Reportage

Reportage (1382)

Les épreuves écrites du baccalauréat se poursuivent. Au deuxième jour, ce sont des candidats de la série littéraires qui se sont frottés aux épreuves. Ialtchad Presse s’est rendu au Lycée de Farcha. Les candidats critiquent des conditions liées aux mesures barrières. Reportage.

En raison de la pandémie du Covid-19, le baccalauréat session d’août 2020 se déroule de manière particulière. Les épreuves se passent dans le contexte du respect des mesures barrières. L’Office national des Examens et Concours du supérieur (ONECS) a multiplié les centres de composition et limiter le nombre de candidats par salle. De plus, les candidats des séries scientifiques composent séparément des littéraires en jour alterné. Le premier jour des épreuves, 17 août, ce sont les candidats scientifiques qui ont ouvert les épreuves écrites. Hier 18 août, c'était au tour des littéraires. Au centre de Farcha, au Lycée Ibrahim Mahamat Itno, les candidats interrogés, expriment leur sentiment.

« Cette année la composition est différente au niveau de l'organisation, l'examen qui devrait avoir lieu depuis juin, à cause de la pandémie, ils ont reporté jusqu'en août. Dans les années précédentes, on composait avec les scientifiques. Par rapport aux matières, c'était une matière par jour, mais cette année on compose deux par jour », fait remarquer Idriss Abdelkerim Ali, élève en Terminal A4 au Lycée Ibrahim Mahamat Itno.

Lorsqu’on dit au candidat que si l’ONECS a voulu que les choses se déroulent ainsi, c’est pour éviter la propagation de la pandémie du Covid-19. Donc, les candidats au baccalauréat doivent respecter les mesures barrières : port de cache-nez, lavage des mains, distanciation sociale, etc. À cette question, les candidats du centre de Farcha critiquent diversement la mise en application de ces mesures.

Pour le candidat Abakar Idriss, du Lycée moderne de Djougoulier, les mesures barrières sont respectées. Le port de masque est obligatoire, pour la distanciation sociale, le nombre des candidats ne dépasse pas 30 par salle. Il ajoute que « composer en alternant avec la série scientifique est à apprécier. Le nombre n'est pas beaucoup et là on évite la propagation de la maladie de Covid-19 ».

Ce n’est pas le cas partout. Pour d’autres candidats, l'organisation au niveau de leur centre à déplorer.  « Les conditions ne sont pas réunies pour éviter la propagation de la pandémie. Je ne vois pas les seaux d'eau et le savon pour le lavage des mains. Les élèves ont apporté leurs masques, mais certains surveillants sont sans masques », regrette Moussa Abdelkerim Adam, élèves en TA4 au lycée Aurore.

Eno Kangui Guéyoula rajoute, « l'État a beaucoup investi pour le respecter des mesures barrières pendant la composition, mais je suis ici depuis ce matin. Et je n'ai rien vu. Les surveillants ne sont pas stricts. Il y a des élèves qui ne se lavent pas les mains avant d'entrer dans la salle. Ils entrent en classe sans se laver les mains. » Lors de la dernière mise au point du Comité national de la riposte contre la Covid-19, le 18 août passé, 11 nouveaux cas ont été confirmés au pays.

Orthom L’Or

La Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) a rendu public son rapport sur la mort des 44 détenus, présumés éléments de la secte Boko Haram. Un « drame » survenu le 15 avril dans une cellule de la légion n°10 de la gendarmerie à N’Djamena.

Les enquêtes de la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) ont donné une conclusion contraire à celles des autorités tchadiennes. L’organisation a, en effet, ouvert une investigation pour déterminer les circonstances de la mort de ces personnes présentées comme étant des terroristes de la secte Boko Haram. Selon le rapport dont Ialtchad Presse détient une copie, ces personnes seraient pour la plupart des agriculteurs, pêcheurs, commerçants de bétails, des petits commerçants des petits villages du lac Tchad. L’organisation chargée de la défense des droits humains a dévoilé sa conclusion sur cette affaire qu’elle qualifie « d’un crime de masse par emprisonnement ». C’est après plusieurs missions d’investigation, des enquêtes et auditions des survivants de ce drame, conditions de détention.

Le rapport évoque les mauvaises conditions de détentions de ces présumés membres de la nébuleuse Boko Haram. Selon les témoignages recueillis par la LTDH, les détenus ont été menottés deux à deux, et fouillés avant d’être parqués dans une cellule. Celle-ci avait des normes raisonnables et les contenait tous, de façon décente, à la seule différence que les détenus étaient à même le sol, sur le ciment.

Il a été constaté que certains détenus ont commencé à avoir des démangeaisons sans arrêt, laissant apparaître des éruptions cutanées. Le rapport relève que « des dattes leur sont jetées par les persiennes, autour de 13 heures, comme repas de la mort. Ils se les sont partagées et ont manifesté de la soif presque aussitôt, les obligeant à tambouriner sur la porte pour solliciter de l’aide. Ce fut peine perdue ». Il a fallu attendre un temps, qui leur parut durer une éternité, aux environs de 16 heures, pour qu’une ration d’eau, dans une petite bouteille en plastique, leur soit balancée par le même orifice. De ce fait, seuls quelques-uns d’entre eux ont pu avaler, à peine, quelques gorgées de cette eau, sans se désaltérer pour autant.

Voulant en savoir davantage, la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme a consulté d’autres médecins. Leur avis est que l’analyse du médecin légiste paraît plausible, même si une étude approfondie aurait permis de déterminer avec exactitude la nature de la substance létale.

L’hypothèse de suicide

Contrairement à la version des sources officielles, le rapport de la LTDH souligne que la thèse du suicide est indéfendable, puisque les conditions dans lesquelles les détenus ont trouvé la mort ne concordent pas. Vu que ces derniers ont été menottés deux à deux dans une cellule.

« C’est une spéculation fortuite qui ne résiste ni à l’analyse ni aux déclarations assumées par les survivants. En définitive, la thèse du suicide est indéfendable », mentionne le rapport publié en juillet 2020, deux mois environ après le drame. Selon cette organisation de défense des droits de l’homme, au moment du drame, les détenus ont appelé à l’aide et ont réclamé de l’eau, chose qu’une personne voulant se suicider ne fera jamais.

Il faut noter qu’après l’investigation de la LTDH, la Commission Nationale Des Droits de l’Homme a, pour sa part, dévoilé son rapport d’enquête sur la mort des 44 détenus présumés éléments de la secte Boko Haram. Il a été conclu par cet organe que ces détenus seraient décédés de suite de mauvaises conditions de détention. 

Pour rappel, en mars dernier le chef de l’État, Idriss Déby Itno, a dirigé une opération militaire de riposte contre la secte Boko Haram dans la province du lac. Une opération dénommée « la colère de Bohoma ».  Après cette riposte, une cinquantaine de présumés éléments de la secte Boko Haram ont été ramenés à N’Djamena pour des éventuelles enquêtes. Ces derniers ont été aussitôt transférés dans une cellule de la légion n°10 de la gendarmerie nationale. 44 d’entre eux ont trouvé la mort dans cette cellule.

Maurice Ngonn Lokar

Les candidats au baccalauréat tchadien composent ce lundi 17 août 2020 les premières épreuves écrites. Ialtchad Presse est allé recueillir les commentaires relatifs à cette première journée.

Lundi 17 août. Il est 15heures 45 minutes et 33°. La devanture des lycées Felix Éboué et Technique Commercial de N’Djamena grouille d’élèves candidats au baccalauréat session 2020. Sévérine et ses amis viennent de finir avec la deuxième matière de la première journée des épreuves écrites. Ils se partagent des sandwiches chez une restauratrice installée pour la circonstance sous la passerelle qui surplombe les deux lycées. Nous nous sommes rapprochés d’elle. Sans hésitation, elle a accepté de nous livrer ses impressions. Pour elle, le premier jour des épreuves est encourageant. « Je dirai que nous avons bien débuté.  Nous étions un peu stressés, mais quand nous sommes entrés en possession des sujets, nous nous sommes ressaisis », dit Sévérine.

Pour cette première journée, les candidats des séries scientifiques et techniques ont eu à composer les épreuves de Français et Philosophie (au choix) et la langue vivante. « Les sujets sont abordables se sont des thèmes étudiés en classe », affirme Sévérine. Si pour elle, les sujets sont à la portée des candidats, son condisciple, Djimtinbeye se plaint : « La pandémie du coronavirus ne nous a permis de finir avec le programme bien qu’on ait repris avec les cours pour 45 jours. Cela continue de jouer contre nous. »

Crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus oblige. Les candidats sont contraints de composer dans des conditions assez particulières. Port de cache-nez, respect de la distanciation sociale, bref le respect des mesures barrières. À ces conditions s’ajoutent d’autres règles comme l’interdiction d’utiliser un moyen de communication électronique, l’usage des mouchoirs jetables, etc. « Les surveillants ont respecté toutes les consignes qui leur ont été données donc ils sont trop stricts », affirme Demba candidate de la série G2. Contrairement à elle, Sévérine trouve que dans sa salle certains surveillants sont tolérants et ont eu à aider certains candidats pour la matière composée en soirée (Anglais). « Il y a eu assez d’aide-mémoire que des candidats ont apportés », dit-elle. Mais « Dieu merci aucun candidat n’est disqualifié pour cette journée », se réjouit son compagnon Djimtinbeye.

À la question de savoir si l’absence des candidats de la série littéraire à leurs côtés pendant la composition des matières littéraires n’a pas eu d’impact, Sévérine estime que c’est l’examen, il ne faut pas compter sur un autre que soi-même. « C’est vrai j’ai eu quelques difficultés dans la traduction en Anglais, mais je me suis grouillée. Je crois que nous sommes en examen donc avec ou sans les amis de la série littéraire à côté, nous devons nous débrouiller. Le travail est individuel ».

La première journée des épreuves écrites des séries scientifiques et techniques est finie. Les candidats seront à nouveau en salles de composition que le mercredi pour composer les « vraies matières » comme disent les candidats. Les épreuves du baccalauréat ont été lancées par le ministre de l’Éducation nationale et celui de l’Enseignement supérieur le matin du 17 août dans la sous-préfecture de Koundoul, localité située à 20Km de N’Djamena. Ce sont au total 87 500 candidats qui sont appelés à composer cet examen qui donne accès à l’Université. Les épreuves se déroulent sur une durée d’une semaine.

Christian Allahdjim

Cours en ligne, à la télévision, à la radio, reprise express, le gouvernement a tenté de sauver l’année scolaire en cours. Il y a trois jours, les cours en présentiel sont terminés. Ialtchad Presse est allé à la rencontre des élèves qui apprécient diversement les différentes méthodes utilisées. Reportage.

« La pandémie du coronavirus nous a empêché de bien fréquenter. » C’est par ces mots de mécontentement de Mahamat Abakar, élève en Terminale G1 au Lycée Technique Commercial Boudjouri que nous abordons notre sujet. En effet, l’apparition du tout premier cas du coronavirus au Tchad le 19 mars passé a amené les autorités à interdire tout rassemblement de plus de 50 personnes. Ce qui a conduit à la fermeture des établissements scolaires. Mais pour sauver l’année scolaire en cours, le gouvernement a pris l’initiative, début avril, de donner les cours via les nouvelles technologies de l’information et de la communication (télévision, radiodiffusion, plateforme) pour les élèves en classe d’examen, notamment la 3e et la Terminale.

Nguinambaye Rose, élève en Terminal A4 (TA4) au lycée Felix Éboué, dit n’avoir pas pu bien profiter de ces cours. « Moi je n’ai pas pu suivre le cours une seule fois. Dans notre quartier, l'électricité est rare. En un mois, on n’est alimenté que 4 ou 5 fois », dit-elle. À cela, il faut ajouter aussi le coût de la connexion Internet. « Pour avoir accès aux cours en ligne, il faut se connecter. Et le coût est cher et la connexion ne dure pas. Toutes ces difficultés ont fait que je n'ai pas pu profiter de ces cours », explique-t-elle.

Course contre la montre

Après trois mois de cours dispensés en ligne, le gouvernement vient d’autoriser à nouveau les cours en présentiel pour 45 jours. Ils ont commencé le 25 juillet en mode express. Pour les élèves le délai est jugé trop court. Conséquence, c’est la course contre la montre. « Le retour n'était vraiment pas facile, mais avec le temps on s'est adapté. Les enseignants ne donnent plus le cours comme d'habitude. Pour avancer vite et faire le nécessaire, ils étaient obligés de résumer les cours. On n’utilisait que les polycopies. Les enseignants se présentent juste pour expliquer », dit Mounira Ousman, élèves en TA4 au Lycée Ibrahim Mahamat Itno de Farcha. Malgré ce rythme, les enseignants n’ont pas pu finir les programmes. Pour se rattraper, Mounira est active dans d’autres groupes. « On n’a pas pu finir avec les programmes. Je me suis donc inscrite au cours préparatoire du bac et je m'entraîne aussi avec les amis d'un lycée privé pour combler le vide », ajoute-t-elle.

Si dans certains établissements, la suspension des cours a joué sur leurs programmes, d’autres étaient nettement en avance. « Avant d'aller en congé forcé, nous avons fait la moitié des programmes parce que nous avons déjà composé le deuxième trimestre », déclare une élève du Lycée Acdiffus. Même son de cloche du côté du Lycée Académie Royale où les élèves se réjouissent de la création d’une plateforme. « Grâce à notre plateforme, certains enseignants ont pu finir leurs programmes », dit Amma Koissé Limane, élève en TC. Selon Mlle Amma, le retour à l'école est une occasion pour certains enseignants de pouvoir finir leurs programmes et pour d’autres de commencer avec les exercices. 

Au Lycée Hérédité par exemple, un groupe Whatsapp est créé pour chaque filière pour assurer la continuité des programmes. Ce que déplorent les élèves de cet établissement, ce que les choses sont allées trop vite avec la reprise en présentiel. « Au retour, l'ambiance n'est plus la même, les enseignants ont leur objectif à atteindre, celui de finir les programmes. Cela fait qu'ils ne prennent plus le temps de bien expliquer les cours », se plaint Bodré Jean, élève en TD au lycée Hérédité. Néanmoins celui-ci se dit rassuré pour les examens. « C'est pour la deuxième fois que je vais composer. Et comme j’ai mes cours de l'année passée, je suis prêt pour l'examen, mais je crains le sort des nouveaux », affirme-t-il.

Au moment de publier cet article, les cours ont déjà pris fin. Et les candidats au baccalauréat sont appelés à composer le 17 août. Selon l’Office national des examens et concours du supérieur (ONECS), ils sont 87 500 cette année.

Orthom L’Or

Avec son slogan « radio de référence qui fait la différence », FM Liberté est située au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Dans le cadre de notre série de reportages consacrés aux médias tchadiens, aux conditions de travail des journalistes et à l’occasion du 20e anniversaire de cette radio, Ialtchad Presse a rencontré son directeur Djekourninga Kaoutar Lazare pour en parler. Reportage.

Créée en 2000, la radio FM Liberté est une radio associative située au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de N’Djamena émettant sur la fréquence modulée 105.3. Logée dans un complexe bien clôturé, FM Liberté c’est trois compartiments avec cinq bureaux, deux studios, une salle de rédaction et une salle de réunion avec une guérite. Deux groupes électrogènes de grande capacité sont disponibles pour assurer le relais en cas de délestage du côté de la Société Nationale d’Électricité (SNE). Elle émet du lundi au vendredi de 6h à 10h 30min puis de 12h à 22h. Le samedi et le dimanche, la mise en onde est en continu de 6H-22H.

Avec comme slogan « la radio de référence qui fait la différence », FM Liberté a comme pères fondateurs les associations de la société civile, de défense des Droits de l’Homme et l’Union des syndicats du Tchad (UST). Ses premières émissions ont été mises en onde le 5 août 2000. « L’objectif de la radio est de conscientiser, éduquer la population en matière des droits de l’homme et des libertés fondamentales, bref en citoyenneté », explique Djekourninga Kaoutar Lazare, le directeur de radio. Selon lui, cette mission résulte de la violation massive des droits de l’Homme sous le règne de l’ancien président Hissein Habré. Un des exemples qui vient confirmer ce rôle de défenseur des droits de l’Homme que joue FM Liberté est la rubrique la minute du Droit qui passe au début du journal parlé.

Conditions de travail

Pour M. le Directeur Fm Liberté les conditions de travail sont compliquées voire elles sont hostiles. « Nous sommes filés tous les jours par les éléments de l’Agence nationale de Sécurité (ANS). Nos confrères se font battre par endroit par les forces de l’ordre », confie-t-il. À cela, il faut rajouter les difficultés liées aux finances. D’après lui, la suspension de l’aide publique à la presse depuis 6 ans est un coup dur pour les médias privés. Comme conséquences, dit-il, il est difficile d’organiser des formations continues, de recyclage pour ceux qui s’intéressent à la profession, d’assurer le bon fonctionnement des organes (matériels techniques et didactiques), d’assurer la mobilité des journalistes parce que le Tchad ne se résume pas à N’Djamena. 

Au-delà de ces difficultés, le plus gros problème déplore, le directeur reste l’accès aux sources d’informations : « cela fait plus d’un mois que la radio court après le Ministère de l’Administration pour avoir des informations par rapport aux enlèvements contre rançon dans le Mayo-Kebbi et une partie du Logone Occidental mais il n’y a pas de retour. » Pour lui, il faut aider la presse à travailler. Elle est la conseillère attitrée. « Ceux qui entourent le président de la République ne lui disent pas la vérité. Et c’est la presse qui révèle certains manquements. Donc il faut l’aider à aider nos gouvernants. Surtout en matière de formation », recommande Djekourninga.

Rapports avec les autorités

Connue pour être la radio des droits de l’Homme, la voix des sans voix, Fm Liberté est souvent accusée à tort ou à raison d’être une station à la solde de l’opposition. Interrogé à ce sujet, Djekourninga Kaoutar Lazare répond : « Ceux qui nous taxent d’être à la solde de l’opposition sont ceux-là qui fuient le micro. Ils veulent manger le gâteau aisément sans être dérangés ». Il prend son souffle et rajoute, « ce qui nous fait plaisir c’est lorsqu’il y a une communication à faire, le gouvernement court d’abord vers Fm Liberté avant de se tourner vers les stations autres médias publics. Cela prouve que nous ne sommes pas une radio de l’opposition. »

Ironie du sort. À l’instant où le directeur de la radio répondait à nos questions sur ce sujet, le Secrétaire Général du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), Mahamat Zen Bada était en train d’accuser Fm Liberté de jouer le jeu de l’opposition. C’était à la conférence de presse qu’il avait tenue à l’occasion de l’an 4 du quinquennat du Président Deby Itno le 8 août 2020 passé. Il avait très dur en comparant la radio Fm Liberté à la radio Milles collines du Rwanda connue pour sa propagande lors du génocide.

Interrogé sur les rapports avec la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA), Djekourninga K. Lazare pense que l’organe régulateur fait encore son travail dans la légalité. « La HAMA n’est pas agressive comme l’ex HCC. Quand nous commettons une faute dans le traitement de l’information, elle nous appelle gentiment de relever cela et d’améliorer ».

Après 20 ans d’existence, la radio FM Liberté émet toujours en FM. Le souhait de son directeur est de pouvoir couvrir tout le Tchad. « Avant, nous couvrons un rayon de 150 km, mais actuellement nous ne couvrons que moins de 100 km. Cela est dû aux matériels vieillissants. Et comme presse privée, nous n’avons pas les moyens nécessaires pour les renouveler », dit M. Djekourninga.

Christian Allahdjim

Le Tchad a commémoré ce 11 août 2020 ses 60 ans d’indépendance. Une cérémonie de prise d’armes a eu lieu à la Place de la nation en présence du Maréchal Idriss Deby Itno. Reportage.

Pas de défilé contrairement aux célébrations antérieures. C’est à 13h20 que la cérémonie de prise d’armes à l’honneur de la commémoration des 60 ans d’indépendance du Tchad a commencé. Ce retard est dû à la cérémonie d’élévation à la Dignité de Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno, organisée par l’Assemblée nationale dans la matinée du 11 août. Pas de défilé grandiose à cause de la situation sanitaire marquée par la pandémie du coronavirus. C’est une cérémonie modeste qui a vu la présence du président de la République, le président de la Commission de l’Union africaine et bien d’autres personnalités à la Place de la Nation à N’Djamena avec quelques corps de l’armée entre autres le GNNT, le GEMIA, le GMIP…

13h10min. Arrive alors le chef d’État-major général des armées (CEMGA), le général Abakar Abdelkerim Daoud qui passe en revue la troupe présente.

Le président de la République, chef suprême des armées, Idriss Deby Itno est arrivé à 13h 20. Il est accueilli par le chef d’état-major général des armées. Après des civilités militaires, Idriss Deby Itno est invité par le commandant des troupes à passer en revue les troupes. Exercice qu’il fait en tant que Maréchal du Tchad, fraîchement consacré. L’hymne national (la Tchadienne) a marqué le début de la cérémonie.

C’est un Idriss Deby Itno, fraîchement consacré Maréchal du Tchad, qui passe en revue la troupe. Tenue d’apparat coiffée d’un képi, manteau et bâton de commandement à la main gauche, le Maréchal du Tchad, hissé sur la jeep militaire, salue respectueusement la troupe. « Maréchal, Maréchal », a scandé le public qui, il faut le préciser, n’est venu que pour voir le Maréchal dans sa nouvelle tenue. Après cette phase, le chef suprême des armées a regagné la tribune officielle avant d’être invité a nouveau pour déposer la gerbe de fleurs sur le monument aux martyrs.

Malheureusement, aucun défilé pédestre n’a eu lieu, au grand dam du public. Cela a rendu la cérémonie fade. L’ambiance n’y était pas à part quelques groupes choc du MPS qui chantaient l’éloge du président. Toutefois, l’aviation de l’armée a fait de démonstration en parcourant le ciel. Ce sont quatre avions de chasse et quatre hélicoptères qui se sont prêtés au jeu.

Pour clore la cérémonie, le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno a décoré six personnalités pour service rendu à la nation tchadienne. C’est sur cette marque de distinction que le commandant des troupes a mis terme à la cérémonie de prise d’armes à 14h25.

Le Maréchal Président est reparti. Les officiels font pareil. La foule se disperse.  Le Tchad vient de clore la fête de ses 60 ans d’indépendance. Le premier Président qui a assisté au jour 1 et à l’an 1 de l’accession à la souveraineté nationale le 11 août 1960-61 fut François Ngarta Tombalbaye. Idriss Deby Itno est le sixième Président, mais premier Maréchal.

Christian Allahdjim

L'Assemblée nationale a tenu ce 11 août 2020, une session extraordinaire. Cette rencontre était l'occasion d'élever officiellement le Président, Idriss Déby Itno, à la dignité de Maréchal du Tchad. Ialtchad Presse vous faire revivre l’évènement. Reportage.

6h 00. 11 août. Déjà plusieurs militants du parti au pouvoir, simples curieux et badauds ont commencé à s’amasser le long de l’avenue qui mène à l’Assemblée Nationale (AN). Sur les pancartes des militants et sympathisants, on peut lire des phrases comme « IDI, notre héros », « Bravo Maréchal du Tchad », etc.  Sur les banderoles accrochées sur les murs, les ronds-points, ou suspendues en hauteur en travers des rues et des avenues les mêmes slogans. Sur l’esplanade de l’AN la fête est à son zénith par toute sorte d’animation, des militants bigarrés se déhanchaient au rythme d’une musique cacophonique. Le 60e anniversaire de l’accession du Tchad à l’indépendance est visiblement et bruyamment éclipsé.

7h 00min. Les invités commencent à venir. Le service du protocole du comité d’organisation s’agite pour conduire les invités de marque. Ça va vite. Ça s’enchaîne.

9h 50 min. Le cortège du Président arrive à grande vitesse. En roulant, les conducteurs des voitures qui l’accompagnent se livrent à un manège chorégraphique comme une danse. C’est beau à voir. Le Président descend. Il est accueil par le Président de l’Assemblée Nationale, Haroun Kabadi. Les deux hommes s’engouffrent dans l’immense bâtiment.

Le Président était habillé de sa nouvelle tenue d’apparat de Maréchal portée lors des grands évènements. C’est une vareuse en poly laine de couleur bleu nuit avec 2 fentes arrière. Elle n’a pas de poche poitrine, mais a un col Mao brodé à la main or motif feuille de chêne, etc. La description de la seule tenue d’apparat peut faire quelques pages. Autres précisions : il a 2 autres tenues de plus, la tenue de cérémonie et la tenue de combat.

Dans la salle, presque tout le gratin politique et diplomatique était présent. Les membres du gouvernement, les députés, les présidents des grandes institutions, les officiers, les compagnons « Baministes » ou ceux qui en reste, l’ex-président Goukouni Weddeye, le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki, etc. C’est sous une ovation et des youyous que le Marechal Président entre dans la grande salle de cérémonie.

10h 10 min. La ministre Secrétaire Générale du Gouvernement, Mariam Mahamat Nour, avance au micro. Elle entame la lecture de l’acte officiel, notamment le décret 1417 portant élévation du Président. Ensuite, le Grand chevalier a procédé à l’habillement du Maréchal du Tchad. Le tout dans une atmosphère empreinte de solennité.

10h 25 min. Le PAN, Haroun Kabadi, prononce son discours. Il souligne le fait que cette distinction est accordée au président pour son parcours de militaire et pour les services rendus à la Nation. Mais aussi, pour les sacrifices qu’Idriss Déby Itno a consenti durant toute sa vie pour assurer l’intégrité du territoire, consolider la paix, la sécurité, la stabilité et l’unité nationale.

Il insiste sur ce titre.

« Je voudrais insister sur le fait que le titre de Maréchal n’est pas un grade, mais la plus haute distinction   militaire conférée à un officier général, pour avoir commandé en chef une armée, et avoir obtenu une victoire éclatante en temps de guerre », a précisé Haroun Kabadi. Il a rappelé le parcours remarquable du récipiendaire, Idriss Déby Itno. Au-delà de son parcours militaire, le Maréchal Idriss Déby Itno a aussi eu un brillant parcours politique, dit-il.

10h 49min. C’est au tour du Maréchal Président de prendre. Dans un discours de plus de 30 minutes, le récipiendaire est revenu sur son parcours et les circonstances qui l’ont amené à accepter cette distinction. 

« Je considère que cette consécration n’est pas exclusivement celle du Général d’Armée Idriss Déby Itno que je suis, sinon je n’aurais pas été autant touché par cet honneur que me font les représentants du peuple », déclare d’emblée le Maréchal du Tchad. Selon lui, à travers cette distinction, ce sont d’autres dignes filles et fils du Tchad qui sont honorés. « C’est le sacrifice, le courage, le patriotisme des milliers de soldats, de sous-officiers et d’officiers qui sont ainsi distingués. Ce sont les valeurs de fraternité, de résistance, de justice qui sont ainsi consacrées », dit le Président Idriss Déby Itno ».

11h 30min. La cérémonie prend fin. Le cortège présidentiel s’est ébranlé comme il est arrivé, à vive allure. La salle de la cérémonie se vide. L’esplanade de l’AN aussi.

La capitale tchadienne abritera une double cérémonie le 11 août. A la veille, N’Djamena, la capitale tchadienne brille aux couleurs du tricolore national. Reportage.

Lundi 10 août 2020. Il est 10h 25 min. sur l’avenue Jacques Nadingar. La circulation est moins dense en cette matinée. Le ciel, nuageux et menaçant semble ne pas inquiéter la population qui vaque normalement à ses occupations. L’abattoir d’Atrone, situé sur cet axe, est bondé de monde, les boutiques, installées sur les trottoirs, ont ouvert. Juste devant un hôtel, une motopompe draine l’eau de la pluie dans un caniveau conventionnel pour rendre accessible la grande voie du quartier. La veille, une grosse pluie s’est abattue sur la capitale tchadienne provoquant des inondations dans certains quartiers.

Tout au long de cette avenue, l’embellissement qui mène au siège de l’Assemblée nationale, tout semble nouveau en ce jour du 10 août. Drapeau tricolore, traverses peintes en blanc et rouge, chaussées balayées, caniveaux curés. « C’est à cause de Deby qui doit venir à l’Assemblée demain », avance Jo, un jeune réparateur installé sur le trottoir. « Non c’est à cause de la fête de l’indépendance », lui rappelle Raoul, un client.

Justement le 11 août, le Tchad va célébrer le 60e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. En plus de cette célébration, N’Djamena va vivre une autre cérémonie, celle d’élévation à la Dignité de Maréchal du Tchad du président Idriss Deby Itno. Voilà les deux raisons qui expliquent l’embellissement sur l’avenue Jacques Nadingar. Et de la quasi-totalité des grandes artères de la capitale.

À l’image de cette avenue, celle de Pascal Yoadimnadji jusqu’à celle de Charles de Gaulle brille aussi aux couleurs du tricolore tchadien. Des banderoles à l’effigie du récipiendaire sont visibles sur les principales avenues. À la Place de la nation qui accueillera les festivités du 11 août, tout est fin prêt. La tente et les accessoires sont installés. Même décoration comme sur les voies, les couleurs nationales sont en vedette. Au siège du MPS, parti au pouvoir, il n’y a pas d’agitations. Quelques militants traînent dans la cour.

À l’Assemblée Nationale (AN), les préparatifs pour la cérémonie d’élévation vont bon train. L’entrée principale de l’édifice laisse deviner ce qui se prépare. Tricolore, effigie du tout premier Maréchal dans l’histoire du Tchad, le président Deby est partout. Selon le député Saleh Maki, président du comité d’organisation de cet évènement, la cérémonie aura bel et bien lieu le 11 août 2020 au siège de l’AN. « Il est prévu une session extraordinaire de l’Assemblée nationale le 11 août 2020 pour cet évènement historique », a précisé le député Maki lors du point de presse qu’il a animé le 9 août dans l’enceinte du bâtiment.

Ce soir (10 août), un imposant dispositif militaire est déployé tout le long de la voie qui mène à l’AN. N’Djaména est visiblement prête à célébrer la double cérémonie du 60e anniversaire de l’indépendance du Tchad et de la cérémonie d’élévation officielle du président, Idriss Déby Itno, à la dignité de Maréchal du Tchad.

Maurice Ngonn Lokar

Des pluies diluviennes ont frappé dimanche 9 août 2020 N’Djamena, la capitale tchadienne. Elles ont causé d’importants dégâts comme le déversement des eaux des bassins sur les ménages proches, le déracinement des arbres, des cas de noyade et autres. Reportage.

Comme le dit un adage populaire « après la pluie, vient le beau temps ». Mais, le contraire a été constaté dans la soirée du dimanche 9 août dans plusieurs quartiers de N’Djamena. Après plus de quatre heures de pluie torrentielle, les N’Djaménois se sont retrouvés sous un véritable déluge. « C’était plus qu’une pluie torrentielle » s’exclame un chef de famille, l’air furieux. La cour de sa maison s’est retrouvée dans l’eau après seulement 1 heure de pluie. Les grands axes de certains quartiers, surtout périphériques, sont comparables aux étangs ou des bassins de rétentions.

Embouteillages et inondations

Les principales avenues de N’Djamena ont été pour la plupart bloquées par les eaux de pluie mêlées aux déchets ménagers. Des embouteillages immenses sur de longues distances durant de plusieurs heures se sont formés sur les deux ponts de la capitale tchadienne. Sur certains axes, des passagers étaient bloqués dans leurs voitures avec des eaux à hauteur du genou. Un témoin que nous avons interrogé a vu depuis sa fenêtre des motocyclistes emportés par les flots. Les plus chanceux ont abandonné leurs engins sur l’avenue Mathias Ngarteri, dans le 7ème arrondissement. À certains endroits, les eaux ont monté à plus d’un mètre obligeant les habitants à se réfugier dans les concessions voisines plus en hauteur.

À Moursal, sur le boulevard Sao l’un des vieux quartiers de la capitale, un grand arbre a été déraciné, empêchant des usagers de circuler sur la grande voie menant vers l’avenue Goukouni Weddeye. Les conducteurs des grosses cylindrées V8 ont été obligés d’effectuer des contournements vers des avenues bitumées, eux qui ont l’habitude selon les N’Djamenois se prennent pour les maîtres des routes en terre battue impraticables pour les petites voitures. Des cas similaires sont observés dans plusieurs quartiers.

Déversement eaux des bassins

Plusieurs maisons situées à proximité des bassins de rétention construits par la Mairie ont été inondées. Ces espaces aménagés par les autorités municipales pour assouplir les effets en cas de fortes précipitations n’ont pas pu contenir ces eaux. Des ménages ont subi d’énormes dégâts de déversement de ces eaux.

À Amtoukouin, un quartier à la périphérie est de N’Djamena, un canal d’évacuation d’eau a débordé. Selon les témoignages des habitants proches du bassin situé à une centaine de mètres, vers 20 heures, l’eau a commencé à inonder les cours des habitations. La grande voie qui quitte la commune du 7ème arrondissement municipal jusqu’au grand lycée du quartier est impraticable.

Pour rappel, il y a quelques semaines, de fortes pluies accompagnées de grêle ont fait de nombreuses victimes à N’Djamena. Au moins trois morts ont été enregistrés aux quartiers Chagoua et Abena.  Cette saison pluvieuse est particulièrement forte depuis début juillet. Plusieurs initiatives citoyennes ont été créées dans des carrés pour protéger les habitants. Des travaux de curage des caniveaux, d’évacuation des eaux et de colmatage des nids de poules ont été effectués bénévolement.

Maurice Ngonn Lokar

En 24h les habitants du marché champ de fil sont passés du statut des déguerpis illégaux à celui des réinstallés. Ialtchad Presse est allé à leur rencontre pour évoquer avec eux leur infortune. Ce sont des hommes et des femmes qui en ont gros sur le cœur. Reportage.

Jeudi 23 juillet, 9 h 25 mn. Les nuages gorgés de pluie de saison couvrent une partie du ciel de la capitale tchadienne, N’Djamena. Sur le site déguerpi du quartier Amriguébé du côté Marché dit Champ de fil, Abdoulaye Djibrine, un père de famille habitant la zone depuis 1985, inspecte sa maison reconstruite avec des morceaux de tôles. Un jour avant, il était contraint de défaire cette même maison de fortune sur ordre de la Mairie centrale de N’Djamena. Juste à côté, un groupe de jeunes s’efforcent, tant bien que mal, à reconstruire un hangar qu’ils ont détruit la veille, 1 h du matin, à la hâte pour pouvoir emporter le matériel de peur qu’il ne soit rasé par les autorités. Et qu’ils ne les perdent.

Dimanche 19 juillet. Ce jour, le Gouverneur de la ville de N’Djamena, Mahamat Zene El Hadj Yaya, après une descente au marché Champ de fil, a instruit la Mairie centrale de procéder au déguerpissement des habitations du coté Est des lieux pour « occupation anarchique ». « Nous avons été informés au soir du dimanche et ils ont ordonné de quitter les lieux le lundi, sans aucun préalable », dit la victime.

Lundi 20 juillet. Au petit matin, les habitants concernés par la mesure ont plié bagage sans aucune orientation des autorités. « Ils nous ont déguerpi sans nous montrer où nous devons nous réinstaller », se désole Abdoulaye, dépité et un peu amer. Ce sont plus 700 hangars-maisons qui ont été défaits laissant plus de 1 500 personnes sans abri, d’après le délégué des déguerpis, M. Hassaballah Mahamat Elhadj.

Mardi 21 juillet, revirement spectaculaire des autorités. La Mairie de la ville de N’Djamena revient sur sa décision. Le Maire Oumar Boukar Gana « est venu sous la pluie nous informer de nous réinstaller sur le site sans aucun détail », dit Abdoulaye, les yeux écarquillés, gesticulant de deux mains. Bien que la nouvelle soit bonne pour lui et les autres, beaucoup de déguerpis éprouvent des difficultés à se réinstaller, affirme Abdoulaye.  « Nous avons tout arraché (tôles, lambourdes, fer) pour laisser le terrain vide. Aujourd’hui nous peinons à reconstruire nos maisons, car les tôles, usées, sont déchirées en lambeau, les fers, cassés, demandent à être soudés, mais nous n’avons pas d’argent pour tout ça. »

Les difficultés sont encore grandes pour ceux qui ont déjà quitté le site. « Nos amis qui sont déjà partis veulent revenir, mais ils n’ont plus d’argent pour le transport. Le peu qu’ils disposaient ils l’ont dépensé pour faire évacuer leurs effets. » Malgré tout, Abdoulaye et certains de ses compagnons ont pu ou pourront reconstruire leurs maisons de fortune avec des matériels défectueux.

Peur bleue

Bien que les habitants de la zone Est du marché de champ de fil se réjouissent de ce rétropédalage des autorités, ils ont peur. Une peur présente dans les mots prononcés par les victimes. « Ça fait des années que nous habitons ce site sans avoir créé aucun problème que ce soit. Mais aujourd’hui, les autorités nous taxent de fauteurs de l’ordre et ordonnent notre déguerpissement avant de revenir à de meilleurs sentiments. Nous avons bien peur qu’un autre matin, elles reviennent encore nous demander de quitter les lieux », s’inquiète Issa sous le regard approbateur de son ami Abdoulaye qui « exige des garanties pour se réinstaller en paix. »

Abdoulaye Djibrine et ses compagnons appellent les autorités à l’aide pour leur réinstallation. Pour les victimes, la saison des pluies complique les choses et les expose à la merci des intempéries à la veille du redouté mois d’août communément appelé « chari tamané » en arabe local ou le 8e mois. Il est connu pour être le mois le plus pluvieux charriant avec lui les intempéries de tout genre.

Jeudi 23 juillet, le Maire Oumar Boukar Gana convoque dans la matinée le délégué des déguerpis et réinstallés du Marché Champ de fil, M. Hassaballah Mahamat Elhadji. Selon ce délégué, l’ordre du jour de la rencontre était : recensement et aide aux habitants.  

« Une promesse reste une promesse. On verra la suite. », lâche M. Hassaballah suivi de la formule usuelle InchAlla (s’il plaît à Dieu). Enfin, il précise que toute aide de la Mairie ou d’ailleurs est la bienvenue. Une aide pas forcément financière, elle peut être en matériaux de reconstruction ou en nourriture.

Christian Allahadjim

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