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Musicien, encadreur des jeunes musiciens et acteur, Maestro Diégo de son vrai nom Mustapha Ngaradé est un des dinosaures de la scène artistique tchadienne avec déjà deux décennies de carrière. C’est aussi un artiste engage pour la cause de la démocratie et le développement dans son pays. Rappelons qu’il a été décoré chevalier de l’ordre du mérite civique du Tchad par le chef de l’État. Diégo a été aussi désigné en 2009 par Festafrica Magazine pour ses 20 ans de carrière, c’est ialtchadement que ce brillant et toujours joyeux génie de la musique tchadienne sous parle de lui, de sa carrière et de la musique tchadienne. Découvrez-le dans cette entrevue à cœur ouvert.

Ialtchad Presse : Qui est Maestro Diégo ?
Maestro Diégo : Je suis artiste et formateur des jeunes artistes. La musique est mon essence, la transmettre aux artistes est tout ce que j’aime faire et c’est à quoi je me suis donné pendant 20 ans.

Ialtchad Presse : Hier membre du groupe Tibesti, aujourd’hui en solo, parlez-nous de votre parcours ?
Maestro Diégo : Eh oui, je suis toujours membre du groupe Tibesti. Le groupe est une grande partie de moi, c’est tout mon parcours. Avec Tibesti j’ai eu à monter sur scène un peu partout dans le monde : beaucoup des pays en Afrique, en France, en Roumanie, etc. Je suis aussi en solo pour soutenir des projets personnels notamment pour financier mon centre d’apprentissage et de création musical en abrégé (CACM).

Ialtchad Presse : Vous faites de la musique pour quel public ? Vos inspirations ?
Maestro Diégo : Je fais un genre musical universel. Un genre qui marque le temps et l’espace. Pour mes inspirations, je suis d’accord que la terre ne manque pas d’inspiration mais je trouve chez le bon Dieu.

Ialtchad Presse : Après autant d’années d’expérience, quelle est votre discographie ?
Maestro Diégo : Alhamdoulil-lahi. Gloire à Dieu. J’ai fait 3 albums en solo et 3 avec Tibesti dont 1 compilation Afrique Centrale.

Ialtchad Presse : Qu’est-ce qu’être musicien au Tchad ?
Maestro Diégo : C’est désastreux d’être musicien au Tchad. Deux pour résumer la situation : souffrance et humiliation.

Ialtchad Presse : Votre coup de gueule alors…
Maestro Diégo : Que ceux qui ont le devoir et la responsabilité de changer la situation de changer les choses agissent. Que s’arrête cette insouciance vis à vis de l’art et de la culture dans notre pays. Une idée, qu’on commence à nommer à la tête de ces ministères des homes et des femmes imprégnés de ses arts.

Ialtchad Presse : À quand le prochain Album ?
Maestro Diégo : Pour bientôt, j’attends que les partenaires et sponsors me dissent oui. Le travail de studio est fini. C’est un album en double avec 20 titres qui marquera mes 20 ans de carrière. Le volume 1 intitulé Kaar (soleil) en langue Ngambaye comporte 10 titres. Le volume 2, intitulé Sa-ï-dou Awine (aidez les femmes) en langue arabe tchadien a 10 titres. Le lancement official est prévu en juin si tout va bien.

Ialtchad Presse : D’autres projets ?
Maestro Diégo : Après l’album à paraître, je me consacrerai à la réalisation de mon centre d’apprentissage musical.

Ialtchad Presse : Ialtchad Presse pour vous ?
Maestro Diégo : Avec Ialtchad Presse, il y a de quoi croire en la jeunesse tchadienne. J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui font des choses pour leur pays. Big Up.

Fatimé Mahamat

Issakha Digadimbaye alis Mandargué est un de nos grands comédiens. C’est avec singularité qu’il aborde des questions aussi importante comme celles de l’homosexualité, du nord-sud, de l’abus de pouvoir etc. L’artiste est captivant et chaleureux. Il parle de sa carrière et des difficultés de son métier. Découverte.

Ialtchad Presse : Si on veut vous faire connaître à nos lecteurs, que leur direz-vous ?
Mandargué :
Je m’appelle Issakha Digadimbaye alis Mandargué. Je suis comédien membre fondateur et dirigeant durant 13 ans de la troupe théâtrale Hassan Djamouss. Depuis 2 ans, je suis président de la compagnie artistique “Mandagué”. Ma troupe théâtrale est composée de 2 actrices et 6 acteurs. Je suis marié et père de 3 enfants.

Ialtchad Presse : Comment êtes-vous arrive au théâtre ?
Mandargué : C’est Presque par hasard que je me suis retrouvé dans le mode artistique. Cependant, il ne manque pas des artistes dans la famille. En 1987, mon grand frère qui était alors directeur artistique du théâtre Sagaie du Peuple présente une pièce et il manquait un enfant. Il m’a sollicité. Après présentation de la pièce, il m’a avoué sa satisfaction. Ainsi ont commencé mes premiers pas dans le théâtre.

Ialtchad Presse : Tes importantes réalisations ?
Mandargué : Chamarakha bachtana, Unité (Germaine et Mahamat), Iyal théâtre, Député Mandargué, Cercle des autorités etc.

Ialtchad Presse : Et si je veux devenir artiste au Tchad ?
Mandargué : Sans vouloir décourager quiconque, il faut s’attendre à un long chemin de croix. Et pour savoir combine c’est difficile dans ce pays, il faut vivre 1 jour seulement dans la peau d’un artiste. Pas des infrastructures nécessaires et avoir accès aux quelques rares infrastructures relève d’un labyrinthe de procédure et surtout des moyens démesurés. Le pire, c’est le manque de considération. On doit notre salut qu’en comptant sur soi-même.

Ialtchad Presse : Y a-t-il des astuces pour devenir un grand comédien comme vous ?
Mandargué : Pas vraiment, sauf quelques conseils. Aimer son travail, cohabiter avec l’indifférence de nos dirigeants, accepter les critiques d’où qu’elles viennent et surtout s’armer de persévérance.

Ialtchad Presse : Avez-vous un message à passer pour vos fans ?
Mandargué : De toutes mes luttes, la force et mon espoir ont été mes fans. Ils sont aussi en quelque sorte mes sources d’inspirations et ma croyance envers eux est inébranlable. Je leur dis merci pour leur soutien moral et intellectuel, je leur dois une reconnaissance infinie.

Ialtchad Presse : Pour finir mandargué ?
Mandargué : Je ne peux achever cet entretien sans concéder que ce Magazine est une opportunité pour bien des gens. Vous êtes un portail pour la culture, la jeunesse et pour bien d’autres activité socioculturelles. Je vous souhaite longue vie.

Entretien réalisé Fatimé Mahamat

Rencontre avec Totala Madjidji Laure, styliste modéliste tchadienne, créatrice de la marque TM L’OR. La talentueuse styliste est diplômée de l’école des arts et de la mode de Lomé (Togo) puis elle s’est forgée pendant 3 longues années chez Alphadi au Niger. Dans ce numéro TM L’OR nous parle d’elle, de son parcours et de sa mode pour le plaisir des lecteurs de Ialtchad Presse.

Ialtchad Presse : Qui est TM L’OR ?
TM l’OR : TM L’OR est Tatola Madjidji Laure. Je suis styliste modéliste de nationalité tchadienne, fille du Général de division Ngartokéte Tatola de la chefferie traditionnelle de Moissala (région de Mandoul Tchad).

Ialtchad Presse : Qu’est-ce qu’être styliste modéliste ?
TM l’OR : Être styliste-modéliste c’est l’art de créer un modèle disons un style, l’adopter. Autrement dit, s’imposer par sa façon de faire à un monde, ou captiver les gens par ce qu’on fait.

Ialtchad Presse : D’où vous est venue cette passion pour la mode et la création ?
TM l’OR :
J’ai toujours été passionnée par la mode et je dessinais mes modèles selon mes gouts puis mes tailleurs me les confectionnaient. Ma famille, plus particulièrement mon oncle Tatola Robert m’a beaucoup encourage et j’ai décidé de me donner pour réussir. C’est ainsi que j’ai entamé des études de stylistes-modéliste à l’école des arts et de la mode de Lomé au Togo de 1996 à 1998. Ensuite, de 1999 à 2002 chez Alpha à Niamey au Niger.

Ialtchad Presse : Quels sont les caractéristiques de votre style et vos inspirations ?

TM l’OR : Je m’inspire du passé. J’imagine comment nos grands-parents s’habillaient, de la culture africaine en générale mixée à la culture occidentale et orientale. Mon combat c’est de ramener l’Afrique à reconsidérer son identité. Ma dernière collection est uniquement pagne africain taillé dans le modèle de tenue de soirée portée dans des événements comme cocktail, Gala, diner etc.

Ialtchad Presse : Quelles sont les matières avec lesquelles vous aimez travailler ?
TM l’OR : J’aime travailler avec les tissus africains du genre pagnes tissés décorés de perles, de cauris, de calebasse ou de coquillage. J’ai choisi ces tissus parce qu’ils sont en coton et s’adaptent parfaitement à notre climat chaud. Une autre raison, le coton est la culture la plus pratiquée en Afrique autant le valorisé.

Ialtchad Presse : Vous souhaitez faire progresser quelle image de la femme tchadienne ?
TM l’OR : Mon souhait le plus ardant c’est de faire progresser l’image de la femme. Faire émerger une image de femme responsable, émancipée, indépendante financièrement et battante. Une image qui porte la paix et propose des solutions aux problèmes. Aujourd’hui la femme tchadienne se bat sur tous les plans comme c’est le cas de Jacqueline Moudeïna, Mme Lise Loum, Mme Kaltouma Nadjina etc.

Ialtchad Presse : Le pays vous offre-t-il d’opportunités ?
TM l’OR : Oui le Tchad est un pays vierge. Il y a beaucoup de choses à exploiter. Ce que je déplore ce que le tchadien est resté toujours paresseux. Il n’aime pas travailler et aimer ester consommateur. Cette inconscience m’a marqué. C’est nécessaire de le dire ainsi, d’en parler parce qu’on ne peut pas progresser dans la paresse.

Ialtchad Presse : Quel est votre clientèle ?
TM l’OR : Ma clientèle varie entre 28 à 60 ans. Elle est composée de la classe moyenne et des femmes ordinaires. Et même de la 1ère dame.

Ialtchad Presse : Où peut-on trouver vos produits ?
TM l’OR : Dans ma boutique au quartier Moursal à domicile là où est mon atelier. Précisément chez le Général Ngartokété Tatola. A deux rues du rondpoint centenaire. Aux numéros suivants : 66 27 88 03 ou 99 22 42 47 ou 252 54 12. Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Ce sont le même contact pour passer des commandes.

Ialtchad Presse : Ialtchad Presse ça vous parle ?
TM l’OR :
J’apprécie Ialtchad Presse que je viens découvrir il y a pas longtemps. Bon travail surtout dans le fait de faire la promotion des tchadiens. Je suis impressionné par votre longévité. 10 ans sans faillir. Chose très rare. Mes félicitations et longue vie. Le nom à lui seul est émouvant. Dans ma langue ça se traduit par “ligan Tchad” C’est très profond. Encore une fois longue vie.

Par Yasmine Kaman

Le Ministre des relations extérieures, Monsieur Ahmad Allam-mi, n’est pas un vrai Tchadien. Il ne doit en conséquence pas jouir des privilèges qui doivent être réservés aux seuls vrais Tchadiens. C’est en substance ce qui ressort des affirmations publiquement assumées du Ministre plénipotentiaire hors classe, Hassan Abakaka Mayo, lorsqu’il écrit sans détours que : « Si le Tchad n’est pas plongé dans le désordre politique actuel, ‘‘des personnes n’ayant pas d’attache sérieuse’’ (…) ne seront pas à la tête de notre diplomatie ». Autrement dit, pour occuper un poste prestigieux de responsabilité politique, il est impératif d’avoir ses racines paternelle et maternelle au Tchad. Avoir un seul parent ayant des racines au Tchad ne serait pas suffisant pour se revendiquer Tchadien. Surtout, être né d’un parent Blanc est une situation qui devrait définitivement restreindre vos chances de prétendre occuper des fonctions politiques au Tchad.

Dans l’absolue, il peut paraître surprenant qu’à notre époque de métissage, entre Noirs et Noires de différents pays, entre Blancs et Noirs ou encore entre toutes les races…, il puisse exister des individus pour tenir de tels propos. Il est encore plus surprenant que de tels propos soient tenus par une personne qui se revendique intellectuel, docteur, très haut fonctionnaire, diplomate de carrière ayant sillonné le monde et côtoyé diverses cultures.

Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, il est regrettable de constater que les propos de Monsieur Abakaka Mayo trouvent un appui dans la Constitution tchadienne qui classe expressément les Tchadiens en plusieurs catégories pour l’élection à la magistrature suprême. Notre Constitution (art.62) indique clairement que pour prétendre aux fonctions de Président de la République, il faut impérativement « être Tchadien de naissance né de père et de mère, eux-mêmes Tchadiens d’origine… ». Aussi, ni la nationalité que l’on peut acquérir jus soli ou jus sanguini, ni la naturalisation que l’on acquière en en faisant la demande, ne suffisent-elles à octroyer les mêmes droits à l’éligibilité qu’aux « vrais » Tchadiens, c’est-à-dire ceux qui sont nés de père et de mère Tchadiens « d’origine ». Cette disposition ne s’est pas retrouvée fortuitement dans la Constitution tchadienne. Elle a été défendue unguibis et rostro à la Conférence Nationale Souveraine (1993) par des individus qui pensent et réfléchissent exactement comme Abakaka Mayo. Elle a surtout été effectivement appliquée pour écarter la candidature d’Abderamane Khoulamallah lors de l’élection présidentielle de 1996. Les membres de la CENI ne se sont pas gênés de lui rappeler que sa mère était Soudanaise. La circonstance que sa mère ait passé toute sa vie au Tchad et que son père ait été plusieurs fois ministre et même Premier Ministre du 12 au 24 mars 1959, n’a pas suffi à faire de lui un « vrai » Tchadien.

Certains me rétorqueront sans doute qu’il est normal qu’il y ait des distinctions entre citoyens pour les fonctions du Président de la République. Notre Directeur de la Publication m’a fait la remarque suivante : « dans tous les pays, il existe des conditions pour être Président ». Cette remarque serait exacte si et seulement si elle n’insinue pas que la condition « d’origine tchadienne » posée par notre Constitution est une condition objective. Il est incontestable que pour occuper la plus haute fonction de l’Etat, il faut au moins établir ses attaches avec le pays qu’on prétend diriger. Cette condition est à mon sens valable pour toutes les fonctions politiques, quelles qu’elles soient. Par exemple, la Constitution exige des candidats à la présidence qu’ils aient au moins 35 ans qu’ils n’aient pas une double nationalité. Je suis entièrement d’accord avec cette dernière exigence. L’on ne peut pas être naturalisé Français ou Canadien et ensuite venir prétendre diriger le Tchad. Déjà dans le domaine du sport en général et du football international en particulier, un joueur ayant participé à une compétence internationale sous les couleurs d’un pays ne peut plus faire partie de l’équipe nationale d’un autre pays. A fortiori, diriger un pays doit exclure la double nationalité.

Ce qui est totalement absurde, c’est d’exiger, pour les fonctions présidentielles, une filiation doublement originelle avec son propre pays. Si cette condition subjective est appliquée dans les démocraties occidentales, ni Sarkozy (25% Français) ni Obama (12,5% Américain) ne pourrait prétendre exercer des fonctions politiques dans leurs pays respectifs. Surtout si comme le prétend Abakaka Mayo, il faut avoir une double filiation paternelle et maternelle avant d’occuper des postes politiques dans un pays donné, l’acteur américain Schwarzenegger n’aurait pas été élu Gouverneur de l’Etat de Californie. À moins de modifier la Constitution pour en abroger la disposition sur la double racine tchadienne, gageons que les membres de la CENI ne se gêneront pas de contester éventuellement la qualité de « vrai » Tchadien de : mon ami Ahmat Yacoub d’Alwihda et de ses enfants, du ministre Adoum Younousmi et de ses enfants, du juge Ahmed Bartchiret et de ses enfants, de Moukhtar Wawa Dahab et de ses enfants, de Kogri Issa et de ses enfants, des enfants d’Hissein Habré de mère sénégalaise, des enfants d’Idriss Déby nés de Wazouna. Bref, de tout Tchadien ou descendants de Tchadiens n’ayant pas une double racine au Tchad. Et en ces temps de test ADN, il serait difficile de cacher sa double filiation étrangère et tchadienne.

Mais être Tchadien, est-ce seulement être né de père et de mère Tchadiens d’origine ? Beaucoup de nos compatriotes sont Tchadiens sans avoir une double racine au Tchad. Ils doivent néanmoins jouir des mêmes droits que tous les Tchadiens de « souche » à l’éligibilité à la plus haute fonction de l’Etat. Et puis, si l’on devait continuer à raisonner en termes d’origine, je voudrais que l’on me dise à partir de quelle époque faut-il situer l’origine du Tchad. À partir du 25 février 1885 ou seulement depuis le 11 août 1960 ? Et pourquoi pas avant ou après ces deux dates ? Dans une récente « mise au point » adressée à un certain Kossadingar, qui aurait voulu lui contester son appartenance à la nation tchadienne, le Ministre des relations extérieures, Monsieur Allam-mi, s’est-il senti obligé de préciser qu’il est « le fruit d’un métissage de Gorane, d’Arabe et de Français ». Il précise ensuite avoir vu le jour à Faya où naquirent d’ailleurs sa mère ainsi que ses grands-parents. Il dit aussi avoir fait l’essentiel de ses études primaires et secondaires au Tchad où il a obtenu son bac avant de partir en France pour y poursuivre ses études supérieures qu’il a achevées au Cameroun grâce à une bourse tchadienne. Enfin, il aurait intégré le Ministère des relations extérieures où il a effectué toute sa carrière professionnelle conformément à sa formation universitaire. Il dit parler la langue française et le dialecte gorane. L’on suppose aussi qu’il parle parfaitement l’arabe véhiculaire tchadien.

Précisions utiles sans doute pour donner des indications sur sa filiation métisse, mais précision manifestement superflues pour revendiquer ses attaches avec le Tchad. Ahmad Allam-mi est Tchadien de notoriété publique. Il représente le Tchad sur le plan international et ne revendique aucune autre nationalité que sa nationalité tchadienne. Monsieur Abakaka Mayo me semble être un dangereux Lepéniste (idéologie de Jean-Marie Le Pen, politique français raciste et xénophobe). Il le revendique d’ailleurs au travers de cette affirmation : « Le Tchad a besoin d’un homme d’expérience certes, mais ayant une identité crédible et conforme aux réalités nationales pour conduire sa politique étrangère ». Réveillez-vous Monsieur Mayo Abakaka. Vous vivez aux USA et on est au 21ème siècle. On ne choisit pas ses parents on ne choisit pas non plus son pays de naissance. Si vous-même vous avez « réussi » à garder vos prétendues attaches originelles avec le Tchad, rien ne vous détermine à croire que cette situation sera maintenue par vos descendants. Et j’espère que si par hasard un de vos petits-enfants ait eu une filiation à moitié étrangère, vous ne lui fermerez pas les portes de la fonction publique. Je l’espère vraiment.

Lyadish AHMED

Tout a été déjà dit sur le régime politico-militaire au pouvoir au Tchad. On n’y a retenu absolument rien de positif. Un régime politique initialement révolutionnaire devenu autoritaire, puis clanique et enfin autocratique. Un régime totalitaire, réfractaire à toute réforme politique. Un régime entretenu et soutenu par une poignée de personnes à moralité douteuse, rompues dans l’art de la prostitution politique, corrompues jusqu’à la moelle. Un régime politique vénal, qui des projets de développements n’en maîtrise que les affreuses techniques de détournements de fonds publics. Un régime qui clochardise ses hauts fonctionnaires, pratique le népotisme sans discernement, rétribue généreusement les repris de justice et responsabilise publiquement les ripoux. Un régime politique qui ne connaît ni autorité judiciaire ni pouvoir législatif. Un régime politique qui, pour le maintien au pouvoir d’un lobby mafieux contesté, n’hésite pas à se servir des jeunes vies innocentes comme rempart. Un régime politique taillé aux dimensions d’un homme qui du pouvoir et de la gestion de la cité a une conception singulièrement néfaste.

Vous doutez certainement de ce que je sois incapable de dresser une typologie exhaustive des tares du régime politico-militaire au pouvoir à N’Djamena. Rassurez-vous, il ne s’agit plus seulement de stigmatiser et d’attendre un hypothétique changement de comportement de la part du chef de l’Etat et de ses adjudants. Sachez-le, Idriss Déby ne changera pas, sinon en pire. Ses adjudants l’encouragent à rester comme il est, quitte à voir périr tous les Tchadiens dans les combats fratricides. Chaque jour qui passe, des innocents meurent dans des guerres sciemment orchestrées pour permettre à certains parvenus de piller les maigres richesses du pays. Paradoxe d’un régime politique complètement avili, certains ministres et hauts fonctionnaires sont immensément riches alors que l’Etat est incapable de faire soigner au pays ses soldats blessés aux combats. Pour ne prendre que cet exemple, malgré les milliers de milliards de recettes pétrolières de ces dernières années, il n’y a pas encore un véritable hôpital au Tchad où l’on peut soigner de simples blessures physiques. Et il n’y en aura pas aussi longtemps que les Tchadiens se laisseront abuser par des discours effrayants sur la rébellion et les prévisions des Cassandres sur l’après-Déby.

Non ! Sérieusement, il n’est pas besoin d’être devin pour dire qu’à l’avenir personne ne fera pire que ce que font aujourd’hui Idriss Déby et ses faucons. Lui cherche absolument à conserver son pouvoir. Pour cela, il n’hésite pas à s’approprier l’argent du pays pour acheter des armes sophistiquées quitte à les faire manipuler par d’innocents enfants. Conséquemment, ses faucons trouvent dans la guerre un moyen de transvaser le contenu des caisses de l’Etat vers leurs caisses personnelles illicitement constituées. Ils s’enrichissent du sang des Tchadiens. Font tout pour décourager les initiatives de paix et de réconciliation parce que celles-ci menacent leurs intérêts. Le Tchad est devenu une véritable vache à lait pour cette poignée d’individus aussi vils que méchants. Refuser de voir cette réalité, c’est donner quitus aux aigrefins qui se moquent éperdument de la situation sociale de notre pays.

Á mon sens, si l’on souhaite que le Tchad rompe définitivement avec l’injustice et renoue avec la légalité, il est désormais plus que jamais urgent de se débarrasser aussi vite que possible de ce régime gangrené. Nous devons dépasser nos préjugés, surtout ceux qui nous ont été subtilement distillés par des individus ayant manifestement intérêt à ce que perdure le désordre dans notre pays. Tout comme on nous a toujours dit que le pouvoir ne doit plus repartir dans le « Sud des Kouffars », on nous dit aujourd’hui que les Erdimi ont suffisamment pillé le pays et qu’il importe de les empêcher de chercher à renverser Déby afin de conserver le pouvoir au sein de la communauté zaghawa. On nous fait également croire qu’il faudra empêcher Mahamat Nouri de combattre le régime parce que sinon les Goranes reviendront au pouvoir. Mais jusqu’à preuve du contraire, personne n’est capable de dire exactement ce que les Sara (terme générique), les Goranes ou encore les Zaghawa ont fait de particulièrement atroce aux Tchadiens. Surtout, ces manipulateurs ne sont pas capables de nous dire exactement ce que le régime de Déby (dont ils profitent personnellement) à apporter de positif aux populations tchadiennes.

Il est important d’être conscient du fait que ni les Sara ni les Goranes, moins encore les Zaghawa n’ont exclusivement contrôlé le pouvoir qu’un des membres de leur communauté a eu à exercer. La manipulation qui consiste à indexer une communauté en particulier afin de se disculper alors même que l’on a soi-même activement participé aux forfaitures d’un pouvoir vénal et répressif n’est plus acceptable. Ceux qui gravitent tout autour du pouvoir d’Idriss Déby ne sont pas tous des Zaghawa. Mais ils profitent de la propension des Tchadiens à raisonner ethniquement pour minorer leur part de responsabilité dans la gestion chaotique du pouvoir. Aussi, afin que demain ceux qui gravitent aujourd’hui autour du chef de l’Etat ne cherchent-ils pas à faire endosser leurs propres responsabilités par les seuls Zaghawa sous prétexte que Déby était un Zaghawa au pouvoir, il est plus qu’urgent de réorienter désormais nos critiques. La manipulation des faucons ne doit plus passer !

Lyadish Ahmed

Trois Nordistes sur quatre pensent que les Sudistes sont plus aptes à assainir les finances publiques, à moraliser les institutions, à reconstruire le Tchad, à former les futures élites du pays, à soigner les malades, à participer au rayonnement de notre pays sur la scène internationale à travers les activités culturelles, artistiques et sportives, etc. La même proportion doute en revanche de la capacité des Sudistes à reprendre la gestion politique et socio-économique de notre pays. Le quart restant des Nordistes refuse d’entrer dans les considérations géographiques et croit que ni la bêtise ni le génie ne peuvent être le fait ou l’œuvre des seuls Sudistes ou des seuls Nordistes. Cette petite statistique ne repose sur aucune étude scientifique. Elle est établie sur la base de simples idées reçues constatées au travers des discussions entre compatriotes sur le devenir de notre pays. Elle témoigne néanmoins de notre véritable état d’esprit de Nordistes.

Dans nos diverses discussions informelles entre Nordistes, l’intelligentsia tchadienne est au Sud. L’essentiel des personnalités tchadiennes célèbres l’est aussi. Pour constater cette réalité, il suffit de ne pas simuler la cécité. Les Sudistes sont partout nombreux, dans les administrations publiques, la police, l’armée, la gendarmerie, à la Justice, dans les hôpitaux, les écoles, à l’Université, à la télé, à la radio, dans les banques, les travaux publics, les plates-formes pétrolières, dans les Institutions internationales, etc. Tout ou presque repose encore aujourd’hui sur leurs épaules. Aucune institution, aucune administration ne peut efficacement fonctionner sans leur participation active. Les moins connus d’entre eux nous ont notamment formés de la maternelle à l’Université. Les plus illustres s’appellent NDoram Japhet, Kaltouma Nadjina, Nimrod, Masdongar, Nocky Djédanoum, et même MC Solaar. Certains sourient certainement de l’étendue limitée de cette liste. Encore faudrait-il sourire de la rareté d’illustres personnalités issues du Nord du pays. À moins peut-être de prendre un décret en Conseil de Ministres pour attribuer valeur de « célébrité » afin de rééquilibrer la répartition des personnalités en fonction d’appartenance géographique comme il est maintenant d’usage dans  l’administration civile et militaire de notre pays, il me  semble évident qu’en la matière le Nord est largement déficitaire. Le cinéaste Mahamat Saleh Yacoub ne peut combler à lui seul le fossé.

En regard de cette formidable certitude largement partagée par les Nordistes, une autre certitude, assez négative celle-là, n’est pas moins largement partagée : les Sudistes ont la couardise dans la peau. L’appellation « Laoukoura » qu’ils se sont donnée eux-mêmes en guise d’autodérision ne contient-elle pas une part de vérité ? Laoukoura signifie « un Sudiste qui exécute le travail d’un responsable Nordiste intellectuellement incapable ». Plus généralement, tous les Sudistes sont des Laoukoura. En conséquence, tous les Nordistes sont des incapables. Même si cette vision des choses est un peu excessive, la proportion des responsables Nordistes intellectuellement incapables dans l’administration suffit à asseoir la réalité des Laoukoura. Malgré l’importance de leur formation, les Sudistes demeurent donc de simples exécutants. Cette situation paradoxale où ceux qui ont plus de diplômes sont confinés à des tâches subalternes et ceux moins ou pas du tout instruits occupent les postes les plus prestigieux est une particularité tchadienne.

Pourtant, tout porte à croire que les Sudistes se complaisent dans ce rôle de Laoukoura. Voilà ce qu’on peut relever dans les discussions entre Nordistes : « Les Sudistes ne dénoncent jamais les insuffisances, même les plus criantes, de leurs responsables hiérarchiques, acceptent toutes les humiliations, se montrent condescendants et n’hésitent pas à se trahir mutuellement pour plaire à leurs supérieurs Nordistes ». En somme, des compatriotes sans personnalité, sans caractère et surtout sans courage.  Si la peur de mourir sous les balles d’un forcené nommé Préfet ou sous-préfet par népotisme explique, pour certains, le manque de courage des compatriotes sudistes, il est amusant de noter que pour les fanatiques ignorants, « l’appartenance à une des ethnies du Sud soumet de fait aux Nordistes par la volonté de Dieu des musulmans ». Des explications d’ordre pratique ne sont pas du reste. Il est des compatriotes qui croient dur comme fer que les Sudistes n’ont aucun sens de responsabilité et peuvent se montrer parfois indignes des postes auxquels ils sont affectés.

Avec un ami cher de ce nom, on s’était posé la question de savoir « pourquoi les Sudistes ne sont-ils jamais associés aux différentes négociations politiques avec les politico-militaires ? ». Une réponse assez hasardeuse conduirait à voir dans cette mise à l’écart, le manque d’implication directe des Sudistes dans les conflits entre Nordistes. Elle est bien hasardeuse puisque les discussions politiques du Gouvernement avec les rebelles intéressent les Tchadiens dans leur ensemble sans distinction basée sur l’appartenance géographique. Aussi, en principe, seule l’aptitude à la négociation sans considération ethnique est-elle à privilégier. Une autre réponse fondée sur des idées reçues incite à voir dans cette mise à l’écart ni plus ni moins qu’un manque de considération pour nos compatriotes Sudistes.

En effet, il est peu douteux que les politico-militaires refuseraient de se mettre autour d’une table de négociation avec un certain Nagoum Yamassoum ou encore avec Houdeingar David. On ne discute pas avec des Laoukoura. D’ailleurs, au temps où il était encore en rébellion avec le FUC, Laouna Gong Raoul, actuellement ministre dans le Gouvernement de Kassiré, m’avait assuré s’être fait traiter d’ « assujetti », lors d’une rencontre au Soudan, par un des responsables politico-militaires aujourd’hui en négociation à Tripoli. De même, nos compatriotes militaires sudistes sont rarement envoyés sur les terrains des combats malgré leur aptitude reconnue par les différents grades obtenus. S’ils y sont envoyés c’est, sinon pour servir de chair à canon, du moins pour « préparer le thé et servir à manger aux vaillants combattants » entend-t-on dire souvent dans les discussions.

Certes, il y a une part d’imagination dans ces idées reçues (pléonasme). Néanmoins, nos compatriotes du Sud semblent ne rien faire pour corriger cette image erronée ou simplement pour se faire respecter.  Partageraient-ils la même approche sur leur propre condition que les Nordistes ? Si tel est le cas, l’affirmation selon laquelle « il n’y aura jamais plus un Sudiste au pouvoir au Tchad » sera une réalité. Ce sera alors bien dommage pour notre pays.

Lyadish Ahmed 

Idriss Deby était-il sincère quand il s’adressait aux tchadiens le 8 mars dernier à propos du Code de la Famille ? Que cache cet engagement en faveur d’un texte tout à fait contraire aux désirs de la bande de bouffons qui l’entoure ?
N’Djamena, 5 avril 2005, 19 heures 30, dans une petite mosquée de l’un des quartiers reculés de la ville. L’imam prend la parole après la prière, il prêche l’honnêteté et la rigueur dans nos actes de tous les jours. En même temps, il dénonce les dérives et la corruption sans cesse croissante dont font preuve nos dirigeants. Son discours sur la “honte” semble plaire au public qui lui accorde toute son attention et lui manifeste son approbation par de vigoureux hochements de têtes. Le discours de cet imam était particulièrement anticonformiste ce soir-là. La subversion de ses propos apporte réconfort et espoir dans le cœur de ces hommes durs, travailleurs, honnêtes citoyens qui n’ont pour seule ressources que la force de leurs bras, et pour seul espoir Dieu. Fatigués   par une rude journée de travail, et aussi de vexations / humiliations de toutes sortes, ils buvaient comme de l’eau bénite les paroles de cet homme qui apportaient un peu d’espoir dans leurs cœurs désormais indécis, dans leur quotidien précaire. J’écoutais aussi, séduit par la force du discours de cet imam qui me semblait hors du commun, et qui semble montrer une très grande maîtrise des sujets qu’il aborde.

Puis directement, sans aucune transition, l’imam évoque le code de la famille. Voici exactement ses paroles : « ce code de la famille, nous ne l’accepterons jamais. Ce code qui légalise le mariage entre hommes, ce code qui encourage la prostitution de nos filles, ce code qui nous enlève le droit d’éduquer nos enfants et nous interdit de les envoyer a l’école coranique, nous devrons le rejeter et le combattre par tous les moyens». Puis il passe, très rapidement, sur un autre sujet, totalement différent. Mais la petite intervention sur le code de la famille a frappé juste. A la fin du prêche tout le monde s’interrogeait sur ce fameux code et s’engageait à ne jamais accepter qu’il devienne effectif.

Regardons cet engagement présidentiel de plus près. Il me semble que le discours de Idriss Deby le 8 mars passé est la première brique de sa stratégie globale de réélection. En prenant ouvertement parti pour le code de la famille, le président Idriss Deby savait pertinemment qu’il jouait à la provocation avec l’Union des Cadres Musulmans du Tchad (UCMT). Mieux, sachant que le fameux projet de code de la famille n’a jamais été clairement vulgarisé ni expliqué, il s’attendait pertinemment à provoquer, en guise de réaction, une contre-action de désinformation que conduira l’UCMT. Ceux-ci, comme tout mouvement se réclamant d’obédience religieuse, disposent en effet de redoutables réseaux de communications qui peuvent au besoin servir de canaux d’intoxication. Les mosquées, les places mortuaires, les baptêmes, les prêches publics, les prières du Vendredi, n’importe quel regroupement de deux ou plus de musulmans devient un lieu de description et de re-explication du code de la famille. Le gouvernement, ni aucune autre organisation nationale ou de la Société Civile au Tchad ne dispose d’autant de réseau, ni d’autant d’efficacité.

En très peu de temps le code de la famille aura été expliqué selon les vœux et suivant les grilles de l’union des cadres musulmans. En très peu de temps aussi, un mouvement anti-code de la famille d’une grande ampleur verra le jour dans la partie septentrionale du pays. En homme politique avisé et rusé Idriss Deby voudra alors se montrer à l’écoute de ses compatriotes et de leurs préoccupations. Pour une fois !
Mais le re-positionnement à venir de Idriss Deby en faveur d’une ré-discussion du projet du Code de la famille entraînera un lever immédiat de boucliers de la part des partis d’opposition et des associations de la société civile. En période de campagne électorale, rien ne sera alors plus facile pour Idriss Deby de se positionner auprès de nos compatriotes musulmans comme étant le seul en mesure de se soucier de leurs préoccupations spirituelles et morales. Et l’argument massue sera son nouveau projet de code, en remplacement de l’ancien.  Le divorce entre les Tchadiens de confession musulmane et les partis d’opposition sera alors définitivement consommé à ce moment. Les partis seront en effet présentés comme anti-islamiques, contre les populations et les sociétés nordistes. Le sauveur des musulmans sera Idriss Deby, qui sera présenté comme le seul candidat capable de faire face aux objectifs inavoués des partis kirdi : insulter l’islam, précariser les nordistes, les marginaliser pour finalement leur imposer une manière de voir, une façon d’être et de vivre contraire à l’islam. Diviser pour mieux gagner. Les amalgames sur la religion auront encore une fois de plus servie à faire le deuil de nos aspirations puisque, Idriss Deby, j’en suis sûr, sera alors réélu sans coup férir, même sans aucune fraude.

Amine Idriss Adoum 

Dans quelques deux mois se dérouleront les prochaines élections présidentielles tchadiennes. Et comme à l'accoutumée, tous les acteurs sont en train de se réveiller, l'un après l'autre, pour faire entendre leurs voix ensommeillées et profondément en des-écho avec le quotidien. Bien que nous y soyons déjà habitues, cela ne manque pas de nous irriter. Plus personne n'est surpris, sauf bien entendu les quelques rares personnes qui viennent de se forger une espèce de conscience politique.

Ce qui est surprenant dans le discours des soi-disant acteurs et observateurs (étranges personnages qui disent agir pour nous à distance depuis les fenêtres de leurs appartements parisiens ou new-yorkais – ça frise la sorcellerie comme auraient dit mes amis camerounais), c'est la récurrence des idées, des concepts et des postures. Des phrases vieillottes, des postures entièrement inadaptées, des stratégies désuètes. A croire que les hommes politiques, les associations et les observateurs de la vie de notre pays vivent hors du temps.

Massalbaye Ténébaye et Delphine Kemneloum se réveillent et nous resservent une veille idée de pacte pour la paix ! La CPCDC (désolé je ne connais pas le sigle exact de ce groupuscule de personnes dispersées entre Paris et Washington et qui ne semblent être connus que des lecteurs de ialtchad) se cramponnent à des stratégies que l'Actus de Fidel Moungar à l'époque a testé sans succès. Beaucoup d'étudiants, longtemps endormis, se réveillent subitement et se rendant compte de leur situation de « perdus dans les vastes étendues américano-canadiennes ou sur les bords de la Seine », reviennent nous servir des analyses académico-intellectuelles sensées éclairer notre compréhension de la politique de notre pays. Certains encore, se demandant comment se faire connaître, vont jusqu'à vouloir jouer au révisionniste (mais sans la classe et le talent qui fait d'un révisionniste quelqu'un de dangereux - d'où je recommanderai simplement aux familles et aux associations des victimes de Habré de ne pas se laisser impressionner par monsieur Assilec Halata ; il n'a ni la carrure ni l'intelligence d'une personne capable de déformer la vérité) certainement en vue d'un positionnement politique prochain. Bref, que de litanies et de discours ennuyeux et qui sont devenus à la longue énervants.

À part les articles de Ahmed Lyadish et de Enoch Djondang que je trouve osé en ces temps difficiles, la plupart des commentateurs restent décevants. La plupart des positions sur les futures élections ne sont ni opératoires ni spectaculaires. Quand Delphine Kemneloum coordonnatrice du Comité pour la Paix au Tchad déclare qu'aller aux élections maintenant empirerait la situation, je me dis que l'adresse postale de cette dame doit être Jupiter ou Pluton. La situation ne va pas empirer. Elle n'a jamais été aussi pire. Et ce n'est pas le fait d'aller aux élections qui la rendrait encore plus dramatique. Massalbaye Tenebaye, président de la LTDH, Delphine Kemneloum, Soubiane, la CDPDC et l'ensemble des poltrons politiques et associatifs qui les peuplent doivent arrêter de vouloir partager avec nous de cette façon grossière leurs peurs du quotidien, leurs fantasmes aussi. Nous avons nos propres peurs et nous les assumons déjà avec beaucoup de difficultés. À N'Djaména, et dans n'importe quelle petite ville du Tchad, personne n'a osé applaudir quand la banque mondiale a décidé de suspendre ses crédits. Qui oserait d'ailleurs ricaner devant la fermeture de la seule boutique encore capable de faire des prêts dans un quartier ? Sauf bien sur ces quelques personnes que je viens de citer, et qui croient encore que l'avenir se dessine à Paris.

Je crois que nos commentateurs et nos acteurs politiques, nos « élites », devraient simplement revoir leurs copies (ils me rappellent nos bons vieux professeurs de la faculté d'Ardep-Djouml, qui relisaient les mêmes cours dix années durant) avant de nous les resservir les prochaines semaines. Nous voulons du neuf. Nous attendons d'eux de l'espoir et non de la fuite. Nous attendons d'eux des positions fermes et pas des déclarations lâches. Nous attendons d'eux qu'ils nous conduisent et pas qu'ils viennent se cacher à Paris ou derrière nous. Nous attendons d'eux qu'ils se comportent en hommes et en femmes capables de faire face à une situation unique dans l'histoire de notre pays, des hommes et des femmes capables d'assumer ce rôle unique que l'histoire est en train de leur offrir sur un plateau d'argent. Si ce n'est pas cela, qu’ils se taisent donc et nous laissent combattre avec nos armes à nous, qui sont les armes de la résistance quotidienne.

Amine Idriss Adoum

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