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Le député Saleh Kebzabo est visé par une action publique. Le ministère de la Justice lui reproche des délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique. 

La note date du 28 décembre. Elle émane du Garde des Sceaux, ministre de la Justice M. Djimet Arabi. Dans cette correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale M. Haroun Kabadi, le Garde des Sceaux a exprimé son souhait de voir le député Saleh Kebzabo répondre de ses actes devant la Justice. Autrement, il demande de lever l’immunité parlementaire de M. Kebzabo.

Selon la note du ministère, il est reproché au député Saleh Kebzabo des propos incendiaires constitutifs des délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique. Faits prévus et punis par les articles 181 à 183 du Code pénal tchadien, indique le ministère. Le document précise que les faits reprochés à l’élu de Léré remontent au 22 décembre lors de son déplacement au sud du pays, précisément dans la région du Mayo-Kebbi Est.

La procédure

Le député Saleh Kebzabo bénéficie actuellement de l’immunité parlementaire. Et selon l’article 109.1 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il ne peut être ni poursuivi ni arrêté en matière criminelle ou correctionnelle sans l’aval du parlement ; sauf cas de flagrant délit.

La demande du ministère de la Justice est sur la table du président de l’Assemblée nationale. Il ne reste que la composition d’une commission ad hoc de 21 membres. Les conclusions de cette commission présentées sous forme de proposition de Résolution doit recueillir la majorité des deux tiers (2/3) des membres de l’Assemblée pour son adoption. Si la commission conclut à un rejet de la demande, celui est considéré comme adopté, dit le point 8 de l’article 110.

Il n’y a pas un délai pour que l’Assemblée donne suite. Toutefois, le règlement intérieur indique que si la demande est intervenue en pleine session, la question sera débattue en plénière. Au cas contraire, donc hors session, ce n’est que le Bureau de l’Assemblée qui se prononce. Actuellement les députés sont en session. Ils seront en vacances le 5 janvier 2021. La question sera-t-elle débattue en plénière ou à huis clos ?

Enfin, les membres de l’Association Tabital Pulaaku Tchad qui regroupe les Peuls tchadiens disent être indignés par les propos du député Kebzabo qui vise leur communauté et au-delà tous les Hommes épris de paix. Selon eux, les propos proférés ne sont rien d’autre que de l’incitation à la haine envers les Peuls, une communauté déjà stigmatisée. Et dont les membres dans la zone en question sont en majorité des pasteurs (éleveurs). « Nous organiserons une conférence de presse très bientôt pour répondre à M. Saleh Kebzabo. Et nous examinons les possibilités d’intenter des poursuites judiciaires », dit le président de Tabital Pulaaku M. Ousmanou Ahmadou Bakary très remonté contre celui que les Peuls considèrent comme un de leur, rajoute-il.

Christian Allahdjim

Le président Idriss Deby Itno a inauguré le nouveau siège de l’Office national des médias audiovisuels (ONAMA), ce mardi 29 décembre. Un nouveau siège pour un nouveau départ.

L’Office national des médias audiovisuels (ONAMA) dispose désormais d’un nouveau siège. Le Président Idriss Deby Itno a inauguré le nouveau bâtiment.

C’est un joyau architectural constitué de sous-sol, de rez-de-chaussée et de 12 étages, étendu sur une superficie de 14000 m ² et d’une hauteur de 70 m. Il a 4 ascenseurs dont l’un est panoramique. Le bâtiment contient, la Direction générale, une Comptabilité, une salle technique centrale, de serveur, de maintenance, la régie, une salle de nouvelles, salle de conférence télévisée, des salles de réunions, un restaurant pour le personnel etc. Dénommé l’immeuble de la renaissance, l’édifice a été construit par le Groupe Al-Manna. Les travaux ont duré 6 ans.

Pour Cherif Mahamat Zène, ministre de la Communication, le 21e siècle exige un outil de communication adapté au contexte. Selon lui, cette infrastructure ultramoderne est un motif de fierté nationale. C’est une référence en matière de modernisation des médias du service public, dit-il. Pour lui, ce bâtiment est un défi majeur pour les journalistes et les techniciens de l’ONAMA. « Avec ces équipements de qualité, l’ONAMA doit rester plus près des attentes du public. L’heure est à l’amélioration et la diversification du contenu des programmes »

Le ministre a attiré l’attention du personnel de l’ONAMA sur le fait que l’espace médiatique est soumis à une rude concurrence des réseaux sociaux. Il appelle le personnel à la rigueur dans le travail et à une bonne gestion des ressources humaines, matérielles et financières. « ONAMA doit être un lieu de référence pour la culture de l’excellence, de mérite et surtout de travail bien fait. Il ne s’agit pas d’un vœu, mais d’un impératif pour atteindre des objectifs. Il faut aussi le changement de mentalités du personnel à tous les niveaux », a martelé le ministre Cherif Mahamat Zène.

Pas le droit de décevoir

Le président Idriss Deby Itno a affirmé que les journalistes de l’ONAMA ne doivent pas décevoir les Tchadiens. Le nouveau siège a tout ce qu’il faut comme nouveaux équipements. Il a exhorté le personnel à travailler fort pour amener les Tchadiens à suivre le quotidien du pays. « Il faut promouvoir la culture de non-violence, le vivre-ensemble et l’unité nationale et surtout être jaloux de la souveraineté nationale », indique-t-il. Le Président demande aux journalistes d’aller chercher l’information, la vraie.

Moyalbaye Nadjasna

La musique et elle sont nées ensemble. Mais c’est en 2011, qu’elle se lance vraiment. Son plus grand projet est d’exporter la musique tchadienne. Entrevue avec Sandra Topona. Entrevue.

Comment vous présenter ?

Simplement Sandra Topona, artiste musicienne, auteure-compositrice et comédienne.

Votre nom d’artiste ?

J’ai préféré garder mon nom parce que je l’aime bien. Plus le nom de famille. Donc Sandra Topona me vaut amplement. Je suis comme ça. C’est plus vrai, plus authentique. J’aime aussi être différente.

Comment êtes-vous arrivée à la musique ?

La musique est un art qui est en moi. Je l’ai juste fait grandir. J’ai choisi ce métier parce que je me sens bien dans le domaine de la création. La musique et moi, nous sommes nées ensemble.

Comment ont été vos débuts ?

J’ai fait mes débuts en 2011. Bien avant j’étais dans le monde artistique en global. J’ai commencé en 2009 par le cinéma. En 2010, je suis allée au Bénin pour les études et c’est là-bas que j’ai fait mes premiers pas dans la musique. De façon professionnelle, c’est en 2011 que j’ai enregistré mon premier single.

Quel genre de musique faites-vous ?

De la musique world, urbaine. Je suis dans la nouvelle forte tendance, l’afro bit. C’est dansant dans une ambiance agréablement festive.

Quel est l’actif musical de Sandra ?

Je n’ai pas fait de la musique à plein temps. J’étais à cheval entre les études et la musique. C’est en 2017 lorsque j’ai fini avec mes études universitaires que j’ai commencé à travailler sur mon premier album Halali qui est paru le 23 octobre 2020.

Pourquoi le titre Halali ?

Halali, en arabe local tchadien veut dire ce qui m’appartient, ma sueur. J’ai titré cet album Halali parce que j’ai mis mes tripes, mon talent, mon courage, mes ambitions, ma volonté d’avancer dans ce monde. Bref, un sacrifice.

Est-ce que Sandra Topona vit de son art ?

L’artiste tchadien ne vit pas malheureusement à 100% de son art. Parce qu’on est encore très loin de la réalité du show-biz. Donc je ne vis vraiment pas de mon art.

Quels sont vos projets ?

D’abord, faire la promotion de mon album qui vient de sortir. Ensuite, j’ai envie de conquérir l’international si la pandémie du Covid-19 est contenue. Donc, exporter la musique tchadienne.

La vie après le micro ?

Je suis au chômage (rire). J’ai deux diplômes : une licence en communication et marketing et une Maîtrise en management des projets. Je suis à la recherche d’emploi.

Un mot pour le public

J’appelle le public tchadien à découvrir les artistes locaux et les soutenir lors des productions. Et moi particulièrement j’ai vraiment besoin de ce soutien puisque j’ai énormément travaillé sur ce projet. L’autre message que j’ai, porte sur les violences faites aux femmes. Il va falloir attirer l’attention des gens et du pouvoir public pour que ce phénomène cesse.

Propos recueillis par Christian Allahadjim

Il était le numéro 2 de la Convention de défense des droits de l’Homme au Tchad, la CTDDH. Aujourd’hui, il en est le numéro 1. Qui est Dr Albissaty Saleh Allazam, le nouveau patron de la CTDDH ? Portrait de celui qui se décrit comme un « révolutionnaire ».

Il est disponible à l’heure prévue, 9h. L’air bavard et hospitalier, M. Albissaty Saleh Allazam nous installe à la véranda de sa villa sise au quartier … dans le 2e arrondissement de N’Djamena. Il nous sert du thé que nous avons accepté volontiers. Nous migrons au salon. L’entretien peut commencer. Dans une courtoisie élégante et un parler direct, Dr Albissaty Saleh Allazam s’adresse à nous.

Mais le nouveau secrétaire général de la Convention tchadienne de défense des droits de l’Homme (CTDDH) se lâche dès l’entame. « Je ne suis pas vraiment à l’aise lorsqu’on me demande de parler de ma modeste personne », lâche-t-il. Pour lui, parler de soi revient à se faire de la publicité. « Mais je ne suis pas à la recherche d’une popularité quelconque », fait-il savoir. Joue-t-il au faux modeste tout en parlant de lui ? Il semble faire le « en même temps ».

Né dans le Batha en 1963, Dr Albissaty Saleh Allazam est un médecin-épidémiologiste de formation. Il a occupé plusieurs postes dans le milieu de la santé et de l’éducation du Tchad. Fils de Saleh Allazam, un chef de tribu, Dr Albissaty a une attitude de « révolutionnaire » qui a raté sa révolution ou un « révolutionnaire » en attente d’une révolution qui tarde à venir. Son engagement dans la lutte contre l’injustice, dit-il, a commencé depuis son jeune âge. « La lutte contre l’injustice, c’est dans le sang. Je la tiens de mon père », affirme-t-il.  Selon ses explications, son père Saleh Allazam, était contre les colons. « Il a libéré des prisonniers des mains des Blancs. C’était de l’audace », s’exclame-t-il. Cette histoire l’a inspiré.

Dénoncer l’injustice et défendre les faibles sont ses principes. Il se rappelle de s’être fait casser le nez par un condisciple alors qu’il défendait un autre. Ou encore du soutien qu’il a apporté au MPS quand celui-ci a renversé le régime dictatorial d’Hissein Habré. « J’étais le premier à applaudir le président Deby Itno. Mais dès qu’il a commencé par changer, je me suis retiré et j’ai commencé à condamner les mauvais actes que son régime pose », affirme-t-il.  Ses critiques vis-à-vis du régime l’ont amené à rallier dans les années 2004 différents groupes rebelles.

Désigné secrétaire général exécutif de la CTDDH lors de l’Assemblée Générale extraordinaire tenue le 4 décembre à N’Djamena, M. Albissaty était le numéro 2, secrétaire général adjoint. Ses détracteurs disent que c’est M. Mahamat Nour Ibedou qui l’a désigné comme SGA. Et le voilà qui poignarde son mentor à la CTDDH.  Lui, soutient le contraire, « la CTDDH, je l’ai portée sur mes épaules depuis 2012 », dit-il.

Le nouveau patron de la CTDDH reconnaît hériter d’une organisation divisée. « J’ai hérité des problèmes », fait-il observer. Toutefois, estime-t-il, sa priorité sera de redonner confiance aux militants, de réunir ceux qui peuvent travailler avec les autres. Mais aussi de redorer l’image de la CTDDH. Comment ? « C’est de faire de la CTDDH soit une vraie organisation de défense des Droits de l’Homme, loin de la politique », dit-il. Et cela rien que par la rigueur dans le travail. « Je suis rigoureux dans ce que je fais. Et en même temps protecteur », déclare l’ex-maquisard.

Premier chantier, il veut changer le style CTDDH imprimer par M. Ibedou. Il ne veut pas se limiter à condamner les violations des droits de l’Homme commises par les agents de l’État, mais applaudir le gouvernement s’il venait à prendre un acte patriotique, soutient M. Albissaty. « Nous ne sommes pas des opposants. Donc je ne vois pas le mal d’encourager le gouvernement dans certaines initiatives et le recadrer en cas de dérapage », souligne-t-il.

Dr Albissaty dit comprendre l’immensité de la tâche qui l’attend. Il se dit prêt à l’accomplir avec toutes les pressions qui viennent avec cet emploi. « La pression, il en aura. Mais nous n’allons pas céder », rassure-t-il. Pour lui, il faut condamner les violations des droits de l’homme à tous les niveaux. « Ce n’est pas seulement les agents de l’État qui violent les droits de l’Homme. Il y a des individus qui font pire que l’État. Il faut les condamner tous », martèle Dr Albissaty qui conclut « vous me verrez à l’œuvre. » 

Christian Allahadjim

Pour juguler le délestage quasi quotidien au Tchad, Youssouf Ali Mbodou crée la start-up dénommée Kouran Djabo qui signifie l’électricité est revenue. Reportage.

Son bureau n’a pas d’électricité ce 16 décembre en début d’après-midi. Il y a délestage. Porte et fenêtres sont ouvertes pour illuminer la pièce grâce aux rayons solaires. Youssouf est assis autour de la table avec trois membres de son équipe. « Vous n’avez pas d’électricité à ce que je vois ? », lui ai-je lancé. Il me répond, « tu connais le pays », d’un air rigolo. 

Situé au quartier Diguel dans le 4e arrondissement de la ville N’Djamena, Kouran Djabo est une entreprise sociale fondée en 2017 par Youssouf Ali Mbodou. Il ambitionne rendre l’énergie solaire accessible aux ménages à faible revenu à travers un paiement échelonné. Mais Kouran Djabo en arabe local tchadien qui signifie « l’électricité est de retour » veut être une solution aux délestages quasi quotidiens subis par les ménages au Tchad. 

L’idée de créer cette start-up est venue, selon le promoteur Youssouf Ali Mbodou, du fait des délestages et du difficile accès à l’électricité de ménages tchadiens. « Quand j’étais petit, j’utilisais la lampe tempête pour réviser. Plusieurs années après je me rends compte que l’accès à l’électricité demeure encore un problème pour les ménages », dit le fondateur.

Bientôt 4 ans que Kouran Ddjabo contribue à illuminer les ménages grâce à ses dispositifs d’éclairage constitué de kit solaire individuel. Le kit est composé de trois lampes, dont deux fixes.

Si l’acquéreur choisit de payer comptant, c’est 50 000 FCFA. Si au contraire, le client opte pour un paiement échelonné, il paie 60 000 FCFA. Cependant, le promoteur de Kouran Djabo préfère le paiement échelonné. Car, dit-il, en cash beaucoup de ménages ne seront pas à mesure d’acquérir le kit. « Mais avec le système de paiement échelonné sur six mois, tout le monde de pouvoir acheter le kit », mentionne M. Youssouf. 

Le paiement initial se fait à 10 000F pour une durée de 30 jours. Après cela, l’utilisateur peut payer selon ses possibilités : 2 500 FCFA pour une semaine, 5 000 FCFA pour deux semaines. Après 6 mois, le kit revient à l’utilisateur. Tout cela avec des conditions. « Si le client ne verse pas la redevance mensuelle jusqu’à 2 mois sans justification, nous retirons le kit ».

Bien que le système fonctionne avec de l’énergie solaire, le promoteur de Kouran Djabo a pris la précaution d’installer un dispositif de sécurité dans le kit. La technique est simple, chaque fois que le client ne paie pas à terme échu, le dispositif ne fonctionne pas. C’est exactement comme le système prépayé de la Société nationale d’électricité (SNE) où quand l’utilisateur épuise son crédit, il n’a pas d’électricité. « Ce dispositif est notre seule garantie pour obliger nos clients à verser régulièrement ce qu’ils nous doivent ».

Éviter que les clients ne soient insolvables, notre solution est financièrement inclusive. Il faut faire un paiement échelonné.

Cela fait 3 ans. La première année, c’était la phase pilote avec plus de 100 kits. Cette stratégie nous a permis de nous adapter en nous au marché et au besoin des ménages. Notre objectif global est de contribuer aux objectifs de développement durable (ODD).

Le problème d’accès à l’énergie est un dossier sérieux. Au Tchad, le taux d’accès aux énergies renouvelables avoisine 6% alors que la moyenne africaine est plus élevée. En même temps, l’Afrique centrale est la sous-région la moins électrifiée de l’Afrique. Il y a 125 000 000 de personnes qui vivent sans électricité.

La demande d’énergie au Tchad est de 10% par an. Il faut donc trouver des solutions alternatives. Il faut se tourner vers les énergies renouvelables qui contribuent à l’amélioration des conditions de vie.

« Aujourd’hui il faut dire que nous sommes très sollicités. On est actuellement dans 7 villes du Tchad », fait savoir Youssouf Ali Mbodou. Mais l’ambition, il ne faudra pas s’arrêter là. « L’idée c’est de couvrir l’ensemble du territoire tchadien. C’est énorme ». Selon l’équipe de l’entreprise, les demandes viennent d’un peu partout jusqu’aux frontières camerounaises et centrafricaines, des endroits, très difficiles à atteindre. « On va travailler pour y arriver et on mettra le paquet qu’il faut. L’idée n’est pas aussi de rester seulement dans les grandes villes, mais de desservir les villages ».

Youssouf Ali Mbodou attend de l’État la création des conditions favorables aux entreprises Verts par exemple la baisse de la fiscalité pour attirer les investisseurs au pays. Ce qui est positif est la prise de conscience au niveau de l’État qui a défiscalisé les taxes sur les matériaux des énergies renouvelables et la mise à disposition d’un fonds pour l’entrepreneuriat des jeunes.

« Notre vision à long terme est de donner l’électricité dans toute la sous-région Afrique centrale. Avec le solaire, on va beaucoup innover. Pas seulement dans l’électricité, mais aussi dans d’autres secteurs. »

Christian Allahdjim

Le recyclage des objets, et surtout des bouteilles, est devenu une activité lucrative pour des jeunes démunis. Et cela n’est pas sans risque. Reportage.

Un métier comme tant d'autres. Le recyclage des objets est devenu un métier qui se pratique un peu partout au Tchad. A N’Djamena, la capitale tchadienne, certains jeunes ont fait leur gagne-pain en dépit des risques liés à la santé.

Âge moyen 17 ans, ces jeunes fouillent chaque jour les poubelles publiques, les bars, les marchés, les décharges illégales à la recherche des bouteilles. Un grand sac au dos et un panier à la main, ces jeunes fouineurs des poubelles sont en majorité des enfants appelés communément « les enfants de rue ».

Cédric est un de ces enfants. Il sillonne la ville depuis son jeune âge. « J'ai quitté la famille très tôt. Pour subvenir à mes besoins, je suis obligé de faire une activité et j'ai choisi celle de recyclage des bouteilles », explique-t-il.  Dès 5h, Cédric commence à fouiller. Pour avoir plus des bouteilles, « je sors très tôt pour faire le tour. Comme nous sommes nombreux à fouiller les poubelles, je me donne plus de chance en étant parmi les premiers à être sur place ».

Sur les dépotoirs publics, ils ramassent toutes sortes de bouteilles. En plastique ou en verre. Mahamat est comme Cédric, recycleur. « Je ne fais pas la distinction. Je ramasse tout ce que je trouve », fait-il savoir. C’est une fois, au lavage que le tri se fait. Les bouteilles déformées sont reformées grâce à la pompe à air pour leur redonner leur forme d’antan.

Après la collecte, c’est l’étape de lavage. Certains se rendent au fleuve, d'autres préfèrent se retrouver dans un coin de la ville. « Une fois que mon sac est plein, je me rends au fleuve pour laver mes bouteilles. Là-bas je ne paie pas l'eau. J'ai juste besoin du savon détergent », affirme-t-il.

Les clients sont exigeants, d'après Mahamat. Il faut prendre son temps pour bien laver. Les bouteilles sont vendues aux marchés, aux petits restaurants, dans les boutiques. Ces bouteilles ont une nouvelle vie. Elles sont réutilisées comme contenant d'huile, d'eau fraîche, les jus, les yaourts. « Quand j’ai fini mon lavage, je les vends. J’ai mes clients. Certains achètent en gros pour pouvoir revendre, d'autres prennent juste pour leurs besoins », dit Ali.

Madame Fatimé exerce ce commerce depuis bien de temps. Elle est grossiste, « je suis grossiste depuis longtemps. Je prends en gros et je revends à mon tour ». Elle affirme ne pas faire une marge bénéficiaire énorme, mais raisonnable.

Solange, vendeuse d'eau et jus d'oseille, « j’achète chaque jour les bouteilles. Chez mon fournisseur. Un enfant de la rue. Le prix est acceptable. 2 petites bouteilles à 25 FCFA, mais au marché, c’est cher. Une bouteille à 25 FCFA », relève-t-elle. Pour être sûre de la propreté, madame Solange dit qu'elle relave avec de l'eau tiède plus du détergent avant de les réutiliser.

Récupérer après l'usage est une bonne action. Cela évite la pollution de l'air et protéger l'environnement, mais la pratique de lavage après avoir collecté laisse à désirer.

Pour Oueye Noël, étudiant en 6e année de Médecine et stagiaire à l’hôpital général de référence nationale, cette pratique comporte assez de risques sanitaires. Car ces bouteilles ramassées dans des endroits très sales (caniveaux, ordures...) et non désinfectés pourraient contenir des microbes qui peuvent occasionner des maladies. Pour des raisons de santé publique, M. Oueye Noel, conseille à ces jeunes de laver ces bouteilles avec un détergent et les désinfecter avec l'eau de javel avant de les revendre.

Oueye Noël demande aux recycleurs de ramasser des bouteilles dans des endroits salubres (magasins, boutiques...) ou à l'occasion des cérémonies. Et de bien les laver et les désinfecter pour éviter aux consommateurs d’éventuelles maladies.

Il est également important que la population soit éduquée pour ne pas jeter les bouteilles partout, car jetées dans la nature, ces bouteilles polluent l'environnement, explique-t-il.

Orthom L’Or

Le 25 décembre de chaque année, les chrétiens du monde entier et ceux du Tchad commémorent la nativité de Jésus-Christ, Seigneur et sauveur de l’humanité selon la Bible. Quelle est l’origine de cette fête ? Que représente-t-elle pour les chrétiens ? Reportage.

La Noël se prépare activement dans les Églises et Paroisses de N’Djamena, capitale du Tchad. Dans la paroisse de Chagoua, une crèche de l’Enfant Jésus a été fabriquée. L’objectif est d’illustrer aux fidèles chrétiens de cette paroisse dans quelles conditions Jésus Christ est né. Et comment les mages sont venus l’adorer.

Pour le Pasteur Dogos Victor, Coordinateur Département Éthique, Paix et Justice de l’Entente des Églises Missionnaires et Évangéliques au Tchad (EEMET), la Noël a une origine païenne. Elle signifie la fin de l’année et le moment de la réjouissance. Dans l’empire Romaine, indique-t-il, avant l’arrivée du judaïsme, le christianisme et puis l’islam, beaucoup des peuples étaient de polythéistes. Selon lui, dans l’Empire Romain, il y avait qu’on appelait le « dieu soleil ». L’empereur Théodore a imposé le dieu soleil et tout l’empire doit l’adorer. Présents à cette fête, les chrétiens à cette époque ont décidé de donner un autre contenu. Christ est lumière, lorsque Siméon dans Luc chapitre 2, était avancée en âge et que l’Enfant Jésus était amené au temple pour la circoncision au 8e jour. Il prend l’enfant et dit : « Seigneur tu laisses ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole, car les yeux ont vu ton salut. Salut préparé devant tout ton peuple, lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël à son peuple ». Le Pasteur Dogos Victor, déclare que le Christ est venu comme une lumière pour éclairer les nations. Il a dit lui-même, explique-t-il, « je suis la lumière du monde celui qui me suis ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière pour la vie ». 

Pour Coordinateur Département Éthique, Paix et Justice EEMET, « même si la date du 25 décembre n’est pas la date précise de la naissance du Christ, cette fête doit commémorer la venue du Christ pour le Salut et la délivrance.»

Dans la Sainte Bible au chapitre 4 de Luc, versets 18 et 19, déclare, « l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer la délivrance aux captifs et laisser libre les opprimés ».  Alors, relève Pasteur Dogos Victor que, Noel n’est plus une fête païenne célébrée en l’honneur du dieu soleil dans l’Empire Romaine mais une lumière venue de Dieu. C’est vrai même si l’origine n’est pas biblique, mais les chrétiens lui ont donné un sens. « Ce n’est pas un moment de jouissance faisant du tort aux familles par excès d’alcool, mais il faut plutôt le regard vers Dieu, manifester la joie, rétablir la paix du Christ là où il y a les difficultés, se détourner du mal et venir plutôt vers Dieu », conseille-t-il aux chrétiens. Pour lui, les gens étaient inquiets pour le réveillon, mais il faut remercier les plus hautes autorités qui ont repoussé jusqu’à 1h 00 le couvre-feu. Ce qui permet aux chrétiens de commémorer cette naissance du Christ.

Seul Dieu a le dernier mot

Cette année, le message de la Noël de la Conférence Episcopale du Tchad (CET) est accès sur trois points. Selon l’Abbé Xavier Omer Kouldjim, le Secrétaire général, « Dieu marche avec son peuple, le peuple tchadien marche-t-il avec son dieu et marchons ensemble vers une nouvelle espérance au Tchad.» Pour lui, il faut se tourner vers Dieu, source de la vie, afin de mieux apprécier cette année qui s’achève. Et de confier à Dieu la nouvelle année qui commencera bientôt. « La venue du Fils de Dieu que nous célébrons à Noël nous procure cette joie de la proximité de Dieu avec toutes les nations et entretient en nous l’espérance des temps nouveaux. »

Pour le SG du CET, la foi que Christ et ses disciples nous ont transmise exige de nous la fidélité. Mais surtout, poursuit-il, elle constitue pour nous une obligation de faire fructifier le message de la Bonne Nouvelle. « Frères et sœurs, quelle que soit notre religion, Dieu nous appelle tous à devenir un peuple qui marche en sa présence et à être gardiens et intendants de notre nation, serviteurs de la vérité, de la Justice et de la paix », dit-il. Pour les autorités ecclésiastiques catholiques, seul Dieu a le dernier mot pour toutes les situations humaines. Cette conviction de foi, disent-elles, se caractérise aussi par des initiatives de solidarité entre croyants face à la pandémie. « Que la venue de Jésus, Prince de la paix, procure à chacune et chacun de vous la paix qui vient de Dieu », pour la cohésion sociale.

Moyalbaye Nadjasna

Une fête émousse beaucoup d’envies. Habits neufs, plats spéciaux, boissons, mais aussi et surtout la beauté. Ialtchad Presse continue à vous faire vivre les préparatifs. Cette fois chez les coiffeuses et les tailleurs. Reportage.

Moursal, un des quartiers les plus mouvementés de N’Djamena, la capitale. Le froid semble s’installer dans la cité et l’habillement des N’Djamenois commencent à changer.

Sur l’avenue Marie Thérèse Mbaïlemdana, un salon de coiffure mixte est ouvert. Il n’y a pas encore de bousculade pour le moment. Des jeunes dames se font tresser. Elles se font belles pour la circonstance. Cinq coiffeuses et coiffeurs sont aux manettes. Une cliente se fait tresser. Une autre apporte des mèches pour le redressage. Et encore une autre exige une coiffure spéciale pour une cérémonie de mariage. L’ambiance est à la fête, les esprits aussi.

Moïse Sabo est coiffeur dans ce salon. Il coiffe homme et femme. Il a 17 ans de métier derrière le casque. Il est très apprécié de ses clients pour son talent et son ingéniosité. D’après lui, la fréquence de la clientèle est normale, en cette période de réjouissances. Toutefois il suppose qu’à la veille la demande sera plus grande. « Pour le moment, nous ne sommes pas encore débordés. Peut-être dans les jours à venir », dit-il.   Selon lui, le prix des coiffures varie selon les modèles. Le temps de fêtes n’influence pas ses prix de tresses, ils sont invariables. 

Si dans les salons, le tempérament est normal, les couturiers communément appelés « tailleurs », sont, eux bousculés par les attentes des clients.

Ahmat est assis dans son atelier de couture au quartier Ardepdjoumal semble débordé par le travail. Partout dans son atelier, les commandes non cousues ou à moitié cousues sont entassées pêle-mêle. « Il y a beaucoup de commandes. Je dois les finir avant le 25 décembre », dit-il, l’air soucieux.  Depuis le début de du mois de décembre, Ahmat est harcelé par la clientèle.  « Depuis le début du mois, je croule sous les commandes. Il y en a pour les cérémonies de mariage, de dot, de Noël, etc. À 3 jours de la fête, je reçois toujours les pagnes et les clients n’arrêtent pas », explique le couturier.

À côté de son atelier, il y a celui d’Ali. Il est spécialisé dans la couture des tissus bazins. Il vit le même problème. Son placard est rempli à pleine capacité. Pour finir dans le délai, Ali est obligé de travailler du matin jusqu'à l'heure du couvre-feu. « Je viens à 8h pour rentrer à 20h30. Je fais comme ça pour évacuer les commandes, mais ça ne fait qu'augmenter », se plaint-il. Pour faire le maximum avant le 25 décembre selon Ali, à partir de ce 23 décembre, il va commencer à veiller dans son atelier. « Les clients continuent d'apporter les tissus malgré mon refus ils insistent pour finir par faire des palabres », regrette-t-il. 

L’impatience des clients


Dans l'atelier d’Ahmat, les clients haussent le ton. Certains se chamaillent avec le couturier. Et profèrent des injures. Koutou Rosine, une cliente. « J’ai apporté des tissus de mes enfants depuis le 3 décembre pour éviter les problèmes d’être en retard. Malheureusement, jusque présent les habits ne sont restés pas cousus. Pourtant j'ai déjà payé », dit-elle, frustrée.

Julia Allarassem est l'une des clientes d’Ali. Elle aussi rumine sa colère. « Cette année, j'ai décidé de faire plaisir à mes filles. J'ai apporté les tissus depuis le 6 décembre. Il m'a demandé de passer une semaine après pour récupérer, mais depuis deux jours, je ne fais que défiler dans son atelier ». Elle rajoute, « je regrette, si je savais, j'allais acheter les habits prêts-à-porter ».

D’autres ateliers ne sont pas pris d’assaut par les clients. À Moursal, chez le couturier Dieudonné, son atelier est vide. « Cette année, je n'ai pas beaucoup de clients et ceux qui me sollicitent me demandent de coudre à crédit », soutient-il. D'après Dieudonné, les clients se plaignent de la situation socio-économique.

Orthom L’Or
Kadidja Mahamat Tahir
Moyalbaye Nadjasna

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