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Le Collectif des associations et Mouvements des Jeunes du Tchad (CAMOJET) a organisé une marche le 10 février passé à N’Djamena, capitale tchadienne. Le cortège des manifestants est parti de la rue de corniche de Sabangali avec pour objectif d’atteindre l’esplanade du Palais du 15 janvier au quartier Njary. En route, ils ont été dispersés au niveau du boulevard Sao au quartier Moursal. Ialtchad Presse a rencontré le coordonnateur national du Comojet, Hamlha Douksia Senghor pour en savoir plus. Entrevue.

Quel est l’objet de votre marche du 10 février ?

Nous avons entrepris cette marche pour dénoncer la situation dans laquelle se trouve la jeunesse tchadienne. Elle est dans la misère partout au pays. Il y a des milliers des jeunes diplômés sans emplois. En 2019, le président Deby Itno a promis de faire intégrer 20 000 jeunes à la fonction publique. Nous sommes en 2021 et rien n’a été fait. Au jour d’aujourd’hui, moins de 7000 jeunes sont intégrés. Parmi eux, il y a ceux qui ont été intégrés soit par la corruption, soit par des astuces politiques, soit ils ont été parrainés par des gens tapis dans l’Administration publique. Où est l’égalité des chances ? Nous avons organisé cette marche pour dénoncer tout cela. Nous réclamons deux choses. Nous réclamons l’intégration des 20 000 jeunes à la fonction publique et demandons au gouvernement de trouver une solution définitivement à la grevé de la plateforme qui paralyse l’Administration publique, particulièrement le secteur de l’éducation. Tout le monde sait que l’avenir d’une nation c’est l’éducation. Nous ne voulons plus la fermeture des établissements scolaires et universitaires.

Il y a d’autres raisons ?

Cette marche a pour objectif d’exprimer notre désaccord avec la méthode du gouvernement qui consiste à marginaliser en piétinant la jeunesse tchadienne.

Cette marche a été à la veille interdite par un arrêté du ministre de la Justice garde des Sceaux ?

Oui, l’arrêté a été pris à la veille de notre marche. Mais nous avions au préalable introduit une demande pour l’autorisation de cette marche. Tenez-vous bien, la demande a été tout purement et simplement rejetée. Nous sommes rentrés avec notre demande. Sur quelle base cet arrêté a été pris ? Ils devaient réceptionner d’abord la correspondance et ensuite donner un avis favorable ou non favorable. Non, cela n’a pas été fait. Nous avons la constitution de la République nous. Elle nous donne le droit de nous exprimer. La marche pacifique c’est aussi l’expression de la démocratie. Nous avons marché ce matin dans une logique constitutionnelle.

Vous avez réussi à marcher de votre point de départ (rue de la corniche de Sabangali) à votre point d’arrivée (Palais du 15 janvier) ?

Non. Tous les endroits stratégiques où nous avons défini nos itinéraires ont été pris d’assaut par la police. Toutefois, nous avons quitté la rue de Corniche pour être dispersés sur le boulevard Sao. Nous ne voulons pas conquérir le pouvoir avec cette marche. Nous exigeons l’insertion sociale de la jeunesse. Il faut que cette jeunesse soit équitablement traitée et sans discrimination.

Au sujet de l’intégration, une commission a été mise sur pied pour vérifier l’authenticité des diplômes. Est-ce n’est pas à ce niveau que ça blogue ?

Justement une commission a été mise en place. Cette commission devait faire un travail sérieux pour un bon résultat. Malheureusement, elle ne fait pas un travail juste et équitable en faveur des jeunes. Elle est influencée par les politiques. Elle reçoit tout le temps les listes des politiques, des parrains de X, Y. La lenteur administrative n’a rien à voir avec ce qui se passe. C’est une volonté manifeste du gouvernement de maintenir la jeunesse tchadienne dans la misère.

Et pourtant, l’intégration de 20 000 diplômés à comprendre le ministre de la Fonction publique, c’est de prioriser les anciens dossiers en instance. N’est-ce pas le cas ?

Malheureusement sur les arrêtés sortis, ce sont des nouveaux diplômés qui viennent à peine de finir leur formation. C’est pour dire que ce sont des paroles politiques avec un grand écart sur ce qui est dit et ce qui est fait sur le terrain. Si réellement cela est appliqué, nous pensons que ce serait un grand soulagement pour ceux qui attendent depuis des années. En toute sincérité, la jeunesse tchadienne est délaissée.

Votre marche a été dispersée. C’est un échec ?

Notre marche n’est pas un échec parce que malgré l’interdiction, la jeunesse tchadienne a bravé l’interdiction pour s’exprimer. Si le gouvernement ne trouve pas de solution, nous mènerons une action plus grandiose cette fois-ci sur toute l’étendue du territoire national.

Réalisation Moyalbaye Nadjasna

Le cancer est la cause de beaucoup des décès au monde. Au Tchad, des organisations comme l’Association DONAMA, sont dans la lutte contre cette maladie depuis 5 ans. Ialtchad Presse est allé à la découverte de cette association. Reportage.

N’Djamena 10h. Quartier Bololo. Sur une grande porte d’une maison banale, sur une petite plaque est placardée sur le mur. Il y est écrit Association DONAMA avec cette expression « Donnons-nous la main ». C’est le siège de DONAMA. Il n’y pas eu d’activités commémoratives lors de la journée mondiale de lutte contre le cancer. Mais cela n’entame en rien la raison d’être et la vision de DONAMA dans son engagement de lutter contre le cancer, dit Samira Alkhalil Mahamat, présidente de l’association. Selon elle, le 04 février dernier le monde s’est arrêté pour marquer la lutte contre le cancer. « DONAMA est créée en 2014. Nous travaillons avec des moyens limités. Mais on doit commencer à sensibiliser le public sur cette maladie », explique la présidente.

Pour elle, le cancer est une maladie comme tant d’autres. En respectant certaines règles, 41% des cancers sont évitables. Notre objectif, poursuit-elle, est de donner de bonnes informations par des personnes référencées. Elle affirme son association est accompagnée par des médecins dans cette lutte. « Cette année avec la Covid-19 depuis 2020, toutes nos activités sont presque gelées. Nous faisons de la sensibilisation de masse, mais avec les restrictions dues aux coronavirus, nos actions sont limitées. Nous avons changé de stratégie. Nous utilisons les médias audiovisuels », dit Mme Samira Alkhalil Mahamat. Aussi, elle souligne qu’aujourd’hui avec les réseaux sociaux et l’Internet c’est plus facile, même si beaucoup de Tchadiens n’en ont pas accès. « Stratégiquement nous faisons des émissions interactives, de bouche à oreille en échangeant avec les femmes dans les tontines ». Pourquoi les femmes ? « Parce qu’au Tchad ce sont les femmes qui sont les plus touchées. Et la plupart ne sont pas instruites. Donc les rencontres dans les quartiers sont très efficaces. Elles sont à l’aise. Elles posent leurs questions. Et on leur donne des orientations ». Pour les dépistages, la présidente de DONAMA note qu’après conseils, les malades sont orientés vers les médecins gynécologues. Par exemple dit-elle, le cancer du col de l’utérus est dépistable, celui du sein aussi. « Nous faisons les dépistages de masse à l’hôpital Mère et Enfant ».

« Le hic du cancer au Tchad, c’est le traitement »

Samira Alkhalil Mahamat affirme qu’au Tchad, il n’y a pas encore des plateaux de prise en charge. Grâce à la sensibilisation de son association, toujours selon elle, le ministère de la Santé publique réfléchi sur l’ensemble de la question de cette maladie, « très récemment il y a eu une signature de convention pour la construction d’un centre de prise en charge du cancer. Il y a au Tchad, une seule unité de traitement du cancer à l’hôpital de la Renaissance. Cette unité manque de matériels et de personnel, mais c’est un début encourageant ». Déjà dit-elle, il faut reconnaître que, la Première Dame Hinda Deby Itno a beaucoup contribué à cette lutte et la signature de la convention en est la preuve.

En plus, en 2018, il a été créé une Ligue des associations de lutte contre le cancer au Tchad. « C’est un nouvel organe. Il tâtonne encore. Ça sera plus facile pour tous de faire de plaidoyers auprès des autorités ou partenaires avec une telle organisation ».

DONAMA, affirme sa présidente, reçoit la visite d’une vingtaine de personnes par jour. « Nous travaillons parfois jusqu’à 2h du matin. Maintenant ce n’est pas pareil, on ne reçoit que 2 à 3 personnes par semaine. La faute à la Covid-19 peut-être. Le vrai problème c’est le manque d’appuis financiers. Cela handicape nos actions de sensibilisations et d’informations ». Dieu merci, poursuit-elle, nous avons signé une convention avec le ministère de tutelle depuis 3 mois et il nous accompagne dans nos activités.

Samira Alkhalil Mahamat témoigne avoir été victime du cancer. « Je sais ce que c’est. Ma lutte c’est d’avoir un centre de traitement palliatif. Au stade final, le cancer est très douloureux. C’est au-delà de ce que peut supporter un être humain », a témoigné la présidente.  Un centre palliatif, parce que « j’ai vu les gens en fin de vie et je me dis tout être humain a le droit de mourir dans la dignité », précise-t-elle d’un air passionnel.

Pour le responsable de DONAMA, le cancer n’est pas une malédiction, tout le monde peut avoir le cancer, mais on peut en guérir comme on peut en mourir. « La prévention est une arme plus redoutable contre toute maladie ». Elle conseille les Tchadiens d’éviter la sédentarité, de faire du sport, de manger équilibrer, de soigner les infections, d’être à l’écoute de leur santé et de leur corps. Selon elle, une infection mal traitée peut se développer en cancer après 5, 6 ans, 10 ou 20 ans. « Prévenir c’est la chose la plus facile et accessible à tout le monde ». DONAMA dispose aussi de la documentation qui accompagne ses actions et ses conseils prodigués aux malades et à toute la population.

Rappelons que la Journée mondiale contre le cancer est une initiative de l’Union internationale contre le cancer, organisation internationale qui rassemble plus de 1 200 organisations à travers 172 pays et dont la Fondation ARC est membre.

Moyalbaye Nadjasna

Le candidat de l’opposition démocratique réunie au sein de l’Alliance victoire est connu. Me Bebnoné Bongoro Théophile est préféré à Saleh Kebzabo. Reportage.

Ils sont 16 partis politiques de l’opposition à se donner rendez-vous ce mardi 9 février dans un hôtel de la capitale tchadienne. 15/16 ont répondu présent à cette invitation. Tous sont membres de l’alliance de l’opposition dénommée « Alliance victoire », créée le 3 février. À l’ordre du jour : l’élection du candidat unique de l’Alliance pour l’élection présidentielle d’avril 2021.

Après présentation des critères, deux candidats se sont déclarés sur les 15 chefs des partis présents. Il s’agit de Saleh Kebzabo, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et Me Bebnoné Bongoro Théophile, président du Parti pour le rassemblement et l’équité au Tchad (PRET). À huis clos et à bulletin secret, les chefs des partis ont procédé au vote.

La défaite du vieux renard

10h30mn, le modérateur de la séance invite les journalistes à entrer dans la salle. Le coordonnateur de l’Alliance invite M. Deubalbé Damagoh, huissier de son état, a présenté les résultats. D’après les décomptes des voix, sur les 15 votants, M. Saleh Kebzabo a recueilli 5 voix et Me Bongoro Théophile 9 voix. Il y a un bulletin nul. « Tirant donc les conséquences de ce résultat Me Bongoro Théophile est déclaré candidat élu de l’Alliance victoire pour les élections présidentielles d’avril 2021 », a annonce Me Deubalbé Damagoh. L’heureux élu se lève, salut l’assistance les deux mains levées et se présenter. Il est ovationné avant d’être invité par le modérateur à livrer ses impressions.

Dans sa première déclaration à la presse, le candidat élu de l’Alliance dit mesurer l’immensité de cette responsabilité. « C’est une lourde responsabilité, car je dois porter le flambeau haut pour remporter l’élection à venir », a-t-il déclaré. Pour lui, la solidarité déjà exprimée par les autres chefs des partis membres de l’Alliance doit tenir jusqu’au bout. « Tant qu’on ne reste pas souder, ce cadre qui nous a réunis ne servira à rien », a-t-il prévenu. Il assure gagner cette élection au nom de l’alliance et non de sa corporation politique.

Interrogé lors de la conférence de presse qui a suivi les premières impressions du candidat de l’Alliance, le perdant Saleh Kebzabo a fait preuve de fair-play. « On ne peut pas parler de défaite. Que ce soit lui ou moi, c’est toujours l’opposition », a-t-il dit avant de se refuser à tout commentaire.

Selon Mahamat Ahmat Alhabo, Secrétaire Général du parti pour les libertés et le développement (PLD) l’initiateur de cette alliance, c’est un grand pas dans l’histoire de l’opposition démocratique tchadienne. « Pour la première fois, les partis politiques de l’opposition se mettent ensemble pour désigner un candidat. C’est inédit », s’exclame-t-il. Mais toujours selon lui, l’idéal n’est pas là. « L’alliance n’est pas le but en soi. Le but c’est d’aller aux élections, les gagner pour permettre l’alternance. C’est ça l’objectif final », a-t-il précisé.

L’Alliance Victoire semble avoir duré le temps de la prononciation des résultats et de la conférence de presse. En soirée un communiqué de l’UNDR se désolidarise des résultats. Et soutiens que le choix de l’Alliance Victoire ne reflète aucune crédibilité, le candidat « désigné » ne remplit pas les critères préétablis. Le même communiqué affirme que les militants et militantes rejettent le résultat. Ils ne considèrent pas Me Bongoro comme membre de l’opposition, mais « …un sous-marin introduit par le MPS ».

Selon le chronogramme de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), l’élection présidentielle est prévue pour le 11 avril 2021. Le 13 février va s’ouvrir le bal du dépôt des candidatures. Déjà 4 candidats sont investis. Il s’agit des candidats Idriss Déby Itno du MPS, Dr Nasra Djimadoum de Un Nouveau Jour, d’Alladoum Djarma Baltazar d’ASTRE et de Romadoumngar Nialbé Félix de l’URD. Me Bongoro Théophile est le cinquième candidat désigné. Dans les prochains, il sera investi comme candidat de l’Alliance Victoire. Il faut rappeler que toute l’opposition ne fait pas partie de cette caolition.

Christian Allahadjim
Djilel-tong Djimrangué 

Au moins 14 personnes arrêtées suite de la marche du parti Les Transformateurs le 06 février dernier, placées en garde à vue, ont été déférées en Justice sur instruction du parquet. Ialtchad Presse a rencontré quelques responsables politiques des Transformateurs et l’avocat des prévenus. Reportage.

Officiellement, elles sont 14 prévenues à être déferrées en Justice ce lundi 8 février. Sur les antennes de Radio, FM-Liberté, le porte-parole de la police nationale Paul Manga, a soutenu que la marche a été interdite par les autorités publiques. La police a appliqué la décision d’interdiction en arrêtant 14 personnes pour « trouble à l’ordre public, atteinte à l’intégrité physique des agents et destruction des biens publics ». Selon lui, la police les met à la disposition du procureur de la République pour la poursuite des procédures. Selon Adam Mahamat Zène, 5ème substitut, les 14 personnes répondront de leurs actes devant la justice.

Pour le vice-président du parti les Transformateurs M. Moustapha Mahamat Masri, c’est une marche du peuple qui est pacifique. Et c’est droit inscrit dans la constitution tchadienne et des instruments internationaux. Selon lui, l’objectif est de réclamer : justice, équité, inclusion et alternance. « L’idéal aurait été que la police encadre cette marche. Si elle le faisait, on ne serait pas là où on est aujourd’hui. Le parti les Transformateurs ont toujours été pacifistes, nous prônons la paix, le dialogue et nous y tenons », explique-t-il.  Nous ne sommes pas dans un concept de bras de fer absolu, nous suivons juste la constitution, répète-t-il. En outre, il déplore que la police, censée encadrer la marche, la disperse en utilisant une force disproportionnée face à des citoyens qui marchaient pacifiquement. « La marche était pacifique et j’y insiste. Elle a été pacifique jusqu’à la fin. Notre exigence pour le moment est la libération absolue de tous nos camarades arrêtés. Bien qu’ils soient déferrés, la justice tiendra compte que c’est une marche pacifique, un acquis constitutionnel »

Selon le vice-président, Succès Masra, président des Transformateurs et certains militants, sont dans une zone de droit. Ils ont été accueillis avec humanité par les officiers de l’Ambassade des États-Unis. « Ils sont en sécurité à l’ambassade des États-Unis ».

Selon l’avocat des prévenus, Me Kagonbé Alain, il viendra, le moment démontrer devant le tribunal l’égalité ou l’illégalité de la marche pacifique organisée par mes clients. Pour lui, l’article 28 de la constitution est du côté des manifestants. « Ce qui s’est passé au palais de justice est inédit. C’était un numéro de cirque qui est joué. C’est flagrant. Tout a été préparé pour déférer les prévenus à la maison d’arrêt », dit-il. Selon l’avocat, les prévenus n’étaient même pas auditionnés par le procureur que les gendarmes avaient le dossier et remplissaient déjà les mandats de dépôt. En principe dit-il, « le procureur chargé du dossier devrait d’abord les auditionner et qualifier le dossier. Ce qui s’est passé est une grosse honte, un coup porté à la démocratie », déplore Me Kagonbé Alain.

L’audience publique aura lieu d’ici au 15 février au Palais de Justice de N’Djamena.

Moyalbaye Nadjasna

La date du 06 février 2021 est pour certains une date butoir, pour d’autres, une colère sans merci. Au palais du 15 janvier, c’est l’investiture du président du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), Idriss Deby Itno. Et dans les rues c’est le Mouvement les Transformateurs. Reportage.       

« Nous avons prévenu cette marche. Nous n'avons plus peur », disent les militants, sympathisants et alliés des transformateurs. Sifflets, casserons, pneus usés, pancartes, les jeunes du mouvement les transformateurs ont défié l’interdiction de manifester avec leur slogan « Peuple tchadien debout et à l’ouvrage, Ta liberté naitra de ton courage, » lisible sur les banderoles. 

6h du matin. Les quartiers Gassi, Habena, Atrone, Chagoua, les jeunes occupent les rues en scandant, « nous sommes fatigués ». Leur seul objectif, disent-ils, est faire entendre leur voix. « Ouvrez les écoles », « justice et égalité », « non au 6e mandat de Déby », sont les phrases écrites sur les pancartes des manifestants. Selon eux, trop c’est trop, le pays appartient à tous les Tchadiens. Il n’y a pas un super tchadien, réclament-ils. « Nous allons marcher jusqu’au dernier goûte de notre sang », s’exclame l’un d’eux. Bonnet sur la tête, tee-shirt bleu avec une écriture « le Tchad d’abord », visage ferme, jeune diplômé sans emploi il brandit la photocopie de sa licence en gestion pour témoigner du chômage des jeunes. « Si l’on meurt et revient encore en vie,  je ne naîtrais plus au  Tchad », s’indigne-t-il. Selon lui, une manifestation pacifique comme celle-ci ne doit ni être interdite, encore moins être réprimée. Nous réclamons la justice, la liberté, mais c’est décevant, relate-t-il.

La colère de la rue prend très vite l’ampleur. De Gassi à Atron, D’habena à Chagoua, les forces de l’ordre sont débordées. Les manifestants sont galvanisés par ce débordement. La colère tourne mal lorsque les forces de l’ordre lancent des gaz lacrymogènes. Les manifestants répondent par les jets de pierres, les pneus brûlés, des voitures de police et des voitures administratives sont attaqués, etc.

Une femme est assise devant sa porte au quartier Habena. Elle est en colère. Pour elle, il est inacceptable de voir ces jeunes souffrir. « Nos enfants sont à la maison depuis le 1er janvier alors que leurs enfants sont dans les bonnes écoles », a-t-elle déploré.

« Je vais mourir pour la liberté de mon pays », dit un manifestant avec un pneu et une bûchette d’allumette en main.

Pour ce faire, plus de 6 heures de manifestation instance, la fatigue la faim et la soif dispersent peu à peu ces jeunes, le calme est revenu, les rues sont un peu dégagées. Le président du Mouvement les Transformateurs, M. Succès Masra, M. Mahamat Nour Ibedou sont poursuivis par les policiers après les avoir aspergés de gaz lacrymogène. M. Masra a trouvé refuge à l’ambassade des USA tandis que M. Ibedou a été arrêtés avec une centaine de manifestants.

Djilel-tong Djimrangué 

Les militantes et militants du Mouvement patriotique du Salut (MPS) viennent d’investir officiellement leur candidat pour les élections présidentielles d’avril 2021. Sans surprise, c’est Idriss Deby Itno, président fondateur du MPS, parti au pouvoir depuis 1990 qui est choisi. C’était au cours du 9e congrès extraordinaire tenu ce matin samedi 06 février, au Palais du 15 janvier de N’Djaména, capitale tchadienne.

Le parvis du Palais du 15 janvier était un champ d’emblème du MPS. A l’entrée du bâtiment, un dispositif sanitaire. Une sorte de cabane où tout invité y passe avant d’atteindre la salle de la cérémonie. Des agents de santé avec des gels hydro alcooliques, cache-nez et thermomètres électroniques en mains. Ils s’assuraient tout le monde se plient à l’exercice. Des ambulances sont bien alignées en attente d’éventuelles urgences sanitaires. Ce 9e congrès extraordinaire n’est pas comme les autres. Il s’est tenu dans le respect strict des mesures de lutte contre la covid-19. Le nombre des participants était limité, en bas de la salle, les gradins sont vides. Dans la salle les groupes de musique Gambadjoya et Soubyana musique animaient. Pas d’effervescence comme par le passé, mais une salle bien décorée aux effigies du parti. Dès l’arrivée du président fondateur du MPS en compagnie de la Première dame, tous les militants debout, l’ovationnent drapelets en main.

La cérémonie est allée vite. Pour Abdoulaye Affadine, président du comité d’organisation, souhaitant ses vœux au président fondateur du parti, se dit toucher par les sacrifices consentis par Idriss Deby pour la paix et l’unité nationale. Pour le secrétaire général Mahamat Zène Bada, le champ des drapeaux du MPS dans la cour du palais du 15-janvier constitue une marque d’honneur accordée aux martyrs qui ont payé de leur vie pour la démocratie. D’après lui, ce qui se fait ce matin n’est qu’une formalité juridique. Car dit-il, leur candidat a été déjà investi pour la course à la magistrature suprême par les précongrès. Selon lui, il n’y aura pas un autre congrès pour réunir les militants. « Je demande aux militantes et militants de rester serein, disciplinés et dans une entière cohésion face à l’adversité afin de remporter cette fois-ci encore dès le premier tour», attire-t-il l’attention de ses camarades.

Accélérer la diversification de l’agropastoral

Après une motion de soutien à Idriss Deby Itno et aux forces de défenses et de la sécurité s’en est suivie l’intervention du candidat investi du MPS. Pour lui, cette conviction de le reconnaître une fois encore comme candidat du MPS pour les échéances à venir est partagée par nombreux compatriotes. « Ce pays est tout pour moi, je continuerai à me sacrifier tant que l’Éternel me donne la force et la santé», a dit Idriss Deby.

Le candidat indique qu’il faut accélérer les manœuvres de la diversification du secteur agropastoral à travers la transformation et la production locales. Il déclare qu’il faut capitaliser les acquis du quinquennat qui s’achève, consolider notre démocratie, renforcer la paix et l’unité nationale. « Chacun doit prendre conscience de sa responsabilité à œuvrer pour le progrès et le développement de notre pays », a noté Idriss Deby Itno.

Moyalbaye Nadjasna

Les militantes et militants en l’occurrence des personnalités ressources réitèrent leur soutien à leur camarade Idriss Deby Itno. Reportage

Selon Dr Beyom Malo Adrien, tout le monde a vu les réalisations du président fondateur du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Pour lui les actions du camarade Idriss Deby Itno dans et son engagement à travers son discours le prouvent. « Il n’y a rien de plus grand que le patriotisme, un patriote qui tient à ses promesses mérite le renouvellement de confiance du peuple », affirme-t-il. Pour le compagnon du président fondateur, M. Beyom, Deby Itno respecte de bout en bout ses promesses. Il est déterminé à relever d’autres défis. « C’est logique que les camarades lui fassent confiance », dit-il.

Pour le GAL Nadjita Beassoumal, un des membres fondateurs du MPS, le président a répondu favorablement à la sollicitation des militants et des Tchadiens de bonnes volontés. D’après lui, les camarades souhaitent qu’il reprenne le bâton du commandement. « Nous sommes contents. Le congrès est une réussite », dit-il. Une autre personnalité ressource, Abakar Souleymane, ancien SG MPS de la Ville de N’Djamena, « nous avons investi notre champion pour les présidentielles d’avril 2021. C’est avec élégance et aisance ». Il affirme, qu’importe le critère, son patriotisme avéré et son engagement sur tout le front pour un Tchad meilleur est suffisant pour lui renouveler la confiance. « Ses réalisations le prouvent et nous nous acheminons vers la victoire ».

Hadjé Halimé, une autre militante, « Le congrès s’est bien déroulé. L’objectif est atteint. Notre candidat est investi. Pour moi, ce congrès sonne le réveillon. Le 6e mandat du Marechal est d’office. Nous sommes tranquilles ». Koumré Evelyne, Membre du Bureau Politique National,(BPN) de Lac Iro se dit toucher par les efforts pour la sécurité de la population, œuvre du Président fondateur Idriss Deby Itno. « C’est un homme de bien. Il faut reconnaître qu’il aime son pays. Nous les femmes, nous le soutenons ».

Moyalbaye Nadjasna

L’accès à la cour du palais du 15-janvier n’est pas permis à tous. La cause : le coronavirus. Et pourtant ça fait la fête dehors à l’entrée du Palais du 15 janvier. Reportage.

C’était du spectacle gratuit devant le Palais du 15 janvier où le parti au pouvoir investit son candidat. C’était comme un rendez-vous des cultures, musiques modernes et traditionnelles rivalisaient de mélodie. Chacun cherche à captiver l’attention des participants. Les passants ne peuvent pas se passer de l’effervescence en dehors du palais. Les différents bureaux de soutien ne pouvant pas avoir accès, ont fini par constituer une haie le sur une distance pour accueillir le président fondateur du MPS, Idriss Deby Itno

A la droite, sur la pelouse, entourée des fleurs, un groupe d’enfants de la rue organisé dans un orchestre dénommé « Tchado Stars », tient les gens en haleine. Ces enfants dansent au rythme une chorégraphie sous les applaudissements d’un public conquis. Juste à côté, un autre groupe des « fananis » avec un rythme ensorcelant. Au loin on voit des bras levés et des têtes qui hochent. Adoum Mahamat est artiste-chanteur du groupe Djambadjoya. « Les artistes qu’ils aient accès ou pas sont derrière notre candidat. Les jeunes, les femmes bref tout le monde. C’est fini, rien n’est à craindre, on va gagner InChallah», dit-il.

Un groupe traditionnel au rythme du gourna Toupouri de Mont Illi remue la place. Torses nues, ils portent des peaux tannées autour de leurs tailles, bâton en main et des flûtes traditionnelles. Rythme, esquisse des pas de danse ne laisse personne indifférent. Le groupe étale toute sa richesse culturelle. Un message fort pour la jeune génération ressortissante du Mont i Ili qui n’a jamais été au village. « Cela fait deux heures que je suis en train de suivre la danse gourna qui m’a vraiment manqué. Je me rappelle de beaucoup de choses et de mon enfance au village », confie, Lorssala Vaïman qui refuse de se faire filmer.

Moyalbaye Nadjasna

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