génération est née et réclame aujourd’hui sa place. Elle fait au moins 60% de la population tchadienne. La génération des jeunes qui fuirent leurs maisons voire leur pays en 1979 (et laquelle j’appartiens) n’a toujours pas trouvé la paix et la tranquillité promise par la seule génération des acteurs qui animèrent les négociations et la signature de l’Accord susmentionnée. D’autres compatriotes attendent à Hadjer Marfaïne un signe des temps pour se décider s’il faille venir à N’Djaména dans un vol Toumaï ou en Toyota. C’est beaucoup trop de choses à la fois ! S’il fallait revenir à l’expérience de la DCP (Démocratie Consensuelle et Participative) ayant accouché le cadre légal que contestent aujourd’hui ses propres géniteurs et promoteurs d’alors ? Deux générations bloquées à cause d’une seule, cette surpression ne tardera pas à exploser un de ces jours, et comment ? Dieu seul le sait !

J’avais cru entendre le président Alingué mettre en garde, dans son discours, ceux qui dénigrent déjà cet accord négocié au frais et en vase clos dans les grands hôtels de la capitale. Peut-être un coup de pied à M. Yorongar ? Qu’il aie au moins l’amabilité de reconnaître à une frange importante de son peuple la légitimité du réflexe de prudence et de scepticisme, après tant de mirages ? Je ne me donnerai pas la peine de décortiquer les failles de cet énième « accord historique » arrosé par de larges sourires au Palais Rose. Car, comme le disait subtilement M. Mahamat Hissène à l’occasion, « mieux vaut encore ça que rien ! ». En attendant aussi le cocktail que produira la combinaison avec la démarche du groupe du président Goukouni et d’autres. Cependant, comme les N’Djaménois l’ont démontré lors de la panique du 22 mars puis du calme olympien du 13 avril 2006, plus personne n’entend fuir sa baraque quand les faces cachées des acteurs tenteraient de produire des évènements contraires à la logique de la paix.

Parce que, pour arriver à l’échéance fixée de 2009, après que les acteurs politiques se seront renfloués avec les revenus pétroliers, il y aura mieux que la question du vote, celles du vécu quotidien des tchadiens face aux injustices, aux discriminations régionales, à la violence et à l’impunité, à la corruption massive et à la gabegie financière, etc., toutes choses qui préoccupent prioritairement l’écrasante majorité des tchadiens.

Il y a deux générations qui s’identifient comme les victimes réelles des actes posés jusqu’ici par leurs aînés. Au-delà de l’imperfection des papiers signés avec de larges sourires, ce que ces jeunes tchadiens de tous les bords veulent pour se convaincre, c’est de constater que ces fois-ci, ce sont les bonnes fois où les acteurs politiques tchadiens sont de bonne foi ! Ils n’auront pas une autre occasion pour se moquer encore des gens ! Car nous savons tous que c’est la volonté réelle des uns et des autres qui fera que, avec ou sans accord, la paix devienne une réalité définitive dans notre pays, avec pour fondement la justice, la tolérance et l’équité.

Enoch DJONDANG

S’il fallait matérialiser les rumeurs du gros village de N’Djaména en évènements réels, il y a longtemps que nous aurions ravi la vedette à Sadr City, le quartier rebelle de Bagdad ! En effet, les tchadiens ont cette prétention de produire de l’eau fraîche dans des récipients posés sur des braises ardentes. Ces derniers temps, les contradictions récurrentes de la vie publique nationale ont quitté les sentiers du maquis (la fameuse montagne aux hyènes Hadjer Marfaïne) pour converger vers la capitale, à l’occasion des signatures d’accords dits « classiques » avec les politico-militaires (spécificité tchadienne) d’une part, et de l’accord « historique » avec l’opposition civile. Deux visions toujours divergentes des symboliques de l’Etat tchadien.

1) La première catégorie d’accords baptisés par l’un des grands ministres ‘accords classiques’, c'est-à-dire sans concession sur l’essentiel, devrait permettre à des groupes tribaux armés du Nord et du Nord-Est, de revenir en force dans la gestion du pays, aux côtés du pouvoir actuel. Un retour possible, dans la mesure où ces groupes répondent de la même philosophie de l’Etat et de la république que tous ceux qui se sont succédé depuis une vingtaine d’années à N’Djaména. Une fois de plus, leurs combattants issus pour la plupart des mêmes souches régionales que leurs chefs, viendront grossir le nombre de gradés et autres intrus de l’armée, aux frais du trésor public. Le défi pour le pouvoir en place, consisterait à les contenir, pour éviter qu’ils ne deviennent à l’intérieur de la grande muette, le levier par lequel le pire arrive un jour. Aucun « politico-militaire » rentré au bercail, n’a été capable, depuis décembre 1990, de se muer en parti politique civil, pourquoi ?

Quant aux chefs, rien de mieux que de se retrouver gratifiés des traitements pompeux de leurs nouveaux grades dont ils savent pertinemment qu’ils n’ont court que dans un pays anormal. Ces grades qui permettent, par ailleurs, grâce à une certaine idée biscornue de l’amnistie et de la récompense du guerrier, de se livrer à toutes sortes de trafics illicites, des coupeurs de routes aux vrais faux commerçants et fournisseurs de l’administration. Pour d’autres, il y a l’appât que représentent la quarantaine de postes de gouverneurs et adjoints, la centaine de postes de préfets et adjoints, le demi-millier de postes de sous-préfets et adjoints, auxquels il faut ajouter le poste très prisé de commandant de brigade et celui de brigadier de douane. Les quelques intellos têtes de file pourront aussi prétendre aux postes juteux de gestionnaires de projets et des administrations. Difficile, avec de telles contraintes persistantes, quelle que soit la volonté politique affichée, de mettre en œuvre les recommandations des états généraux de l’Armée et ceux de la Justice !

Le casse-tête pour le pouvoir sera toute la gymnastique à mettre en œuvre pour faire passer la pilule des nominations face aux susceptibilités de l’opinion publique et aux murmures des partenaires extérieurs, tous devant comprendre que « la paix n’a pas de prix », que nous devrions passer par cette énième déviance historique pour « apaiser » le climat général à travers le pays ! Sans oublier qu’il y a les inamovibles qui n’accepteront à aucun prix de faire la place aux nouveaux prétendants, au risque de menacer d’aller à leur tour rejoindre les dernières hyènes dans les grottes de l’Est et du Tibesti, armes et bagages. Ils détiennent la bonne carte routière du pays qui permet de voyager en toute saison et en toute sécurité en convois armés vers ces sanctuaires de toujours. La bonne gouvernance et la lutte farouche contre la pauvreté des masses populaires peuvent attendre le siècle prochain ?

Notre histoire récente nous a démontré que la guéguerre tchadienne est motivée par la volonté de certaines composantes de s’accaparer de l’Etat et de le gérer comme un patrimoine privé. Depuis que les exceptions à la règle écrite (la loi), les distorsions justifiées par la logique du plus fort, l’impunité et la complicité active des parrains extérieurs dans le pourrissement de la conjoncture politique, ont renversé complètement les valeurs et les vertus, chacun se dit que le Tchad, c’est à prendre ou à laisser à l’autre ! La difficulté d’arriver à la paix durable ne se trouve pas dans les modes de négociation, ‘inclusif ‘, ‘exclusif’ ou ‘séparé’, mais plutôt dans cette vision rétrograde de l’Etat et de la république qui a court malheureusement chez les acteurs les plus « puissants » de la scène publique. Quoiqu’on fasse, les déceptions et les drames futurs des tchadiens viendront d’abord d’eux !

2) La seconde catégorie, les partis politiques signataires de l’accord du 13 août 2007, devront trouver leur voie dans les cafouillages créés par les premiers, les seigneurs de guerre. En effet, sans armes, sans être assurés du soutien actif de leurs militants - qui ne descendront jamais dans la rue pour eux (aussi bien par peur de mourir que par manque de confiance et de conscience)-, et dans la limite des interventions des diplomates en leur faveur, on voit mal comment les rapports de force leur seront favorables durablement. Les politico-militaires ayant conclu des accords « classiques » avec le pouvoir en place, n’ont pas explicitement marqué leur adhésion totale et sans réserve à la règle du suffrage universel, en d’autres termes à l’accord du 13 août 2007 qui reste – somme toute – la meilleure référence politique positive du moment. Ce qui signifie que l’application intégrale des accords mettrait en conflit ouvert les uns avec les autres, c’est évident ! Les intérêts et la vision de la république sont diamétralement opposés entre les deux catégories.

L’un des points clés de l’accord du 13 août stipule que l’administration territoriale, instrument fondamental de la bonne gouvernance, devra être totalement démilitarisée et assainie : voilà l’un des points d’éclatement de la coalition gouvernementale hybride à venir ! En effet, personne n’est allé au maquis par amour pour le Tchad, sinon que pour lui-même et les siens, vérité reconnue et affirmée publiquement par l’un des « grands ministres » négociateurs. Alors, que va-t-on faire de tous ces nouveaux et anciens « colonels » de la réconciliation, pour beaucoup analphabètes et encore jeunes ? Où va-t-on les caser ? L’opposition civile aura-t-elle le courage de s’assumer totalement sur ce point de la gestion commune transitoire avec le pouvoir en place ? Avec quels moyens de dissuasion ? A voir…

Un autre point d’achoppement en vue sera l’application intégrale des clauses de l’accord du 13 août 2007 concernant les recensements prévus. Comment les données fournies par un tel recensement ne seraient pas utilisées par certains groupes politiques radicaux pour complètement démaquiller la « légitimité » des scrutins précédents de l’ère démocratique ? Les thuriféraires du parti MPS n’ont pas pris la précaution de faire mentionner –sauf erreur de notre part – dans l’accord du 13 août 2007 – la non rétroactivité de la portée de tels recensements sur la période antérieure à l’accord ? Au contraire de la précaution d’amnistie que tous les aventuriers se dépêchent d’obtenir avant de rentrer au bercail, pour rééditer en toute tranquillité leurs anciens forfaits ? Nous évoquons ce point parce que la perversité et la versatilité de notre élite sont devenues chroniques, et le risque de poignarder dans le dos au premier couac n’est pas de la simple imagination.

Un point concomitant au précédent est la capacité, pour le parti MPS, de payer son tribut à la paix, en allant à des élections « propres », au risque de les perdre éventuellement. En effet, l’application intégrale de l’accord du 13 août 2007 implique un changement de comportement de tous les acteurs électoraux, de la « majorité » présidentielle comme de l’opposition. Car si les conditions étaient vraiment réunies avec cet accord dans quelques mois, aucun d’eux ne trouvera d’argument ni pour boycotter, ni pour tricher moins encore pour contester. Des processus de réforme interne aux partis politiques de tout bord sont inévitables pour les rendre réellement démocratiques, plus dynamiques, plus ancrés dans la réalité des aspirations populaires, capables de proposer et de rassembler au-delà du « fief naturel » de leurs leaders. Ce qui devrait aussi réduire à quatre ou cinq les blocs politiques représentatifs, en lieu et place d’une centaine de partis autorisés, se croyant investis du pouvoir d’engager le peuple sans en avoir été mandatés. Quand on sait l’incapacité de nos leaders de s’entendre durablement et de se surpasser, il faut s’attendre à ce que la transparence électorale consacre et confirme les profonds clivages et antagonismes régionaux. Ce ne sera que partie remise, en attendant une nouvelle génération qui fera l’unité des tchadiens.

Deux visions antagonistes irréconciliables du Tchad, le politico-militaire et le politico civil risqueraient d’entraîner le peuple traumatisé et abusé du pays du troglodyte Toumaï à sa ruine définitive dans les mois à venir. Pour les uns, il est très évident que le politico-militaire n’est qu’un savant business macabre avec ses dégâts, ses victimes par milliers, sa rapacité et son anachronisme qui est au cœur du mal tchadien. Le régime du général IDI n’est pas plus diabolique que les dictatures qui l’ont précédé pour prétendre que le recours à la violence armée était la seule solution possible. A la vérification des maigres résultats voire des fiascos et rififi que ce mode de revendication sectaire a produit dans notre pays sur trois décennies, il faut avoir le courage, au niveau des élites, de confirmer à la suite de la Conférence nationale souveraine, sa prohibition définitive de l’évolution de notre pays. Les 80% des maux qui engluent le Tchad actuel sont conséquences logiques du cumul des œuvres du politico-militaire, au Nord comme au Sud : c’est la triste vérité !

Aujourd’hui plus que jamais, ceux qui ont choisi les valeurs de la démocratie et de la république (égalité des citoyens, loi unique et suffrage universel), sont placés devant leurs responsabilités avec l’application des accords dits « classiques » et « moderne » conclus dans notre pays. Plus que jamais ils auront à peser le poids des gestions irresponsables et calamiteuses successifs basées sur la force des armes et la violence politique depuis trente ans. Il leur sera difficile de tenir des postes de responsabilités vidées de leur substance, où les leviers de décision et les moyens répondent d’ailleurs, de l’informel. Au premier plan de l’accord du 13 août 2007 sont alignés les leaders appartenant à une génération qui n’a que très peu de temps pour convaincre, parce que l’existence de deux générations intermédiaires ayant déjà été hypothéquée. Cependant, il faut encourager des personnalités telles que le président Lol Mahamat Choua ou Ibni Oumar Mahamat Saleh qui sont la démonstration irréfutable que les « nordistes » ne sont pas forcément synonymes d’adeptes de la violence politique, du tribalisme dominateur ou ennemis de la démocratie pluraliste, pour briser certains clichés répandus, à cause justement de la propension à la rébellion armée dans le grand « Nord » !

Gageons que la baraka exceptionnelle et la longue expérience du général IDI permettront de concilier toutes ces contradictions évidentes, pour que l’horizon s’éclaire un peu pour les tchadiens ? Car si les politico-militaires n’ont pas été capables de s’entendre, après l’avoir chargé de tous les noms d’oiseaux, et finissent par se remettre à lui pour garantir leur place au soleil, n’est-ce pas de leur part l’aveu que sa « mission n’est pas encore terminée », en termes militaires ? Certains observateurs avertis craignent qu’un climat de cacophonie et de tensions genre ex-GUNT ne s’instaure dans le pays, par trop de contradictions en face. Si la confiance devrait revenir entre les tchadiens durablement, il faudrait que la normalité républicaine prenne le pas sur l’éternel conjoncturel. Sinon, nous reviendrons à la case départ d’ici peu, pour aller où encore ? Ya djamââh ????

Enoch DJONDANG

Le 26 juillet 2007 à Dakar au Sénégal, le président français Nicolas Sarkozy livrait à la jeunesse africaine un discours fleuve dans lequel il accusait les Africains d’avoir vendu leurs frères aux négriers européens. Ce discours, il le prononça dans le temple de Cheick Anta Diop, à un jet de pierre de l’île de Gorée (tout un symbole!) où se suicidèrent les millions d’esclaves noirs qui refusèrent d’embarquer dans les négriers français en partance pour l’Amérique. Voilà que trois mois après, le 29 octobre 2007, survient au monde un évènement qui, comme commandé par les forces de la Nature, rappelle exactement ce qui s’était réellement passé pendant l’esclavage. Cet évènement, c’est l’enlèvement de 103 enfants tchadiens, organisé par l’Ong française dénommée l’arche de Zoé, sous le faux prétexte humanitaire que ceux-ci étaient des orphelins. Pourtant, même dans le cadre des activités de l’Onu en zone de guerre, on n’a jamais vu une opération d’envergure impliquant la trappe officieuse de plus de 100 enfants en plein jour.

Le président français a officiellement critiqué l’action de l’arche de Zoé, la Secrétaire d’État aux affaires étrangères a présenté la France sous un beau jour, le ministre de la justice a évoqué l’aspect illégal de la procédure de l’Ong, mais aucun membre du gouvernement français n’a pu, au nom la France, demander les excuses officielles auprès du gouvernement tchadien, et personne n’évoquera la question des réparations aux familles tchadiennes. Ce qui a paru plutôt beaucoup plus simple et évident aux yeux du président français, c’était d’appeler le président tchadien, Idriss Déby, et de lui demander de libérer les membres de l’arche de Zoé impliqués dans l’opération.

Pourtant, la réalité est plus grave qu’elle ne parait. Car, en effet, il n’existe pas un autre terme plus parlant pour décrire les activités de l’arche de Zoé en Afrique que celui de l’«esclavage», entendu comme commerce des Noirs. Comment croire en cet humanisme qui veut qu’en 2007 de l’ère chrétienne, des négriers aéroportés soient encore à quitter la France pour aller au Tchad arracher à leurs parents des centaines d’enfants âgés de deux à cinq ans ? Les Français peuvent-ils s’imaginer un seul instant l’inverse, pour avoir une idée claire de ce que ressentent les Africains face à ce crime ? Les familles françaises dormiraient-elles si les avions tchadiens atterrissaient dans les campagnes de France et arrachaient les petits enfants français pour les vendre aux familles tchadiennes – Car, il faut le dire, l’arche de Zoé ne remet pas ces enfants gratuitement aux familles françaises – ? On a l’impression d’assister à de scènes de trappe dans la jungle, et on ne résiste plus à la question de savoir si nous sommes encore vraiment des hommes.
Nous avons désormais la preuve de ce que décrit l’historien guadeloupéen Jean-Philippe Omotunde, lorsqu’il démontre que c’est en créant les conditions de guerre civile en Afrique que la France et ses alliés européens trouvèrent le moyen de remplir leurs cargaisons d’esclaves noirs, et que ce furent les quatre cents ans que dura le crime qui permirent à l’Europe de construire sa fortune actuelle sur le dos de l’Afrique. Nous assistons donc là aux derniers gémissements d’une pratique qui n’a que trop duré et dont la France a de la peine à s’en défaire. Car, tout comme les esclavagistes du 15ème au 20ème siècle, l’arche de Zoé ne s’est pas souciée de l’état d’esprit dans lequel se retrouveront ces enfants une fois qu’ils auront pris conscience de leur vraie histoire. Et comme elle ne doit certainement pas être à son premier coup, l’arche de Zoé ne s’est pas souciée des pleurs des parents, des lamentations des femmes qui les ont mis au monde, du mal qu’elle cause à la démographie africaine, de l’illégalité qui entoure sa pratique. Ce dont elle s’est souciée, c’est encore et toujours cet orgueil qui vient de la race ; c’est encore et toujours cette appartenance à un grand pays : la France. Si l’arche de Zoé avait vraiment aimé l’Afrique et ses enfants, si son œuvre avait vraiment été humanitaire, elle n’aurait pas contribué à valider la pauvreté et les dictatures qu’ont toujours soutenues les gouvernements français en Afrique. Elle n’aurait pas exploité le contexte de pauvreté dans lequel vivaient ces enfants pour se faire de l’argent auprès des familles françaises. Non, elle n’aurait pas fait de cette pauvreté la raison d’être de ses propres pratiques esclavagistes : elle aurait lutté pour l’instauration de véritables démocraties en Afrique ; elle aurait approché les gouvernements de France et d’Europe, et leur aurait dit : « L’Afrique n’est pas pauvre. Elle a plutôt été appauvrie. Et nous sommes pour une grande part responsables de son malheur. Ayons le courage de contribuer à changer son destin. » L’arche de Zoé serait alors devenue, pour les Africains, l’arche de Noé.

La France s’est donc empressée de sommer le président Idriss Déby de libérer les neuf Français de cette opération épervier. Le président français s’est rendu personnellement au Tchad pour s’occuper de cette libération, se contentant de dire que les conditions d’un procès impartial ne seront pas réunies au Tchad. Or, ce n’est pas en France qu’elles le seront. La partialité de la justice française sera à la mesure du service que l’arche de Zoé, à travers cet enlèvement, lui aurait rendu. Examinons de plus près à quoi aurait ressemblé ce service.

Les femmes françaises et les enfants adoptés : On n’a jamais suffisamment critiqué l’action de ces Français(es) qui, au lieu de lutter auprès de leurs gouvernements pour changer le destin de l’Afrique francophone, se contentent des solutions rafistolées en adoptant les enfants de ces pays appauvris. Lorsque ces femmes et ces hommes, nombreux qu’ils étaient  dans cet aéroport parisien à attendre les 103 enfants tchadiens, privilégient les plaisirs de la vie et la profession au détriment de la maternité, ils ne rendent pas justice à l’humanité, car par leurs actes, ils soutiennent la chasse aux enfants dans les pays appauvris au nom de la satisfaction d’un certain rêve; ils font mal aux femmes d’autres pays qui ont connu les douleurs d’enfantement, au nom d’un certain droit à l’adoption. Déjà, par leur attente organisée à l’aéroport parisien, ils ont légitimé la complicité du gouvernement français et on se demande si cette complicité n’est pas liée à la nouvelle politique de l’immigration choisie.

L’Immigration choisie et l’esclavage post-moderne : Si l’esclavage du 15ème au 20ème siècle consistait à vider l’Afrique des hommes et des femmes adultes pour des besoins pratique de main d’œuvre, il se trouve qu’une telle pratique aujourd’hui est presque impossible en raison de la mondialisation et de l’augmentation du niveau d’intellectualité des peuples. Dans les démocraties occidentales, on recourt depuis un certain temps à la politique d’immigration qui consiste à attirer les intellectuels. Or, en Amérique du nord par exemple, les études ont démontré qu’il faudrait au moins deux cents ans à une population immigrante pour se sédentariser au point d’adopter les mœurs locales. Du coup, les candidats à l’immigration ayant des enfants sont les plus sollicités et les mieux traités. Ils jouissent des avantages sociaux énormes et les administrateurs ne manquent d’affirmer que l’avenir de la nation repose non sur eux, mais sur leurs enfants. La pratique de l’immigration choisie dans sa formule actuelle en France semble donc présenter des lacunes sérieuses, car l’intellectuel africain adulte qui arrive en Hexagone ne peut se laisser transformer en dix ou vingt ans. À faire de lui une marionnette de chef d’État africain ne garantit nullement la poursuite de la politique postcoloniale française.  La nouvelle génération des hommes d’États africains ne sera pas faite d’enfants de cœur. Elle sera constituée des jeunes nés après les indépendances, des jeunes qui n’ont pas connu le fouet colonial et la subordination aux ordres du « maître » blanc. Ce sera donc une génération différente de celle de Paul Biya, de Omar Bongo, de Sassou Nguesso, d’Eyadema, etc. Pour le prolongement de sa politique postcoloniale, la France ne saura certainement pas faire avec elle. Il faudra d’autres stratégies, il lui faudra des enfants qui n’auront pas connu leurs parents géniteurs, des enfants qui n’auront connu de pères et de mères que les «Blancs» et les «Blanches» de France et qui, ayant subi « la bonne éducation », pourront, d’une part, mieux intégrer les valeurs de la France  pour ne pas avoir à mettre les banlieues à feu, et, d’autre part, rentrer gouverner le pays africain pour lequel, arbitrairement ou non, ils auront, depuis le bas âge, reçu la nationalité. Ils pourront alors gouverner un pays comme le Tchad en ne rendant de compte qu’à Paris, ou encore un grand pays comme le Congo-Belge, qui regorge tant de richesses et où trône le Non-Congolais Kabila.

L’arche de Zoé nous rappelle ainsi les souffrances de nos pères et de nos mères. Elle nous rappelle les conditions dans lesquelles l’esclavage et la colonisation eurent lieu et comment ce fut possible que quatre cents millions d’Africains fussent déportés et déplacés pendant plus de quatre siècles. Voici qu’au cinquième siècle de la déportation, nous vivons la même pratique et souffrons de la même souffrance.
Mais nous espérons qu’un de ces jours, l’Afrique se libérera et cessera de considérer la France comme la malédiction qui s’abattit sur elle.

Maurice NGUEPE, Ottawa
Secrétaire exécutif de la JAC (Jeunesse Africaine du Canada)

Le grand Napoléon, empereur des Français né en Corse, devrait regretter deux aventures de toutes celles qu’il connut dans sa vie de conquérant entêté : l’aventure russe et Waterloo. En effet, rien n’avait résisté à ce stratège téméraire depuis sa jeunesse. Il a été le père du colonialisme français, appelé au départ ‘empire français’ et qui se métamorphosera jusqu’à sa forme actuelle, sournoise, cynique mais toujours cruelle appelée par les gauchisants ‘la Françafrique’. L’aventure, c’est le grand mot dont il faudrait parfois se méfier, même quand l’on se croit toujours plus malin et plus fort que les autres. Les dirigeants de ce ‘machin’ arche de zoé ont cru avoir la chance de Napoléon, en s’engouffrant dans la savane tchadienne, en plein milieu d’un conflit majeur lié justement aux velléités hégémoniques nourris sur les pauvres héritiers perdus de Toumaï le troglodyte.

Toumaï, le singe avant l’homme, c’est comme ça que les tchadiens ont toujours été considérés. Il est vrai qu’ils n’ont rien fait ou presque pour enrailler cette image dégradante qui les suit un peu partout. Ils ont battu les records des contre-performances du siècle : le taux de civisme et d’attachement patriotique le plus bas, l’obscurantisme, le divisionnisme et l’anarchisme poussé à l’avant dernier degré (le dernier étant la somalisation !), l’obstination à piller le patrimoine national par tous les moyens, notamment par les armes, nombre record de ‘groupes révolutionnaires’ jamais égalé pour presque aucun changement positif de société, etc. Pendant que le fatalisme endort les masses et la démission permanente drogue les élites, et que des pans entiers du pays de Toumaï plongent dans une situation persistante de non droit (état d’urgence répété), la lecture qu’en font des prédateurs avertis tels que les dirigeants de ‘arche de zoé’ est plus qu’opportuniste ! C’est dans ce genre de pays, pensaient-ils, où l’on peut faire de ‘bonnes affaires’ sans trop s’encombrer de principes moraux, la seule chose qui compte étant la fin qui justifie les moyens !

Quelques rappels brefs ! Éclatement de l’affaire, grâce à la vigilance d’un préfet et d’un officier de police locale. Non ! Ce ne peut être qu’une erreur administrative, rien de grave ! On prend l’avion pour venir « arracher » certains des blancos présumés à la justice tchadienne. Cette justice jugée peu fiable par les uns et par les autres, est littéralement assiégée et menacée, par qui ? Par Napoléon ! « Quoiqu’ils aient fait… » ; Il est dans l’ordre des choses que les blancos ne peuvent répondre devant des … nègros de leurs forfaits. Alors, à travers les médias, on apprend à tout un peuple ce qu’est la présomption d’innocence.

Cette gifle coloniale ne sera pas la dernière. En effet, de manière détournée, on avait rappelé au gouverneur de ce territoire Militaire d’Outre-Mer qu’il a tout intérêt à obtempérer, sinon… il n’y aura pas de ‘coups de semonce’ la prochaine fois. C’est un message assez fort, comme une alerte terroriste pour créer une ambiance folle au palais de justice de N’Djamena, où les juges sont devenus, malgré eux, des acteurs de scènes fortement médiatisés et travaillent à un rythme anormal mettant en doute le sérieux de leurs conclusions prochaines sur cette affaire.

Cela ne suffira pas : deux des personnes ‘provisoirement libérées’, mais dont on sait qu’elles ne seront plus inquiétées par une justice tchadienne humiliée, ne devraient même pas bénéficier de cette présomption d’innocence télécommandée de Paris. La ‘journaliste’ venue à titre privée pour se procurer un enfant à adopter, pouvait-elle ignorer toutes les règles en la matière, même certains aspects grossiers du montage ? Le pilote belge qui, à 75 ans ne se plaignait jusqu’ici d’aucun problème cardiaque ni oculaire pour arpenter les pistes dangereuses du Tchad, se sacrifiait-il par amour pour les enfants ou par appât du gain facile des missions difficiles généralement confiées à des mercenaires anonymes ? Il osa même insulter depuis son pays, ces tchadiens qui ne ‘sont pas capables d’élever leurs enfants’, au point de continuer à justifier son forfait ?

Le plus étonnant dans cette affaire, c’est l’importance donnée aux bandits, au détriment des enfants kidnappés dont on ne regrette qu’une chose, les euros irrécupérables versés à la nébuleuse ‘arche de zoé’ pour l’achat de ces enfants. Il s’agit bel et bien d’un trafic d’enfants planifié de sang-froid, en exploitant à la fois le drame du Darfour fortement médiatisé et les faiblesses d’un encadrement administratif et sécuritaire déficient de l’Est du Tchad. L’assurance et l’arrogance exprimées par les bandits de l’arche de zoé démontrent bien qu’ils ne sont que la partie visible d’un monstre plus grand et plus méchant que des pauvres négros tchadiens n’ont pas intérêt à vouloir défier plus longtemps avec cette affaire. En effet, si l’on refuse de considérer que les bandits de l’arche de zoé ont été pris en flagrant délit, « le sac dans la main », pour être traités comme tels, comment peut-on expliquer l’une des opérations précédentes du même genre effectuée en septembre dernier ? Comment peut-on expliquer que l’un des bandits, présent le soir du 16 septembre à Abéché dans son faux accoutrement d’humanitaire, se retrouve le lendemain débarquant dans un aéroport militaire français et passant par une gare de Paris avec une bonne bande d’enfants kidnappés au Tchad incognito ? Air France aurait-elle un accord commercial stratégique avec la flotte militaire française au Tchad pour certains transports hautement sécurisés et top secret ?

Plus l’on examine les contours de cette affaire et de ses précédents, plus il apparaît évident qu’il s’agit d’une affaire d’Etat, très compromettante pour les institutions françaises et révélatrices des pièges qui risqueraient d’enterrer des ambitions hégémoniques devenues démentielles. Nous sommes convaincus que, pour cette raison seulement, cette affaire ne sera jamais jugée au Tchad. Quelques voyous français issus des banlieues de paris, qui entreprendraient une telle opération pour les intérêts de trafiquants anonymes, n’auraient inquiétés personne en hexagone par leur séjour dans les geôles tchadiennes.

La partie française dispose d’atouts en réserve pour aboutir à son ultime objectif, à savoir la délocalisation de cette affaire au profit des tribunaux français où elle perdra rapidement son intérêt médiatique et traînera les procédures pour de longues années. L’intérêt de l’ordre public et de l’image de la France canalisera la conduite de cette affaire dans le sens souhaité. Les tchadiens, pour leur part, seront bientôt rattrapés par leur triste réalité quotidienne conflictuelle habituelle, au point que l’instinct de survie ou d’en découdre avec le frère ennemi sera plus fort que l’attache sentimentale au sort d’enfants victimes de notre propre turpitude.

Ainsi, en dehors de quelques rares opposants politiques conséquents s’étant clairement exprimé sur cette affaire, nombre de leaders politiques et d’opinion connus auraient du remord, parce qu’ils espéraient vivement que leur adversaire de toujours IDI aie été pris « le sac dans la main » dans cette affaire, ce qui les arrangerait dans leur réflexe épidermique d’opposition hystérique. Alors, l’on crie à la manipulation de la jeunesse pour les manifestations publiques de ces derniers jours. C’est dommage qu’une frange d’élite aussi ‘civilisée’, ne perçoive pas la profondeur de l’émotion suscitée par cette affaire à travers toute l’Afrique et au-delà ? Simplement parce qu’on est habitué à s’entredéchirer pour faire carrière en politique et en opinion ? Quelle honte ! L’Histoire retiendra ces lâchetés, de toutes les façons ! Car si, parallèlement aux manifestants ‘pro pouvoir’, les autres exprimaient publiquement à leur manière, pour une fois, comme les 17-18 février 1992, leur indignation et leur mécontentement, qui aurait manipulé qui ? À quelle tendance politique appartiennent les enfants kidnappés de l’Est ? La lâcheté par l’abstention coupable ne paie pas en politique, surtout dans un contexte comme le nôtre, chose malheureusement incompris par certains leaderships en dérive !

Ce qu’il faut reconnaître : le sursaut de notre magistrature n’aurait pas eu lieu si ces jeunes ‘manipulés’ n’avaient pas maintenu la pression au départ, peu importe qu’ils soient de tel camp. Personne n’a empêché aux autres de manifester publiquement, pour cette affaire seulement !

Mais comme nous sommes au Tchad, les valeurs sont inversées. Rien n’étonne ! Le coup de l’arche de zoé devrait définitivement réveiller l’âme profonde du peuple tchadien. Parce que ces enfants kidnappés sont des innocentes victimes de nos éternelles turpitudes, les anges sont venus à leur secours pour les sauver d’un autre esclavage, et que la nébuleuse qui se cache derrière ache de zoé est tombée dans ses propres filets au Tchad. Mais attention ! Les jeunes qui manifestent aujourd’hui pour tout ou pour rien, avec violence à N’Djaména, sont les produits déséquilibrés de nos défaillances cumulées : très organisés, mobiles grâce aux NTIC et aux motos, ils sont en train d’expérimenter de nouveaux procédés de révolte. Peu formés civiquement et philosophiquement, cette jeunesse du désespoir permanent est la plus terrible des rébellions en gestation. Petit à petit, elle se met en place, face à des adultes qui ne réfléchissent plus et qui ne savent plus reconnaître les signes des temps. Un jour viendra où cette jeunesse se déchaînera, hors des clivages et des sentiers battus, et contre qui ? Comprenne qui pourra…verra qui vivra !

Enoch DJONDANG

La diplomatie, cette mission de prestige et de noblesse est utilisée au Tchad par les autorités officielles pour écarter ou pousser à l’exil, soit des Hommes politiques d’envergure nationale, soit des Hauts Cadres de grande compétence. Sous le régime actuel du président Idriss Deby Itno, combien des Diplomates ont abandonné leur mission ? Pourquoi certains démissionnent-ils pour rentrer au pays et d’autres quittent leurs fonctions pour aller en exil ? Qu’est-ce qui justifie de telle réaction et quels efforts le Gouvernement et les responsables du Ministère des Affaires Etrangères ont-ils fait pour éviter de telle situation ?

La gangrène de la diplomatie tchadienne est entretenue par des personnes connues, pour leur incapacité notoire de faire évoluer les relations internationales du Tchad. Dans les années 60, des recrutements pèles mêles ont été effectués pour combler l’absence des cadres qualifiés dans l’Administration tchadienne. Dans la Diplomatie, parmi les recrus tchadiens de l’époque, certains se sont adaptés et d’autres malgré les recyclages reçus, sont restés limités.  Aujourd’hui 40 ans après, certains s’accrochent au centre des décisions, mais ils restent plus préoccupés à se pérenniser au Ministère que de préconiser des innovations crédibles tenant compte du nouveau contexte international. Pour dissimuler leur incompétence, ils œuvrent que pour écarter de leur entourage des Cadres et Fonctionnaires, diplômés des grandes Écoles et Universités internationales. Ayant encore le réflexe du parti unique et des régimes de dictature, ces politiciens fatigués et souvent étourdis dans leurs agitations, n’ont d’autres moyens que de recourir à des basses pratiques pour étiqueter leurs collègues, « d’Opposants » au régime d’Idriss Deby, qu’ils sont d’ailleurs incapables de défendre correctement sur le plan international.

Dans le Scandale de l’Arche de Zoé, quelle a été la réaction du Ministère des Affaires Étrangères ?  Ceux qui doivent défendre la Souveraineté du Tchad sont devenus des sourds-muets. Le Ministère n’a même pas de Cellule de Crise, pour réfléchir sur des questions d’urgence, ni de Porte-Parole officiel, indépendamment du Chef du Département. Bien que ce dernier assume de facto ce rôle, il s’est éclipsé dans un mutisme absolu, quitte à laisser le Président Deby s’enfoncer, se noyer et s’en pâtir seul, dans cette turbulence politico judiciaire placée sous hautes pressions diplomatiques. Pourquoi d’autres Ministères réagissent et pas les Affaires Étrangères ? La fameuse réaction indirecte, était pour détourner l’avion du Ministre Espagnole qui venait prendre le pilote impliqué dans l’Affaire de l’Arche de Zoé. Cela est-il prioritaire par rapport aux questions de fond soulevées dans la Presse internationale, relatives à la Souveraineté du Tchad, à l’Indépendance de la Justice tchadienne et au respect de nos Institutions étatiques ? Où sont nos politiciens agités du Ministère et où sont les multiples Conseillers à la Présidence ? Malgré l’agitation de certains, pourquoi se cantonnent-ils à rester des figurants ?

Dans la diplomatie tchadienne, il y’a certes des cadres qui ont fait leur preuve au niveau national comme international et acquis l’expérience et la qualification nécessaire. Au lieu de les accepter comme des collaborateurs utiles, ces agitateurs incapables les considèrent plutôt comme des nocifs concurrents à éliminer. La léthargie chronique de notre Administration diplomatique entretenue, par ces « retraités repêchés » qui se préoccupent plus de leur survie que de l’avenir du pays, entraîne la frustration des Agents au Ministère, de nos Diplomates et ternit la crédibilité du Tchad sur le plan international.

Au lieu d’étoffer les Représentations diplomatiques tchadiennes par des cadres qualifiés, expérimentés et ayant assumé des réelles fonctions politiques au Ministère, ils préfèrent plutôt des fanfarons connus pour leur tourisme de façade dans les Ministères. L’expérience ne s’acquiert pas par l’agitation politique, mais plutôt par un travail effectif étalé sur une période donnée. Tant que les Officiels tchadiens ne feront pas recours à la compétence et à la technicité, le Tchad considéré déjà comme « une République bananière », sera toujours traîné dans la boue. Et des ONG tels l’Arche de Zoé, dont les autorités officielles ne connaissent ni leur nombre exacte, ni leur Statuts, trouveront leur idéal terrain d’expérimentation. On ne construit pas un Etat crédible par l’exclusion des Hommes politiques de grande envergure, ni par des menaces politiciennes à l’encontre des cadres de valeur, reconnus même sur le plan international.

Pour les dirigeants tchadiens actuels, les critères de qualification, de compétence et d’expérience ne sont pas nécessaires. C’est pourquoi, priorité est accordée aux « griots » du régime qui applaudissent sans conviction, tout en espérant que DIEU les délivre un jour de leur enfer. C’est lorsque le pouvoir tend à se basculer, que nos politiciens de paille cherchent dans la précipitation à associer les patriotes et frères en rébellion armée. Quant aux partisans de l’Opposition dite « démocratique », ils doivent attendre en instance, l’application hypothétique des Accords signés et mis en veilleuse en espérant l’adhésion des Politico-militaires qui menacent réellement la stabilité du régime.

Quant aux Agents du Ministère, pour survivre ils doivent gratter pour satisfaire d’autres qui s’accaparent même leurs missions techniques de courte durée. Leur affectation à l’extérieur dépend des humeurs du Ministre et certains de ses amis Ambassadeurs ou des membres de son entourage, dont certains ne réfléchissent même plus. Des postes sont supprimés et crées sans évaluer au préalable leur nécessité et définir leur mission. Les Agents du Ministère sont rarement affectés mais vite rappelés. Pour les « parents et cousins », ils sont nommés aux postes de leur choix. Affectés à droite, réaffectés à gauche et la valse continue sans aucune planification, ni respect des textes en vigueur. Peut-on bâtir une diplomatie fiable par le tribalisme et les intrigues du quartier Gardolé ? Pour le Général Président, plus préoccupé par les dossiers militaires et les finances, cette Diplomatie qui ne lui donne pas satisfaction, est abandonnée à elle-même. C’est donc l’occasion pour certains de tripoter à leur guise et de s’épanouir au frais de la Princesse aux mamelles pétrolières. Comme le Tchad n’est pas un pays de suivi de dossiers, en cas de rappel à l’ordre, un Compte-rendu oral, même au Conseil des Ministres, suffit pour satisfaire chacun, car les uns et les autres en font de même.

Déçus par la gestion discriminatoire de cette diplomatie, certains Diplomates nouvellement nommés, traînent avant de rejoindre leur poste. D’autres en fonction mais excédés par cette situation d’injustice flagrante, optent pour l’exil ou la lutte armée. Quand un Diplomate entre en dissidence armée, c’est grave car les possibilités de dialogue n’existent plus. Cette situation est la conséquence logique de l’incapacité des dirigeants politiques tchadiens, mais également à cause de la gestion irresponsable des ressources humaines et financières de notre Diplomatie.

Cette analyse va irriter certains, mais elle a le mérite de présenter des situations et faits réels, souvent occultés au Ministère, mais vécues par des fonctionnaires et personnalités tchadiennes. Cela permettra de connaître l’état de santé de notre Diplomatie et de comprendre les causes qui sont à l’origine des réactions de nos Diplomates.

Hassane Mayo Abakaka

Le mystère continue de planer sur les réelles intentions de l’Arche de Zoé pour avoir choisi un pays entraîné depuis quelques décennies dans la spirale de déclin. Contre l’impuissance de la justice et contre l’impuissance d’un pays qui se défait, l’Arche de Zoé et l’Elysée ont visé une cible tout à fait indiquée pour mener une opération scabreuse et rocambolesque, chargée de culpabilité et de honte et qui ne semble nullement être une première, renfermant des victimes et des responsables.

Les victimes :                                                                                 

-          Les premières victimes sont sans nul doute les enfants enlevés à leurs parents, mis en dehors des feux de la rampe et prêts à être embarqués nuitamment pour la France. Comment comprendre que des gamins de un an fassent partie de la cargaison ? Et ceux ayant déjà en mémoire les images de leurs parents et/ou de leur entourage et qui allaient grandir, sans explication aucune, dans des milieux totalement différents des leurs ? Où en est-on avec la question biologique liée à l’immigration, je veux parler des tests foncièrement racistes d’ADN ?

-          Les secondes victimes sont les parents à qui on a extirpé les progénitures en leur faisant croire que ces dernières seront scolarisées en français et en arabe à Abéché, qu’elles suivront des cours coraniques (une carotte très alléchante dans cette région du pays). Comment expliquer la stupéfaction des parents si, une fois arrivés à Abéché, ils découvrent la vérité au cas où …, des parents pour qui il n’y a pas de bonheur sans enfant ? Ne vivront-ils pas le restant de leur vie avec la psychose d’avoir eu à faire à un rapt ? Ce mensonge est-il né d’intentions généreuses ? Rien n’est moins sûr. Le spectacle de l’amertume est déplaisant y compris pour les parents d’accueil (qui ont déboursé) dont je ne mets guère en doute la bonne foi puisque roulées dans la farine à l’instar des parents tchadiens. La peau de l’ours a été vendue sans que l’ours ne soit capturé.

-          La troisième victime est l’Etat tchadien qui perd, à son insu, une partie de ses enfants, de son avenir. Pourquoi n’avoir pas emprunté alors la voie légale si l’opération est aussi humanitaire que cela ?

Les responsables :

-          Le premier responsable est l’Arche de Zoé, une ONG française non répertoriée au Tchad et qui s’est fourrée sous les plumes d’une Association humanitaire « Children Rescue », ONG dont les intentions restent jusque-là brumeuses. Pourquoi 103 enfants tchadiens alors que le Brésil compte plus de 12 millions d’enfants abandonnés ? Est-ce pour tester le contrôle d’un territoire en proie à toutes sortes d’opérations mafieuses ? Un mépris des autres absolument épouvantable.

-          Le second responsable est l’Elysée (à distinguer des communs des mortels français) dont la politique a toujours été décriée en Afrique aussi bien par les Africains que par nombre d’Européens résidant en Afrique. L’Elysée semble condamner l’opération avec une rage qui n’a d’égale que l’embarras des Autorités françaises elles-mêmes. En effet, l’Elysée était bel et bien au courant de ce qui se tramait puisque Mme Rama Yade, la Secrétaire d’Etat française aux Affaires Etrangères et aux Droits de l’Homme a déclaré avoir tenté de dissuader l’Arche de Zoé de ne pas entreprendre l’opération en question. Et pourtant, le bras armé de l’Elysée en Afrique, l’Armée française a été mise à contribution pour le bon déroulement des choses : des travaux de rallongement de la piste d’atterrissage d’Abéché (sous le contrôle de l’Armée française) ont été entrepris pour permettre au Boeing de se poser, alors qu’il fallait tout simplement l’empêcher d’atterrir si l’Elysée était d’avis contraire ; la mission a été scrupuleusement suivie par l’Armée française à travers les villages d’où sont issus les gamins, etc. Ici au Tchad, aucune action ne peut être entreprise par l’Armée française sans l’aval de l’Elysée et de surcroît aucune tourterelle ne peut voler dans le ciel tchadien sans se faire intercepter par l’aigle royal qui plane nuit et jour au-dessus de nos têtes, l’Aviation française. Comme quoi, l’Elysée est au parfum des choses et comme pour éviter le moteur à explosion, elle s’est subrepticement rangée du côté du Tchad dès que l’action a échoué et c’est malhonnête. Il faut parfois être seul que mal accompagné. L’Elysée aurait dû rester fidèle à l’Arche de Zoé plutôt que de se livrer à un double jeu, une tactique de Sarkozy bien connue, semblable à celle qui a émaillé les élections françaises de 1995 où Sarko s’est rangé du côté de Baladur en disant qu’en cas d’échec de ce dernier, il rejoindrait Chirac parce que c’est un homme qui pardonne, et ça a réussi. La rapidité avec laquelle Sarko a voulu étouffer l’affaire (un jour non ouvrable) en dit long.

-          Enfin, le troisième, vous vous en doutez, est bel et bien le Gouvernement du Tchad qui a une part de responsabilité non négligeable. Au fait, quel type d’images véhicule-t-on à travers les médias au moment où des pays africains entre autres le Burkina, le Mali, le Sénégal, le Niger, le Maroc… soignent méticuleusement leurs images de marque et les vendent ? Ou bien Madagascar dont plus de 70% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et qui pourtant vend des orchidées en Europe comme image de marque ? Entre-temps, le Tchad est exposé au regard d’un monde inquisiteur : les uns nous regardent avec étonnement, les autres avec mépris, et pour cause : un des pays les plus pauvres du monde, pays le plus instable d’Afrique, pays continuellement en guerre, pays le plus corrompu du monde, plaque tournante de trafic d’armes, de drogues, de véhicules cambriolés, de contrefaçon des billets de banque…, comme si nous n’avons pas les mêmes modes d’emploi pour grimper les marches du bonheur de la vie. A longueur du temps, le Tchad véhicule des images d’enfants faméliques aux yeux larmoyants, aux visages assaillis par des nuées de mouches, les os décalcifiés, déambulant dans des milieux négativement décapés, des bébés tétant des seins vidés de leurs substances et comparables aux chaussettes pour cause de famine ; des enfants et femmes essuyant quotidiennement les salves des canons et autres armes nocives, des bombardements des avions…, bref, un milieu où la survie est une lutte quotidienne et que sais-je d’autres encore ? Quelles images véhiculons-nous à travers le monde si ce n’est que celles d’un pays dont les ailes atrophiées ne sont que des vestiges inutiles pour un décollage économique. Et tout ceci dans un but émotif en vue de susciter davantage des aides de l’extérieur, les bras tendus à longueur du temps sans aucun scrupule, des aides dont on ne connaît même plus les destinations. La vie prend quelquefois sa revanche. Le problème du Tchad n’est pas seulement diététique mais il est guetté par un autre danger, la désintégration. Le Tchad est un pays désespérément pauvre mais immensément riche : pays producteur et exportateur d’or noir (le pétrole), producteur d’or, un pays disposant de l’or vert (agriculture), de l’or blanc (l’élevage et ses sous-produits tel que le lait), de l’uranium à ciel ouvert, etc. Malgré toutes ces potentialités, il demeure un enfer au paradis. Un tel décor est alléchant pour des opérations indignes de confiance comme le cas d’espèce. Le Gouvernement tchadien ne sécurise nullement les populations vivant sur le territoire national et c’est l’occasion de le redire une énième fois. Tenez : depuis les cinq dernières années, autant que je m’en souvienne, les milliards qui ont atterri au Tchad ne peuvent être comparés à ceux d’aucune période précédente. Rien qu’en 2006, le consortium pétrolier a versé 683 milliards de frs cfa à notre pays. Pour 2007, la somme est encore supérieure alors que tout à côté, la population gère quotidiennement la misère. Ce n’est pas jubilatoire que de faire du Tchad un pays producteur et exportateur de pétrole. En outre, depuis 2006, des enfants et adultes sont kidnappés dans le Mayo Dallah (principalement dans les villes de Pala, Léré, …) et restitués contre rançons ou bien de fois, purement et simplement exécutés si la rançon n’est pas versée. En février 2007, la totalité des rançons versées se chiffraient à 110 millions de frs cfa. A-t-on mis fin à ces actes de brigandage et de vandalisme une fois les kidnappeurs arrêtés ? Non. Pour stopper le potentiel de nuisance, le Gouverneur de la région a demandé une peine maximale pour ces tueurs d’enfants. Malheureusement, la réprimande ne sera pas à la hauteur de la demande puisque des complices démasqués sont de hauts administrateurs de la région même. Pour jeter de la poudre aux yeux, il a été procédé à une vaste mutation des agents de l’administration de la région. Mais l’effet d’accoutumance s’y est incrusté et les enlèvements se poursuivent. L’année dernière, un fugitif de la prison de Sarh, douanier de son état, incarcéré pour avoir abattu à bout portant un commerçant yéménite, est nommé par le Ministère des Finances Chef de bureau des douanes du BET alors que recherché par le Ministère de la Justice. Où est donc la solidarité gouvernementale dont on parle tant ? Les exemples sont légion mais l’un des plus ignobles est celui survenu à Sarh dans les années 90 et relaté dans les journaux privés où des malfaiteurs défonçant nuitamment la porte d’un magasin ont été interceptés par une patrouille de sécurité. Le lendemain, l’on a découvert, à la stupéfaction de tous, que l’un des brigands savamment enturbannés, était le sous-préfet.

En somme, quelle sécurité assure-t-on à nos populations, aux enfants dans notre pays surtout que des adolescents sont enrôlés dans l’armée ? Quelle part de budget attribue-t-on à l’éducation nationale ? A la santé publique ? A la famille et à la femme ? Le Gouvernement ne cesse de crier sur tous les toits que les revenus pétroliers sont affectés en majeure partie à la Défense nationale et à la sécurité. Et pourtant, l’opération s’est déroulée au nez et à la barbe du Chef de l’Etat qui séjournait à Abéché et, heureusement dénoncée par les accompagnateurs tchadiens de l’Arche de Zoé plutôt que par les agents de défense et de sécurité, au moment de l’embarcation des gosses. Notre administration est trop mal gérée. Depuis 1982, lorsqu’un homme arrive au pouvoir, c’est toute son ethnie qui est au pouvoir disposant de tous les droits et les autres de tous les devoirs. L’administration tchadienne est bondée d’analphabètes dont le seul profil « académique » est de savoir compter des billets de banque, au moment où des lauréats des universités, de l’ENAM et autres instituts ne savent où poser les fesses. La longue agonie des Tchadiens sera toujours une source de vie des prédateurs.

A travers le monde existent des ONG crédibles et des ONG fantaisistes. « Laissez la porte entrouverte et les mouches auront tôt fait de revenir ». Depuis la guerre du Darfour, plusieurs ONG ont atterri au Tchad et y ont trouvé chaussures à leurs pieds, certaines pour la distribution des vivres alors que le pays dispose d’ONG et Associations locales capables d’exécuter ce boulot ; la conduite de gros véhicules assurée en grande partie par des expatriés alors que le pays dispose des chauffeurs au chômage : une distorsion de concurrence. Comment donc échapper à la dépression nerveuse ou à l’hypertension artérielle dans un pays qui marche à reculons en regardant le passé ? La Direction des ONG est impuissante face à ces Organisations qui, une fois au Tchad, plantent leur drapeau où elles veulent et sans coup férir, imposent leurs lois…

Bref ! Les autorités tchadiennes doivent avoir l’optimisme de la volonté plutôt que le pessimisme de l’intelligence. Elles n’ont pas besoin de trésors d’ingéniosité pour prendre soin de leurs concitoyens car il n’y a pas de mal à se faire du bien. Et puis, loin de nous, en Afrique, il y a des populations qui, comme un seul homme, se dressent pour réclamer le droit d’avoir des droits. « Que votre liberté puisse servir la nôtre ».

Par CAMAN Bédaou Oumar

Le débat sur la diplomatie tchadienne a suscité de vives réactions diverses. Certains sont venus à la rescousse de leur parent Ministre et d’autres ont tenté de dénaturer la substance du débat et vouloir l’orienter à d’autres fins. Contrairement à l’avis des uns et des autres, ce débat est loin d’être un débat tribaliste ou régionaliste, ni raciste. C’est plutôt un débat relatif au fonctionnement de l’un des Institutions de l’Etat tchadien. Lancé depuis Février 2005 dans le Site Web IALTCHADPRESS, ce débat existe bien avant l’arrivée de M Allam Mi à la tête du Ministère des Affaires Étrangères. Alors soyons clair, levons toute équivoque et évitons tout amalgame et cafouillage. Ce débat vise la gestion du Ministère et non la nationalité du Ministre, moins encore sa personne, tel qu’il tente de faire croire dans sa mise au point au Dr. Emmanuel Kossadingar. Monsieur Allam-Mi n’est ni le premier, ni le dernier Ministre des Affaires Étrangères du Tchad. Bien avant lui, d’autres Ministres dont certains ayant la peau aussi blanche que lui, n’ont jamais assimilé des critiques au Département à leur personne, ni à leur ethnie. Alors, ce débat ne fera pas de lui un martyr au Tchad.

Notre analyse sur la diplomatie tchadienne n’est certes pas extraordinaire, mais elle a le mérite de rappeler que ce Département n’est pas un centre de casernement de ceux qui ne savent où aller, ni une vache laitière pour des parents et amis. C’est plutôt une Institution de souveraineté de l’Etat tchadien qui mérite un peu plus de sérieux dans sa gestion. Le Tchad est certes plongé dans un cycle de violence politico-militaire qui accapare ses dirigeants, absorbe ses ressources financières, extermine ses élites militaires et civiles et trouble ses populations, mais cela ne doit pas être une occasion de brader notre diplomatie à des intérêts particuliers occultes.

M. Allam Mi tente de faire croire aux Tchadiens, qu’il est le chantre-défenseur de cette diplomatie, mais en réalité il la plonge dans l’abîme et l’humiliation. Ce réel constat, vécu par nos Diplomates est connu des Tchadiens. Nous savons bien de quoi nous parlons et la preuve, depuis 2005 aucun Diplomate tchadien n’a contesté mes Analyses. Ainsi, malgré les menaces voilées et ouvertes, nous assumons les conséquences qui découleraient. Les exemples de la dérive de notre Diplomatie existent et nous les fournirons chaque fois que c’est nécessaire.

  • L’année dernière, une Secrétaire tchadienne a été affectée à notre Ambassade aux Etats-Unis, mais elle a été abandonnée dans les rues de Washington. Le Ministère a ignoré son sort. À l’arrivée du Ministre à New York, les membres du Bureau de l’Association des Tchadiens l’ont accompagnée à la Mission Permanente du Tchad, pour attirer son attention sur la situation de cette tchadienne mais ce dernier a préféré se dissimuler. Aujourd’hui, elle est complètement oubliée et ignorée par les responsables du Ministère. Cette indifférence cruelle vis-à-vis de cette fonctionnaire tchadienne, abandonnée dans les rues de Washington est-il tolérable ? Si cette dame est indésirable à Washington, qu’est-ce que cela couterait au Ministre de l’affecter ailleurs ou la ramener au pays, bien qu'à l'époque un poste était vacant à New York. Mais le Ministre a préféré autoriser le recrutement d'une autre Secrétaire (non tchadienne) qui n’a pas sa capacité, ni son expérience professionnelle. C'est cela aussi sa manière de défendre les intérêts du Tchad…
  • Après l’incendie qui a détruit une partie du Ministère, des pays amis avaient apporté leur soutien et contribution au Département. Aujourd'hui trois années après, les cendres noires sont encore visibles sur le bâtiment principal du Ministère. Le Ministre a préféré s’occuper d’abord de sa résidence personnelle et laisser le Ministère en instance. Mais en achetant des bicyclettes et motos à quelques Agents, cela pourrait-t-il améliorer le cadre de travail du personnel au Ministère ? Les Agents du Ministère ne sont pas dupes et continuent à observer...
  • Les textes officiels relatifs au fonctionnement de nos Institutions diplomatiques existent mais ils ne sont pas suivis pour leur application. Comment des Ambassadeurs peuvent-ils refuser de travailler avec des Agents du Ministère qui leur sont affectés et imposer au Ministère le choix de leurs collaborateurs ? Les Ambassades sont des Services de l’Etat ou sont-elles des propriétés privées de particuliers qui doivent coopter leurs Agents et se déplacer avec le personnel de leur choix ?
                Pour prolonger sa longévité au Département, le Ministre accepte cette pratique complaisante et discriminatoire qui conduit au népotisme, au tribalisme et à l’injustice dans les affectations des Fonctionnaires du Ministère. Ainsi, d’autres nominations sont faites et les agents dont ces amis Ambassadeurs n’en veulent pas, sont mis en instance. Quelle serait la crédibilité du Ministre vis-à-vis de ces Agents de l’Etat ?

Une fois de plus, le débat sur la diplomatie tchadienne concerne le fonctionnement du Ministère. Monsieur Mayo n’a aucun problème personnel avec le Monsieur Allam Mi. S’il en avait un, il est en mesure de le régler directement sans passer par l’Internet. Mais pourquoi le Ministre s'acharne-t-il à lui faire des pressions tribales et policières ?

  • Il a convoqué dans son bureau du Ministère tous les cadres et Agents supposés être des parents à M. Mayo pour présenter ses excuses et rassurer les membres de sa communauté qu’il n’a rien contre Monsieur Mayo. Pourquoi toutes ces démarches dissuasives à connotations tribalistes ?
  • Ne pouvant pas orienté l’analyse, ni contrôlé le débat sur la diplomatie tchadienne, le Ministre change de stratégie pour compléter ses pressions tribales et ethniques par des menaces policières. C’est donc le Conseiller chargé des affaires de Sécurité du Président Deby actuellement Médiateur National, qui transmet ses avertissements directs à M. Mayo par le canal de la Direction du Protocole des Affaires Étrangères, afin d’arrêter ses Analyses et publications sur l’Internet.

À l'ère du Millenium, peut-on imaginer que certaines personnes tentent d'agir au-delà des mers et océans pour faire obstruction à la liberté de pensée et d'expression de leurs concitoyens. Bref, ce comportement découle des pratiques anachroniques des régimes de dictature africaine. C'est au Tchad qu'un débat sur le fonctionnement des Institutions puisse provoquer la peur d’un séisme dans un Département ministériel. Mais quel que soit le prix à payer et les conséquences planifiés par M. Allam Mi, les pressions tribales et policières ne nous empêcheraient pas de continuer à réfléchir pour améliorer la gestion de la diplomatie tchadienne.

Les Tchadiens savent que Monsieur Allam Mi, malgré son expérience et ses fameuses intrigues tribales et policières, il a atteint ses limites. Si le Tchad n’est pas plongé dans le désordre politique actuel, « des personnes n’ayant pas d’attache sérieuse...» comme le disent certains, ne seront pas à la tête de notre diplomatie. Cette diplomatie renferme suffisamment des hommes d’expérience, qui sont capables d’agir au nom du Tchad sur le plan international. Le Tchad a besoin d’un homme d’expérience certes, mais ayant une identité crédible et conforme aux réalités nationales pour conduire sa politique étrangère. Quel que soient les raisons à invoquer, dans le contexte politique actuel avoir de tels individus comme Chef de Diplomatie, n'est pas du tout approprié pour le Tchad et ses populations. La diplomatie reste un domaine de souveraineté et ne doit pas souffrir de doute dans la représentation du pays, sur le plan international.

Si les Français institutionnalisent le concept d’identité pour une immigration dite « utile», les Tchadiens ont aussi le droit de prendre des décisions salutaires pour sauver leur diplomatie et préserver les acquis de leur République.

Hassane Mayo Abakaka

Le Tchad est malade de ses conflits sociopolitiques et militaires. Sa diplomatie qui devrait l’aider à se stabiliser, grâce à la médiation de ses partenaires, semble aussi infectée et agonisante. Les officiels tchadiens qui voyagent à travers le monde le savent. Mais personne n’en parle, comme si tout allait à merveille. La gestion cafouillée de cette diplomatie et la mauvaise utilisation de ses ressources humaines et financières bloquent toute perspective positive de coopération internationale du Tchad.

La crédibilité de notre diplomatie dépend de la capacité des hommes et femmes qualifiés qui vont la gérer. Aujourd’hui, la diplomatie tchadienne reflète l’image du pays dans sa mauvaise gouvernance. Devenue comme la propriété privée de certains, elle évolue vers la dérive et risque d’atteindre le niveau d’anarchie de la situation politico-militaire actuelle. Cela ne gêne pas les autorités politiques au pouvoir, ni les responsables du Ministère, moins encore certains Chefs de Mission qui s’accrochent pour le besoin de la cause. La gestion de cette diplomatie est laissée au hasard, oubliant parfois les orientations du Gouvernement, moins encore les principes constitutionnels et du Droit international. Les actes posés sont contradictoires aux principes énumérés. Cela frise parfois non seulement de l’irresponsabilité, mais de l’inconscience des dirigeants au pouvoir. La diplomatie tchadienne, telle qu’elle se présente est triste et déplorable.

Ailleurs, les Diplomates sont suivis et appuyés dans leur mission par leur Gouvernement. Et même les Diplomates en fin de carrière, sont soutenus par leurs pays pour intégrer des Organisations internationales et régionales. Au Tchad, nos anciens Diplomates sont placés au « Garage », sans aucune considération des décennies de service rendu à la Nation. Pire encore des Hommes d’expérience sont humiliés et remplacés par des novices politiciens, qui ne peuvent rien réaliser au niveau international.  
           Dans la diplomatie tchadienne, il y a de traitements discriminatoires et inacceptables. On s’occupe bien de certains et on néglige d’autres. Certaines Ambassades font l’objet d’attentions particulières et sont servies en priorité par le Ministère des Finances, alors que d’autres sont laissées pour compte. Certains Ambassadeurs sont consultés régulièrement et d’autres en poste, restent très longtemps sans avoir aucune communication avec le Chef de l’Etat.
           Face aux Officiels gouvernementaux en mission, certains Ambassadeurs accueillent très bien tel Ministre « parent ou ami» et ignorent ou tournent le dos à tel autre. On s’intéresse plus aux têtes des individus qu’à leur mission. Les alliances claniques et régionales sont plus considérées que la solidarité nationale.
          Et rares sont des Missions diplomatiques qui produisent régulièrement des Rapports trimestriels ou semestriels. Quant aux Rapports annuels présentés, ils insistent souvent sur des aspects financiers que sur des Dossiers politiques. Pour la plupart, c’est une stratégie de planifier comment arrondir les angles que de vouloir améliorer les conditions de travail dans nos Ambassades. Il y a aussi certains Chefs de Mission qui confondent le maigre budget de Fonctionnement des Ambassades à leurs poches. C’est pourquoi, la plupart des Représentations tchadiennes semblent vétustes, avec des mobiliers délabrés datant d’une vingtaine d’années, comme s’il n’y avait pas de budget d’Équipements.

Au Ministère, environs plus de 70% des Agents sont parachutés de l’extérieur. Après leur intégration au Département, ces politiciens s’agitent pour être reversés dans le Statuts du Corps diplomatique tchadien. N’ayant pas de qualification sérieuse ou ayant raté leur carrière professionnelle, ils viennent se greffer dans la diplomatie pour survivre. Au Ministère, il n’y a que 10% à 15% des Agents qui se consacrent réellement au travail. Quant à la gestion du Département, c’est de la navigation quotidienne à vue. Des dossiers urgents transmis par les Ambassades sont traités parfois avec légèreté. Il n’y a pas de réel suivi, ni de contrôle effectif par les responsables hiérarchiques concernés. L’agitation politicienne se déclenche que si le Général Président se réveille et exige de s’informer sur un dossier particulier qui l’intéresse.  Même le budget annuel du Ministère est établi sans tenir compte des besoins réels du Département et des Ambassades. Les Chefs du Département préfèrent plutôt utiliser des Caisses d’avance et des collectifs ou le budget commun pour mieux jongler les fonds du contribuable tchadien. Ainsi la transparence dans l’exécution du budget laisse place au cafouillage difficile à contrôler.

Quant aux salaires des Agents, bien que le Tchad ait des revenus substantiels de son pétrole, cela reflète la situation dramatique de l’ensemble des Fonctionnaires tchadiens. Les diplomates tchadiens reçoivent un salaire de misère, qui est toujours payé avec retard. Les responsables du Département eux-mêmes et ceux du Ministère des Finances, se soucient peu de la crédibilité du pays. Il n’y a pas d’Assurance maladie et les frais de Scolarité des enfants, bien que prévus par les textes officiels, ne sont pas payés. Quelle Diplomatie le Tchad pourrait-il ainsi mener de cette manière ?

Cette pratique dramatique en cours ne gêne nullement les responsables politiques tchadiens, même au plus haut niveau de l’Etat. Le président Deby qui récemment se préparait à se rendre aux États-Unis, sait pertinemment que des décisions importantes de ce Monde sont prises aux Nations Unies, à la Banque Mondiale et au Fond Monétaire International. Or la diplomatie tchadienne au pays de l’Oncle SAM est paralysée depuis des années. Ce cas n’est pas unique dans notre Diplomatie et les exemples ne sont pas exhaustifs. Mais compte tenu des grands dossiers traités aux Nations Unies et du rôle prédominant joué par les États-Unis au sein de la Communauté internationale, nous avons choisi l’ONU et les USA comme lieu concret de notre analyse. D’autres Ambassades dans certaines régions fera l’objet de notre réflexion prochainement.

En plus des obstacles et contraintes énumérés, d’autres tracasseries politiciennes viennent troubler nos Diplomates. Cadres ou personnalités politiques tchadiennes, nos Diplomates tentent de résister mais finissent toujours par claquer la porte, soit pour retourner au pays, soit pour aller en exil ou en rébellion armée.

AU NIVEAU DES CADRES :

  • Le Conseiller Economique à l’Ambassade du Tchad à Washington, un Docteur, Diplômé de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun, a été abandonné sans salaire, ni couverture sanitaire pendant plus de neuf mois. En 1994, il démissionne et retourne au Tchad. Mais pour éviter de subir cette humiliation et d’être le dindon de la farce quelque part, il décida de s’exiler en France.
  • Le Deuxième Conseiller de la Mission Permanente du Tchad auprès des Nations Unies, un Cadre Supérieur, Diplômé de l’Université de Lomé, Togo, a servi pendant plus de treize années à New York. En 1996, confronté aux menaces et intimidations de ses collègues, s’affichant comme des « parents » du Chef de l’Etat, il opta pour la fonction publique internationale. A la fin de sa mission, il demanda l’Asile au Canada pour aller vivre en paix et en sécurité.
  • Le Premier Secrétaire de la Mission Permanente du Tchad à New York, Diplômé de l’Université de Kiev en Ukraine, a été abandonné sans salaire, ni couverture médicale, pendant plus de neuf mois avec sa famille. Pour éviter de souffrir et se faire humilier à l’extérieur, il demanda en 1996 son retour au Tchad
  • Le Premier Conseiller de l’Ambassade du Tchad à Washington, Diplômé de l’Université de Lomé au Togo, qui a passé douze ans de service assidu, finit en 1998 sa carrière diplomatique en exil. Ayant une longue expérience en Négociation avec la Banque Mondiale et le FMI, ne mérite-t-il pas de représenter le Tchad au niveau d’Ambassadeur ? Mais le Ministère l’a abandonné et ignoré. C’est grâce à l’effort de paix de l’ancien président Goukouni, qu’il s’est rendu brièvement au Tchad cette année.
  • Le Premier Conseiller de la Mission Permanente du Tchad auprès des Nations Unies, un Diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration Publique du Maroc, a été arbitrairement suspendu en 1999. Excédé par cette pratique discriminatoire dans l’Administration tchadienne que certains tentent de l’exporter dans nos Missions diplomatiques, il opta pour la Consultance internationale. Ce Spécialiste des Négociations multilatérales, a été recruté en 2000 comme Conseiller Politique aux Nations Unies. Aujourd’hui, la pertinence de ses Analyses sur les Conflits du Tchad lui suscita l’hostilité des zélés partisans des intimidations politiques sans lendemain.
  • En 2003, le Premier Secrétaire à l’Ambassade du Tchad à Washington, Diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration Publique du Maroc, a servi plusieurs années. Excédé par des humiliations arbitraires, il abandonna son poste pour rentrer au Tchad. Malgré sa bonne volonté de servir le pays, il reste abandonné sans aucune attribution sérieuse. C’est au Tchad qu’un Cadre supérieur et Diplômé de l’ENA à moins de considération qu’un soldat et « combattant assimilé.»
  • En 2004, le Premier Conseiller de la Mission Permanente du Tchad à New York, malade et sans couverture médicale, n’a jamais réussi à s’y installer depuis sa prise de fonction jusqu'à sa fuite en catastrophe vers le Tchad. Déçu, après quelques années de service loyal, il abandonna son poste pour retourner au pays.
  • En 2005, le Ministre Conseiller à la Mission Permanente du Tchad à New York, un cadre Diplômé de l’Université de Kiev en Ukraine, s’est vu humilié par la suppression abusive de son poste. De retour au Tchad, il est gravement malade depuis deux ans, aucune évacuation sanitaire n’est envisagée à ce haut Fonctionnaire, qui a été plusieurs fois Directeur de Services au Ministère des Affaires Étrangères. Qu’est-ce que les responsables concernés du Département attendent-ils pour se décider ? Serait-il ainsi s’il était « parent » du Ministre ou le Chef de l’Etat ?
  • En 2006, le Premier Conseiller de la Mission Permanente du Tchad à l’ONU récemment nommé, a été muté de Khartoum à New York, puis à Moscou. Qu’est-ce qui justifie un tel nomadisme diplomatique dont le coût exige des charges financières élevées, sans compter les graves conséquences morales et psychologiques que subissent ces enfants dans leur scolarité troublée ? Du Français à l’Arabe, puis à l’Anglais et au Russe, les décideurs au Ministère prennent-ils un petit temps pour penser au sort des enfants des Diplomates ? Où veulent-ils aussi les sacrifier comme ces « Nouveaux Humanitaires » de l’Arche de Zoé ?

AU NIVEAU DES AMBASSADEURS :

  • En 1993, l’Ambassadeur du Tchad à Washington, Docteur et ancien Ministre, Diplômé de l’Université de Paris, a été abandonné sans salaire, ni frais de fonctionnement pendant presque une année, alors que d’autres Ambassades sont bien servies. Déçu et frustré, il rentre au Tchad pour sauver la vie et l’honneur de son personnel. Malheureusement, il décède d’une mort subite. Que son Âme repose en paix. Le Tchad perd en lui, un trésor de connaissances professionnelles, des qualités morales et humaines qui pourraient servir à nos Diplomates.
  • En 1994, l’Ambassadeur du Tchad à Washington, Cadre politique connu, a été plusieurs fois Ministre. Très actif dans ses contacts diplomatiques, il avait été injustement accusé de vouloir préparer à renverser le président Deby. Rappelé juste après six mois de fonction, il entre en dissidence et opte pour la lutte armée. Aujourd’hui, il est l’un des leaders politiques en Opposition armée à l’Est du pays et dirige l’UFDD/Fondamentale.
  • En 2003, l’Ambassadeur du Tchad à Washington, un ancien Ministre membre du parti au pouvoir, s’est opposé à la modification de la Constitution tchadienne. Engagé pour la défense de cette Constitution, il entre en dissidence politique. Aujourd’hui, il est l’un des leaders de l’Opposition armée. Après avoir dirigé pacifiquement la CDCC sans réaliser ses objectifs, il opte pour la lutte armée et dirige présentement le Front pour le Salut de la République, F.S.R. Ayant participé à la mise en place du régime du président Deby, il lutte aujourd’hui fermement pour le renverser.
  • En 2006, le Représentant Permanent du Tchad auprès des Nations Unies, rappelé après quelques années de fonction à New York, a regagné le pays. Déçu par la gestion patrimoniale et tribale du pays, il quitte aussitôt et demanda l’asile politique aux États-Unis. Ancien Administrateur ayant une longue expérience professionnelle, il exerce dans une Institution internationale. 

Au-delà des États-Unis, il faut noter que :

  • En 2005, l’Ambassadeur du Tchad à Riyad, en Arabie Saoudite, un Général et ancien Ministre, a protesté contre l’arbitraire du régime de N’Djamena et l’injustice érigée en méthode de gouvernance au Tchad. Entré en dissidence, ce notable connu, opte pour la lutte armée et dirige aujourd’hui, l’UFDD un des Mouvements politico-militaires à l’Est du pays.
  • En 2007, un Général et ancien Conseiller militaire du Président Deby, est nommé Ambassadeur en République Centrafricaine. Connaissant la gestion anachronique de notre Diplomatie et considérant sa nomination comme une manière de l’éloigner du pays, il déclina simplement l’offre, en refusant de regagner son poste à Bangui. Pour éviter qu’il aille renforcer la rébellion armée, il est aussitôt nommé Conseiller Spécial à la Présidence. Cela serait-il possible pour quelqu’un d’autre ? C’est ainsi que le Tchad fonctionne avec son syndrome de mal gouvernance.

Aujourd’hui, le Tchad est bloqué faute de leaders politiques crédibles et capables de rassembler ses fils compétents pour réaliser les attentes de nos populations. Beaucoup des Tchadiens sont hostiles aux affrontements armés, et rejettent l’anarchie politique, entraînant le non-respect des libertés et droits fondamentaux. Ils ne veulent pas non plus d’un régime basé sur la mauvaise gestion et la corruption. La diplomatie tchadienne n’évolue pas faute des projections fiables pour élargir les possibilités d’action du pays et concrétiser les objectifs à réaliser pour son développement économique et social.

Depuis son arrivée au pouvoir en 1990, le président Deby n’a pas réussi à effectuer de visite officielle aux Etats-Unis d’Amérique. Le Tchad a des intérêts importants avec les USA, alors qu’est-ce qui bloque cela ? Les relations avec le Consortium pétrolier piloté par Exxon, tout comme les rapports économiques et militaires, évoluent très lentement. Qu’est-ce que le Ministère et ses Diplomates ont-ils préconisé pour faire avancer et améliorer ces rapports politiques qui sont si déterminantes ? Le lobbysme peut être utile mais pas suffisant, car la diplomatie c’est d’abord des relations d’Etat à Etat. Les multiples violations des droits de l’Homme au Tchad ne passent pas inaperçus, au sein de l’Opinion publique américaine. Mais la stabilité politique du Tchad reste l’une des conditions sine qua none pour rassurer tout Investisseur. Il est donc important d’avoir une diplomatie dynamique et efficace avec des Représentants crédibles. Ce choix relève de la responsabilité des dirigeants au pouvoir. Malheureusement notre diplomatie actuelle n’envisage aucune stratégie, pour tenter de restaurer la paix et la sécurité au niveau national, ni de réunir les conditions objectives pouvant rassurer nos partenaires à investir pour le développement économiques et social du Tchad.
           Au Ministère, dès qu’il y a une analyse critique, au lieu de s’inspirer pour corriger certaines lacunes, on joue plutôt au pompier et au pyromane. Certes le réflexe de la critique constructive n’est pas rentré dans l’esprit et les mœurs de certains, qui n’attendent que des ordres viennent d’en haut pour les exécuter souvent mal et ne prendre aucune initiative pour proposer quoi que ça soit.

Hassane Mayo Abakaka

Malgré tout ce qu’ils ont vécu en une trentaine d’années de troubles, de cauchemars et de dérapages de toutes sortes, les élites tchadiennes semblent n’avoir guère évolué dans leurs schémas mentaux. On a plutôt l’impression que les ‘évènements’ multiples ont abruti et anéanti toute capacité individuelle ou collective à prendre du recul et tirer des leçons des expériences passées. Le régionalisme et le tribalisme ? Y’ en a qui y croient encore fort comme de l’acier, comme idéologie et voie d’émergence sociale par excellence. Divisionnisme et cafouillage ? La plupart des initiatives organisationnelles de lutte pompeusement baptisées ‘nationales’ n’ont été et ne sont que des piètres copies corrigées des clivages et des antagonismes existants ; il suffit d’y aller voir de l’intérieur pour en être dégoûté. Et pourtant, la mayonnaise continue de prendre dans les élites, comme des marges identitaires infranchissables. Derrière les sigles de partis politiques, d’associations ou de groupes ‘rebelles’, il y a la caricature des haines, des préjugés, des tares culturelles et des ambitions démesurées nourries à l’échelle ethnique ou régionale.

Ainsi, il y a des sous-tchad irréductibles : tchad-gorane, tchad-zaghawa, tchad-sara, tchad-n’gambaye, tchad-banana, tchad-hadjeraï, tchad-ouaddaï, tchad-arabe, etc. Gare à celui qui ne se reconnaîtrait pas dans ces clivages consacrés : difficile pour lui de faire carrière en politique ou dans la société civile, de réussir dans les affaires, de gagner un grade dans les forces de sécurité, etc. C’est derrière ces règles non écrites que les élites inconscientes et inconséquentes ont privé le pays de toute possibilité de paix et de progrès depuis plus de trente-cinq années ! Qu’elles soient de telle ou telle ethnie, les femmes tchadiennes sont toujours condamnées à perdre leur progéniture à tout moment, injustement et pour rien, sur l’autel de la violence politique, comme une fatalité ou une malédiction. Nos données humanitaires de 1993 établissaient un ratio de 3 victimes par jour de violence au Tchad (crime, torture, massacre ; source : LTDH) !

La question qui se pose est celle de savoir quels problèmes aussi inextricables empêcheraient le Tchad de suivre le parcours d’un pays normal ? Le fond du mal tchadien, c’est la soif de pouvoir, rien que la soif de pouvoir. Et pour y parvenir, tout problème de société ou d’individus peut être exploité à outrance pour opposer les gens entre eux, mobiliser les parents dans les tueries intercommunautaires pour une place au soleil, tous les moyens sont bons pourvu qu’on arrive à ses fins. Évocation de quelques souvenirs communs :

  • 1974, palais des congrès de N’Djaména : dans la grande salle archicomble, le parti unique MNRCS organisait un meeting en présence de feu le président Tombalbaye, contre ‘Dopelé au cou pelé’ (Jacques Foccart et Paris). Les jeunes badauds que nous étions traînaient dehors, faute de places. Alors survint Me Lubin, l’un des gourous haïtien de Tombalbaye, qui nous proposa de former une chorale spontanée et de venir chanter la ‘complainte du Tchad’, en échange d’une place à l’intérieur. Nous nous sommes retrouvés ainsi debout, une trentaine de badauds, face à Tombalbaye et à la nomenklatura politique de l’époque, esquissant : « Qu’il est doux ce coin d’Afrique ; pour mon cœur il est sans prix ; ce que je crains, ce qui m’obsède, c’est que les traîtres ne le rabaissent… ». Dans l’ambiance de terreur qui régnait, Tombalbaye le ‘grand compatriote’ avait les yeux flamboyants, les dents rougies par le cola et l’air farouche. Quelques mois plus tard, les ‘Moursalois’ étions réveillé le matin du 13 avril 1975, par les tirs nourris des combats entre la CTS (garde présidentielle) et les commandos venus de Mongo, où Tombalbaye trouva la mort : un règlement de comptes sud- sud pour le pouvoir. Depuis ce jour-là, nombre de ses proches et partisans tout puissants connaîtront un déclin sans fin, sans recours…
  • 13 avril 1977, place de l’Indépendance de N’djaména : pendant que la foule suivait le défilé militaire commémorant la prise du pouvoir par le CSM, une grenade puis une autre explosèrent devant la tribune officielle où trônait le général Malloum, successeur de Tombalbaye son ancien geôlier. Dans la panique, chacun de nous, les jeunes badauds, courut de son côté… Plus tard en 1979, les thuriféraires de ce régime militaire se bousculaient au pont de Chagoua dans la débâcle de leur pouvoir. À cause de leur gestion chaotique du pouvoir, des milliers de tchadiens moururent dans les déchirures de la guerre civile généralisée. Nombre de ces potentats militaires ne se relèveront plus de la perte de leurs privilèges de l’époque.
  • 1979, ancien palais présidentiel de N’Djaména : les combattants de la tendance FAP de Goukouni Oueddeï écrasèrent ceux de la tendance MPLT de Lol Mahamat Choua, alors Président du Conseil d’Etat (chef de l’Etat virtuel), au prix de dizaines de morts. C’était presque le BET contre le Kanem- Lac, pour le pouvoir. Goukouni deviendra président du GUNT et Lol Choua se convertira définitivement en démocrate pacifiste, mais la guerre pour le pouvoir ne cessera pas pour autant.
  • 7 juin 1982 : après avoir été chassé de N’Djaména par les forces du GUNT (9 mois de combats urbains fratricides et destructeurs), Hissène Habré prend sa revanche triomphale en s’emparant à son tour du pouvoir. Il instaura une dictature implacable calquée sur les modèles combinés de Tombalbaye, Mobutu et Sékou Touré de Guinée Conakry, avec un bonus estimé à 40.000 morts.
  • 1990, mobilisation générale des ‘militants’ de l’UNIR contre la ‘légion islamique’ d’Idriss Déby et Hassan Djamous à la place de l’Indépendance. « Nous vaincrons inch’Allah ! », criait au micro une prêtresse du parti unique, hystérique, sous les applaudissements nourris de la tribune officielle, remplie des mêmes cadres politiques qui animent encore actuellement la vie publique. Aucun cadre fonctionnaire ne devait manquer aux meetings de l’UNIR, au risque d’être pris par la terrible DDS. Les chefs des miliciens du parti faisaient régner la terreur dans la population. Mais il y eut finalement le 1er décembre 1990 : nombre de thuriféraires du régime de HH sont depuis lors dans un déclin irrésistible, et menacés de surcroît par la justice internationale.
  • La triste vérité historique qu’il faudrait définitivement reconnaître, c’est que les conflits nord- nord depuis 1979 ont fait peut-être dix fois plus de victimes ‘nordistes’ qu’il n’en a été reproché aux deux régimes ‘sudistes’ précédents de Tombalbaye et Malloum, contre lesquels le FROLINAT avait semé une haine implacable.

Derrière chacun de ces évènements, des trahisons, des morts, des familles détruites, des haines et revanches tribales activées, des tentatives d’épuration ethnique ou religieuse, beaucoup de mensonges publics, un gâchis considérable de ressources nationales, un business prospère pour les marchands de canons et les mafias. Avec en toile de fond, les mêmes acteurs politiques et militaires, les mêmes termes arrogants et injurieux, les mêmes propensions à la violence et à la diabolisation, la même inconscience collective, la même illusion d’avoir le monde à ses pieds, etc. Des premiers accords de Tripoli- Bengazi et Khartoum en 77-78 aux derniers accords de Syrte du 25/10/07, une quarantaine de rébellions armées, une vingtaine de ‘tables rondes’ ou assimilées, des dizaines de négociations séparées, une conférence nationale souveraine qui dura trois mois : que veulent encore les élites tchadiennes ? Des pays d’envergure tels que l’Angola, le Mozambique, le Libéria, la RDC, n’ont pas eu besoin de tant de sollicitudes de la communauté internationale pour arrêter leurs dérives. Les élites tchadiennes réclament encore les mêmes formules à l’unisson, sauf la vérité, la sincérité et la justice dans toute leur rigueur, pourquoi faire ?

Les vagues de gouvernance politique violente que connut le pays présentent toutes à peu près les mêmes caractéristiques : un pouvoir autocrate organisé autour d’un noyau familial ou clanique dur, jouissant de tous les privilèges, de l’impunité, arrogant et effronté, autour duquel gravitent des cercles de courtisans dont l’importance se mesure à l’ampleur des trahisons cumulées dans leurs groupes d’origine. Dans leur sillage, des milliers de victimes anonymes des turpitudes du système, des morts par centaines sur les champs de batailles fratricides, des exilés, des ‘travestis culturels’, etc. De toutes les causes défendues par ces régimes sanguinaires et ségrégationnistes passés, aucune n’a survécu pour devenir un acquis historique pour la nation. Tout aura été du provisoire, toujours du provisoire, malgré le coût subi par la nation !

Dès qu’un régime tombe, ses partisans aussi s’effondrent physiquement, matériellement, financièrement. Toute la peine pour s’accumuler des richesses injustes, tous les efforts pour étouffer les voix discordantes, tous les morts des champs de batailles, des prisons et les trahisons n’auraient servi à rien finalement. Retour à la case départ avec en prime misère accentuée, exil, rancunes et vengeance… Pourtant, les raisonnements des élites tchadiennes restent invariables. Les expressions ‘table ronde’, ‘dialogue inclusif’, ‘mercenaires’, ‘haute trahison’, entre autres sont restées les mêmes, creuses, ridicules, désuètes mais toujours d’actualité. Les mêmes pays voisins manipulent depuis toujours ces élites, les instrumentalisent pour détruire le patrimoine national, en agitant l’illusion d’un pouvoir facile, succulent. Jamais dans l’Histoire, une génération n’aura été aussi apatride et impitoyable envers sa patrie ! Les exemples d’ailleurs ne servent pas de leçons au Tchad, pays de Toumaï le troglodyte, depuis quarante ans !

Et, s’il faille considérer les vrais problèmes d’un pays, selon les normes standards en la matière, les solutions existent belles et bien, dans de nombreux dossiers administratifs, sur le papier, même dans les écrits de quelques internautes au-dessus de la mêlée. Mais cela n’intéresse pas les élites tchadiennes. Elles veulent rester dans leur état primitif, brut, s’abreuvant de méchanceté et de cynisme à tout vent, contre tout ce qui peut incarner le bon sens, le mérite, le progrès, la vertu. Des tribus entières du Nord et du Nord-Est sont en train de se décimer volontairement, dans la poursuite de l’illusion d’un pouvoir éternel, qui résout tous les problèmes de la famille, de la communauté, à moindre coût. Il suffit d’y mettre le prix, à savoir dominer sur les autres par le feu et le sang, et tout baigne !

Le problème, malheureusement pour les élites tchadiennes, est que le monde évolue à grands pas. Et lorsque l’on n’a plus la capacité ni la volonté de changer, d’évoluer dans le bon sens, l’on devient un obstacle majeur sur le chemin de la roue de l’Histoire. Alors les évènements commencent par se précipiter, de manière fortuite et échappent à toutes les précautions, jusqu’à l’autodestruction complète, les illusions avec ! Cela s’est reproduit déjà tant de fois dans notre passé commun, cependant on évolue encore et toujours dans cette même logique, absurde et suicidaire.

Il n’y a pas d’autres explications plus valables pour justifier le drame tchadien : drame et faillite des individus, étendu à tout un peuple et perpétué de système en système de gouvernance comme une fatalité, par des élites moribondes. Quand bien même les anges du ciel viendraient s’asseoir avec les acteurs tchadiens pour tenir une ultime ‘table ronde super inclusive’, ces derniers finiront par trahir leurs engagements et leurs professions de foi, pour renouer avec la mesquinerie, l’anachronisme. Sauf qu’il y a un coût humain considérable qu’ils ne peuvent malheureusement pas réaliser dans leur esprit brumeux. « C’est comme ça, le Tchad ; on ne peut faire autrement ! Il ne faudrait même pas chercher à ce qu’il en soit autrement », se dit le commun des mortels pour se dédouaner. Les Tchadiens aiment se flageller en entretenant leur situation de chaos chronique. Ils ne se réveilleront jamais, sinon que quand il sera trop tard pour eux tous ! En tous cas, c’est l’impression qu’ils donnent d’eux-mêmes.

Aujourd’hui, c’est avec une profonde amertume que nous devrions admettre l’échec de nos efforts et sacrifice personnel pour un réveil et une humanisation de la société tchadienne. Devrions-nous encore espérer un vrai sursaut mental et général de nos compatriotes en faveur de la paix juste, équitable et du développement humain durable dans notre pays ? Si non, nous sommes au regret de ranger notre plume et de faire l’autruche comme les autres, jusqu’à ce que les signataires des différents ‘accords de paix’, autres que celui du 13 août 07, renoncent formellement et définitivement à la violence, à continuer d’endeuiller les familles et à anéantir les espérances des tchadiens ! Même si personne ne nous prêtera attention pour ça ? Trop, c’est trop !

Enoch DJONDANG

Première université du Tchad, cette institution fait face depuis un certain temps à une bourrasque d’années élastiques qui ont pour corollaire, les années blanches. Une situation inquiétante qui n’a jamais eu de remèdes.

Nous sommes en 2009 alors que c’est toujours l’année académique 2007-2008 qui suit son cours. Un retard accusé depuis 2001 suite à  des grèves d’enseignants et celles des étudiants pour revendiquer  soit le versement des arriérés de salaires soit de prime de recherche ou l’ affaire bourse des enseignés. En effet, depuis l’année 2001 qui constitue le point de départ de pétrin académique, l’on a constaté trois années blanches alternées par celles très élastiques qui se déroulent en dix-huit ou vingt- deux mois. Et pourtant l’année académique normale fait douze mois(les vacances y compris). S’il faut s’appesantir sur le cas des étudiants, ces derniers attendent au moins six mois pour voir la bourse tombée. Pas trop opiniâtres ainsi qu’étant dans la panade, ces apprenants se disent «   trop c’est trop » par rapport à ce qu’ils ne cessent de qualifier de droit et le ton est lancé pour un arrêt de cours. Un débraillage estudiantin qui s’accompagne souvent des « casses ».Pas une solution rapide pour ce problème qui a atteint un seuil gravicime, devenu aujourd’hui chronique et l’année devient donc longue. Face à des complications sur la couleur de l’année subséquente, les autorités, ne s’abstiennent pas à laisser entendre discrètement que cette année est diluée. Une année dilue une autre, le mélange paraît homogène et voilà qu’on applique la chimie n’ importe où et n’importe quand. Drôle de chimie bien sûre. Il est ambigu de constater que pour chaque année académique revienne un même mal issu d’une seule cause : la bourse pour les mêmes conséquences. Eu égard à cette situation, même si l’affaire bourse est une épidémie, les scientifiques allaient déjà trouver le remède du moins le palliatif. Mais hélas, rien n’est fait.

Manque de volontés
Pour sortir de cette ornière, il fallait simplement apprêter les états de bourse très top. Alors que, les responsables en charge de l’enseignement supérieur n’y ont pas songé. La preuve est là. Après l’année blanche de 2006, qui est allée d’avril à novembre de la même année, consciencieusement, les autorités ministérielles et rectorales devaient mettre les bouchées doubles pour pallier ce fléau. Personne n’a eu le temps d’y rêve. Il a fallu attendre janvier 2008 pour voir ces états sortir (la première version) et qui étaient passibles de modification. Au final, les étudiants ont fait de bruits jusqu’ au mois d’avril avant de voir « la pluie » tombée comme ils ont coutume de le dire. Manque de volonté des autorités. Et pourtant, ces dernières, malgré que n’ayant pas pu prendre les taureaux par les cornes, s’adulent de leur conscience de l’avenir de la jeunesse. Il ne faut pas jeter la pierre seulement sur le gouvernement, les étudiants ont aussi leur part de responsabilité. Ces apprenants égo se doivent la patience et se résigner surtout à l’ avenir. On constate qu’ ils attendent parfois l’ approche des examens pour lancer des préavis de grève pour demander la résolution d’un problème oubliant que ces gens ne sentant aucun mal  s’ obstinent à s’ en passer des  doléances, et la grève se pointe. Au regard de tout cela, convient-il de dire que les victimes sont les jeunes qui viennent de se voir ouvrir la porte pour les études supérieures. Certains sollicitent mieux restent à la maison attendre les concours, d’autres qui, issus des parents nantis arrivent à se rendre à l’étranger pour continuer les études s’exposant à tous les critiques des autochtones. Ensuite, ils contribuent efficacement à l’essor économique étranger car ils paient les droits universitaires, louent la chambre, paient l’eau, l’électricité, etc. Alors que notre économie est dans l’impasse.         

Armel ALLARAMBAYE

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