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M. Djonga Arrafi, SG du Syndicat des magistrats du Tchad (SMT), Conseiller à la Cour Suprême, attaque frontalement la circulaire du ministre de la Justice, Garde de Sceaux, M. Mahamat Ahmad Alhabbo du 21 décembre 2021. C’était lors d’une entrevue accordée, ce 23 décembre à la rédaction de Ialtchad à son domicile au quartier Amtoukoui II, dans le 7e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena. La circulaire de M. Alhabbo accuse de laxisme des procureurs de la République ainsi que, les présidents des tribunaux dans le traitement des dossiers des délinquants sexuels et leurs libérations non motivées. Entrevue.

Le SG du syndicat des magistrats du Tchad (SMT) M. Djonga Arrafi, clarifie ce qui peut être la circulaire du ministre tchadien de la Justice, M Mahamat Ahmad Alhabbo du 21 décembre 2021. Selon M. Arrafi, le ministre est dans son droit et peut prendre des mesures pour préserver l’ordre public. Mais cette circulaire, dit-il, doit s’adresser uniquement au parquet et non aux magistrats qui sont au siège. « Les présidents des cours d’appel et ceux des tribunaux sont des magistrats qui sont au siège. Ils sont essentiellement et de façon inéluctable, soumis à l’autorité de la loi. Ils ne sont pas hiérarchisés comme au parquet. Par conséquent ils doivent demeurer libres d’esprit et indépendants pour rendre leurs décisions selon la loi et leur intime conviction », précise le SG du SMT. Le magistrat soutient que le parquet met en œuvre la politique pénale du gouvernement sous la hiérarchie du ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

Le syndicaliste affirme que cette circulaire ne vaut son pesant d’or que si elle s’adresse aux procureurs. « Le procureur requiert l’application de la loi; or les magistrats au siège l’appliquent directement. L’indépendance de la justice est à remarquer au niveau du siège. Les fonctions des présidents des cours d’appel ou tribunaux c’est de juger. Le parquet a été toujours le bras caché de l’Exécutif, il détient le monopole de poursuite », dit-il. Il fallait séparer la fonction de poursuite et celle de juger, ajoute le magistrat.

Djonga Arrafi cite le célèbre penseur Montesquieu dans son ouvrage « l’esprit des lois. » « Il ne faut pas confier la même fonction à un seul homme sous peine de glisser vers l’abus de pouvoir », évoque-t-il. Le SG du SMT affirme qu’il n’est pas de l’autorité de ministre d’adresser des instructions ou des injonctions aux magistrats de siège. Ils ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi, insiste-t-il. Inversement, soutient M. Arrafi, le ministre en tant qu’autorité de tutelle de poursuite, peut formuler des instructions au parquet pour déclencher par exemple l’action publique contre les délinquants.

« Il m’a été donné de constater que les délinquants sexuels et ceux qui posent des coups et violences basées sur le genre (VBG) ne sont pas poursuivis avec toute la rigueur de la loi. Aussi, il vous est demandé d’instruire les procureurs de la République ainsi que les présidents des tribunaux de mettre fin à ce laxisme. Les procureurs sont instruits à s’opposer à toutes libérations non motivées sans que l’instruction soit achevée », peut-on lire dans la circulaire du Garde des Sceaux.

Moyalbaye Nadjasna

Le président du conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE), Abdel-Kerim Ahmadaye Bakhit, qui vient d’être reconduit, dresse le bilan de l’année 2021. Il a aussi proposé des pistes de solutions pour un Tchad en paix, stable et prospère. Il a enfin évoqué la situation sociopolitique du pays et appelle les Tchadiens à se passer de leurs ego pour une bonne transition. Reportage.

Composé de 25 conseillers de la République, 6 membres du bureau dont un président, une vice-présidente et 2 rapporteurs, le CESCE est un organe consultatif. Il est consulté pour avis sur toutes les questions à caractère économique, social, culturel et environnemental par le président de la République ou par le président de l’Assemblée nationale. L’institution peut elle-même procéder à l’analyse de tout problème de développement économique, social, culturel et environnemental. Elle soumet ses conclusions au président de la République.

Pour le président, la loi fondamentale fait du CESCE une assemblée constitutionnelle consultative rassemblant des représentants des forces vives de la nation telles que le patronat, les syndicats et les associations. Selon lui, ces entités ont pour mission de faire de propositions de réformes et autres projets de loi. Elles ont aussi pour objectif de faire participer les acteurs économiques et sociaux au débat démocratique. Le CESCE conseille les pouvoirs publics sur les prises des décisions politiques en vue d’impulser de nouvelles orientations dans les plans et programmes de développement.

En faisant le bilan de l’année 2021, le président Abdel-Kerim Ahmadaye Bakhit, souligne que la structure qu’il préside s’est auto saisie de 2 thèmes pour ses sessions ordinaires. Le premier thème « les conflits ruraux au Tchad : diagnostic et pistes de solutions » et le second thème « la transition actuelle au Tchad : une opportunité pour une réelle réconciliation et une paix durable ».

À propos du premier thème, M. Bakhit soutient qu’en choisissant ce thème, les conseillers de la République ont fait un diagnostic des conflits ruraux au Tchad. Ils ont proposé des pistes de solutions susceptibles d’aider le pouvoir public pour restaurer la stabilité. Pour le second thème, il justifie qu’à travers ce thème, les conseillers de la République ont d’abord cherché à comprendre le processus de la transition avant de l’analyser en profondeur afin de soumettre au Conseil militaire de la transition des avis visant à mieux orienter les tenants et les aboutissants de la transition. Selon lui, pour ce fait le CESCE a invité toutes les corporations pour échanger sur la problématique de la transition.

« Le Conseil restera dans sa logique constitutionnelle en jouant son rôle consultatif »

En termes de perspectives, le président du conseil économique, social, culturel et environnemental indique que dans les jours à venir les conseillers vont procéder à l’analyse de tout problème de développement. Ils vont aussi éventuellement donner leurs avis sur les projets de loi de programmation qui définissent des orientations des finances publiques, des projets d’ordonnance et de propositions de loi entrant dans le domaine de leur compétence. À son avis, le conseil envisage de collecter et rédiger, avec la participation de toutes les entités qui le composent à l’attention des pouvoirs exécutifs et législatifs, le recueil annuel des attentes et besoins de la société civile assorti des orientations et des propositions.

Abordant l’épineuse question de la transition, le Président Abdel-Kerim Ahmadaye Bakhit estime que pour la réussite de ce pari, les conseillers de la République ont fait des recommandations sur le plan politique, administratif, judiciaire et juridique, social, culturel et économique.

8 mois après la mort du président Idriss Deby Itno, le président de cette grande institution de L’État, Abdel-kerim Ahmadaye Bakhit a été reconduit par décret présidentiel à son poste pour continuer sa mission. Il doit continuer à œuvrer pour une transition apaisée qui permettra d’arriver au dialogue national inclusif qui débouchera aux élections libres et transparentes.

Jules Doukoundjé

L’église catholique du Tchad a lancé depuis le 11 décembre dernier la première édition d’un marché de Noël dénommé « MANOEL ». C’est un marché de Noël dédié aux chrétiens et aux non-chrétiens qui souhaitent s’intéresser à l’entrepreneuriat chrétien. MANOEL a été lancé par l’archevêque de N’Djamena Edmond Djitangar Goetbé le 11 décembre dernier et prendra fin le 31 décembre. Reportage. 

Le projet de marché de Noël catholique, en abrégé MANOEL, s’inscrit dans le cadre de la lettre pastorale de l’archevêque métropolitain, Monseigneur Edmond Djitangar Goetbé, adressée aux chrétiens du Tchad afin qu’ils s’intéressent à la gestion de la cité. Ce marché qui se déroule du 11 au 31 décembre prochain, en la paroisse du Sacré-Cœur de Chagoua, a pour objectif de contribuer à la promotion de l’entrepreneuriat et à l’autonomisation financière des entrepreneurs chrétiens au Tchad.

Pour Khadidja Lydie, vendeuse de sacs et de robes pour enfants, c’est une bonne initiative. Elle explique qu’elle vend les articles de sa fille. Selon elle, sa fille vend ces habits en ligne, mais quand l’Église catholique a parlé d’un marché de Noël pour les chrétiens, elle a trouvé l’idée intéressante. Et elle a profité pour exposer ses produits. Khadidja Lydie encourage les chrétiens du Tchad à s’intéresser aux commerces et surtout à œuvrer pour l’entrepreneuriat chrétien. 

Doubé Barro a appris la nouvelle à la radio. Il est venu visiter les stands. Pour lui, c’est une incitative à encourager. Il affirme que cette initiative permet de faire un brasage entre les chrétiens et les non-chrétiens. Il soutient aussi que les prix abordables, comparé au marché classique. Toujours selon lui, en achetant à la foire chrétienne, cela contribue au développement de l’entrepreneuriat chrétien. Il exhorte les chrétiens du Tchad à investir dans le commerce, une de solutions contre le chômage.

Abondant dans le même sens, Jeannette Nénodji, détentrice d’un stand des sacs artisanaux affirme que c’est l’occasion aux chrétiens de montrer leur savoir-faire dans le domaine commercial et entrepreneurial. Elle souligne qu’elle avait déjà assisté à ce genre de foire chrétienne au Benin et au Togo. Elle souhaite que les autorités pastorales continuent avec ce projet salvateur qui pourrait déboucher à la création de grands espaces commerciaux. Jeannette Nénodji invite les chrétiens et les chrétiennes à épouser cette bonne initiative qui fera des chrétiens du Tchad, dans l’avenir des hommes et des femmes économiquement autonomes. La jeune diplômée de l’université du Kalabi au Benin a souligné que le projet du marché de Noël pourrait déboucher à une organisation qui ressemblerait comme celles du peuple juif dans le domaine des affaires ou encore au peuple bamiléké au Cameroun voisin qui ont opté pour ce modèle communautaire d’entrepreneuriat.

Pour le vicaire général, Ab Samuel Mbairabé Tibingar, le marché de Noël, c’est le marché de tous les chrétiens du Tchad, c’est le marché de lutte contre la pauvreté. Le vicaire général soutient que c’est un premier test pour l’entrepreneuriat chrétien. Il exhorte tous les chrétiens du pays, surtout ceux qui ont de moyens, de créer des entreprises pour soutenir les jeunes chrétiens.

Jules Doukoundjé

Les préparatifs des fêtes de Noël et du Nouvel An rythment le quotidien. Nos reporters ont fait un tour dans quelques salons de coiffure, ateliers de couture, bars et alimentation pour s’imprégner de l’ambiance aux quartiers Kabalaye et Moursal dans les communes du 3e et 6e arrondissement de N’Djamena, capitale, tchadienne. Reportage.

Jour J-2 pour la fête de nativité , la Noël. Dans la capitale, il y a d’un côté l’ouverture des nouveaux bars, alimentation et la réfection des anciens bars, alimentations, salons de coiffure, etc. L’organisation des pari-vente, pari-carpe ou poulet, des concerts, des bals à papa ou de fin d’année, et des soirées culturelles sont en tête d’affiche des activités de la semaine.  De l’autre côté, la Mairie centrale réfectionne quelques ronds-points et grandes avenues de la capitale pour rendre la ville belle pour les fêtes. Les fêtes sont proches, mais N’Djamena reste morose, pas le cœur à la fête. Les chaises dans les bars sont vides.  Les salons de coiffure pour dames et hommes attendent impatiemment les clients. Les ateliers de couture sont déserts.

Mbaïrareou Apollinaire est maître tailleur. Il est spécialisé dans la couture homme et enfants. Son atelier de couture est installé au quartier Moursal. Il est seul dans son atelier avec équipe à notre arrivée. Pour lui, depuis ses 26 ans d’exercice du métier, il n’a jamais vu une fête de fin d’année aussi morose que celle de cette année. « Imaginez que nous sommes le 22 décembre et je suis en train de faire les retouches sur les vieux vêtements. Personne ne se présente même pour prendre les habits déjà cousus. Il n’y a pas d’engouement cette année, c’est difficile », se lamente-t-il. Dans les années passées selon le couturier, son équipe passe les nuits à l’atelier à partir du 20 décembre pour satisfaire la clientèle.

Même son de cloche dans les salons de coiffure dames. Les femmes sont rares dans les salons. Les gérantes des salons sont devant la télévision en attendant les éventuelles clientes. Mais, au salon de Hadjé Bena, les dames viennent se faire coiffer selon la propriétaire. « Dieu merci je trouve mon compte cette année. Sinon l’année dernière avec la pandémie de la Covid 19, c’était compliqué. Les clientes ne venaient pratiquement pas» dit-elle.  Ronelyam Sylvie est la propriétaire du café Céleste. Son café est né il y a 3 semaines. « Les clients viennent à compte-gouttes », explique Madame Sylvie. Elle espère que les affaires seront plus intéressantes dans les prochains jours.

Kouladoum Mireille Modestine

La géante pétrolière américaine Exxon Mobil(Esso) est parvenue à un accord avec ses employés. Les deux parties ont décidé de régler leurs différends mercredi 22 décembre 2021. La délégation du personnel note qu’elle était mise devant un fait accompli en signant un document qu’elle ignore le contenu. Reportage.

Désormais, le personnel d’Esso Tchad peut reprendre le travail après un long périple de conflit social avec son employeur. Un accord a été signé, mercredi 22 décembre entre les deux parties en présence de M. Brah Mahamat, ministre tchadien chargé de l’emploi. Seulement, le porte-parole de la délégation du personnel d’Esso Mme Dahasseal Dekoundou déplore la manière avec laquelle les choses s’étaient passées. La déléguée du personnel d’Esso affirme qu’ils étaient mis devant un fait accompli. « On m’a convoqué à la direction générale pour me tendre un document à signer sans savoir le contenu. Ce document me disent-il tient lieu d’un accord pour dénouer le conflit social entre nous et l’employeur. J’ai signé ce document depuis le 20 décembre 2021 », dit Mme Dahasseal.

Pour le ministre en charge de l’Emploi, l’essentiel est le dénouement de la crise qui a opposé Esso Tchad à ses employés. Mme Carole J. Gall, PDG d’Esso Tchad estime que cet accord est important pour assainir l’atmosphère sociale entre Exxon Mobil et son personnel. Elle soutient qu’il y eu  collaboration du gouvernement tchadien et des délégués du personnel pour arriver à cet accord. Mme Dahasseal rappelle que ce conflit social fait suite la vente des actions d’Esso Tchad à la compagnie Savannah Energy. Les employés, dit-elle, ont présenté leurs réclamations sur les questions de « paiement des primes de séparation, des crédits immobiliers, des soldes de tout compte, le règlement du plan, les primes additionnelles exceptionnelles ». La position d’Esso a conduit le personnel à entamer une grève qui a duré plusieurs mois.

En rappel, le 25 novembre passé Esso Tchad a assigné ses employés devant le Tribunal de grande Instance de N’Djamena. Selon l’avocat des employés, la firme américaine réclamait une somme faramineuse de 30 milliards FCFA. Selon Esso, cette somme pourrait compenser la perte qu’elle aurait subie pendant la période de grève. Or le 5 novembre dernier, l’Union des Syndicats du Tchad (UST) avait déjà réagi contre les intimidations d’Esso à l’égard de ses employés. Le syndicat avait demandé au gouvernement du Tchad de prendre ses responsabilités.

Selon la porte-parole des délégués, plus tard, lorsqu’elle a pris connaissance de l’accord, aucune mention n’est faite sur la question de réhabilitation de leurs 4 collègues licenciés. C’est dommage, conclut-elle.

Moyalbaye Nadjasna

Les prévisions des recettes budgétaires du projet de loi des Finances 2022 s’élèvent à 1 359 Milliards. Une légère augmentation de 260,8 milliards comparée à celle de 2021, selon le conseil extraordinaire des ministres du mercredi 22 décembre.

L’examen du projet de Loi des Finances 2022 par le conseil extraordinaire des ministres ce 22 décembre prévoit 1 359 milliards de recettes budgétaires y compris les dons. Une hausse significative de 260,8 Milliards par rapport à la Loi des Finances 2021. Les causes sont l’accroissement de plus de 86% des recettes pétrolières due à l’augmentation des cours du pétrole en 2021. Selon le conseil, cela a eu des répercussions positives sur l’impôt sur les sociétés, les redevances et les participations. Le déficit budgétaire hors don est évalué à 13, 238 Milliards. « Ce qui obligera l’État à faire recours à la Facilité Élargie de Crédit dans le cadre de son programme avec le FMI, ainsi qu’à des appuis des partenaires au développement pour financer son budget », dit le gouvernement.

Le projet de la loi des Finances 2022 a été confectionné en partenariat avec le conseil d’Administration du Fonds monétaire international (FMI), précise le conseil. Ce partenariat avec le FMI est basé sur un nouveau programme de Facilité Élargie de Crédit (FEC) sur la période 2021-2024. « Ce programme est un catalyseur pour la mobilisation des appuis budgétaires, des dons et des prêts auprès d’autres partenaires au développement », affirme le gouvernement. D’après les autorités tchadiennes, ce projet de Loi des Finances constitue une traduction de la feuille de route du gouvernement. L’organisation du dialogue inclusif, la réforme électorale et l’organisation des élections générales feront l’objet de sollicitation d’apport des partenaires au développement du Tchad.

Pour le gouvernement, ce projet de Loi des Finances est élaboré dans un contexte particulier de transition qui va s’achever en 2022. Selon le conseil, il faut stabiliser le fondement de notre économie avec les nouvelles institutions. Cela prendra en compte les aspects sanitaires, sécuritaires et climatiques. Pour le gouvernement, ce projet de loi a pour objectif d’apporter des réponses aux difficultés budgétaires. Il s’agit de relancer les secteurs porteurs et améliorer les investissements, souligne le conseil. Il ajoute, la facilitation des affaires du commerce intérieur et extérieur par des mesures incitatives. Mais il faudra aussi atténuer certains impôts et taxes, le plafonnement des pénalités, la mise en place d’une amnistie fiscale et la régulation des contrôles fiscaux.

Chocs macroéconomiques et innovations

Le projet de Loi des Finances 2022 n’a pas fait table rase du contexte macroéconomique marqué par divers chocs. Ces chocs sont liés à la pandémie du Covid-19, à l’insécurité dans les pays limitrophes, à l’afflux des réfugiés et aux changements climatiques. « En dépit de ce contexte difficile, l’économie tchadienne devrait enregistrer un taux de croissance de 4,1% en 2022 contre 3,7% en 2021. Ce regain de croissance proviendrait du dynamisme global des activités économiques aussi bien dans le secteur pétrolier que dans le secteur hors pétrole », dit le document. Pour les autorités, ce Projet de Loi introduit des innovations fiscales. Il s’agit des modifications ou des compléments à certaines dispositions du Code général des Impôts et du Code des Douanes de la CEMAC.

Une autre importante innovation est la simplification et l’unification des textes législatifs et réglementaires qui encadrent la gestion des revenus pétroliers. Le projet prévoit aussi, l’introduction d’une taxation au taux réduit pour certains matériaux de construction. Ce sont le fer à béton, les produits finis et dérivés de l’industrie textile. Objectif, améliorer le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des industries nationales. Ce projet de loi des finances 2022 n’a pas perdu de vue les acquis sociaux des travailleurs, les conditions de vie des soldats, des étudiants, le soutien aux personnes vulnérables (personnes handicapées, la jeunesse, la petite enfance, la femme, le monde rural etc.)

En 2022, le gouvernement affirme qu’il va fournir plus d’efforts pour la mobilisation et la sécurisation des ressources. Il va aussi poursuivre la rationalisation des dépenses publiques dans le respect strict de la discipline budgétaire.

Moyalbaye Nadjasna

L’artiste musicien tchadien Mahamat Ali Darsila va célébrer le 30 décembre prochain ses 35 ans de carrière. À l’occasion de cette célébration, il a été reçu par la rédaction de Ialtchad Presse. Le chanteur arabophone raconte comment il est arrivé dans la musique, mais aussi ses réalisations artistiques dans la consolidation de la paix et du vivre ensemble au Tchad. Entrevue.

Le natif de la province de Darsila, Mahamat Ali Darsila, l’un des artistes musiciens le plus connu dans le milieu artistique arabophone et surtout par les mélomanes tchadiens va célébrer ses 35 années de carrière. Pour remercier le public et ses fans, l’enfant terrible de la province de Darsila va organiser le 30 décembre prochain un concert VIP dans un hôtel de la place à N’Djamena. Pour immortaliser ses 35 ans de carrière, le prodigieux artiste musicien a invité plusieurs autres artistes musiciens et comédiens à se joindre à lui pour rendre belle la fête. Talentueux, Mahamat Ali Darsila, avait déjà, à l’adolescence, un penchant pour la musique. Plus tard, il en fait sa profession.

« J’ai aimé la musique à bas âge. J’ai commencé la musique quand j’avais 7 ans, et j’ai continué au collège jusqu’à obtenir le bac », explique-t-il. Selon lui, c’est après son baccalauréat que les professeurs d’art ont découvert ses talents artistiques. Mahamat Ali Darsila a étudié la musique pendant 3 ans à école d’art à Khartoum au Soudan. Après sa formation, il intègre de grands groupes professionnels de la musique soudanaise avant de décider de rentrer au Tchad. En 1994, le jeune artiste monte en scène avec ses propres compositions, dont le titre Darsila. Deux ans plus tard, en 1996, il entame une tournée au sud du Tchad, en compagnie de maître Gazonga, Ahmat Pecos et Djalali pour le compte du Mouvement patriotique du Salut (MPS), lors de la campagne présidentielle de 1996.

En 1997, une fois le milieu culturel maîtrisé, il crée son propre groupe et lui donne le nom Darsila, un nom de sa région natale.

À propos de la musique tchadienne, l’artiste souligne que le Tchad est composé de plusieurs groupes ethniques qui font sa diversité et sa riche culture.  « Nous avons les meilleures danses traditionnelles, variées en folklore. Mais il reste à faire connaître notre culture en dehors de nos frontières », explique l’artiste musicien. Selon lui, ce qui retarde la musique tchadienne est le manque de forât et des festivals de musiques pour faire découvrir les talents cachés, pour faire rayonner la culture tchadienne. Il soutient que le pays a des talents, mais il lui faut une bonne organisation pour faire décoller la musique et faire vivre les artistes tchadiens.

Mahamat Ali Darsila demande aux autorités de construire des écoles des arts comme au Soudan pour la formation des jeunes artistes tchadiens. Il suggère aussi aux autorités de mettre sur pied un fonds d’aide dédié pour aider les artistes. Toujours selon lui, beaucoup d’artistes et musiciens tchadiens peinent à vivre correctement de leur art. « J’ai 35 ans de carrière, mais je n’ai jamais reçu de l’aide de l’État. Ailleurs, l’État aide les artistes qui sont en fin de carrière, mais au Tchad, ce n’est pas le cas », dit-il.

La star de la musique arabophone tchadienne a aussi réalisé plusieurs albums avec beaucoup d’autres artistes tchadiens et soudanais. Après son concert inédit prévu le 30 décembre prochain, l’artiste prévoit de faire un clip dans lequel il serait représenté 10 danses de 10 ethnies choisies.

Mahamat Ali Darsila n’est pas seulement actif dans le domaine de la musique. Il a aussi mis sa notoriété et sa disponibilité au service de son pays. Il a participé à plusieurs campagnes de sensibilisation de lutte contre le mariage précoce au Tchad. Le musicien a associé son image à la vulgarisation de plusieurs activités dans le programme du gouvernement mandaté aux organismes et institutions internationales en tant qu’ambassadeur.

Il a été ambassadeur pour la lutte contre le palu, contre la polio. Enfin, il est ambassadeur pour la mobilisation à la paix et à la cohabitation pacifique au Tchad. Son talent lui a permis de gagner plusieurs trophées. L’artiste a aussi dignement fait flotter le drapeau tchadien dans plusieurs pays d’Afrique.

Jules Doukoundjé

2021 s’en va bientôt. C'est une année qui a marqué la mémoire des Tchadiens par des évènements importants. C’est en réalité l’histoire qui s’écrit au quotidien. Les journalistes la racontent au présent. Les historiens l’écrivent au passé. Bref, en 2021, qu’est qui a marqué les esprits?

D’abord, la mort du Maréchal président Idriss Deby Itno a marqué cette année.  Est-il mort au combat « l’arme à la main » comme le répètent avec insistance les autorités de la transition? Ou a-t-il été assassiné comme on le chuchote derrière les rideaux? Jusqu’à là, on nage dans la confusion et les contradictions. Le Conseil Militaire de Transition (CMT) et le gouvernement de transition (GT) parlent de mort au combat. L’Union Africaine (UA), après avoir réclamé une enquête, continue de parler « d’enquête sur l’assassinat du feu Maréchal ». Pour l’instant, le CMT reste silencieux. Pas d’enquête officiellement ouverte. L’UA pousse le dossier en marchant sur les pointes des pieds. Les Tchadiens et le monde attendent des éclaircissements parce que Deby Itno qu’on l’aime ou qu’on le déteste est un dirigeant qui a marqué l’histoire de son pays. Et c’est normal d’établir la vérité sur sa disparition. Me Ahmed Idriss dit Lyadish, très actif sur le réseau Facebook, a écrit un intéressant article sur l’enquête judiciaire en cours.

La mort du Maréchal Deby Itno est indissociable de la rébellion tchadienne du Front pour l’Alternance et la Concorde (Fact) et son chef Mahamat Mahdi Ali. Ils sont jusqu’à preuve du contraire à l’origine de la mort du président tchadien. Ils ont donc marqué par leur percée à presque 300 km de la capitale tchadienne les esprits, surtout qu’ils ont porté un coup fatal en plein désert à celui que les médias occidentaux ont surnommé le renard du désert. À l’annonce de son décès, ils réclamaient avec un brin de fierté la paternité du meurtre. Depuis quelques mois ils le réclament de moins en moins. Ils font profil bas. Leur chef donne de temps à autre quelques entrevues pour dire qu’il est ouvert au dialogue. Tout en lançant des menaces à peine voilées sur la certitude d’une autre attaque de sa troupe.

Ensuite, dans la foulée, le président de l’Assemblée nationale (AN) a passé son tour refusant d’assumer ses responsabilités. Le CMT est créé avec à sa tête le fils du défunt Maréchal, Mahamat Idriss Deby Itno. Un gouvernement de transition est nommé. Cahin-caha un Conseil national de transition (CNT, chambre législative) est mis sur pieds et ses membres cooptés selon les intérêts et les calculs de l’ex-parti au pouvoir le Mouvement patriotique du Salut (MPS) et des quelques membres de l’opposition qui ont accepté de collaborer avec la junte militaire. Tant pis pour ceux qui contestent la méthode et qui réclament que cette prérogative revienne aux assisses du Dialogue national inclusif (DNI). Pour l’instant, tout semble rouler de l’avant malgré le grand bruit qu'a soulevé le gargantuesque budget de ce machin. Les internautes tchadiens ont une belle formule pour signifier leur exaspération « les choses du Tchad ».

Concernant « les choses du Tchad », les préparatifs du DNI se déroulent sous tambour et trompettes. Bref, sur ce registre les choses avancent mais sans les politico-militaires, il sera difficile de réussir ce rendez-vous. De ce côté aussi, il semblerait que c'est prometteur.

2021 a également été marqué par l’émergence politique du parti Les Transformateurs et de Wakit Tama. Les deux organisations ont mené la contestation dans la rue. Ils ont su et pu imposer une nouvelle méthode de contestation malgré quelques débordements. En passant le chef des Transformateurs, Succès Masra a tellement pris confiance en lui qu’il semble faire des embardées et des sorties de route. La dernière en date est de croire ou de faire croire qu’il serait attaqué par des forces occultes. Cette croyance prise au sérieux par M. Masra et ses militants interroge sérieusement sur la lucidité du chef et de ses lieutenants. Si c’est l’envie de faire du buzz qui a poussé le jeune leader alors sur ce coup c’est raté. Le buzz à tout prix est une assurance au discrédit.

Aussi, l’insécurité qui défraie la chronique ces derniers jours a effrayé les esprits. Elle ne semble épargner personne. Les malins se sentent-ils libérés depuis la disparition du Maréchal? C’est à croire que ces génies malfaisants sont sortis de la bouteille dans laquelle le Maréchal les avait enfermés. Sur ce dossier, le président du Conseil militaire de la transition (PCMT) semble débordé. Quelque chose lui échappe. Peut-être qu’un groupe autour de lui veut lui signifier qu’il n’est rien d'autre que leur création. Et qu’il doit leur obéir aux doigts et à l’œil.

Enfin, la rocambolesque affaire de l’ex-première Dame Hinda Deby Itno, de sa fratrie et du défunt colonel, illustre bien le drame qui se joue dans cette transition où se mêle insécurité et règlement de compte. Il y a comme un film à feuilleton qui se joue dans l’ombre. Un appel à témoin est même lancé par le Ministère de la Sécurité publique, avec à la clé 50 millions de F CFA comme récompense pour retrouver le ou les meurtriers. Décidément dans cette République, il y a des citoyens plus citoyens que d’autres. Cette affaire met en colère les Tchadiens. Ils n'ont d'autre choix que de se contenter d’être des téléspectateurs. Ils attendent le prochain épisode d’une série haletante où la princesse et sa fratrie tombent de leur piédestal, accusés à tort ou à raison d’avoir les mains salies par le sang du défunt colonel. Et surtout des mains pleines des liasses d’argent. Eux qui n’ont pas su ou pu se mettre à l’abri, loin du pays, au lendemain du départ sans retour du Maréchal.

NB : Nous reviendrons, inchAllah, dans les prochains jours dans une chronique pour parler des perspectives de 2022.

Joyeux Noël et bonne année

Belle Bakary Mana

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