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Le candidat malheureux à la présidence du parti Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP), Mahamat Moctar Ali dénonce la réélection de Mahamat Allahou Taher de cette formation politique. Il estime que c’est la reconduction de son adversaire est anti démocratie et risque de plonger le parti dans un débat houleux. Reportage.

Une semaine après la reconduction de Mahamat Allahou Taher, à la tête du RDP pour 4 ans, ses adversaires ne décolèrent pas. Ils continuent toujours de dénoncer l’élection du président par acclamation. Le 29 décembre dernier, 18 délégations venues des provinces et 6 autres de l’étranger ont par acclamation reconduit le président sortant Mahamat Allahou Taher pour un nouveau mandat de 4 ans. Mahamat Moctar Ali, membre du comité directeur du Parti et candidat malheureux qualifie cette forme de vote d’anti démocratique. Il craint que la manière dont son adversaire est reconduit à la tête du parti crée une frustration entre les membres du comité directeur.

Mahamat Moctar Ali estime que la reconduction du président national sortant à la tête du RDP est un passage forcé. Selon lui, le président sortant n’a pas eu le courage d’accepter d’organiser des élections libres et transparentes. Il souligne que les 3 candidats officiellement déclarés au poste du président national du parti sont sidérés par les propos malveillants du président du présidium qui qualifie de sans objet leurs candidatures. « Apeuré par la procédure judiciaire engagée demandant la suspension des activités de la convention afin que les autorités compétentes puissent statuer sur les procédures », dit-il.

Selon M. Moctar Ali, le présidium s’est engagé à travers leurs avocats devant le président du tribunal d’organiser les élections conformément au programme. Toutefois, ajoute-t-il, le passage en force pressenti s’est opéré au mépris des assurances faites au président du tribunal et de la volonté du collège électoral. « De tout ce qui précède, nous prenons en témoin toutes les militantes et tous les militants épris de démocratie que nous allons continuer notre lutte pour pouvoir imposer une vraie démocratie au sein du RDP qui nous est cher à tous », affirme Mahamat Moctar Ali.

Il informe aussi l’opinion nationale et internationale qu’il n’écartera aucune voie légale pour réclamer justice. Le candidat malheureux exprime sa reconnaissance à celles et ceux qui les ont soutenus, surtout aux jeunes qui ont suivi leurs consignes, de garder leur sang-froid et leur calme face aux provocations des adversaires. Selon lui, une lutte s’étale sur le temps, son camp est convaincu qu’il arrivera un jour à faire triompher la démocratie au sein du RDP avec des élections libres et transparentes. « La cause que nous défendons est juste et personne ne pourra nous arrêter », insiste Mahamat Moctar Ali.

Pour le président reconduit, Mahamat Allahou Taher, qui s’exprimait lors du 7e congrès, à l’occasion du 30e anniversaire du parti RDP, ce sont les 18 délégations des provinces et les délégations venues de l’étranger qui ont décidé de façon unanime sa réélection. Il tend la main à tous les militants et sympathisants pour un nouveau départ.

Il y a quelques années, un problème similaire a entrainé une scission au sein du même parti.

Jules Doukoundjé

L’artiste, musicien tchadien Kaar Kaas Sonn, installé en France depuis des années, sort un single de 5 chansons intitulé « Vivre ». Le single parle de la crise sanitaire de la covid19 qui a chamboulé le mode de vie de l’humanité. L’auteur explique aussi que la pandémie a privé petit à petit l’humanité de sa liberté et d’autres prérogatives constitutionnelles. Et c’est l’exécutif qui gère quasiment seul la politique, foulant ainsi les principes démocratiques de séparation des pouvoirs. Entrevue.

Après l’album masqué, entièrement réalisé à la maison lors des premiers confinements, l’artiste musicien, auteur, compositeur et écrivain, Kaar Kaas Sonn revient avec un single intitulé « Vivre ». Pour l’artiste, ce single a vu le jour sous la pression des événements, dans une période anxieuse. Il explique que la crise sanitaire a chamboulé la vie des gens et petit à petit, l’humanité est dépouillée de sa liberté et d’autres droits constitutionnels. L’artiste souligne que depuis l’avènement de la covid19, c’est l’exécutif qui gère quasiment seul la politique, foulant ainsi les principes démocratiques de séparation des pouvoirs. Ces 5 titres peaufinés en studio et sur lesquels beaucoup de musiciens ont participé. « Nous, nous alignons sagement dans des files d’attente pour aller faire nos courses, puis pour faire le test, afin pour se faire vacciner. C’est extraordinaire d’observer la tension de l’attente, avec incertitudes, crainte, impatience ou ennui », dit l’artiste musicien.

Aussi, Kaar Kaas Sonn souligne que c’est un sentiment d’appartenir à une communauté, car attendre, c’est attendre un intérêt, c’est attendre l’espoir, c’est vivre. Comme dirait Sénèque, c’est la quête d’un avenir meilleur qui pousse les hommes à repousser le bonheur ou, ce qui nous empêche le plus de vivre, c’est l’attente qui se fie au lendemain. Le talentueux musicien estime qu’en attendant, l’on prend mine de rien soin les uns des autres. « Nous attendons dans les rangs pour que la douleur passe, pour que la covid19 parte, pour enfin retrouver la joie », soutient-il. À son avis, c’est aussi le moment d’observer la solitude et l’indigence dévastatrice de certains compatriotes, aggravée par la crise sanitaire.  Dans ce single, l’artiste évoque aussi un nouveau phénomène dans les médias. La parole est libérée. L’on discute, experts et profanes, politiques et citoyens sur ce qui est bon ou mauvais. Selon Kaar Kaas Sonn, il y’en a qui ne sont d’accord avec rien et qui donnent leur point de vue sur tout. Pour lui, la musique est toujours là pour adoucir les tensions.

Pour magnifier l’importance de la musique pendant les moments sombres de la vie, l’artiste, musicien, auteur et compositeur, cite le philosophe allemand Friedrich Nietzsche qui disait : « la vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil ». Selon le philosophe, les musiciens savent exprimer, à travers leur art, la beauté de la vie. Et il leur faut des Noires, des Blanches, des Rondes pour faire une bonne musique.

Le titre Why ? (Pourquoi), interroge sur le paradoxe que certains pays ont d’être riche avec une population pauvre, d’avoir du pétrole et de vivre d’assistance humanitaire permanente. De psalmodier le développement sans les bases que sont l’électricité, l’eau, et la justice. De chanter la démocratie en confisquant le pouvoir par la force, en étouffant toute voix discordante.

Au sujet des titres, Kaar Kaas Sonn affirme que c’est un single de circonstance. Il ajoute que titre après titre, il lui semble important de marquer une année aussi difficile en annonçant un message d’espérance.

Un album est prévu pour bientôt. En attendant, écoutons ce single riche en messages d’espoir et d’espérance que l’on peut télécharger gratuitement.

Jules Doukoundjé 

Le 15 février 2022, c’est la date de la tenue du prochain Dialogue national inclusif(DNI) au Tchad. C’est ce qu’a annoncé à la nation le 31 décembre 2021, Mahamat Idriss Deby, Président du conseil militaire de la transition (CMT). Décryptage.

Les Tchadiens attendaient la date de la tenue du prochain dialogue national inclusif (DNI). C’est chose faite. Le général Mahamat Idriss Deby, Président du conseil militaire de la transition (PCMT) a tranché, c’est le 15 février 2022. Le dialogue national est l’un des principaux axes de la transition en marche après le décès du maréchal Idriss Deby Itno, le 20 avril 2021.

Dans son adresse à la nation ce 31 décembre 2021, le président du CMT évoque un dialogue sans tabou et souverain. « Les conclusions seront pleinement exécutoires, à l’issue duquel, une nouvelle Constitution va être adoptée par voie référendaire et des élections générales, transparentes, libres, crédibles et démocratiques vont être organisées », a dit le général. Il rappelle que de larges consultations de différentes composantes de la société tchadienne ont été organisées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays à la satisfaction de tous. Le PCMT estime que toutes les forces vives de notre nation ont adhéré de façon unanime au principe du dialogue. « C’est une étape importante franchie, dans la marche pour la réconciliation nationale », a-t-il soutenu.

Le président de la transition soutient que les Tchadiens vont continuer à reconstruire des ponts et des passerelles. Selon lui, chaque citoyen doit trouver satisfaction à ses attentes au sein de la République. Il insiste sur le respect des règles qui régissent les institutions. « Il nous faut donc consolider les acquis de la transition en cultivant la paix et le vivre ensemble par un comportement responsable et patriotique. Tous les Tchadiens, de tous les bords, ont le devoir de se sentir concernés par le processus », a dit le PCMT. Le général Mahamat Idriss Deby dit que le DNI est un processus qui doit construire un nouveau Tchad, réconcilié et fort de l’apport de tous.

Il faudra remarquer que le PCMT n’a nullement fait mention dans son discours de l’épineuse question de révision de la charte de transition. Pourtant, une modification réclamée par plusieurs mouvements telle que la Coordination pour des actions citoyennes « Wakit Tama ». Cette plateforme a toujours insisté sur la révision de la charte, l’une aussi des exigences du Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine.

« Nous sommes tous, embarqués dans un même bateau à destination d’un seul port : un Tchad fort par l’unité de ses fils, un Tchad stable, en paix et tourné résolument vers le développement durable, un Tchad de justice et de fraternité », a conclu le général Mahamat.

Moyalbaye Nadjasna

2022 est là. Le Tchad aussi est là, mais en pleine phase de transition. Beaucoup de choses se passeront au cours de la nouvelle année. Je me suis dit, cette fois-ci, ce pays soit il se redresse pour tous les Tchadiens, soit nous allons tous sombrer. Je ne suis pas un oiseau de malheur, mais un observateur du « yougou yougou » de la scène politique tchadienne. D’ailleurs, bien malin serait celui qui lira l’avenir. Avec cette chronique, j’ajoute mon grain de sel dans la marmite bouillante de la transition. Alors que réserve 2022 aux Tchadiens?

D’abord, le Dialogue national inclusif aura lieu le 15 février. C’est décidé à la surprise de tous par le président du Conseil Militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby Itno. Il a choisi le moment et l’endroit seul sans concertation. Signe qu’il a pris confiance en lui. Il donne le tempo. Il a quelques coups d’avance sur ce rendez-vous. Et fort probablement, il veut être le maître d’œuvre et en sortir gagnant. Les autres acteurs et participants n’ont qu’à suivre le rythme. Les questions importantes à se poser sont : de quoi accouchera cette rencontre? Sera-t-elle inclusive? Souveraine? Les décisions et recommandations qui en sortiront seront-elles appliquées? Il faudra maintenant débattre des outils qui feront que ce dialogue ne soit accaparé par aucun groupe ou individu pour asseoir ses seuls intérêts. Tous ceux qui défilent à N’Djamena reprennent la chansonnette « dialogue inclusif », mais personne ne discute des outils qui feront le succès de cet évènement. Il est temps de commencer le débat.  Je crois que la seule façon d’y parvenir est de s’atteler à modifier la charte de transition pour disqualifier tous ceux qui sont impliqués dans cette transition en cours. Oui les disqualifier pour les futures échéances électorales. Le premier qui doit donner l’exemple, c’est le président de la transition Mahamat Idriss Deby Into. Je crois qu’il n’y a aucune autre alternative que celle-ci. Sinon le pays risque de basculer dans l’instabilité et les rancunes hostiles. 2022 sera l’année de tous les dangers. Mahamat Idriss Deby Itno ne modifiera pas la charte. Il tentera de se présenter. Et les mêmes d’hier feront tout pour garder le pouvoir demain même au prix de la violence et des tripatouillages.

Il y a aussi l’Amnistie qui est acquise, le pré-dialogue avec les politico-militaires se tiendra. On ne sait ni quand ni comment. Seule certitude, cette rencontre se tiendra au pas de charge parce qu’il manquera du temps pour bien faire. En un mois, rencontrer les politico-militaires, s’entendre avec eux et organiser le grand DNI me paraît serré. La liste des amnistiés est publiée. Des grandes figures de la lutte armée y figurent; si le CMT arrive à une entente, ils pourront enfin rentrer chez eux. Des flammèches se produiront certainement, car ces leaders ne se laisseront pas faire. 2022 promet de l’action politique. L’autre inconnue est la rébellion du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Elle ne rentre pas dans la case amnistie. Pourtant elle est la plus dangereuse des mouvements politico-militaires. C’est un casse-tête pour la transition. Il faudra trouver une formule pour amener cette rébellion à la table du DNI. J’espère qu’elle ne sera pas le foyer d’un incendie qui enclenchera la encore de la violence pour la conquête du pouvoir.

Aussi, la prolongation de la transition aura-t-elle lieu ou n’aura-t-elle pas lieu? Cela se saura dans les prochains jours. Mais le CMT et ses amis politiques auront-ils besoin d’une prolongation? Oui si la machine se grippe quelque part. Non si tout baigne dans l’huile pour eux comme cela semble être le cas pour l’instant. Le CMT a les cartes entre ses mains. C’est le suspense sans suspense de l’année qui commence.

Ensuite, la forme de l’État, voilà un thème qui reviendra au cours de l’année. Et j’espère que le débat amorcé continuera pour que les Tchadiens se fassent une tête sur le sujet. Faut-il à ce pays le fédéralisme pour tenter un autre système? Ou faudra-t-il continuer avec l’État unitaire? Les partisans de deux options doivent affûter chacun leurs arguments. Déjà, il me semble que certains tentent d’escamoter le débat en remuant les vieux démons de la division. Ils tentent de faire croire que fédéralisme rime avec division. Ce qui est faux. D’autres, plus mesurés, croient que le Tchad a besoin d'abord de justice et de bonne gouvernance. Ces positions augurent un excellent débat. Le prochain DNI doit en tenir compte et faire ressortir les deux options. Aux Tchadiens d’en décider après une campagne référendaire.

Enfin, le débat sur médias publics s’impose dans cette transition. Dire que les médias publics tchadiens sont les plus médiocres de la planète est un compliment. Ils sont en dessous de la médiocrité. Le journalisme pratiqué dans ces organes de presse n’est pas du journalisme. C’est maintenant que les acteurs politiques tentent, de façon hypocrite, d’en parler. La preuve de cette médiocrité est étalée aux yeux de tous par l’interpellation du ministre de la Communication par le Premier ministre (PM). Ne sont-ils pas tous en conflit d’intérêts? Ou du moins en apparence de conflit d’intérêts? Vu leur rôle et leurs casquettes de président de parti? Bref, le dossier des médias publics est un véritable enjeu démocratique. Les assises du DNI doivent s’en occuper. Tout est à construire dans ce secteur. Il faudra innover, mais avec des vrais professionnels, des vrais passionnés du métier. Parce que les médias publics appartiennent à tous les Tchadiens et ne doivent pas servir de relais d’un groupe politique au détriment de l’intérêt public.

Bonne année.

Bello Bakary Mana

Le président du conseil national de Transition (PCMT), le général d’armée, Mahamat Idriss Deby Itno a présenté à ses vœux à ses concitoyens. Le PCMT qui à la veille de la fête de Saint-Sylvestre livrait son massage à la nation a appelé les Tchadiens à être solidaires pour une transition exemplaire et réussie.

À l’occasion de la fête de fin d’année, le président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général d’armée, Mahamat Idriss Deby, a livré son message à la nation. Dans un message court, le PCMT a formulé d’abord ses vœux les meilleurs pour l’année 2022 aux Tchadiens de tout bord. « Je souhaite à chacun et à chacune, ainsi qu’à vos familles respectives, une année de santé, de prospérité et de bonheur. De même, je formule mes sincères vœux de paix, de stabilité, de prospérité et de développement à notre beau pays le Tchad, berceau de l’humanité », déclare-t-il. Pour lui, l’année 2021 a été particulièrement difficile pour tous les Tchadiens. Il s’est exprimé dans une voix lente et posée, en affirmant que 2021 a été marquée par des évènements douloureux, des jours sombres et des moments d’incertitudes. Pour l’année 2022, le général d’armée demande à ces concitoyens d’avoir la foi en leur capacité à affronter tous les défis. Le PCMT promet de redonner le Tchad la place qu’il mérite. Toutefois, il convie les Tchadiens de communier comme un seul homme et d’être aux côtés du Conseil Militaire de Transition (CMT) pour assurer une bonne transition.   

Le chef de l’Église catholique, Monseigneur Edmond Djitangar, archevêque métropolitain de N’Djamena a dans son homélie de la Saint-Sylvestre a formulé ses vœux de bonheur et de prospérité aux Tchadiens.  Le religieux souhaite ses meilleurs vœux pour une transition démocratique pour que le Tchad puisse évoluer comme les autres pays dans la sérénité et la bienveillance.  Il souhaite que les communautés vivent dans une harmonie sans aucune discrimination. Il prie que le seigneur bénisse le Tchad en le protégeant de la Covid19 qui continue toujours à sévir. Le responsable de l’Église catholique tchadienne a aussi formulé ses vœux pour que tous les Tchadiens retrouvent une vie normale pour qu’économiquement le pays puisse rattraper son retard sur les autres. Le saint homme souhaite que la paix pour ses compatriotes. L’archevêque évoque les relations du Tchad avec ses voisins et souhaite que les Tchadiens vivent en harmonie et dans la paix avec leurs voisins. Il estime que notre pays est souvent craint et méprisé et considéré comme ne pouvant rien apporter. « Nous sommes un peuple comme les autres et nous voulons retrouver notre place dans les concerts des nations. C’est ma prière la plus fervente et mes vœux pour que notre pays continue à exister comme peuple », souhaite monseigneur Edmond Djitangar. L’archevêque invite les Tchadiens à ouvrir leurs bras pour accueillir les autres qui viennent et trouvent autre chose que la peur, les menaces pour vivre véritablement en paix. Il demande à Dieu de bénir toutes les familles, quelles qu’elles soient, que chaque famille trouve en sa prière la source de bénédiction pour le seigneur.

Jules Doukoundjé

Le Tchad a célébré la fête de saint sylvestre dans une gaieté à bon enfant. Certains fêtards se sont donné rendez-vous dans les bars et les restaurants de la capitale. D’autres ont choisi la place de la nation pour assister aux tirs de feux d’artifice organisés par la Mairie de la commune de la capitale, N’Djamena. Reportage. 

Il est 20 heures, l’heure locale de N’Djamena. Ce soir, c’est le 31 décembre la veille de la fête de Saint-Sylvestre. Les N’Djamenois surnomment ce jour et cette nuit de la fin de l’année 2021, « le 31 ». Les bars et restaurants des quartiers sud de la capitale tchadienne se remplissent petit à petit. Pour attirer les clients dans leurs cafés, appelés communément alimentation, les propriétaires de ces bistrots à la tchadienne n’hésitent pas de mettre la main à la poche pour peindre les lieux, les réaménager, etc.

Sur l’avenue Monseigneur Mathias Ngarteri, appelé communément l’axe CA7, l’ambiance est à son paroxysme. Sur cette avenue, surnommée par les noctambules, « rue de joie ou la rue princesse » les décibels des variétés musicales font craquer les tympans. Pour ce jeune rencontré dans un bar dancing, « la vie n’a pas sa copie, on vit qu’une seule fois et si l’occasion se présente, il faut s’éclater à fond ». À peine 25 ans révolu, le jeune homme complètement ivre peine à se tenir debout. Il explique qu’il attendait cette occasion depuis plus de 3 mois. À quelques mettre, dans un autre bar, il n’y a plus de place, plusieurs clients sont contraints de rester debout au comptoir sirotant leurs bières.

Marie Antoinette Nera a quitté la banlieue Koundoul, à la sortie sud de la capitale tchadienne, pour venir célébrer le saint Sylvestre avec ses copines. Elle explique que chaque année, elle et ses amies se cotisent pour fêter dans les bars dancing. Pour elle, la fête de cette année est mieux que celle de l’année dernière. Marie Antoinette affirme que l’an dernier, à cause de la covid19, la fête n’a pas été belle comme elles avaient souhaité à cause des restrictions sanitaires. Mais cette année, dit-elle, les autorités ont permis aux gens de se défouler.

Moursal, la capitale d’ambiance

Au quartier Moursal, dans le 6e arrondissement de la commune de N’Djamena, connu par le déhanchement de ces jeunes filles qui déambulent dans les coins et les recoins, à la recherche d’une âme sœur, semble calme. L’avenue Kondol, avec ses bars et restaurants aux jeux de lumière, qui attirent les clients comme le feu attire les insectes, a perdu sa lettre de noblesse. Dans ce quartier, les bars dancing n’ont pas fait le plein comme autrefois. Moursal a changé, sa particularité maintenant est que ses bistrots sont prisés par certains ceux qu’on surnomme « les vétérans ». Ils préfèrent fêter dans la discrétion.

Chagoua et ses débits de bières traditionnelles

Il est 21h 30 min au quartier Chagoua, dans le 7e arrondissement. Ce quartier est connu par le nombre pléthorique de ses débits de bières traditionnelles, appelés communément cabaret. Malgré les bars dancing et les boîtes de nuit, les cabarets sont toujours bondés de clients la nuit de la Saint-Sylvestre. Dans un cabaret situé non loin du chef de carré 4, des jeunes et des personnes âgées consomment leur « bilibili », la bière traditionnelle, en chantant et en dansant. Pour la vendeuse de cette bière locale, Koumabi, les temps sont durs. Selon elle, en cette période de fin d’année, l’argent se fait rare et certaines personnes préfèrent se rabattre sur les bières locales. Selon elle, certains viennent prendre quelques calebasses de bières locales avant d’aller dans les bars dancing.

Kabalaye rafle la palme d’or

Au quartier Kabalaye, dans le 3e arrondissement, l’ambiance est à la fête. Ce quartier est le préféré des communautés étrangères telles que les Camerounais, les congolais et les centrafricains. Sur l’avenue Jean Betel Bokassa, la plupart des bars dancing sont tenus par les expatriés camerounais. Ces détenteurs de ces lieux mondains affirment qu’ils se sentent à Yaoundé ou à Douala. Dans les rues de ce quartier, l’on peut facilement identifier les travailleuses ou professionnelles de sexe se déhanchent dans de tenues légères à la recherche de potentiels clients. Le quartier Kabalaye est connu pour ses filles de joie. Elles traînent dans les rues du quartier jusqu’au petit matin. Pour certaines filles que la rédaction a rencontrées dans les bars, la fête de Saint-Sylvestre est une occasion de se refaire une santé financière. Une jeune fille assise devant sa bière en faisant circuler de bulles de fumée de cigarette est venue de Maroua, ville du nord du Cameroun comme elle dit « se chercher ». Elle affirme qu’elle vient chaque année à N’Djamena, durant les fêtes de fin d’année à la cherche des clients. Dans ce quartier, la bière coule à flots et la musique fait vibrer les cœurs et les corps des fêtards.

Place de la Nation, le terminus

À la place de la nation, située en face du palais rose, le palais de la présidence du Tchad. Ici, la Mairie a mieux organisé la fête avec de jeux de lumière qui attirent les jeunes venus de plusieurs quartiers de la ville. À minuit 00, heure de N’Djamena, les feux d’artifice sont tirés par jeunes pour célébrer le Nouvel An. À cet instant des jeunes gens se donnent des accolades pour se souhaiter les vœux du Nouvel An. La nouvelle année est accueillie par des cris de joie, chacun espérant qu’elle puisse apporter du mieux et du nouveau aux Tchadiens.

Jules Doukoundjé

Quartier Chagoua, dans le 7e arrondissement, la messe de clôture de la 1re édition du marché de Noël dénommé MANOËL. L’archevêque a appelé les promoteurs chrétiens à investir dans l’entrepreneuriat chrétien. Il exhorte les fidèles catholiques à être solidaires. Reportage.   

L’archevêque métropolitain pour la ville de N’Djamena, capitale tchadienne, Monseigneur Edmond Djitangar, a encouragé au cours d’une messe de clôture de la 1re édition du marché de Noël, les chrétiens catholiques du Tchad à s’intéresser à l’entrepreneuriat. Dès l’ouverture de la messe, l’archevêque a formulé la prière pour la grâce que Dieu a donnée pour la réussite de cette 1re édition du marché de Noël, malgré les difficultés rencontrées. « Comme tout enfantement réussi, il est source de satisfaction et de joie pour ceux qui ont cru et ont pris une part active à sa réalisation », se réjouit l’homme de Dieu.

Dans son homélie, le chef de l’Église catholique tchadienne a insisté sur l’effort que les fidèles chrétiens devraient fournir pour se libérer du joug de la pauvreté. L’archevêque a aussi mis l’accent sur l’abnégation et le travail pour lutter contre certaines formes d’injustices sociales.  Pour lui, l’Église catholique a commencé le marché de Noël avec la conscience que Dieu a donné le talent à tout le monde, mais certains ont, peut-être, négligé par ignorance, par préjugé ou par négligence. Monseigneur Edmond Djitangar estime que le marché de Noël est la réponse à l’une de ses préoccupations qui est celle de voir les chrétiens catholiques contribuer à l’essor économique du pays. Selon lui, l’investissement dans l’entrepreneuriat pourrait permettre aux fidèles chrétiens de montrer qu’ils sont capables comme les autres, d’entreprendre dans des activités susceptibles d’améliorer leur condition de vie. Le religieux soutient que c’est l’un de moyens de lutter contre l’injustice et pour rétablir la répartition des richesses du pays entre tous les tchadiens.

Pour le coordonnateur du projet MANOËL, Madjitoloum, le projet du marché de Noël est le fruit de l’idée qu’il est nécessaire de créer un cadre dans lequel les entrepreneurs chrétiens pourraient se rencontrer pour partager et échanger les expériences dans le but de propulser l’entrepreneuriat chrétien.  Le coordonnateur souligne que le début n’est pas facile. Selon lui, la coordination a failli jeter l’éponge, mais grâce à l’Esprit saint, ils ont pu continuer jusqu’au bout. Pour lui, c’est aussi un cadre qui permet à la grande famille chrétienne de se réunir pour réfléchir sur le devenir de la communauté chrétienne au Tchad. De l’avis du coordonnateur, le projet MANOËL est une initiative qui a pour seul but de contribuer à la promotion de l’entrepreneuriat, l’autonomisation financière et commerciale des entrepreneurs des fidèles de l’archidiocèse de N’Djamena. Le projet a aussi pour but la création du réseau d’entrepreneurs des paroissiens et des partenaires commerciaux, l’appui à la création et l’organisation des PME des paroissiens dans un réseau permanent d’échanges commerciaux. Pour lui, grâce à MANOËL, entrepreneurs, commerçants, détaillants, des restaurateurs, prestataires de services, promoteurs et philanthropes se sont côtoyés et ont fait connaissance. Le coordonnateur exhorte tous les chrétiens à soutenir ce projet.

Jules Doukoundjé

Demain, la page de l’année 2021 sera tournée. Mais avant cela, c’est la fête. Chaque ménage se dépêche pour offrir un peu de friandises pour leur maisonnée. Habituellement, les moutons et les poulets sont les plus prisés en cette période. Sur les marchés de moutons et de poulets à N’Djamena, capitale tchadienne, vendeurs et acheteurs sont aux abois. Reportage.

Souk karkandjié ou « marché d’oseille » dans le 5e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Dans ce marché on vend du céréale comme le maïs, mais aussi des moutons. Il est 11h, mais il n’y a quasiment pas de clients.

Mahamat Saleh Abderamane est vendeur. Il affirme que les clients sont absents. « Dieu est grand on espère que d’ici demain, les gens vont se grouiller. Nous vendons le mouton entre 35 000 FCFA et 50 000 FCFA. Les clients qui se présentent trouvent que le prix est raisonnable », dit le vendeur. Mahamat Saleh affirme que l’année passée, il y avait plus de clients. Il se souvient d’avoir vendu 45 moutons par jour pendant la fête de Noël, l’année dernière.

Deux messieurs rencontrés sur le marché s’expriment sous couvert de l’anonymat. Ils disent que le prix des moutons cette année est exorbitant. « On s’est promené partout, mais le prix oscille entre 80 000 à 100 000 FCFA. Nous sommes dépassés. Nous avons cru qu’avec un budget de 40 000 FCFA on peut rendre les enfants heureux, mais hélas. C’est vraiment difficile », se plaignent-ils. Selon eux, il faudra acheter des poulets à la place.

Marché de Dembé, dans le 6e arrondissement est l’un des plus grands marchés de la capitale tchadienne. Le soleil déjà au zénith, mais les vendeurs de poulets et clients résistent à la chaleur. Nodjirebeye Noël, habitant du quartier Atrone est vendeur de poulets. « Cela fait deux semaines que je suis là au marché de Dembé. Avant la fête, j’achetais les poulets dans les environs de N’Djamena à 2500 FCFA. mais maintenant, même là-bas c’est 2500 à 3500  FCFA l’unité. Je vends mes poulets entre 8000 et 8500 FCFA », dit le jeune vendeur. Il affirme vendre par jour 80 voire 100 poulets une moyenne au-delà de ses ventes avant les fêtes.

Betoloum Nandang, fonctionnaire à la retraite se désole du prix des poulets sur le marché. Il habite au quartier Gassi dans le 7e arrondissement.  « Le prix dépasse même celui de cabris. Voyez-vous deux poulets seulement, on nous vend à 15000 FCFA. Il est préférable d’acheter le cabri à 25000 FCFA. C’est vraiment exagéré. Je voudrais faire plaisir aux enfants, mais là je suis dépassé », dit M. Betoloum en pleine négociation de prix.

« Vraiment à N’Djamena, c’est cela, la vie est chère. Il est difficile pour le pauvre à bien s’alimenter. Même ceux qui travaillent tirent le diable par la queue. L’essentiel pour moi, c’est de voir ma famille en santé et la grâce de Dieu nous suffit », affirme un autre client.

Moyalbaye Nadjasna

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