Des sources proches de l’ancien président tchadien Goukouni Weddeye, choisi pour mener les négociations avec les politico-militaires, affirment que l’ex-président du Comité technique spécial (CTS), un comité chargé de négocier avec les politico-militaires, ne s’est pas entendu avec le Conseil Militaire de transition, et a fini par jeté l’éponge ce mercredi à N’Djamena. D’autres sources affirment plutôt que le CTS a accompli sa mission. Et qu’il est dans les normes des choses de confier la seconde étape du processus au Comité spécial chargé des négociations avec les politico-militaires (CSCNPM). À moins d’une semaine des pourparlers avec les politico-militaires à Doha au Qatar, cela fait jaser pour la suite du processus pour la tenue du dialogue national inclusif (DNI).
Le président du Comité technique spécial (CTS) relatif à la préparation de la participation des politico-militaires au dialogue national inclusif (DNI) dirigé par l’ancien Président Goukouni Weddeye vient de céder la place au Comité spécial chargé des négociations avec les politico-militaires (CSCNPM). C’est à la suite d’un décret rendu public ce mercredi 9 mars que le public a appris la nouvelle. La précipitation de ce décret interroge sur cet acte à 3 jours de l’ouverture du pré-dialogue de Doha. Démission ou limogeage? Rien n’est tiré au clair.
À moins d’une semaine de la rencontre entre le gouvernement de la transition et les politico-militaires, prévue pour le 13 mars prochain à Doha au Qatar, cette démission ou ce limogeage mettrait certainement en cause la date de la tenue de la première ronde du pré-dialogue qui devrait commencer ce dimanche. L’ancien président Goukouni Weddeye est un homme qui fait l’unanimité de tout le monde pour mener les pourparlers avec les politico-militaires. Sa démission ou son limogeage pour le moment sans explications pourrait constituer une difficulté pour le reste des démarches compte tenu de sa fine connaissance du monde des politico-militaires. Créé par décret présidentiel le 26 avril dernier, le comité spécial est chargé de conduire les pourparlers avec les représentants des groupes de politico-militaires jusqu’à aboutissement d’un accord final.
Pour le Professeur Ahmat Mahamat Hassan, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Adam Barka d’Abéché et ancien ministre de la Justice, garde de sceau chargé des droits humains sous Idriss Deby Itno, l’ex-président aurait démissionné. Et la question du dialogue national inclusif et celle du pré-dialogue avec les politico-militaires sont des processus conçus pour légitimer le gouvernement du Conseil militaire de la transition (CMT) par rapport à la méthode de la prise du pouvoir. Selon lui, c’est un exercice de légitimation du pouvoir pour justifier la prise du pouvoir par les militaires. A son avis, le Président Goukouni Weddeye, nommé président du comité technique spécial a compris qu’il n’y a rien de sérieux, il ne s’agit pas de faire une véritable paix, et une réconciliation de cœur et des esprits. L’ancien ministre de la Justice estime que le président Goukouni Weddeye s’est rendu compte par rapport au tâtonnement dans les négociations et il a tiré les conclusions qu’il n’y a rien de sérieux et il a démissionné. Pour le juriste, cette démission annonce les mauvaises choses pour le pays compte tenu de la stature du président Goukouni avec une expérience que tout le monde lui concède. « Il pensait que ce comité technique spécial allait apporter une paix définitive. Mais comme il a compris qu’il n’y a rien de sérieux, il a démissionné », dit-il. Il ajoute que le CMT voulait juste utiliser son statut et sa réputation d’ancien politico-militaire et ancien président de la République pour légitimer un pouvoir pris par la force. L’enseignant chercheur affirme que c’est une mise à nue du pouvoir politico-militaire qui est en place. Et c’est dommage pour le Tchad. Ahmat Mahamat Hassan craint que cette démission risque d’avoir des conséquences indéniables dans la suite du processus prévu le 13 mars prochain à Doha au Qatar.
Le CTS est mort. Il est désormais remplacé par le nouveau Comité spécial chargé des négociations avec les politico-militaires. Le ministre des Affaires étrangères Cherif Mahamat Zène prend la tête de ce comité. Les travaux ouvriront dimanche 13 mars, plusieurs membres des politico-militaires ont reçu leur visa de départ. Ils n’attendent plus que leurs billets d’avion.
Jules Doukoundjé
À l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la Femme JIF ce 08 mars, la représentante du système des Nations Unies au Tchad et la ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de la petite enfance ont prononcé des discours. Elles ont axé leurs allocations sur les instruments juridiques internationaux relatifs à la protection de la femme et sur le changement climatique ratifié par le Tchad. Reportage.
La femme est célébrée en ce 08 mars dans le monde. Au Tchad, une semaine est accordée à cette fête. Prenant la parole lors de cette commémoration, la représentante du système des Nations Unies au Tchad madame Violette Kakyanye, réaffirme la position de son organisation face aux inégalités dont font face les femmes. Pour elle, les femmes du monde entier revendiquent les mérites d’un avenir égalitaire libre des stéréotypes, des préjugés et de violences. Madame Violette exprime sa gratitude à l’endroit du gouvernement tchadien de transition qui a permis aux femmes d’organiser un symposium national. « Ce symposium a permis aux femmes de réfléchir et de se préparer afin d’apporter leur contribution au dialogue national. Tout cela pour défendre la cause de la femme tchadienne, l’amélioration de son statut ainsi que sa condition sociale, économique et politique », a-t-elle indiquée.
Pour sa part, la ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de la petite enfance Amina Priscille Longoh, loue les mérites des femmes. Selon elle, les femmes sont des mères, des lumières et sagesses, elles soulagent les peines, elles portent la vie et l’amour maternel. Elle rappelle également le contexte de la fête du 08 mars qui selon elle met en avant la lutte pour les femmes notamment la réduction des inégalités. Madame Amina place le thème mondial « l’égalité aujourd’hui et un avenir durable dans le contexte du changement climatique » dans le contexte du Tchad. À son avis, ce thème tombe bien quand on sait que la crise climatique et la réduction des catastrophes restent un défi du 21e siècle. « Les femmes sont les plus vulnérables au changement climatique que les hommes, car elles constituent la majorité des populations les plus pauvres et les plus dépendantes des ressources naturelles que la crise climatique menace le plus », précise-t-elle. Les femmes sont les agents du changement poursuit-elle, et des leaders puissantes dans l’adaptation climatique et les initiatives durables.
La ministre de la femme, de la Famille et de la Protection de la petite enfance incite les décideurs en ces termes : « j’exhorte enfin les décideurs à continuer à examiner les opportunités ainsi que les contraintes pour donner aux femmes et aux filles, les moyens de faire entendre leurs voix et d’être des actrices dans la prise de décision liée aux changements climatiques et à la durabilité essentielle pour le développement ». Elle rappelle les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Tchad. Il s’agit notamment de la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. Pour elle, le Tchad s’est engagé désormais dans le cadre de la nouvelle dynamique de coopération internationale sur les changements climatiques en impliquant les femmes.
Kouladoum Mireille Modestine
La cantine scolaire n’a pas disparue. Seulement, elle reste limitée dans les huit (08) provinces du pays. Elle concerne actuellement que les établissements scolaires des zones rurales. Autrefois, les lycées et collèges disposaient aussi des cantines scolaires. Le lycée Technique Commercial (LTC) de N’Djamena étant dans un système continu demande pour que l’alimentation scolaire soit réhabilitée. Son proviseur estime que s’il existe une cantine scolaire dans son établissement, les élèves limités par de moyens vont être soulagés et pourront mieux suivre les travaux pratiques. Reportage.
Le proviseur du Lycée Technique Commercial (LTC) de N’Djamena capitale du Tchad, Abdel-salam Idriss Mahamat affirme que jusqu’aux années 90 son établissement avait une cantine scolaire. Selon lui, même actuellement une femme qui servait dans le passé à la cantine et transport, s’occupe de l’entretien. Il dit ignorer exactement les raisons de la disparition de l’alimentation scolaire. Le proviseur révèle que son établissement gère un programme dense et entend renouer avec la cantine scolaire. « Nous sommes dans un système continu avec les travaux dirigés et pratiques. Les étudiants finissent vers 17h. Vous voyez que certains enfants ne disposent pas de moyen pour s’acheter quelque chose à manger et supporter tout ce temps. On dit, « ventre affamé n’a point d’oreilles ». Alors rétablir la cantine scolaire fait partie de nos priorités pour aider nos élèves », soutient M. Abdel-salam Idriss Mahamat. A son avis, le staff s’est entretenu avec les parents d’élèves sur cette question. Seulement, déplore-t-il, les parents d’élèves sont toujours hésitants. Insistant sur l’importance de l’alimentation scolaire, le proviseur dit qu’ils vont entreprendre d’autres démarches auprès des partenaires pour au moins une solution. « Je suis persuadé que si on arrive à avoir une cantine fonctionnelle, ça va soulager certains étudiants pauvres », lance-t-il.
Selon M. Taha Hamid Mahamad, Directeur de l’Alimentation, de la Nutrition et de la Santé scolaire (DANSS), la cantine scolaire au Tchad est actuellement focalisée dans huit (08) provinces. Il cite, le Bahr-Gazal, le Lac, le Kanem, le Ouaddaï, le Wadifira, le Guéra, une partie du Salamat et de Sila. Le DANSS précise depuis quelques années, l’alimentation scolaire au Tchad est financée par le Programme Alimentaire Mondial (PAM). « Selon l’esprit de la politique nationale de la DANSS, il est bien précis qu’il faut basée l’alimentation scolaire sur la production locale. Pour cela, dans toutes les provinces du pays, les gens doivent normalement se mobiliser à travers leurs groupements pour créer les cantines scolaires endogènes », relate-t-il. M. Taha Hamid insiste sur le rôle primordial de l’alimentation scolaire pour la réussite et le maintien de la santé des élèves dans les établissements scolaires. De l’avis du directeur, si l’on prend le cas des écoles assistées et celles qui ne sont pas assistées, l’écart saute à l’œil.
La mission de la DANSS consiste à mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de l’alimentation, la nutrition et la santé scolaire. « Nous ne restons pas seulement là mais nous travaillons aussi pour le maintien d’un environnement sain et d’hygiène scolaire. Par exemple, disposer des latrines propres, avoir une association des Parents d’Élèves (APE) dynamique. Bref tout ce qui peut améliorer les conditions d’apprentissage de nos enfants », signifie-t-il. Selon lui, le document qui fonde leur travail est la Stratégie Nationale de l’Alimentation scolaire(SNAS) validée en mai 1999. Ce document de base de notre travail est réalisé avec l’appui de l’Unicef. L’idéal poursuit-il, c’est d’amener les communautés à s’approprier l’alimentation scolaire endogène. Le ministère de tutelle rajoute-t-il, ne pourrait venir qu’en tant que régulateur et non gestionnaire. « La réhabilitation de cantine scolaire dans nos établissements est un souhait général seulement l’État ne contribue pas à l’achat de l’alimentation scolaire », lance le directeur.
M. Taha Hamid explique qu’il y a un projet additionnel multisectoriel appelé AGAP (PAM, UNICEF), installé à Goré dans le Logone oriental et à Bagasola dans le lac Tchad. Ce projet d’après lui, cible les filles adolescentes pour les maintenir à l’école. La particularité de ce système de cantine ce sont les kits scolaires et des machines à coudre qui vont accompagner ce projet. Pour le directeur de l’Alimentation scolaire, les difficultés ne manquent pas mais il faut faire leur plaidoyer auprès de l’État pour les inscrire le budget. « L’alimentation scolaire permet d’éviter que les étudiants aillent dans tous le sens pour chercher à manger aux heures de pause, surtout en milieu rural », conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna
Les festivités marquant la Semaine Nationale de la Femme tchadienne sont bouclées ce 08 mars avec un défilé organisé à la place de la nation ici à N’Djamena. Les femmes de toutes les couches sociales ont fait le déplacement pour le défilé. C’est le Premier ministre de transition Pahimi Padacké Albert qui a représenté le président du Conseil Militaire de Transition à cette cérémonie. Reportage.
Les femmes ont pris d’assaut la place de nation ce matin du 8 mars. Elles sont habillées en tenue militaire et civile. Surtout en pagne du 8 mars imprimés pour la circonstance. Tour à tour, les officielles ont pris la parole en cette journée spéciale consacrée à la femme tchadienne. Bien avant cela, les femmes ont formulé des recommandations à l’endroit du gouvernement de transition et des partenaires. Une cérémonie de défilé timide par rapport aux éditions précédentes de la SENAFET. Les femmes crient cherté de vie dans leur motion de recommandation. Aussi, elles se rendent compte que leur participation dans les instances de prise de décision et sur la scène politique est faible. La recrudescence des violences meurtrières à l’égard des femmes et la persistance accrue des conflits intercommunautaires qui endeuillent de nombreuses familles tchadiennes n'ont pas été oubliées. Les femmes affirment dans leur motion de recommandation que le gouvernement n’a pas de volonté pour trouver une solution à tous ces problèmes. Alors, elles demandent au gouvernement de subventionner le prix des produits alimentaires de base et de les rendre accessibles à tous. Renforcer les capacités des femmes pour booster leur participation et leur représentation dans les instances de prise de décision. Et prendre des mesures législatives et politiques appropriées pour parvenir et combattre les conflits intercommunautaires.
Après la lecture des recommandations, le défilé commence. Et ce sont les femmes militaires qui sont en tête d’affiche. Les femmes de l’armée nationale, de la DGSSIE, du GEMIA, les nomades, la police nationale et autres ont marqué les pas. Elles ont fait la démonstration de leur force au public qui s’est émerveillé. Ensuite s’en est suivi les femmes travaillant dans le domaine civil. Elles sont issues de différents ministères, des Organisation Non Gouvernementales, des grandes institutions, des partis politiques, des associations, des différents établissements publics et privés de la capitale. Bref toutes les femmes de toutes les couches sociales ont défilé. Les femmes ne sont pas sorties nombreuses pour le défilé comme dans les années précédentes. Beaucoup des places sont restées inoccupées du début à la fin. Le défilé a pris fin à 12h07mn sous un ciel moins ensoleillé.
Kouladoum Mireille Modestine
Les accidents des bus voyageurs sur les routes tchadiennes se multiplient. Le dernier a eu lieu sur le tronçon Oum Hadjer-Mangalmé, le dimanche 27 février. Il a été terrifiant par sa violence et le nombre de morts. Le gouvernement doit agir.
Il y a les accidents, mais il y a l’autre gros accident sur la trajectoire politique tumultueuse du pays : la transition politique. Les travaux du grand rendez-vous politique, le dialogue national inclusif semble suspendu à la rencontre des politico-militaires à Doha, au Qatar, le 13 mars prochain.
D’abord, l’accident meurtrier du 27 février dernier. Il a marqué les esprits par la violence du choc frontal entre 2 autobus. Il a aussi marqué les esprits par le nombre élevé des victimes : 39 morts et 49 blessés. La cause de l’accident est la vitesse, mais il y a quelque chose de plus grave, de plus inconscient dans les habitudes du conducteur tchadien : conduire et parler au téléphone. Le gouvernement doit agir au plus vite pour infliger des amendes salées aux contrevenants.
Il doit aussi mettre de l’ordre dans l’industrie du transport interurbain. Les conducteurs sont livrés à la merci du patron. Ils sont quasi payés au rendement. C’est une vraie jungle où seule la règle de la rentabilité compte. Les vies humaines ne comptent pas. Les autorités semblent impuissantes. Par exemple, malgré le retrait de son agrément, l’agence impliquée dans l’accident du 27 février continue à opérer.
Ensuite, la transition politique. Le Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif (CODNI) attend le pré-dialogue de Doha avec les politico-militaires pour continuer ses travaux. Le temps lui, n’attend pas. La transition est à plus de 10 mois. Plus que 8 mois pour tout boucler. Le délai sera-t-il respecté ? Difficile à dire mais tout dépend de Doha. Déjà, les Qataris ont pris contact avec les politico-militaires. Bien avant cela, il y a eu quelques tensions et divergences entre Doha et le Conseil Militaire de Transition (CMT) sur le nombre des participants et sur certaines modalités. Tout semble être rentré dans l’ordre. Les attentes sont très élevées. Doha peut être la clé du succès ou de l’échec du Dialogue National Inclusif (DNI).
Enfin, pour les accidents des bus voyageurs, les autorités doivent prendre des mesures simples et efficaces comme bloquer la vitesse des autobus à 110 km/h. La technologie existe, elle est simple à implanter. Elles doivent aussi strictement interdire le téléphone au volant.
Au sujet du pré-dialogue de Doha, l’attente est immense tant cette rencontre semble être celle de la dernière chance pour le Tchad. Si Doha échoue, le dialogue inclusif sera vraisemblablement un échec. Et le pays risque de sombrer dans l’incertitude.
Kouladoum Mireille Modestine
Les femmes sont depuis le 1 mars 2022, dans le mouvement commémoratif de la semaine nationale de la Femme tchadienne (SENAFET). Une semaine qui va s’achever avec la célébration de la journée internationale de la Femme(JIF). La présidente du parti Rassemblement pour la Justice et le Progrès social(RJPS) Mme Bourkou louise Ngaradoumri et l’avocate internationale, Me Kemneloum Delphine estiment que le contexte tchadien n’est pas aux folklores, mais aux réflexions. Reportage.
La Présidente du parti Rassemblement pour la Justice et le Progrès Social (RPJS), Bourkou louise Ngaradoumri affirme être à la base de la signature de la convention pour intégrer le Tchad à la journée internationale de la femme. « J’étais allée en Chine en 1992 d’où les démarches ont été faites pour qu’elle soit connue par la femme tchadienne. On a signé de convention basée sur les matériels agricoles, d’élevage et de couture », rappelle la présidente du RJPS. Selon elle, les femmes ne connaissent pas les travaux difficiles dans notre pays. La plupart des femmes intellectuelles dit-elle, rêvent que du travail de bureau. Or, les travaux techniques peuvent beaucoup rapporter et nous conduire à l’autosuffisance alimentaire, soutient Mme Bourkou Louise. A son avis, la SENAFET ne réussit pas, car les femmes croient que c’est simplement un défilé de mode. « Je pense qu’on doit dépasser l’aspect festif du 8 mars et voir au-delà pour gagner plus. Dans d’autres pays, les femmes voyagent pour aller discuter avec les autres et se partager leurs expériences. Elles obtiennent gain de cause », déclare la politicienne. Elle estime que des cadres ministère de la femme et de la petite Enfance, doivent élaborer un projet global pour toute l’année. Ce qui va d’après elle, permettre aux femmes de se regrouper, mais non pas pour danser, se réjouir et faire des youyous, mais penser et innover. Cette manière de fêter SENAFET-JIF est déjà révolue, constate Mme Louise. « Elles peuvent se regrouper et penser à la création des usines de transformations de nos produits céréaliers par exemple. On a de maïs qu’on peut en faire de farine semoule de maïs qu’on peut vendre moins cher et à la portée de tous les citoyens. Au lac Tchad par exemple, on peut créer une usine de poissonnerie », suggère-t-elle. Une telle usine démontre la politicienne, va permettre de fabriquer nos propres boîtes de conserve au lieu d’importer des conserves périmées avec de destination douteuse. Mme Bourkou Louise déplore que les autorités n’associent les gens mûrs de réflexions pour donner de bonnes idées. Elle dit qu’elle est déçue, car les femmes tchadiennes résument leur semaine sur les habits et à l’alcool dans les bars. « Il faut que la femme tchadienne saisisse cette occasion pour évoluer dans la technologie industrielle. Les stratégies c’est l’humain qui a créé, nous sommes-là comme des archives. Si le ministère de la femme met sur place un comité de gestion interministériel pour toute l’année et nous invitait, nous aurions dû faire des propositions concrètes », relate la présidente du RJPS. Elle signifie qu’en France par exemple, les femmes discutent de grands projets pour aider leur pays. Aujourd’hui les femmes sont des chefs d’usine. Mme Bourkou Louise témoigne qu’elle a gagné gros à travers la JIF en France. « Grâce à cette opportunité qu’on m’a envoyé faire les études en logistique et transport sans payer un rond. J’en suis sortie nantie diplôme de licence qui fait l’honneur du Tchad. Et c’est ainsi que cela m’a permis de créer une entreprise de transport de livraison de colis ‘’Logone-Transport Express’’ », livre la politicienne.
La présidente du RJPS remarque qu’au Tchad, les gens négligent l’agriculture et l’élevage pourtant deux mamelles de notre économie. A son avis, c’est la base de problèmes intercommunautaires. « Si on met ces deux pôles d’activités en équilibre, tout ira bien et il n’y aura pas de guerre ni de tuerie. Malheureusement les gens ont cultivé la haine qu’ils ont semé dans tous les villages et cantons », argue-t-elle. La femme rurale est reléguée au dernier rang dit-elle. Selon Mme Louise, quand on ne met pas le crayon beauté noir les gens pensent qu’on n’est pas une femme. Or c’est faux souligne-t-elle. C’est la femme rurale qui est le soubassement de développement du pays, affirme la femme politique. Elles précisent que même ici à N’Djamena, les femmes qui ne sont pas fonctionnaires ne sont pas invitées ni calculées et abandonnées à leur sort. « En réalité ce sont ces femmes qui exercent dans l’informel qui apportent plus dans l’économie. Celles qui défilent sous la chaleur, le vent et la tempête. Si on les réunit et on les responsabilise, elles vont rehausser l’économie nationale », lance Mme Bourkou L. Elle indique que c’est un projet qui la tient à cœur en tant chef de parti politique. La politicienne demande à Dieu de lui donner un petit temps pour organiser ses sœurs rurales et toutes les femmes débrouillardes.
La situation de la femme tchadienne est peu reluisante
L’avocate Me Kemneloum Delphine dit que la situation de la femme tchadienne d’une manière générale laisse à désirer. Selon elle, nous sommes dans un contexte où les droits de l’homme sont massivement violés et impunément. Ce qui plonge la femme dans une situation pire, soutient-elle. L’avocate souligne que si nous prenons les derniers évènements dans notre pays, les femmes sont en avant-garde. Me Kemneloum évoque que ces femmes sont directement concernées quand leurs maris et leurs enfants sont purement et simplement assassinés. Elles-mêmes subissent les pires formes de violation de leurs droits, insiste l’avocate. « Je fais ainsi allusion à ce qui s’était produit à Sandana et Abéché ou les vies ont été impunément emportées », précise-t-elle. C’est une situation de male gouvernance et de non-droit qui ne dit pas son nom, a relaté Me Delphine. Pour elle, face à tout cela, la SENAFET-JIF doit être une occasion pour les femmes de réfléchir et poser de bonnes revendications pour l’amélioration de la gouvernance et le changement positif dans notre pays. A son avis, il faut que l’État de droit puisse prévaloir. Elle estime que c’est absurde qu’on leur demande de fêter alors que certaines femmes sont en train de pleurer leurs morts encore à ce moment.
« La chose pour laquelle on pourrait se réjouir c’est le code de la famille et de personne qui souffre dans les tiroirs depuis des décennies. Que voulez-vous que je vous dise de droit de la femme si ce code qui est supposé protéger la femme n’est pas toujours adopté. Et cela pour des raisons inavouées », relève Me Delphine. Elle dit que les femmes tchadiennes sont en deuil et célèbrent la SENAFET sous le signe de deuil. Le contexte selon l’avocate n’est pas aux folklores et à de grandes fêtes, mais à la réflexion. Ce qu’il faut brandir c’est la justice pour Abéché et pour Sandana, insiste-t-elle. Me Delphine conclut que c’est une opportunité de saluer la mémoire des femmes qui ont lutté pour que le droit de la femme soit reconnu.
Moyalbaye Nadjasna
Le Tchad regorge des femmes qui ont des ambitions et de visions pour son développement. Mme Bourkou Louise Ngaradoumri l’une de ces femmes. Elle est présidente du parti Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale (RPJS). Activiste politicienne, Bourkou Louise est aussi une exilée politique qui a bénéficié d’un asile en France. Qui est cette femme qui voit le Tchad grand avec d’innombrables potentialités à exploiter ? Portrait.
Teint clair, élancée, toujours souriant, Mme Bourkou Louise est une femme très politique, très patriote. Sur de ses convictions, maman Louise déteste l’injustice et la méconnaissance de droit de la femme. Ne pouvant supporter les incongrus et les violations des droits humains, elle va quitter le Tchad pour s’exiler en France où elle bénéficie d’un asile en 1999. Mme Bourkou Louise est une activiste environnementale et militante pour la démocratie. Elle a occupé le poste de vice-présidente de l’Assemblée nationale du Tchad en 1990. Elle a créé son parti Rassemblement pour le progrès et la justice sociale (RPJS) en 1996. Le RPJS est présent dans 12 provinces du Tchad sur 23. En 2016, Maman Louise a porté sa candidature aux élections présidentielles au temps du maréchal du Tchad, Idriss Deby. « Malheureusement quand j’ai donné ma candidature en 2016, le défunt maréchal ne voulait pas que les femmes participent. Or, c’est quand même une toute première histoire d’une candidature féminine aux élections présidentielles au Tchad. C’est comme ça que j’ai dit bon je viens de rentrer de la France peut-être que les gens auraient peur que la France me soutienne », confie-t-elle. La présidente du RPJS évoque qu’elle donnait sa candidature par amour pour sa patrie. S’il s’agissait de vendre mon pays, je suis capable de le faire, mais j’aime sincèrement mon pays, dit-elle. « J’aime le peuple tchadien. J’ai quitté la France, un pays de luxe d’où je vivais à l’aise. J’ai neuf (09) enfants que je les ai amenés en France tout petits. Ils sont aujourd’hui devenus des hommes et des femmes responsables. Même si je restais en France, mes enfants vont s’occuper très bien de moi. Qu’est-ce qui m’amènerait ici pour souffrir sous cette chaleur caniculaire sans électricité ? », s’interroge la politicienne.
Selon la présidente du parti RPJS tout est simplifié pour elle en France. Mais à cause de l’amour du Tchad, elle fut convaincue de son retour au pays. « Je le crois bien pour les élections à venir ma candidature ne sera pas rejetée. Avec le maréchal je me suis montrée un peu récalcitrante, les choses n’ont pas marché, mais cette fois-ci, je reste sur ma position et toujours têtue. Toutefois je crois que les choses vont aller autrement », rapporte Maman Louise. Elle explique que les époques ne sont pas les mêmes. A son avis, le temps évolue, 2016 n’est plus 2022. Actuellement, relate la politicienne, le numérique est en vogue. On peut même faire de campagnes sans se présenter aux électeurs en utilisant les Réseaux sociaux, note-t-elle. Elle rappelle que l’Éducation nationale reste sa priorité. « Dans un pays ou l’Éducation nationale est en baisse, son développement va poser problème. C’est l’Éducation qui fournit des élites et de ressources humaines compétentes pour le pays », signifie-t-elle. Elle se dit préoccupée des conditions d’études liées à l’épineux problème de pléthore dans les salles de classe. Pour elle, c’est son cheval de bataille. Maman Louise estime que la santé et l’alimentation entrent aussi dans sa vision. D’après elle, les Tchadiens mêmes les plus démunis ne doivent pas trimer avant de trouver à manger. « À défaut d’une bonne alimentation, la maladie peut facilement nous emporter. Il faut bien manger pour prendre des médicaments », soutient la politicienne.
Le Tchad n’est pas pauvre
Mme Louise énonce que c’est dommage qu’on dise toujours que notre pays est pauvre. Elle souligne que nous avons 1 284 000 km2 de terre cultivable et notre pays est une île entourée de beaucoup d’eaux. La présidente du RPJS informe qu’à Ouadi-doum, lorsque le Tchad était en guerre, Kadhafi cultivait son blé en se servant d’eau jaillissante des sources des montagnes. « Il avait installé de motopompe pour alimenter 60 000 hectares de blé. Or on s’entretuait et lui faisait tranquillement ses récoltes et les vendre au niveau international. Nous disposons vers le nord des lacs qui sont salés qui n’existent nul par ailleurs », affirme-t-elle.
Mme Bourkou Louise est unique enfant à ses parents. Elle raconte que sa mère avait beaucoup de difficultés pour mettre au monde. Mais son père aimait bien sa mère à cause de sa beauté extraordinaire. Ses parents dit-elle, se sont mis toujours ensemble. « Même moi je suis arrivée par hasard, avec beaucoup de trouble et conséquences. Ma mère a failli mourir, moi aussi. Dieu merci on a survécu. Malheureusement, mon père était décédé quand j’avais l’âge de trois ans sans voir le produit de sa progéniture. Autrement, je suis sans frère ni sœur. Ce sont mes enfants qui sont actuellement mes sœurs, frères et mes confidents. Et voilà la vie continue pour attendre moi aussi mon destin », rapporte Mme Louise. Elle est orpheline de père et de mère.
Mme Bourkou Louise déteste la solitude. Elle aime partager et rigoler avec les autres. « C’est la convivialité des Tchadiens, notre façon de vivre ensemble, qui m’a donné la nostalgie de venir », signifie-t-elle. Selon maman Louise, elle a adressé une correspondance au président français à l’époque François Hollande qui a facilité son retour. C’est ainsi note-t-elle que Hollande a saisi feu maréchal tchadien Idriss Deby pour qu’elle rentre. « C’est le Tchad qui m’a envoyé un billet d’avion pour rentrer. J’étais bien accueillie et j’ai retrouvé mon esprit après la prison à ciel ouvert chez le blanc. J’aime le Tchad, j’aime les Tchadiens. Je visite les uns les autres pour causer, boire du thé avec des cacahouètes et renouer ainsi à mes instincts tchadiens », rigole-t-elle en concluant.
Moyalbaye Nadjasna
Les réfugiés centrafricains composés des femmes et des enfants et quasi totalement des Peuls Mbororo (fallata), arrivés au Tchad depuis plus 3 mois sont abandonnés à leur triste sort. Pour survivre, elles sont contraintes de mendier dans les rues de la capitale tchadienne, N’Djamena. Pour mettre fin à cette situation dèshumaine et humiliante, l’ONG nationale Al-NAHDA les recense et lance un appel aux autres organisations humanitaires à leur venir en aide. Reportage.
Les réfugiés centrafricains arrivés au Tchad, et surtout ceux qui sont arrivés à N’Djamena, ne peuvent plus supporter le poids de la misère. Pour subvenir à leurs besoins, ils sont contraints de tendre les mains dans les rues de la capitale tchadienne pour trouver à manger. Selon l’ONG AL-NAHDA, ces réfugiés constitués majoritairement des femmes et des enfants sont issus de la communauté peule Mbororo. Arrivés au pays depuis plus de 3 mois déjà, celles-ci ne vivent que de la mendicité. Et pour mettre fin à cette situation déshonorante, l’ONG AL-NAHDA a procédé à un recensement afin de connaître leur nombre exact pour un éventuel recasement. Elle lance un appel aux autres ONG et organisations humanitaires résidants au Tchad de les appuyer pour prendre en charge ces vulnérables personnes.
Pour le vice-président de l’ONG AL-NAHDA, Anour Abba Djaourou, ces réfugiés qui traînent dans les rues de N’Djamena souffrent beaucoup et ont besoin d’aide et d’assistance. Selon lui, l’organisation humanitaire qu’il préside a pris l’initiative de leur venir au secours en les regroupant. Il souligne que vu la situation difficile que vivent ces réfugiés, il y a urgence que les autres ONG agissent vite pour les assister. « Ils ont quitté leur pays en laissant dernière eux leurs bétails et certains ont tout perdu. Ils ont besoin d’un soutien social », explique-t-il. Anour Abba Djaourou indique que ces réfugiés ne sont pas seulement ici à N’Djamena, mais dans les autres localités du pays. A son avis, plus de 500 réfugiés peuls centrafricains sont dans les rues de N’Djamena, en train de mendier et cette situation est inadmissible qu’il faut stopper. Ces réfugiés, constitués quasi totalement de femmes et des enfants ont besoin de l’aide humanitaire. Selon lui, le gouvernement a été informé la semaine dernière de la situation. L’ONG AL-NAHDA a eu la promesse de la croix rouge tchadienne pour les assister. Abba Djaourou souligne que son ONG a apporté quelques aides, mais c’est insuffisant. Il craint qu’avec le ramadan qui s’approche et avec les canicules, ces personnes vulnérables ont vraiment besoin de secours permanent. En attendant une éventuelle relocalisation de la part des autorités et les autres associations humanitaires, AL-NAHDA a regroupé plus 500 réfugiés au lycée public de Diguel.
Pour cette femme, à un âge avancé, les Peuls bororo ne savent pas mendier, mais la situation les a contraintes à tendre la main. Selon elle, ce n’est pas de gaieté de cœur que les réfugiés peuls mendient, mais elles sont dépassées. Khadidja souligne aussi que les Peuls ne connaissent pas la ville, ils sont des éleveurs, mais à cause de la guerre en Centrafrique, ils ont tout perdu et sont obligés de s’exiler. Elle explique que là où elles étaient, il n’y a ni eau ni nourriture, mais grâce à l’ONG AL-NAHDA, elles ont à manger et à boire. La vieille dame craint qu’avec l’arrivée du ramadan et la chaleur, leur situation ne se dégrade. Elle souhaite que la paix revienne pour qu’elle retourne chez elle pour revoir sa famille et reprendre ses activités.
Jules Doukoundjé