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La malnutrition est  un manque de nutriments dans le corps causé par un régime déséquilibré, des troubles de digestion ou une maladie. Cette maladie affecte beaucoup des enfants dans la capitale. Pour prendre en charge ces enfants qui souffrent de la malnutrition, les unités nutritionnelles thérapeutiques et ambulatoires sont installées dans les districts et les centres de santé de N’Djamena. Ces unités distribuent les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi aux mamans pour la consommation de ces enfants. Reportage.

Au centre de santé Place-Nord de Blabline, c’est tous les mercredis que l’unité nutritionnelle ambulatoire distribue l’Aliment thérapeutique prêt à l’Emploi, plus connu sous le nom de Plymplym, aux enfants. Cet aliment est destiné à la consommation des enfants malnutris. Il traite les formes de malnutrition simples, aiguës et sévères. À l’entrée on est accueilli par les cris et les pleurs des enfants. Les mères sont assises dans cette ambiance attendant patiemment leur tour.

Madame Haoua Kodbé est la responsable de l’unité nutritionnelle ambulatoire de Blabline. Son service prend en charge 335 enfants malnutris âgés de 6 à 59 mois avec 45 nouveaux cas enregistrés par semaine. Elle explique les critères d’admission à l’unité nutritionnelle. « Quand nous recevons un enfant, nous prenons sa taille, son poids, on fait la recherche des œdèmes bilatéraux et le test appétit avant de l’admettre ». Elle indique explique qu’après avoir pris toutes ces informations sur l’enfant, une fiche de ration est donnée à la maman et l’unité garde une copie et la fiche de suivi. Pour la responsable, 28 sachets de 92g contenant 500kcal sont donnés à chaque maman pour 2 semaines. Les sachets sont accompagnés de 14 comprimés d’amoxicilline de 250 mg pour prévenir les infections, précise-t-elle.  L’équipe de madame Haoua distribue aux enfants 20 à 22 cartons de 150 Plymplym tous les mercredis. Selon elle, si les mères suivent normalement les consignes, les enfants vont sortir de la malnutrition après 4 séances de prise en charge. Madame Haoua affirme qu’après l’admission, l’enfant doit répondre aux critères pour sa sortie. C’est-à-dire que le périmètre brachial de l’enfant doit être supérieur à 125cm. C’est en ce moment qu’on peut dire que l’enfant est sorti de la malnutrition. Elle soutient que certaines mères vendent l’aliment aux marchands de la place. Pour ce cas de figure, la responsable de l’unité nutritionnelle ambulatoire de Blabline adopte une stratégie. « Je dis aux mamans que si à deux ou trois séances, on ne voit pas une évolution positive de la santé de l’enfant, on va t’exclure de l’unité. Elles ont peur d’être exclues donc elles donnent normalement l’aliment à leurs enfants », ajoute-t-elle. D’autres encore, inscrivent leurs enfants dans 2 ou 3 unités nutritionnelles à la fois pour se retrouver avec beaucoup de plymplym par semaine. On le découvre quand elles se trompent de fiche de ration. Madame Haoua affirme qu’en plus de la prise en charge nutritionnelle assurée par UNICEF Tchad, ces enfants sont aussi pris en charge gratuitement pour les soins au centre de santé Blabline. 

Kouladoum Mireille Modestine

Pour assurer la sécurité de leurs enseignants, certains responsables des écoles publiques prennent de mesures en attendant les autorités en charge de l’Éducation nationale. C’est le cas des lycées publics champs de fils, lycée d’application et le lycée belle vue qui partagent le même local. Ils interdisent aux élèves le port de sacs à dos à l’école. Cette mesure permet de contrôler et d’empêcher les apprenants d’apporter les armes blanches, cause de l’insécurité en milieu scolaire. Reportage.

Après la mort du jeune surveillant tué par son élève au complexe scolaire Toumaï au quartier amriguebé, dans le 5e arrondissement de la commune de N’Djamena, capitale tchadienne, le 10 novembre dernier, les enseignants souffrent en silence dans la psychose. En attendant les mesures du ministère en charge de l’Éducation nationale, certains responsables des établissements scolaires ont pris des mesures pour leur sécurité. C’est le cas des responsables des 3 lycées publics qui partagent un seul local pour plus 4 000 élèves. Les proviseurs des lycées champs de fils, lycée d’application et lycée Belle vue, dans le 5e arrondissement. Ils ont interdit le port de sacs à dos dans leurs établissements. Cette mesure prise en commun accord avec des parents d’élèves va permettre de mieux contrôler les étudiants et assurer la sécurité de tout le monde.

Pour Mme Mamadjibeye Judith, proviseur du Lycée Belle vue, c’est pour la sécurité de tout le monde. Selon elle, la décision a été prise d’une manière collégiale par les responsables des 3 lycées publics pour mieux contrôler et assurer la sécurité. Les responsables de ces établissements publics ont aussi exigé le port de la tenue avec des logos de chaque lycée, sans cela, aucun élève ne peut accéder à l’enceinte des établissements. « Il y a des élèves qui viennent s’infiltrer dans nos établissements sans le logos de leur tenue », ajoute-t-elle.

A la place des sacs à dos qui sont interdits, les responsables des 3 établissements ont proposé les cartables aux élèves. Ils estiment que les cartables sont faciles à vérifier et à identifier si l’élève se permet d’y cacher une arme blanche. Abondant dans le même sens, le proviseur du Lycée d’application, Mahamat Haroun Mahamat, souligne qu’il y a 2 semaines il a surpris un élève qui fumait de stupéfiant. Il a arraché. Le proviseur explique qu’après cet acte, il a suggéré aux deux autres proviseurs l’idée d’interdire le port des sacs à dos dans ces 3 lycées. Lors de l’échange, le proviseur a sorti de son tiroir la poudre et quelques bâtons de cigarettes arrachés des mains des élèves. Selon lui, tous les responsables ont approuvé la proposition et ont convoqué les parents d’élève pour en parler. M. Mahamat Haroun Mahamat affirme que des séances de sensibilisations ont été faites à l’endroit des élèves pour leur expliquer l’importance de la mesure interdisant le port des sacs à dos. Il souligne que cela n’a pas été facile. Contrôler 3 lycées avec tenues scolaires de couleurs différentes et plus de 4000 élèves n’a pas été de tout repos. Pour ramener la sécurité, le proviseur fait appel par fois aux services de sécurité publique. Selon lui, la mesure a été bien appréciée par beaucoup de parents, mais aussi par les élèves eux-mêmes.

Les enseignants approuvent la mesure

Pour Alrassem Ezéchiel, professeur de chimie au Lycée Belle vue, la mesure est salutaire. Il estime que les enfants ont souvent tendance à cacher des armes blanches dans leurs sacs. Il faut donc bien fouiller pour qu’ils ne s’infiltrent pas avec ces armes pour semer de l’insécurité. Mais le professeur précise que ce n’est pas une solution durable. Pour pallier au problème d’insécurité en milieu scolaire, il suggère que les enseignants et les parents d’élèves, en collaboration avec les autorités en charge de l’Éducation nationale se réunissent pour trouver lancer des journées de formation et de sensibilisation pour changer la mentalité. « Franchement, on n’est pas en sécurité dans nos lieux de travail. On est tout le temps inquiet et ça peut avoir de répercussion sur le résultat », dit l’enseignant. Il souhaite que les autorités prennent l’affaire en main. Il exige que le ministère prenne de décisions fermes et ramène les enfants à l’ordre. Il propose aussi qu’on mette fin au nomadisme scolaire pour mieux contrôler les enfants. Même point opinion de son collègue Abdelkhassim Mahamat, professeur de géographie. Il rajoute que c’est une meilleure décision : interdire les enfants de porter des sacs à dos. Il note que le plus souvent les élèves cachent beaucoup de choses, y compris les armes blanches.

Les élèves adoptent une position mitigée à propos de la mesure. Certains sont pour et d’autres sont contre. Malgré cette position, ils sont unanimes qu’il faudra appliquer la mesure. Certains récalcitrants sont contraints pour le moment de faire profil bas, car la sécurité en vaut la peine.

Djimtonebey Richard, élève en classe de Terminale A2, approuve l’interdiction des sacs à dos dans les 3 lycées publics qui partagent le même local. « C’est une bonne mesure. Maintenant les élèves ne respectent pas les enseignants et nos sacs à dos contiennent beaucoup de choses qui peuvent nuire à notre sécurité et à celle de nos enseignants », reconnaît-il. Selon lui, certains élèves ont l’habitude de cacher les armes blanches dans leurs sacs et parfois même des stupéfiants comme le chanvre indien. Par contre, Hapsatou Gakna, élève en classe de Terminale A1 au lycée champ des fils, n’est pas d’accord avec la mesure interdisant le port de sac à doc à l’école. Elle estime que cette mesure n’arrange pas les élèves. « On ne peut pas porter nos fournitures à la main, sans sac. C’est difficile pour nous. Il faudrait que les proviseurs des 3 lycées emploient des gardiens pour fouiller les sacs et assurer la sécurité des enseignants et des élèves », propose-t-elle.

Jules Doukoundjé

Les établissements scolaires poussent comme de champions à N’Djamena, la capitale tchadienne. Difficile de contrôler ce que les élèves mangent dans ces établissements. C’est une préoccupation majeure de tous. Car, il s’agit des plus petits enfants. Un tour dans quelques établissements scolaires a permis à Ialtchad Presse de faire quelques constats. Reportage.

Dans la plupart des établissements scolaires de N’Djamena,  capitale tchadienne, des petits marchés de fortune s’installent soit dans la cour, soit aux devantures de ces écoles. Diverses alimentations sont vendues aux élèves qui sortent en recréation après les premières et deuxièmes heures des classes. Il y a sur les étals, de la patate douce, des arachides grillées (pistaches), des criquets, des mangues sèches épluchées mélangées au sirop, des fruits du savonnier, du yaourt ou de glaçons crémés, des boulettes de haricots, des pommes de terre frites, etc. Des aliments que les élèves dégustent chaque jour.

Mme Djenom Anne Olga la vingtaine révolue, est une des vendeuses. Elle habite quartier Ardep-djoumal. Elle a choisi vendre ses aliments aux élèves de l’école Annexe d’Ardep-djoumal dans le 3e arrondissement, « écouter je me défends ici pour assurer la ration de mon enfant. Je vends des arachides, de la mangue séchée, de la patate et des criquets frits. Cela me rapporte par jour au moins, 2000 à 2500 F CFA », dit-elle.

Younouss Mahamat, élève en classe de cours moyen première année (CM1) est un habitué. Il achète du pain, des gâteaux, mais aussi des crèmes de glaçon, rarement de la mangue séchée. « Bon, je ne suis pas tombé encore malade. Les gens de notre école contrôlent quand même ce que nous achetons pour manger ».

Selon Mbaitessem Siméon, chef de personnel de l’IPEP III École Annexe d’Ardep-djoumal, l’inspectrice a convoqué tous les directeurs afin qu’ils veillent sur l’alimentation des enfants. Il précise que l’inspectrice leur a recommandé de prêter attention à ce que les femmes vendent aux élèves. Le chef de personnel ajoute qu’il se pourrait que les origines soient douteuses et cela peut causer des maladies aux élèves. D’après lui, les directeurs ont dit qu’ils ont commencé à faire ce travail avant même que l’inspectrice ne puisse les réunir. « Ils ont délégué certaines personnes pour veiller à ce que ces aliments ne nuisent pas à la santé des enfants. Grâce à ce travail fait par l’équipe au jour le jour, il n’y a pas d’inquiétude à l’instant. Depuis que je suis là, je n’ai pas encore été témoin d’une allergie d’un élève lié à l’alimentation dans notre école », dit le chef de personnel. Il relativise en affirmant tout de même qu’il y a certaines alimentations qui ne sont pas bonnes pour la santé des élèves. Pour lui, les mangues vertes et d’autres aliments avec trop de piments sans aucune condition d’hygiène en sont les illustrations. M. Mbaitessem Siméon affirme que c’est par rapport à ces aliments que l’inspectrice en fait allusion.

Moyalbaye Nadjasna

Le bureau du comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) et les différentes délégations et missions pour le pré dialogue à l’intérieur et à l’extérieur du pays ont consacré 2 jours de conclave pour une restitution orale préliminaire. Les différentes missions viennent de finir de présenter les synthèses de leurs travaux.  La rédaction Ialtchad Presse a recueilli les avis de participants à la fin de la restitution. Reportage.

Les 16 délégations et missions qui se sont rendues dans toutes les provinces du pays et à l’extérieur pour recueillir les préoccupations de tous les Tchadiens en vue de bien organiser le DNI ont présenté leurs rapports. Pendant 2 jours, ces dernières ont restitué tous les vœux et les suggestions pour la refondation d’un nouveau Tchad. Pour le ministre du dialogue et président du CODNI, Acheikh Ibn Oumar, des idées et des propositions riches ont été faites par les Tchadiens. Selon le ministre, la deuxième étape qui reste, c’est l’étape technique proprement dite. Il affirme que le comité technique du CODNI qui a déjà entamé le travail. Il est avancé et sera synthétisé sous forme de document, diffusé et remis officiellement aux autorités à la fin de ce mois. « Déjà, nous pouvons faire quelques constats provisoires. Il y a un engouement encourageant des Tchadiens. Nous avions rencontré de difficultés, mais nous avions l’essentiel de l’outil de travail. Tout le monde s’est exprimé et il n’y a pas de sujets tabous », a dit le président du CODNI. 

Pour le rapporteur général du CODNI Limane Mahamat, globalement les restitutions ont permis d’avoir des informations sur l’ensemble des missions qui ont été menées à l’intérieur et à l’extérieur du pays. « Nous avons eu à peu près une idée sur les attentes et les propositions des forces vives de l’intérieur et de l’extérieur », estime le rapporteur général. Selon lui, la restitution est une opération qui a tout son sens. Elle permettra dans les jours à venir de parachever le travail de compilation et d’analyse dans les limites du temps imparti. Il ajoute que cela va leur permettre de déposer un rapport qui intègre toutes les préoccupations exprimées par les Tchadiens de l’intérieur et de la diaspora. « C’est un pas important qui vient d’être franchi avec l’organisation des concertations des forces vives et avec cette restitution, nous sortons confortés dans notre optimisme par rapport à ce dialogue nous le préparons sereinement. », estime Limane Mahamat.

Au sujet de la forme de l’État, le rapporteur général du CODNI, explique les rapports du pré dialogue montre clairement que les Tchadiens réitèrent leur volonté de voir la constitution de 1996 restaurée. Pour rappel, la constitution de 1996 prévoyait la forme d’organisation de l’État unitaire avec une forte décentralisation. « Ce sont les expressions de sentiments et des attentes qu’en ma qualité de coordonnateur, je ne peux pas à ce stade tirer une conclusion », précise-t-il. Il ajoute par ailleurs qu’il faut intégrer toutes ces attentes et ces préoccupations et ce qui est en train d’être fait par les équipes des experts. Il appartiendra aux participants de se prononcer aisément sur la forme de l’État et non les organisateurs.

Pour Dobian Asngar, membre du CODNI, rencontré à la sortie de la restitution, il y a des choses qui ne sont pas à leurs places. Ils ont, toujours selon lui, eu à critiquer et ont donné leur point de vue pour être intégrés. Le défenseur des droits de l’homme évoque les raisons du mécontentement en disant que c’est sur la forme de l’État que certains ne sont pas contents, mais tout est entré dans l’ordre. Le premier jour de la restitution, certains n’étaient  pas contents sur la manière de décider sur la forme de l’État.

Le rapporteur général de la mission des provinces de l’Ennedi-Est et Ouest, Annour Djibrine Abdoulaye a exprimé sa satisfaction pour la restitution. Pour lui, toutes les délégations ont transmis fidèlement les conclusions des participants. Il précise que ces restitutions seront compilées et remises à qui de droit.

Jules Doukoundjé

Le débat sur la forme de l’État au Tchad ne cesse de faire couler de l’ancre dans le milieu intellectuel et politique. Dans notre série sur le Débat fédéralisme ou État unitaire, Ialtchad Presse est allé interviewer le professeur Ahmat Mahamat Hassan. Il recadre le débat en disant que ni la décentralisation ni le fédéralisme ne pourraient résoudre le problème du Tchad. Selon lui, il faut plutôt soigner la dévolution du pouvoir, la gestion de la gouvernance et le leadership. Entrevue.

Pour le professeur Ahmat Mahamat Hassan, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Adam Barka d’Abéché et ancien ministre de la Justice, garde de sceau chargé des droits humains sous Idriss Deby Itno s’exprime sur la forme de l’État. Certains Tchadiens, soutient-il, insistent et persistent pour une nouvelle forme de l’État, le fédéralisme, dans le cadre du Dialogue national inclusif (DNI) qui s’annonce. D’autres disent non, restons dans un État fortement décentralisé. Le professeur Ahmat Mahamat Hassan estime que le débat sur l’État fortement décentralisé ou État fédéral cache l’absence de l’État et de la République égalitaire et citoyenne. Selon lui, le principe, c’est la dévolution du pouvoir où on ne trouve plus d’État régulant les rapports sociaux entre les groupes et les individus. « Il n’y a plus de République citoyenne où les individus sont égaux devant la loi en obligation et en droit », explique l’enseignant chercheur. Il souligne que c’est cette situation qui a poussé les gens à penser que la fédération pourrait être la solution.

Pour le professeur, la fédération est une alliance libre entre plusieurs États qui mettent ensemble leur destin en s’accordant sur un nouveau contrat, une constitution centrale faisant avec un partage de pouvoir. L’État fédéral s’occupe des questions plus générales : l’armée, la défense et de relations extérieures. Les états fédérés gèrent les affaires locales avec des exécutifs locaux et de parlements locaux votant des lois reflétant les réalités de chaque province. Il précise toutefois que le système fédéral ne veut pas dire l’autodétermination, ni la séparation, ni l’éclatement. L’ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, chargé des droits humains au temps de Idriss Deby Itno affirme que ce n’est pas aujourd’hui que le débat se pose. Ce débat a commencé depuis 1972 à la conférence de Doyaba dans la banlieue de Sarh, au sud avec le premier président François Ngarta Tombalbaye. Il rappelle que le ministre d’État chargé de la coordination à la présidence, à l’époque, Antoine Bangui parlait à la conférence de Doyaba, des exécutifs locaux et des législatifs locaux. Selon lui, Antoine Bangui parlait déjà de la Fédération sans se rendre compte, mais que c’était la décentralisation qui avait été adoptée à cette époque-là. Ahmat Mahamat Hassan qui explique le chronogramme de l’histoire de la forme de l’État note qu’en 1975, après la mort du premier président, les militaires avaient organisé une conférence à N’Djamena en 1977 à laquelle ils ont aussi adopté la décentralisation. Mais, il ajoute que cette décentralisation n’a jamais été expérimentée. Le professeur affirme qu’en 1981, le président du gouvernement national de transition, Goukouni Weddey a organisé à Douguiya, à 80 km de la capitale, N’Djamena, une conférence sur le Tchad et son devenir. Et que cette conférence avait opté pour la décentralisation. L’enseignant chercheur est aussi revenu sur la conférence nationale souveraine de 1993 qui a aussi opté pour un État avec cette fois-ci le qualificatif « fortement décentralisé ».

A la question de la décentralisation, Ahmat Mahamat Hassan répond que c’est une forme de gestion de l’État à la française. L’État central est responsable de la gestion des compétences générales couvrant l’ensemble du pays et accorde à des collectivités territoriales décentralisées, dotées des organes, mais qui n’ont pas de pouvoir législatif. Selon lui, la décentralisation donne la primauté à l’État central. Il souligne qu’on a créé des régions par décret, des départements et des communes, mais on n’a pas adopté la décentralisation dans son sens strict. « Maintenant, nous sommes à la veille d’un dialogue inclusif, tout le monde s’accorde à dire, peut-être que le fédéralisme pourrait apporter une solution », estime le professeur. De l’avis du chercheur, le fédéralisme ne veut pas dire l’autodétermination des régions, des groupes ou des ethnies. L’ancien ministre évoque aussi la question de la dévolution du pouvoir qui devrait être par le moyen pacifique du vote et du libre consentement des citoyens tchadiens n’a jamais eu lieu contrairement aux pays africains.

« Ni la décentralisation ni le fédéralisme ne pourraient apporter une solution à la question du vivre ensemble des tchadiens. »

En décortiquant toutes les conférences, de 1972 à la conférence nationale souveraine de 1993 sur la forme de l’État, le professeur Ahmat Mahamat Hassan s’interroge si la forme de l’État pouvait régler le problème de vivre ensemble des Tchadiens dans le respect et surtout dans la justice sociale. « Je ne suis pas sûr que la forme de l’État pourrait régler tous ces problèmes », ajoute-t-il.  Selon lui, chaque forme de l’État, que ça soit la décentralisation ou le fédéralisme ont leur logique et que cette logique a un niveau central qui contrôle la défense et l’armée. Il affirme que ni la décentralisation ni le fédéralisme ne pourraient apporter une réponse à la question du vivre ensemble des tchadiens.

Solutions

Le professeur suggère que pour régler le problème de vivre ensemble des Tchadiens, il faut soigner la dévolution du pouvoir, la gestion de la gouvernance et le leadership. Selon lui, le Tchad a manqué de leadership. Il propose qu’on arrête la prise du pouvoir par les armes. L’enseignant chercheur indique que la prise du pouvoir par les armes pousse les membres du clan de celui qui est au pouvoir à utiliser les biens de l’État comme leurs propres biens. Il précise que la constitution de 1996 interdit bien dans son préambule « tout groupe ou tout individu qui gouverne au Tchad par la violence, par le népotisme, le tribalisme ou la division » sans cela, le pays ne va pas trouver de solutions et la forme de l’État n’est pas une solution.

Jules Doukoundjé

Le comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI), restitue depuis ce 23 novembre les rapports des travaux des pré-dialogues dans la salle d’Amphithéâtre de l’École nationale d’Administration (ENA). Le ministre en charge du Dialogue national et de la Réconciliation, Acheik Ibni Oumar affirme que la parole libérée est un acquis et un premier rempart. Reportage.

Selon M. Limane Mahamat rapporteur général du CODNI, cette restitution est l’une des étapes inscrites dans le chronogramme de travail du CODNI. Il soutient que la restitution est une opération qui va permettre aux 16 équipes de missions sur le terrain de pouvoir livrer en substance, le contenu des travaux des différents pré-dialogues organisés. Sur les 16 équipes déployées rapporte-t-il, 10 sont à l’intérieur et 6 à l’extérieur. « La journée d’aujourd’hui va permettre d’assister à la restitution de 6 équipes. Elles vont donner la substance de leurs rapports. Des questions de précisions pourront être posées pour une meilleure compréhension de la présentation. Une manière aussi de permettre aux membres du CODNI d’être tous en phase de ce qui s’est déroulé et les principales recommandations », déclare-t-il. Le rapporteur souligne qu’à travers cette restitution, les difficultés seront recensées et il faudra voir dans quelles mesures les surmonter. La séance des restitutions a été ouverte par le chef de mission du Tibesti. Il est suivi celui du Logone occidental. Ensuite tour à tour le Logone oriental, le Moyen Chari, le Mandoul et de la diaspora.

Le ministre chargé du Dialogue national et de la Réconciliation, Acheikh Ibni Oumar affirme que la mission que les hautes autorités leur ont confiée est d’une grosse importance. Il a précisé que la mission a commencé dans des conditions très difficiles. Les difficultés étaient d’ordre matériel et administratif rencontrées sur le terrain. « Malgré les difficultés, le chronogramme des activités s’est bien déroulé. La journée d’aujourd’hui est capitale pour nous. Malgré les manquements relevés, nous avons pu arriver à quelque chose grâce à l’esprit de sacrifice et de la volonté des uns et des autres », insiste-t-il. Ce n’est pas le lieu de vous féliciter, mais il faut signaler cela, a indiqué le ministre.

« Nous ne perdons pas de vue les efforts fournis à l’intérieur comme à l’extérieur », M. Acheikh Ibni Oumar qui admire l’implication des autorités administratives et traditionnelles et religieuses. « Beaucoup de problèmes ont été soulevés parfois dans le désordre par fois dans les excès. Mais nous pensons que quelque chose est définitivement acquis. La parole s’est libérée et c’est le premier rempart », s’est-il ainsi exprimé. Pour lui, tout cela est encourageant et il faut dire que la mission a bien été menée. Il conclut ses propos en disant que ce processus de transition mènera, les Tchadiens, d’une manière fructueuse vers le Dialogue national inclusif (DNI). La restitution se poursuit, la synthèse des rapports sera connue à la fin des travaux, demain après-midi.

Moyalbaye Nadjasna

Selon les dernières informations fournies par la cellule de veille relative à la Covid-19, le taux de contamination de la maladie est en hausse. De nouveaux cas sont signalés à N’Djamena, la capitale, comme dans certaines provinces du pays. Mais, la population est toujours réticente à se faire vacciner pour contrer cette pandémie. Ialtchad Presse est allé au centre de vaccination de l’hôpital Sultan Kasser, dans le 3e arrondissement. Constat : pas d’affluence. Reportage

Situé à l’entrée sud du marché central de N’Djamena, l’hôpital Sultan Kasser abrite un centre de vaccination contre la Covid-19. Mais les infirmiers peinent à trouver des candidats. Ce vaccin gratuit et volontaire ne semble pas intéresser les patients qui viennent à l’hôpital. Malgré le taux de contamination qui augmente chaque jour, selon les chiffres de l’équipe technique de veille, le message de sensibilisation pour le vaccin n’a pas eu l’impact escompté. Dans ce centre deux vaccins, l’américain Pfizer et le chinois sinopharm, sont encore en quantité appréciable.

Beaucoup des préjugés autour des vaccins contre la Covid-19 ont freiné les ardeurs des Tchadiens à se faire vacciner. Pour le moment, il n’y a pas encore un médicament efficace contre cette maladie, à part le vaccin. En attendant d’avoir des médicaments efficaces contre le covid19, la population est appelée à se faire vacciner pour se protéger et protéger son entourage. L’hôpital dispose 3 équipes qui administrent les doses du vaccin à ceux qui le désirent. Des équipes, fixes, mobiles et avancées. Pour le point focal du district sanitaire, Abakar Mahamat Sabour, « tout dépend des jours. Certains jours nous vaccinons 20 à 40 personnes. D’autres jours on peut aller à 100 personnes. Cela dépend des jours », explique-t-il. M. Sabour affirme que certaines Organisations non gouvernementales, les agences des Nations Unies, les grandes institutions, les Ministères et les banques font la demande pour vacciner leurs agents. « En plus de cela, l’équipe avancée s’installe dans les marchés, les écoles et autres coins de rassemblement massif », indique le point focal. Pour lui, les vaccins destinés à l’équipe mobile sont conservés à l’abri du soleil et de la lumière du jour.

M. Abakar Mahamat Sabour appelle les résidents de sa circonscription à se faire vacciner. Il estime que la vaccination est le seul moyen pour prévenir la maladie à Corona virus. Il souligne qu’il ne faudrait pas prendre une seule dose, mais de revenir 21 jours après pour prendre également la seconde dose qui donne la garantie totale. Le point focal affirme qu’une fiche d’enregistrement est donnée à toutes les personnes vaccinées. Cette fiche leur permettra de retirer une carte de vaccination au service du système d’information sanitaire au ministère de la Santé publique et de la Solidarité nationale.

Kouladoum Mireille Modestine

Les concertations citoyennes ou le pré dialogue pour l’organisation du dialogue national inclusif (DNI) ont permis de débattre de la forme de l’État. Selon plusieurs sources, les échanges révèlent que la plupart des provinces souhaiteraient un État fédéral au Tchad. Les mêmes sources accusent certains rapporteurs d’avoir falsifié les contenus des rapports en privilégiant l’État unitaire, mais fortement décentralisé. Depuis, le débat sur le fédéralisme continue à dominer tout le reste des thèmes. Plusieurs intellectuels, la société civile et quelques hommes politiques, dont le père de l’idéologie fédéraliste au Tchad, le député Yorongar Ngarléjy, haussent le ton en débattant de la forme d’État dans l’espace public traditionnel. Ialtchad Presse est allé interroger quelques fédéralistes. C’est le premier article d’une série de reportages sur le sujet.

Le contenu des rapports des concertations citoyennes qui vient de s’achever semble déranger une certaine classe politique disent les tenants de l’option fédéraliste. Dans le rapport, soutiennent-ils, la plupart auraient souhaité si les Tchadiens devaient continuer à vivre ensemble, il faut une fédération. Ce désir, disent-ils, a pris au dépourvu certains petits politiciens véreux qui auraient falsifié les rapports en proposant un état unitaire fortement décentralisé.

Le député fédéraliste Yorongar Ngarléjy affirme n’est pas être surpris par la volonté des participants de choisir un État fédéral. Selon lui, les Tchadiens ont dans leur âme l’esprit fédéral. L’homme politique déplore malheureusement que « les tueurs de la République » aient falsifié les rapports pour proposer un État unitaire fortement décentralisé. Pour lui les consultations citoyennes qui viennent de s’achever montrent que les Tchadiens, dans leur majorité, ont opté pour un État fédéral. « Je suis ravi. Idriss Deby lui-même s’est rendu corps et âme au fédéralisme. Il avait dit que le fédéralisme, ce n’est pas l’apanage de Yorongar, donc soyez-en rassurés que les Tchadiens soient des fédéralistes », savoure le vieil homme politique. Celui qu’on surnommé « le député fédéraliste » estime que la fédération du Tchad est une évidence parce que c’est une des solutions efficaces à la mauvaise gouvernance. Seule la fédération peut résoudre des problèmes importants. « On a testé la centralisation excessive de l’État, ça n’a pas marché. On a aussi testé la décentralisation cela a été un échec. On est aujourd’hui à la dernière étape : la fédération », explique-t-il. Pour Yorongar Ngarléjy, les détracteurs du fédéralisme seront surpris le jour où on demandera aux Tchadiens par référendum d’être pour ou contre le fédéralisme. Ils comprendront davantage, selon M. Yorongar, qu’il avait raison. Il a cité les provinces du Ouaddaï, du Guerra, du BET et bien d’autres provinces du pays ont préconisé la fédération du Tchad.

Le notaire, Me Djomia Germain, membre de la commission sur la forme de l’État pour la province de N’Djamena, rajoute son grain de sel dans le débat. Il soutient que dans la commission qui a débattu de la forme de l’État, il n’y a pas eu une position tranchée entre la forme fédérale de l’État et la forme unitaire décentralisée. Selon lui, le rapporteur de cette commission a rendu public son rapport et c’était clair au sujet du fédéralisme. Il était question de soumettre cette solution à un référendum. Et traiter les autres questions comme le mandant présidentiel, l’élection des gouverneurs des états fédérés, etc. Il constate malheureusement que le rapport général du pré dialogue pour la province de N’Djamena, a dit dans son rapport le contraire. Le rapport soutient que la tendance était pour un état unitaire fortement décentralisé. « On voudrait bien réagir, mais on dit que nous sommes membres de la commission, donc on n’a pas le droit de contester ses propos », fustige Me Djomia Germain.

Pour le sociologue Félix Mbété Nangmbatena, le souhait d’un État fédéral s’explique par la présence d’une génération des jeunes gens mûrs et qui ont constaté l’échec de l’État unitaire décentralisé. Ils veulent une autre forme de l’État. « C’est une nouvelle génération des Tchadiens qui commencent à se rendre compte qu’il est temps de franchir l’étape », ajoute avec ironie le chercheur. Pour lui, les Tchadiens veulent changer. D’après lui, après 25 ans, les Tchadiens ont eu le temps d’expérimenter l’État centralisé qui a échoué, l’État fortement décentralisé qui est un avorton. Donc ils veulent tenter autre chose, le fédéralisme. Pour lui, on ne peut pas créer des états fédérés sur la base ethnique, mais il faut créer sur la base pluriethnique.

Le débat sur le fédéralisme semble prendre au dépourvu les autorités de la transition par sa brusque apparition, par la popularité du sujet et par le ton des débats. Déjà, la Radio France internationale (RFI) a été mise en demeure par la Haute Autorité des Médias l’Audiovisuel (Hama) à partir de ce 22 novembre pour diffusion de déclaration contraire à l’éthique et à bon vivre ensemble entre les Tchadiens et les Tchadiennes. Elle doit prendre toutes les dispositions professionnelles pour éviter la diffusion des déclarations de nature à stigmatiser les communautés. RFI est pointée du doigt par le président de la Hama au sujet de l’entrevue de l’universitaire Banyara Yoyana sur Fédéralisme. Il avait dénoncé l’emprise de certaines communautés sur les ressources du pays. Pour lui, cette captation des ressources est une des sources du problème tchadien depuis plus de 30 ans. Il soutient que seul le fédéralisme, comme forme de l’État, permettra de bien gérer les ressources nationales. Et forcera l’État fédéral central d’être à l’écoute des besoins des états fédérés, tout en restant chacun dans son domaine de compétence.

Jules Doukoundjé

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