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Depuis deux jours, les étudiants de l’université de N’Djamena manifestent et réclament la réhabilitation de leurs 3 camarades exclus des universités du Tchad. Selon les responsables universitaires le motif de leur exclusion aurait perturbé le calendrier académique. Pour les étudiants, leurs camarades étaient exclus pour avoir participé à la manifestation contre Mme la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, en visite au campus universitaire de Toukra en mai dernier. Reportage.

Après la grève des étudiants de la faculté des sciences de la santé humaine pour réclamer 33 mois de bourse impayée, c’est au tour des autres facultés de manifester depuis 2 jours pour réclamer eux aussi la réhabilitation de leurs 3 camarades exclus. Ils réclament aussi que le centre de santé universitaire soit équipé. Pour le Secrétaire exécutif (SE) des étudiants de l’université de N’Djamena, Yaya Barkai Mahamat, cette manifestation est relative à la revendication de 3 choses.  Les étudiants de l’université de N’Djamena demandent la réhabilitation de leurs 3 camarades exclus de l’université, le bus universitaire (qui seront bientôt en service selon nos sources) et le centre de santé universitaire. En ce qui concerne les 3 étudiants exclus, le SE des étudiants de l’université de N’Djamena estime que les motifs de leur exclusion ne sont pas lourds.

Le 20 mai dernier, le ministre de l’Enseigneur Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Mme Lydie Beassemda avait rendu visite au campus de Toukra, à la sortie sud de la capitale, N’Djamena. Lors cette visite, les étudiants avaient boudé sa présence et avaient endommagé sa voiture et celle du président de l’université. Les étudiants de N’Djamena expliquent que c’est suite à cette manifestation que plusieurs étudiants ont été arrêtés, certains déférés, puis libérés. Selon lui, le président de l’université de N’Djamena a voulu faire « une justice à part entière », en confisquant les cartes d’étudiants de 35 camarades pendant 4 mois. « J’étais parti rencontrer le président de l’université pour réclamer les cartes des 35 camarades, mais il n’a pas restitué et les étudiants avaient barricadé la route de l’université pour exiger la restitution de leurs cartes », dit M. Yaya Barkai Mahamat. Selon lui, sans ces cartes, les étudiants ne peuvent pas se réinscrire. Ensuite, le président a restitué les cartes. Toutefois, il précise que 3 étudiants ont été convoqués au conseil de discipline, puis expulsés définitivement des universités du Tchad. « J’étais clair avec le président de l’université que si les 3 camarades sont exclus de l’université, il va porter la responsabilité de cet acte ». Le président de l’université tient mordicus à l’exclusion de ces étudiants pour des raisons de perturbation du calendrier académique. « C’est un règlement de compte » affirme M. Yaya Barkai Mahamat. Il rajoute que c’est parce que les 3 étudiants sont influents dans le bureau national des étudiants et que les autorités universitaires veulent vaille que vaille leurs têtes. « C’est un règlement de compte, sinon le motif ne mérite pas cette sanction suprême, l’exclusion. Nous avons entamé les négociations avec le président de l’université. Et nous irons voir les plus hautes autorités du pays, si nous n’obtenons pas gain de cause ».

Le SE des étudiants de l’université affirme qu’il a écrit au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation pour demander la réhabilitation de ses 3 camarades, mais la lettre est restée sans suite. Le bureau des étudiants a donné 2 mois aux autorités pour réagir, mais ils ne l’ont pas fait, c’est dans ce sens qu’ils sont obligés de descendre de manifester pour réclamer la réhabilitation sans condition de leurs camarades.

Jules Doukoundjé

Dans la capitale tchadienne, certains enfants sont privés de leur droit à l’éducation. Ils parcourent des kilomètres par jour pour mendier. Ils tendent la sébile pour recevoir de la petite monnaie et les restants de repas. Ils se poste souvent se poster devant les ministères, les grandes institutions, les hôpitaux et les marchés pour demander de l’aumône. Les plus petits du groupe sont censés suivre les instructions des plus grands. Reportage.

Pendant que les autres enfants de leur âge sont à l’école, elles sont ailleurs. Elles, ce sont Fatimé Zara et Nana Abdoulaye. Deux petites filles âgées respectivement entre 6 et 8 ans. Ces deux enfants font partie d’une équipe de 6 personnes qui mendient dans les rues de la capitale tchadienne, N’Djamena. Elles quittent leur quartier en parcourant quelques kilomètres à pied sous le soleil ardent à la recherche des endroits stratégiques pour mendier. À chaque arrêt des automobilistes ou motocyclistes, les tout petits courent sous l’instruction des plus grands pour aller solliciter la générosité des adultes. Ils ciblent aussi quelques passants et boutiquiers pour quémander des pièces de monnaie. Quelques fois, ces enfants sont agressifs. Ils agrippent les passants par leurs vêtements. Rencontrés, ils nous racontent leur quotidien. « Ce sont nos parents qui nous ont envoyé mendier. Nous parcourons beaucoup de quartiers à la recherche des endroits où il y a suffisamment de monde pour mendier. C’est dans l’après-midi que nous rentrons chez nous. », dit Nana.

Zara et Nana quittent le quartier Ridina pour venir au grand marché mendier. Selon elles, elles n’ont jamais mis pied à l’école. « Tôt le matin, nous venons à l’école coranique. C’est après l’école coranique que nous prenons le chemin des marchés publics », soutiennent-elles.  De leur avis, leurs parents mèneraient de leur côté, des activités génératrices de revenus au marché à mil.

Pour madame Togyegnar Solial, jeune mère de 4 enfants, une môme est un don précieux que Dieu donne. Pour elle, la venue d’un enfant dans la famille est un grand évènement qui rend heureux.  « Pour cela, il faut réunir toutes les conditions pour qu’il vive bien », ajoute-t-elle. Selon Mme Solial, l’enfant est la seule personne qu’on va désigner demain au nom des parents. Et donc il faut en prendre bien soin afin qu’il représente dignement les parents. « Il est inconcevable que certains parents envoient leurs enfants mendier au lieu de les envoyer à l’école. L’école est la seule clé de la vie. L’enfant qui n’a pas été à l’école est un danger pour l’avenir ». 

Pour Maître Yannick Djimotoum Yonoudjim, avocat au barreau du Tchad, l’enfant est d’abord le fruit de ses parents. Selon lui, les parents ont l’obligation d’assurer ses droits fondamentaux : l’alimentation, le logement, la santé, l’éducation et l’habillement. Il affirment que les parents ont le devoir leurs enfants à respecter les valeurs de la société et les symboles de la République. « L’éducation fait partie des droits fondamentaux de l’Homme et consacrés dans les instruments juridiques internationaux que le Tchad a ratifiés », dit-il. Il souligne que les normes internationales ont introduit le concept d’intérêt supérieur de l’enfant. C’est-à-dire que ces traités consacrent l'enfant comme un sujet de droit et non un objet de droit comme il était avant. 

Pour Me Yannick Djimotoum, l’article 28 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant indique que chaque enfant a droit à l'éducation et à des possibilités d'apprentissage de qualité. Il ajoute que l’article 2 de la même convention dispose que « les États partis s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation ». Pour l’avocat en plus de ces normes internationales, la constitution du Tchad garantit le droit et la gratuité de l’éducation pour tout enfant tchadien. Il déplore que dans la pratique, l’éducation ne soit pas gratuite au Tchad. « Les infractions liées aux comportements des parents qui exploitent leurs enfants et refusent de les envoyer à l’école sont régies dans le Code pénal. Toutefois, la législation tchadienne ne dispose pas encore d’une loi spécifique qui protège les enfants des couches vulnérables comme les personnes handicapées par exemple ».

 Kouladoum Mireille Modestine

Le musée de Gaoui, est un véritable site culturel du peuple Kotoko avec des pavions historiques des Sao considérés comme ancêtres des Tchadiens. Au-delà de la culture, ce conservatoire attire aussi un grand nombre de visiteurs. Quelques difficultés dues à son aménagement sont visibles. Reportage.

À part le musée national et quelques-uns dans certaines provinces du Tchad, le village Gaoui a non seulement un village de l’argile mais il est un véritable patrimoine touristique. Un musée et un ancien palais royal du peuple Kotoko depuis plusieurs années servent de conservatoire de patrimoine culturel du Tchad. Selon Mahamat Djibrine, guide et natif de Gaoui, l’existence du musée vient de la décision de la communauté Kotoko. Il affirme que ce patrimoine constitue un lieu culturel, mais aussi un site touristique pour le Tchad. Selon le guide le musée de Gaoui a ouvert ses portes en 1992. « Il est temps de remercier les ONG et les personnes de bonnes volontés qui participent souvent financièrement pour l’entretien du musée », dit-il. Pour réunir ces richesses culturelles, il a fallu des échanges avec des sages du village Gaoui. Ce sont des legs de nos aïeux. Ces connaissances doivent être transmises aux générations futures qui vont à leur tour les perpétuer, a précisé ce natif de Gaoui.

Pour le guide, la conservation de ce patrimoine culturel est indispensable. Le musée de Gaoui a beaucoup d’objets en poterie, mais aussi des pavillons de la préhistoire Sao, explique Mahamat Djibrine. « Avant l’avènement du covid-19, nous recevons assez de visiteurs, expatriés et nationaux. C’est plus de 2000 visiteurs. En 2019-2020, la fréquentation a baissé. Depuis fin 2020 jusqu’à nos jours, on a enregistré environ 700 visiteurs », informe-t-il.

Les difficultés selon lui sont dues au manque de recettes depuis l’arrivée de la Covid-19. Avant la pandémie, les recettes étaient assez bonnes. « Cela nous permettait de nous organiser et de sensibiliser les femmes de Gaoui et ses environs. On les mettait par groupe pour décorer le musée. C’est volontaire, un volontariat moyennant quelques petits cachets forfaitaires », dit M. Djibrine.  Il confirme les aides ponctuelles de certaines ONG et de certaines ambassades dans le passé. C’est grâce à ce soutien que le bâtiment du musée est annuellement crépi et décoré. Ce dernier temps, dit-il, tout est au ralenti. « Nous demandons aux bonnes volontés de nous aider à reprendre les travaux d’entretien et de réaménagement de ce site touristique. Si par exemple on pouvait installer des panneaux solaires qui éclaireront l’intérieur des cases. Il demande aussi que le bitume se prolonge à l’intérieur du village Gaoui, etc. ».

Le guide nous présente Madi, un homme de 40 ans. Il mesure 2 mètres. Il est robuste et impressionnant . Il refuse de s’exprimer. C’est l’homme le plus fort de Gaoui, selon le guide. Par exemple, lors des grandes cérémonies devant les dignitaires, Madi soulève, seul, un âne. Vous voyez que nous sommes forts, cette force nous vient de nos ancêtres les Sao, lance-t-il.

M. Mahamat Djibrine affirme que des rencontres des natifs et ressortissants de villages Gaoui sont souvent organisées. C’est une plateforme qui leur permet de discuter de l’avenir du musée, des stratégies d’attraction des visiteurs et de la conservation des joyaux ancestraux. Le musée de Gaoui est une richesse nationale, dit le guide. « Tout visiteur étranger qui vient ici est impressionné par les potentialités touristiques que regorge le Tchad sur ce site », dit guide.

Moyalbaye Nadjasna

Suite à l’assassinat par balle d’un prisonnier qui tentait de s’évader le 29 novembre et la répression qui s’en est suivie le 1er décembre par les forces de sécurité publique. La Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), exige une enquête indépendante pour situer les responsabilités. Mais le procureur de la République, près le parquet de N’Djamena donne sa version de faits. Reportage.  

Le président par intérim de la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH), Me Adoum Mahamat Boukar dénonce les exactions perpétrées sur les prisonniers de la maison d’arrêt de Klessoum, en banlieue sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. Le défenseur des droits humains estime que la situation des prisonniers de Klessoum et surtout des prisonniers de guerre est préoccupante. Le responsable par intérim de la LTDH déplore l’usage excessif des gaz lacrymogènes par les forces de sécurité sur les prisonniers dans un endroit fermé. Selon lui, cela a occasionné malheureusement un mort et quelques blessés parmi les prisonniers de guerre du Front d’Alternance pour la Concorde au Tchad (Fact).

Me Adoum Mahamat Boukar estime que ces actes et pratiques violent les règles et conventions que le Tchad a ratifiées, surtout la convention de Genève sur la protection des prisonniers de guerre. Le défenseur des droits de l’homme regrette cet acte qu’il a qualifié de « barbarie moyenâgeuse ». Il rappelle que le gouvernement vient d’adopter en prélude au dialogue politique, 2 projets de loi d’amnistie concernant une partie des politico-militaires en excluant une autre frange importante des rebelles. Il souligne par ricochet que la décision du gouvernement rend l’amnistie partielle, sélective et ne favorise pas un bon déroulement du processus de ce dialogue national inclusif, voulu par tous les Tchadiens. Me Adoum Mahamat Boukar exige une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur la situation des prisonniers. Il demande que les prisonniers de guerre soient traités conformément à la convention de Genève. Et qu’une amnistie totale soit proclamée à l’endroit de tous les prisonniers politiques et de guerre sous réserve des cas de violations graves des droits humains. Le défenseur des droits humains exhorte le pouvoir public à plus de lucidité et au respect des engagements internationaux.

Mais, le procureur de la République près le parquet de N’Djamena, Moussa Wade Djibrine, balaie les allégations du décès en détention à la maison d’arrêt de Klessoum. Il dément l’assassinat d’un prisonnier de la rébellion du FACT. Selon le procureur, dans la nuit du 29 novembre dernier, le prisonnier s’est évadé de la maison d’arrêt en escaladant le mur à l’aide d’un voile tissé. Et c’est au cours d’une course poursuite qu’il a été atteint mortellement par une balle. Il ajoute que ce dernier est mort à l’hôpital de ses blessures. Le procureur de la République, près le parquet de N’Djamena précise aussi que suite à cette évasion, les forces de sécurité ont procédé le 1er  décembre dernier à une opération de fouille et de dénombrement des prisonniers. En dehors de ce cas, il n’y a eu aucun autre décès.

Jules Doukoundjé

Suite à la manifestation organisée le 2 décembre dernier devant la faculté des sciences de la santé humaine, pour réclamer 33 mois d’arriérés de bourse, plusieurs étudiants sont arrêtés puis libérés. Mais 5 sont mis sous mandat de dépôt et seront entendus par le procureur le 27 décembre prochain. Reportage.

Les étudiants de la faculté des sciences de la santé humaine de N’Djamena, capitale tchadienne, ne supportent plus de continuer à accumuler des mois de bourse sans être payés. Pour réclamer 33 mois de bourse non payée, ils ont organisé une manifestation le 2 décembre dernier devant leur faculté. Plusieurs d’entre eux ont été violemment dispersés par la police. Certains arrêtés puis libérés, d’autres sont mis sous mandat de dépôt et seront entendus par le procureur le 27 décembre prochain. Certains leaders des étudiants rencontrés ce samedi à la faculté continuent d’exiger la libération sans condition de leurs camarades transférés à la grande prison de Klessoum, située au sud de N’Djamena.

Adoumbaye Sylvain, président de la chambre des délégués des étudiants de la faculté des sciences de la santé humaine, résume leur revendication. Il affirme que c’est suite à l’accumulation de 33 mois d’arriérés de bourses que les étudiants ont décidé de se faire entendre. Selon lui, les étudiants ont entrepris plusieurs mois de démarches auprès des autorités, mais sans satisfaction. « Nous avions convoqué une réunion pour faire l’état des choses. Le 2 décembre dernier, la rencontre a tourné en manifestation et il y a eu des débordements. Cette manifestation s’est soldée par les arrestations et de la violence faite par les forces de l’ordre ». Adoumbaye Sylvain affirme que 59 de ses camarades ont été arrêtés et repartis dans plusieurs commissariats de la ville de N’Djamena. Quelques-uns ont été libérés dans la soirée, puis un autre groupe libéré le 3 décembre.

Le président de la chambre des délégués des étudiants regrette malheureusement que 5 autres camarades sont conduits à la grande prison Klessoum, dans la banlieue sud de N’Djamena. Ils seront entendus par le procureur le 27 décembre prochain. Il dit que si leurs 5 camarades ne sont pas libérés, la tension va monter. Et il faudra s’attendra à des grandes manifestations pour exiger leur libération.

Dans un communiqué, le bureau exécutif de l’ordre national des médecins du Tchad condamne cet acte de violence dans l’enceinte de la faculté. Et demande au gouvernement de prendre ses responsabilités pour éviter de pareilles pratiques. Dans le même ordre d’idée, le vice-président de l’ordre national des pharmaciens du Tchad, Dr Haroun Badawi Mahamat exige la libération de tous les étudiants mis sous mandat de dépôt. Il demande aussi l’ouverture d’une enquête judiciaire pour condamner les agents de la police coupables des actes de violation des droits humains.

Jules Doukoundjé 

La vaccination de routine est destinée aux enfants âgés de 0 à 9 mois. Pour se protéger contre les maladies évitables par le vaccin, les enfants doivent se faire vacciner 5 fois dans les hôpitaux et centres de santé. Malheureusement, certaines mères négligent et ne respectent pas le calendrier vaccinal. Et cette négligence ne permet pas de lutter efficacement contre certaines mortalités néonatales et infantiles. Reportage

Le gouvernement et ses partenaires ont mis gratuitement des vaccins à disposition des enfants pour prévenir certaines maladies. Tous les centres de santé, les districts et les hôpitaux disposent des services de vaccination. Selon le calendrier vaccinal, l’enfant doit être en contact avec un centre de santé afin de recevoir toutes les doses de vaccins de la naissance jusqu’à l’âge de 9 mois. Ces vaccins protègent les enfants toute leur vie contre les maladies telles que la poliomyélite, la rougeole, le tétanos, la fièvre jaune, les hépatites, la méningite et autres.

Mme Ngomnalta Monique est la responsable du programme élargi de vaccination de l’hôpital Sultan Kasser. Elle vient de recevoir deux nouveau-nés. Elle leur a administré des doses des vaccins BCG et polios zéro. Les mamans des nourrissons madame Kadjidja Moustapha et Djaba Younouss affirment qu’elles ont été sensibilisées depuis qu’elles sont affectées à la consultation prénatale. « Les sages-femmes nous disent à chaque rendez-vous de nous rendre dans un centre de santé le plus proche pour accoucher. Elles nous recommandent de venir avec le nouveau-né pour la vaccination ». Pour les deux dames, le bien-être de l’enfant dépend de la vaccination. Pour elles, quand l’enfant est en bonne santé, sa maman l’est aussi donc le mieux est de le faire vacciner, ajoutent-elles.

Pour madame Ngomnalta Monique, il y a un travail de fond qui se fait par rapport à la vaccination des enfants. Elle affirme qu’en plus de la sensibilisation pendant les consultations prénatales, les relais communautaires font le porte-à-porte pour inviter les femmes à venir avec leurs enfants à la vaccination. Mais, son équipe n’atteint toujours pas le nombre voulu dit-elle. Madame Monique déplore par le comportement de certaines mères qui ne facilitent pas le travail. « Nous appelons au téléphone les mamans pour les rappeler leur rendez-vous. Elles nous grondent quelquefois, d’autres nous donnent de faux numéros de téléphone. Mais on insiste pour retrouver les enfants qu’on a perdus de vue pour les faire vacciner ». À son avis, certaines mères ont compris l’importance de la vaccination de routine donc respectent normalement le calendrier vaccinal. « Beaucoup de femmes quittent les banlieues comme Koundoul pour se présenter avec leurs enfants dans notre service. D’autres sont à N’Djamena, mais refusent d’amener leurs enfants. Donc, c’est une question de volonté ».

La responsable du service vaccination lance un appel aux mères de faire vacciner leurs enfants. Cela va de la santé de l’enfant. Madame Monique demande au ministère de la Santé publique de lui fournir les carnets de vaccination, son service est en rupture de carnets depuis plus de 4 mois.

Kouladoum Mireille Modestine

Notre série d’articles sur l’hygiène alimentaire en milieu scolaire se termine. Nous avons donné la parole à la direction d’Alimentation, de la nutrition et de la santé scolaire, mais aussi à l’Association pour la défense des droits de consommateurs (ADC). Ces points de vue ont permis d’étayer les préoccupations relatives aux aliments vendus aux enfants dans les écoles. Reportage.

La qualité des aliments vendus aux élèves dans les établissements scolaires à N’Djamena et dans les provinces préoccupe. Selon M. Daouda El hadji Adam, SG de l’Association pour la défense des droits de consommateurs (ADC), c’est un souci en même temps un défi commun. C’est un problème de prévention alimentation saine, dit-il. « Au niveau de l’ADC, nous avons constaté que beaucoup de maladies dont souffrent nos populations sont dues au manque de prévention sanitaire », affirme le SG de l’ADC. Pour lui, le Tchad dispose un code d’hygiène. Malheureusement, les textes d’application ne sont pas toujours appliqués. Il rajoute que la police sanitaire qui devrait jouer le rôle d’éducation et de sensibilisation des prestataires pour le respect des normes n’est pas opérationnelle.

M. Daouda El hadji Adam, soutient qu’au niveau du ministère de la Santé publique, il y a un manque des techniciens dans le domaine de la prévention sanitaire ou d’hygiène alimentaire. « Vous constaterez que même dans les différents arrondissements de la ville, il n’y a pas assez des techniciens. Cela fait que les gens vendent les produits alimentaires n’importe comment. Il n’y a pas une autorité qui contrôle la tessiture du produit, sa qualité, sa péremption », insiste-t-il. Le SG de l’ADC estime que c’est un laisser-aller total. Cela fait qu’aujourd’hui les enfants sont exposés à toute forme d’insécurité alimentaire dans les établissements scolaires. D’après lui, ce ne sont pas seulement les enfants, mais tout ce qui est vendu dans la rue et dans les marchés qui est douteux. « Les risques sont à tous les niveaux. Parfois, ces produits sont mal conservés et perdent même leur valeur nutritive. Ce qu’il faut c’est de voir avec les structures de cantines scolaires avec l’appui de PAM et de l’Unicef comment faire pour sécuriser ces aliments », dit M. Daoud El hadji. Il affirme que c’est des pistes pour lesquelles, l’ADC voulait s’investir en synergie avec d’autres acteurs pour régler ce problème. Selon lui, il faut que les aliments soient bien présentés dans de conditions d’hygiène et de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Des équipes formées

Pour le directeur d’Alimentation de la nutrition et de la santé scolaire Taha Hamid Mahamad, des équipes d’hygiène scolaires sont mises en place. Il précise que, ces équipes composées de 10 à 15 jeunes formés sont des élèves. C’est, selon lui, une approche qui va être appuyée par l’Unicef et le PAM. Ce sont des clubs qui vont travailler pour le maintien de l’hygiène et de la salubrité dans chaque établissement scolaire, confie-t-il.

« Il s’agit des élèves des cours moyens 1re et 2e année. Les parents d’élèves sont aussi impliqués et jouent le rôle des encadreurs. Pour les mécanismes de suivi, on a des cadres qui effectuent des missions de suivi de façon périodique », explique M. Taha Hamid Mahamad. Au cours d’un contrôle, si un technicien découvre une vendeuse avec des aliments sans condition d’hygiène, on la met dehors, dit-il. « On sensibilise certaines vendeuses en attirant leur attention sur les aliments qu’elles vendent. Il faut des aliments appropriés aux enfants. Vous savez, nous mettons du paquet surtout sur la question de l’hygiène scolaire ».

Le directeur reconnaît tout de même que certains aliments qui ne sont pas protégés constituent de problèmes. « Jusque-là on n’arrive pas à maîtriser les femmes vendeuses. Elles viennent de partout. Et la mentalité des élèves nous surprend toujours. Souvent, ils préfèrent acheter de petites choses telles que les criquets. Alors c’est aussi un problème d’éducation, d’environnement et du milieu ». M. Taha Hamid affirme que lui et son équipe font souvent des campagnes de sensibilisation sur le changement de comportement. Il souligne que des cas d’intoxication alimentaire ne sont pas encore signalés. Les enfants sont aussi déparasités, voire vacciner, évoque le directeur en terminant son propos.

Moyalbaye Nadjasna

L’élévation du président du conseil militaire de transition (PCMT), du général du corps d’armée Mahamat Idriss Deby, au rang et grade de général d’armée 5 étoiles  suscite l’indignation dans le milieu politique et intellectuel. Plusieurs Tchadiens pensent que cette élévation est de trop et pourrait entraver la bonne organisation du dialogue national inclusif (DNI) en vue. Reportage

Le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT), le général du corps d’armée Mahamat Idriss Deby est apparu lors de la célébration de la fête de la démocratie le 1er décembre dernier avec une étoile de plus. Les Tchadiens étaient curieux et surpris de ce changement. Ils ont aussitôt réagi. Et la nouvelle a fait de buzz dans le pays. Mais ce changement brusque n’est pas du tout du goût de tous les compatriotes du président de la transition. Certains voient dans ce grade, un signe de continuité du père défunt. Ils s’inquiètent des conséquences que cette autoélévation pourrait avoir sur la transition en cours. Dans le milieu politique et intellectuel, on estime que le PMCT ne devrait pas s’autoproclamer général d’armée, puisque le pays est en transition et attend impatiemment un dialogue qui devrait unir les Tchadiens.

Évariste Ngarlem Toldé, enseignant chercheur et politologue, estime que le pays est en train d’aller vers une mégalomanie. Ce qui signe le désir du PCMT de se maintenir au pouvoir. « Il est en train de s’enraciner. Ce qui est sûr, il n’est pas prêt à lâcher prise. Les Tchadiens doivent se battre pour obtenir un changement démocratiquement par le dialogue », dit-il. Il affirme qu’il faut arrêter cette manière cavalière de dévaloriser les choses. A son avis, les nominations, les Tchadiens en ont vu d’autres. Mais s’autonommer à cet âge général d’armée est exagéré. Dr Toldé ironise en se demandant ce qu’a fait le président du CMT en 8 mois pour obtenir ce grade. « Il est sur le chemin de son père et les Tchadiens n’ont pas oublié qu’on est passé de la République à la monarchie et peut-être bientôt il va s’autoproclamer lui aussi Maréchal », s’indigne le chercheur.

L’ancien ministre de la justice, Garde des Sceaux, chargé des droits humains, le Pr Ahamat Mahamat Hassan va dans le même. Il précise que ce n’est pas pour la première fois au Tchad qu’un président s’autoproclame général. Selon lui, le défunt président Idriss Deby Itno s’était fait signer le décret le nommant le général d’armée, 5 étoiles. Le juriste affirme que  la logique voudrait que ce genre de décision impliquant des effets militaires doit se faire de manière collégiale en conseil des ministres. « Je suis désolé, Idriss Deby l’a fait, son fils vient de le faire. Surtout qu’il est en transition, il est conscient, il prend le devant par ce que le dialogue politique qui est en vue va évoquer la question de la réforme de l’armée », regrette-t-il. Selon l’ancien ministre, beaucoup de Tchadiens pensent que leur pays ne dispose pas une armée nationale et que cette question devrait être discutée par les délégués pendant le dialogue. Pour le Pr Ahamat, au Tchad l’armée est utilisée comme un instrument de prise d’otage des autres tchadiens. « Je suis surpris que Mahamat Idriss Deby s’autoproclame général d’armée. C’est dommage. Ça peut être mal perçu par les Tchadiens et ça va être débattu dans le prochain dialogue politique de réconciliation ».

Pour Dr Sitack Yombatinan Béni, Pr de Droit constitutionnel, n’importe quelle élévation ou n’importe quel avancement obéit à des procédures. On ne peut pas se lever un matin et s’autoproclamer général d’armée 5 étoiles.  Selon lui le PCMT réimprime les actes de son défunt père. L’enseignant chercheur et l’homme politique que cette élévation n’intéresse pas les Tchadiens. Selon M. Sitack, les Tchadiens sont impatients de voir le dialogue tant souhaité apporter le changement pour sortir de la souffrance et de la misère imposée par un clan qui s’accroche au pouvoir depuis plus de 30 ans. « C’est inopportun de s’autoproclamer général d’armée 5 étoiles. Le fils entouré de mêmes conseillers de son père fait les mêmes erreurs . Et cela le conduira à la mort comme son père », affirme cinglant Dr Sitack Yombatinan Béni.

Jules Doukoundjé

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