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Merci président Mahamat Idriss Deby pour cette importante et audacieuse décision de rompre les accords militaires. Et de veiller au départ des militaires français. Donc le dernier avion a quitté jeudi 30 janvier à 15h 30 minutes le pays. La base militaire Adji Kossei a donc été rétrocédée. L’armée française a donc plié bagage. Ce n’est pas un rêve. C’est une réalité. Elle est partie pour de bon...enfin pour l’instant. Elle était présente depuis plus d’un siècle. Quelques officiers sont restés pour finir les formalités d’usage.

La cérémonie marquant ce départ revêt un cachet historique qui sanctifie le retour à la souveraineté totale. À l’indépendance totale. Elle s’est déroulée sans fausse note. L’ambiance dégageait la sérénité, la fierté retrouvée. Enfin, le jeune président, Mahamat Idriss Deby pour ne pas le nommer,  à peine la transition bouclée a pris la meilleure décision : dénoncer les accords militaires, obtenir le départ de ces reliques coloniales et veiller à ce que cette armée étrangère quitte définitivement notre pays. C’est une décision audacieuse. Mieux, c’est une décision importante pour le pays.

Comment audacieuse? Par le « timing » ou le contexte dans laquelle elle a été prise. La transition vient à peine de se clore avec les différents rendez-vous électoraux : présidentielles, législatives, provinciales, communales. C’était la chose à faire pour espérer pouvoir poser les jalons de la fondation de la refondation du pays. Peu importe les divergences entre Tchadiens, les différentes chapelles politiques, il faut reconnaître au jeune président d’avoir compris qu’on ne reconstruit pas sa maison alors qu’un ami confisque les matériaux servant de solidifier les fondations, les plans de construction et le toit.

Pourquoi importante? Parce qu’il s’agit de la souveraineté pleine et entière de notre pays. Autrement dit en plus du contrôle exclusif des pouvoirs législatifs, exécutifs, judiciaires, un État véritablement souverain doit avoir le contrôle exclusif de son territoire, de ses frontières terrestres, maritimes et aériennes. Le Tchad n’avait pas avant ce départ le contrôle par exemple exclusif de son espace aérien. Ce qui mettait le pays à la merci d’un autre pays. Par exemple au vouloir des troupes françaises au Tchad, donc au gouvernement français. 65 ans après l’indépendance politique, il était temps de s’affirmer. D’assumer cette souveraineté qui au-delà de ses implications politiques donnera un coup de main aux décisions économiques. Et donc au développement du pays pour que la refondation du pays ne soit pas seulement un slogan de campagne, mais une réelle volonté de changer le pays.

Bello Bakary Mana

C’est dans la liesse et des manifestations de rue​, le mardi 28 janvier 2025, que des foules ont célébré par milliers la sortie officielle du Burkina Faso, du Niger et du Mali de la ​Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest​ (Cedeao). Au Mali, l’ambiance était nettement moins festive que dans les deux autres Etats de la nouvelle confédération  dénommée ​Alliance des États du Sahel (AES)​.

Si son acte constitutif a été officialisé le ​1​6 juillet 2024, la date du 29 janvier 2025 constitue la consécration officielle d’une rupture historique pour ces trois États et une frange de leurs populations. Du côté de la C​e​deao, il a été laissé à ces trois États six mois supplémentaires pour réintégrer « sans conséquences » ce qui fut jusqu’à cette date leur grande famille géopolitique ouest-africaine. La porte demeure ouverte comme en témoignent les efforts incessants de la diplomatie togolaise pour reconstituer l’ensemble ​​Cedeao, ou l’initiative récente du nouveau chef de l’État ghanéen​, John Dramani Mahama qui a ​n​nommé un émissaire chargé de négocier avec l’Alliance des Etats du Sahel​: Larry Gbevlo-Lartey, ancien haut gradé de l’armée ghanéenne et qui fut également chargé de la lutte anti-terroriste au sein de l’Union africaine.

Si la date symbolique du 29 janvier 2025 a donné lieu à moult analyses et commentaires, c’est en partie parce que jusqu’à cette date butoir, ils étaient nombreux qui espéraient voir les trois initiateurs de ce schisme revenir sur leur décision de rupture.

Rupture définitive?

Toutefois, peut-on conclure rétrospectivement à une rupture véritable avec la C​e​deao et à la constitution effective d’un nouveau bloc géopolitique distinct et autonome ?

Si les griefs de ces trois Etats à l’endroit de la C​e​deao ne manquent pas de pertinence en certains points, leur volonté effective de créer une alliance distincte et souveraine des Etats et des Peuples n’est pas moins questionnable. La nouvelle AES n’est pas née d’un projet idéologique profondément pensé et construit, mais d’une conjoncture politique commune à ces trois Etats du Sahel, à savoir leur refus de se soumettre aux sanctions de la C​e​deao qui leur enjoignait un retour à l’ordre constitutionnel, tout en les soumettant à un régime de restrictions sévères qui s’est avéré à la longue contre-productif, dont l’une des conséquences a été de légitimer dans l’esprit des populations le discours souverainiste de ces régimes militaires.

Mais dans le même temps, depuis l’acte constitutif du ​16 juillet 2024, l’Alliance des Etats du Sahel, initialement portée sur les fonts baptismaux pour sécuriser leurs territoires respectifs et lutter contre la nébuleuse terroriste à laquelle ils sont tous confrontés et dans des proportions véritablement dramatiques, a multiplié des initiatives bien au-delà d’une mutualisation des forces de défense et de sécurité qui jusqu’à présent ne sont pas allés au-delà des effets d’annonce : la création d’une banque et d’une monnaie commune, la création d’un passeport commun, et plus récemment la création d’une force commune de 5000 hommes pour assurer la sécurité des personnes et des biens sur leurs territoires respectifs.

 Force est cependant de constater que de la parole aux actes, seul le seuil de la parole a été franchi. Même le passeport communautaire de l’AES n’est pas encore effectif​, même si le chef de la junte du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré s'est fait enrôler en milieu de semaine et a reçu son passeport biométrique. 

 L​a  force commune est en réalité en grande partie effective. Elle s’est déployée au Burkina Faso lorsque le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré a vacillé à la suite de bruits de bottes que certains observateurs considèrent comme une révolution de palais. En revanche, cette entraide militaire n’a pas été effective lorsque Bamako a été victime d’une attaque de grande ampleur et à plusieurs points névralgiques de la capitale malienne. Quant aux résultats de la lutte contre le terrorisme, ils demeurent mitigés.

 Identité diplomatique

 Sur le plan diplomatique, nul ne peut dire à ce jour quelle est l’identité diplomatique de l’Alliance des Etats du Sahel. Comment se positionne-t-elle par rapport aux grands enjeux du monde actuel et plus proche de celle-ci, quelles relations entend-t-elle entretenir avec la ​Cedeao? Au-delà de ses positions sur la circulation des personnes, tout reste à bâtir quant aux relations futures entre l’AES et la ​Cedeao.

 Dans le même temps, il est très important de souligner que les Etats de l’AES demeurent membres de ​de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Elle continue de partager avec de nombreux États de la ​​Cedeao  des convergences économiques et monétaires, se soumettant avec ceux-ci à des principes de régulation communs.

 Au regard de cet état des lieux de ce nouveau projet communautaire, peut-on parler d’un « retrait effectif » de la C​e​deao de ces trois États de l’AES ? Des raisons objectives penchent plutôt pour le doute, voire le scepticisme. L’interdépendance prononcée qui caractérise le champ des relations internationales actuel est tel qu’un acte de rupture ou la volonté de faire cavalier seul, ne se décident pas sur un coup de sang, y compris lorsqu’il s’agit des nations parmi les plus anciennes ou des Etats les plus avancés. Huit années plus tard, après le Brexit qui était censé rendre au Royaume-Uni sa grandeur, ce divorce a coûté à ce pays 170 milliards d’euros. En raison des restrictions à la circulation des personnes, les fermiers britanniques n’ont plus recours à la main-d’œuvre des saisonniers des pays de l’Est lorsqu’arrive le temps des récoltes. Un dramatique retour à la réalité qui fait dire à un fermier britannique qui regrette son vote en faveur du Brexit : « C’est mon cœur qui l’a emporté sur ma tête ».

Éric Topona Mocnga, journaliste à la Deutsche Welle

Vendredi 31 janvier au matin, un vent frais soufflait sur la base militaire Adji Kosei de la capitale tchadienne, N’Djamena. La fanfare militaire s’installait. La joie se lisait sur les visages des invités tchadiens où presque toutes les sensibilités politiques du pays étaient présentes. C’est la cérémonie marquant le départ des militaires français du pays. Deux heures plus tard, le président de la République Mahamat Idriss Deby préside la cérémonie.

Sur la base Adji Kosei de la capitale tchadienne, N’Djamena, les troupes françaises se sont installées depuis 125 ans. Le président Mahamat Idriss Deby dit que c'est un jour exceptionnel dans la marche du pays.  « C’est au bas mot, un nouveau lever de soleil dans le ciel tchadien. Notre pays est entièrement souverain et résolu à assumer son destin  »

Toujours selon lui, la présence militaire française remonte aux années 1900, plus d'un siècle de présence sous une forme ou une autre de l'époque coloniale à jusqu’hier le 30 janvier avec ou sans accord.

Pour le chef de l'État, cette décision est une nouvelle orientation qui émane de sa volonté de prendre en main le destin du pays, de renforcer son autonomie et de bâtir un avenir où la sécurité nationale repose d'abord sur nos propres forces de défense et de sécurité. 

Enfin, il a aussi réaffirmé l’attachement du pays aux relations internationales transparentes agissantes et réciproques. « Le Tchad souscrit pleinement aux principes d'une coopération respectueuse de la souveraineté des États et avantageuse pour toutes les parties ».

Ousmane Bello Daoudou 

Le Mouvement patriotique du salut (MPS) a tenu son 13e congrès extraordinaire ce mercredi 29 janvier 2025 au palais des arts et de la Culture sous le thème  « Le MPS à l'ère de la refondation du Tchad  »

C’est dans une ambiance survoltée, dans un palais des arts et de la culture rempli, que les  militants ont appris que le premier militant et président d’honneur Mahamat Idriss Deby est désormais président national du parti. Et il a désigné Aziz Mahamat Saleh Tibeck nouveau Secrétaire général du parti.

« Il faut oser pour faire des réformes et s'adapter au temps, mais il y a des choses qu'on ne peut pas changer », a dit le nouveau président du parti. Il a cité les cinq choses qui s ne peuvent pas être changées: la ligne rouge, l'histoire du MPS, le nom du MPS, l'emblème du MPS et sa devise : mourir pour le salut.

Toujours selon lui, il faut prendre en compte les aspirations du peuple tchadien, d’adopter les structures fonctionnelles et choisir des hommes et des femmes capables de relever les défis de la refondation du Tchad. « Dans ce pays qui veut être décentralisé, la place du Tchad profonde est déterminante. C’est pour cette raison que le parti doit être plus proche de la base avec l'organisation des conseils des provinces et la participation de toutes les élites locales. Il est donc impératif que le MPS mette les hommes qu'il faut à la place qu'il faut à tout le niveau », a-t-il dit.

Le nouveau président du parti a aussi soutenu qu’il faut lutter contre l'indiscipline, l'esprit de division, les messages de haine et tout comportement anti social et antipatriotique.

Les statuts et le règlement intérieur ont été réécrits, à l’idéologie du parti la sociale démocratie s’est ajouté le souverainisme. Le président d'honneur Mahamat Idriss Deby passe président national du parti. Dans le nouveau texte du parti, le conseil politique national compte 158 membres. Plus de SG, ce poste est remplacé par un secrétaire national porte-parole du parti. Il y a aussi un Secrétaire chargé du suivi et la mise de système de contrôle de gestion et de récompense des militants et il a été également créé la bibliothèque du parti pour les archives.

Ousmane Bello Daoudou

Vous l’avez vu et entendu comme moi. Le prétendant au titre du principal opposant, Succès Masra, président du parti Les Transformateurs a capitulé. Le mot capitulé n’est pas fort. Il s’est rendu avec armes et bagages, comme disent les Tchadiens au Maréchal du Tchad, le président Mahamat Idriss Deby. Il a annoncé la nouvelle hier soir en direct sur la page Facebook de son parti en affirmant reconnaître les institutions nées de la transition. Et les élections successives mêmes celles, indirectes, qui se tiendront dans quelques semaines, les sénatoriales. Il va même plus loin en soutenant, « je réaffirme ma confiance aux institutions et à Mahamat Idriss Deby pour faire avancer le pays (…) je réitère notre disponibilité en acceptant de travailler avec le président de la République pour la stabilité et le développement de notre pays ». Dit comme ça, il n’y a rien de mal à cela, mais il faut revenir en arrière pour comprendre que le leader des Transformateurs est un nouveau genre de politicien sans principes, si tôt en politique, si tôt inconstant.

Pourquoi Succès est-il un homme politique inconstant?

Hier en l’écoutant parler, j’ai donné raison au célèbre écrivain et parlementaire français Voltaire qui soutenait que « la politique est le moyen pour des gens sans principes de diriger des hommes sans mémoire ». Le chef des Transformateurs tombe dans cette catégorie, il en est l’incarnation au Tchad. Mais il s’est trompé d’époque. Les Tchadiens, ses admirateurs et ses militants sont passés depuis ses atermoiements à autre chose. J’avais écrit, lorsqu’il a signé les accords de Kinshasa, une chronique intitulée « La défaite de Succès, le succès de Mahamat » (https://ialtchad.com/index.php/ialtchad/ialtchad-chronique/item/3048-la-defaite-de-succes-le-succes-de-mahamat) un an et quelques mois plus tard, je titre cette chronique Succès Masra, jusqu’au bout de l’inconstance. Succès n’a finalement de succès que son inconstance. Pourtant la constance est une vertu en politique. Il a toujours fui les grands rendez-vous électoraux en les dénonçant, en refusant d’y participer et à la fin en s’introduisant par infraction pour voler la vedette et ravir une place de son choix.

Vous vous souvenez du Dialogue national inclusif et souverain? Il l’a boycotté pour ensuite valider toutes les recommandations et les décisions. Tout en faisant des « pieds et des mains » pour qu’à la fin des travaux qu’il soit désigné Premier ministre.

Vous vous rappelez des accords de Kinshasa? De son départ laissant derrière lui sang et larmes? Moi oui. Il était parti en se sauvant laissant plusieurs jeunes 4 mètres sous le sol. Il est revenu en échange du poste de Premier ministre pour quelque 4 mois. Il est resté en poste tout en étant candidat à l’élection présidentielle. Il s’est accroché mordicus à ce poste. Il a été presque remplacé de force. Il a tenté d’embarquer ses militants et les autres dans une autre cabale pour se rendre compte que la mayonnaise ne prenait plus. Elle ne faisait plus recette. Elle a un goût moisi et amer. L’amertume et le regret ont transformé Les Transformateurs. L’amertume est fiel. Le regret est stérile. Masra a déçu une bonne partie de ses militants, mais les irréductibles continuaient à donner une seconde chance au coureur d’Abena. Hier, il s’est définitivement enterré. Ses militants les plus dévoués le déserteront, ils iront vers celui qui saura les conduire vers leur Terre promise.

Vous vous remémorez des élections législatives, provinciales, municipales et sénatoriales? Masra et ses amis ont levé le nez, refusant de prendre part. Pourtant, c’était l’occasion de jauger leur vrai poids politique. Ce refus est une erreur qui l’a condamné à se rendre au Maréchal.

Qui avait dit, « vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps ». C’était, je crois, le 16e président des États-Unis, Abraham Lincoln. Bref, Succès Masra s’est révélé être un grand trompeur. Bien que la politique soit l’art de la tromperie mais pas à ce point. Et si vite.

Bello Bakary Mana

L'Agence Nationale de gestion des Élections (ANGE) a organisé un point de presse cette nuit du samedi 25 janvier pour annoncer la liste des candidats retenus pour les élections Sénatoriales prévues le 25 février prochain.

Au total, 119 candidats issus de 16 formations politiques vont concourir pour les sièges dont 71 hommes soit 60% et 48 femmes soit 40%.

Le président de l'ANGE relève que 11 dossiers sont déclarés non-conformes, quatre (4) ne représentent pas le quota et trois (3) sont rejetés parce qu'il s'agit du scrutin de liste et les formations politiques concernées n'ont présenté qu'un candidat au lieu de deux pour les deux sièges.

Selon lui, après la publication des listes provisoires des candidats interviendra la phase de campagne qui aura lieu du 03 au 23 février 2025 conformément au code électoral.

  1. Bartchiret ajoute que la convocation du corps électoral sera faite par décret ce qui permettra la tenue effective de l'élection le 25 février 2025.

Il rappelle aux électeurs, c'est seuls les élus locaux (les conseillers provinciaux, communaux) qui seront convoqués aux urnes.

Ousmane Bello Daoudou

Les résultats définitifs des élections législatives sont annoncés. On parle souvent que de ces élections parlementaires en oubliant que c’est plus que cela. Elles sont aussi provinciales, municipales et par ricochet conduisent  également à l’élection indirecte des sénateurs. À quelle forme d’Assemblée nationale conduisent ces élections ? Et à quel Sénat ?

Quelle Assemblée? Sans passer par 36 chemins comme on dit, ces élections ont conduit le parti au pouvoir le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) à une majorité écrasante. Une victoire hégémonique. Une victoire absolue. Sur 188 sièges, il arrache 124, plus les autres petits partis membres de la coalition Tchad uni. C’est la part du lion. En pourcentage le MPS et ses alliés représentent 85,65%.

Pourquoi c’est une victoire hégémonique? Parce que le parti arrivé en seconde position, le Rassemblement National des démocrates tchadiens (RNDT-Le Réveil n’a que 11 sièges, un recul d’un siège par rapport aux résultats provisoires avec un pourcentage de 6, 38%. Les dirigeants du RNDT-Le réveil se sont réveillés surpris. Le parti à l’emblème du coq blanc ne décolère pas. Il appelle au combat et qualifie la nouvelle Assemblée « d’Assemblée inutile ». Le parti dit avoir gagné une cinquantaine de sièges.

Pourquoi c’est une victoire écrasante? Parce que le parti arrivé en troisième, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) a gagné 8 sièges. En pourcentage il pèse 4,25%. L’exécutif du parti dit être déçu de cette élection. Et soutiens que le MPS est ingrat à son égard.

Pourquoi est une victoire absolue? Parce que l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), parti allié de la transition arrive quatrième. Selon certains cadres du parti, récupérer un siège à Léré ne résout pas le problème. Ils soutiennent avoir été délestés d’une dizaine de sièges. « Nous ne nous reconnaissons pas dans ces résultats », disent-ils.  

Alors quelle Assemblée auront les Tchadiens avec ces résultats définitifs? Avec cette colère électorale? Ils auront sans doute une assemblée d’un seul parti. Une assemblée monocolore. Les partis de l’opposition peineront à constituer des groupes parlementaires. Ils peineront à jouer leur rôle. Ils peineront à exister. Ils peineront à se faire entendre.

Enfin, quel Sénat auront les Tchadiens ? Il en sortira 46 sénateurs indirectement élus à l’exception des 23 autres nommés par décret présidentiel. Probablement une chambre haute à 100% MPS. À moins que le président Mahamat Idriss Deby ne soit plus inspiré en nommant les 23 sénateurs parmi des hommes et des femmes libres d’esprit sans attaches politiques. Des personnes issues de la société civile, du monde de la culture et des médias. C’est la seule façon d’équilibrer un peu l’hégémonique victoire du parti de Bamina.

Bello Bakary Mana

 L’année 2024 en Afrique au plan sécuritaire est à l’image du monde global où ne cesse de se multiplier les zones de conflits réels ou potentiels, ainsi que la contestation, voire la désintégration de l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale que leurs initiateurs estimaient à même de garantir une paix planétaire durable. Du Yémen à la Syrie, de la bande de Gaza à l’Ukraine, les principes fondateurs de la Charte des Nations unies sont mis à mal, y compris par ceux-là qui en sont les garants au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. L’Afrique, riche de son capital humain et matériel et objet de convoitises affirmées des puissances dominantes de la scène géopolitique mondiale, n’a pas échappé, en 2024, hélas ! à ce désordre grandissant et inquiétant du monde, comme au temps de la guerre froide.

Les tendances qu’affiche cette détérioration de la sécurité dont l’Afrique a été le théâtre en 2024 ont toutefois une configuration spécifique et peuvent être rangées sous quatre registres : les violences étatiques et paraétatiques ; les actions déstabilisatrices des acteurs exogènes ; les déplacements consécutifs aux conflits et à l’accentuation du dérèglement climatique ; les extrémismes religieux.

Les violences étatiques et paraétatiques sont pour la plupart les conséquences d’une crise de l’alternance démocratique et de la gouvernance qui ne cesse de s’étendre dans nombre de pays africains, qui semblaient pourtant avoir emprunté pour la longue durée le chemin de la modernité politique tant souhaitée par les peuples. Dans les pays de la nouvelle Alliance des États du Sahel (AES) par exemple, l’année 2024 était supposée être une année d’élections libres et démocratiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, mais il n’en fut rien. Non seulement cet impératif semble désormais repoussé aux calendes grecques, mais en outre l’arsenal répressif contre les forces politiques d’opposition, contre les voix dissonantes dans la presse ou contre les acteurs

les plus en vue de la société civile, s’est considérablement renforcé.

De nombreux médias ont été suspendus, tandis que certains journalistes ou promoteurs de médias se sont retrouvés derrière les barreaux pour délit d’opinion. En Guinée, certains acteurs de la société civile sont portés disparus dans des conditions encore non élucidées, connus pour leurs voix dissonantes envers la junte au pouvoir. Dans le même temps, on assiste à la création de forces paramilitaires, mais qui exercent sur les populations des actes de justice privée, des violations graves de droits humains, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Les attaques terroristes, dans ces États comme dans bien d’autres en Afrique, ont connu en 2024 une augmentation inquiétante.

Ces nébuleuses de la violence religieuse ont causé de nombreuses pertes en vies humaines au Tchad et dans le bassin du lac Tchad de manière générale.

Elles sont demeurées très actives dans l’ensemble du Sahel et se sont illustrées par leurs actions de nuisance dans des pays tels que le Togo et le Bénin.

Leur enracinement et leur expansion ne détruisent pas seulement des vies humaines et des biens. En raison des moyens militaires déployés pour les combattre, les investissements consacrés à l’élévation du standard de vie des populations sont compromis.

Les acteurs exogènes à ces conflits, dont la médiation est pourtant indispensable pour y mettre un terme, sont malheureusement parties prenantes et les exacerbent au lieu de les arrêter. C’est le cas de la guerre au Soudan, qui est en train de devenir une « guerre mondiale africaine », comme le fut la guerre du Congo dans les années 1990. Avec des millions de déplacés internes et externes, la guerre au Soudan n’a cessé de croître en intensité tout au long de l’année 2024. Ces déplacés internes, qui essaiment dans les nombreux pays voisins dont le Soudan est frontalier, ne constituent pas seulement pour ces États une préoccupation humanitaire, mais aussi un enjeu de sécurité nationale dont nul ne peut prédire l’issue en 2025.

Les voies maritimes africaines ont été, en 2024, des lieux de prédation d’un terrorisme grandissant. Ces pirates des mers se sont illustrés par une criminalité toujours plus audacieuse sur ces voies de circulation maritime, portant par leurs attaques de sérieux coups aux économies du continent. Ils ont mis à profit la faible sécurisation de ces espaces comme ceux qui agissent sur terre dans les forêts du bassin du Congo, détruisent le couvert forestier, pillent les essences et causent par là des pertes fiscales considérables aux États.

Ces tendances sécuritaires préoccupantes sur le continent africain en 2024 s’estomperont-elles en 2025 ? L’heure n’est pas à l’optimisme. 

En effet, le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump et le retrait immédiat des États-Unis de nombreux traités et organisations multilatérales laissent présager une dérégulation internationale encore plus grande, porte ouverte à toutes les​ aventures prédatrices et à une loi non écrite de la jungle.

Face à cet état inquiétant du continent africain, une mutualisation des moyens et des efforts des États est plus urgente que jamais, de même que la conversion de ses gouvernants aux vertus de la bonne gouvernance.

Éric Topona Mocnga, journaliste à la Deutsche Welle

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