Depuis quelques jours, la ville d’Abéché était le théâtre des manifestations violemment réprimées par les forces de sécurités. Cette répression musclée des manifestants ayant entrainé de pertes en vies humaines, fait réagir certains citoyens tchadiens. Vox pop !
Je m’appelle Tikri. « Gouverner c’est prévenir, a-t-on dit. Ce qui se passe à Abéché c’est la conséquence du désordre engendré par le ministère de l’Administration et du territoire. Ils ne font que multiplier les cantons ou certains ne disposent même pas de territoire. Au Tchad actuellement, chaque communauté veut avoir un canton. Abéché est l’incarnation d’une vieille histoire des royaumes. C’est le royaume du Ouaddaï entre temps. Je vous rappelle que ça a débuté avec Sarh. Heureusement les sara-mandjingayes ont su prouver leur maturité sinon cela allait tourner en vinaigre comme c’est le cas actuellement à Abéché. Je pense que l’État doit répondre à ces actes. Il faut ouvrir une enquête afin que tous ceux qui sont impliqués soient jugés. Ce qui s’est déroulé à Abéché était prévisible, c’est une défaillance de la part des autorités locales. Merci ! »
Je suis Abdelaziz Débaïbé. « En réalité, ce qui se passe à Abéché est un peu grave. A moins que je me trompe, mais Abéché dans le passé est considéré comme un empire. Seules certaines tribus sont censées être sultan. Cependant si c’est une autre tribu qui devait être intronisée, il y aura certainement problème. Toutefois, je pense que la population d’Abéché doit se ressaisir. C’est dommage ce qui est arrivé mais c’est cela aussi la vie en société. Sauf que les autorités ne doivent pas dormir sur de telles situations. »
« Entant que citoyen, ce qui s’est passé à Abéché m’inquiète. Sincèrement, ce sont mes compatriotes tchadiens qui sont morts. Vous voyez que cela a atteint N’Djamena avec la fermeture des boutiques. Cette fermeture n’est pas négligeable du point de vue économique. Ce que je déplore, nous nous approchons d’une grande retrouvaille des tchadiens pour la réconciliation nationale, des choses pareilles se produisent », un citoyen sous couvert de l’anonymat.
« Ce qui touche le Ouaddaï à mon avis touche le pays en général. Il faut que les autorités fassent très attentions dans la gestion des choses traditionnelles. Je pense que le gouvernement doit mettre sur place des mécanismes qui puissent permettre aux gens de parler entre communautés. Il faut vraiment de autorités locales compétentes, capables de discuter et prendre en compte les préoccupations de la population. Souvent ce sont des gens imbues de leur personnalité et de la recherche des gains. C’est ce qui amène ces genres de situations. », s’impressionne un autre citoyen lui aussi sous l’anonymat.
Moyalbaye Nadjasna
Après le lycée de Walia, c’est le tour des élèves du lycée d’Abena situé dans la commune du 7ème arrondissement de la ville de N’Djamena de manifester. Les élèves sont descendus dans la rue ce mercredi 26 janvier pour exprimer leur mécontentement. Ceci pour revendiquer le retour de leur enseignant de mathématique parti en grève depuis une semaine. Cette manifestation a perturbé la circulation et s’est soldée par la mort d’une élève et un minibus commercial brulé. Reportage
Les portes du lycée d’Abena sont hermétiquement fermées ce jeudi 27 janvier 2022. Par un communiqué affiché à l’entrée du lycée, l’administration informe aux élèves et enseignants que les cours et les activités pédagogiques sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Tout est parti de la grève lancée par les enseignants contractuels scientifiques de l’Etat. Ces enseignants scientifiques du lycée d’Abena observent une grève sèche depuis une semaine. Ayant constaté l’absence de leur enseignant de mathématique, les élèves de la classe de 1ère décident de se faire entendre autrement. Le proviseur du lycée d’enseignement secondaire général d’Abena Agdy Bandja Appolo, voulant régler ce problème avec les élèves à l’amiable s’est heurté à une résistance de ces derniers. Pour lui, les élèves veulent un enseignant de mathématique séance tenante et refusent de faire cours avec leur enseignant de SVT. « Je leur ai dit qu’ils ne sont pas les seuls à avoir le problème des enseignants scientifiques. Qu’ils patientent et une solution sera trouvée mais ils ont refusés. C’est ainsi qu’à leur demande, j’ai libéré tous les élèves », explique-t-il. Il indique que c’est une fois libérés que les élèves ont commencés à barricader la route perturbant ainsi la circulation. Au même moment, un minibus commercial passait et les élèves voulaient tous monter à bord. Souligne-t-il. « L’élève Yanlom Reine de la classe de 1ère L est tombé en voulant monter elle aussi dans le bus et s’est fait marcher dessus malheureusement. C’est en route vers l’hôpital qu’elle a succombé. C’est ainsi que les élèves ont eu à bruler le minibus », A-t-il ajouté. Le proviseur précise que les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre le temps d’organiser les obsèques de l’élève décédée.
Monsieur Agdy Bandja Appolo proviseur du lycée d’Abena déplore cette situation tragique. Il présente au nom de l’administration, les condoléances à la famille de l’élève Yanlom Reine. Par la même occasion, il met en garde tous les élèves de son établissement en ces termes : « Que cela ne se reproduise plus. Le problème des enseignants scientifique est général et ne peut en aucun être l’apanage d’un seul lycée. Certains élèves réagissent comme si on les enseigne la violence à l’école et c’est regrettable » a-t-il insisté. Il appelle cependant les parents d’élèves à causer avec leurs progénitures.
Kouladoum Mireille Modestine
Le prix du Concours régional « Regards croisés 2021 » a été remis aux lauréats, ce 26 janvier à N’Djamena, capitale tchadienne. C’était au cours d’une cérémonie à l’initiative du ministère des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Tchadiens de l’étranger, en collaboration avec la représentation internationale de l’Organisation internationale de la francophonie pour l’Afrique centrale(REPAC-OIF) de Libreville (Gabon), ainsi que le Bureau de l’Unesco au Tchad. Reportage.
Le jury international, dirigé par l’humoriste Mamane, a retenu trois vainqueurs. Ce sont le lycée et Collège Notre Dame de Moundou (Tchad), suivi du lycée National de Sao-Tomé et Principe et du Lycée Saint Gabriel de Mouila (Gabon). Les récompenses sont décernées aux lauréats, par ordre de mérite.
Le Tchad décroche le 1er prix. C’est un lot en nature composé des livres, matériel promotionnel, etc. Et un chèque de 2500 euros. Sao-Tomé et Principe gagne le 2ème prix. Il s’agit d’un lot en nature notamment, les livres, matériel promotionnel et d’un chèque de 2000 euros. Le Gabon se contente du 3ème prix avec les mêmes lots en nature mais d’un chèque de 1500 euros. M. Caleb Ebiang Ngoulou, représentant du président du Jury a précisé que les lauréats se sont talonnés. 14,60 de moyenne pour le Tchad, 14,40 pour le Sao-Tomé et Principe et 14,20 pour le Gabon, clarifie-t-il. Selon lui, les scénarii des établissements participants se sont articulés autour du thème « La violence en milieu scolaire. » Il affirme que ce concours s’est déroulée sous la forme d’une compétition interscolaire de théâtre. Le Concours régional « Regards croisés 2021 » s’effectue en deux phases, explique-t-il. Pour le représentant du jury, la première phase est organisée par les Correspondants nationaux de chacun des 10 pays membres de l’OIF en Afrique centrale. Ces pays sont, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Congo RD, le Gabon, la Guinée-Équatoriale, le Rwanda, le Sao Tomé et Principe et le Tchad. Sur ces dix pays, quatre pour des raisons de Covid-19 n’ont pas pu participer à ce concours. Finalement six seulement ont concouru dont un pays disqualifié pour la qualité de sa vidéo. Au total, c’est 5 pays qui se sont affrontés.
Selon M. Éric Voli Bi, représentant régional de l’Unesco, la violence en milieux scolaire est une violation des droits des enfants et des adolescents. C’est un fléau réel dans les établissements scolaires en Afrique centrale voire dans d’autres pays, dit-il. Ce sont des facteurs nuisibles à une bonne éducation. « L’Unesco plaide pour une approche complète de santé scolaire qui englobe les politiques pour aider le système. Afin d’offrir un cadre d’apprentissage sûr et accessible à tous », signifie-t-il. Le représentant régional de l’Unesco évoque que les secteurs éducatifs nationaux doivent adopter et mettre en œuvre des mesures pour prévenir et traiter les violences et la discrimination. Car selon lui, il faut une jeunesse saine et citoyenne.
M. Alphonse Waguena, représentant régional de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour l’Afrique centrale (REPAC-OIF). Selon lui, le Concours régional « Regards Croisés » est une compétition intellectuelle et littéraire. Cette compétition dit-il, vise à promouvoir la langue française et à capitaliser les meilleures idées. C’est aussi des occasions de réflexions et de contributions des jeunes d’Afrique centrale, en vue d’enrichir le débat sur un enjeu stratégique pour la Francophonie. « Faire face a la question de violence en milieu scolaire est un projet collectif. Il faut encourager les jeunes à promouvoir la culture de la paix », affirme M. Alphonse.
M. Oumar Daoud, secrétaire d’État tchadien aux Affaire étrangères félicite le lycée Notre Dame de Moundou qui a hissé haut les couleurs nationales. Il encourage les autres établissements perdants de se mettre résolument au travail pour une prochaine Édition.
Moyalbaye Nadjasna
La Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) condamne la violence perpétrée par les forces de l’ordre sur les manifestants dans la capitale provinciale, Abéché, située dans l’Est du Tchad. Une manifestation contre l’intronisation d’un nouveau chef de canton Bani-Halba a mal tourné faisant plusieurs blessés et de morts. Le gouvernement s’est réuni et a dépêché une délégation à Abéché. Reportage.
La ville d’Abéché située dans l’Est du pays à plus de 850 km de la capitale tchadienne N’Djamena est coupée du monde, depuis mardi dans l’après-midi. Pour mieux contrôler la situation, les autorités provinciales ont fermé l’entrée de la ville. Depuis hier mardi, il n’y a ni entrée ni sortie. La ligne téléphonique et la connexion Internet ont été coupées. C’est depuis plus de 4 jours déjà que les habitants de cette vieille ville exigent l’annulation de la cérémonie d’intronisation du chef de canton Bani-Halba, une tribu arabe nomade installée dans les féériques d’Abéché. La manifestation a mal tourné et faisant plus de 4 morts et de blessés à balles réelles.
Le président par intérim de la LTDH, Me Adoum Mahamat Boukar dénonce, « ce qui se passe à Abéché est grave ». Selon lui, la manifestation a été réprimée d’une manière disproportionnée par les forces de l’ordre. Le défenseur des droits humains affirme que des arrestations continuent jusqu’à présent. « C’est la désolation totale. C’est incompréhensible, le travail de l’administration c’est de prévoir et de prévenir », dit-il. Me Adoum Mahamat Boukar affirme que c’est l’administration qui a créé ce conflit et le gouvernement est totalement responsable de ce qui se passe en ce moment. À son avis, ce sont les autorités qui poussent la population à un soulèvement populaire. Le président par intérim de la LTDH craint le raidissement de la communauté Nidjilim et demande la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour situer les responsabilités. « Nous demandons au gouvernement de cesser la création des chefferies traditionnelles de façon anarchique. Ce sont les causes des conflits », tempête-t-il. Pour lui, si la population manifeste, il y a des méthodes pour mettre de l’ordre en utilisant juste des grenades lacrymogènes et non tirer à balle réelle. Il soutient que les forces de l’ordre se sont rendues au cimetière pour disperser les parents qui inhumaient les leurs.
Le président national du Parti Union nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo a exprimé sa tristesse sur le nombre de morts. Il a condamné la répression en dénonçant, lui aussi, l’usage brutal et disproportionné de la force contre la population civile. M. Kebzabo est aussi vice-président du comité technique d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI). Il demande au gouvernement de mettre fin à cette violence dont la responsabilité lui incombe, du fait de son ingérence continue dans les affaires coutumières et traditionnelles.
Le gouvernement sort du silence en organisant une réunion de crise hier autour du Premier ministre de la transition Pahimi Padaré Albert pour examiner la situation et trouver une solution. Déjà, une délégation gouvernementale a été dépêchée sur place pour rencontrer les acteurs et prendre des mesures pour la quiétude.
Le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication Abderaman Koulamallah condamne fermement les actes de violence et invite les populations à s’inscrire dans le processus de dialogue, de réconciliation nationale et du vivre-ensemble. M. Koulamallah regrette les pertes en vies humaines et présente ses condoléances aux familles endeuillées.
Il a appelé au calme et à la responsabilité de chacun en attendant les conclusions de la mission et les mesures qui en découleront.
Jules Doukoundjé
Pour être en solidarité avec la population du Ouaddaï, la communauté ouaddaienne vivant dans à N’Djamena et d’autres villes du Tchad observent depuis ce matin 3 jours de deuil pour compatir avec les familles des manifestants d’Abéché tués à balle réelle et ceux blessés depuis le 24 janvier. Les manifestants protestaient contre l’intronisation d’un nouveau chef de canton arabe Bani-Halba prévu pour le 29 janvier prochain. Ialtchad Presse a fait le tour de la capitale, N’Djamena, ce matin. Reportage.
Tôt ce matin, la population de la capitale N’Djamena ne se retrouve pas. Les boutiques des quartiers détenus par les ressortissants de la province du Ouaddaï sont hermétiquement fermées. Trouver du pain pour son petit déjeuner est devenu un véritable parcours de combattant. Il fallait faire des longues distances pour espérer en trouver. Les tenanciers des boutiques, des stations-service, des restaurants, bref tous les ressortissants d’Abéché qui exercent un métier libéral sont tenus d’être en solidarité avec les manifestants tués par balle et ceux blessés. Zakaria Ali est un jeune mécanicien originaire d’Abéché. Il est assis devant une boutique fermée et lance, « les autorités ont tirés sur les personnes qui manifestent pacifiquement. Elles les ont tués et empêchent qu’on les enterre. Les militaires sont allés jusqu’au cimetière pour tirer sur les gens qui enterrent les morts faisant encore de victimes. C’est trop ».Pour lui, la constitution garantit le droit de manifester à tout Tchadien. Il affirme ne pas comprendre pourquoi on tire sur les personnes qui manifestent alors que la constitution l’autorise. M. Zakaria précise que cette grève de solidarité concerne que ceux qui exercent les fonctions libérales. « Les fonctionnaires de l’État originaires du Ouaddaï et ceux qui travaillent dans les Organisations non gouvernementales sont exonérés de cette grève de soutien. Nous autres devrons pleurer nos morts pendant 3 jours avant de reprendre avec nos activités », dit-il les yeux mouillés et la gorge serrée d’émotions.
Un autre boutiquier Moussa Adam rencontré au marché à mil explique que l’ordre est venu de la ville d’Abéché, demandant aux ressortissants de la région de fermer les boutiques et d’arrêter toutes les activités libérales. « Nous devons soutenir nos frères d’Abéché et compatir avec les familles endeuillées. Qui sait si demain les militaires ne vont pas tourner leur canon vers nous », a-t-il affirmé. Regardez comment ils agissent, les communications sont coupées : les messageries, le téléphone et l’Internet des deux opérateurs téléphoniques sont coupés à Abéché. On ignore combien de personnes ont été tuées aujourd’hui, a-t-il ajouté.
Kouladoum Mireille Modestine
L’incertitude plane sur la date du Dialogue national inclusif (DNI) annoncé pour le 15 février prochain par le Président du conseil militaire de transition(PCMT), Mahamat Idriss Deby le 31 décembre 2021. Quelques indicateurs semblent indiquer que cette date est intenable à moins que…. Chronique.
Les Tchadiens sont à quelque deux semaines de la date officielle pour la tenue du DNI le 15 février prochain. Une date tombée comme un coup de semonce sur les membres du comité d’organisation du dialogue national (CODNI). Depuis lors, plusieurs consultations se sont enchaînées. Objectif, présenter aux différentes entités l’état d’avancement des travaux d’organisation du DNI et les impliquer davantage dans le processus.
Le premier indicateur n’est pas favorable. Et risquerait de compromettre le rendez-vous du 15 février prochain. Par exemple la société civile et certains partis politiques de l’opposition sont sceptiques. La coordination des actions citoyennes Wakit Tama, et certains partis d’opposition posent des conditions avant leur participation. Ils exigent « la révision de la charte de transition, la définition de critères de participation au dialogue, la non-représentativité des membres de la transition aux prochaines élections etc. » Ces revendications seraient-elles satisfaites avant la date du 15 février ? Le dialogue serait-il inclusif si ces acteurs politiques et de la société civile ne prennent pas part ?
Le second indicateur, c’est la participation des politico-militaires au DNI. Même si la concertation des mouvements politico-militaires à Rome du 20 au 22 janvier 2022 à l'invitation de la communauté Sant Egidio dans le sens du dialogue inclusif semble s’être bien déroulée, ce n’est pas totalement joué. À Rome la rencontre à consister essentiellement à presque un séminaire de formation à comment négocier à Doha au Qatar. Selon nos sources le Comité spécial technique (CTS) est reparti à N'Djamena, la capitale tchadienne, surpris par le sérieux des Qataris qui étaient très exigeants et regardant sur les financements de cette rencontre. Doha veut garder la main en cadrant le processus et en voulant impliquer l’Union africaine (UA) et les Nations-Unies dans le processus. Ce qui semble ralentir les ardeurs du Conseil militaire de transition (CMT). Le temps talonne le CMT.
Le troisième indicateur la libération partielle des rebelles par le CMT la semaine passée. C’est un pas positif selon certaines organisations de défense des droits de l’homme au Tchad. Mais elles déplorent le caractère sélectif de l’amnistie. Pour ces défenseurs des droits humains, l’amnistie générale ne doit laisser personne derrière. C’est la seule possibilité de garantir un dialogue sincère et inclusif. Il y a aussi le mouvement rebelle du Front d’alternance et de la concorde au Tchad (Fact) de Mahamat Mahdi Ali exige toujours la libération de ses prisonniers de guerre et un cessez-le-feu formel.
Selon nos sources, tous ces indicateurs il sera difficile de respecter ce rendez-vous du 15 février. Surtout que le CTS n’a même pas encore déposé son rapport. Toutefois les choses peuvent débloquer dans les prochains jours, mais difficile de tenir un DNI incontestable le 15 février. À moins que le CMT ne veuille tenir un DNI à minima.
Moyalbaye Nadjasna
« Le Tchad compte 777 chefs de canton, de sultans et de chefs de tribus », dit fermement le président de l’association des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad (ACTT), Sa Majesté le chef de canton de Donomanga, dans la province de la Tandjilé, Tamita Djidingar. Il contredit le chiffre de 1400 avancé par le conseiller à la présidence Ali Abdramane Haggar. La rédaction Ialtchad Presse a rencontré le chef Djidingar. Entrevue.
Avec une superficie de 1284. 000km2, le Tchad a une population estimée à plus de 15 millions d’habitants, dont 777 chefs de canton, de sultans et des chefs des tribus. Ces chefs traditionnels jouent un rôle non négligeable pour la cohésion sociale dans les communautés rurales. Plusieurs chefs traditionnels font l’objet de critiques et de vives contestations par leurs administrés. Au cours d’une rentre avec les chefs traditionnels la semaine dernière, dans le cadre du Dialogue national inclusif (DNI), un rapport du pré-dialogue, organisé en décembre dernier a épinglé certains chefs de canton, expliquant leur dérive autoritaire.
Pour Sa Majesté le chef de canton de Donomanga, le devoir d’un chef traditionnel, c’est de préserver la vie de sa population. Selon lui, les chefs traditionnels sont les gardiens des us et coutumes et jouent un rôle des acteurs de développement. Tamita Djidingar affirme que les chefs coutumiers et traditionnels travaillent à la base et connaissent mieux les quotidiens et les problèmes de leurs populations. Il estime que les chefs traditionnels sont aussi capables de jouer pleinement le rôle d’acteurs de développement. A son avis, les chefs de canton, sultans et les chefs de tribus peuvent être consultés pour évaluer les programmes politiques de développement local. Ils sont les intermédiaires incontournables pour toutes actions gouvernementales en provinces.
Au sujet du nombre pléthorique des chefs traditionnels dénoncé le 15 janvier dernier par Dr Ali Abdel-Rhamane Haggar au cours d’un débat affirmant que le nombre des chefs traditionnels dépasse le nombre d’ethnies, Sa Majesté rejette l’affirmation de l’ancien recteur de l’université de N’Djamena. Dr Haggar avait révélé que de 400 chefs traditionnels que compte le pays dans les années passées, le Tchad se retrouve de nos jours avec 1400 chefs traditionnels.
Le président de l’ACTT estime que le chiffre donné par l’enseignant chercheur n’est pas la vérité. Selon lui, il faudrait se rapprocher des autorités administratives pour avoir de bonnes informations sur les chefferies traditionnelles. Pour contredire les propos du Dr Ali Abdel-Rhamane Haggar, Sa Majesté présente le chiffre des chefs traditionnels du Tchad. Selon Sa Majesté le chef de canton de Donomanga, Tamita Djidingar, les autorités traditionnelles reconnues sont les Sultans, les chefs de canton, les Chefs de Tribus et les Chefs Groupements. Il précise qu’ils sont au total 777.
Les chefferies traditionnelles par province
Pour des raisons de précision, le président de l’association des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad a remis à la rédaction la liste des chefs traditionnels de toutes les provinces. Elle s’établit comme suit : Batha 43, Bahr El Gazal 17 cantons, Chari Baguirmi 24, Hadjer- Lamis 45, Moyen Chari 33, Mayo-Kebi Est 28, Mayo keby Ouest 20, Logone Oriental 51, Logone Occidental 53, Guerre 26, Ouaddaï 63, Tandjillé 42, Lac 27, Salamat 18, Ennedi Est 47, Ennedi Ouest 22, Wadi Fira 81 sultans, Borkou 11 chefs de canton, Mandoul 33 chefs de canton, Silla 28 sultans, Tibesti 19 chefs avec le derdeï, Kanem 45 sultans et N’Djamena 1 Sultan.
Jules Doukoundjé
L’école Chagoua FDAR A situé dans la commune du 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, a été victime de vol dans la nuit du 24 janvier 2022. Les voleurs ont forcé la porte du bureau du Directeur et ont emporté beaucoup de matériels didactiques et des cahiers. Reportage.
Le vol des matériels didactiques dans les établissements scolaires publics est en vogue ces derniers temps. L’école Chagoua FDAR A est la 3e victime de vol pour cette année scolaire. Les voleurs ont débarqué dans la nuit du 24 janvier. Ils ont réussi à casser les cadenas du bureau du Directeur. 38 cartons de livres de lecture du CP1 au CM2 sur les 71 sont emportés et des dizaines de cahiers et une bonbonne de gaz.
Le Directeur de l’école Chagoua FDAR A, Moyalbaye Frédéric, déplore la répétition de vols dans son établissement. Selon le directeur, rien que pour année scolaire 2019-2020 et 2020-2021, l’école a enregistré cinq cas de vol. « Nous sommes étonnés pour ce dernier cas. Les portes de mon bureau sont fermées à cadenas. Mais les voleurs ont pris leur temps pour sauter les cadenas, entrer dans mon bureau et trier les cartons des livres de lecture pour les emporter, », a-t-il précisé. Les voleurs n’ont touché à aucun livre de calcul et aucun cahier qu’UNICEF offert à l’établissement. Monsieur Moyalbaye affirme avoir fait appel à un huissier pour faire le constat. La police était saisie à chaque cas de vol poursuit-il, mais rien n’est fait pour retrouver les voleurs alors cette fois-ci j’ai décidé de changer de camps, dit-il.
Le Directeur pointe du doigt l’incompétence de la sentinelle qui laisse les voleurs emporter les ouvrages à chaque fois. Pour lui, la sentinelle était là, mais n’est au courant de rien. « C’est moi qui suis venu le mettre au courant de ce qui s’est passé. On a des sentinelles qui passent leur temps dans leur chambre et laissent les voleurs de venir ramasser les manuels destinés aux élèves. C’est inadmissible », explique-t-il. Il ajoute que la sentinelle est censée assurer la sécurité de l’établissement, mais ne fait pas son travail. Il compte suspendre ce dernier pour incompétence. Par la même occasion, le Directeur de l’école Chagoua FDAR A appelle toute la population de N’Djamena et ses environs de l’aider à retrouver ces manuels. Il précise que certains de ces livres sont cachetés avec le nom de l’établissement. « Ces ouvrages sont destinés à tous les enfants tchadiens qui doivent l’utiliser pour apprendre et un individu est venu les ramasser. Si une personne tombe sur ce livre, qu’elle nous appelle ».
Kouladoum Mireille Modestine