Depuis le déclenchement du recensement des retraités du Tchad par l’Inspection générale d’État (IGE), les retraités sont remontés. Pour eux, ce recensement n’est pas digne de nom et que l’IGE doit plier bagage. Le porte-parole du comité ad hoc des retraités du Tchad s’exprime sur cette situation. Reportage.
Selon le porte-parole du comité ad hoc des retraités du Tchad, Alladoumgar Tédengarti, le 8 mars 2021, le comité ad hoc des retraités du Tchad a essayé d’aiguiller les responsables de la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT) pour qu’ils puissent payer régulièrement les pensions des retraités, mais malheureusement, cela a été interrompu par des situations administratives, notamment la suspension de l’ancien directeur, la nomination du nouveau directeur général, du directeur adjoint et de l’agent comptable. Tout ça a servi de subterfuge pour ignorer le payement des retraités jusqu’aujourd’hui, dit-il. « On dit que comparaison n’est pas raison, mais il y a une similitude entre la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), qui s’occupe du payement des retraités privés. La CNPS ne rencontre pas de problèmes parce qu’elle est prévoyante et sociale », explique Alladoumngar Tédengarti. Pour lui, le patronat qui est composé des sociétés, des entreprises respectent le versement de la part patronale et le versement de la part salariale régulièrement à la CNPS.
C’est pourquoi la CNPS n’a pas de problème. « Au niveau de la Caisse nationale des retraités du Tchad, on a de problème parce que notre patron, c’est le gouvernement, le ministère de finance, le trésor public, les banques. Et ces gens-là ont prestement torturé les retraités du Tchad. Comment on peut comprendre que les parts patronales sont versées chaque fin de mois, les parts salariales sont aussi versées chaque fin de mois et que la caisse des retraités soit vide », se demande le porte-parole du comité ad hoc des retraités du Tchad.
D’après lui, le problème des retraités n’est pas un problème où il faut casser la tête des retraités. « Un retraité est un retraité. Un ayant droit est un ayant droit. Un orphelin est un orphelin. C’est des situations où on doit examiner en conseil d’administration, au début et à la fin de chaque année. Si l’IGE veut faire un contrôle, il faut qu’elle le fasse au début ou à la fin de l’année, mais pas en plein milieu de l’année pour perturber les retraités », sollicite Alladoumngar Tédengarti.
Il indique qu’en cette période, l’IGE va dans les provinces pendant que certains retraités sont aux champs entrain de cultiver et comme l’Inspection générale d’Etat est passée en leur absence, ces retraités sont obligés de le suivre jusqu’à N’Djamena. « L’IGE devrait rendre service aux retraités en les écoutants et après les recenser s’ils ont besoin d’être recensés. Nous n’avons pas le problème avec l’IGE, mais il faut qu’on fasse des services qui puissent rendre service aux retraités et non des services qui vont perturber des retraités, qui souffrent déjà amèrement », déplore le porte-parole.
Alladoumngar Tédengarti propose à l’IGE de faire plutôt un contrôle de paye. « L’Inspection générale d’État doit attendre au moment de la paye pour vérifier si le retraité est en règle ou pas. S’il est en règle, il passe à la caisse pour retirer son argent. Comme ça, on aura recensé tout le monde et on aura également décelé les magouilles qui se font au niveau de la CRNT », suggère-t-il.
Blocus du problème des retraités
Le porte-parole du comité ad hoc des retraités du Tchad, de poursuivre que le problème du payement de la pension des retraités est au niveau du ministère de finances, du trésor public, des banques. Le décaissement, précise-t-il, est un problème. Et c’est depuis le mois de mars qu’ils sont en train de crier pour qu’on paye leur pension, mais jusque-là il n’y a rien. « On ne comprend pas pourquoi ils ont créé la caisse nationale des retraités. On aurait pu laisser ce service des retraités au niveau du trésor public et les retraités allaient se faire payer au trésor public », regrette-t-il.
Il interpelle le président du Conseil militaire de transition, le Premier ministre de la transition, le ministre de la Fonction publique, le ministre des Finances, le trésor public de tout faire pour que les versements soient réguliers et ininterrompues.
Allarassem Djimrangar
Orthom L’Or
Le Premier ministre de transition, Pahimi Padacké Albert, a fait, le 13 juillet, une communication relative au futur Dialogue National Inclusif (DNI). Le politologue Évariste Ngarlem Toldé décrypte le message de cette sortie médiatique.
Selon le politologue, Dr Évariste Ngarlem Toldé, dans la communication du Premier ministre de transition, il a trois remarques à faire.
Première remarque. Pahimi Padacké Albert a dit que le dialogue national inclusif est la meilleure voie, sinon la seule voie pour terminer la transition en cours. Pour lui, ce DNI qu’il préfère appeler conférence nationale souveraine dont parle le PM ne peut pas être la fin de la transition. La période de transition ne commencera qu’avec la conférence nationale souveraine ou le dialogue national inclusif, dit-il.
Deuxième remarque. Le PM demande aux forces vives d’envoyer la liste de leurs représentants pour constituer le comité d’organisation. Mais le politologue s’interroge, « c’est de quelles forces vives parle le Premier ministre de transition ? Ce sont les forces vives de N’Djaména ou de l’ensemble du territoire national ? Et quels sont les moyens qui sont mis à la disposition de ces forces vives de s’organiser ou de se rencontrer ? Comment les syndicats, les leaders religieux, la société civile, les partis politiques, etc. peuvent-ils désigner leurs représentants sur l’ensemble du territoire en moins de 2 semaines. Et quels sont les mécanismes qui sont prévus pour que cela soit possible dans un laps de temps ». Sur le temps accordé pour la mise en place du comité, le politologue estime qu’il est insuffisant. « Les 15 jours donnés aux forces vives de la nation, les partis politiques, les leaders religieux pour envoyer la liste de leurs représentants sont insuffisants. Le Tchad compte combien d’associations, de partis politiques, de syndicats. Ce n’est pas facile de dire, mais c’est difficile de le faire. Car, on n’a pas de moyens », déclare Dr Évariste Ngarlem Toldé.
Troisième remarque. Le Tchad a une période de transition de 18 mois. D’après lui, les choses devront commencer par le dialogue national inclusif. « Voilà que nous avons écoulé trois mois, et c’est maintenant qu’on met en place un comité d’organisation, on demande aux gens de s’organiser. Tout cela fait que les Tchadiens ne se retrouvent pas dans cette préparation. Car c’est de cette préparation que dépendra la réussite de la tenue de cette conférence nationale souveraine ou de ce dialogue national inclusif », affirme l’ex-journaliste.
Le politologue soutient qu’on ne peut pas aller dans un dialogue national inclusif tant que la Charte de transition n’est pas amendée. Il souligne que la démarche qu’entreprend le gouvernement de transition ne peut pas aboutir à un vrai dialogue puisqu’il n’y avait pas eu au préalable de concertation, de consensus. Pour Dr Évariste Ngarlem Toldé, le gouvernement de transition devrait d’abord trouver un facilitateur. C’est le facilitateur qui essayera de préparer la conscience des parties, consolider les uns et les autres, suggère-t-il. « Quand vous voyez ce qui se passe, vous avez la rage. C’est ce qui se pousse les uns et les autres à se révolter. Et par rapport à cette situation, je peux dire que la réaction de la coordination des actions citoyennes Wakit Tama est légitime. Car, on ne concerte pas les gens et on veut leur imposer les choses », constate-t-il.
Il conseille au gouvernement de transition de considérer la coordination des actions citoyennes Wakit Tama comme un partenaire. « Si on le considérait comme un partenaire, peut-être que cette coordination pourra accompagner la transition en place à trouver les moyens pour l’organisation de ce dialogue national, à l’aider dans ses démarches », conclut-il.
Allarassem Djimrangar
Koumassen Juste
Les femmes balayeuses des grandes artères de la ville de N’Djamena rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur métier. Elles appellent les autorités communales de les doter de matériels de qualité pour mener à bien leur travail. Elles demandent aussi aux usagers de routes de respecter leur travail. Reportage.
Vêtues des gilets roses, inscrits sur le dossard « N’Djamena Nadif » qui signifie en arabe local N’Djamena propre. Ces femmes menues de râteaux, des balais, des pelles et des brouettes, bravent chaque jour un soleil de plomb de la capitale tchadienne pour rendre propres les grandes artères des 10 arrondissements de la ville. Souvent inconsidérées, ces braves dames âgées de 25 à 56 ans font l’objet des injures et de mépris des motocyclistes et des automobilistes. Pour la chef d’équipe des femmes balayeuses de la commune du 3e arrondissement, Mme Rachel Meldé Nansangar, le travail de nettoyage des rues est un travail risqué, mais n’est pas respecté par les usagers. « Nous, nous levons à 6h du matin pour nettoyer les rues jusqu’à 12 h. notre tâche, c’est de rendre les rues de notre capitale propre, mais on ne nous aide pas à faire correctement notre travail », dit-elle. Cette veuve qui élève seule ses 5 enfants, affirme que ce n’est pas un travail facile, mais il faut s’accrocher. Selon elle, beaucoup de femmes qui font ce boulot le font par contrainte, parce qu’elles n’ont pas d’autre choix. Elle évoque aussi le cas des accidents dont les femmes balayeuses sont souvent victimes. « Nous travaillons pour la commune du 3e arrondissement depuis 2013, et depuis ce temps beaucoup des nôtres ont été victimes des accidents de circulations », explique Mme Rachel. Selon elle, les autorités communales devraient sensibiliser les usagers des voies publiques à respecter les femmes balayeuses des rues de la capitale.
À propos des équipements et des matériels de travail, les femmes balayeuses de la commune du 3e arrondissement demandent d’être dotées de matériels de qualités. Elles ajoutent que les balais ne sont pas de bonnes qualités et souhaitent que la mairie les dote des gants et des bottes pour se protéger contre les éventuelles infections. Toutefois, les femmes balayeuses vivent d’autres situations. Selon leur chef d’équipe qui s’exprime sous l’anonymat, les balayeuses du 6e arrondissement ont un manque criant du matériel de travail. « Nous avons plusieurs fois exprimé les besoins des matériels pour bien faire notre travail, mais les autorités de notre commune nous traînent de rendez-vous en rendez-vous. Nous sommes manqués de tout, pas assez de brouettes et de pelles-bêches, pas de gants et de panneaux de signalisation pour nous protéger contre les automobilistes », remarque la chef d’équipe. Pour ce qui concerne les salaires, elle souligne que « ce qui est aberrant, nous n’avons pas un salaire fixe, tantôt, on nous paye 55.000F CFCA, tantôt 60.000 F CFA ».
Pour avoir le cœur net, ces dames se sont approchées des autorités de leur commune pour des explications sur leur salaire, mais en vain. Le nettoyage des voies publiques est considéré par beaucoup de Tchadiens comme un sot métier et surtout celles et ceux qui s’y adonnent sont mal vus. Pour les rares hommes qui font ce travail avec les femmes, c’est n’est pas facile. Dans la société tchadienne, voir un homme se mettre à côté d’une femme pour balayer est considéré comme une bassesse. « Je suis un infographiste de formation, j’ai obtenu mon BTS en infographie depuis 2015, j’ai cherché du travail, mais en vain et c’est ma cousine qui m’a proposé de déposer mes dossiers pour être balayeur », déclare Mbïro Joël. M. Mbaïro note qu’au début, ça n’a pas été facile pour lui d’être le seul homme parmi des femmes, mais avec le temps, il a fini par s’adapter. Toutefois, il conseille aux Tchadiens de considérer ces femmes et hommes qui se battent tous les matins avec abnégation pour rendre propres et belles les rues. En s’adressant aux autorités communales, ce dernier appelle celles-ci à réprimer certains usagers des voies publiques, surtout les motocyclistes qui sont à l’origine de beaucoup d’accidents. Sur la question de rémunération, les femmes balayeuses affirment d’une manière unanime que leurs salaires varient de 55.000 à 61.000 F CFA. Pour le recrutement, les autorités communales font une enquête auprès des délégués et des chefs de quartiers. L’administration communale s’intéresse particulièrement aux femmes veuves démunies, des filles mères et quelquefois les chômeurs.
Jules Doukoundjé
Il existe peu d’autres régions du monde où l’Italie a renforcé sa présence de manière aussi intensive que ces dernières années au Sahel. La récente nomination d’Emanuela Del Re en tant que nouveau représentant spécial de l’UE pour le Sahel, première femme et première italienne à occuper cette fonction prestigieuse, représente une importante reconnaissance à ce propos.
L’Afrique et la Méditerranée élargie sont au centre de notre politique extérieure et sont à la base de notre engagement dans le Sahel. Nous sommes, en effet, convaincus qu’il existe une interdépendance étroite entre la stabilité de la région et la sécurité de toute l’Europe, une interdépendance qui ne peut que s’accroître face aux défis communs que représentent la menace djihadiste, les changements climatiques et les pandémies. D’un point de vue économique, il existe une marge énorme pour une coopération renforcée et mutuellement avantageuse.
L’Italie a construit sa présence dans la région en suivant une approche multidimensionnelle, en misant sur l’intensification du dialogue politique, l’augmentation de sa contribution à la sécurité, le renforcement des institutions étatiques et le développement durable.
La pierre angulaire de cet effort est avant tout le renforcement de notre réseau diplomatique. Au cours des quatre dernières années, nous avons ouvert de nouvelles ambassades au Niger et au Burkina Faso, auxquelles s’ajouteront, dès que les conditions politiques et de sécurité le permettront, le Mali et le Tchad. En 2018, nous avons entamé notre première mission de formation et d’assistance militaire au Niger (MISIN), en vue de former environ cinq mille membres des forces armées nigériennes pour lutter contre le terrorisme et contrôler les frontières. Lors de ma récente mission à Niamey, les autorités nigériennes ont démontré qu’elles appréciaient beaucoup cette initiative et nous ont demandé de la renforcer.
L’Italie participe activement à toutes les missions européennes d’instruction, de formation et de développement dans la région - EUTM et EUCAP - et à la mission de maintien de la paix des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Depuis l’année dernière, notre pays est également devenu membre de la Coalition pour le Sahel, un organisme international dont l'objectif est de renforcer la coordination entre les activités des nombreux partenaires internationaux au profit des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso et Tchad). Dans ce contexte, nous avons également décidé, de concert avec le Ministre de la Défense, Lorenzo Guerini, de contribuer à la Task Force Takuba, la mission spéciale européenne qui soutient les forces de sécurité locales dans la lutte contre le terrorisme.
Afin de concrétiser davantage notre présence, nous avons ensuite créé le Fonds pour les migrations qui, depuis 2017, finance des projets d’aide aux réfugiés, des activités de rapatriement volontaire, le contrôle des frontières et la lutte contre les motifs profonds des migrations, et dans lequel 110 millions d’euros ont été versés en faveur de la région. Le Fonds pour les migrations s’est ensuite avéré particulièrement efficace pour aider à gérer le phénomène migratoire et soutenir les institutions et les communautés locales.
Parallèlement à cet instrument, se poursuit l’action traditionnelle et continuelle de la Coopération italienne qui, en étroite collaboration avec les autorités locales, travaille sans relâche en faveur d’une croissance économique inclusive et durable dans toute la région, avec un engagement total qui s’élève actuellement à environ 150 millions d'euros.
Notre pays se trouve également au premier plan en ce qui concerne la promotion de la centralité du Sahel au niveau multilatéral. Lors de la réunion ministérielle des pays membres de la coalition anti-Daesh, que j’ai coprésidée à Rome le 28 juin avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, nous avons proposé de constituer un groupe de travail ou une plateforme consacré aux situations de crises en Afrique, en particulier en Sahel et au Mozambique.
Lors du G20 de Matera, nous avons également voulu consacrer la réunion des ministres des affaires étrangères et du développement aux défis de l’Afrique et du Sahel. La “Déclaration de Matera” sur la sécurité alimentaire, la nutrition et les systèmes alimentaires représente un “appel à l'action” pour l’ensemble de la communauté internationale, basé sur deux principes politiques fondamentaux: le maintien de la sécurité alimentaire et de la nutrition parmi les priorités de l’agenda politique international et la concentration des efforts sur les politiques et les investissements qui produiront des effets stables également à moyen et long terme. Cela est particulièrement valable pour le continent africain et pour le Sahel, où les implications sanitaires et financières du Covid sont préoccupantes. Nous sommes convaincus que le G20 a le devoir d’aider le continent africain à sortir de cette période difficile et à retrouver une croissance soutenue et, surtout, durable. Nous devons agir ensemble pour libérer l'énorme potentiel de croissance de l'Afrique, parce que toutes les améliorations apportées aux conditions de vie des populations et à la lutte contre la pauvreté, entraîneront des conséquences positives immédiates des deux côtés de la Méditerranée et, plus globalement, sur toute la planète.
Nous aborderons à nouveau ces thèmes au début du mois d’octobre, lorsque nous accueillerons à Rome “Rencontres avec l’Afrique”, une réunion ministérielle consacrée à la transition écologique et énergétique dans le cadre de la coprésidence italienne de la COP26. Des thèmes décisifs pour le futur du continent africain et qui exigent de recevoir une réponse commune, basée sur les valeurs d’un multilatéralisme efficace pour lequel l’Italie joue, cette année, un rôle de premier plan.
Notre propension géopolitique et la conscience du rôle que nous pouvons jouer, démontrent clairement que l’Italie est un train d’effectuer un investissement stratégique à moyen et long terme au Sahel. Nous continuerons à être à vos côtés, tant sur le plan bilatéral que dans les grandes assemblées internationales, afin d’assurer un futur stable, un développement durable et une augmentation du bien-être au sein de cette merveilleuse région.
Luigi Di Maio
Ministre des Affaires Étrangères de la République Italienne
Les habitants du carré 9 de la commune du 7e arrondissement et ceux du carré 41 du 8e arrondissement ne s’entendent plus. La raison : ceux du carré 41 décident de bloquer le dalot pour empêcher d’être envahi par les eaux qui débordent du bassin de rétention situé au carré 9. Reportage.
En cette période de saison des pluies, les habitants de certains quartiers de la ville de N’Djamena ne se font pas de cadeau. C’est le cas des habitants du carré 9 du quartier Amtoukoui 1 dans le 7e arrondissement et le carré 41 du quartier Amtoukoui Koudou dans le 8e arrondissement. Raison de leur divergence : Chaque saison des pluies, le bassin de rétention situé dans le carré 9 se déverse dans les habitations du carré 41. Pour éviter de vivre les mêmes calvaires des années précédentes, les habitants du carré 41 ont cotisé pour acheter des Benz de remblais pour bloquer le passage d’eau. Ce geste est insupportable pour les voisins du carré 9, qui décident d’aller démolir éventuellement cette digue. Pour Prudence Nékouanodji riveraine du bassin de rétention au carré 9, les habitants qui vivent au tour du bassin ont trop souffert des inondations. « L’année dernière, on a beaucoup souffert, il y avait l’inondation totale, l’eau entrait même dans les chambres, ça n’a pas été facile », explique cette jeune dame. Mme Nékouanodji souhaite que l’État se penche sur leur sort en arrangeant les bordures du bassin de rétention. Sur la question du blocage de la canalisation, cette dernière fait appel aux autorités de la commune du 7e arrondissement pour régler ce problème, avant d’ajouter que sans cela, la situation va s’aggraver cette année.
Abondant dans le même sens, Nadjitoydé Djasrangar Marius, souligne pour sa part que ce problème doit être rapidement réglé par les maires des deux communes. « Cette histoire a créé beaucoup de désordre l’année passée. Cette année nos voisins ont décidé de se mobiliser pour fermer le canal, le gouvernement doit prendre une décision ferme », explique M. Djasrangar Marius, avant de rappeler que l’année dernière, il y a eu des bagarres qui ont fait plusieurs blessés et demande aux deux maires de trouver une solution idoine. Vu la gravité de cette situation, les autorités des deux communes se sont rencontrées pour arranger ce différend.
Pour M. Pascal Kemkoï Gueou, maire premier adjoint, il faut être diplomate pour gérer ce genre de problème, et souligne qu’il ne faut pas appliquer la violence. « Par rapport à l’aménagement du bassin de rétention, les bordures qui viennent d’être aménagées pour empêcher l’eau de déborder, ce travail va soulager les populations riveraines », précise le maire premier adjoint. En ce qui concerne le dalot qui a été bouché par les gens du 8e arrondissement, M. Kemkoï Gueou, explique que c’est logique. « D’abord, ce n’est pas la mairie du 7e arrondissement qui a construit ce dalot. C’est construit pendant la période où on construisait l’avenue Taïwan, c’est prévu dans le plan, ce n’est pas nous qui avions construit ce dalot », précise-t-il. Ce dernier était parti rencontrer Mme la maire du 8e arrondissement pour trouver une solution. « Nous avons fait des investigations autour du bassin avec le directeur de la voirie pour trouver une solution. Il nous a assuré qu’il va faire venir son service technique pour faire ce travail », ajoute, le maire premier adjoint. M. Pascal Kemkoï Gueou se dit surpris de l’agitation des populations des deux carrés qui ont toujours vécu en parfaite harmonie. Selon lui, il faudrait que le service de la voirie de la mairie centrale qui a pris l’initiative de faire ces travaux se prononce pour que les choses aillent dans le bon sens pour éviter les dégâts entre les deux carrés. La commune du 7e arrondissement a signé un accord avec la société Satom qui a commencé à aménager tous les bassins de rétention de cette commune.
Jules Doukoundjé
Le Premier ministre de transition, Pahimi Padacké Albert, a fait ce 13 juillet, une communication relative au dialogue national inclusif en vue. 15 jours ont été donnés à la société civile, aux partis politiques, etc. d’envoyer la liste de leurs représentants. Retour sur cette communication avec Ialtchad Presse.
L’objectif de cette communication est d’inviter toutes les composantes des forces vives, les partis politiques, les associations de la société civile et les syndicats, les femmes et les jeunes, les chefs traditionnels et religieux, les personnes vivantes avec un handicap, la diaspora, etc. à s’organiser en toute liberté et transparence pour choisir leurs représentants au sein du comité d’organisation du dialogue national inclusif et ce, conformément aux dispositions du décret du 2 juillet 2021.
Selon Pahimi Padacké Albert, aujourd’hui, les divergences des Tchadiens portent, non pas sur le principe même de la transition et du dialogue qui fait l’unanimité, mais plutôt sur les démarches, les modalités et les conceptions que les uns et les autres ont de ce dialogue. Pour le Premier ministre de la Transition, c’est une tautologie que de dire que ces divergences autour des différentes visions du dialogue national inclusif ne peuvent être résorbées que par le dialogue lui-même et l’inclusivité.
D’après lui, c’est donc dans la recherche de la meilleure voie possible et de cette inclusivité, si chère à tous, que le président du Conseil militaire de Transition (CMT), Mahamat Idriss Deby, a signé le 2 juillet, un décret portant création d’un comité d’organisation du dialogue national inclusif. Ce décret fixe le cadre dans lequel les différentes composantes pourront choisir librement leurs membres au sein de ce comité d’organisation, dit-il. « Il est que le comité d’organisation ne peut compter en son sein 15 ou 16 millions de Tchadiens, mais la volonté du gouvernement est que chaque Tchadien s’y sente représenté et donc pleinement concerné par le dialogue inclusif, à commencer par sa préparation », a exprimé le Premier ministre.
Il souligne que le ministre d’État chargé de la réconciliation nationale et du dialogue se tient dès à présent à la disposition pour recevoir les listes de leurs représentants au sein du comité d’organisation du dialogue et, ce pendant les 15 jours qui suivront sa communication. « C’est dans cet esprit, que je voudrais avec toute l’humilité requise, vous demander, de placer votre curseur sur l’idée de la République et sur elle seule, au moment de faire le choix de vos représentants au sein du comité d’organisation du dialogue national inclusif », conclut Pahimi Padacké Albert.
La répartition, selon le décret du 2 juillet se fait comme suit : cinq membres du gouvernement, trois membres du cabinet du PM, cinq membres du CNT, 15 représentants des partis politiques, 10 représentants de la société civile et des syndicats, trois représentants des forces de défense et de sécurité, cinq représentantes des organisations féminines, cinq représentants des jeunes, trois représentants des religieux, trois représentants des chefferies traditionnelles, deux représentants des personnes vivant avec un handicap, trois représentants de la diaspora et cinq personnes ressources.
Allarassem Djimrangar
Brah Mahamat ministre a déclaré, 09 juillet que la fonction publique est saturée. Il appelle le patronat et les entreprises privées à mettre la main dans la patte. Ces propos a mise mal à l’aise les diplômés sans emplois et quelques citoyens que nous avons rencontrés ce 13 juillet 2021. Vox pop
Fida Hoîssou Evelyne, est étudiante à l’université de N’Djamena : « J’étais choquée quand j’ai écouté les propos du ministre. Les jeunes espèrent un jour devenir des hautes personnalités et croient au changement de la situation du Tchad. Malheureusement les propos du ministre sont décourageants. Il parle des entreprises, or le climat d’insécurité, les impôts exorbitants et les taxes font peur et ne favorisent pas les investissements au Tchad. En réalité, il n’y a pas assez d’entreprises au Tchad pour recruter les jeunes diplômés comme le prétend le ministre. »
Ngamada Bertrand Ngabé, étudiant : « Je vois sa déclaration sous l’angle politique, parce qu’on sait que le Tchad a toujours besoin des ressources humaines mais c’est un problème de gestion de personnel qui se pose à mon avis. Je me demande si le gouvernement a une politique d’accompagnement du patronat lorsqu’il leur demande d’accompagner les jeunes. Une telle déclaration est un non évènement. »
Rongone Léopold : « D’après moi, ce ministre ne sait pas ce qu’il dit. Je ne lui donne pas tort. Un ministre de la fonction Publique digne de son nom ne pourrait pas dans le contexte actuel, dire que la fonction Publique est saturée. Quand on dit que la fonction publique est saturée cela signifie que les services de l’Etat fonctionnent d’une très bonne manière, c’est-à-dire aucune partie ne se plaint du service de l’Etat. Mais regardons ce que nous vivons au Tchad, l’OMS a décidé quelques conditions pour parler d’un état normal de la santé. Il y’a un nombre de la population par médecin, un nombre des élèves par classe mais y’a rien qui répond aux normes internationales. Il demande aux entreprises privées de recruter, il n’y a pas assez des entreprises sérieuses qui investissent au Tchad ».
Ngueneloum Blagué Sou, enseignant contractuel au lycée Sacré-Cœur de N’Djamena : « C’est de la poudre aux yeux la déclaration du ministre. Sur quelle base tient-il un tel propos ? Le nombre des élèves, des étudiants augmente chaque année et surtout ceux des écoles professionnelles qui sont formées spécifiquement pour un service donné. S’il y’a pas une alternative, qu’il se taise au lieu d’injurier la jeunesse. Le secteur de l’éducation à lui seul devrait observer 10000 enseignants par ans du moins tous les quatre ans. Le feu maréchal a promis 20000 emplois mais il n’ya que 6000 qui sont intégrés donc où sont passés les 14000 ? C’est pour leurs enfants ? C’est un refus et une pire méchanceté. A propos des entreprises, les impôts sont exorbitants et ne favorisent pas le climat d’affaire. Certaines entreprises qui sont déjà surplace ferment leurs portes et de nombreuses autres veulent déposer leurs valises au Tchad mais les conditions sont défavorables. Que vont faire les enfants des pauvres ? Mais on n’accepte pas ça et on va sortir dans la rue pour exprimer notre ras-le-bol ».
Allaressem Lucienne : « Quand l’Etat forme les jeunes, c’est d’abord pour la fonction Publique, c’est ce qu’on nous a fait croire. Et c’est pour cette raison, qu’on a étudié, déposé nos diplômes pour l’intégration. La grande surprise, on nous dit que la fonction Publique est saturée et que c’est les entreprises et les ONG qui devraient nous prendre en charge. Personnellement, je pense que ce n’est pas ce que le ministre devrait dire. Je suis touchée par sa déclaration, parce que j’attends l’intégration du ministère. Aujourd’hui, lorsqu’une personne est intégrée, ce n’est pas pour elle seule mais c’est l’espoir pour toute la famille. Avoir l’accès aux ONG est de plus en plus difficile à cause des exigences notamment des années d’expériences, des besoins en main d’œuvre etc. Je pense que ce ministre se moque des lauréats, et franchement, on ne sait pas s’il faut étudier ou pas ».
Réalisation Koumassen Juste & Orthom L’or
Le dossier sur la hausse des prix des denrées de première nécessité sur les marchés de N’Djamena se poursuit. Votre quotidien s’est entretenu avec monsieur Daouda Alhadji, Secrétaire général(SG) de l’association des Droits des Consommateurs (ADC).
Selon le SG de l’ADC Daouda Alhadji, depuis plus de 10 ans qu’ils ne cessent de parler de cherté de la vie dans notre pays. Il indique que nous sommes dans un pays à économie de pénurie. « Il n’y a pas assez d’offres sur le marché sur toute l’année. Il y a certes des périodes de pic, mais la plupart du temps, lorsqu’on arrive à la période de soudure, l’offre n’est pas suffisante. La production nationale et les importations ne suffisent pas à la demande. Cela fait que nous sommes dans une situation d’insécurité alimentaire avec un marché mal organisé et sans concurrence », dit-il. Toujours selon le SG dans une telle situation, les opérateurs font ce qu’ils veulent. « Malheureusement, l’État en tant que régulateur ne fait rien. L’État doit veiller à l’approvisionnement des marchés de manière régulière sur les 365 jours de l’année ».
M. Daouda Alhadji, relève les causes de la flambée des prix des denrées alimentaires, en citant entre autres, la pénurie d’économie de la production, la dépendance aux importations extérieures, l’exportation d’arachides, la production agricole très fragile. Pour lui, le Tchad ne peut pas atteindre l’autosuffisance alimentaire à ce rythme. « Le ministère en charge du commerce doit organiser le commerce et avoir une base de données claire des importateurs et producteurs pour suivre leurs stocks. S’il y a aujourd’hui une pénurie, il n’y a pas assez de denrées sur le marché et cela amène les opérateurs économiques à spéculer », dit-il. D’après lui, le ministère de tutelle et celui d’agriculture ne sont pas prévoyants. Il souligne par exemple si le ministère d’agriculture annonce une mauvaise production agricole, automatiquement on doit s’attendre à une pénurie. « Il faut systématiquement donner les moyens à l’Office National de la Sécurité alimentaire(ONASA) afin de prévenir une telle situation. Donner également des autorisations aux importateurs pour combler le vide ». Pour le SG de l’ADC, le ministère en charge doit identifier des périodes de pic et anticiper, malheureusement il ne le fait pas.
« Il n’y a pas une politique de management de la consommation. Les commerçants vendent à leur guise, sans un prix affiché et avec de Koro non conforme. Chose écœurante, tout cela se passe sous l’œil de la mairie, du ministère de commerce et des autorités sécuritaires. Chacun s’enrichit comme il veut, on ne prévoit pas on n’anticipe pas, on prend des mesures lorsqu’il ne fallait pas, etc. », lance-t-il. M. le SG estime que des mesures pour exonérer les taxes des denrées de première nécessité auraient dû être prises trois mois avant pour que les marchandises qui sont au niveau de la Douane puissent arriver sur le marché pour combler ce besoin.
« Les consommateurs ne sont pas des consommateurs avertis… »
Les consommateurs devraient faire un choix, agir comme des consommateurs avertis, dit-il. Le défenseur des consommateurs conseille la population à chercher des produits de substitution. D’après lui, les ménagères doivent faire preuve de maturité dans les achats, malheureusement leurs multiples appels à l’ordre ne sont pas respectés.
« Nous avons proposé autant de solutions, mais elles n’ont pas été prises en compte de manière exhaustive comme nous les avions souhaitées. Il faut que le ministère de tutelle joue pleinement son rôle, le ministère de commerce je vous dis c’est une coquille. Il doit surveiller ce qui se passe sur le marché », affirme-t-il. Sous d’autres cieux, poursuit-il, on sait d’avance la quantité de produits qui est entrain de venir. « On tire la sonnette d’alarme et on prend des mesures anticipatives pour le corriger », relate-t-il. C’est une honte de continuer à importer du riz alors qu’on dispose de potentialités, souligne monsieur Daouda. « Notre souveraineté alimentaire dépend de la valorisation de nos potentialités agricoles. On importe quand on est dans l’impossibilité de le faire », note-t-il.
Le retard de délivrance des marchandises à la douane et la covid-19, créent de situations de spéculation, explique le SG. Il propose que le gouvernement sorte le stock au niveau de l’ONASA et les vendre afin d’aider les vulnérables. Selon lui en agissant ainsi, le spéculateur serait découragé. « Renforcer la capacité de cette institution de sécurité alimentaire à agir. Booster la production agricole, révolutionner le secteur de l’industrie. C’est toutes ces questions économiques qui peuvent résoudre à long terme ce problème », suggère-t-il a l’État. Monsieur Daouda Alhadji demande aux consommateurs de s’ajuster par rapport à leur bourse.
Moyalbaye Nadjasna
Le prix des denrées flambe chaque jour sur les différents marchés de N’Djamena, capitale tchadienne. Les ménages crient leur désarroi. Ialtchad Presse a fait un tour dans les trois grands marchés de la capitale pour s’enquérir de la situation. Reportage.
Quartier Ambassatna, 3e arrondissement, se trouve le « Souk kebir » en arabe tchadien signifie grand marché. Ici les denrées alimentaires sont vendues en gros, pas des petits clients. Sauf les semi-grossistes qui raflent quelques sacs du riz importé. Ils refusent d’être photographiés ni se prononcer. Nous continuons à « Souk Khaala », marché à mil. Nous abordons les ménagères qui s’expriment sous l’anonymat. « Les prix des denrées alimentaires sur le marché grimpent. Les prix sont passés du simple au double voire triple. Difficile d’expliquer le pourquoi », confient-ils.
10 heures marché de Dembé dans le 7e arrondissement de la capitale. D’habitude, ce marché grouille le monde. A l’aile droite du marché se trouve une unité de contrôle de la mairie. Nous sommes au cœur des étals. Nous rencontrons Laouroutou Isabelle, vendeuse d’arachides, la cinquantaine révolue. Selon elle, cette année, l’arachide se pèse par kilogramme. Elle rajoute que l’année dernière, le prix était nettement mieux. « Nous achetons de chez les semi-grossistes à 1250 FCFA le Koro. Nous revendons à 1500 après avoir passé au feu. Ce que nous vendons, c’est pour faciliter la tâche aux femmes qui veulent faire la pâte », dit-elle. D’après elle, les semi-grossistes disent que les grossistes exportent une bonne partie d’arachide décortiquer vers le Cameroun et le Nigeria. C’est la raison pour laquelle les prix grimpent, renchérit-elle. « En toute sincérité, même le fait qu’on revende à 1500 FCFA, nous perdons, car pour griller l’arachide, il faut acheter du bois de chauffe, du charbon ou utiliser le gaz », justifie la vendeuse.
Rassem Beatrice, ménagère de son état se pointe devant l’étale du riz. Pour elle, la presse c’est une occasion à saisir pour dénoncer ce qui se fait sur les marchés actuellement. « Vraiment le prix des denrées alimentaires nous asphyxie, On est obligé de s’accrocher, mais c’est difficile. Ce n’était pas comme ça avant. Le riz local dans le passé le Koro est à 1000FCFA, maintenant c’est à 1300, une autre variété qui est importée qui se vendait à 1200, actuellement c’est 1500. Pour l’huile n’en parlons même pas. Le bidon de 5 litres à 5000FCFA se vend à 7000FCFA. Le Koro de mais qui était vendu à 750 F se vend maintenant à 1000 F. Je me demande si on arrive en pleine saison de pluie on sera dans le calvaire total », dit-elle désemparée. Elle rajoute que c’est difficile pour les familles nombreuses.
Une autre ménagère requérant l’anonymat affirme, « on dirait les autorités sont indifférentes de cette la flambée du prix des denrées de première nécessité. Vous voyez, je suis dépassée, même pour acheter ce ¼ du Koro du riz local, on me parle de 375 FCFA. Pourquoi, toute cette souffrance au Tchad, il faut que Dieu ait pitié de nous les pauvres », lance-t-elle.
Et arrêté du 22 juin 2019 du Commerce ?
Rappelons qu’un arrêté du 22 juin 2019 du ministère du Développement industriel, commercial et de la Promotion du secteur privé a rendu publique une liste comportant les prix de vente maxima des produits alimentaires locaux et importés de première nécessité dans la ville de N'Djamena. 14 types (confère. Arrêté) de produits alimentaires locaux et sept types. Pour accompagner le gouvernement, la Chambre de commerce, d’industries, d’agriculture, des mines et d’artisanat (CCIAMA) avait lancé en 2019, l’opération « juste prix ». Elle avait pour but de permettre à la population d’acheter et de consommer des produits de première nécessité en fonction de sa bourse. Mais aussi et surtout, réduire la cherté de la vie. Où en est ce projet ?
En plus, un numéro de téléphone le 1212 a été mis à la disposition des consommateurs en cas de nécessité, pour dénoncer les commerçants véreux. Les consommateurs le savent-ils ? Pas sûr.
Moyalbaye Nadjasna
Donc « Ab Chanapp » (le moustachu) Mahamat Saleh Haroun (MSH) nous surprend, encore une fois. Il surprend toujours notre compatriote avec ses films qui parlent toujours de nous. Et qui parle souvent des petits bonheurs des petites gens. Et de nos grands travers. Bref, de nos misères à tous. Pauvres comme riches. Son dernier film « Lingui, les liens sacrés » est en compétition au grand Festival de Cannes pour la Palme d’or. Il semble que c’est un film qui prend par les tripes. Il nous renvoie à la face les hypocrisies de notre patriarcat. Un système essoufflé, bousculé par les temps modernes, mais qui s’accroche vaille que vaille sur des niaiseries surannées pour exister.
D’abord, « Lingui » ce troisième long métrage est une fierté pour le pays. Déjà le titre « Lingui » est évocateur. Un mot typiquement tchadien. Fièrement N’Djamenois. Il est parfaitement bien traduit en français par « Liens sacrés ». Oui « lingui » c’est sacré. Ce sont tous ces gestes du quotidien qui lient les Tchadiens les uns aux autres, qui les unissent malgré, comme disent certains, la malédiction ou le bonheur d’être Tchadien. C’est selon les jours, les heurs et les circonstances. MSH aime trop ce pays. Presque tous ces films se déroulent au Tchad. Question : quel message MSH envoie-t-il aux Tchadiens? Ialtchad tente des réponses, mais….
Que relate ce film? Il raconte une histoire dramatique rendue banale au Tchad. C’est le drame d’une mère de famille monoparentale Amina. Elle vit seule avec sa fille unique, Maria. Les deux femmes vivent quelque part dans une banlieue de la capitale, N’Djamena. Une ville qui signifie en arabe locale du pays (traduction libre) : lieu de repos, mais la vie n’a pas été de tout repos pour elles. La vie, pour elles et pour plusieurs femmes comme elles, est fragile, dure et amère. La maman Amina découvre que sa fille, Maria, adolescente est enceinte. Une grossesse que la future fille-mère n’en veut pas. Que faire? Avorté? Comment le faire dans une société où la religion condamne l’avortement? Où l’avortement est prohibé par la loi. Où le regard social, le « mauvais œil », les « mauvaises langues », comme on dit, rejettent ces adolescentes si elles accouchent ou si elles avortent. Une société qui les juges seules responsables du drame qui les assaille. Comme si donner vie ou refuser de porter seul le fardeau est une offense divine. Pire, un déshonneur aux hommes de la famille : les gardiens du patriarcat.
Ensuite, MSH, dans ce film semble-t-il nous envoie à la violence sexuelle voulue ou pas sur les femmes. Entretenu ou pas. Sciemment ou inconsciemment. Des vrais sujets de débats. MSH fait de ces sujets son combat. Et du cinéma une arme pour abattre ces interdits. Il est comme on dit, interdit t’interdire. Un laxisme sur le sujet de la violence sexuelle faites aux femmes ravage le pays. Oui c’est un énorme vrai problème au pays. Certains diront que la violence sexuelle n’est qu’une vue de l’esprit. Pire c’est la vision des « Tchadiens occidentalisés » qui veulent imposer aux autres « tchadiens, labélisés locaux locaux » les comportements et les attitudes venus d’ailleurs. Ils sont nombreux les adeptes de ces faux arguments. Eh bien non. Les violences faites aux femmes sont réelles. Il y a même plusieurs sortes de violences. Celles qui défraient les chroniques sont les violences sexuelles. L’actualité de ces derniers jours, mois et années nous le rappelle constamment : affaire Zouhoura, affaire des enfants des généraux qui kidnappent et violent une fille parce qu’ils la juge trop hautaine « achamanée » comme on dit. Ce film de MSH est une ode aux femmes de son pays. Entendre par là : au respect de la femme. Il faut que cela change. Le réalisateur par cette énième œuvre tente de souffler le vent du changement. Il a su bien le dire aux collègues de TV5 Monde, en toute modestie « je ne suis qu’un vent qui passe pour que la vie continue il faut aussi d’autres vents, des bourrasques ». Il faut donc que chacun de nous change, pour que la femme tchadienne, porteuse de vie, vive sa vie dans la bienveillance.
Enfin, ceux qui ont vu le film en projection presse disent que MSH a tenté de parler à travers ce film de l’horizon d’un possible changement. Échappe-t-on à son destin? Non. Lui MSH échappera-t-il au sien? Non. Il lui reste une chose à faire. Son pays traverse un moment des grandes incertitudes. MSH a déjà goûté à la politique pratiquée par des « politiciens » sans conviction. Il a démissionné pour repartir à ses caméras, à son « dada », le cinéma. Il est temps pour ce N’Djamenois de revenir mener un autre combat. De mettre sa notoriété au service des siens. De libérer son pays des obscures ambitions politiques des uns contre les autres. De revenir simplement faire de la politique active. Pas comme un messie, ni un prophète, mais comme fils ordinaire aimant son pays. Beaucoup des Tchadiens lui sauront gré. Lui qui les a toujours mis à l’honneur pour qu’enfin la bourrasque du changement bouleverse ce pays pour le meilleur.
La palme d’or sera décernée le samedi 17, Lingui, les liens sacrés est en lice pour le titre. Bonne chance à notre compatriote.
Bello Bakary Mana