A l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’université de Ndjamena ce mercredi 4 mai 2022 à la faculté des sciences de la santé humaine, quelques anciens étudiants se prononcent sur la qualité de la formation que donne l’université de N’Djamena 50 ans après. Vox pop.
Noubaramadji Nguena, ancien étudiant de la faculté des sciences juridiques et politiques. « Il y a eu des innovations sur le plan des infrastructures, le plan organisationnel et fonctionnel. En termes de ressources humaines on compte maintenant assez des professeurs que 10 ans auparavant. Ce qui n’a pas beaucoup changé à mon avis c’est l’élasticité de l’année. Comparée à d’autres universités à l’intérieur du pays, on peut finir une année académique à l’université de N’Djamena même en trois ans »,
Zamzam Djimet Ahmat, étudiante à la faculté des sciences économiques et de gestion. « Beaucoup de progrès sont à noter sur le plan de l’amélioration et la qualité de la formation contrairement aux années précédentes. Cette amélioration est visible sur les résultats des étudiants. Il y a également des nouvelles filières qui viennent d’être ajoutées dans presque toutes les facultés et précisément dans ma faculté. Alors je peux dire qu’en termes de formation, les choses ne sont plus les mêmes ».
Oumar Mahamat Abbo, ancien étudiant de la faculté des sciences exactes et appliquées. « En 50 ans d’existence a formé plusieurs cadres qui sont des cadres et mettent leurs compétences au service de l’État. A cela s’ajoute l’innovation tant du côté des enseignants que des étudiants. Par exemple, les étudiants de notre faculté ont fait une invention des logiciels et des mécaniques sur le plan de l’agriculture. Malheureusement, ces logiciels sont peu utilisés dans les industries ».
Mahamat Moussa, étudiant à la faculté des sciences de l’éducation. « Je salue la qualité de formation à l’université de N’Djamena. En 50 ans, cette université a rencontré et rencontre d’énormes difficultés telles que l’élasticité de l’année, les grèves à répétition et tant d’autres problèmes qui mettent à mal la qualité de l’enseignement et de la formation que donnent nos enseignants. Mais l’université s’arme de courage avec ses enseignants-chercheurs pour pouvoir apporter le meilleur en termes de qualité de formation malgré les hauts et les bas ».
Propos recueillis par Haoua Adoum Ibeth
L’université de N’Djamena fête ses 50 ce mercredi 04 mai 2022. Une cérémonie de lancement officiel des activités s’est déroulée ce matin à la faculté de médecine. La célébration du cinquantenaire est placée sous le thème « De l’université du Tchad à l’université de N’Djamena, 50 ans au service de la société ». C’est le Premier ministre Pahimi Padacké Albert qui a représenté le président du Conseil Militaire de Transition à cette cérémonie. Reportage.
Les étudiants des différentes facultés de N’Djamena, les enseignants-chercheurs du Tchad, ceux du Cameroun, de la Guinée, du Sénégal et du Soudan ont rehaussé de leur présence cette cérémonie. La cérémonie de célébration de ces 50 ans a commencé avec la projection d’un documentaire court métrage de 6 min qui retrace la vie de l’université du Tchad à celle de N’Djamena. Le président du comité d’organisation Malloum Sultan affirme dans son discours que la commémoration du cinquantenaire est une occasion pour faire le bilan et voir comment l’université de N’Djamena doit jouer pleinement son rôle dans le développement du pays. Il a ensuite donné le programme des activités relatif à cette célébration qui s’étale sur 6 jours. « Nous aurons un colloque scientifique sur différents thèmes à savoir les enjeux de l’enseignement supérieur dans la mise en place des institutions publiques, les outils de gouvernance pour une université citoyenne entre autres. Nous aurons des manifestations culturelles et sportives pour bien agrémenter le cinquantenaire », a-t-il expliqué.
Le président de l’université de N’Djamena professeur Mahamat Saleh Daoussa Haggar, lui parle des avancées qu’a connu l’université de N’Djamena de 1971 à nos jours sur le plan des infrastructures et des ressources humaines. De quatre facultés au départ, l’université de N’Djamena compte aujourd’hui 07 facultés reparties sur quatre sites. L’université compte également 600 enseignants-chercheurs, dont 12 professeurs titulaires, 49 maîtres de conférences, 175 maîtres-assistants et 364 assistants d’université. Elle a aussi connu 18 recteurs et un président d’université, ajoute-t-il. Après 50 ans d’existence, de gouvernance, de formation, de recherche de consultance et d’expertise, professeur Mahamat Saleh Daoussa Haggar fait le décompte de ce qui a été fait et ce qui aurait pu être fait en termes de réalisations. « Nous avons mis à la disposition de l’administration tchadienne et de la sous-région, des ressources humaines aussi bien qualifiées que diversifiées ; l’inscription massive des enseignants-chercheurs sur les différentes listes d’aptitudes au CAMES n’est pas à perdre de vue et la diversification des accords de coopération interuniversitaire et internationale avec les universités étrangères sont entre autres nos modestes réalisations», a-t-il souligné
Le Premier ministre de transition Pahimi Padacké Albert représentant le président du Conseil Militaire de Transition a dit que l’université de N’Djamena doit continuer à améliorer ses prestations et à diversifier ses offres de formation. Il n’a perdu de vue les nombreux défis que doit relever l’université de N’Djamena. « Les défis de l’élasticité du calendrier académique, de la vétusté des infrastructures pédagogiques et de recherche existantes sont à relever. Il y a aussi la carence des équipements de laboratoires, des centres de recherche et tout ce qui freine l’excellence », a-t-il indiqué. Pahimi Padacké Albert demande en outre à l’université de continuer à jouer son rôle de locomotive en innovation de recherche et de formation. Car selon lui, l’université doit chercher constamment à élever le niveau d’excellence, d’exigence et aider à construire un Tchad meilleur, riche de promesses et d’espoir partager pour et par ses enfants.
La cérémonie a pris fin avec la visite des stands par les officiels. Les différentes facultés de l’université de N’Djamena sont représentées dans ces stands. Chaque faculté expose ses œuvres qu’est la soutenance des thèses, du master, des ouvrages écrit par les enseignants de ces différentes facultés.
Pour mémoire, l’université du Tchad est créée par ordonnance N° 26/PR/71 du 27 décembre 1971. Elle est devenue par la suite université de N’Djamena par loi N° 006/PR/94 du 17 janvier 1994.
Kouladoum Mireille Modestine
Le Tchad à l’instar des autres pays du monde, célèbre ce 3 mai la journée mondiale de la liberté de la presse. À cette occasion la rédaction Ialtchad Presse a rencontré le vice-président de l’Union des journalistes tchadiens (UJT) et quelques confrères pour avoir leurs points de vue sur la condition de travail des journalistes, mais aussi le niveau de la liberté de presse dans notre pays. Reportage.
Le 3 mai a été proclamé journée mondiale de la liberté de la presse par l’assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la conférence générale de l’UNESCO en 1991. C’est aussi l’occasion d’informer le public sur les violations de la liberté de presse, mais aussi sur la condition difficile de travail des journalistes.
Le vice- président de l’Union des Journalistes du Tchad (UJT), André Kodmadjingar, dit qu’il a envie de pleurer quand on parle de condition de travail des journalistes tchadiens. Selon lui, depuis des années, la presse tchadienne n’a pas eu des subventions. Il ajoute que l’aide à la presse a été coupée depuis 2014 et depuis ce temps jusqu’aujourd’hui, les journalistes travaillent dans de situations difficiles. Le confrère souligne qu’en janvier dernier, la corporation des journalistes avait présenté ses vœux au président du conseil militaire de la transition (PCMT), et à cette occasion, le PCMT avait instruit ses services de lever le blocus aux subventions à la presse. « Des instructions ont été données, mais jusqu’aujourd’hui, nous sommes restés comme sans rien obtenir », regrette André Kodmadjingar. Il exhorte au ministère des Finances de tout faire pour débloquer la situation. Le vice-président a aussi déploré la situation dans laquelle se trouvent nos confrères de l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE). Il explique que la presse est au service du public, et donc l’État a cette obligation de financer les médias. Il ajoute que les médias contribuent à l’encrage de la démocratie dans notre pays. André Kodmadjingar soutient que l’UJT a demandé à l’État d’augmenter l’aide pour permettre aux journalistes de faire normalement leur travail. Il affirme que les patrons de presse aussi sont responsables de la condition difficile de travail des journalistes.
Au sujet du niveau de la liberté de la presse au Tchad, André Kodmadjingar est formel, le niveau est trop bas. Il précise que depuis la mort du président Idriss Deby Itno, et avec cette période de transition, l’UJT a enregistré plusieurs menaces, des intimidations et des assassinats. Il évoque le cas de notre de la radio Lotiko, une radio communautaire basée à Sarh qui a été assassiné à Sandana, dans le Moyen Chari, et bien d’autres cas.
Abondant dans le même sens, la rédactrice en chef adjointe de la radio FM liberté Narbaye Halimé, note que c’est regrettable, les journalistes exercent un métier noble, mais travaillent dans de conditions difficiles. Elle affirme aussi le manque de matériels de travail et l’état défectueux de ces matériels. La consœur explique aussi qu’au Tchad, le public ne connaît pas encore bien l’importance de la publicité. Elle ajoute qu’un média ne peut fonctionner qu’à travers la publicité, alors que beaucoup d’entreprises ne font pas les annonces. Mme Narbaye Halimé ajoute aussi le problème d’électricité qui rend difficile le travail. « Nous sommes dans un pays où les gens pensent que les journalistes peuvent tout donner et peut-être l’État et les partenaires peuvent aider, mais la communauté n’est pas arrivée à ce stade où elle peut donner un coup de pouce », dit-elle. À propos de l’accès à l’information, elle dénonce le comportement de certaines autorités qui rendent l’accès aux sources d’information.
Selon Salomon Ndakohm, journaliste stagiaire à la radio FM liberté, les journalistes jouent un rôle important dans le développement. Il estime que les journalistes sont négligés et considérés comme des mendiants au Tchad. Le jeune confrère constate aussi que la vérité est détestée dans notre pays et que les journalistes disent la vérité, ils sont détestés pour cette raison.
Jules Doukoundjé
Prévu pour le 10 mai 2022, le Dialogue National Inclusif (DNI) est reporté à une date ultérieure à la demande du Qatar. Itchad Presse a baladé son micro en ville. Quelques citoyens ont réagi à la question : que pensez-vous du report du DNI ?
Nailogar Djakasmobei est un retraité affirme, « le dialogue National Inclusif est hypothétique franchement on comptait sur la date fixée du 10 mai or, ils ont reporté sans donner une autre date. C’est décourageant. Cela ne peut pas continuer ainsi. Nous sommes fatigués, ce n’est pas normal ».
Eloi un enseignant dit, « le report était prévisible. Nous de la Société Civile, nous avons dit il faut revoir la charte qu’ils ont en main, mais comme ils ont un agenda caché, en plus les politico-militaires ne sont pas d’accord sur ce qu’ils sont en train de discuter à Doha (Qatar). Ils savent que ce sont les gens qui peuvent soulever les poussières comme ils ont l’habitude de les dire. C’est pour cela ils ont reporté ce Dialogue. Oui le Dialogue est reporté, mais nous ne serons pas d’accord pour reconduire la transition. On souffre trop, il faut que ces choses cessent afin qu’on puisse rebâtir ce pays. Il faut qu’ils s’arrêtent à ce niveau et c’est la dernière chance pour qu’on revoie ensemble comment rebâtir ce pays que nos aïeux nous ont légué. Les 16 millions de Tchadiens doivent réfléchir et trouver une solution à ce problème. Est-ce que nous sommes prêts à rebâtir ce pays? Ou bien le détruire ? Chacun réfléchit en lui-même pour trouver une réponse. Nous interpellons la Transition surtout le PCMT de prendre un temps et réfléchir tout seul sans ses conseillers. Nous sommes des conseillers à distance, c’est un conseil que nous lui donnons pour trouver une solution pour le Tchad ».
Abdramane Ismaël un autre retraité dit « si le report va nous permettre de régler nos problèmes c’est bon, je ne vois pas le problème. Les Tchadiens ont beaucoup souffert, ils veulent la paix, sans la paix il n’y aura pas de développement. Il faut que les acteurs se comprennent : les politico-militaires, la Société Civile, la Transition, l’opposition pour bâtir un Tchad fort et prospère. C’est ce que nous attendons d’eux ».
Jules Masdégar soutient que « Le président de la transition a les mains liées. Présentement je vous dis c’est l’ambassadeur de la France qui est en train de diriger le pays. Donc, ne parlons pas de Dialogue. Ce n’est pas la peine de parler du Dialogue, la France ne veut pas de nous. La France ne veut pas du Tchad. Si vous parlez de Dialogue, ce n’est pas la peine. Dialogue ou pas, nous continuons à souffrir ».
Propos recueilli par Ousmane Bello Daodou
Le spectre de la fête de la fin de jeûne de ramadan ou l’Eïd-al Fitr est encore visible à N’Djamena, capitale tchadienne. Ce matin, 3 mai 2022, un tour de la ville a permis à l’équipe d’Ialtchad de faire le constat du lendemain. L’ambiance est toujours festive. Reportage.
La fête de ramadan n’est pas encore finie. Un tour dans quelques endroits de la ville le prouve. Devant chez le sultan de N’Djamena, sa majesté Mahamat Chérif Kasser, une équipe des griots est bien installée pour égailler la galerie. Tous les instruments de musiques traditionnelles sont apprêtés pour la circonstance. Les tams-tams, les flûtes, les clairons, etc. Le chef d’orchestre est habillé en grand boubou traditionnel ou gandoura. La mission de ces musiciens est d’honorer le chef à sa sortie.
Selon M. Abakar Mahamat, griot de métier, ils sont ici pour présenter leurs vœux de l’Eid al fitr (fête de ramadan) au sultan de N’Djamena. « Cette culture est ancestrale, depuis la nuit de temps où Ndjamena était Fort Lamy, nous organisons des danses à la cour de la grande mosquée le deuxième jour de fête de ramadan pour honorer et galvaniser le sultan. Depuis que la ville de N’Djamena est une agglomération, nous avons un lieu exact cette fois-ci. C’est devant le palais de sultan. La danse commence de 07h à 10h et souvent même dans l’après-midi », confie-t-il. L’ambiance festive n’est seulement devant chez le sultan de N’Djamena. Un peu plus loin une marée humaine envahit la place de la nation. Des jeunes de tout âge s’entremêlent et se passionnent sur les installations. D’aucuns se font photographier, d’autres apprennent à conduire les motocyclettes d’autre encore s’agitent dans les aires de jeux
M. Bahar Daoud Nassour et ses camarades sont assis discutant en toute convivialité. Il accepte à se prêter à nos questions. À son avis, la fête s’était bien passée, mais avec un petit changement. « Quand nous étions petit, la fête était plus sensationnelle par rapport à nos jours. Certes, nous n’avons pas fêté à N’Djamena, mais en province et c’était aussi agréable. Les gens là-bas ont su garder les valeurs et la tradition léguées par nos ancêtres. À N’Djamena la fête n’est pas si mauvaise. Les gens viennent à la place de la nation pour changer d’air, se détendre, faire des photos de souvenir », affirme-t-il. Ce qui impressionne le jeune adolescent, c’est la marque de sympathie, les échanges amicaux dans le respect mutuel. Le jeune homme est aussi touché par l’hospitalité des ménages vis-à-vis des visiteurs.
À côté se trouve un parc d’attractions autour duquel un nombre important d’enfants est excité. Le vigile M. Augustin, chargé de veiller à la sécurité des enfants et des installations de l’aire des jeux affirme, « les enfants sont là depuis hier à cause de la fête. Généralement la salle de jeu est fermée. Comme il y a des grandes personnalités qui viennent passer du temps avec leurs enfants, pour faire des photos de souvenir, alors les autres enfants profitent de l’occasion pour entrer. Pour éviter le désordre, le dégât matériel, nous avons la chicotte afin d’instaurer l’ordre. » D’après lui, la salle de jeu a été exclusivement ouverte pour la première fois lors du festival Dari. Adam Mahamat Ali et son cadet ont payé 1000 FCFA pour avoir accès à la salle. « Je suis sorti pour boire de l’eau. À mon retour, il me refuse l’accès en m’accusant injustement de vouloir accéder frauduleusement », lance-t-il. Toutefois, après vérification par le vigile, il a autorisé Adam Mahamat Ali à rejoindre son petit frère dans la salle des jeux.
Moyalbaye Nadjasna
Abderamane Moussa Amadaye
Deux fêtes se sont enchaînées cette année au cours de ce début du mois de mai 2022. Il s’agit de la fête de travail (1er mai) et de l’Aïd al fitir (le 2 mai) qui marque la fin du jeûne de ramadan pour les fidèles musulmans. Ialtchad en ce jour ouvrable du 3 mai 2022 a fait un tour dans les marchés et quelques ministères pour constater si la reprise des activités a lieu. Reportage.
La ville de N’Djamena a baissé de ferveur après les deux fêtes : la fête de travail et la fête de ramadan. Ces célébrations se sont succédé les 1er et 2 mai 2022. Dans les plus grands marchés de la capitale tchadienne, le « souk Kabîr » ou grand marché et le « souk khalla » ou marché à mil, le constat est identique. On peut rouler librement même, en engin, dans les allées. Ce qui était impossible à quelques jours de ces fêtes, surtout la fête de ramadan. Les plus grandes boutiques sont dans leur quasi-totalité fermées. Les tenanciers continuent leur fête auprès de leur famille. Quelques détaillants se voient déjà fauchés et estiment qu’il faut retourner au marché. C’est le cas de Al-Hassane Ahmadou, commerçant au marché à mil. À son avis, la fête s’est bien passée et dans la famille tout va bien. « Seulement, nous avions engagé de grosses dépenses, je suis fauché en ce moment. C’est un impératif pour moi de retourner rapidement au marché ouvrir ma boutique. J’ai plus de 30 ans ici au marché à mil. D’habitude je fête au moins 72 heures avant de reprendre le marché, mais cette année, c’est un peu difficile », confie-t-il.
Ramadan Abouneillou un autre commerçant affirme, « il n’y a rien depuis hier. La fête a tout pris. Il faut combler le vide, car après la fête la vie continue avec la famille. Un père de famille est toujours vigilant, je suis venu chercher un peu pour demain, car on ne sait jamais. Le pouvoir d’achat a chuté certes, mais la vie c’est la patience alors j’attends avec confiance les clients. » Selon le jeune commerçant, toute chose à son temps et seule la patience fait gagner. « À la maison, il fait chaud et en plus on n’a pas de l’électricité. Le mieux c’est de sortir et chercher un peu pour les enfants », soutient-il.
Mammouth est un client. Il est assis sur sa moto devant la boutique de Al-Hassane. Il explique que les boutiques dans leur quasi-totalité sont fermées, la fête continue pour certains. « Je suis venu acheter une chambre à air pour ma moto. J’ai cherché un peu partout, mais Dieu merci ce boutiquier vient juste d’ouvrir sa porte donc je suis soulagé », dit-il.
Au centre de la ville même les entreprises aux abords de l’axe cinéma Le Normandie sont prévues fermées. À la direction des ressources humaines de l’Éducation nationale en plein chantier toutefois, le personnel est au bureau pour recevoir les usagers. Une poussette nous mène au ministère de Finances et du Budget. Les agents ont repris le travail. Dans les parkings, les voitures des responsables sont alignées. Ce sont les usagers qui ne sont pas visibles comme d’habitude. Selon M. Modjingar Ferdinand, l’économiste au service de Budget, la fête s’est bien déroulée dans la globalité. « Deux fêtes se sont enchaînées, la fête de travail le dimanche et celle de ramadan le lundi. Même si elles ont été célébrées dans un contexte de cherté de vie, tout s’est bien passé. Mes vœux à l’endroit des Tchadiens. C’est un vœu de paix, de concorde et que la période de la transition réussisse pour un Tchad meilleur. C’est fini les fêtes et il faut reprendre le travail, c’est ce qu’a dit le ministre de la Fonction publique. C’est une journée ouvrable c’est pourquoi nous sommes-là », affirme l’économiste. M. Brahim, un autre agent dans un ministère qui requiert l’anonymat. Pour lui, une note positive c’est la paie déclenchée tôt pour faciliter l’organisation de la fête à tous les fonctionnaires. « La fête s’est bien passée toutefois, on n’est au regret de dire qu’on a fêté, mais sans électricité. On demande à Allah le Tout-puissant d’apaiser le climat politique et social de notre pays. Nous souhaitons une paix durable pour le bonheur de tous les Tchadiens », invoque M. Brahim.
Moyalbaye Nadjasna
Le Syndicat des Enseignants du Tchad SET province de N’Djamena a lancé une grève dite de protestation qui a commencé ce mardi 03 au jeudi et se termine le 5 mai dans tous les ministères du secteur de l’éducation. Les enseignants exigent le paiement d’un certain nombre de points de revendication figurant dans l’accord triennal entre le gouvernement et les syndicats. Le secrétaire général du SET de N’Djamena Mbayana Laoukoura donne les raisons de cette grève. Reportage.
Ce mardi 3 mai, les élèves qui se sont rendus à l’école sont obligés de rentrer. Aucun enseignant ne s’est présenté sauf l’administration est ouverte. Les enseignants des écoles publiques observent depuis ce matin une grève de 3 jours pour revendiquer le rappel des primes de craie et de documentation, la régulation des frais de transport triennaux des agents omit et le rappel des arriérés de salaire des enseignants scientifiques contractuels et des nouveaux intégrés du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la promotion de l’entrepreneuriat. Pour le secrétaire général du Syndicat des Enseignants du Tchad province de N’Djamena Mbayana Laoukoura, cette grève fait suite au préavis d’un mois lancé du 30 mars au 30 avril qui n’a rien donné. « Le gouvernement nous tourne en rond depuis février. Il change de langage de temps en temps et se permet le luxe de payer les agents dans les banques de manière sélective. Après une rencontre avec la base, on a décidé de cesser avec les activités pédagogiques ce 3 mai », a-t-il précisé. Il ajoute qu’en plus des points de revendication cités ci-haut, la solde n’a toujours pas pris en compte les actes des effets financiers de carrière envoyés à son niveau.
Le secrétaire général du SET de N’Djamena reconnaît que la grève va impacter négativement sur le programme scolaire avant de souligner qu’elle reste et demeure le dernier recours des agents de l’État. Il indique également que le gouvernement a cette manière d’organiser les examens même quand le programme n’est pas fini. Selon lui, cette habitude contribue à la baisse de niveau des enfants. Mbayana Laoukoura demande au gouvernement de respecter simplement les engagements qu’il a pris vis-à-vis des agents de l’État pour éviter toute perturbation des cours. Il appelle enfin ses militants à une vigilance et à une mobilisation générale pour des actions à mener.
Kouladoum Mireille Modestine
Déguerpis du marché de Dembé depuis quelques années, les vendeurs de mangues sont accueillis dans leur nouveau site du marché Taradona situé à Abena dans la commune du 7e arrondissement. Ce marché reçoit à chaque période des mangues, arachides et canne à sucre, des tonnes importantes pour la consommation des n’djamenois. L’on trouve dans ce marché toutes les qualités des mangues qui sont vendues aux détaillants. Ialtchad est allé dans ce marché pour vous. Reportage.
Les mangues jonchent le sol à l’entrée du marché. Ces mangues quittent les villes de Moundou Doba et Sarh pour atterrir à N’Djamena précisément au marché Taradona site attribué par la mairie pour la vente des produits alimentaires saisonniers comme les arachides, les cannes à sucre et les mangues. Les bonnes mangues sont mises sur les seccos et les sacs. Celles déjà pourries sont jetées ça et là pour le bonheur des mouches. Les mangues pourries dégagent une odeur nauséabonde, mais cela n’empêche pas les vendeurs de rester à côté pour faire des affaires juteuses. Les enfants trouvent leur compte en farfouillant dans les mangues pourries. Ils viennent fouiner pour trouver quelques bonnes et en consommer.
Mademoiselle Nékingam Mélanie étudiante s’est transformée en vendeuse ambulante de mangue. Elle est venue acheter les mangues et trouve dispendieux les tas de 500 FCFA. « Je vends les mangues pendant la période pour me faire un peu d’argent. Avant, on achetait les tas de 15 ou 17 mangues à 500FCFA. Mais cette année, on nous vend le tas de 12 mangues à 500F. Ce qui est bien est que je parviens à tout vendre avant de rentrer. C’est ça qui compte pour moi », a-t-elle précisé.
Sabour Roger vend les mangues au marché Taradona. Il explique les procédures d’exportation de mangues des villages vers la capitale. « Nous lançons la commande des mangues auprès des autochtones. Pour remplir un véhicule, il nous fait 205.000FCFA. Cet argent prend en compte l’achat des mangues et le payement de ceux qui les ramassent pour les mettre dans le véhicule. Ensuite, le véhicule transporte des villages de la zone méridionale à N’Djamena à 400.000FCFA », explique-t-il. Il ajoute que sur toutes les dépenses effectuées, si jamais toutes les mangues pourrissent, cela engage l’acheteur. Sinon, le chauffeur veut ses 400.000F. Si d’un côté les acheteurs se plaignent de la cherté de mangues, les vendeurs ne sont pas du reste. Ces derniers déplorent eux aussi la mévente qui conduit à la pourriture des mangues. Toujours selon Roger, cette activité est rentable, mais cette année la bourse de la mangue est en berne. Signe que le marché est morose ce que les mangues devraient être vendues 8 à 500F au lieu de 12.
Kouladoum Mireille Modestine