Reportage

Reportage (1382)

Le baccalauréat est un diplôme qui sanctionne le cycle secondaire et ouvre les portes des études supérieures aux lauréats. Au Tchad, après l’obtention de ce diplôme, les jeunes bacheliers ont du mal à s’orienter et à s’intégrer dans la vie active. Reportage.

L’obtention du baccalauréat est une chose et s’orienter dans les études supérieures en est une autre. Beaucoup de jeunes sont confrontés à ce problème. Ils ne savent pas ou hésitent à faire un choix clair. Pourtant, ce choix s’avère déterminant pour la future carrière des jeunes et comme le dit un adage populaire « si on ne sait pas d’où on vient, il faut savoir où on va ».

Saleh Moïdjingar Issa, jeune de 22 ans habitant le quartier Amtoukoui, dans la commune du 7e arrondissement. Il vient de réussir son baccalauréat série A4, « jusqu’à présent il n’a pas encore choisi sa filière de formation. Avant, il voulait faire la communication et dit-on que ceux qui finissent en communication n’ont pas beaucoup de débouchés, donc il est pour le moment dans l’embarras de choix », dit-il.

Ildjima Katcheng est bachelière de 18 ans. Elle a choisi les Relations Internationales. Ce choix, elle l’a fait elle-même. Ses parents lui ont demandé de faire le Droit, mais elle préfère les Relations Internationales puisque ça fait déjà quelque temps qu’elle a jeté son dévolu sur cette filière. « Bien que cette filière n’existe pas encore à l’Université de N’Djamena, je compte commencer avec une autre filière avant de me spécialiser en Relations Internationales », dit la jeune bachelière.

Ces deux exemples illustrent bien, la difficulté dont sont confrontés les jeunes pour choisir une filière après le baccalauréat. Et souvent leur choix est en inadéquation avec le marché du travail. Du côté des parents, les avis divergent. Certains parents laissent libre cours à leurs enfants. D’autres estiment qu’il est préférable que les parents fassent le choix de formation à leurs places.

Quelle filière pour quel débouché ?

Pour Bananeh EHNENKI, Enseignant à l’École Normale Supérieure (ENS) de N’Djamena et pédagogue, « jadis, le conseil d’orientation allait d’établissement en établissement avec des dépliants qui offraient des possibilités après le baccalauréat, mais cette pratique a disparu aujourd’hui ». Pour une bonne orientation, il faut que l’élève ait une capacité ou une aptitude à exercer tel ou tel métier. Et la décision ne doit pas être prise seule, elle doit être prise en concertation avec les parents, l’élève et le conseil d’orientation de son établissement. « Malheureusement aujourd’hui, il y a des élèves qui, après le baccalauréat font parfois de choix erroné, hasardeux et par suivisme », se désole Bananeh EHNENKI. Le pédagogue rajoute qu’il ne faut pas faire le choix par rapport à son ami, mais par rapport à ses propres aptitudes, à ses ambitions et à ses moyens.

Le critère de l’offre d’emploi entre aussi dans le choix de la filière de formation, car vous pouvez suivre une formation, l’achever dans de bonnes conditions et vous vous rendriez compte qu’il n’y a rien sur le marché de travail. Il faut donc, bien analyser le marché de travail avant de faire le choix. Auquel cas, votre choix doit s’orienter vers l’auto-emploi.

« Le système éducatif tchadien manque de système de récupération et de passerelles pour permettre à tous les élèves d’aller vers les qualifications qui leur permettront d’être pratiques. Et de faire quelque chose dans la vie », dit Bananeh EHNENKI. Pour résoudre ce problème, le pédagogue suggère la multiplication des établissements de formation professionnelle pour récupérer des élèves qui ne sont pas destinés à faire de longues études, ainsi dit-il, on aura le moyen de limiter le chômage et de promouvoir l’auto-emploi. Il existe de nos jours, des filières prometteuses comme l’informatique, la médecine, l’enseignement, le secteur agricole et bien d’autres que les jeunes bacheliers peuvent aisément s’orienter.

Pour ne pas tomber dans le piège de l’embarras de choix de filière de formation ou de choisir une filière en inadéquation avec le marché de travail, le pédagogue conseille aux jeunes bacheliers de ne pas faire de choix hasardeux et par suivisme. Avant de s’engager dans une formation, il faut se fixer un objectif et ne pas compter sur la Fonction. Aussi, il faut demander conseil aux aînés, discuter avec les parents et se rapprocher des spécialistes pour éviter le regret d’avoir fait des études qui ne conduisent nulle part.

Ousmane Mahamat Alfahal

La rentrée scolaire 2020-2021, fixée au 1er octobre, est décalée au 2 novembre 2020. Raison, finaliser le programme scolaire 2019-2020.

La nouvelle a pris de cours tous les acteurs du système éducatif. La rentrée scolaire 2020-2021, initialement prévue le 1er octobre, est repoussée au 2 novembre. Et c’est à 48 heures de la rentrée que la décision est tombée. Dans le communiqué qui l’annonce, la Direction Générale du ministère de l’Éducation nationale explique ce décalage par la nécessité de finir le programme scolaire 2019-2020. Retour donc à la case départ.

C’est en raison de la pandémie du Covid-19, le ministère de l’Éducation nationale a suspendu les cours dans tous les établissements d’enseignement. Pour sauver l’année scolaire 2019-2020, le ministère a autorisé la reprise des cours dans les classes d’examen. Cette décision a abouti à l’organisation du baccalauréat, du brevet d’étude fondamentale, et des concours d’entrée dans des écoles techniques. Toujours dans le but de finaliser le programme scolaire, le ministère a prévu un mois de cours pour les élèves des classes intermédiaires. Le mois de septembre était retenu. Mais ce scénario a été abandonné pour revenir à nouveau. « Cette reprise concerne uniquement les classes intermédiaires », a précisé le communiqué. Autrement, les élèves des classes intermédiaires ont un mois pour finaliser le programme scolaire en cours.

Selon les explications obtenues auprès de la direction générale du ministère de l’Éducation, durant ce temps, des évaluations peuvent être organisées. Ceux qui auront assez de difficultés doivent être accompagnés (cours de soutien) en dehors des heures régulières, nous a confié notre interlocuteur. Mais ces évaluations ne doivent en aucun cas être considérées comme examen de passage. « Le passage au niveau supérieur est systématique », a rappelé notre source.

À partir du 1er octobre, les élèves de la maternelle en 4e puis de la 2de en 1ère reprendront le chemin des classes pour boucler l’année 2019-2020. Ceux qui passent pour la 3e et la Terminale doivent attendre le 2 novembre pour commencer la nouvelle rentrée. Dans le programme, la reprise des cours sera séquencée : jeudi 1er octobre : CM1, CM2, 6e, 5e et 2de ; Vendredi 2 octobre : CE1, CE2, 4e et 1ère et samedi 3 octobre : maternelle, CP1 et CP2. Ceci « pour permettre une gestion aisée de l’effectif des élèves et éviter tout débordement », indique le communiqué. La nouvelle rentrée scolaire est quant à elle fixée , pour l’instant, le 2 novembre 2020 sous le thème : « renforcement des enseignants, apprentissages et promotion de l’éducation civique face à la Covid-19 ».

Le Directeur général de la Société nationale d'électricité (SNE), Mahamat Adoum Ismaël, a fait une déclaration ce mercredi 30 septembre. Il est revenu sur les coupures d'électricité intempestives, et a clarifié la situation. Reportage.

Les usagers de la Société nationale d'électricité à la capitale et en provinces font face depuis quelques semaines à des délestages intempestifs. Cette situation est due principalement à des difficultés d’ordres techniques, financier et matériel, souligne d'emblée le directeur général de la SNE, Mahamat Adoum Ismaël. « Je voudrais profiter de l’occasion pour adresser à notre aimable clientèle en mon nom propre et en celui de l’ensemble des travailleurs de la SNE, toutes nos excuses pour le désagrément que cela a pu leur causer », ajoute-t-il.

Selon la direction générale de la SNE, tout est mis en œuvre afin de trouver une solution à la crise énergétique. Des moyens conséquents sont mis à la disposition de l’entreprise pour relever le défi, a dit M. Mahamat Adoum Ismaël. Il explique que pour la ville de N'Djaména qui représente plus de 95% de l’activité de la société, 7 groupes sur 14 sont en arrêt. Les 7 restants et les 3 opérateurs privés produisent que 70 MW, soit une énergie livrée de 1 680 000 KWH par jour pour des besoins de la ville estimés à 2 400 000 KWH. La ville n’est alors couverte qu’à 70%. Ce déficit est aggravé, quand surviennent des défauts et des pannes dus à la vétusté des lignes de distribution et à un réseau de transport surchargé.

Difficultés

« L’état délétère dans lequel se trouve aujourd’hui l’entreprise découle principalement de l’état de ses finances, déficitaires. Ce sont les conséquences du non-paiement des factures par 1/3 des clients. Ils s’alimentent illégalement ». Selon le DG, des fraudes organisées se généralisent au détriment de l’équilibre financier de l’entreprise, mais aussi, et très souvent du danger que présente le risque d’électrocution en période de pluie et d’humidité.

Mahamat Adoum Ismaël soutient que les problèmes de production, de transport, de distribution, de délestage, de branchement, de compteurs et de lenteur bureaucratique ne peuvent être résolus en 1 jour. Pour trouver une solution durable, il faut un travail pharaonique, du temps, des infrastructures sophistiquées et des réformes de la société.

Espoir

Pour le directeur général, il faudra que la SNE répare et réhabilite les groupes. Ainsi la production totale peut être portée à 121 MW. A cela s’ajouteront les 32 MW de la Centrale Denali en construction à Djarmaya. Ce qui donnera au total 153 MW pour un pic estimé en mai 2021 à 130 MW. Il y aura alors un excédent de 23 MW.

C’est seulement à ce prix que « La lumière brillera dans les foyers et le délestage ne sera qu’un mauvais souvenir », conclut le directeur général Mahamat Adoum Ismaël. Juste après cette déclaration, plusieurs abonnés ont exprimé leur scepticisme dans les réseaux sociaux.

Maurice Ngonn Lokar

Submergée par les eaux des pluies la rendant impraticable, il y a quelques semaines, l’avenue du 10 octobre est ouverte de nouveau à la circulation. Pour faire suite à notre article alors que l’avenue était impraticable lors des inondations, Ialtchad Presse est reparti constater s’il y a eu une amélioration. Reportage.

Soulagement. C’est ce qu’on peut lire sur les visages des usagers de l’avenue du 10 octobre rencontrés ce lundi 28 septembre. Il y a un mois et demi, cet axe était impraticable à la suite des grosses pluies qui l’ont submergée. Pour rejoindre le centre-ville, les habitants d’Abena, Amtoukoui, Boutalbagar, Kamnda, Ndjari étaient contraints de faire le contournement soit par l’avenue Pascal Yoadoumnadji soit par l’avenue Taiwan. Ce qui leur faisait plus de kilomètres, d’énergie et de carburant. 

Depuis quelques semaines, les eaux ont commencé par baisser laissant la voie de nouveau accessible. Malgré les crevasses et les nids-de-poule, bus commerciaux, véhicules particuliers, motos reprennent leur trajet sur cet axe. Plus aucun de pirogues ne navigue sur les eaux. Place à la libre circulation. « Enfin, c’est plus agréable comme ça », dit Ahmadaye, motocycliste. Il dit être fatigué de contourner ce tronçon.

Pour éviter de tomber dans des creux, un groupe enfants joyeux sert de guide aux usagers.  D’autres tentent de remblayer ces creux contre quelques pièces de monnaie demandées auprès des passants. La circulation est pêle-mêle. Rien n’est respecté. Même pas le sens interdit. C’est à qui mieux mieux. « Ici, il faut oublier les règles de la circulation », affirme un motocycliste. Chaque usager roule sur la chaussée de son choix. « Les gens roulent à contre sens sur une voie rapide. Ce désordre rend de fois la circulation dense », renchérit Ahmadaye qui invite ses concitoyens à faire preuve de civisme.

De l’autre côté, sur l’avenue Pascal Yoadimnadji, c’est le même sentiment de soulagement. Les embouteillages constatés chaque matin et soir ne sont plus réguliers. Autrefois, l’impraticabilité de l’avenue du 10 octobre a fait que l’avenue Pascal Yaodimadji était plus achalandée. La jonction sur l’avenue Mathias Ngarteri était devenue un véritable carrefour où des embouteillages monstres se forment tous les jours s’est désengorgée. La circulation est plus fluide actuellement.

Le tarissement des eaux sur cette voie a fait disparaître deux activités : le lavage des engins et la traversée à pirogue. Au pic des inondations, des jeunes utilisaient ces eaux pour laver motos et voitures. Ils ont aussi développé un autre secteur d’activité en mettant des pirogues pour la traversée. Avec le tarissement des eaux, ces jeunes se sont retirés. Ils ont concentré leurs activités aux bords des deux bassins de rétention aux abords de l’avenue. « Le business continu, mais un peu loin », dit Mbairamadji Noël.

Christian Allahdjim

Le passage systématique en classe supérieure décidé par le ministère de l’Éducation nationale ne fait pas l’unanimité. Une bonne partie des parents, d’élèves, d’enseignants et des chefs d’établissement ne sont pas d’accord. Reportage.

« Cette nouvelle rentrée va être catastrophique », prédit Ndonane Allandigta, chargé de cours en Philosophie au Lycée de Walia. En cause, la décision du ministère de l’Éducation de faire passer systématiquement les élèves en classe intermédiaire et ensuite en classe supérieure. La raison officielle est la perturbation des cours par la pandémie du Covid-19.

« C’est une décision bidon », dit M. Modobé Jean, parent d’élèves rencontré au lycée Hérédité. Pour lui, la décision du gouvernement est infondée.  « Dans la plupart des systèmes éducatifs, surtout en Afrique, il y a le redoublement. Dire que les élèves doivent passer systématiquement relève de la complaisance », fustige-t-il avant de rajouter, « si c’est le cas, pourquoi ceux qui ont passé les examens ne sont pas tous admis d’office ? » D’autres parents ont des mots très durs. Mme Solkem, mère de 3 élèves rencontrée au Lycée Ibrahim Mahamat Itno (LIMI) de Farcha, confie que tous ses enfants ont raté la moyenne et ils vont tous reprendre. « Je ne tolère pas les bêtises que le gouvernement est en train d’organiser. Cette décision est un crime contre la jeunesse », accuse-t-elle.        

Les parents ne sont pas les seuls à fustiger cette décision qu’ils jugent incompréhensible. Comme par solidarité, les élèves ne sont pas en reste. Fabrice Allata est élève en classe de Première L au Lycée Apha 3. Pour lui, cette décision fait la promotion de la médiocrité. « Ceux qui ont de faibles moyennes doivent absolument reprendre. Sinon ça va être pire. Déjà que le phénomène de baisse de niveau ternit l’image du système éducatif tchadien », dit-il.

Certains élèves se disent conscients de leur avenir. Comme, Allasra Ferdinand, élève en Seconde unifiée au Lycée Ibrahim Mahamat Itno (LIMI). Il refuse de passer en classe supérieure bien que la décision l’y autorise. « J’ai une moyenne annuelle de 8,45/20 et j’ai pris la décision de reprendre ma classe et je ne regrette pas », insiste-t-il. Par contre, d’autres élèves estiment qu’ils n’ont pas le choix. « Qui suis pour contredire une décision gouvernementale. J’ai accepté malgré ma mauvaise moyenne », justifie un autre élève qui devrait redoubler.

Pour les chefs d’établissement, le sujet est délicat. « Je ne peux pas me prononcer sur une décision politique », a sèchement répondu un chef d’établissement privé. « Mais c’est anti pédagogique en tout cas », se résume-t-il. Pour le directeur d’un collège privé à Farcha, le passage systématique des élèves en classe supérieure est une décision salutaire. Il s’explique, « faire reprendre les élèves, c’est une manière de les retarder. » Si les avis sont divergents, tous reconnaissent que l’avis des parents compte. La direction du LIMI explique que les élèves qui ont des faibles moyennes passent ou redoublent seulement après accord des parents. Passage ou redoublement, Casimir, élève en seconde, conseille aux parents de trouver des répétiteurs à leurs enfants. Sinon, dit-il, ils auront des difficultés.

Il faut rappeler que c’est à cause du dépistage du 1er cas de coronavirus au mois de mars passé, que le gouvernement a suspendu toutes les activités académiques. Les cours ont été dispensés en ligne (Internet) pour les élèves des classes d’examen. Initialement, ceux des classes intermédiaires doivent reprendre les cours en présentiel en septembre pour boucler l’année. Mais revirement à la dernière, ces cours sont annulés. Et la nouvelle rentrée est déjà arrivée. Pris en tenaille, le gouvernement a décidé par cette mesure controversée de régler le problème de retard.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

La rentrée scolaire 2020-2021 est fixée pour le 1er octobre 2020. Parents et élèves se grouillent pour être à jour. Reportage.

N’Djaména. Avenue Mobutu. Le soleil est au zénith en ce jeudi 24 septembre. Il fait légèrement chaud. C’est l’heure de la pointe, la circulation est un peu dense. L’avenue a l’air d’une avenue commerciale. Sacs, moustiquaires, cahiers et bien d’autres articles sont étalés à même le sol, d’autres accrochés sur des cordes ou même tout le long de la clôture du Lycée technique commercial. Parmi les articles, les cahiers et autres fournitures scolaires sont exposés en bonne place. C’est le signe que c’est la veille de la rentrée des classes. Séraphin pratique ce commerce depuis 8 ans. Devant son étal, des parents d’élèves se bousculent pour se procurer cahiers, stylos et autres articles pour leurs enfants. 

Salaire et crédit bancaire

Kalgonbé Dédibé est enseignant et père de 15 enfants. Il est venu acheter quelques fournitures chez Séraphin. Pour lui, la rentrée des classes ne se prépare pas à la veille. « J’ai beaucoup d’enfants. Donc pour ne pas me laisser surprendre à la veille, j’ai commencé à acheter les fournitures, peu à peu, jusqu’aujourd’hui », dit-il. Si M. Kalgonbé s’est préparé depuis le mois de juillet, ce n’est pas le cas d’autres parents. Ils font les achats à la dernière minute. Lucienne, une fonctionnaire rencontrée chez Séraphin est du genre dernière minute. « J’ai compté sur le salaire de ce mois (septembre) pour préparer la rentrée de mes enfants. Et Dieu merci le virement est passé aujourd’hui », dit-elle avec un sourire en coin.  « C’est un risque », a réagi M. Kalgonbé. Pour lui, on ne sait pas quand le gouvernement vire les salaires. Et compter sur le salaire du mois de septembre pour préparer la rentrée est risqué.

Si chez certains parents le salaire peut suffire pour préparer la rentrée scolaire, chez d’autres on fait recours aux crédits bancaires. C’est le cas de M. Marabeye Richard, un enseignant. « Grâce au crédit scolaire que la banque m’a accordé, j’ai pu faire la réinscription de mes enfants et les nécessaires pour leur rentrée. Maintenant, je réfléchis à comment rembourser cette dette ? », dit-il.

Pour cette année, M. Kalgonbé pense que les prix des sacs pour écoliers sont exorbitants. « Ça fait 3 jours que je traine en ville pour acheter des sacs. Mais les prix ne sont pas abordables. Pour avoir un bon sac, il faut au moins 8 000F et plus ». Mais selon Djimnayal, vendeur des sacs, les prix de vente varient en fonction de la qualité du produit.

La main à la pâte

Les parents ne sont pas les seuls à préparer la rentrée des enfants. Certains jeunes se remuent pour épauler leurs parents. Séraphin, le vendeur, est lui-même élève à Béré dans la province de la Tandjilé. Il passe en classe de Terminale. Selon lui, cela fait 8 ans qu’il fait ce commerce pour assurer sa scolarité. « À toutes les vacances, mon grand-frère et moi venions à N’Djamena faire notre petit commerce. Avec les bénéfices, je repars au village m’inscrire », raconte-t-il. Cette année, la première semaine, les affaires étaient difficiles. Mais il espère qu’avec le virement des salaires, les jours avenirs seront prospères. Comme lui, des nombreux jeunes N’Djamenois pratiquent des petites activités génératrices de revenus pendant les vacances pour préparer une bonne rentrée des classes.

Nodjibé Serge est licencié en Biologie. Il s’est lancé depuis peu dans le commerce de détail pendant les vacances. Pour son cas, il ne s’agit pas de préparer une quelconque rentrée académique, mais pour s’occuper. Il vend des chaussures pour adulte et enfant. Au début, les affaires étaient bonnes. « Mais là le marché est saturé avec la rentrée qui se pointe », se plaint-il. « Nous, les vendeurs ambulants, nous sommes nombreux et les affaires tournent difficilement bien », affirme-t-il.

Par contre, les vendeurs de tissu et les tailleurs se frottent les mains. « Dans les marchés, les allées de ces vendeurs ne désemplissent pas », dit un élève rencontré sur le marché de Dembé. Les prix des tissus varient. « Le super cent se vend à 3 000F le mètre et le tissu simple à 2 000F », explique Abdoulaye Tidjani, commerçant au marché de Dembé.

Moussa Diop est un tailleur de nationalité sénégalaise, il s’est installé au quartier Moursal. Dans son atelier, son équipe et lui sont mobilisés. « Les commandes des tenues nous submergent. Nous travaillons d’arrache-pied pour satisfaire la clientèle », dit-il.  Un pantalon se confectionne à 4 000F et une chemise à 3 000F.

En attendant la rentrée officielle des classes le 1er octobre, parents et élèves ont encore quelques jours pour être fins prêts.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

Installés temporairement sur le lycée de Walia, des sinistrés des inondations sont exposés à des intempéries de tout genre. Reportage.

Le lycée de Walia ressemble à un séchoir en ce début de matinée du mardi 15 septembre. Habits, draps, couchages sont étalés pêle-mêle sur la clôture, la terrasse et les tables-bancs. C’est la conséquence de la grosse pluie du lundi 14 septembre qui s’est abattue sur la ville de N’Djamena.

Dans le bâtiment du Lycée des centaines de victimes des inondations sont logées. Ils viennent de différents quartiers de la ville. Ils ont été hébergés là. Pas le minimum de confort.

Manassé vient du quartier N’gueli. Sa famille et lui habitent dans une salle de classe. Pour lui, les conditions de vie sont difficiles. « Regardez ! Nous sommes 50 à loger dans cette salle », dit-il, dépité. Manassé et sa famille sont contraints de cohabiter avec d’autres familles dans cette pièce. Heureusement dit-il, « nous sommes logés par quartier. Et le hasard a fait qu’il se retrouve dans la même salle que mes voisins de Ngueli ». Cela aide à éviter les problèmes de cohabitation. Ce qui le préoccupe est leur vulnérabilité face aux intempéries de tout genre.

Les conditions d’accueil ne sont pas du tout aisées. Dans ce lycée qui les abrite, la plupart des salles sont sans fenêtres ni portes. La cour, herbeuse et de fois inondée, constitue est un nid de moustiques. L’insalubrité est à son comble. Tous ces éléments rendent vulnérables les victimes.

La dernière grosse pluie du 14 septembre ne les a épargnés. « La pluie était accompagnée du vent. Et comme il n’y a pas de porte ni fenêtre, l’eau a pénétré dans les salles », explique Manassé. Le lendemain c’est journée « séchage général », au lycée de Walia.

Aussi, les sinistrés sont exposés aux moustiques et aux maladies. « Nous avons trois de nos co-chambriers qui sont tombés malades hier. Ils sont évacués par leurs familles en ville pour des soins », dit Manassé. Ce qu’il déplore, c’est le manque d’une unité de prise en charge au sein de leur site. « Normalement l’État doit déployer des agents de santé ici pour s’occuper de nous. Mais rien », regrette-t-il.

L’autre problème sur ce site est l’assistance alimentaire. Selon ces victimes, des aides ont été distribuées, mais pas suffisantes. « J’ai reçu 3 «coros» de riz depuis notre installation. Mais pour avoir ça, c’était de la guerre », dit un père de famille.

Un sexagénaire intervient et tranche, « quand on fuit la guerre, on ne peut pas demander à être logé confortablement. »

Enfin, Manassé et ses compagnons souhaitent que le site de Toukra aménagé pour les héberger soit rapidement opérationnel pour qu’il puisse s’installer. « Si nous nous installons sur ce site, nous pouvons aller travailler en ville pour avoir de quoi arrondir nos quotidiens », estime Manassé.

Christian Allahdjim

Il n’est pas aisé de voyager ces derniers temps vers le sud du Tchad. En cause, la dégradation avancée de la route nationale. Elle tourmente les voyageurs. Reportage.

« C’est quand l’enfant voyage qu’il se rend compte que voyager est bien fatigant et rempli d’obstacles », dit une maxime Gor, peuple de la région de Kouh Est. Ceux qui ont l’habitude de voyager sur l’axe N’Djaména-Kélo comprendront tout le sens de cette parabole. Ce trajet, long de 415Km, est un cauchemar sinon un véritable calvaire pour les voyageurs. Rien qu’à penser à l’état de la route peut déjà décourager tout voyageur.

Ce jeudi 10 septembre 2020, le troisième bus d’une des grandes agences de voyages s’apprête à quitter la capitale en direction de Sarh, une ville située à 284Km de N’Djamena. À l’intérieur, hommes, femmes et enfants, cache-nez à la bouche, sont embarqués. Pandémie du Covid-19 oblige. C’est la seule mesure de prévention respectée par les agences de voyages. La distanciation sociale n’est qu’un lointain souvenir.

À 7h 18mn, le départ pour ce long et pénible voyage est donné. Sur les sièges arrière, Rebecca et son grand-frère prennent place. Un siège vide sépare les deux dames ayant chacune un gosse. Causeries, rires, coups de fil donnent une ambiance bon enfant dans le bus. L’allure au départ de N’Djamena jusqu’à La Loumia, localité située à 60 km de la capitale, malgré les dos d’âne et des nids-de-poule qui faisaient ralentir de temps à autre le bus, laissait croire que le trajet sera vite parcouru. Ce sont ceux qui empruntent cet axe pour leur première fois qui pensent ainsi. Les avertis savent à quoi la suite ressemble. Ils prédisent souvent l’heure approximative à laquelle le bus arrive à destination. Rebecca et son grand-frère n’ont pas le temps de profiter longtemps du confort qu’offre le bus. Déjà, à la sortie de la commune de La Loumia, des secousses violentes se font sentir. Nids-de-poule, creux, les bus et véhicules sont obligés de serpenter en slalomant à vive allure. Il faut avoir l’estomac solide. Rien que pour 150 km, il a fallu 4heures de route pour que Rebecca et les autres voyageurs arrivent à Guelendeng. Trajet qui, auparavant, se faisait en moins de deux heures.   

L’axe Guelendeng-Bongor est distant de 75Km. Une autre paire de manches. Sur presque 20 km, la route de sortie de la ville de Guelendeng est agréable à carrosser. Elle fait vite oublier le calvaire du tronçon N’Djaména-Guelendeng. Le chauffeur étale toute sa performance, les passagers commencent à prendre leurs aises, mais très vite, les secousses et les slaloms reprennent de plus belle.

À 20 km de la ville de Bongor, c’est la zone de sautillement. « Je veux vomir », lance la voisine de Rebecca qui ne supporte pas ces petits sauts en continu. « Il me faut trouver un autre siège un peu devant », dit-elle. Arrivée à Bongor, Rebecca craque, « je suis déjà fatiguée. J’espère que la suite sera moins zigzagante ».  Son grand-frère, un habitué de ce trajet, l’observe en souriant. Une petite pause dans cette ville a permis aux voyageurs épuisés, de descendre se dégourdir les jambes, de se rafraichir et de s’alimenter comme pour alourdir leurs estomacs torturés par les secousses et les slalomes.

Le bus reprend son parcours entre de Bongor vers Kélo, long de 190Km. Il faut 4heures de route. C’est le tronçon de l’impossible. L’état de la route est inquiétant. Presque tout le parcours est jalonné des creux remplis d’eau des pluies, la boue, l’asphalte (goudron) dégradé tapissent la route comme des morceaux de galettes posés avec attention… Pour éviter d’amortir leurs bus, les chauffeurs roulent presque au ralentie. « C’est fatiguant. Lorsque tu fais un aller-retour sur cet axe, l’agence donne une journée de repos », dit le chauffeur, agrippé à son volant.

Dans le bus, les voyageurs ont le regard vide, hagard. Ils ont hâte d’arriver à Kélo. Ils jettent péniblement leurs regards pour voir la plaque qui annonce cette ville soulage. Parce que la ville de Kélo indique la fin du calvaire routier. Il est presque 18heures, Rebecca et ses compagnons voient apparaître la plaque Kélo. C’est la fin du calvaire. « Enfin nous sommes arrivés. Nous allons maintenant embarquer sur un tapis », lance le grand-frère à Rebecca. Au revoir les sautillements, les zigzags, les creux, le trajet de la mort. Près de 11 heures d’horloge pour parcourir 415Km, soit 41,5km par heure. Le voyage continue. 

Kélo-Koumra, le trajet du plaisir

De Kélo en passant par Moundou, Doba et Koumra jusqu’à Sarh, les chauffeurs prennent plaisir à rouler. Les voyageurs, quant à eux, profitent du confort dans les bus pour dormir et combattre ainsi la fatigue du difficile axe N’Djaména-Kélo. De Kélo à Koumra, destination de Rebecca, le bus a roulé 3 heures de temps pour 275Km. Pourtant N’Djaména-Bongor fait 225, mais il faut rouler pour près de six heures.

Arrivée à destination, Rebecca, prend un grand souffle, s’étire et dit, « l’État doit envisager la reconstruction de l’axe N’Djamena-Kélo. Sinon il y aura des catastrophes terribles ». La ville respire la verdure. Les habitants vaguent à leurs occupations dans une ambiance provinciale.

Christian Allahdjim  

L’appel du gouvernement à la salubrité a été entendu par l’Armée Nationale Tchadienne (ANT). Plusieurs de ses éléments ont envahi la cour du lycée technique commercial de N’Djamena ce samedi 12 septembre. Opération : désherbage. Notre reporter y était.

Ils sont de l’armée de l’air, de terre, de la gendarmerie, du Groupement mobile d’intervention de la Police (GMIP) à prendre d’assaut les locaux du lycée technique commercial (LTC) ce samedi 12 septembre 2020. Une présence massive des hommes en tenue et bérets militaires, pas pour une action militaire, mais plutôt pour une action citoyenne. L’armée est venue répondre à l’appel du gouvernement lancé le 5 septembre lors des journées citoyennes pour la rentrée scolaire 2020-2021.

« Moral, haut. Moral, haut… », c’est en scandant ces mots d’encouragement repris en chœur que le Chef d’état-major général des armées, Abakar Abdelkerim Daoud et ses éléments ont entamé le travail en présence du maire de la commune du 3e arrondissement dès 6 heures du matin. Les débroussailleuses, les râteaux, les pelles, les houes, les brouettes ont remplacé la « kalachnikov ». Des grappes de militaires en rang serré ont fauché les herbes rendant salubre, agréable la cour du lycée technique commercial pour toute prochaine activité.

En face, au lycée Félix Éboué, ce sont des organisations des jeunes qui ont la même activité qui consiste à rendre propre les cours des établissements avant la rentrée scolaire qui se pointe à l’horizon. Selon le ministère secrétaire général à la Présidence Kalzeubé Payimi Deubet, « la reprise des activités pédagogiques passe par la salubrité. Il faut nettoyer, rendre propre, les infrastructures éducatives qui ont été inondées ou envahit par les herbes ».

Au total, ce sont 4 établissements, le Lycée Technique Commercial, le Lycée Technique Industriel, le Lycée Félix Eboué et la Faculté des Sciences exactes de Farcha qui ont reçu des coups de balai des éléments de l’armée et des organisations des jeunes. Pour témoigner sa reconnaissance le gouvernement a dépêché, le ministre secrétaire général à la Présidence et le directeur de cabinet civil du président de la République sur les différents sites pour marquer de leur présence cette initiative.

Un passant surpris par l’initiative, dit « C’est bien, mais il faudra que cette armée fasse encore plus. Qu'elle ne serve pas seulement à faire la guerre, elle devait aussi faire ces genres d'opérations lors du pic des inondations. Toutefois, il n’est pas trop tard. Il y a beaucoup à faire. Il faudra qu'elle répare les routes et aménage les camps des sinistrés. Elle rendra un grand service au pays ».

Christian Allahdjim

Le chômage est un problème auquel font face les jeunes au Tchad. C’est une difficulté dans la capitale, N’Djamena comme dans les provinces. Pour faire face à cette situation, le gouvernement, à travers le ministère de la Jeunesse et des Sports, finance des projets porteurs dans les provinces.

Depuis plusieurs années, les jeunes tchadiens n’ont compté que sur l’État pour avoir un emploi. Après leurs études supérieures, beaucoup d’entre eux n’attendent que l’intégration à la Fonction publique. Or, l’État ne peut pas absorber tous les demandeurs d’emploi. De ce fait, l’entrepreneuriat des jeunes apparait est une solution au phénomène de chômage. C’est pourquoi le ministère de la Jeunesse et des Sports investit dans les projets innovants et porteurs dans les provinces. L’objectif est de renforcer le développement local.

Lors de sa tournée dans les provinces méridionales du pays, la délégation du ministère de la Jeunesse et des Sports a abordé les problèmes des jeunes. Selon des représentants des associations des jeunes, c’est le chômage qui conduit les jeunes à s’adonner à l’alcoolisme ou le banditisme. Durant son séjour à Pala, dans la province du Mayo-Kebbi Ouest, fin août, l’équipe conduite par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Routouang Mohamed Ndonga Christian, a remis des chèques aux jeunes porteurs de projets. D’une valeur de 21 millions FCFA, cette somme permettra le financement des projets dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage.

« On espère que ces investissements aient un impact dans cette province. Il faut noter que la jeunesse tchadienne ne se résume pas qu’au nombre ici présent, d’autres jeunes veulent en bénéficier. Pour cela, il faut aussi que vous respectiez les engagements pris pour le remboursement afin de permettre à d’autres jeunes aussi de bénéficier », a dit le ministre Routouang Mohamed Ndonga Christian aux jeunes bénéficiaires. Selon le ministre, l’entrepreneuriat peut aider à résoudre le problème du chômage des jeunes.

Ensuite, le ministre de la Jeunesse et des Sports a visité quelques initiatives des jeunes qui ont obtenu le financement de l’État par le passé. L’équipe du ministre a constaté que l’investissement de l’État a servi à créer effectivement des emplois. Le ministre a invité les autorités locales à mettre plus de rigueur dans le suivi de ces projets.

« C’est avec ces actions qu’on mesure que la jeunesse peut avoir de l’appui ou pas. On demande des positions dans les prises de décisions, mais si on nous donne peu et qu’on n’arrive pas à faire preuve de maturité, naturellement on prouve que nous les jeunes on n’a pas notre place dans les instances de prise de décisions », a déclaré Routouang Mohamed Ndonga Christian.

Maurice Ngonn Lokar

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