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L’allègement des mesures par les autorités autorise la réouverture de ces cadres éducatifs. Ialtchad constate l’effectivité de la reprise. Reportage.

Les établissements scolaires, universitaires publics et privés sont autorisés de nouveau à reprendre les cours. Ils avaient cessé les cours depuis quelques semaines suite au confinement de la ville de N’Djamena. Cette décision fait suite à l’augmentation des cas des personnes infectées dans la capitale tchadienne par le coronavirus.

Jeudi matin. 9h. Les grands lycées publics et privés de la capitale sont ouverts. Au Collège Évangélique, première étape de notre tournée. Le proviseur est absent nous informe le secrétariat. M. Batein, censeur du collège est présent. Il reçoit la rédaction avec beaucoup d’amabilité. « Nous avons convoqué une réunion avec les enseignants et tout sera décidé à l’issue de cette rencontre. Toutefois, nous entendons reprendre les cours, Dieu voulant le lundi matin », dit-il. Pour lui, il faut bien préparer l’esprit des enseignants afin de mieux accueillir les élèves dans le respect des mesures barrières. Le collège Évangélique est un établissement scolaire confessionnel créé en 1964. Il a fêté ses 50 ans en 2014. Plus de 1000 élèves sont inscrits. Et une cinquantaine d’enseignants y professent.

De côté de l’Avenue Mobutu se dresse le bâtiment du vieux et réputé Lycée Sacré-Cœur. Un des plus importants lycées privés de la ville. Ialtchad Presse est reçu, ici aussi par des censeurs. L’ambiance est studieuse, quelques élèves sont en classe. Selon l’administration, un établissement est comme une machine. Lorsqu’on allume, le processus s’installe doucement pour être enfin prêt à fonctionner normalement. « Nous avons commencé timidement avec la moitié de notre effectif. Les enseignants leur donnent des exercices. Nous comptons reprendre normalement le lundi si tout va bien », indique l’administration. Le téléphone n’arrête pas de sonner. Des parents appellent pour s’assurer de la reprise des cours, dit l’administration.

Écoles publiques bloquées par la grève

Rien à signaler aux Lycées Félix Eboué et Technique commercial. Selon les proviseurs, seule l’Administration est ouverte pour gérer des affaires courantes. « Nous avons les bulletins du 1er trimestre qui ne n’ont pas été totalement remplis dû au confinement de la ville de N’Djamena. À cela vient s’ajouter la grevé de la plateforme syndicale. On ne peut rien. On attend seulement puisqu’on ne peut rien dans un contexte pareil », dit M. le proviseur du LFE.

Dans la cour du LFE, un groupe des enfants jouent au football. Les portes des salles de classe sont hermétiquement fermées. En face, au LTC, rien. Au Lycée technique industriel et à la Faculté d’Ardepjoumal pas l’ombre d’un début du commencement de la rentrée scolaire. 

Dans les établissements scolaires confessionnels comme le collège Évangélique, le lycée Sacré-Cœur et le lycée Ibn Sina, une idée de rencontre de concertation fait son chemin. À la fin de celle-ci, il sera décidé s’il faut être solidaire durant 1 ou 2 jours en suspendant les cours en solidarité avec les collègues du public.

Moyalbaye Nadjasna

La centrale syndicale, la Confédération Libre des Travailleurs du Tchad (CLTT), n’est pas entrée en grève lancée par la plateforme revendicative le lundi 11 janvier. Son Secrétaire général, Brahim Ben Saïd NOH explique pourquoi.

Pourquoi la CLTT n’est pas en grève ?

C’est vrai nous n’avons pas appelé à la grève par contre beaucoup de nos adhérents y sont allés. Il y a entre autres : le syndicat des enseignants du Tchad, le Syndicat des formations aux métiers (les lycées techniques et le lycée industriel) et bien d’autres.

Que pensez-vous de ceux qui sont en grève ?

Nous n’avons aucun intérêt a bloquer les autres. Nous avons juste décidé de ne pas prendre position. Et ne rien dire. C’est tout.

Qui ne dit mot consent ?

On n’est avec eux et non contre la grève. C’est un droit constitutionnel. Sauf que pour nous cette période n’est pas indiquée, mais c’est leur droit de faire la grève.

Pourquoi pensez-vous que la période de la covid-19 n’est pas indiquée pour déclencher la grève ?

Vous savez, la grève en cette période de la pandémie, on ne la suit pas tellement. Avant que la grève ne se déclenche, le gouvernement dans sa décision de confinement de la ville de N’Djamena, a fait exception à des services nécessaires. Nous sommes signataires de l’accord du 09 janvier 2020. Mais nous estimons que cet accord-là, le gouvernement a appliqué une bonne partie. Il ne reste que les 15% des primes, des avancements, des reclassements des agents et les frais de transport. Je crois que le gouvernement a commencé déjà a payé en décembre dernier, mais le ministère des Finances et du Budget a constaté que certaines personnes ont perçu deux fois. C’est pourquoi le ministère a suspendu les versements pour vérification. Mais ceux qui n’ont pas perçu, peut-être ils percevront leur dû à la fin de ce mois.

Comment rassurer ceux qui n’ont rien perçu ?

Nous avons rencontré le ministre de la Fonction Publique, son collègue de l’Éducation nationale et les Directeurs généraux des Finances et du Budget il y a 48h. Ils nous ont rassuré que concernant les actes de carrière des agents, notamment les avancements, un bon nombre a été enrôlé. Ils pourront en bénéficier d’ici à la fin de ce mois. Aussi, ils ont noté que les arriérés de 2018, 2019 et 2020 des primes de transport seront payés à tout le monde suivant une programmation. Le gouvernement a dit que c’est un problème de trésorerie, mais cela va se régler. Les autorités demandent à nos camarades de lever la grève parce que la période n’est pas indiquée. Alors, on espère qu’après réflexion, ils se décideront. Au cours de nos échanges avec le gouvernement, nous avons tous constaté que le gouvernement a aussi des manquements. Il communique moins, s’il communiquait à tout moment avec les syndicats on ne serait pas arrivé à cette grève. Dans un enjeu social, la communication et le dialogue sont nécessaires.

Il semble que votre centrale syndicale est pro-régime. Que répondez-vous ?

Écoutez, la grève c’est comme une guerre, elle se prépare. Elle a ses modalités. Il faut 6 jours francs de préavis pour informer son partenaire, ou son employeur. En fait, dans tous les pays, il y a des syndicats. Certains prônent le dialogue, d’autres font le forcing. Nous ne sommes pas, un syndicat progouvernemental ni proche du régime. Mais le gouvernement c’est un partenaire et nous le respectons.  Nous sommes loin du jeu d’hypocrisie. Seulement il faut être réaliste avec soi-même. Je pense lorsqu’on fait grève pour rien gagner c’est aussi dangereux. C’est un couteau à double tranchant et surtout vous risquerez de vous faire ridiculiser. Au Tchad, on peut faire plusieurs mois de grève et gagner son salaire ce qui n’est pas le cas sous d’autres cieux.

Parlons distribution des vivres aux démunis. Qu’en pensez-vous ?

La répartition est inéquitable et mal faite. Je trouve que ce n’est pas digne d’un tchadien. On ne peut pas donner à un tchadien un ou deux « koros » du riz, maïs ou haricots. C’est une injure à la population. La population tchadienne ne mérite pas cela. Non ! C’est injuste et anormal. Cette distribution ne sert à rien du tout. Ce que je déplore c’est que ce sont les mêmes personnes qui prennent la même chose. Dans mon quartier, il y a des personnes d’autres quartiers qui viennent prendre parce qu’elles sont insatisfaites. Tout le monde est vulnérable. Qui ne l’est pas ? Prenez, par exemple, les fonctionnaires retraités civils et militaires. Ils sont des démunis. Ils ne sont pas payés. Il y a aussi les veuves et les orphelins, il faut penser à eux.

Que pensez-vous des mesures sanitaires ?

Je propose à l’État de continuer la sensibilisation et des campagnes de distribution des cache-nez. C’est très important. Les caches sont vendues à 200F CFA voire plus. Faites un tour dans les ministères les kits de lavage des mains sont sans eau. Ce qui démontre le non-respect des mesures et le relâchement. Dieu merci, 60% de nos populations sont jeunes par rapport à certains pays, surtout occidentaux, les plus touchés, mais nous devons protéger les personnes de 3e âge.

Propos recueillis par Moyalbaye Nadjasna

Le confinement de la ville de N’Djamena dû à la recrudescence de covid-19 est renouvelé pour deux semaines à compter du 14 janvier à 00heure. Cependant, des allègements sont consentis, parmi lesquels: les transports urbains. Les taxis et minibus ont repris ce matin. Ialtchad Presse est allé faire le constat. Reportage.

Ce matin, la reprise des minibus et taxis du marché à mil, de Dembé et à Chagoua ressuscite l’émotion des conducteurs et passagers. « Alhamdoulillah pour les uns, Dieu merci pour les autres » s’exclament usagers et chauffeurs.

Ousmane. 35 ans. Il est chauffeur de minibus, lorsque le gouvernement a brusquement décidé de l’interdiction des minibus et taxis de circuler, il était pris de court. Et les conséquences ont été énormes. « Nous empêcher de travailler équivalait à nous enterrer vivants. Personnellement, je n’ai aucune autre source de revenus ni une autre activité que celle de chauffeur de minibus », dit-il. Il est très content de la reprise des activités.

Brahim, lui, est passager. Il est embarqué dans un minibus au marché à mil pour le quartier Farcha. Il ne laisse pas paraître son émotion pour la reprise du transport urbain. « Vraiment, c’est un ouf de soulagement pour nous les passagers. Vous avez constaté que depuis 2 semaines on marchait. C’était très difficile surtout pour nous qui habitons loin du centre-ville. Qu’Allah nous préserve de cette dangereuse maladie », affirme-t-il. Cerise sur le gâteau, le prix n’a pas changé. 250F CFA pour un aller à Farcha.

Un autre conducteur de minibus, Moussa, dit très malheureux. « Il était temps sinon le feu ne va plus s’allumer sous la marmite. Vous savez, au Tchad, on ne vit pas, mais on survit au quotidien. Alors si le gouvernement a compris la souffrance de la population, c’est une bonne chose ».

Ahamat Issaka, conducteur de taxis, affirme que beaucoup de clients ne sont pas encore au courant de la reprise des transports urbains. « Nous jouons un rôle important dans la vie économique dans notre pays. Nous contribuons en payant nos taxes et cotisations. C’est une recette pour l’État. Donc je pense que les autorités ont enfin pris la bonne décision », signifie-t-il.

Moyalbaye Nadjasna

Le dur confinement de la capitale tchadienne, N’Djamena le 31 décembre passé a arrêté plusieurs activités non essentielles semant le désarroi. Depuis ce jeudi 14, les autorités ont levé certaines restrictions au grand soulagement de citoyens. Reportage

N’Djamena reprend peu à peu son rythme de vie. Il est 10h. La réouverture des boutiques, des marchés et bien d’autres activités des revenues génératrices reprend. Les rues sont bondées de monde. Les commerçants s’activent pour rendre propre leurs devantures et nettoient leurs produits pour les rendre plus attirants. Au marché de Dembé, à celui du marché à mile en passant par le marché central les constats sont les mêmes.

Moussa commerçant au marché de Dembé ne cache pas sa joie. Pour lui, le gouvernement est dans son rôle de protéger la vie de la population face à la pandémie. « On a fait 2 semaines à la maison c’est difficile, mais Dieu merci le gouvernement nous autorise à recouvrir nos boutiques ». Selon Moussa, c’est une perte économique en fermant les commerces, mais « la santé avant toute chose », dit-il.

Un groupe de commerçant au marché central accepte de parler, mais sous couvert de l’anonymat. Ils sont indignés. « Toutes ces décisions sont au profit du pouvoir. Nous ne méritons pas d’être enfermés pendant deux semaines pour rien », affirment-ils. Pour eux, ces mesures sont des manipulations gouvernementales.

Du côté des tenanciers des bars et alimentations, le constat semble le même.  Ngarmadji Jules propriétaire d’un bar de la place s’active avec ses proches collaborateurs à arranger les chaises et les tables. « Ouf! nous sommes soulagés de reprendre nos activités parce que c’était très difficile de joindre les deux bouts ». Nous avons compris les mesures du gouvernement. C’est normal puisqu’il y a la recrudescence de la maladie à coronavirus, et c’était trop inquiétant, souligne Ngarmadji. Pour lui, ce temps passé à la maison au chômage est difficile. Les tenanciers dépendent exclusivement de leurs établissements et alimentations, les fermés pour 2 semaines est un coup dur mais « nul n’est au déçu de la loi », ajoute-t-il.  

Tantine Romance, propriétaire d’une Alimentation, est satisfaite de la nouvelle autorisant les réouvertures des bars et restaurants. Pour Romance, cette décision, est une immense « Dieu merci le gouvernement est revenu sur ses décisions et cela nous soulage. On nous demande de faire la vente emportée on n’a pas le choix que de se plier à la décision », dit-elle. Pour la propriétaire, cette réouverture donne un nouveau souffle au secteur économique.

En terminant ses propos, Mme Romance est heureuse comme une petite fille de voir son la réouverture de son commerce. Dans l’euphorie, elle lâche, « je remercie les journalistes pour le travail abattu. Vous avez plaidé chaque jour notre sort auprès des autorités ».

Djilel-tong Djimrangué

Deux décrets signés par le président, Idriss Deby Itno, ce mercredi 13 janvier allègent les mesures contre la propagation du Coronavirus. Ils sont relatifs au couvre-feu et au confinement de la ville de N’Djamena.

Le premier décret porte sur la prorogation du couvre-feu. Celui-ci, instauré dans 10 provinces du pays, est prorogé pour une période de deux semaines. C’est « à compter du 13 janvier de 20h00 à 5h00 du matin ».

Dans le second décret, il s’agit de la prorogation du confinement de la ville de N’Djamena. Il apporte aussi quelques allègements aux mesures restrictives prises par le gouvernement. Toutefois, la ville de N’Djamena restera confinée « pour une période de 2 semaines renouvelable à compter du 14 janvier 2021 à partir de 00h00 », selon le décret.

Parmi les nouveautés dans ce décret, la réouverture des établissements scolaires et universitaires publics et privés. La grande prière de vendredi et le culte de dimanche sont aussi autorisés. Il est à noter également la réouverture des aéroports et des transports en commun urbains. Les étals, les commerces et les grands marchés sont également ouverts. La fréquentation des bars et restaurants est autorisée « avec vente à emporter ».

En ce qui concerne les modalités pratiques, certains endroits seront toujours fermés durant cette période. C’est le cas notamment des frontières terrestres de la ville, les lieux de culte, les boîtes de nuit, les transports en commun interurbains, les services publics et privés non essentiels, les processions funéraires et de réjouissance entre autres.

À savoir, les services autorisés ou ouverts, le sont « sous réserve du respect strict des mesures barrières et de la distanciation sociale ».  Chaque semaine, le Comité de gestion de crise sanitaire évaluera la situation en vue de proposer des mesures appropriées.

Le confinement de la ville de N’Djamena suit son cours. L’arrêt des transports interurbains et urbains est un coup dur pour cette industrie. Reportage.

Deux semaines. C’est le temps que dure le confinement de la ville de N’Djamena, capitale du Tchad depuis 31 décembre. Le gouvernement a décidé de mettre en raison de la recrudescence des cas de contamination à la maladie à coronavirus. Non seulement la ville est isolée, mais les mesures sanitaires sont renforcées. Parmi celles-ci l’arrêt du transport interurbain et urbain. Depuis lors, la ville de N’Djamena est paralysée. Et l’impact économique se fait sentir pour les populations, pour les chauffeurs et les propriétaires des minibus et taxis. 

Mercredi 13 janvier. A la station des taxis de Dembé, Mahamat Nasradine fait la maintenance de sa voiture, une vieille 504 Peugeot. Il est chauffeur de taxi. « J’exerce ce métier depuis 1979 », dit-il. Avec les mesures édictées par le gouvernement, il ne peut pas exercer son activité pleinement. Cela, depuis deux semaines, « C’est tout ce que nous faisons les matins depuis l’entrée en vigueur des mesures sanitaires », nous fait-il savoir. Après la maintenance, Mahamat Nasradine vient bavarder avec ses collègues devant le siège de leur syndicat. « Comme nous n’avons pas d’activité, nous passons la matinée en papotant entre collègues avant de nous disperser ». 

Selon lui, parmi tous les secteurs ciblés par les mesures sanitaires, le secteur le plus touché est celui du transport. « Nous les transporteurs, nous sommes les plus touchés par cette mesure gouvernementale, surtout nous de la commune de N’Djamena », estime-t-il.  « Vous le constatez par vous-même. Nous tournons et retournons nos pouces. Il n’y a rien à faire ». 

Pour les transporteurs urbains, la santé c’est bien, mais il faut aussi gagner sa vie. « Cette activité nous permet de vivre au jour le jour. Restez sans activité durant 2 semaines, c’est trop pénible », souligne un autre conducteur, rencontré à la gare du marché à mil, sous couvert d’anonymat. Pour le moment, il dit vivre de ses économies. Jusqu’à quand pourrez-vous tenir ? « Pas longtemps ».

Même son de cloche chez Nasradine pour qui le transport urbain est une chaîne. Il permet de nourrir au moins cinq familles. « Un bus ou un taxi alimente le propriétaire, le chauffeur, l’apprenti, le commis de charge, le mécanicien, le laveur », dit-il. Avec l’arrêt du transport, ce sont des milliers de familles qui peinent à se nourrir et le coup économique est important.

Conséquences énormes

Hamat Mahamat est contrôleur général du syndicat national des transporteurs urbains et interurbains du Tchad (SYNAT). Selon lui, ces mesures sanitaires, salutaires, font perdre gros à l’économie nationale. « Imaginez, pour la location d’un minibus, il faut 20 000 à 30 000F CFA par jour. Faites un petit calcul et vous vous rendrez compte ce que les propriétaires des minibus perdent durant cette période de confinement », explique-t-il. Les pertes ne se limitent pas aux transports. Le syndicat dit également payer un coup, « comme il n’y a pas d’activité, les chauffeurs ne versent pas les cotisations journalières pour le fonctionnement de notre sous-bureau », soutien Hamat Mahamat. Il y a aussi les chauffeurs qui subissent les contre coups du Covid-19. « Je faisais une recette de 40 à 60 000F par jour. En défalquant ce que je dois au propriétaire, à l’apprenti et pour le carburant, il me reste 15 à 25 000F. Et maintenant, rien depuis 2 semaines. C’est terrible », dit Nasradine.

Plaidoyer

Pour l’industrie du taxi, il faut un allègement des mesures pour permettre à ses membres d’exercer leur métier.  « On sait que c’est pour lutter contre la pandémie. C’est normal que l’État se soucie de la santé de la population, mais on peut alléger les mesures », dit Mahamat Nasradine. Le 14 janvier sera la fin du deuxième confinement de la ville de N’Djamena. Sera-t-il renouvelé ou pas ? Dans tous les cas, le secteur du transport implore la clémence du gouvernement.  « Le gouvernement doit alléger un tant soit peu les mesures en nous permettant de reprendre notre activité dans le respect des mesures barrière comme la dernière fois », affirme le contrôleur du SYNAT.

Christian Allahadjim
Djilel-tong Djimrangué

Entre mise en quarantaine des N’Djaménois et le confinement de la ville, la plateforme syndicale revendicative du Tchad (PSRT) lance une grève totale à partir de ce lundi, 11 janvier jusqu’à la satisfaction totale de ses revendications. Ialtchad Presse est allé rencontrer le porte-parole de la plateforme. Reportage. 

14h. École du Centre. Sous le gros arbre de la cour de cette école, des membres des syndicats sont assis. Ils discutent dans le respect des mesures barrières. On nous fait attendre quelques minutes. Ensuite, nous sommes reçus par Mahamat Nassaradine Moussa, Secrétaire général de la Confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST). Il est aussi porte-parole adjoint de la plateforme revendicative.

Notre première question. En cette période difficile de pandémie de la Covid-19, est-il opportun de lancer une grève ? Il racle sa gorge et lâche « Le Tchad est vaste. Il n’y a pas que N’Djamena, bien que ce soit la capitale. Cette grève est lancée après une année de promesse creuse et non-tenues du gouvernement ». Il indique qu’en janvier 2020, la plateforme a signé un protocole d’accord avec le gouvernement. Cela, suite aux douloureuses « 16 mesures » qui ont vu les indemnités des fonctionnaires coupées à 50% ainsi que le gel des leurs avantages de carrière. Malgré cet accord, dit-il, le gouvernement n’a rien fait. « Chaque 3 ans, les travailleurs devraient avoir un salaire supplémentaire à titre de frais de transport. Sur le protocole d’accord, la plateforme a suggéré au gouvernement d’échelonner le paiement si cela va peser sur le budget de l’État », explique le porte-parole. Lors du lancement du recensement biométrique, le ministre des Finances et du Budget a promis de payer les effets des avancements et les transports sur le fonds de covid-19. Même avant cette promesse, dit-il, le gouvernement a promis de payer les transports avant décembre 2020. « Arrivée en fin décembre, le gouvernement n’a pas respecté sa promesse. Il reste les transports de 2017 à 2020. En octobre dernier, promesse a encore été faite de payer les effets des avancements, reclassements et confirmations », note-t-il.

Pour lui, la plateforme syndicale revendicative regrette le non-respect des engagements de l’État. « Même s’il a des difficultés, ceux avec qui nous avons négocié peuvent nous appeler et nous les signifier. Nous pouvons nous entendre. Mais le gouvernement a payé le salaire de décembre sans respecter ses promesses de payer aussi les avantages. Cela n’est pas anormal », dit-il. Et pourtant, le 28 décembre 2020, la plateforme a adressé une correspondance au président du Haut comité, pour l’informer du non-respect de la promesse gouvernementale. La plateforme affirme qu’elle n’est pas responsable de tout ce qui adviendra, affirme M. Mahamat Nassaradine Mahamat pour qui le gouvernement fait la sourde oreille.  « C’est pourquoi le 9 janvier, nous avons convoqué une réunion élargie aux responsables des tous les syndicats membres de la plateforme. Nous avons posé le problème et la décision finale était de lancer une grève générale à partir de lundi, 11 janvier jusqu’à satisfaction totale », affirme le SG

Greve confondu au confinement ?

Retour sur la grève en période de pandémie. Le porte-parole adjoint de la plateforme persiste et estime que le Tchad ne s’arrête ni ne se résume à la seule ville de N’Djamena. « Le Tchad c’est 1 284 000km². Et d’autres villes, les autres provinces ne sont pas confinées, c’est la seule ville de N’Djamena qui est confinée. Même si certains services ne fonctionnent pas, il y a les services essentiels ici dans la capitale. A notre avis, ce confinement n’a aucun effet sur notre grève », a confié Mahamat Nassaradine Moussa. Il précise que ce n’est pas une grève sèche, mais une grève avec des services minimums dans les hôpitaux.  Cependant, insiste-t-il, la grève ne sera levée qu’à la satisfaction totale. Il a rappelé aussi que le gouvernement a exigé de vérifier les actes des carrières des agents avant toute prises en compte. « A l’heure où je vous parle, plus de 6 lots sont aux finances. Le 1er lot est arrivé depuis le 04 novembre 2020. S’il y avait réellement de la volonté gouvernementale, à cette date déjà, il doit y avoir au moins un début d’exécution », conclut le porte-parole.

Il faut rappeler que la plateforme syndicale regroupe quatre centrales syndicales à savoir, l’Union des Syndicats du Tchad (UST), la Confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST), le syndicat national des Enseignants et Chercheurs du supérieur (SYNECS), le Syndicat des Médecins du Tchad (SYMT).

Moyalbaye Nadjasna

Suite à votre allocution prononcée devant les jeunes de Baktchoro ayant suscité l’émoi et le désarroi d’une partie de la population que vous êtes censé représenter, accentuée par le Communiqué de presse du 03 janvier, je voudrais sortir du silence observé par certains cadres intellectuels du Mayo-Kebbi et de la Tandjilé, pour vous exprimer, sans arrière-pensées ni couleur politique (c’est-à-dire loin du débat MPS/UNDR), et surtout loin de citer vos propos, mes inquiétudes, mon étonnement et vous appeler à plus de persuasion et de justesse afin d’espérer encore vous compter parmi, non pas des hommes politiques, mais tout simplement, des leaders intellectuels de nos deux  régions, chantres de paix exemplaire pour tout le Tchad, notre pays.

Inquiétudes parce que la Tandjilé et surtout le Mayo-Kebbi sont constitués d’une population agropastorale vivant en quiétude depuis de nombreuses années, malgré les différends pouvant survenir entre les propriétaires des champs et ceux du bétail. Des conflits souvent réglés à l’amiable auprès des chefs de communautés (communément appelés chefs traditionnels), marginalement avec recours auprès de l’Administration publique, mais toujours sans vengeance privée. Cette quiétude est soutenue par de nombreuses alliances, amitiés, convivialités et habitudes tissées entre les couches sociales, de telle sorte :

  • qu’un agriculteur achète ou loue du bétail pour labourer son champ. Et qu’un éleveur se procure jusqu’aujourd’hui du foin de l’agriculteur pour nourrir ses bêtes en période sèche ;
  • qu’il n’y a pas ce qu’on appelle « le prix du sang » entre les communautés ;
  • et que les promotionnaires d’École, du Collège ou du Lycée gardent leurs souvenirs d’études et leur amitié même pendant leurs carrières professionnelles.

Étonnement parce qu’on comptait toujours sur des intellectuels de la région. Ils sont presque tous, en période de crise, déshabillés de leurs couleurs politiques, de leur appartenance communautaire, de tout parti pris, pour venir calmer les esprits échauffés. Ils raisonnent les protagonistes et préservent par cette approche la paix entre les populations. Des habitants déjà imbriqués et entremêlés par leur mode de vie et leurs vécus quotidiens.

Mais vous avez fait, il me semble, le contraire lors de votre descente dans la zone de conflit.

Plus de persuasion et de justesse parce qu’il n’est jamais trop tard de rattraper ses lapsus et ses erreurs. Et même si erreur il y a, cela ne constitue-t-il pas une édification de l’esprit et des idées pour l’avenir ?

La population des éleveurs des deux régions n’attend pas de vous une réparation sous forme de dommages et intérêts, mais juste un pardon en bon fils du terroir, parent tant des moundang, des peuls, des moussey, des lélés, des massas et autres, et je pense qu’elle le mérite bien, parce que :

  • le terroir est à présent répulsif au discours politicien en quête d’électorat et attentif aux actes concrets et positifs de ses fils.
  • le terroir est un arbre sur lequel plusieurs oiseaux que nous sommes voleront au-dessus, finiront par nous y poser pour trouver du repos et du réconfort, et finiront par disparaître pour laisser place à d’autres de ses fils.
  • le terroir mérite bien qu’on le respecte, le sanctifie et l’honore même pendant les pires des évènements.

Et le nôtre en est un exemple pour le Tchad. Il a montré, hier comme aujourd’hui, qu’il est un havre de paix pour tout le pays. Il est resté en paix même pendant les guerres fratricides qu’il a connues. Et il entend bien le rester dans l’avenir. Jetez, M. Kebzabo, votre orgueil au fleuve Logone. Votre demande de pardon sera un engrais pour la paix. La paix éternelle dans les deux régions.

Mahamoud BOUBAKARY
Ex-TPG et Cadre du Mayo-Kebbi-Est

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