Un débat pour sortir le football de sa léthargie ?

Written by  Oct 14, 2020

Le monde du football tchadien est en pleine ébullition depuis que le ministre de la Jeunesse et des Sports a dénoncé, sur les réseaux sociaux, les responsables de la Fédération tchadienne de football association (FTFA), les qualifiant des mafieux à l’origine de la contre-performance du football. Pendant que sa publication faisait débat chez les internautes, une note signée de son directeur général FTFA met fin au contrat de l’entraîneur français Emmanuel Tregoat.

Dans le milieu sportif, le lobbying est une réalité connue de tous et le Tchad n’en fait pas exception. Mais pourquoi ailleurs cela évolue-t-il? Pourquoi pas au Tchad ? Depuis fort longtemps, les Tchadiens ont toujours dénoncé la manière avec laquelle les dirigeants de la FTFA gèrent le foot. Cette fédération comme son statut relève à la fois du ministère des Sports car, elle est non seulement affilée à une organisation supranationale qu’est la Fédération internationale de football association (FIFA), elle bénéficie aussi directement du financement de l’Etat. L’idée ici est de faire des fédérations des entités autonomes et de leur permettre d’être plus performantes pour l’évolution des sports tout en les préservant des interférences politiques. Le ministère des Sports en tant que département chargé de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière des sports, se doit d’avoir un regard afin que les fonds alloués par les instances internationales contribuent à rendre performant le secteur. Un contrôle encadré par un cahier de charge bien défini pour éviter ce que les gens qualifient d’ingérence. Le ministre à travers son post sur sa page Facebook, a dit tout haut ce que beaucoup disent tout bas. Le cas de la FTFA est édifiant dans la mesure où même la gouvernance interne est contestée par les uns et les autres. Et au cœur des divergences, la gestion des fonds alloués par la FIFA. Il y a même une affaire encore pendante à la justice.

Dénoncer un réseau de mafieux qui n’a aucune notion de patriotisme comme a relevé le ministre, reviendrait à se demander comment certains responsables sont arrivés à la tête des fédérations. Sont-ils des passionnés du foot ? Du sport en général ? Ou sont-ils des hommes d’affaires qui ont flairé une opportunité d’affaires ? Voilà le débat de fond que soulève l’indignation du ministre au-delà des points de vue des uns et des autres. L’expérience a montré qu’à chaque fois, il faut que le président de la République intervienne pour que les lignes bougent dans un sens ou un autre. Lors de la pose de pierre du futur stade de Mandjanfa, le président a dénoncé avec force la gestion du football tchadien. Cela a-t-il créé un débat ? Rien du tout. Tout le monde a applaudi alors qu’il ne lui revient pas à lui de porter des critiques publiquement. C’est signe que la situation est grave. Si le ministère des Sports a cette prérogative, il ne serait que normal. Certaines critiques trouvent que voient la sortie du ministre est maladroite. Et encore plus maladroite parce qu’il l’a fait sur Facebook. Être ministre est aussi être citoyen qui se prononce sur des sujets qui touchent à la Nation. Les différentes opinions consécutives par rapport à cette publication, qu’elles soient critiques ou non, ont permis pour certains observateurs de comprendre le vrai mal du football que beaucoup taisent.

Maurice N’gonn Lokarr

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