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Celui que ses fan ont surnommé « Dougli », le lion en langue goranne n’est plus. L’ex-président tchadien Hissène Habré est décédé ce mardi matin à Dakar suite de covid-19. D’un côté plusieurs voix s’élèvent pour apprécier l’homme d’État qu’il a été. De l’autre côté ils critiquent sa gestion.

L’ancien président Hissein Habré est décédé ce mardi 24 août des suites de la covid19 à l’âge de 79 ans. Il avait été hospitalisé ces derniers jours à Dakar au Sénégal où il purgeait sa peine de prison à perpétuité, après avoir contracté la maladie. Hissein Habré était arrivé au pouvoir le 7 juin 1982 en marchant sur la capitale, N’Djamena pour déloger son frère ennemi Goukouni Weddeye. Habré était resté à la tête du pays durant près de 8 ans avant d’être renversé par le défunt président Idriss Deby en décembre 1990. Ses années de pouvoir sont marquées par de nombreux crimes. Une commission d’enquête après sa chute parle de 40.000 morts. Au Tchad, la nouvelle du décès de l’ancien l’homme fort a surpris bon nombre de défenseurs des droits de l’homme et certains opposants qui trouvent en lui, un compatriote qui aimait son pays, malgré les crimes qu’il a commis contre son peuple.

Pour Salibou Garba, président du parti Alliance Nationale pour la Démocratie et le Développement (AND), parti d’opposition, l’ex-président est un patriote et un homme moulé dans la lutte contre l’impérialisme. Il affirme que Hissein Habré était comme la plupart des révolutionnaires qui étaient marxistes bolcheviques et que c’est ce qui explique la brutalité de son style et de sa rigueur et surtout le refus de la corruption et la gabegie. L’homme politique confie que le natif de Faya, dans l’extrême du pays, est un organisateur rigoureux, hors-norme et qu’avec lui, l’on ne jouait pas avec le denier public et l’État tchadien était vraiment un État respecté par ses voisins. Salibou Garba a toutefois nuancé ses propos avant de marteler que pendant le règne de l’ex-dictateur, il s’est passé des choses atroces et qu’il n’était pas le seul responsable de toutes ces atrocités et barbaries. Ce dernier affirme avoir fait connaissance de l’ancien homme fort du pays avant d’indiquer que c’était Hissein Habré qui lui avait demandé de rentrer quand il était en exil au Cameroun. « Quand j’étais rentré, il m’avait reçu et me disait : je ne pensais pas que vous allez accepter de rentrer, parce qu’on m’accuse de tuer les gens et les jeter dans le fleuve », confie l’opposant.

Au sujet du rapatriement de la dépouille de l’ancien président, le président de l’AND souligne qu’il faudra s’activer pour acheminer le corps du lion du désert. M. Salibou Garba estime que l’ancien président a assez connu l’humiliation lors de son procès et qu’il est du devoir des Tchadiens de le pardonner et d’accepter que sa dépouille vienne reposer sur sa terre natale.

La mort de Hissein Habré a surpris beaucoup de Tchadiens qui sont restés sur leur soif de voir l’ancien dictateur purger sa peine à perpétuité. Pour le président d’honneur de la LTDH et vice-président de la fédération internationale des droits de l’homme, Dobian Asngar, la mort est toujours quelque chose de triste et qu’on aurait souhaité que l’ex-chef d’Étatt soit en vie pour pouvoir comprendre le sens de la cruauté qu’il a fait aux gens. Selon lui, en tant que défenseur des droits humains, l’on ne peut pas se réjouir de la mort d’un humain. « Nous ne l’en voulons pas jusqu’à sa mort. Le sens de notre combat est qu’il soit en vie pour répondre » précise-t-il. Dobian Asngar affirme que la mort de Hissein Habré doit servir de leçon aux autres apprentis dictateurs qui tenteraient de faire la même chose, avant d’ajouter qu’il n’est pas contre le rapatriement de la dépouille de l’ex-président. Abondant dans le même sens Me Jacqueline Moudeina dit qu’elle n’a pas de commentaire à faire sur la mort d’un être humain et de surcroît un compatriote, avant d’ajouter qu’il faut laisser la famille organiser et vivre le deuil. À propos du procès, l’avocate des victimes de Hissein Habré précise que la mort ne met pas fin au combat et qu’il faut attendre après les obsèques avant de parler du procès.

Jules Doukoundjé  

La nomination par décret le 17 août dernier de l’ancien président Goukouni Weddey, comme président du Comité Technique Spécial, relatif à la participation des politico-militaires au Dialogue National Inclusif (DNI) n’a pas fait l’unanimité. Certaines associations des droits de l’homme et certains intellectuels expriment leur inquiétude par rapport aux choix des membres de ce comité.

L’ancien président Goukouni Weddeye a été nommé président du comité spécial. Il est composé de 29 membres. Ce comité à pour mission de négocier avec les politico-militaires et les convaincre à participer au DNI.  Un forum qui, selon plusieurs sources, aura lieu en novembre prochain. C'est une rencontre importante qui permettra de déboucher sur un gouvernement de transition qui se chargera d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques. Mais, après la publication du décret, certains membres du comité technique sont l’objet de vives critiques des associations de défenseurs de droits de l’homme et de une frange d’intellectuels.

Pour certaines associations des droits de l’homme et certains intellectuels, ce n’est pas la nomination de l’ancien président qui pose problème, mais c’est l’utilisation de son image en tant qu’homme charismatique pour servir et protéger les intérêts d’un clan qui inquiète. Se prononçant sur la nomination du comité technique spécial, le secrétaire général de la convention tchadienne des droits de l’homme (CTDH), M. Mahamat Nour Ibedou, affirme que ce décret n’a aucun sens. Et que l’opportunité d’aller vers les opposants armés doit relever du DNI et non de la décision du président du CMT. « Il faut regarder la liste de la délégation pour comprendre que le CMT a des objectifs obscurs. Cette liste est dominée par certains groupes ethniques dont les membres appartiendraient en majorité à l’opposition armée », soutient le SG de la CTDH. Selon M. Ibedou, ramener des mécontents armés de l’extérieur pour les faire participer au dialogue devrait être pris au sérieux. Le défenseur des droits humains estime que le problème des politico-militaires semble devenir un problème familial et clanique. « Les gens sont choisis sur la base de leur proximité avec la rébellion. Ce décret est nul. Et je répète n'a aucun sens », dit ce dernier. Mahamat Nour Ibedou a également évoqué aussi les coûts financiers que le trésor public va décaisser. A son avis, les membres du comité technique auront des indemnités pharaoniques et seront aussi des porteurs de valises pour l’achat des consciences de la rébellion.

Analyse d’un analyste

Que dire face à ce tiraillement? Certains intellectuels soutiennent que la nomination de l’ancien président Goukouni Weddey comme président du comité technique spécial en charge de négocier avec les politico-militaires n’est pas en soi une mauvaise chose. Seulement elle donne l’impression que le pays n’a pas tellement évolué car les acteurs qui ont fait partie de troubles fratricides se sont recyclés en juges et parties. Il y a une espace schizophrénie collective indicible. Toutefois, beaucoup d’analystes pensent que l’ancien président serait la personne la mieux indiquée pour conduire ce comité, vu son âge et son expérience. Pour le sociologue Mbété Félix, l’ex-président apparaît comme un homme intègre pour ce poste. Selon lui, même si pendant longtemps l’ancien président n’apparaît pas en public, cette nomination est logique, en ce sens que Goukouni Weddeye a l’expérience de la rébellion. Il serait dit-on  écouté et respecté dans le milieu de la rébellion. S’agissant de la divergence du comité d’organisation du dialogue, il souligne que les divergences devraient enrichir le débat. Au final aller au dialogue sans une partie de la classe politique serait regrettable pour le pays. Et qu’il faudrait arriver à mettre tout le monde d’accord sur un minimum avant l’organisation de ce DNI. Vaste mission tellement les acrimonies, les rancunes et les rancœurs ont jalonné la vie de ce pays. Peut-être, peut-être que ce dialogue sera l’occasion de se vider le cœur. Et de repartir du bon pied, enfin peut-être…

Jules Doukoundjé

Le Quartier Zafaye Est, dans le 8e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena, et ses alentours sont plongés sous les eaux ce 22 août  dans la nuit. Cette pluie sectorielle constatée ce dernier temps dans la capitale tchadienne a causé d’énormes dégâts. Ialtchad s’est rendu sur le terrain pour constater. Reportage.

Quartier Zafaye Est, 8e arrondissement de N’Djamena capitale tchadienne. Difficile de franchir la voie principale qui mène vers le village Gaoui où se trouve l’un des sites historiques des Sao, ancêtres des Tchadiens. Cet axe revêtu d’un vieux bitume avec des nids de poule à perte de vue est un véritable parcours de combattant. Véhicules, motocyclistes et piétons négocient avec beaucoup de peine leur passage.

À gauche sur la route menant à Gaoui, c’est le carré 23. Youssouf Idriss, un habitant victime des eaux de la pluie se démène les pieds dans l’eau. Pèle en main, cet homme d’environ 40 ans tente de frayer un petit canal pour faire écouler l’eau. Selon lui, c’est depuis 6h du matin qu’il canalise l’eau. « Nous n’étions que 3 personnes, plus le Chef de carrée, à travailler, les autres nous regardent travailler alors que nous sommes tous victimes. C’est un comportement déplorable. Nous sommes en train de voir avec le chef de carré s’il faut ne passer de concession par concession pour éveiller la conscience citoyenne des habitants de notre quartier », confie-t-il. Youssouf Idriss affirme que cette saison est pénible, avant de rappeler que même, l’année dernière la Mairie n’a rien fait, c’est plutôt la population qui s’est cotisée pour mettre un peu de terre sur la transversale qui longe leur quartier.

Selon le chef de carré M. Mahamat Nour Hassan, la pluie d’hier leur a mis dans une grande difficulté. « Cette marre que vous voyez a débordé et depuis hier nuit et les maisons aux alentours sont inondées. Depuis hier nuit nous sommes au four et au moulin. Nous demandons aux autorités communales de s’occuper un peu des routes et remettre en état les canaux secondaires », dit-il. D’après lui, son carré n’est pas loin du grand canal, il suffit simplement que la Mairie les aide à drainer l’eau et la population sera mise à l’abri.

Sur l’axe principal, un usager très fâcheux se lâche, « cet axe est bitumé et dégradé depuis un moment. La mairie n’a rien fait. Maintenant, voyez ce qui se passe, c’est lamentable. Je peux dire que c’est l’axe principal et incontournable pour aller au site des réfugiés et voir village Gaoui à environ une dizaine de kilomètres. Sommes-nous réellement dans une capitale? »

M. Ahmat Abakar Issa résident du quartier Zafaye Est au carré 37 et son chef de carré Adam Ahmat Doungous, témoigne, « Parlant de la pluie d'hier et des dégâts, les images que vous avez faites parlent. Elles montrent l’enfer que les résidents ont vécu. Les voies secondaires, les domiciles, les biens et matériels se sont retrouvés dans l’eau », explique-t-il. M. Ahmat Abakar Issa demande l'intervention de l'État et la contribution de chacun pour construire des canalisations. Il plaide aussi pour le bitumage des rues principales afin de soulager les habitants du quartier Zafaye Est.

Moyalbaye Nadjasna

Après avoir participé brillamment à la 7e édition du championnat africain de basketball de moins de 16 ans en Égypte, les Sao sont rentrés le 18 août passé. Ils ont été accueillis triomphalement à l’aéroport  et raccompagnés jusqu’au quartier Sabangali par les supporters. Aussitôt rentré, l’équipe des Sao junior de Basket, demi-finaliste du championnat africain de Basketball (U16) a été reçue à la présidence de la République  par le président du CMT Mahamat Idriss Deby Itno.

Le président du CMT en recevant la jeune équipe de basket a fait une promesse. « À cette occasion, nous avons instruit la construction d’un stade de basketball et l’octroi d’un bus de transport pour aider et encourager cette talentueuse équipe à faire briller davantage le nom du Tchad lors des prochaines éditions »

Le Championnat d’Afrique des Jeunes dénommé « FIBA U16 African Championship » est une compétition des équipes nationales de jeunes du Bureau Régional Afrique de la FIBA (Fédération Internationale de Basket-ball). Ce tournoi met en compétition des jeunes équipes africaines. Les finalistes ont droit de se qualifier pour les mondiaux U17. Un tournoi qui est à sa 7e édition après la première édition qui a eu lieu à Maputo (Mozambique) en 2009. Il se joue tous les deux ans.

Le Tchad, présent à la compétition a fait bonne impression à cette septième édition dès sa première participation. Les jeunes joueurs ont montré l’étendue de leurs talents lors de ce rendez-vous.

Pour cette édition de 2021, sept équipes nationales s’affrontent chez les garçons en poule unique. Les quatre premiers du groupe joueront les demi-finales. Les sept nations participantes sont : l’Égypte, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali, l’Ouganda dont le Tchad.

Du côté des filles, on constate la participation des mêmes équipes à l’exception de la Côte d’Ivoire. Elles seront donc 6 formations à se disputer le trophée. Les quatre premières équipes, après les cinq matchs de groupe, regagneront les demi-finales tout comme chez les garçons.

C’est pour la première fois que le Tchad a pris part à cette compétition. Il a été éliminé en demi-finales par l’équipe malienne sur un score de 70 à 40. Les joueurs rentrent avec quatre trophées, remportés individuellement.

Mahamat Kao Adoum

Le Conseil Militaire de Transition (CMT) a décidé de retirer 600 soldats sur les 1200 déployés dans la zone dite des 3 frontières : Mali, Niger, Burkina Faso. Pour certains, c’est une surprise. Pour d’autres c’est une décision inévitable depuis la mort du Maréchal président Idriss Deby Itno. Alors quelles sont les raisons de ce retrait? Est-ce une bonne nouvelle? 

D’abord, les raisons officielles. Selon le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement M. Abdramane Koulamallah il ne s’agit pas d’un retrait, mais plutôt d’un redéploiement stratégique. Sur les ondes de RFI, M. Koulammallah s’est démené pour expliquer que ce retrait n’est qu’un simple redéploiement. C’est, dit-il, un non-évènement. La rédaction a contacté le ministre pour éclaircissement. Il affirme même que ce redéploiement était prévu depuis le dernier sommet du G5 Sahel. Il a avancé aussi d'autres raisons : le fait que les forces tchadiennes dans cette zone étaient des forces trop lourdes et trop nombreuses. Conséquences : impossible de constituer un nombre exact de bataillons. Surtout que la lutte contre les terroristes est devenue asymétrique. Une lutte qui nécessite des troupes légères et mobiles contrairement au déploiement tchadien, qui constitué de blindés, s’est avéré inefficace. Les jihadistes, eux, ont opté pour une guerre de mouvement, pas pour une guerre de positionnement. Difficile alors pour les Tchadiens en intervention extérieure d’être en opération mobile tout le temps. Sinon la guerre en mouvement est une spécialité de l’armée tchadienne. 

Ensuite, les raisons officieuses. Selon les observateurs, derrière ce retrait il y a des raisons stratégiques qui touchent à la sécurité interne du pays. Du temps de son vivant, le Maréchal Deby Itno avait déjà montré quelques signes d’agacement. La présente décision du CMT est stratégique. Elle concerne la sécurité interne et la consolidation de la transition contre les menaces qui s’amoncellent, quoi qu’on dise, aux frontières. Entre autres: à la frontière libyenne avec la rébellion du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Au sud avec la Centrafrique. Et au centre avec la nébuleuse Boko Haram qui malgré son affaiblissement déstabilise la zone du Lac Tchad et fait perdre à l’armée tchadienne des valeureux soldats. 

Enfin, les raisons objectives. Il était temps de partir. Il était temps depuis fort longtemps. Peut-être pas toute la troupe d’un coup, mais ce retrait est une bonne chose. Rien ne sert de faire semblant. Si le Tchad s’amusait à faire le bilan de cet engagement au Mali et dans la zone dite de 3 frontières il n’y aura au tableau que des morts, des blessés, des veuves et des orphelins sans ressources. Oubliés. Le Tchad n’a rien gagné en intervenant tous frais  payés dans une région pas toujours reconnaissante. Pourtant le Tchad est aussi, sinon plus pauvre que le Mali et ses voisins. Plus pauvre par exemple que la Côte-D’Ivoire, le Sénégal, etc. Il est bien vrai que la question du terrorisme est importante, mais le Tchad ne peut se sacrifier, sacrifier sa jeunesse pour des pays qui ne sont pas ou peu en première ligne. Il aurait été mieux pour le Tchad d’adopter la stratégie mauritanienne qui consiste à assurer sa sécurité interne et celle de ses frontières. Pourtant c’est un pays géographiquement au milieu de cette guerre d'usure. Une guerre sans fin comme celle des talibans afghans.

Le rapprochement est un peu hasardeux, mais ce qui se passe dans l’espace G5 Sahel, surtout dans les pays dits « les maillons faibles » : le Mali, le Niger et le Burkina, risque d’être long. Et la transformation de cette zone en un « Sahélistan » est de plus en plus possible. Personne ne fera la guerre à la place des armées de ces pays. Et le Tchad ne peut continuer à envoyer ses soldats pour une guerre sans issue. Il est un temps où il faut s’occuper de soi après s’être occupé des autres. Le Tchad en est là. En cette phase de transition, le pays est à la croisée des chemins. Et cette décision est un bon pas dans la bonne direction. C’est donc une bonne chose. 

Bello Bakary Mana

Goukouni Weddeye, ancien président de la République, chef du GUNT (Gouvernement d’union nationale de transition) est aujourd’hui âgé de 77 ans. Il a dirigé le Tchad de 1979 à 1982. Il a finalement été renversé en juin 1982 par nul autre que son frère ennemi Hissène Habré. De 1982 à 1990, l’ex-président a vécu en exil en Algérie. Il est un des seuls présidents à avoir écrit ses mémoires avec un titre évocateur de « Combattant, une vie pour le Tchad ». Oui Goukouni a toujours gardé en lui une âme de combattant par sa simplicité et son affabilité. Son livre publié en 2019 aux Éditions Espaces & Signes à Paris trace cette vie de grand combattant. L’ancien Président Goukouni Weddeye a regagné le pays, il y a quelques années, après 22 ans d’exil. Il est une des rares personnalité politique à jouir d’un immense respect auprès des Tchadiens. 

Après la mort du Maréchal président Idriss Deby Itno et la prise du pouvoir controversée du Conseil Militaire de Transition(CMT) dirigé par le fils du défunt Marechal président Mahamat Idriss Deby Itno alias Mahamat Kaka, voilà l’ancien qui reprend service. Il est nommé président du Comité technique spécial qui œuvrera pour la participation des politico-militaires au forum du dialogue national inclusif. La désignation du président Goukouni Weddeye a réjoui tout en suscitant des grincements des dents. Pas de critique envers le vieux combattant qui a été installé à la tête de son comité de 29 membres le samedi 21 août par le président du CMT, Mahamat Idriss Deby. Ce dernier a eu des mots gentils à son endroit, « je voudrais avoir un chaleureux mot de remerciement et d’encouragement à l’endroit de Président Goukouni Weddeye, sur lequel nous avons fait un choix de l’histoire et de la sagesse pour présider cette mission éminemment importante. » 

Selon le PCMT, le choix des personnalités membres de ce Comité a été fait sur la base de leur expérience, de leur dextérité et de leurs capacités à dialoguer avec toutes les tendances politico-militaires. Il rajoute que cette grande mission repose désormais sur les épaules collectivement et individuellement de ses membres. Et plus particulièrement sur celles de son président Goukouni Weddeye pour son expérience et sa sagesse. Toujours selon le PCMT, l’ex-président est une personnalité qui a vécu tous les conflits militaires qui ont émaillé le pays. Par son parcours personnel, ses débuts professionnels dans la fonction publique tchadienne, sa vie de chef de guerre, de Président de la République jusqu'à son exil en Algérie, en passant par les différents sommets de réconciliations Kano 1 et 2 , sa participation à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) etc. C’est pour plusieurs un homme d’une grande sensibilité dans les rapports humains. Pour le jeune président de la transition, c’est la personne idéale pour piloter cette dure mission. 

Dans son allocution, le PCMT affirme que la réussite de ces négociations exige l’adhésion active de la société civile, le soutien des partis politiques et l’appui des partenaires du Tchad. 

Il convie à la table des négociations tous les acteurs sans exception, « aussi, le Dialogue National Inclusif (DNI) ne sera ni national et ni inclusif sans la participation de tous. C’est pourquoi les représentants de nos frères politico-militaires sont conviés à la table pour des négociations franches, fraternelles et directes pour tourner la page de la violence qui a trop longtemps endeuillé nos familles et freiné notre développement. » 

Sous le regard approbateur de l’ancien président, le PCMT a annoncé, par des mots forts, une éventuelle amnistie « notre bonne foi se traduira par des actions concrètes qui seront prises en matière d’amnistie, de libération des prisonniers de guerre, de restitution des biens et de réinsertion socioprofessionnelle suivant un calendrier précis ». 

Un observateur chevronné de la vie politique affirme que la mission de ce comité spécial présidé par le combattant président Goukouni Weddeye est un défi à tout point de vue. La paix définitive n’est possible qu’avec tous les politico-militaires. Et le combattant reprend du service avec sa sagesse et son expérience. Il mène, peut-être, le dernier combat de sa vie pour la paix définitive au Tchad. Lui qui se rebella contre le gouvernement de l’époque il y a plus de 40 ans. 

Mahamat Kao Adoum

Les matinées de chaque samedi, appelés samedi citoyen, sont dédiées depuis, le 14 août 2018 au nettoyage des marchés et même des quartiers par la Mairie de la ville de N’Djamena. Quelques marchés sillonnés par nos équipes de reporters révèlent que les commerçants ne sont pas contents du travail. Surtout de l’heure d’ouverture à 10 heures. Reportage.

Dans la plupart des marchés où nous sommes passés, ce samedi 21 août, les boutiques sont hermétiquement fermées. Comme d’habitude, c’est samedi et chaque matin, la mairie de la ville de N’Djamena exige le nettoyage des marchés et même des quartiers. La raison : assainir les marchés et tenir la capitale propre. Ici au grand marché appelé communément « Souk Kébir », dans le 3e arrondissement, précisément au quartier Ambasatna les entrées principales sont bloquées.

 Les commerçants assis en groupe, certains prennent du thé, d’autres causent en attendant 10 heures pour ouvrir leurs boutiques. Ils se disent lassés par la décision qui leur impose l’ouverture du marché à 10h. Unanimement ils déclarent que les agents d’assainissement de la Mairie ne font pas correctement le travail. Ali, boucher au marché central, « la mairie collecte 500 FCFA par jour pour l’entretien du marché, mais on ne voit aucun résultat. En plus de cela, elle nous empêche d’ouvrir à temps le samedi. Cet arrêté est mauvais pour les affaires » dit-il.  À quelques mètres, un autre commerçant, il s’appelle  Moussa Brahim. Selon lui, la responsabilité du service d’entretien incombe à la Mairie. Pour lui, même sans cette décision il entretenait normalement son espace de vente, mais avec ce changement il ne voit rien de spécial. « Ici c’est le marché et le temps compte pour le commerçant. On nous retarde inutilement », confie-t-il. 

Si la plupart des commerçants attendent l’heure prévue pour ouvrir le marché, d’autres balaient leurs boutiques. C’est le cas de Mahamat Ida, un boutiquier au grand marché. « Je nettoie chaque matin mon lieu de vente, cela n’a rien à voir avec la mairie. Un adage dit, «la propreté chasse la maladie.» Le marché est devenu notre seconde maison nous y passons toute la journée. Mais comme vous le voyez, le marché n’est pas aussi propre qu’on le prétend », dit-il. Les tenanciers des restaurants et autres clients s’impatientent de voir le marché s’ouvrir.  Rémadji Brigitte, assise sur son panier, dos au mur  s’ennuie, « certains boutiquiers ouvrent clandestinement pour nous servir.  On ne peut pas conserver certains produits jusqu’à 24h parce qu’ils pourrissent. On est perdant. Donc je m’approvisionne chaque matin au marché », confie-t-elle.

Le Directeur du marché central M. Hamit Guerdi Oum, explique que, la fermeture du marché permet à leurs agents d’assainir les lieux de vente. « Notre priorité est de rendre propre les marchés cela va de la santé de tous », précise-t-il. Pour se rassurer sur l’effectivité de la fermeture du marché, les agents municipaux  rodent autour des marchés. Ils surveillent pour sanctionner les commerçants qui tenteront d’ouvrir avant l’heure prévue. À l’intérieur du marché, quelques agents circulent dans les couloirs pour ramasser les ordures et nettoyer le sol.

10 heures a sonné, les barrières s’ouvrent en fin.  Les commerçants se précipitent chacun pour regagner son lieu de vente. Insatisfaits par le travail fait par les agents de la Mairie, certains vendeurs balaient encore leurs recoins en murmurant, « ils nous retardent pour dire qu’ils sont en train d’assainir, alors que rien ». Des voix dénoncent, « on souffre pour gagner un peu de pain pour nos enfants, ils nous prennent chaque jour de l’argent. Tous les samedis on nous retarde. » D’autres espèrent qu’avec le retour aux affaires du nouveau Maire Ali Haroun les choses changent doucement. Malgré le travail d’entretien, les toiles d’araignées restent visibles sur les murs, les saletés longent le sol, les couloirs des bouchers sont extrêmement sales.

Koumassen Juste

La nomination par arrêté des membres du comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) continue de créer de scission. Le coordonnateur de la plateforme Le Tchad d’Abord, Mahamat Saleh Moussa dénonce la méthode de désignation et appelle le Premier ministre de transition à retirer cet acte qui divise et de procéder à sa révision conformément aux listes transmises par les corporations, et en cohérence avec le décret mettant en place le CODNI.

La publication de l’Arrêté N°0546/PCMT/2021 du 13/08/2021 portant nomination des membres du Comité d’organisation du Dialogue National Inclusif continue à soulever des contestations. Beaucoup de partis d’opposition démocratique et certaines plateformes des organisations de la société civile se disent sceptiques et dénoncent la méthode de désignation des membres du comité d’organisation du dialogue national inclusif. C’est le cas récent du chef de fil de l’opposition démocratique, le président de l’URD, Félix Néalbé qui a claqué la porte ce vendredi. Certaines plateformes comme la Plateforme le Tchad d’Abord exprime aussi son étonnement et ses réserves vis-à-vis de cet acte. Pour le coordonnateur de la plateforme le Tchad d’Abord, Mahamat Saleh Moussa, la mise en place du Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif (CODNI) a clairement mis en évidence les quotas par corporation, permettant au Ministère d’État Chargé de la Réconciliation Nationale et du Dialogue de contacter les différentes entités afin de désigner leurs représentants.  Il affirme que les corporations ont pu transmettre la liste de leurs représentants dans l’optique de disposer d’un CODNI consensuel et représentatif dans sa composition. « Nous constatons avec regret que ledit Arrêté n’a ni respecté les listes transmises ni suivi l’esprit global du Décret N°101/PCMT/PMT/2021 du 02/07/2021 portant création d’un Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif, et pire, a plutôt exacerbé les tensions et les réserves des parties prenantes dans le cadre de ce processus qui se veut apaisé. », dénonce M. Mahamat Saleh Moussa.  Selon lui, compte tenu du contexte particulier dans lequel notre pays se trouve, avec notamment cette période de transition, il est plus qu’important de privilégier les intérêts du Tchad et d’adopter une approche sincère, inclusive et fortement basée sur le respect des engagements et des procédures. Il estime que dans la logique de recherche de l’apaisement en cette période de transition, pour valoriser sincèrement le Tchad dans une approche inclusive et transparente, cet acte compromet significativement les bases de ce Dialogue qui est l’élément clé de la transition et que les Tchadiennes et les Tchadiennes appellent de tous leurs vœux. « Nous demandons donc à Son Excellence Monsieur le Premier Ministre de Transition de retirer cet acte et de procéder à sa révision conformément aux listes transmises par les corporations, et en cohérence avec le Décret mettant en place le CODNI », souhaite ce dernier.

La Plateforme tient à préciser qu’elle attache un prix au maintien de l’apaisement, et appelle les différents acteurs à s’inscrire dans une approche objective, transparente et patriotique pour éviter de compromettre l’aboutissement de ce processus qui se veut réparateur et rassembleur pour le pays. Il convient de rappeler que la Plateforme le Tchad d’Abord qui regroupe en son sein 54 associations dispose de représentations dans les Provinces. Il est défini comme un cadre citoyen qui se fixe comme objectifs l’amour de la patrie, la culture du brassage, l’acceptation de tous, le vivre ensemble, la paix et l’unité du Tchad.

Jules Doukoundjé

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