Reportage

Reportage (1382)

Pendant que la coordination des actions citoyennes « Wakit Tama » cherche une marche contre la junte militaire, un mouvement dénommé « Plateforme nouvelle vision » organise une marche en soutien au Conseil Militaire de transition (CMT). Reportage.  

Créée il y a 20 jours, la plateforme nouvelle vision est composée, selon ses fondateurs, de 42 partis politiques de l’opposition et plus de 150 sociétés civiles et de droits de l’homme, avec à sa tête Mahamat Adoum, président de l’organisation. La plateforme n’a drainé que 150 à 200 personnes ce matin pour une marche de soutien au CMT. Autorisée par un arrêté officiel du ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration le 10 mai, la marche en soutient à la junte militaire, dit la marche pour la paix, était encadrée par les forces de l’ordre. Les manifestants exprimaient leurs sentiments. L’on peut lire sur les pancartes et scander par les marcheurs ceci : « on veut la paix, la stabilité. Non à la guerre. Oui à la paix. » Pour eux, le CMT incarne la cohabitation pacifique.

« Je n’empêche personne d’interpréter cette marche comme bon lui semble », déclare le président de la plateforme nouvelle à l’arrivée du cortège au palais de 15 janvier. Pour lui le comité militaire dans sa charte, a reconnu la marche donc il faut suivre les conditions posées par la loi. « Il ne sert à rien de faire de la casse, de se battre l’ère est à l’unification et au dialogue national inclusif », laisse-t-il entendre. Selon M. Mahamat Adoum, la plateforme, est dans sa logique et respecte les lois de la République. « Briguée les élections prochaines sont notre objectif », dit-il. Selon eux, le Tchad vient de perdre son président. L’ère n’est pas à la guerre, mais à la paix. « Nous, sommes une organisation pacifique et nous revendiquons la paix et le CMT a tout notre soutien, car, chaque organisation a le droit de revendiquer ce qui est de mieux, mais nous veut la paix et rien que la paix », nous confie un manifestant.

Il faut signaler que le coordonnateur de la coalition du mouvement citoyen Wakit Tama Me Max Loalngar qualifie cette marche de plaisanterie. Et lâche, « la vraie marche c’est pour le mercredi prochain », dit-il.

Djilel-tong Djimrangué

La marche pacifique initiée par la plateforme Vision nouvelle a eu lieu ce mercredi, encadrée par les forces de l’ordre. Reportage.

C’est la première manifestation pacifique autorisée et encadrée par les forces de l’ordre sous le régime militaire dirigé par le Conseil Militaire de Transition (CMT). Et la vedette de la marche est la plateforme Nouvelle vision, un regroupement de 42 partis politiques et 158 associations et organisations de défense des droits de l’Homme.

Tout a commencé au rond-point Hamama dans le 8e arrondissement de la ville de N’Djamena, point de rassemblement des manifestants. Il était 6h du matin. Des membres du comité d’organisation s’activent à régler des derniers détails. Déjà, les éléments de la Police ont pris position aux différentes intersections du trajet. Pas de présence de la police antiémeute, le GMIP. Non plus des militaires. Rien que la Police nationale et la Police municipale.

Vers 7heures, des manifestants, transportés en bus, arrivent peu à peu. Pas de tee-shirts, pas d’insigne quelconque, sauf une banderole portant le nom de la plateforme et des pancartes avec des inscriptions. Les manifestants reçoivent des dernières consignes de l’équipe de l’encadrement et de la sécurité.  A 7h35mn, le top départ est donné. Le cortège s’ébranle. En tête de la marche, le président de la plateforme, Mahamat Adoum, les membres du comité d’organisation ainsi que les présidents et secrétaires généraux des partis et associations membres de la plateforme. La circulation est automatiquement bloquée. Un véhicule de la Police avec gyrophare ouvre le passage. Tandis que d’autres véhicules de la Police bourrés d’hommes bouclent la queue du cortège. Au milieu, les manifestants sont en grande partie des femmes.

Sur un tronçon d’à peu près cinq kilomètres, plus d’une centaine de personnes ont marché pacifiquement pour la cause de la paix. Des mots tels que « oui à la stabilité », « oui à la paix », « non à la guerre » sont scandés par ces manifestants. 

8h27. Le cortège atteint le point d’arrivée : le palais du 15 janvier. Une cérémonie se tient encore là. Des discours ont été faits. Des motions de recommandation ont été lues. D’après le président de la plateforme Mahamat Adoum, cette marche vise à rechercher la paix. « Nous marchons pour la paix », répète-t-il. Pour lui, le contexte actuel est inquiétant, d’où la nécessité de soutenir le CMT pour conserver la paix.  « Le soutien de la communauté internationale est indispensable pour le CMT le peuple tchadien en ce temps difficile », plaide-t-il.

Tirant le bilan de la marche, le président du comité d’organisation de cette marche, Abdelsalam Hachimboh estime que c’est une réussite. « Le bilan que nous dressons est positif parce que c’est une première dans l’histoire du Tchad avec l’arrivée de la démocratie, organiser une manifestation pacifique sans aucun incident est un pari gagné », se réjouit-il.

Toujours d’après lui, ce succès est la résultante d’une bonne organisation en interne. « La plateforme a tout mis en œuvre pour que cette marche soit un modèle. Et pour cela, nous avons mis un sous-comité qui est chargé de l’encadrement et de la sécurité », dit Abdelsalam Hachimboh. Même si le nombre des manifestants est faible, le président du comité d’organisation trouve que la marche a été organisée sur un temps record.   « Nous sommes un peu talonnés par le temps. Et c’est aussi le mois de Ramadan. Donc tous ces paramètres n’ont pas incité les gens à venir nombreux », a-t-il justifié.

9h10mn, la cérémonie prend fin. Les manifestants reprennent le chemin du retour dans des bus déjà apprêtés. Le président du comité d’organisation promet des prochaines activités qui seront d’une grande envergure.

Il faut signaler la présence de quelques mineurs lors de cette marche. Ce que déplore Abdelsalam Hachimboh qui interpelle les autorités à redoubler de vigilance pour corriger les incohérences constatées pour les prochaines manifestations. 

Christian Allahadjim

Le ramadan est un mois sacré pour les fidèles musulmans. C’est aussi l'un des cinq piliers de l'Islam. Les musulmans tchadiens ont commencé le jeûne empruntant le neuvième mois du calendrier lunaire musulman, le 13 avril. Ce jeûne doit bientôt prendre fin avec  la célébration de l'Aïd el fitr. Pour comprendre le sens de cette fête, Ialtchad Presse a rencontré le Secrétaire général du Conseil supérieur des Affaires Islamiques au Tchad (CSAI), Cheikh Abdadayim Abdoulaye Ousman. Reportage.

Il est pratiquement 10 heures lorsque nous entrons dans la grande cour de la grande Mosquée de N’Djamena, capitale tchadienne. Plusieurs personnes démunies, des femmes veuves, des enfants, des personnes handicapées et des vieillards remplissent la cour. Ils sont venus pour les prières, mais aussi pour bénéficier des actes de bienfaisance en ce mois saint de l’islam.

Reçu par le Cabinet du SG Cheikh Abdadayim Abdoulaye Ousman, très rapidement sommes introduits à son bureau. D’un air affirmé, le SG du Conseil supérieur des Affaires Islamiques au Tchad (CSAI), nous reçoit à son tour avec amabilité. Sans tarder nous échangeons sur le sens de la fête de l'Aïd el fitr. Selon lui, la communauté musulmane a deux fêtes. Le premier est l'Aïd el fitr qui marque la fin du jeûne de ramadan et la seconde c’est la fête de Tabaski appelée l'Aïd el Ad Ha. Ce sont des célébrations musulmanes qui datent du temps du prophète Mohammed, informe-t-il. Cheikh Abdadayim que les fidèles musulmans suivent le chemin de leur prophète. Pour lui, qui dit une fête dit la joie même s’il y a d’évènements qui peuvent signifier aussi douleur. Pour lui, la fin de Ramadan se fait en tenant compte de l’apparition de la lune, elle a lieu 29 ou 30 jours après le début du ramadan. Tout est compris dans le Saint Coran que ce soit lunaire ou solaire. « Pour comprendre, il faut savoir que le calendrier musulman est, contraire  au calendrier grégorien occidental. Comme les cycles de la lune sont plus courts, le Ramadan commence à chaque fois dix à douze jours plus tôt que celui de l'année précédente. Le début, mais également la fin du Ramadan sont déterminés par l'apparution de la lune dans le ciel», explique-t-il.

Pour le SG du CSAI, lorsque le jeûne s'achève, les musulmans croyants célèbrent la fin du ramadan : l'Aïd el-Fitr qui signifie fête de la rupture. Selon lui, l'Aïd el-Fitr n'est pas que l'occasion de faire la fête. C’est l’occasion de rassemblements familiaux et amicaux durant lesquels on se présente des vœux de bonheur et de santé en ce jour de fraternité. Dans le monde entier dit-il, les musulmans fêtent l'Aïd el-Fitr, en préparant un repas riche avant de se livrer à des prières. D’après Cheikh Abdadayim, Il est également du devoir des fidèles de garder une partie de leur nourriture pour les plus pauvres. Les bons actes doivent se poursuivre, a-t-il indiqué pendant ce temps de bénédiction.

« Cheikh Abdadayim, il faut du bon sens des fidèles pendant la fête »

Le SG du CSAI soutient qu’il n’est pas bon pour un musulman de se mettre rapidement en colère pendant le ramadan. « Je vous conseille plutôt d’être ouvert, faire preuve de maîtrise de soi. Soyez tolérants et pardonnez toujours au-delà de tout. C’est vertueux. Quand on est dans un esprit d’adoration, il faut suivre les conditions et les conseils», recommande-t-il. Cheikh Abdadayim  exhorte les fidèles à persévérer dans les prières en commun dans les mosquées mêmes après le Ramadan.  Pour lui, Il faut continuer même dans les Nafales (jeûnes et prières volontaires) pendant et après le ramadan.

«Ce que nous déplorons dès que le ramadan finit, quelques fidèles se jettent dans le péché à travers les actes interdits. Aller dans les bars, livrer des bagarres, repartir vers la vie de débauche, constituerait des obstacles selon, les Oulémas pour les imposteurs de rater la miséricorde d’Allah », dit le SG du SCAI.  C’est la même chose lorsqu’il s’agit aussi du pèlerinage signifie-t-il. D’après Cheikh Abdadayim,   le ramadan est un entraînement qui permet de bien se comporter et continuer sur le bon chemin.

Durant ce mois bénit, les musulmans promeuvent les interdits et doivent traiter durement leur corps. Une manière de purifier leur esprit. Ni boisson ni nourriture, les restrictions s'appliquent également au tabac et aux relations sexuelles. Une fois la nuit tombée, les fidèles ont le droit de se réunir pour « rompre le jeûne ». À noter que le Ramadan est synonyme de recueillement et de méditation.

Moyalbaye Nadjasna

Tantôt maintenue tantôt interdite, la marche pacifique de ce samedi semble avoir été un échec. Sur l’itinéraire prévu et dans les quartiers, les manifestants ont fait place aux forces de l’ordre. Reportage.

N’Djamena, capitale du Tchad. Samedi 8 mai, jour de la deuxième marche pacifique initiée par la Coordination des actions citoyennes (CAC) dénommée Wakit Tama pour protester contre la mise en place du Conseil Militaire de Transition (CMT). 

Walia, dans le 9e arrondissement. Le soleil s’est levé, il y a deux heures déjà. Mais le quartier est bien calme. Pourtant le 27 avril dernier, ce secteur a été le théâtre de violentes manifestations. Ce samedi, il est sous une haute surveillance sécuritaire. Des véhicules bourrés des éléments du Groupement mobile d’intervention de la Police (GMIP) et des militaires sont garés à des endroits stratégiques : établissements scolaires, ronds-points, devanture de l’hôtel 3AS.

Devant le lycée de Walia, plus de 4 véhicules du GMIP font instantanément la ronde afin de disperser toute tentative de rassemblement de personnes sur ce lieu. Il faut rappeler qu’à la marche précédente, ce lycée a été investi par les manifestants, brûlant des pneus bloquant ainsi la circulation sur l’unique route nationale.  Un peu devant, au niveau du Lycée privé AGORA, un homme a  mis le feu sur un tas de saletés. Instant d’après, un véhicule de marque Toyota L200 bourré d’éléments s’arrête : « qui a mis le feu ? » lui demande avec insistance le chauffeur. Le monsieur, l’air perdu répond vaguement que ce n’est pas lui. Les policiers le laissent et continuent leur chemin.

Au niveau de l’hôtel 3AS, au moins 5 véhicules militaires sont garés. Comme il n’y a aucun mouvement dans le secteur, certains éléments prennent une pause dans les véhicules, d’autres sont couchés à même le sol.

Sous le viaduc du pont de Chagoua, la présence de ces hommes en treillis donne l’impression qu’une guerre se prépare. Véhicules militaires, policiers, des armes de gros calibre sont visibles. Malgré ce déploiement impressionnant, les activités tout autour du pont semblent fonctionner normalement.

À l’espace FEST’AFRICA où devait commencer la manifestation, ce sont toujours les forces de sécurité qui ont pris d’assaut les lieux alors qu’il était déjà 9 heures passées. Elles sont sur place au petit matin. «  Les leaders ne sont pas encore arrivés, mais déjà les  policiers sont venus chasser les gens qui étaient là ce matin », dit un vendeur.

À quelques mètres, nous apercevons un véhicule de police s’arrêter devant un jeune tenant dans sa main une chemise cartonnée, téléphone à l’oreille. Un policier s’approche de lui et demande à fouiller la chemise. Une fois le spectacle fini, nous nous sommes approchés du jeune homme : « ils m’ont demandé qui j’appelle. Je lui ai répondu que c’est mon petit pour qu’il vienne me déposer quelque part en ville ».  Heureusement, il n’a pas été arrêté.    

 Même constat à Atrone, Habbena et Gassi dans le 7e arrondissement, réputés bastion de la contestation. Ces quartiers sont pris d’assaut par les forces de l’ordre composées de militaires, des éléments du  GMIP, de la Garde nationale et nomade du Tchad (GNNT) et des gendarmes. L’avenue Mathias Ngarteri communément appelée l’axe CA7, connu pour être un terrain d’affrontement entre manifestants et forces de l’ordre, est calme ce samedi. La circulation est fluide. L’axe menant du rond-point 10 octobre jusqu’au quartier Ambatta est l’endroit ciblé par les forces de l’ordre qui font de navettes pour traquer tout récalcitrant. Devant le sous-poste de police situé derrière le centre de santé d’Atrone, plus de 5 véhicules bourrés d’hommes en treillis sont stationnés dans le but de veiller sur le sous-poste, qui le 27 avril dernier est  pris en otage par les manifestants. Des camions-citernes chauffe-eau du GMIP sillonnent également la zone.

Malgré tout ce dispositif mis en place, cela n’a pas empêché de groupes de manifestants de sortir.  Toutefois, leur action a été vite étouffée par les forces de l’ordre qui patrouillent sans cesse ces zones. Aucun cas de brûlure des pneus n’est signalé dans ces quartiers.

Selon le coordinateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar, les autorités les ont piégés. « Elles ont dit que la marche allait être autorisée. Donc nous avons indiqué un lieu de rassemblement et un itinéraire. Mais avant que le rassemblement ne soit effectif, les forces de l’ordre ont commencé par tirer sur les gens », s’insurge-t-il. Du coup, la marche pacifique qui devrait être encadrée s’est transformée en  des manifestations sporadiques.

Si la marche de ce jour, comparée à celle du 27 avril, semble ne pas avoir drainé assez de monde, Me Max Loalngar estime que c’est une réussite sur le plan idéologie. « Parce que cela a permis de constater que les autorités de transition sont de mauvaise foi. Elles ont adopté une attitude guerrière en dévoilant leur caractère sectaire  », dit-il.

Bilan : Wakit Tama évoque une quinzaine d’arrestations à N’Djamena dont 9 devant la base de l’opération Barkhane. Une vingtaine d’autres à Moundou et une dizaine à Sarh. 10 blessés dont 3 graves sont également enregistrés à N’Djamena. Un journaliste de la télévision nationale habitant le quartier Atrone, Djimitibeye Yemingaye a été tabassé par les militaires alors qu’il était devant son domicile. Une équipe des journalistes de la Rfi aussi ont été brièvement interpellées à l’espace Fest’Africa. Leur enregistrement a été effacé. Officiellement, les autorités n’ont pas encore fait une communication.

Christian Allahadjim
Togyanouba Santanan
Allarassem Djimrangar

Trois pasteurs de l’Alliance des églises pentecôtistes au Tchad ont été suspendus de toutes activités religieuses sur l’ensemble du territoire national tchadien, par le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. La décision de suspension du 5 mai, leur reproche d’avoir pris part  aux manifestations du 27 avril, contraire à leur vocation apolitique. Ialtchad Presse est allé à la rencontre de ces hommes de Dieu. Reportage.

15 heures passées, nous sommes au quartier moursal, 6e arrondissement de N’Djamena. Sous l’ombre d’un Nimier, sont assis en convivialité les trois hommes de Dieu suspendus. Pasteurs, Keleypetté Dono et Bekoutou Marabey Pierre sont de l’Église du Christ Universel, puis Pasteur Targoto Josias, de l’EMENVI. Pasteur Bekoutou  Marabeye, est le plus âgé des trois. Il parle aux noms des deux autres, « cette suspension ne nous fait ni chaud ni froid… ».

Selon pasteur Bekoutou, le ministère de l’Intérieur les a interpellés hier 06 mai pour leur notifier la décision les suspendant à ne pas exercer leurs activités religieuses sur toute l’étendue du territoire national.  « Ils sont dans leur droit, c’est tout à fait normal. Ils font leur travail et ils sont payés pour ça. Mais pour nous, cela n’a aucun impact. Nous ne sommes pas nommés par décret ni arrêté de leur ministère. Nous sommes des serviteurs de Dieu. Nous avons choisi notre voie celle d’écouter et de recevoir de Dieu. Et non à recevoir des ordres des humains mortels comme nous », a-t-il indiqué. Pour lui, c’est une décision qui peut arrêter leur corps charnel et non l’esprit que Dieu a mis en eux. D’après lui, nous sommes des créatures de Dieu et nous convergeons vers lui. Il rajoute qu’eux les serviteurs de Dieu ont une mission, celle de rendre compte à Dieu.

Pasteur Bekoutou  Marabeye confirme qu’ils ont pris part à la manifestation. «Nous sommes les bergers et les bergers doivent se mettre à l’avant-garde des brebis et non à la queue afin de ne pas les laisser divaguer seules dans la nature. La plupart des manifestants qui sont blessés ou morts sont des fidèles des églises. Nous avons fait cette marche d’une manière symbolique et prophétique pour que le monde sache que rien ne va plus dans cette nation», déclare-t-il.  Selon le religieux, ils n’ont pas marché au nom de l’Église, mais plutôt au nom de leur groupement dénommé, «plateforme des serviteurs de Dieu pour la justice et le droit au Tchad». Il affirme qu’ils ont marché en conscience en tant qu’hommes de Dieu pour désapprouver le coup d’État perpétré par le Conseil militaire de la transition (CMT) après le décès du président Idriss Deby. Il dit que leur plateforme trouve anormal ce qui s’est passé et il faut le dénoncer. « Cette décision de suspension de nos activités ne nous fait ni chauds ni froids», dit-il.  Pour le pasteur, les premiers missionnaires qui sont venus en Afrique et au Tchad ont su que les noirs sont des gens avancés quand bien même qu’ils seraient acculturés.  Il renchérit en signifiant que ceux-ci ont empêché que de faire extérioriser les pensées des noirs. «C’est ainsi qu’ils ont étouffé les premiers chrétiens pour dire que si vous faites la politique vous n’irez pas au ciel», indique le pasteur.

«Lorsqu’un chrétien ne fait pas la politique, c’est un corrompu»

Le pasteur poursuit que dans la Bible, il est noté que les militaires, les douaniers, les administrateurs étaient venus voir le prophète Jean-Baptiste, pour recueillir de lui des conseils et il a mis chacun à sa place. « Ce n’est pas aujourd’hui qu’on ne doit pas faire la politique. Lorsqu’un chrétien ne fait pas la politique, c’est un corrompu. Il s’aligne avec ceux qui détruisent le pays. Aujourd’hui, ce sont les chrétiens qui ont détruit le pays par leur mensonge, leur vol», affirme le pasteur de l’Église du Christ Universel. Bekoutou Marabey Pierre signifie qu’il y a des chrétiens constitutionnalistes dans ce pays qui ne peuvent même pas lever un petit doigt pour dénoncer ces choses. «L’heure est venue pour démanteler ces choses. Les chrétiens doivent dire la vérité à la lumière de la Parole de Dieu. Il faut remettre la pendule à l’heure», martèle le serviteur de Dieu. Il rappelle que le président défunt a dit que le fondement de la nation tchadienne est à terre. Pour cela, Pasteur Bekoutou Marabey Pierre déclare qu’il faudra dès à présent chercher à relever ce fondement afin que le pays se tienne debout. «Nous voulons un pays de justice et d’équité ou n’importe quel tchadien puisse trouver son compte. Nous ne cherchons pas notre intérêt, nous ne cherchons pas non plus à nous positionner quelque part, mais nous voulons faire jaillir la vérité qui est la colonne vertébrale de la justice», conclut-il.

Le révérend pasteur Batein Kaligué Batein est le Secrétaire général de l’Entente des Églises évangéliques et missionnaires au Tchad (EEMET). Selon lui, les pasteurs suspendus ne relèvent pas de sa responsabilité. «Toutefois, c’est une situation qui est arrivée et cela nous prend à la gorge en tant que serviteur de Dieu. L’Administration a joué son rôle», signifie-t-il.

Nous avons joint au téléphone le ministre de la Justice Garde des Sceaux, M. Mahamat Ahamat Alabo. Mais d’après lui, «si quelqu’un est lésé, il porte plainte à la justice.»

Moyalbaye Nadjasna

A quelques jours de la fête du ramadan, les ateliers de couture ne se désemplissent pas. Malgré les difficultés, les couturiers communément appelés « tailleurs » travaillent fort pour satisfaire leurs clients. Reportage.

N’Djamena, capitale tchadienne. Il est 10h ce vendredi 7 mai. La température est de 36° Celsius. La fête de Ramadan est dans quelques jours. Et dans la ville, les préparatifs vont bon train.

Sur l’avenue El Niméry et Charles de Gaulle, dans les 2e et le 3e arrondissement de la ville, des commerces de circonstance sont ouverts tout le long des trottoirs menant au grand marché. On y trouve des vendeurs de chaussures, des jouets, des jus, des prêts-à-porter, etc. Et la fête ne se prépare pas seulement sur les marchés, mais également chez les couturiers.   

Dans des ateliers de couture sur les avenues El Niméry et Charles de Gaulle, il y a du monde. Tailleurs et clients se mêlent. Certains tailleurs, assis sur des nattes, s’activent à fixer des boutons. D’autres, par contre, les yeux rivés sur leurs machines travaillent à tue à-tête. Les clients, quant à eux, se disputent de la place.  La fête du Ramadan approche et la pression monte, de tout côté. Le constat est le même dans les différents ateliers de couture visités. Les modèles les plus sollicités sont les djellabas simples et les grands boubous. Le prix de couture n’est pas fixe. Le prix varie d’un modèle et d’une qualité par rapport à autre. Toutefois, le prix pour les djellabas oscille entre 5 000 à 30.000 francs CFA.

Haroun, un client rencontré dans un atelier de couture non loin de la grande mosquée Roi Fayçal. Il ne cache pas sa satisfaction. « Comme vous pouvez le constater, je suis venu retirer mon habit que j’ai confié  le samedi dernier au couturier. Ce qui me plaît chez lui, est qu’il respecte toujours ses rendez-vous. Il n’est pas comme les autres qui vont te rouler dans la farine », se réjouit-il. Par contre, Idriss, un autre client, rencontré dans un autre atelier, est très en colère. « Mon tailleur n’est pas sérieux. Je lui ai remis le tissu avec l’argent depuis la fin du mois d’avril. Mais jusqu’à présent, il n’a rien fait. Trop c’est trop ! Je vais bouger d’ici avec mon habit. Sinon, il me restitue mon argent ainsi que mon tissu », menace-t-il.

Les couturiers rencontrés déplorent le délestage intempestif d’électricité  depuis le début du mois du ramadan. Selon eux, ce délestage leur crée un manque à gagner. Ils  sont obligés de refuser de prendre en grande quantité les tissus des clients de peur de ne pas tous les coudre à temps. Et cela joue sur les affaires. « Depuis le 13 avril dernier, on a jamais passé une journée avec le courant. Les coupures intempestives d’électricité sont monnaie courante. Cela fait que nous n’avons pas de clients comme dans les années précédentes. Parce qu’on se réserve de prendre les tissus de gens en grande quantité », se plaint Abakar, couturier au grand marché. Alhadji Ousman, renchéris en affirmant que le problème de l’électricité est un véritable problème. Mais depuis quelques jours, dit-il, tout semble s’améliorer. « Quand il y a délestage, nous utilisons les groupes électrogènes, cependant cela ne nous arrange pas tellement. Mais Dieu merci, depuis trois jours, il n’y a pas de coupure d’électricité dans mon secteur ».

Allarassem Djimrangar

Le ministre de l’Économie du Plan, et de la Coopération Dr Issa Doubragne et le Représentant résident de la BAD au Tchad, M. Ali Lamine Zène ont apporté un éclaircissement conjoint sur la question de la coopération Tchad-BAD sur la situation actuelle au Tchad. C’était ce, 06 mai 2021 en présence des journalistes au Cabinet du ministre de tutelle. Reportage.

Ali Lamine Zène, Représentant résident de la BAD au Tchad a précisé que la Banque Africaine de Développement (BAD) a entrepris d’évaluer la situation des projets qu’elle finance. Selon lui, aucun impact négatif n’a été relevé au niveau des ressources humaines, de l’Administration, des ressources financières et sur les biens de la banque. « En pareille circonstance, toutes les institutions multilatérales internationales marquent un arrêt évaluatif. C’est de ça qu’il s’agit. Et la BAD est dans son rôle. Elle a convenu avec le gouvernement du Tchad d’un traité, d’un accord de siège qui prévoit une disposition pour qu’en pareille circonstance d’évaluer la situation», dit le banquier. Pour lui le gouverneur de la BAD est informé qu’une deuxième étape d’évaluation est en route. Il rajoute qu’ils n’ont pas arrêté le travail, ils le font afin de permettre à ceux qui ont le monopole de la décision au niveau du Conseil d’Administration s’imprègnent de l’évolution de la situation. Le Représentant résident affirme que l’objectif est de donner le cursus nécessaire pour poursuivre la coopération et l’intensifier. «Cela se fera au niveau de notre diagnostic que nous partagerons avec le gouvernement. Ce qui importe pour la BAD, c’est de faire une lecture réelle de l’évolution de la situation sur le terrain. Nous avons vu ce qui s’est passé. Le CMT est mis en place, une charte et un gouvernement sont opérationnels, un calendrier est effectif pour une période de transition. Qui devrait en principe aboutir à des élections libres et démocratiques». D’après lui, la banque intégrera tous ses éléments pour se décider dans les jours ou semaines à venir. M. Ali Lamine Zène affirme que le gouverneur a donné les assurances qu’il faut pour qu’il traduise au président de l’institution Dr Adessinan, qui suit à distance cette situation. «Nous nous réjouissons de l’évolution positive de cette situation. Nous sommes une banque africaine appartenant à tous les pays qui la composent dont le Tchad. Toutes les opérations que nous finançons vont au bénéfice du peuple tchadien», conclut-il.

«Le Tchad ne fait pas l’exception de la procédure conservatoire…»

Intervenant à la suite du Représentant résident de la BAD au Tchad, Dr Issa Doubragne, ministre de l’Économie du Plan, et de la Coopération, gouverneur auprès des banques a fait le point sur leur réunion partenariale. Il note que leur réunion a été accès sur l’évaluation de la situation qui a prévalu au Tchad et qui a emporté tragiquement le président Idriss Deby Itno. Pour lui, dans une telle circonstance, les membres des institutions multilatérales de financement et du développement enclenchent des procédures conservatoires. Le Tchad ne fait pas exception, indique-t-il. « Le dernier cas avant nous c’était le Mali. Dans de telles situations, ce sont les éléments d’appréciation faite qui déterminent la normalisation de cette circonstance. La banque a juste déclenché la procédure conservatoire. D’autres banques institutions multilatérales l’ont aussi faite à l’exemple de la Banque Mondiale», explique Dr Issa Doubragne. Selon lui, ils sont depuis une semaine en pourparlers avec ces institutions pour évaluer les possibilités d’une reprise ou d’un retour à la normale. Il insiste en ne précisant qu’en ce moment, aucun programme, n’a été suspendu. «Tout est en marche, ce sont des principes normaux qui ne remettent pas en cause les engagements des uns et des autres. Nous avons bon espoir que le cas spécifique du Tchad n’est pas similaire à d’autres, puisse être rapidement évalué», signifie-t-il.  Il informe que suite à la mission d’évaluation de l’Union Africaine (UA), la Francophonie envisage une mission, la CEEAC et le G5 Sahel. Pour lui, les partenaires du Tchad sont dans la dynamique d’observation objective de la situation sur le terrain.

«La situation est sous contrôle. Il y a tous les moyens de contrôle et de suivi pour que le Tchad puisse retrouver les équilibres. Ce qui va permettre à la transition  d’être gérée dans l’apaisement et que nous aboutissions aux élections libres, transparentes et démocratiques souhaitées par tous », dit le ministre.

Les journalistes ont relevé l’Email de la BAD notifiant la suspension des décaissements,  mais ils ont aussi cherché à comprendre la teneur de la directive mentionnant les conditionnalités à remplir pour que les décaissements reprennent.

Selon Dr Issa Doubrangne, cette suspension peut être de deux façons. Elle peut être de principe ou rentrer dans la phase opérationnelle à un niveau ou tout est gelé. Pour lui, présentement tous les projets financés par la BM et la BAD sont fonctionnels. La suspension de décaissement veut dire qu’aujourd’hui en cours d’évaluation, un nouveau décaissement ne peut se faire. Un nouveau projet ne peut pas être validé comme en temps normal, jusqu’à ce qu’un constat soit établi. Pour lui, il y a plus de peur que de mal. C’est la même chose dans toutes les banques institutions multilatérales. Elles respectent leurs principes internes parce qu’elles sont auditées. Ce que la banque a fait est un dispositif de sa réglementation et ne peut aller au-delà, car elle est apolitique.

Le ministre de l’Économie du Plan, et de la Coopération invite la presse la semaine prochaine à une réunion élargie à d’autres partenaires. Il s’agit de l’Union européenne, de la Banque africaine pour le développement, de la Banque mondiale et tous ceux qui de près ou de loin appuient le Tchad en matière de mobilisation de ressources. Car selon lui, sans les ressources, la transition en cours ne pourrait aboutir aux résultats escomptés. «Telle est l’option que nous allons renforcer dans les semaines et mois à venir».

Moyalbaye Nadjasna

Chaque année pendant le ramadan, le besoin en glace pour la rupture du jeûne augmente de façon exponentielle . Cependant, la fabrication de la glace est sujette à beaucoup de spéculations. Ialtchad Presse s’est rendu en cette période de canicule dans une usine de fabrique glace de la place pour s'imprégner de ces réalités. Reportage!

Il est à peine 11h, notre équipe de reportage s’arrête devant une usine de fabrique de glace à Ardep-djoumal, dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena. L’ambiance dans la salle de fabrique captive l’attention. Pas d’électricité, un géant groupe électrogène alimente l’usine. Un bruit infernal emplit l’usine. Les ouvriers sont constitués par équipe, chacun joue son rôle en exécutant une tâche précise. La procédure de fabrication va de la liquéfaction à la solidification. La glace est un solide formé à base d'eau qui peut se fondre sous l’effet de la chaleur.

La demande est supérieure à l’offre en ce mois de ramadan. Après des heures accablantes dues à la canicule, les fidèles musulmans s’en procurent pour soit conserver les aliments soit les diluer dans l’eau pour en consommer. Les alimentations, les boutiques, les vendeurs de viande, les vendeurs-détaillants, et les vendeurs ambulants de jus d'oseilles sont tous des clients. Selon le directeur général de l’usine de fabrique de glace d’Ardep-djoumal, M. Hamza Mahamat Maïna, son entreprise n’utilise que de l’eau naturelle pour fabriquer de la glace. «On mélange de l'eau avec du sel afin d'empêcher le dessous des moules de glace de se former», dit-il.

M. Hamza affirme qu’en ce mois de ramadan ils ont beaucoup de clients par rapport aux autres mois. «Les demandes sont nombreuses que nous ne parvenons même pas à les satisfaire. Dieu merci, nous vendons les grosses barres à 2000 FCFA et les petites à 1000 FCFA. Or, hors mois de ramadan les grosses barres sont à 1000 FCFA et les petites à 400 FCFA». L’entrepreneur se frotte les mains en cette période caniculaire de ramadan. Depuis l’amorce de la période de chaleur, la température oscille à N’Djamena, entre 40 à 45°C. Ce qui pousse à la demande accrue de la glace. Elle est fabriquée non seulement par des usines, mais aussi les particuliers en fabriquent de plus petites formes à partir de leurs réfrigérateurs. On peut voir de petites filles qui les mettent dans de petites plastiques à 50 FCFA et 100FCFA.

«Nous n’utilisons pas de produits chimiques toxiques comme pensent les gens. C’est simplement de l’eau et du sel. Notre glace est consommable soit directement dans l’eau pour rendre fraîche soit pour conserver les aliments. Que la population soit rassurée», conclut Hamza Mahamat Maïna.

Adam Oumar Adam

La Aïd-El Moubarak est pour très bientôt. Les petits vendeurs ambulants se disputent les trottoirs des avenues, artères autour des marchés de N’Djamena, capitale tchadienne pour exposer des marchandises. C’est le cas sur l’avenue El Nimery rendue difficile à la circulation. Reportage.

Très tôt le matin sur l’avenue El Nimery (Maldom Bada Abbass) des jeunes revendeurs installent leurs étals des divers articles. Des étals un peu partout. Ils se frottent les mains à quelques jours de la fête de fin de ramadan. Malgré une température qui oscille entre 40 à 45°c, un soleil ardent et accablant, rien n’arrête les petits vendeurs. Ils sont visibles aux abords de grandes voies publiques que nous avons côtoyées. À l’avenue El Nimery, 2e arrondissement par exemple, la chaussée est envahie d’étals. Les divers articles exposés sont composés de chaussures, des sacs, des ceintures, des parfums entre autres. Certains vendeurs ont étalé leurs marchandises à même le sol. D’autres par contre, utilisent des sacs. Véritable challenge lorsqu’un client apparaît. Ce qui n’est pas sans conséquences, perturbation de la circulation, embouteillage, difficile de stationner. Les techniques d’approche des clients sont divergentes. D’aucuns parlent en arabe local, d’autres en Ngambaye, d’autres encore en français.

Interrogé, certains vendeurs disent, « le fait qu’on s’installe sur l’avenue El Niméry n’est pas fortuit ». Selon eux, c’est l’avenue la plus empruntée et la plupart des usagers sont des musulmans. Ils peuvent s’arrêter et se procurer quelques articles, comme la fête de l’Aïd-El Moubarak  s’approche, rajoutent-ils. «Depuis deux ans à l’approche de la fête du ramadan, je m’installe sur cet endroit pour vendre les chaussures. L’avenue El Niméry est le centre de la ville. La plupart de ceux qui habitent ici sont des musulmans. Raison pour laquelle je me pointe toujours ici», dit Béral, vendeur de chaussures. Quant à Serges, l’avenue El Niméry est un endroit idéal, il fait beaucoup de recettes par rapport aux autres endroits. « L’année dernière sur cet axe, j’ai fait beaucoup de bénéfices. Mais pour cette année, je ne sais pas comme il reste encore quelques jours. Ces différentes marchandises que vous voyez là, je les ai achetés à mes propres frais. Certains de mes collègues prennent aussi à crédit chez les Chinois juste à côté », explique Serges.

D’autres par contre, déplorent le comportement peu orthodoxe de certains agents municipaux qui les brutalisent. «Avant-hier, certains agents municipaux en contrôle ont failli nous fouetter, parce qu’on obstrue la voie publique, disent-ils. Ils ont renversé nos marchandises avant de nous vider du lieu»,  rapporte Simone, une vendeuse de jus. Un tenancier d’une quincaillerie nous recommande l’anonymat. Selon lui, il trouve encombrant les étals des marchands ambulants. Mais par la suite, indique-t-il, ces débrouillards sont installés que pour un laps temps comme la fête approche. Pour lui, il faut leur donner cette chance pour assurer leur quotidien.

Aboubakar Adraman, lui estime que ce marché de fortune crée énormément de problèmes à la circulation. Il conseille à ceux-ci de se tenir un peu loin de la chaussée pour des raisons de sécurité.

Allarassem Djimrangar

Le gouvernement de la transition au Tchad est connu depuis le 02 mai. Pahimi Padacké Albert (PPA) est Premier ministre de la transition il y a une semaine. Il a composé un gouvernement de 40 ministres. La société civile n’est pas représentée dans ce gouvernement. Certains membres ne sont pas contents. Ils le font savoir. Reportage.

12 heures. Quartier Sabangali, 3e arrondissement de N’Djamena capitale tchadienne. Sur l’avenue rue de Corniche sur une plaque, il est écrit  Coordination des Associations, sociétés civiles et des Droits de l’Homme (CASCIDHO). Mahamat Digadjimbaye, Coordonnateur de la CASCIDHO nous accueille. Nous échangeons la composition du gouvernement de la transition. D’entrée de jeu, M. Mahamat Digadjimbaye affirme que la CASCIDHO  a pris acte de la mise en place du Conseil Militaire de la Transition (CMT). Selon lui, c’est une réalité qui est là et il faut faire avec. La CASCIDHO regrette que la société civile ne figure pas dans ce gouvernement de transition. Au départ, dit-il, il a été question d’une mise en place d’un gouvernement de large ouverture, impliquant la société civile, les acteurs politiques comme souhaité par toutes les forces vivent et également par la communauté internationale. «Malheureusement, ce gouvernement n’est composé que des acteurs politiques», dit-il. D’après lui, ce gouvernement n’est pas inclusif. Malheureusement, poursuit-il, la société civile est exclue. Le Coordonnateur de la CASCIDHO attire l’attention du CMT sur cette omission. Monsieur Mahamat Digadjimbaye soutient que c’est un mauvais départ et s’indigne, « les mêmes causes produisent les mêmes effets ».

Selon le coordonnateur, il est important de trouver une solution à ce problème dans une transition pacifique, apaisée et inclusive. Car, insiste-t-il, la société civile aujourd’hui ne se reconnaît pas dans ce gouvernement. « La société civile n’a même pas été consultée pour des échanges francs et sérieux. C’est en toute sincérité un faux départ, il faudrait que les autorités de la transition essaient de recadrer cela », rajoute-t-il. Pour lui, la politique d’exclusion a été toujours à la base de tous les maux au Tchad. D’après lui, si tout le monde accepte d’accompagner la transition, il faut impliquer tout le monde dans les organes de transition.

Nous demandons Mahamat Digadjimbaye : est-ce que la délégation de l’Union Africaine a déjà rencontré la société civile ? Il nous répond que c’est prévu pour le 4. Selon lui, ce gouvernement aurait dû attendre la fin de la mission de la délégation de l’UA. L’UA, dit-il, veut une transition apaisée, participative et inclusive. «Aujourd’hui, la société civile joue un rôle déterminant de même que les acteurs politiques. Elle ne quémande pas une place dans la transition, mais dans la transition on a notre place et notre mot à dire », martèle Mahamat Digadjimbaye.

Ben Saïd est secrétaire général de la Confédération des travailleurs du Tchad(CLTT). Pour lui, le gouvernement d’hier est composé que des partis politiques, la société civile ne fait pas partie. En principe, indique-t-il, dans ce gouvernement, il est prévu une large ouverture donc tout le monde doit s’y retrouver. « À mon avis, c’est peut-être très tôt de réagir et dire qu’il y a un échec, mais la formation du gouvernement de la transition interroge sans la participation de la société civile ». Selon lui, la Charte de transition prévoit une large ouverture de concertation et la société civile est une frange importe de la population qui ne devrait pas être exclue. Les erreurs commencent déjà à se faire remarquer dans la transition, affirme-t-il. D’après le syndicaliste, il faut corriger ces erreurs dans les prochaines formations des autres organes de transition afin qu’il n’y ait pas des mécontents et aller en avant. «Il faut qu’on construise un vrai Tchad réconcilié avec tous ses filles et fils».

Moyalbaye Nadjasna

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