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Après la contestation de la marche pacifique organisée par la coordination des actions citoyennes Wakit Tama, réprimée sévèrement par les forces de l’ordre et contestée par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Le procureur de la République vient de déposer une plainte contre les leaders de Wakit Tama pour trouble à l’ordre public, destruction des bien et agression. Reportage.

Deux leaders de la coordination des actions citoyennes Wakit Tama sont poursuivis par les autorités publiques. La police judiciaire cherche depuis hier à remettre la plainte déposée par le procureur de la République contre les deux membres de cette plateforme. Il s’agit de Dr Sitack Yombatinan Béni, vice-président du parti Les transformateurs et Barka Michel, président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), par ailleurs porte-parole de Wakit Tama. Selon le procureur de la République, Youssouf Tom, la plainte a été déposée depuis hier 7 octobre contre les deux responsables de ce mouvement citoyen pour troubles à l’ordre public, destruction des biens et agression.

Le porte-parole de la coordination des actions citoyennes Wakit Tama, Barka Michel et Dr Sitack Yombatinan Béni reconnaissent avoir reçu la plainte de la part de la police judiciaire et attendent les conseils de leurs avocats avant de répondre à cette convocation.

La manifestation pacifique, à l’origine de cette plainte a été d’abord autorisée par les autorités en charge de la sécurité publique, mais les marcheurs avaient refusé l’itinéraire qui leur a été imposé. Cette manifestation a fait plusieurs blessés et des arrestations dans le rang des manifestants et un policier serait mort lors d’une course poursuite contre les marcheurs. Une mort que les autorités disent être fausse.

Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Abderamane Koulamalah, avait contesté la légitimité de la marche et menaçait de déposer une plainte contre les organisateurs.

Pour rappel, la coordination des actions citoyennes Wakit Tama a prévu une autre marche pacifique ce samedi 9 octobre, allant du rond-point doubles voies au stade Idriss Mahamat Ouya pour contester la confiscation du pouvoir par le Président du CMT. Toutefois, dans un communiqué rendu officiel, le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Souleyman Abakar Adam interdit cette marche. Il évoque les raisons du non-respect des conditions prévues et le risque de trouble à l’ordre public, compte tenu du non-respect des engagements pris par les organisateurs lors de la marche précédente.

Jules Doukoundjé

Les ressortissants du canton Kamaya dans la province du Borkou se sont retrouvés ce 9 octobre autour de leurs dignitaires traditionnels au quartier repos, dans le 4e arrondissement de N’Djamena capitale du Tchad. La communauté Kamaya réitère son soutien au Conseil Militaire de Transition (CMT). Et demande la création du canton Kamaya Hallanga de Alhadj Sougoumé Kamamadou.

15h. Quartier Blabline, dans le 4ème arrondissement de la ville de N’Djamena. Une marée humaine a pris d’assaut les lieux de la rencontre. Une foule constituée des jeunes diplômés, des cadres civiles et militaires et des opérateurs économiques. Les griots n’ont pas raté cette occasion. Ils chantent en l’honneur des dignitaires. L’ambiance était à la fête, à l’amitié et à la fraternité. Les uns après les autres, ils se relaient pour présenter leurs civilités aux chefs traditionnels. Tous détendus, ils méditent le sort de leur canton qui, selon eux, est mal géré.

Les dignitaires de la communauté Kamaya, Sa Majesté Alhadj Sougoumé Kamamadou et Ahmat Kosso Chahaimi rejettent la gestion actuelle du canton Kamaya. Ils réitèrent leur soutien au CMT. Ils disent être satisfaits de l’effort entrepris par le CMT pour le maintien de la paix et de la stabilité. Ils demandent au président du CMT la création du canton Kamaya Hallanga  sous l’égide du chef Alhadj Sougoumé Kamamadou.

La communauté Kamaya réclame également la réhabilitation du chef de canton légitime, Sa majesté Ahmat Kosso Chahaimi. Selon cette communauté, ce dernier est le seul  héritier habileté à succéder au feu Kellei Chahaimi. Le défunt chef de canton à avoir dirigé le canton Kamaya de 1936 à 2002.

L’ancien député de Ouara, dans le Ouaddaï et membre du CNT, Mahamat Saleh Ahmat Khayar explique l’origine des conflits intercommunautaires qui ont ensanglanté sa province. Il met les autorités publiques devant leur responsabilité et tente d’esquisser quelques pistes de solutions pour permettre à sa province et tout le pays d’amorcer le chemin du développement socio-économique. Entrevue.

La province du Ouaddaï est l’une des provinces du Tchad où les conflits intercommunautaires ne cessent d’endeuiller les familles. Cette province située à l’Est du pays, en proie depuis plusieurs années à des conflits entre éleveurs et agriculteurs, qui sont condamnés à vivre ensemble dans le même espace. Depuis ces conflits sanglants, les autorités publiques du pays, peinent à trouver une solution définitive et permettre aux deux communautés de vivre côte à côte et en paix. Pour le conseiller Mahamat Saleh Ahmat Khayar, le conflit intercommunautaire a toujours existé depuis que les gens font des activités champêtres, et d’autres des activités d’élevage. Pour lui, comme les communautés vivent ensemble dans le même espace, les bêtes entrent dans les champs et parfois les champs sont aussi dans le couloir de transhumance. Il souligne qu’entretemps, les gens essaient toujours de régler ces différends de façon amicale, traditionnelle. Et l’administration était forte pour régler tous ces problèmes.

Pour l’élu de la province du Ouaddaï, maintenant, le problème s’est aggravé parce que chacun veut accaparer de la terre. « Les agriculteurs veulent s’en accaparer, ils sortent du couloir et les éleveurs aussi veulent s’installer et faire paitre leurs bétails jusqu’aux dans les champs », explique-t-il. M. Kkayar estime que l’origine du problème intercommunautaire du Ouaddaï provient aussi de la défaillance des autorités traditionnelles et administratives. Elles ont prouvé leurs limites, leur incapacité à résoudre ce problème. « Je dis cela parce que les autorités traditionnelles sont souvent complices. Au lieu de défendre la vérité et l’Intérêt Général, chacun se campe pour défendre l’intérêt de son groupe », dit-il. Toujours selon lui, un autre facteur s’ajoute. Les autorités traditionnelles n’ont pas les moyens nécessaires pour dire la vérité et trancher juste. Ces autorités locales ne sont pas indépendantes pour agir correctement, ils dépendent des gens. Outre ce facteur s’y greffe selon l’ex-député, les hommes politiques impopulaires qui cherchent à récupérer ce problème pour en faire un enjeu politique dans le seul but de gagner en popularité. À son avis, les autorités administratives, surtout les sous-préfets sont pratiquement dans leur totalité nommée par message. « Ce sont des gens qui n’ont pas de compétence technique ni d’éthique pour gérer de tels problèmes. Du moment où ils sont nommés par message, ils ne sont pas alignés sur le budget de l’État, ils ne sont pas salariés, donc c’est à travers ces conflits qu’ils vivent », affirme le nouveau conseiller du CNT. Pour lui, il faut dire la vérité en face si l’on régler le problème de façon définitive.

« Les choses ont été forcées dans la Province du Ouaddaï »

Pour régler ce conflit intercommunautaire, beaucoup de missions officielles ont été effectuées au temps du président Idriss Debby Itno. Mais, malgré ces interminables missions, la crise persiste, sans aucune solution idoine.  M. Mahamat Saleh Ahmat estime que plusieurs choses ont été forcées. « Vous savez, on ne peut pas obliger les gens à vivre ensemble, c’est impossible. Personne ne peut obliger les communautés à vivre ensemble, c’est à eux de choisir de vivre ensemble. Quand l’État intervient pour forcer les gens, ça ne marche pas et ça ne marchera pas », déclare-t-il. L’homme politique et ambassadeur de la paix estime que quand les communautés elles-mêmes se rendront compte qu’elles sont condamnées à vivre ensemble, de partager le même espace et d’utiliser les mêmes puits elles n’auront aucun intérêt à se battre. Elles seraient obligées de s’assoir   entre eux et vivre ensemble comme avant.

Concernant la spécificité des conflits intercommunautaire, il explique que la différence est si l’on prend le sud du pays, les éleveurs quittent le Nord pour aller au Sud et remontent pendant la saison sèche vers le Nord. Il affirme que dans le Ouaddaï, éleveurs et agriculteurs vivent ensemble. Ils sont des parents et se marient entre eux. Selon lui, ils sont habitués à ce mode de vie depuis des siècles. M. Khayar précise que de nos jours, quand ils se battent, ils sont armés.

À la question des armes utilisées dans les conflits intercommunautaires, il souligne que ce sont les réseaux venus de la Libye via Calaïb et les livraisons se font à domicile. « Nous savons qu’il y a des armes qui se vendent au vu et au su de tout le monde. Il y a des réseaux de trafic d’armes. Nous savons qu’il y a des mains d’une autre société qui alimente cela. », dit le conseiller. Il affirme connaître certaines personnes dans ce conflit et que si les autorités veulent, il est prêt à les dénoncer. Pour lui, quand le gouvernement est coincé, il accuse les hommes politiques de la région.  L’ancien député du Ouara dénonce cette voie de facilité que le gouvernement empreinte parce qu’il est incapable de trouver de solutions à ces conflits qui gangrènent le pays.

Enfin, il revient et insiste sur la défaillance de l’administration de notre pays. Il fait allusion à la nomination des sous-prêts illettrés, des chefs traditionnels sans moyens conséquents pour mener leur mission.  Il a révélé qu’il était sur le terrain pour constater les faits. « J’ai constaté que les gens sont laissés à leur triste sort. J’ai constaté l’absence totale de l’État. Ils sont face à face et chacun se prépare pour attaquer l’autre ». L’ambassadeur de la paix dit avoir pris sa responsabilité pour écrire au gouvernement pour envoyer une mission, mais qu’on a laissé trainer les choser et le pire est arrivé. Le député estime que « si l’on ne fait rien, c’est la haine tribale va s’installer ». Il prend pour responsable les autorités qui traînent les pieds à ce sujet. Il a décidé de déposer un rapport aux autorités sur ce qui se passe dans sa province.

La paix est un choix

Pour l’homme politique, la paix est un choix, il faut amener les citoyens tchadiens  qui n’ont pas la volonté de vivre en paix à faire le choix de la paix. Il croit au dialogue national inclusif, mais à son avis, il faut partir au dialogue avec l’esprit de vivre en paix.

Il suggère l’envoi d’une mission pour apaiser la tension, recenser les problèmes et proposer des pistes de solutions. Pour le conseiller, il faut une mission mixte et responsable, composée des membres du gouvernement, des Conseillers du Conseil national de transition et des personnes ressources pour aller vers la population pour apaiser les esprits.

Jules Doukoundjé

Le mois d’octobre est appelé aussi « Octobre rose ». C’est le mois de sensibilisation contre le cancer. Cette année, l’accent est mis sur le cancer du sein. Au Tchad, la Ligue tchadienne de lutte contre le cancer mène des activités dans la capitale pour commémorer cette journée. Reportage.

13 heures passées, nous entrons dans le bureau de Dr Manikassé Palouma. Il est le président de la Ligue tchadienne de lutte contre le cancer (LTLCC). Après les convivialités d’usage, nous échangeons sur le problème du cancer, précisément sur le cancer du sein. Selon lui, le cancer  du sein est la multiplication des cellules du noyau du sein de manière incontrôlée et indéfinie. Le gynécologue obstétricien précise que c’est le premier cancer féminin qui touche beaucoup des femmes.  Il soutient que les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estiment à 10 millions de nouveaux cas du cancer du sein sont détectés par an. « Une femme sur 9 sera atteinte du cancer et une femme sur 27 en mourra. Au Tchad, le cancer du sein représente 33,5 % de cancer féminin », explique-t-il.

Dr Manikassé Palouma dit qu’en 2018, la LTLCC a procédé au dépistage du cancer du sein et de l’utérus. « Elle a détecté 457 cas suspects donc 156 cas du cancer du sein et 291 du cancer du col de l’utérus », ajoute-t-il. Pour Dr Manikassé Palouma président de cette ligue, on fait plus de mal que de bien aux femmes dépistées. « Ces cas suspects restent à confirmer par des examens complémentaires. Les patientes n’avaient pas les moyens pour faire ces examens parce qu’ils coûtent cher. Au final, ces femmes sont restées avec le doute et sont abattues psychologiquement. En principe la ligue qui a osé faire ce dépistage devrait prendre les femmes en charge. Malheureusement elle venait de voir le jour donc elle n’a pas non plus les moyens de le faire», explique-t-il. 

Selon lui, il est inadmissible qu’au 21e siècle, un pays comme le Tchad ne dispose pas d’un plateau technique ou d’une unité de prise en charge des femmes victimes du cancer. Tout de même, la LTLCC plaide auprès des partenaires et surtout du ministère de la Santé publique de trouver de toute urgence une unité de soins palliatifs pour les malades du cancer. Le président de la ligue indique que cette unité de soins palliatifs ne demande pas beaucoup de moyens.

Le cancer du sein est une maladie qui peut se soigner avec une guérison totale à la seule condition qu’on arrive à poser le diagnostic très précocement, dit le gynécologue obstétricien.   Dr Manikassé Palouma déplore le fait que toutes les femmes qui se présentent à l’hôpital avec un cancer du sein sont déjà à un stade avancé de la maladie. Et ne peuvent plus être soigné malheureusement. Il conseille aux femmes âgées de plus de 35 ans de faire le dépistage précoce. De faire, elle-même, l’auto palpation de leur sein tous les soirs. Un élément essentiel selon lui. « Ou alors se mirer seins nus pour constater s’il existe une différence entre les seins ou une modification de la peau du sein », ajoute-t-il. Le président de la LTLCC affirme aussi que la tumeur n’atteint pas 1,5cm, ce qui la rend difficilement repérable. Aussi, les femmes sont appelées à se faire suivre très tôt et faire la mammographie tous les deux ans afin de détecter précocement le cancer pour espérer le guérir. Des activités de conférences-débats, de formations, d’émissions radiophoniques et de marche sont prévues par la LTLCC afin de marquer ce mois d’octobre rose.

Kouladoum Mireille Modestine

Le nom d’un des fils du défunt président Idriss Deby Itno circule dans l’enquête dite « Pandora papers ». Le consortium international des journalistes d'investigation révèle les noms de certains plusieurs hommes politiques qui auraient dissimulé des sociétés dans les juridictions secrètes. Suite à cette révélation, un analyste se prononce sur les conséquences d’un paradis fiscal sur l’économie d’un pays comme le Tchad. Il propose aussi quelques pistes de solutions. Entrevue.

Un paradis fiscal est un lieu ou un pays où on ne paie pas ou très peu d’impôts. Les paradis fiscaux sont souvent associés à l’idée de secrets bancaires. Ils permettent aux particuliers et aux entreprises de ménager leurs intérêts particuliers aux dépens des intérêts généraux. À ce titre, ils pourraient être responsables du désordre financier mondial et pourraient empêcher un pays de réaliser ses projets de développement socio-économiques. Pour  comprendre les conséquences des paradis fiscaux pour l’économie d’un pays en voie de développement comme notre pays le Tchad, l’analyste Caman Bedaou Oumar, définit les paradis fiscaux comme l’ensemble des critères qui démontrent qu’un pays ou un territoire a délibérément adopté des politiques et des lois permettant à des particuliers ou des entreprises de réduire au maximum leurs impôts dans les pays où ils sont directement actifs. L’expert indique que les paradis fiscaux ont des conséquences économiques lourdes pour les pays où il y a fuite des capitaux. Il cite entre autres la City Bank et la Couronne britannique qui sont rattachées à certains nombres de paradis fiscaux. Pour lui, dans les paradis fiscaux, l’on peut frauder ou blanchir l’argent sale, quelle que soit sa provenance. M. Caman Bedaou Oumar révèle les 10 principaux paradis fiscaux en 2021 qui sont : les îles vierges britanniques, les îles caïmans, les îles Jersey, les Besmines, les Pays-Bas, la Suisse, le Luxembourg, Hong-kong, les Émirats arabes unis et Singapour.

Pour le cas du Tchad, l’analyste estime que les gens peuvent détourner de l’argent et aller déposer dans un paradis fiscal comme la Suisse. « La Suisse est un paradis fiscal, on ne demande pas la provenance de votre argent. Vous placez votre argent et vous le retirez quand vous voulez, même si c’est l’argent volé ou l’argent de la drogue », explique-t-il. Selon lui, dans les paradis fiscaux, les pays diminuent les impôts, alors qu’au Tchad, on augmente d’une manière arbitraire les taxes sur les revenus. Pour lui, cette situation est à l’origine de fuite des capitaux vers les autres pays où les taxes sont relativement basses. À son avis, certaines compagnies aériennes ont cessé leurs activités au Tchad à cause des fiscs. « Au lieu que les gens gardent leur argent au Tchad, ils vont placer là où il y a moins d’impôts sur le revenu », ajoute M. Caman.

5.880 milliards de FCFA au Panama papers en 2016

Dans une large explication méthodique, l’expert rappelle le scandale papers qui a eu lieu en 2016 au Panama, en Amérique centrale. Panama papers est un cabinet d’avocat qui s’est reconverti en paradis fiscal. L’analyse révèle que parmi les chefs d’États africains cités dans cette affaire en 2016, on a aussi le Tchad avec plus 10,76 milliards de dollars américains au panama papers. « On avait dit que ce sont les chefs d’État. Pour le cas de notre pays, on sait de qui cet argent provient », dit-il. Selon lui, si l’on convertit cette faramineuse somme, le pays perd environ 5.880 milliards de FCFA. Or, en 10 ans d’exploitation du pétrole, explique ce dernier, le Tchad n’a eu que 5.309 milliards de dollars. Il affirme que l’argent du pétrole qu’on montre, une partie est a été dissimulée dans un paradis fiscal. L’expert qui décortique comment le revenu du pétrole a été mal géré par le président Idriss Deby, précise qu’au même moment, le pays avait lancé son programme national de développement (PND). À l’en croire, le pays de Toumaï avait demandé 5000 milliards de nos francs pour ce vaste programme de développement, alors qu’il y a 5.880 milliards cachés dans les paradis fiscaux. Pour M. Caman Bedaou Oumar, on a dépouillé un pays.

Il n’y a pas un sans deux, ou tel père, tel fils ? En 2016, c’était Deby Itno père qui était cité dans panama papers. En 2021, soit 5 ans après c’est le tour de l’affaire dite Pandora papers qui cite un des fils Deby Itno.

Pour lutter contre cette malheureuse méthode peu orthodoxe qui empêche le pays de sortir la tête de l’eau, l’analyste esquisse quelques pistes de solutions. Il souhaite qu’on mette sur pied une justice « juste et équitable ».  De l’avis de ce consultant, au Tchad, le trésor public est comme un bien particulier pour certaines personnes qui peuvent puiser à leur guise. « Il faut des lois qui frappent des gens qui détournent le denier public », propose-t-il. Caman Bedaou Oumar affirme que les lois de la République doivent être fermes contre les détournements et les fuites fiscales. À son avis pour une justice ferme, il faut un gouvernement élu par le peuple.

Il a par ailleurs déclaré que 31% de désordres fiscaux dans le monde sont en Grande-Bretagne, avant d’ajouter que 65% de l’argent, soit 245 milliards de dollars sont dans les paradis fiscaux des pays occidentaux. « Ce sont les pays forts qui ont le monopole des paradis fiscaux ».

Jules Doukoundjé

Un dîner de presse offert par Ali Haroun, le Maire de la ville de N’Djamena, capitale tchadienne hier 6 octobre dans un hôtel de la place. Dans un court message, il sollicite l’appui des médias dans la sensibilisation de la population. Reportage.

C’était une soirée empreinte de respect mutuel entre les autorités municipales et les médias. Regroupés autour des tables, les convives dégustent le dîner tout en échangeant avec le maire de la ville de N’Djamena Ali Harou. Dans une ambition agréable, le maire remercie l’ensemble de la presse tchadienne. Il soutient que les médias font un travail important pour  vulgariser la mission communale. Selon Ali Haroun, la ville de N’Djamena est cosmopolite et très peuplée. Ce n’est plus Fort-Lamy de l’époque avec 300 à 500 000 habitants, dit-il. Le maire affirme qu’aujourd’hui, N’Djamena compte 2 millions d’habitants, peut-être même plus. Pour rendre propre notre capitale, il faut sensibiliser sa population, dit M. le Maire.

Ali Haroun rappelle qu’à l’époque de Fort-Lamy, ce sont les griots qui relaient les informations communales auprès du public. Mais aujourd’hui, il estime que la réalité est autre parce que la ville est devenue très grande. « Nous utilisons la télévision, la radio, la presse traditionnelle et celle en ligne pour faire passer nos messages de sensibilisations ». Pour lui, lorsqu’on parle de l’assainissement, c’est de la santé qu’il s’agit donc l’affaire de tous. « Nous avons opté pour plus de sensibilisations et les médias sont incontournables. D’ailleurs, vous les avez aussi faites et vous continuez à le faire. Nous en sommes conscients, mais nous aimerions vous impliquer davantage dans cette mission », souligne-t-il.

Le maire de N’Djamena déplore les comportements peu orthodoxes de la population. Il remarque que certains citoyens jettent les peaux de banane, les canettes et les bouteilles d'eau sur les grandes voies publiques. D’autres, ajoute-t-il, cassent les éclairages publics, mettent des ordures dans les canaux, volent les batteries solaires des feux tricolores pour réglementer la circulation. « Ce sont des biens publics communs à tous. Ce n’est pas la propriété du maire ni de son staff. Chacun est appelé à y veiller dans l’intérêt général », dit Ali Haroun. Le maire déclare que c’est la somme de tous ces constats que la mairie demande plus de synergie d’action avec la presse. La conjugaison d’efforts va permettre d’amener la population N’Djamenoise à adopter un comportement positif et plus responsable, affirme-t-il. « C’est dans notre intérêt à nous tous. Si dans d’autres pays certaines villes sont propres, c’est grâce à la volonté publique, les autorités municipales et la forte mobilisation de la population. Tant que ces 3 entités ne conjuguent pas leurs efforts, nous ne pouvons pas changer notre capitale ».

L’autorité municipale évoque la journée de salubrité de chaque samedi de la semaine. Selon lui, si elle est réellement observée, un changement va s’opérer. Il signale aussi que ce dernier temps, les directeurs techniques sont souvent sur le terrain voir ce qui se passe. « Arriver à une ville propre ne sera pas pour demain, mais un processus. Il suffit d’une prise de conscience commune pour y parvenir. Alors aider nous à sensibiliser nos populations pour réussir cette mission », dit-il.

Des propositions et questions sur les ordures et défécation à l’air libre à la place de la nation, la divagation des animaux, les parkings des bars qui occupent les voies publiques, l’évacuation des ordures ménagères, lavages des engins par les jeunes avec les eaux des bassins de rétention, ont été soulevées par les médias. Ali Haroun se dit satisfait des échanges avec les journalistes et prend bonne note de leurs suggestions.

Moyalbaye Nadjasna

Beaucoup de femmes enceintes et allaitantes consomment de l’alcool au lieu de manger des aliments nutritifs pour le développement de l’enfant. L’alcool traverse le placenta et est absorbé par le fœtus. Cela peut entraîner des conséquences à court, moyen et long terme dans la croissance du futur bébé d’après les techniciens en Santé de reproduction (SR). Reportage.

Selon Bedingar Ngarossorang, coordonnateur du projet de la Croix Bleue tchadienne, « dans certaines communautés tchadiennes, on fait croire que la consommation de l’alcool pendant la grossesse embellit la peau du bébé et le rend beau. ». D’autres encore ajoute-t-il, pensent que l’alcool est un lègue ancestral. Pourtant dit-il, l’alcool n’est pas bon pour une femme enceinte ou une allaitante. Il affirme que la consommation d’alcool par une femme enceinte entraine ce qu’on appelle, « syndrome d’alcoolisation fœtale ».  Ce syndrome peut causer des anomalies physiques, mentales et comportementales durant toute la vie de l’enfant, dit M Bedingar Ngarossorang.

Pour le coordonnateur, « l’enfant né d’une mère alcoolique, à un poids anormalement faible par rapport à sa taille, une tête de petite dimension pour l’âge, un poids décroissant avec le temps non causé par la malnutrition. » Il précise que les enfants atteints du syndrome d’alcoolisation fœtale ont de difficultés à apprendre. « Ces enfants présentent fréquemment des difficultés d’apprentissage résultant d’une capacité de raisonnement et d’une aptitude opérationnelle médiocres. Ils peuvent savoir des informations, mais ne peuvent les appliquer à différentes situations. À cause de leur apprentissage irrégulier, les enseignants vont penser qu’ils ne fournissent pas d’efforts et les qualifient de paresseux. Pourtant la cause de tout cela est lointaine ».

Plus loin pendant la socialisation, les enfants nés des mères consommatrices d’alcool ont des aptitudes sociales inadaptées souligne le coordonnateur. Il soutient que c’est démontrer que, ces enfants ont un comportement social inapproprié à cause de la capacité altérée de leur raisonnement. M Bedingar explique aussi que de tels enfants ne comprennent pas les signaux de messages subtils comme les gestes ou les expressions du visage. « Ces enfants présentent des troubles liés au système nerveux. A l’âge adulte, ils auront de difficultés de compréhension, de jugement, d’hyperactivité et une attitude rebelle. Ce qui va compliquer leur adaptation à la vie sociétale », explique-t-il.

L’alcool n’a jamais été un bon compagnon d’une femme enceinte et de celle qui allaite, dit M. Bedingar Ngarossorang. Il déconseille aux femmes de ne pas consommer de l’alcool pendant la grossesse et au cours de l’allaitement. Car, selon lui, la science n’a pas encore établi qu’il existe une quantité d’alcool qui fait du bien au fœtus. C’est dans ce cadre que la Croix Bleue Tchadienne dit-il, informe les populations sur les méfaits de l’alcool pour la femme enceinte. « Cette information passe à travers les sensibilisations de proximité, les conférences de presse, de caravane de sensibilisation et de mobilisation sociale », conclut-il.

Kouladoum Mireille Modestine

Beaucoup des jeunes désœuvrés à Ndjamena, capitale tchadienne, vivent des petits boulots appelés aussi la « débrouillardise ». Aux abords des bassins de rétention d’eau non loin du stade d’Abena, dans le 7e arrondissement, certains jeunes lavent des engins à 2 roues. Ils se servent des eaux de ces mares. Nos reporters sont allés à leur rencontre. Reportage.

Mercredi 6 octobre, le soleil brille très tôt sous un ciel bleu qui illumine N’Djamena, capitale tchadienne, d’un bel éclat de fin de saison pluvieuse. Des jeunes désœuvrés entre 17 et 25 ans lavent chaque jour des motocyclettes et des voitures de toutes les marques et de toutes les couleurs. Ils utilisent les eaux des mares comme ressource. La plupart sont des diplômés sans emplois, d’autres des pères de famille. Chacun joue de son expérience et de sa dextérité pour convaincre les clients. Ces petits boulots assurent leurs quotidiens et celui de leurs maisonnées.

Zacharia Adef, étudiant a l’université Adam Barka d’Abéché est client.  Il apprécie le travail de ces jeunes désœuvrés. Selon lui, ces débrouillards font bien leur boulot avec beaucoup de passion. « Souvent les gens me demandent où je fais laver ma moto. Je leur réponds que ce sont de jeunes sans-emploi au niveau de l’hôtel Santana vers Abena qui le font. Je pense qu’il faut encourager ces jeunes. Bravo à eux », dit-il fièrement.

Abdoulaye Issa Yaya est aussi un autre client du lieu. Pour lui, les eaux des mares que ces jeunes utilisent sont sales. Mais ce qui est bien dit-il, ils se servent d’Omo pour laver les engins. « Franchement c’est difficile de les voir dans ces conditions, mais leur survie les oblige. C’est dommage, mais telle est aussi la situation de notre pays », lâche-t-il.

Aidama Abderrahmane, un jeune sans-emploi. Il lave les engins chaque année lors que les étangs remplissent. Il affirme qu’au début, ils étaient nombreux, mais avec les reprises des classes certains sont partis. Il fait ce boulot parce qu’il ne veut pas vivre aux crochets de ses parents. « Je lave au moins une dizaine de motos par jour et je gagne 10 à 15000 FCFA par jour. Je fais au moins 5000 FCFA quand les affaires vont mal. Je déteste le vol et la mendicité. Tant que Dieu me prête vie, je me battrais », explique le jeune homme.

Un autre client Mbaidom Innocent, un habitué. « Ces jeunes souvent sont considérés comme des enfants de rue. Mais parmi eux, il y a ceux qui ont des diplômes de licence et de master. Comme trouver un emploi est difficile, ils se débrouillent avec les ressources de ces étangs », dit M. Mbaidom. D’après lui, certains se prennent en charge, ils sont indépendants, d’autres grâces à leurs recettes font vivre leurs familles.

« Certes il y a de conséquences, même la couleur de l’eau que vous voyez est verte. Ce sont des eaux très sales. L’État doit soutenir ces jeunes comme ceux qui osent. Ils peuvent traiter ces eaux pour les mettre à l’abri des maladies ».

Les motos sont lavées entre 300 à 350 FCFA et les voitures 1000 à 1500 FCFA.

Moyalbaye Nadjasna

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