Les diplômés sans emploi renoncent à la grève de la faim

Juil 03, 2021

Alors qu’ils ont annoncé la reconduction, probable, de leur grève de faim, les lauréats des écoles professionnelles y ont renoncé au détriment d’autres actions. Reportage.

Dernier jour de grève de faim pour les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration. Visages tristes, affaiblis, nerveux, les grévistes évaluent ce vendredi 2 juillet, la grève de faim qu’ils ont entamée depuis le 30 juin. « Je sais que c’est dur, mais soyons endurants. Il ne reste que quelques heures », dit Neuzilka Emmanuel, porte-parole du collectif, motivant ses amis grévistes. Tout en annonçant en même temps que cette action ne sera pas reconduite compte tenu du mutisme du gouvernement. « Nous n’allons pas continuer à nous priver de manger et de boire. D’autres actions sont envisagées », prévient-il.  

Dans la présentation faite par le porte-parole du collectif, deux propositions sont sur la table. La première est l’organisation des manifestations sporadiques et spontanées ; la seconde à quitter le pays. Le débat est ouvert. Dans les interventions des uns et des autres, l’idée d’aller manifester mains sur la tête devant la présidence de la République ou à la place de la nation ou encore à la Fonction publique est écartée au détriment des actions dans des arrondissements. « Nous sommes des intellectuels, nous n’allons pas faire la casse », conseille un lauréat. Cependant la base a ajouté un troisième point qui est celui de demander la démission du conseil militaire de transition et son gouvernement lors des actions qui seront menées.

Dans la synthèse présentée par Nanga Thierry, coordonnateur du collectif, un point a été retenu.  « Une action de grande envergure sans précédent sera organisée à l’issue de cette grève de faim jusqu’à satisfaction totale », déclare le patron du collectif. D’après lui, le bureau qu’il dirige n’est plus à mesure de contenir la rage de ses membres à partir de ce jour. « Nous n’avons plus de mot pour les convaincre », argumente-t-il. Cependant, le collectif accorde 48heures au gouvernement pour trouver une solution. Et selon Nanga Thierry, c’est « la signature de leur arrêté d’intégration ».

Toujours selon lui, cette conclusion est le résultat de la mauvaise foi du gouvernement. « Durant tout ce temps que nous avons passé ici, aucun membre du gouvernement n’est venu nous réconforter ni n’a pris attache avec nous », a fait-il savoir. Le coordonnateur du collectif accuse le gouvernement de vouloir résoudre leur situation par la violence : « nous avons en face de nous des inhumains,  des sanguinaires qui n’entendent plus les cris et préfèrent la violence. »

En attendant l’enclenchement de ces actions, le collectif des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration dit se joindre à toutes les forces vives de la nation pour libérer le Tchad, quel que soit le prix à payer.

En rappel, le jeudi 24 juin, les lauréats des écoles professionnelles (ENIB, ISSED, ENS) en instance d’intégration depuis une décennie ont tenté de quitter le pays en masse. Leur action a été vouée à l’échec avec l’intervention des forces de l’ordre qui les ont dispersés à coup de grenade lacrymogène. Le 30 juin, ils ont changé de stratégie pour entrer en grève de faim de trois jours. La grève est terminée au soir de vendredi 2 juillet. Elle n’a pas fait de victime. « Mais beaucoup ont de problème de maux de ventre », soutient Nanga Thierry.

Christian Allahadjim

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