Toukra-Ngone Baah : sable et remblais de la discorde

Juil 07, 2021

La cohabitation semble difficile entre les chefs de carrés 14 et 35 du quartier Ngone Baah village, situé derrière le cimetière chrétien de Toukra, dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Raison de leur litige : un terrain appartenant à une tierce personne sous-loué à un commerçant entrepreneur, vendeur du sable et de remblais. Reportage.

Les chefs des carrés 14 et 35 du village Ngone Baah, dans la commune du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, sont à couteau tiré. La pomme de la discordance :  un terrain appartenant à une dame, utilisé par un entrepreneur pour stocker du sable et de remblais. Pendant des années, ce terrain privé était utilisé par les jeunes du quartier pour jouer au football. Mais cette année, avec l’approche de la saison des pluies, un commerçant entrepreneur s’est approché du chef de carré 14 pour lui demander l’autorisation de stocker sa marchandise. Ce dernier obtient l’aval du chef carré, mais l’autorisation est aussitôt contestée par le chef de carré 35. Pour le chef de carré 14, le commerçant qui cherchait un terrain vide s’est approché de lui pour avoir l’autorisation d’utiliser le terrain pendant cette saison de pluie en contrepartie d’une somme d’argent ou de remblais. « Le terrain appartient à une femme, c’est son mari qui le lui a acheté. Le commerçant était venu me demander l’autorisation pour stocker son sable, j’ai appelé la dame pour l’informer et elle a accepté », explique le chef de carré 14, monsieur Bételem Jérémie Béssingar.

Monsieur Béssingar se dit surpris du comportement de son collègue, du carré 35. « C’est la propriétaire du terrain qui a donné l’ordre au commerçant pour utiliser le terrain, ce n’est pas moi », précise ce dernier, avant d’ajouter que ce n’est pas un terrain de l’État. Le chef de carré 14 balaie du revers de la main les allégations de son collègue du carré 35. Au sujet de l’insécurité que ce tas de sable pourrait éventuellement constituer, monsieur Bételem Jérémie Béssingar, affirme que le stockage du sable ne constitue pas un danger pour les habitants du quartier. « Pour tirer au clair la situation, j’ai demandé au délégué du quartier de venir faire le constat, et c’est fait. Le délégué lui a intimé l’ordre de cesser de perturber les gens », explique-t-il. Les habitants de Ngone Baah, surtout ceux du carré 14 et 35 ont toujours vécu en harmonie pendant des années, mais avec le stockage du sable et de remblais, la mal-compréhension semble opposer leurs deux chefs.

 « Je cherche une collaboration pacifique avec les autres chefs de carrés du village Ngone Baah, c’est moi-même qui ai proposé au délégué le jeune frère pour être le chef de carré 35. Jusqu’à présent, il n’a pas encore obtenu le document, mais il agit dans l’illégalité », s’offusque-t-il. Monsieur Béssingar indique que le chef de carré 35 a une mauvaise réputation dans le village Ngone Baah, et que le délégué du quartier se plaint tout le temps de son écart de comportement. Selon lui, sur les 12 chefs de carrés que compte le quartier Ngone Baah, le chef de carré 35 est le seul type qui a un écart de comportement et cela lui a valu le sobriquet de « mal garé ».

Pour le gardien et beau-frère de la propriétaire du terrain qui est à l’origine du différend entre les deux chefs de carrés, c’est un problème de manque de communication. Il estime que le chef de carré 35 n’a pas cherché à se renseigner avant de mobiliser les gens. « Ce terrain est acheté depuis 1988, c’était la brousse, c’est moi qui utilisais pour labourer avant que les services cadastraux ne viennent tracer les routes » dit le gardien monsieur Mbaihamné Christoph. Ce dernier relate que le commerçant et la propriétaire se sont entendu avant que les camions Benz ne viennent déposer le sable. « Le commerçant et ma belle-sœur se sont entendu et qu’en contrepartie, le commerçant doit déposer trois Benz de terre d’une valeur de 105.000F CFA. » précise-t-il. Monsieur Mbaïhamné souligne que c’est lui-même qui a montré les limites du terrain au chauffeur, tout en lui disant de les respecter.

Le contre-pied du chef de carré 35

Le chef de carré 35 M. Mbaïro Kiramian prend le contre-pied en indiquant que le stockage dans un quartier qui n’a pas de canalisation ne doit pas être géré par les chefs de carrés. « C’est la mairie du 9e arrondissement qui doit donner l’autorisation et non un chef de carré, moins encore un individu », rétorque-t-il. Selon lui, c’est un stockage anarchique qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les populations dans les jours à venir. Monsieur Mbaïro a par ailleurs précisé que, la démarche entreprise va certainement léser les riverains si l’on ne se dépêche pas de creuser une canalisation pour permettre à l’eau de pluie de circuler normalement. Toutefois, il faut préciser que les reporters du journal ialtchad ont constaté que le stockage n’a pas obstrué la voie publique.

Le village Ngone Baah, un quartier de la commune du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, serait créé en 1930 par les pêcheurs Ngambaye venant des villages de Béladja et de Mbaouroï dans le Logone Occidental. Ngone Baah qui signifie petit fleuve en Ngambaye. C’était le bras du Chari qui s’est asséché et devenu une carrière derrière le quartier Ngone Baah village.

Jules Doukoundjé

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