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Abéché la capitale de l’Est tchadien est connue pour être une ville hospitalière, cosmopolite et intellectuelle. C’est la ville de tous. On dit que celui qui va à Abéché y laisse une peu de son âme. Ceux qui y sont nés, qui y ont grandi partout où ils vont, ils racontent leur ville avec beaucoup d’emphase. Abéché reste en eux malgré la distance, malgré les années. Mais voilà « Abbacha » la ville du savoir et du savoir-vivre est martyrisée, brisée, violentée. Elle est devenue involontairement le péché originel du président du Conseil militaire de transition (PCMT). Abéché est piétinée par notre faute à tous, par notre faiblesse à tous. Cette faiblesse de ne  jamais vouloir s’indigner collectivement devant l’abject. Cette lâcheté de détourner le regard. De faire comme si rien de grave ne s’est produit. Ainsi, notre vilénie a permis d’abattre des abéchois comme des oies sauvages sous nos yeux. Assassinés parce qu’ils manifestaient contre l’intronisation dans leur ville d’un chef de canton. Les disperser à coups de gaz lacrymogènes ne suffisait plus il fallait tirer sur eux à coup d’armes de guerre. Il fallait les humilier même lorsqu’ils enterraient leurs morts le lendemain. La souillure du supplice suprême jusqu’à dans les tombes pour que cela serve de leçons. Le président du CMT Mahamat Idriss Deby Itno doit sévir contre les auteurs de ce massacre pour effacer cette infamie. Comment?

D’abord, le PCMT, suivi du CMT et du gouvernement de transition doivent sortir de leur ambiguïté. Ils doivent abandonner cette vieille méthode qui consiste à envoyer une délégation gouvernementale distribuer des enveloppes pour calmer les esprits. Et noyer ensuite le problème dans une commission et un rapport. Une solution sparadrap qui couvre la plaie sans la guérir. Suspendre le sultan et le chef de canton est insuffisant. Il fallait démettre le gouverneur et le nouveau sultan. Un sultan déjà mal assis sur un trône controversé. Et qui, selon plusieurs sources, est à l’origine de la raison de cette contestation. Il serait le maître d’œuvre de l’intronisation dans la ville et à la place de l’indépendance d’un chef de canton sans véritable territoire, une insulte suprême pour Abéché ville conservatrice. Et oh, geste de lèse-majesté, il a planifié, disent ses détracteurs, d’accueillir ce chef de canton dans l’ancien palais royal. Inadmissible pour les abechois.

Ensuite, le PCMT ne doit pas gouverner par mimétisme durant cette transition. Pour mieux administrer ce pays, il faudra changer de méthode. La nomination des militaires à la tête des gouvernorats doit être abandonnée. Les militaires ont pour mission de défendre la patrie. Ils ne sont pas formés pour diriger une administration. Il faudra donc remettre à la tête des gouvernorats des administrateurs civils. La militarisation de l’administration civile est une erreur. Il n’y a pas longtemps, la palmeraie de Faya, capitale de la région de Borkou s’est enflammée parce que le gouverneur, un militaire a agi militairement. Il a été démis de ses fonctions, mais il semble que le PCMT et le gouvernement n’ont toujours pas tiré des leçons.

Enfin, les manifestations d’Abéché contre l’intronisation du chef de canton cachent le vrai problème: la désignation forcée, voire usurpée du nouveau sultan du Dar Ouaddaï. C’est l’arbre qui cache la forêt de la discorde. Presque tous les ouddaïens digèrent mal la méthode peu orthodoxe avec laquelle le nouveau sultan leur a été imposé. Ce sultan est l’épicentre de la contestation. Le PCMT a hérité d’un péché paternel qu’il a mal géré. La seule façon pour lui de laver ce péché originel est de, vite, rendre justice aux abéchois afin qu’Abéché panse ses plaies, respire la paix et pardonne.

Bello Bakary Mana

A mi-parcours, la convergence des organisations politiques (COP) a évalué la transition conduite par le Conseil militaire de la transition (CMT). C’est au cours d’une conférence de presse que le coordonnateur et porte-parole de cette organisation politique, Salibou Garba a mis sur la place publique le non-respect des exigences de l’Union africaine (UA) par les autorités de la transition. Reportage.

Les autorités de la transition font la sourde oreille et agissent comme ils veulent, c’est ce que pense le coordonnateur de la COP, M. Salibou Garba. Au cours d’un échange avec la presse ce mercredi à N’Djamena, il a dénoncé la non-application des 11 points exigés par l’UA devant permettre de bien conduire la transition. C’est dans ce sens que la COP a présenté à la presse l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations et des exigences de la 996e session du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA.

Le 14 mai dernier, le CPS s’était réuni à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour statuer sur la situation de la transition tchadienne. Pour la réussite de la transition, le conseil a proposé plus de 10 points devant permettre de bien conduire la transition. Ces conditions sont le respect du délai de 18 mois, la réécriture de la charte de la transition et bien d’autres points.  Mais 9 mois après, le constat selon une frange de la société civile et de l’opposition est que le CMT n’applique pas les recommandations de l’UA.

Au sujet de la promotion des libertés et de la protection des droits humains, il souligne que les restrictions au droit à l’expression perdurent et les forces de défense et de sécurité continuent à semer la terreur au sein des populations. « Dans un processus de transition aussi confondante comme celle du Tchad, qui a vu l’implication agissante de la communauté internationale, il est de la responsabilité des acteurs politiques de suivre et d’analyser », estime l’opposant Salibou Garba. A son avis, après 9 mois de transition, il n’est toujours pas sûr que le dialogue nation inclusif tel que réclamé par la quasi-totalité des acteurs politiques et sociaux aura lieu. 

À propos du délai du DNI, le coordonnateur de la COP, estime qu’une prorogation du délai, quelle qu’en soit la durée ne conduira pas à la cessation de l’usage des armes comme moyens de conquête du pouvoir.

Abondant dans le même sillage, Max Kemkoye, président national du Parti Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP) et membre de la COP, ce n’est pas le rôle des partis politiques d’évaluer les exigences de l’UA. Selon lui, c’est la communauté internationale qui a concédé la légitimité au CMT et que l’opposition était prise dans un agenda qu’elle ne maîtrisait pas. Le président de l’UDP estime que c’est à la communauté internationale de faire l’évaluation, mais elle ne l’a pas fait et la COP soucieuse de l’avenir du pays s’est évertuée à le faire. Il assure que la COP a et va utiliser les moyens diplomatiques pour faire respecter les exigences de l’UA pour le respect de la transition.

Au sujet de la division de l’opposition, Max Kemkoye précise que l’opposition travaille contrairement à ce que pensent ces détracteurs. Selon lui, la diversité des plateformes créées par l’opposition ne constitue pas un frein pour celle-ci. Au contraire ajoute-t-il, en faisant tout cela que les pressions vont se croiser pour faire reculer les autorités en charge de la transition. Il regrette que la question de l’armée n’ait pas été prise en compte normalement par les autorités en charge de l’organisation du futur dialogue. L’opposant note que c’est l’armée qui est à l’origine de tous les problèmes institutionnels et constitutionnels au Tchad.

Jules Doukoundjé

La population tchadienne, particulièrement celle de N’Djamena, crie son désarroi face à la cherté de vie. L’augmentation des prix de denrées de première nécessité asphyxie les ménages. Hier, lors de sa première session de l’année 2022, le Conseil national de transition (CNT) évoque un risque de famine dans certaines localités tchadiennes. Reportage.

La population tchadienne est entre insécurité alimentaire et inflation des prix denrées sur les marchés. Une alerte lancée par le président du Conseil National de Transition (PCNT) Haroun Kabadi hier à l’ouverture de la première session. La famine guette certaines provinces du pays. M. Kabadi justifie cette prévision par la mauvaise pluviométrie de cette année. Le PCNT appelle le gouvernement à prendre des mesures appropriées. Les zones du pays les plus menacées sont, selon lui, le Bahr-El Khazal, le Lac, le Kanem et le Hadjer-Lamis.  Selon le rapport des Nations unies publié en mars 2021, il a été fait mention de l’insécurité alimentaire. Ce document a prévenu entre juin et août que, « si rien n’est fait en faveur de la population déjà identifiée en insécurité alimentaire, la situation se dégraderait en période de soudure », le rapport a précisé que la situation risquerait de basculer en crise. Au moins, 1 148 995 personnes ciblées seraient en insécurité alimentaire et nutritionnelle.

Le Conseiller national Brahim Ben Said, affirme que la pluviométrie a été mauvaise et la récolte aussi. Mais, dit-il, d’autres situations comme le covid-19, les difficultés de transport maritime ne sont pas à occulter. « La plupart de nos produits alimentaires viennent de l’extérieur. Tout cela vient se greffer sur la situation alimentaire. C’est pourquoi le spectre de la famine est déjà perceptible. On le sent déjà au début du mois de janvier. Plus on avance, plus la vie devient chère », dit le conseiller. À son avis, le gouvernement devrait chercher de partenaires financiers, et voir les commerçants notamment de grossistes capables d’amener certains produits alimentaires. Il estime que si le gouvernement agit vite, cela pourrait soulager un tant soit peu la population. Sinon le problème est réel, soutient-il. « Les stocks de l’Office National pour la sécurité alimentaire (ONASA) récupérés auprès de nos cultivateurs ne sont pas suffisants pour répondre à cette difficulté. Avec 13 ou 14 millions d’habitants, ce n’est pas facile comme on le voit. Le Tchad est très vaste. Il faut nécessairement renforcer l’ONASA par l’extérieur », suggère le conseiller.  Il suppose qu’il faut plus importer les produits comme le riz, le maïs, le mil, le blé, le haricot, l’huile, etc. M. Ben Saïd dit également que la vie coûte très cher aujourd’hui. Il demande au gouvernement de disposer d’un magasin un peu social avec des prix raisonnables. Toujours selon lui, le gouvernement peut aider les commerçants à avoir de facilité auprès des banques pour importer plus des produits alimentaires.

Le Conseiller apprécie l’exonération des taxes sur les produits alimentaires. Mais il faut aller plus loin pour mettre la population à l’abri de toute spéculation, signifie-t-il.

Moyalbaye Nadjasna

Le bureau national de l’Union National des Etudiants Tchadiens (UNET) a organisé un point de presse hier 1er février au campus universitaire de Toukra. Au cours de ce point de presse, l’UNET dénonce la mauvaise gestion des œuvres sociales et bien d’autres problèmes liés aux activités académiques. Reportage.

Le bureau national  de l’UNET sort de son silence pour dénoncer quelques maux qui minent le bon fonctionnement des activités académiques et sociales au sein de l’université de N’Djamena. L’UNET dénonce  l’utilisation de 5 bus pour le déplacement des élèves au stade Idriss Mahamat Ouya le 22 janvier dernier lors du meeting de l’homme politique et ministre de l’Environnement Mahamat Ahmat Lazina. « Madame la ministre de l’Enseignement supérieur a donné l’ordre au directeur de parking d’octroyer cinq bus pour le transport des élèves au stade Idriss Mahamat Ouya pour une activité. Nous avons contacté le directeur du Centre National des Œuvres universitaires pour des explications. Ce dernier nous a dit qu’il est en déplacement et n’est pas informé ». Pour le vice-président, l’UNET à organiser une activité à la faculté de Farcha et avait de la peine pour le transport des étudiants à la fin des activités. L’UNET considère cela comme un mépris à l’endroit des étudiants.

Aussi, le vice-président du bureau national de l’UNET, Madjadoum Adjimbaye Trésor fustige le comportement du président de l’université de N’Djamena professeur Mahamat Daoussa Haggar. Pour lui, le président de l’université par un arrêté a exclu injustement trois de leurs camarades du bureau national L’UNET. L’UNET considère cet acte comme un règlement de compte suite à l’événement survenu au campus universitaire de Toukra lors de la visite inopinée de madame la ministre de l’Enseignement supérieur Lydie Béassoumda. Car selon l’UNET, les étudiants arrêtés ont été acquittés par le juge pour infraction non constituée. Cela a mécontenté le président de l’université qui a exclu leurs camarades de bureau par un arrêté. A-t-elle précisé. L’UNET se demande si le président de l’université est au-dessus des lois lorsque la justice a rendu son verdict.

L’UNET lance enfin un appel au président du Conseil Militaire de Transition Mahamat Idriss Deby, sur la nécessité de rétablir la bourse d’étudiant. Pour l’union, le contexte actuel lié aux conditions d’études exige le rétablissement de cette bourse dans un délai raisonnable.

Kouladoum Mireille Modestine

L’éducation est l’une des solutions pour résoudre le problème de conflits intercommunautaires. C’est dans ce cadre qu’une école élémentaire a vu le jour dans le camp des réfugiés camerounais de Guilmey, situé à la sortie Nord-Ouest de la ville de N’djamena. Reportage.

Il est 11h30 sous un ciel brumeux. C’est l’heure de la récréation. Tous les élèves réfugiés du camp de Guilmey situé à environ 15 km de la sortie Nord-Ouest de la capitale tchadienne, N’Djamena, attire l’attention des visiteurs. Dans cette école de fortune, créée pour la circonstance, plus 700 enfants dont plus 60% des filles, jouent dans la cour. Innocents, ces enfants dont la plupart, ne comprennent pas qu’ils ont fui avec leurs parents le conflit intercommunautaire.

Pour permettre aux enfants de continuer d’apprendre et d’espérer un avenir meilleur, quelques volontaires se sont organisés pour créer un cadre dénommé « Ecole de la paix » au sein du camp pour dispenser des cours aux enfants.

Mme Fatimé Yorongar, animatrice d’hygiène eau et assainissement dans le site des réfugiés de Guilmey, explique les biens fondés de la création de cette école de la paix des élèves réfugiés. Selon elle, c’est l’initiative de la sous coordination de la paix, une organisation caritative basée dans le premier arrondissement de la ville de N’Djamena qui a décidé d’agir en faveur des enfants des réfugiés qui déambulaient dans la forêt de Farcha Milezi, alors que les enfants tchadiens partaient à l’école. Mme Fatimé Yorongar souligne que grâce à cette organisation, plus de 700 élèves ont pu trouver un cadre pour continuer d’apprendre. Elle précise que dans cette école, c’est le programme tchadien qui est dispensé à ces enfants. L’école est composée de deux sections : il y a la section francophone et la section arabophone. L’animatrice qui s’exprimait avec beaucoup d’émotion se réjouit de l’épanouissement des enfants de cette petite école. Elle ajoute que le cycle élémentaire est au complet et c’est l’inspection académique départemental du 1er arrondissement de N’Djamena qui les appuie avec les matériels didactiques. Selon elle, cette école a permis aux enfants, de ne pas seulement apprendre, mais elle constitue aussi un cadre d’épanouissement pour eux. Mme Fatimé Yorongar annonce qu’ils sont en train de recenser les élèves du secondaire qui sont dans le camp afin de les inscrire dans un lycée public du 1er arrondissement.

Pour le directeur de cette école de la paix des réfugiés, Saleh Moussa Adoum, l’école prône la paix comme son nom l’indique. Il souligne que c’est depuis le 11 décembre dernier qu’ils ont décidé d’encadrer ces enfants pour qu’ils ne ratent pas le cursus scolaire. Le directeur ajoute que l’école a permis un brassage entre les élèves et leurs enseignants. Il rassure que les enseignants sont qualifiés et le programme est certifié par l’inspecteur académique et départemental du 1er arrondissement qui contrôle le programme. Malgré les difficultés, le directeur affirme que, ce qui les préoccupe, c’est l’augmentation de l’effectif des élèves. Il a aussi évoqué le problème de salle de classe qui constitue leur principale préoccupation.

En attendant un appui des autorités, les enseignants utilisent les arbres comme salle de classe pour dispenser les cours. L’école de la paix des enfants réfugiés du camp de Guilmey est une expérience de solidarité créée par quelques volontaires tchadiens.

Jules Doukoundjé

Le collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation entend organiser un forum national le 05 février prochain à N’Djamena. Ce forum va regrouper tous les lauréats des écoles professionnelles de l’éducation de N’Djamena, ceux des provinces, et tous les diplômés sans emploi à la bourse du travail. À la fin de cette rencontre, les recommandations leur serviront de feuille de route. Reportage.

Les lauréats des écoles professionnelles de l’Éducation changent de stratégie de communication. Ils estiment que le gouvernement ne les entend pas quand ils protestent à travers la manifestation. Ils ont décidé de communiquer autrement. Ils ont décidé d’organiser un forum national le 5 février prochain afin de faire un état de lieux des diplômés sans emploi. Les diplômés sans emploi des provinces seront représentés par deux de leurs leaders des sous-coordinations.

Pour le porte-parole du collectif, Neusilka Emmanuel ils veulent atteindre quelques objectifs à travers ce forum. « Nous voulons interpeller le gouvernement et les partenaires à l’Éducation sur la situation des diplômés sans emploi, promouvoir des initiatives libérales et combattre toute injustice dans le secteur de l’emploi et de l’insertion sociale », a-t-il souligné. Pour lui, c’est la seule occasion d’examiner tous les maux qui entravent le recrutement des diplômés sans emploi.  Il ajoute qu’à la fin du forum, un rapport sous forme de feuille de route sera produit avec des recommandations pour remettre à qui de droit.

Le porte-parole des lauréats des écoles professionnelles de l’Éducation déplore le fait que l’État crée des écoles professionnelles qui les forment, mais ne les recrutent pas.  À son avis, les écoles professionnelles à travers le pays sont des fabriques de chômeurs. M. Neusilka Emmanuel affirme que c’est le moment pour le collectif de dire aux partenaires qui financent le système éducatif tchadien, qu’ils le font dans le vide. « Jusqu’aujourd’hui, certains partenaires financent le système éducatif tchadien, mais ne sont pas informés des réalités sur le terrain. Le gouvernement prend l’argent des partenaires qu’il continue à injecter dans la formation des jeunes mène au chômage. C’est regrettable », a-t-il expliqué. Selon le collectif, beaucoup de suggestions ont été faites à l’endroit des autorités pour leur intégration à la fonction publique, mais personne n’a voulu les écouter. Aussi, il dénonce la discrimination dans le processus de recrutement et affirme que tous ces maux seront débattus lors du forum.

Kouladoum Mireille Modestine

Depuis le 10 janvier, les réfugiés camerounais installés provisoirement à Milézi Farcha dans le 1er arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne sont en train d’être relocalisés dans plusieurs camps. À Guilmey, à environ 15 kilomètres plus de 859 ménages sont déjà relocalisés et enregistrés. Reportage.

Fané Nguini, une vieille dame de 60 ans est la cheffe de ménage de 3 personnes. Elle a sa petite fille à ses genoux, avec toute la tendresse de « Kaka », grand-mère en arabe. Elle est moins heureuse, mais satisfaite de la tente qui lui sert de maisonnée. Seulement, Fané Nguini se plaint du manque de la nourriture. Elle affirme qu’elle reçoit une petite ration qu’elle doit gérer pour un mois. « À l’instant, tout est fini. Jusque-là je n’ai rien et je suis en pleine méditation de notre sort. En tout cas Allah est le maître de notre destin, nous nous remettons à sa Miséricorde », dit-elle.

Kola Wangnamou lui préside la sous-commission d’éligibilité de la Commission nationale d’accueil de réinsertions des réfugiés et des rapatriés (CNARR) au camp de Guilmey. Il précise qu’au camp de Guilmey depuis 10 janvier, les enregistrements continuent. C’est l’enregistrement niveau 2. Il consiste à prendre toutes les informations sur la personne. « Nous avons enregistré provisoirement, 859 ménages pour 3121 personnes. La relocalisation continue, ce vendredi nous avons relocalisé 180 ménages soit 582 personnes comprises dans la statistique globale. Dans tout cet enregistrement, on a détecté à la date du 25 janvier, 58 Tchadiens qui se sont infiltrés », dit M. Kola. À son avis, une fois l’opération d’enregistrement terminée, la CNAR va mettre la liste des Tchadiens détectés à la disposition de la sécurité. La hiérarchie en collaboration avec la sécurité décidera de leur sort, précise-t-il. Pour l’instant, ces infiltrés sont gardés dans le camp et pris en charge. « Le camp c’est pour les réfugiés camerounais et non les Tchadiens », insiste-t-il.

Le préalable d’enregistrement passe obligatoirement par la CNARR rapporte le président de la sous-commission. La CNARR gère un bureau de contentieux et de protection en même temps. Il rapporte que l’objectif n’est pas d’enregistrer les Tchadiens, car on ne peut pas être réfugié chez soi. Pour M. Kola, la sociologie de la frontière a fait que les mêmes gens qui se trouvent au Cameroun se trouvent aussi au Tchad. Cela pose un problème sérieux, se lamente-t-il. « Si on trouve une femme âgée de 60 à 70 ans avec un enfant de moins de 5 ans, on lui demande ou est-ce qu’elle a eu cet enfant. Car son âge ne lui permet pas de donner un enfant », affirme le président de la sous-commission.

M. Kola Wangnamou soutient que beaucoup de choses louches se passent. Il cite en exemple la substitution de token. Le token, indique-t-il, c’est un ticket blanc remis sur le site d’accueil de Mielezi. Il arrive d’après lui qu’avec plus de subtilité certains bénéficiaires le passent d’une main à une autre. « De tels cas sont considérés comme de la fraude. Toutefois, si le détenteur de token présente sa pièce d’identité camerounaise, il est enregistré. Concernant le mécanisme de prise en charge, plusieurs ONG interviennent dans différents domaines (santé, éducation, assistance sociale, distribution des vivres, etc.) ».

La CNAR dit le président de la sous-commission, a reçu les assistances du gouvernement camerounais. À son avis, la distribution a eu lieu déjà deux fois au camp de kalambaré. « Ici à Guilmey aussi les planifications sont en cours. Dès demain ils vont partager aux bénéficiaires. Ceux qui sont enregistrés légalement. Nous ne pouvons pas quantifier à notre niveau l’assistance du gouvernement camerounais maintenant ».

La CNARR explique que la procédure d’enregistrement a 6 étapes : l’accueil, le service biométrique, le service de protection et de litiges, le service informatique, le service de la vérification et la documentation. Le service de la documentation explique M. Kola, s’occupe de la délivrance des pièces officielles aux réfugiés. Mais présentement, il y a quelque souci technique. Il affirme que les réfugiés légalement enregistrés bénéficient provisoirement de cartes de ration estampillées par taille de ménage. « Si le HCR arrive à résoudre ce problème, ils vont leur tirer de document d’identification du statut de réfugié. Ce document leur permettra de circuler librement dans le pays et même de voyager », soutient la CNARR.

Moyalbaye Nadjasna

Le dialogue national inclusif (DNI) prévu pour le 15 février est reporté pour le 10 mai prochain. Ce report est diversement apprécié par l’opposition et la société civile. Reportage.

À presque 2 semaines de l’échéance, le Premier ministre de la transition, Pahimi Padacké Albert, annonce le report de la tenue du DNI. C’est selon lui, pour permettre à toutes forces vives de la nation d’y participer d’une manière libre et transparente. Dans sa déclaration à la presse, Pahimi Padacké Albert a justifié ce report en avançant des raisons. Une de ces raisons est la dispersion à travers le monde des politico-militaires et du temps pour l’établissement de leurs documents d’identité comme le passeport pour certains responsables des politico-militaires et la question logistique.

Ce report ne semble pas être bien accueilli par certains hommes politiques qui craignent une stratégie du CMT de se maintenir longtemps au pouvoir comme l’avait fait son défunt père Idriss Deby Itno.

Le président du parti Front pour la Fédération (FPF), un nouveau parti politique fédéraliste, Adoumbaye Daniel, estime qu’ils ont de mains plaisirs de reporter des mandats et ce report de dialogue s’inscrit dans le même principe. Selon lui, c’est une stratégie pour s’éterniser au pouvoir. L’opposant craint que ce report n’ affecte la période de transition. « Ils se préparent pour aller de prolongation en prolongation. Il faut que le peuple soit vigilant », prévient-il. Le fédéraliste Adoumbaye Daniel insiste sur le respect de la période de la transition fixé pour 18 mois. Il promet de mener des actions avec les autres membres de l’opposition politique pour peser de tout leur poids pour faire respecter la période de la transition.

Pour le coordonnateur de la plateforme de la société civile Wakit Tama, Me Max Loalngar, les membres de Wakit Tama ne sont pas surpris par ce report. Pour lui, lorsque le CMT avait annoncé la date du 15 février, la plateforme avait dit que ce n’était pas réaliste. La 1re raison est que, même le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) n’avait pas déposé son rapport final. Me Max explique que si l’on se fie au texte, c’est après le dépôt de ce rapport que la date aurait pu être fixée. La seconde raison ce qu’il n’y avait aucun consensus sur les conditions d’organisation de ce dialogue. « Nous étions sûrs que cette date-là était fantaisiste. Elle n’allait pas nous conduire à un dialogue qui peut sauver le Tchad ».  

Abondant dans la même veine, le professeur Ahmat Mahamat Hassan estime que le dialogue projeté avait pour objectif de légitimer le gouvernement de la transition et la prise du pouvoir par le CMT. Selon le juriste, le report de ce dialogue est dû à la priorité qu’on veut donner aux politico-militaires. Le professeur explique que les acteurs prioritaires sont les politico-militaires et non les partis politiques et la société civile.

Jules Doukoundjé

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