Les victimes du régime de l’ancien Président Hissène Habré menacent d’aller camper dans les jours à venir devant la Présidence de la République si le gouvernement ne répond pas à leurs doléances. Ils réclament le paiement de leurs indemnisations estimées à plus 75 milliards de francs CFA. Reportage.
Les femmes victimes du régime de l’ancien président Hissène Habré ne supportent plus qu’on les traîne. Elles menacent de camper à la Place de la Nation si les autorités de transition ne les satisfont pas. La Secrétaire générale (SG) des victimes du régime de Hissein Habré, madame Ginette Ngarbaye, estime que le silence des autorités tchadiennes et de l’Union africaine (UA) est une violation des droits humains. Selon la SG, les indemnisations réclamées ne sont pas une mendicité, c’est un droit. « Nous avons gagné les deux procès de N’Djamena et de Dakar depuis 6 ans et les autorités tardent à nous rétablir dans nos droits. Cela ressemble à de la mauvaise foi », affirme-t-elle. Toujours selon Mme Ngarbaye, il n’y a pas de raisons pour retarder l’indemnisation des victimes qui sont toutes des personnes du troisième âge.
Pour cette dernière, l’état serait en train d’organiser une mort lente et à petit feu des femmes veuves et victimes du régime de l’ancien président Hissène Habré. Cet avis est partagé par la plupart des femmes rencontrées au siège de leur association située au quartier chagoua dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Sarah NDotta, veuve et victime se dit déçue du comportement des autorités tchadiennes. Mme Ndotta s’exprimait avec colère, elle souligne que le comportement des dirigeants actuels lui rappelle les moments douloureux du temps de l’ancien régime Habré.
Sarah Ndota qui faisait partie des jeunes lycéennes enlevées par les éléments de la DDS explique que «il a fallu plus de 25 ans de lutte pour arriver au bout du tunnel, mais les autorités tchadiennes et l’UA cherchent à confisquer leur victoire ». Ce retard serait la cause de la mort de beaucoup de leurs compagnons de lutte. Toutefois, elle précise que si rien n’est fait, aucune victime ne pourrait recevoir son indemnisation. Pour Mme Fatimé Mahamat Seide Bani, il faut passer à la vitesse supérieure en organisant tous les jours les manifestations. « Nous avons trop patienté, mais les autorités refusent de nous comprendre. La Seule manière de nous faire entendre est de camper tous les jours à la Place de la Nation », déclare la cinquantenaire bien voilée. Fatimé Mahamat Seide Bani, victime indirecte du régime de l’ancien Président Hissène Habré avait perdu ses parents pendant le règne de plomb du Président Hissène Habré. Elle se dit soulagée par les deux procès, avant de préciser que le manque de volonté du gouvernement est une injure à leur égard. L’indemnisation des victimes du régime de l’ancien Président Hissène Habré est estimée à une somme de 75 milliards de FCFA.
Hissène Habré, 74 ans, a été condamné le 30 mai 2016 pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité », « tortures » et « viols » par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d’un accord entre l’UA et le Sénégal, où il s’était réfugié après avoir été renversé en décembre 1990 par le défunt président tchadien Idriss Deby Itno.
Jules Doukoundjé
Les autorités tchadiennes ont refusé de recevoir l’envoyé spécial de l’UA le Sénégalais Ibrahima Fall. Cette décision a provoqué un incident diplomatique. Pour un éclairage de la situation, Ialtchad Presse a rencontré Dr Maoundonodji Gilbert, constitutionnaliste, enseignant chercheur à l’université de Ndjamena.
Suite au refus du Conseil Militaire de Transition (CMT) de recevoir l’envoyé spécial de l’UA qui devait accompagner la transition, le sénégalais Ibrahima Fall, beaucoup s’interrogent sur la bonne foi de la junte au pouvoir. Le processus du dialogue national inclusif qui doit aboutir à des élections libres et transparentes d’ici 18 mois sera-t-il respecté?
Pour l’enseignant chercheur, le Dr Maoundonodji Gilbert, la guéguerre entre le CMT et l’UA n’augure pas bien. L’universitaire estime qu’on ne peut pas dire que le gouvernement n’est pas au courant de la nomination d’un Haut représentant (HR), notant que cela frise même la mauvaise foi. Le constitutionnaliste explique que lors de la mission de la délégation du Conseil de Paix et de sécurité (CPS) de l’UA à N’Djamena, capitale tchadienne, « à la fin de cette mission, la délégation de l’UA a produit un rapport avec les recommandations qui ont été adoptées par le CPS », indique le Dr Maoundonodji Gilbert. Selon lui, avant l’adoption, le rapport a été soumis aux autorités tchadiennes pour faire leurs observations, soulignant que dans ce rapport, il a été clairement mentionné la nomination d’un haut représentant de l’UA. D’après lui, ce HR sera chargé d’accompagner le processus de transition, de veiller aux respects des mesures prises, puis rendre responsable ceux qui constitueraient les obstacles à la mise en œuvre des recommandations. Toutefois, il précise qu’en plus du HR de l’UA, le président en exercice de l’UA nomme un autre représentant spécial pour renforcer le bureau de liaison.
Le constitutionnaliste estime que le fait que les autorités du CMT disent qu’ils ne sont pas informes est un faux - fuyant. « Ils se rendent compte que l’encadrement de processus de dialogue inclusif de transition par des acteurs comme l’UA restreint leur marge de manœuvre. Ils ne pourront pas faire tout ce qu’ils veulent », lance-t-il. Le professeur rajoute, « ils font du dilatoire ». Il renchérit que la communauté internationale a été très claire, même si l’UA a fait exception au Tchad par rapport à l’application des dispositions de la charte africaine sur la bonne gouvernance et les élections démocratiques. « Il faudra espérer que le président Macron va réitérer et réaffirmer au Président du CMT que l’équipe de transition est là pour stabiliser la situation et créer les conditions adéquates pour le dialogue national inclusif qui aboutira à des élections libres et transparentes dans un délai de 18 mois », souligne-t-il.
D’après le constitutionnaliste, il faudra utiliser les canaux diplomatiques pour régler cette situation, ajoutant que même si l’on a des signaux négatifs, il ne faut pas que les gens se trompent d’époque. « Il faut que cette situation permette à ce que les Tchadiens fassent véritablement la paix. Il ne faut pas faire dans le dilatoire et jouer avec les Tchadiens. Ce n’est plus l’époque », dit-il.
Jules Doukoundjé
Donc le président du Conseil National de Transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby Itno vient d’accorder sa première grande entrevue à l’hebdomadaire Jeune Afrique (JA). Et JA, comme à ses habitudes, a servi au public une entrevue entre polissage d’image, flatteries, glorioles et mise en garde. Bref dans cet échange on apprend une chose : Mahamat Kaka se rebiffe. Prend-il de l’assurance en lui? Cette interrogation est une mauvaise nouvelle pour ses conseillers, ses alliés, les partenaires du pays et les Tchadiens qui aspirent au changement. Pourquoi?
D’abord en début d’entrevue le PCMT fait le gentil garçon. Il plaide qu’il n’avait pas fait un coup d’État. Qu’il n’a jamais voulu le pouvoir. Qu’il n’a jamais été préparé par son défunt Papa de Maréchal à l’exercice du pouvoir pour lui succéder. Qu’il a été imposé par les généraux. Que le Président de l’Assemblée nationale (PAN) Haroun Kabadi a refusé d’assumer ses responsabilités. C’est pourquoi il a été forcé de devenir président de la transition. Il a aligné les raisons les unes après les autres pour faire étalage de sa bonne foi. Il apprend vite Deby fils. Il en a surpris plus d’un. Surtout ceux qui s’évertuaient, il y a quelques jours, à dire qu’il respectera sa mission de transition. Et qu’il se retirera sans armes ni bagages quelque part dans une caserne désinfectée où il vivra reclus, heureux et inoffensif. Voilà pour le côté cool et gentil du jeune général, président de la transition.
Ensuite, c’est le méchant militaire ambitieux qui apparaît au fil de l’entrevue. 37 ans. Jeune général, né avec une cuillère d’or dans la bouche. Il a le pouvoir. Il concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Plus que son défunt père. Il n’a plus qu’à égrainer les conditions qui consolideront son maintien au pouvoir. Le pouvoir vient en l’exerçant. C’est pire que l’appétit qui vient en mangeant. Il met les petites conditions dans les grandes.
Première condition : le délai de 18 mois (non, il ne reste plus que 16 mois) est lié à l’aide des partenaires. Il ne demande pas. Il impose. Une aide qui doit couler à volonté sinon pas de respect de la parole donnée. Par ricochet, pas de transition. Elle s’arrêtera. Lui, Mahamat Kaka sera toujours président. Plus président de la transition, mais président tout court. Président de la République. Il a déjà pris la mesure sans en avoir droit. Et tant pis pour les millions des Tchadiens qui veulent que cela change. Le Général de corps d’armée en a décidé autrement. Le destin du pays, c’est lui. Le pays c’est lui. Après le Maréchal, c’est Maréchal fils. Plus ça change, plus c’est pareil.
Deuxième condition : Il suggère aux Tchadiens d’être unanime. Cette condition est passée presque inaperçue. In extenso il dit, sans sourciller, « La première est que nous, Tchadiens, soyons capables de nous entendre pour avancer au rythme prévu. ». Le président de la transition réclame-t-il l’unanimité sur la forme et le fond du Forum de dialogue national? Pourquoi l’unanimité ?
Aussi, le président du CMT s’est inscrit à travers cette entrevue dans la droite ligne de l’ex-régime. Il fait et fera à l’avenir du « Débyisme ». Une méthode qui consiste à promettre monts et merveilles à tous. À accepter toutes les conditions préalables. À donner sa parole dans le seul but d’obtenir un avantage. Et une fois cet avantage acquis, changer de langage. Puis rajouter d’autres conditions verbales pour en rejeter tout à la fin. Tout bloquer. Mahamat Kaka prouve qu’il a bien été préparé pour exercer le pouvoir comme le Maréchal de son vivant. Il a bien été à l’école de l’ancien président.
Enfin, il vient de déclencher un bras de fer avec l’Union africaine. Le CMT rejette la nomination du Sénégalais Ibrahima Fall comme Haut représentant de l’Union Africaine (UA) pour accompagner la junte au pouvoir. Une transition que l’UA a validé aux mépris de ses principes arguant du « contexte exceptionnel » du pays. Mahamat Kaka a visiblement oublié ce « contexte exceptionnel » qui a fait de lui président de la transition. On a envie de gratifier le jeune chef de la junte d’une tape dans le dos. Et lui souffler à l’oreille « bravo, bien joué ». Bientôt, peut-être, cela sera le cas de tous ceux qui ont joué aux « Échecs » avec le chef militaire. Ils seront bientôt « mat » . Ou comme disent les hockeyeurs canadiens-français, les Kebzabo, Acheikh, Alhabo et bien d’autres alliés de circonstance seront aussi mis en « échec ». S’ils ne le sont pas déjà. Ils expliqueront alors aux Tchadiens pourquoi le si docile jeune président de la transition s’est brusquement rebiffé.
Bello Bakary Mana
Alors qu’ils ont annoncé la reconduction, probable, de leur grève de faim, les lauréats des écoles professionnelles y ont renoncé au détriment d’autres actions. Reportage.
Dernier jour de grève de faim pour les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration. Visages tristes, affaiblis, nerveux, les grévistes évaluent ce vendredi 2 juillet, la grève de faim qu’ils ont entamée depuis le 30 juin. « Je sais que c’est dur, mais soyons endurants. Il ne reste que quelques heures », dit Neuzilka Emmanuel, porte-parole du collectif, motivant ses amis grévistes. Tout en annonçant en même temps que cette action ne sera pas reconduite compte tenu du mutisme du gouvernement. « Nous n’allons pas continuer à nous priver de manger et de boire. D’autres actions sont envisagées », prévient-il.
Dans la présentation faite par le porte-parole du collectif, deux propositions sont sur la table. La première est l’organisation des manifestations sporadiques et spontanées ; la seconde à quitter le pays. Le débat est ouvert. Dans les interventions des uns et des autres, l’idée d’aller manifester mains sur la tête devant la présidence de la République ou à la place de la nation ou encore à la Fonction publique est écartée au détriment des actions dans des arrondissements. « Nous sommes des intellectuels, nous n’allons pas faire la casse », conseille un lauréat. Cependant la base a ajouté un troisième point qui est celui de demander la démission du conseil militaire de transition et son gouvernement lors des actions qui seront menées.
Dans la synthèse présentée par Nanga Thierry, coordonnateur du collectif, un point a été retenu. « Une action de grande envergure sans précédent sera organisée à l’issue de cette grève de faim jusqu’à satisfaction totale », déclare le patron du collectif. D’après lui, le bureau qu’il dirige n’est plus à mesure de contenir la rage de ses membres à partir de ce jour. « Nous n’avons plus de mot pour les convaincre », argumente-t-il. Cependant, le collectif accorde 48heures au gouvernement pour trouver une solution. Et selon Nanga Thierry, c’est « la signature de leur arrêté d’intégration ».
Toujours selon lui, cette conclusion est le résultat de la mauvaise foi du gouvernement. « Durant tout ce temps que nous avons passé ici, aucun membre du gouvernement n’est venu nous réconforter ni n’a pris attache avec nous », a fait-il savoir. Le coordonnateur du collectif accuse le gouvernement de vouloir résoudre leur situation par la violence : « nous avons en face de nous des inhumains, des sanguinaires qui n’entendent plus les cris et préfèrent la violence. »
En attendant l’enclenchement de ces actions, le collectif des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration dit se joindre à toutes les forces vives de la nation pour libérer le Tchad, quel que soit le prix à payer.
En rappel, le jeudi 24 juin, les lauréats des écoles professionnelles (ENIB, ISSED, ENS) en instance d’intégration depuis une décennie ont tenté de quitter le pays en masse. Leur action a été vouée à l’échec avec l’intervention des forces de l’ordre qui les ont dispersés à coup de grenade lacrymogène. Le 30 juin, ils ont changé de stratégie pour entrer en grève de faim de trois jours. La grève est terminée au soir de vendredi 2 juillet. Elle n’a pas fait de victime. « Mais beaucoup ont de problème de maux de ventre », soutient Nanga Thierry.
Christian Allahadjim
La Banque Mondiale (BM) reprend ses activités au Tchad. Le ministre tchadien de l’Économie, de la Planification du développement et de la Coopération, Issa Doubragne et Rasit Pertev, représentant de la Banque mondiale au Tchad ainsi que ses équipes ont échangé ce 02 juillet au sein dudit ministère. Ils ont évalué ensemble les meilleures façons d’accélérer le processus d’utilisation des ressources mises à la disposition du Tchad. Reportage.
La Banque mondiale va poursuivre ses opérations au Tchad. L’annonce a été faite ce matin par son représentant au Tchad M. Rasit Perteven compagnie du ministre tchadien Issa Doubragne. « Comme vous savez, les opérations de la BM étaient suspendues il y a quelques mois. La rupture de l’ordre constitutionnel était à l’origine de cette pause pour respecter les normes internes de la BM. Cependant une mission d’évaluation a été réalisée il y a quelques semaines par nos équipes pour le gouvernement, les partis politiques de l’opposition, de la société civile et le secteur privé ont été consultés. À la suite de la mission d’évaluation, le management de la BM a décidé de reprendre ses opérations », rappelle le représentant du BM au Tchad. Selon lui, depuis le, 20 mars 2021, le Conseil d’Administration de la BM a approuvé la phase II du projet régional d’appuis au pastoralisme au Sahel (PRAPS). Pour lui, la signature d’accord de financement de ce projet donne corps a la décision du CA et marque un nouveau départ avec le Tchad. « C’est une bonne nouvelle pour le pastoralisme au Tchad. À travers cette phase II, PRAPS va améliorer la résilience des acteurs opérant dans le secteur de l’élevage dans les zones d’intervention sélectionnées », note-t-il. D’après Rasit Pertev, ce projet ne va pas seulement améliorer la santé animale, mais aussi relever la qualité de prestation des vétérinaires et les infrastructures.
Le ministre de l’élevage et de Productions animales Abderahim Awat Ateib s’est dit satisfait. « Dans la première phase, il y a eu beaucoup de réalisations donc la phase II est la suite logique. Elle vient renforcer ce qui était fait et ajouter comme venait de le dire le Représentant de la BM le renforcement de la résilience et autres », rapporte-t-il. La plus importante dit-il, c’est la mise en œuvre et la bonne gestion étant donné que le projet est accordé et le financement disponible. « Vous nous avez donné ce projet, mais nous allons faire tout pour sa bonne gestion afin d’atteindre notre objectif qu’est le développement de ce secteur d’Élevage » rassure le ministre de l’Élevage à la BM.
BM-BAD, près de 900 millions de dollars à injecter dans les projets au Tchad
« Après cette réunion, je puis vous annoncer que nous pouvons rapidement engager les projets en préparation à hauteur de 785 millions de dollars, près de 800 millions de dollars, ce n’est pas rien. Dans les secteurs stratégiques tels que l’énergie, les infrastructures, l’eau, l’éducation, le renforcement des capacités » dit le ministre Issa Doubragne.
Le réengagement de la BM soit une réalité dit-il, en remerciant l’équipe dirigeante au siège. Quand vous voyez la taille du financement de ces partenaires, trois mois sans la BM au Tchad nous ont déjà causé de problèmes, dit-il. « Les bonnes nouvelles ne viennent pas seules. Il y a quelques jours, la BAD s’est engagée dans le secteur de l’élevage dans le projet en préparation à hauteur de 20 millions de dollars plus 100 millions aujourd’hui. Nous pouvons préparer ce secteur à être le prochain secteur le plus rentable de notre économie », déclare le ministre. Bientôt nous allons vous soumettre la feuille de route de la transition une fois le processus de sa validation terminé, promet-il au partenaire financier.
Le ministre Doubragne affirme que depuis le 25 juin 2021, la BM s’est réengagée officiellement au Tchad après la BAD qui a observé le même processus. « Le Plan National de Développement (PND) 2017-2021 finit, nous sommes en élaboration d’un autre PND, 2022-2026. La Banque a été toujours un partenaire important et elle le sera davantage », affirme Issa Doubragne.
Moyalbaye Nadjasna
Le président du Conseil Militaire de Transition (CMT), Mahamat Idriss Deby Itno a accordé une interview au journal Jeune Afrique il y a quelques. Il a évoqué la possibilité de proroger de la période de transition de 18 mois. Selon lui, pour organiser le Dialogue inclusif et les élections, les Tchadiens doivent s’entendre et il faut une aide financière des partenaires, car le trésor tchadien ne pourra pas supporter seul un tel coût. Pour avoir la réaction de la société civile et l’opposition politique, Ialtchad Presse s’est entretenu avec Mahamat Nour Ahmat Ibédou, fondateur de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH) et le président du parti les Transformateurs, Dr Succès Masra. Reportage.
Il est 12h 45 minutes lorsque M. Mahamat Nour Ahmat Ibédou, fondateur de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH) décroche notre appel téléphonique. Nous échangeons sur la sortie médiatique du président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby Itno dans une interview accordée à l’hebdomadaire « Jeune Afrique ». Selon le SG de la CTDH, le président du CMT annonçait la possibilité de prolongation de la transition en avançant des arguments faibles. « S’il faut attendre que tous les Tchadiens s’entendent avant d’organiser le dialogue, on attendra longtemps. Nous disons que le dialogue est une question de volonté. Et cette volonté doit émaner d’abord de ceux qui ont le pouvoir. Nous avons déjà au niveau de Wakit Tama envoyé un mémorandum au CMT leur demandant d’organiser un vrai dialogue exactement à l’image de la conférence nationale souveraine. Le cadre de ce dialogue doit être souverain et le reste viendra tout seul », déclare-t-il. Ils ne nous ont pas encore répondu, mais comme nous avons donné un ultimatum, nous serons obligés de recommencer les marches, dit Mahamat Nour Ahmat Ibedou.
Pour lui, le CMT bloque délibérément les contacts et montre déjà sa mauvaise volonté. Il rajoute que, la question d’argent pour organiser le dialogue et les élections à venir est un faux problème. « Ils ont la possibilité d’acheter des chars, des recruter des militaires, de procéder a des nominations pléthoriques, fantaisistes et coûteuses, mais pour organiser le dialogue ils disent qu’ils n’ont pas d’argent. C’est ridicule de parler d’aides financières des partenaires internationaux. Les moyens financiers que dispose le CMT sont suffisants pour organiser le dialogue, c’est un manque de volonté manifeste de tenter de confisquer le pouvoir », dit-il. D’après lui, il revient au peuple de voir ce qu’il faut faire et prendre son destin en main.
Dr Succès Masra, « quand il y a un flou, il y a un loup »
« Je voudrais dire à cœur ouvert à mon jeune frère, le Gal Mahamat la même chose que j’ai dit à son défunt père. S’il est tenté de mettre sur pied de superflu pour se maintenir au pouvoir, il va finir comme de la même manière. Tous ceux qui avaient dit à son père à l’époque que tout ce qu’il faisait était bon l’ont enterré. Juste après ils sont passés à autre chose », affirme le président du parti les Transformateurs. Selon lui, si le président du CMT est sage, il faut qu’il arrête avec sa fuite en avant. Il rappelle que le président de la transition a promis une transition non renouvelable. Cela est logique et dans tous les pays, la transition est toujours limitée, renchérit-il.
« Le fait de rejeter la responsabilité financière sur les partenaires à qui on demande de centaines de milliers de dollars est une fuite en avant. C’est aux Tchadiens de trouver les solutions à leurs problèmes », dit Succès Masra.
Selon lui, s’il y a de l’argent pour mettre sur pied un gouvernement de transition pléthorique avec 40 membres avec une distribution de postes à tous azimuts. On peut fusionner et ramener à 20 membres, le Tchad peut organiser le dialogue sans l’aide financière extérieure. « Chercher des alibis autour de cela, il nous verra devant lui. Quand je dis-nous, c’est le peuple. Plus jamais on n’acceptera la conquête du pouvoir par les armes et sa confiscation par la force. S’ils veulent s’aventurer sur ce chemin, je leur dis que le Tchad va se saucissonner et non se diviser. Il faut que cela soit clair pour tout le monde. On doit organiser, cogérer le pouvoir avec tous les Tchadiens suivant les règles d’égalité », s’insurge-t-il. D’après Succès Masra, ils ne boiront pas de ce lait. Il faudra que cela soit compris par tous. Il poursuit en disant que, c’est un avertissement direct sans détour, la transition doit être respectée. « Nous leur avions dit par écrit nous Transformateurs et Wakit Tama, de transcrire ce qu’ils disent oralement dans la Charte de transition qu’eux-mêmes ont écrit. Mais quand il y a un flou, il y a un loup. Les gens qui sont capables de marcher sur la constitution sont capables aussi de ne pas respecter leurs paroles dites oralement », lance-t-il.
Aujourd’hui martèle-t-il, c’est l’exécutif entre guillemets qui veut nommer le législatif, drôle de manière de compromettre la démocratie de manière à commencer par un régime totalitaire. « Je demande au peuple tchadien de garder les yeux ouverts et de se mettre debout. Alors, chacun doit s’asseoir et pour qu’on définisse ensemble les règles de la transition. Nommer quelques Tchadiens pour faire le saupoudrage sans pouvoir réel, nous ne l’accepterons jamais ».
Moyalbaye Nadjasna
Selon la loi portant, code de l’organisation judiciaire du 17 juin 2013, et la constitution tchadienne, la justice est rendue au nom du peuple tchadien. Défense itérative est faite à toute immixtion dans les affaires judiciaires. Dans la pratique, la réalité en est autre. Pourquoi un dysfonctionnement notoire existe dans tout le système judiciaire tchadien? Ialtchad Presse a rencontré des avocats, des magistrats et des justiciables pour en discuter. Reportage.
Les Tchadiens ont, en majorité, une mauvaise opinion du fonctionnement de l’appareil judiciaire. Djibrine Moussa Alkhalil, est un justiciable, «j’ai horreur lorsque les journalistes m’interrogent sur la question du dysfonctionnement de la Justice au Tchad. C’est un cachot de désordre, rien de sérieux ne se fait. C’est n’importe quoi. Ils sont tous corrompus, rien de bon ne sort de là », dit-il d’un air furieux. Un autre justiciable, lui c’est Guerdjita Solalbaye, « en toute sincérité il n’y a rien de bon à la Justice. C’est la raison des riches qui domine sur les pauvres. Bien sûr on ne peut mettre tout le monde dans le même sac, mais les tomates pourries ont pourri les autres », martèle-t-il. Il se désole pour les pauvres citoyens.
Pour Me Dainonet Fréderic, Avocat au Barreau, notre justice souffre de beaucoup de maux. C’est tout à fait légitime que les citoyens s’en plaignent, dit-il. Les problèmes sont nombreux, mais la lenteur dans le traitement des affaires décourage beaucoup les justiciables. D’après lui, la corruption est une véritable gangrène. C’est l’un des facteurs du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire, déclare Me Frédéric. Le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire est réel, confirme-t-il. «Les justiciables n’ont pas tort de dire que la justice va mal. De nos jours, plus personne n’a confiance à notre Justice», lance-t-il. Parlant de l’immixtion de l’Exécutif dans les affaires judiciaires, le technicien du droit dit que c’est anormal. D’abord, justifie-t-il, la Constitution consacre trois ordres de pouvoirs notamment, l’exécutif, le législatif et le judiciaire. «C’est une séparation rigide entre ces pouvoirs. En clair, l’un ne doit pas interférer dans les attributions de l’autre», dit l’avocat. Selon lui, rien n’est nouveau au Tchad, l’exécutif s’est toujours immiscé dans les décisions judiciaires. Voilà dit-il, une autre cause du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Il informe que des correspondances politiques sont même souvent adressées aux juges. Un fait qui vient bousculer l’indépendance des magistrats, précise Me Frédéric. « À mon avis, il faut que les magistrats commencent à être jaloux de leur indépendance. Ils ne doivent pas avoir peur et se soucier des « affectations sanctions », des « remontrances », etc…».
«Intime conviction du juge»
S’agissant de l’intime conviction des juges dans la prise des décisions, Me Dainonet nous rafraîchit la mémoire. D’après lui, certains juges courageux ont rendu des décisions selon leur « intime conviction », d’autres ont subi l’intrusion de l’exécutif. Me Fréderic Dainonet rappelle une petite anecdote : c’est l’histoire d’un magistrat qui a rendu par conviction un jugement suite à la fameuse affaire de phacochère contre Gali Gata Ngoté à la cour d’Appel de Moundou. Pour lui, même si cette décision courageuse s’est soldée par la radiation de ce magistrat cela prouve qu’il y en a qui sont courageux.
«Je suis jaloux de mon métier d’avocat. Je n’admets pas qu’on piétine mon indépendance, et ma profession elle est libérale», assène-t-il. Chaque avocat fonctionne selon sa conscience pourvu que cela n’enfreigne pas les règles de la société, précise-t-il. Il se dit navré en tant qu’avocat, de voir les clients se plaindre de la lenteur dans le traitement de leurs dossiers, du classement sans suite de leurs affaires, des condamnations injustes entre autres choses. Selon M. Moussa Wade Djibrine, président du syndicat des Magistrats du Tchad (SMT), ils ont à maintes reprises, réagi à propos du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Et ce à travers plusieurs communiqués et points de presse. Les agressions physiques, les outrages, l’assassinat des magistrats et auxiliaires de la justice, l’extirpation des détenus, etc. sont des causes de dysfonctionnement dénoncés par les magistrats.
Redonner à la justice tchadienne ses lettres de noblesse
Pour un bon fonctionnement du système judiciaire, Me Frédéric recommande, le respect à l’Institution. Les individus selon lui ne doivent pas être plus forts que l’État. « Car la justice c’est le dernier rempart des citoyens contre les forfaitures», note-t-il. Dans la dynamique de solution, l’avocat dit qu’il faut arrêter les intimidations des magistrats, faire un bon suivi de la formation du recrutement des magistrats à l’École judiciaire. Il estime qu’il faut sanctionner les corrompus et corrupteurs, car on ne peut pas demander à la fois justice et passer par des voies illégales. Les citoyens ne doivent pas tourner le dos à la justice et se confier à la justice du quartier (gendarmeries, commissariats, arrondissements), indique l’avocat. « Ce ne sont pas des professionnels de droit et moins encore des justiciers. C’est du gangstérisme », signifie-t-il. Certes dit-il qu’une justice privée notamment l’arbitrage, la médiation et la conciliation sont permises au Tchad. « Cependant, ce sont des modes alternatifs de résolution des conflits peu rependus sur l’ensemble du territoire national ».
Moyalbaye Nadjasna
Le président de l’Assemblée Nationale (PAN), Dr Haroun Kabadi Jacques, a officiellement clôturé ce 30 juin, au palais de la démocratie sis à Gassi, dans le 7e arrondissement, la première session ordinaire 2021 de l’Assemblée nationale (AN). Retour sur cette cérémonie de clôture avec Ialtchad Presse.
Selon le PAN, Dr Haroun Kabadi Jacques, la clôture de cette session ordinaire 2021 revêt un caractère spécial à cause des profonds bouleversements intervenus au Tchad. Pour lui, au moment où les Tchadiens, épris de paix et de démocratie exprimaient leur devoir civique le 11 avril passé, jour de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, un groupe de mercenaires terroristes attaquait le pays à partir du septentrion libyen. « Pendant que les tchadiens suivaient avec un immense espoir la proclamation des résultats provisoires du 1er tour de l’élection présidentielle par la CENI ayant plébiscité le candidat du consensus, le Maréchal Idriss Deby Itno, qui était en première ligne pour stopper l’avancée de ces mercenaires fut blessé et a donné son dernier souffle de retour à N’Djamena », dit-il. D’après lui, la clôture de cette 1re session ordinaire intervient également au moment où l’AN a déjà anticipé la mise en place prochaine du Conseil National de Transition (CNT), ce nouvel organe législatif. « Un comité chargé de l’élaboration du rapport bilan de la troisième législature a été créé. Ce comité, dont les travaux sont très avancés, centralisera tous les rapports bilans des différents organes et services de l’Assemblée nationale et déposera le projet de rapport au bureau pour adoption, afin de passer le relais au CNT, lorsqu’il sera installé », dit Haroun Kabadi.
Le PAN toujours lui affirme qu’au cours de cette 1re session ordinaire 2021 qui s’achève, la scène politique a été dominée par la campagne présidentielle, et le travail législatif n’a pas été très dense. « L’AN a délibéré et adopté 3 projets de loi portant respectivement, ratification de l’ordonnance instituant un médiateur de la République, modification de certaines dispositions du code électoral et création d’un pool judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme et des infractions connexes », indique-t-il.
Il ajoute que l’Assemblée nationale a également adopté 2 projets de résolutions. La première porte sur la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. La seconde fixe les modalités de présentation du programme politique du gouvernement.
À l’international, l’AN a pris part à la 12e assemblée des présidents des assemblées et de sections de l’assemblée parlementaire de la francophonie (APF) qui s’est tenue à Kigali au Rwanda et à la 4e session de la 5e législature du parlement panafricain à Midrand en Afrique du Sud.
À propos de la sécurité, l’AN condamne avec fermeté l’ignoble assassinat injustifiable du procureur de la République près du tribunal de première instance d’Oum-Hadjer dans l’exercice de ses fonctions.
Au plan diplomatique, l’AN apprécie les décisions sages et constructives de l’Union africaine, de la CEEAC, de l’OIF, des Nations unies et de tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux qui ont accepté d’accompagner la transition en cours au Tchad, et exprime à l’ensemble de ces organisations et partenaires la profonde reconnaissance du peuple tchadien.
L’AN relève que l’économie tchadienne a été fortement affectée et impactée depuis 18 mois par la pandémie du Covid-19 qui s’est installée dans les différentes villes et campagnes, réduisant ainsi de façon drastique les capacités d’intervention du gouvernement.
Sur le plan sanitaire, l’AN félicite le gouvernement d’avoir accéléré le processus d’introduction du vaccin contre la Covid-19 au Tchad et lancé la campagne de vaccination contre cette redoutable maladie.
Au plan agricole, l’AN constate avec préoccupation le retard de la pluviométrie variable d’une zone à une autre. Ce retard risque d’être préjudiciable à certaines cultures.
Au plan social, l’AN félicite le gouvernement de transition pour sa maîtrise de la crise sociale à travers la promotion d’un dialogue constructif avec les acteurs sociaux et l’encourage à trouver des solutions durables aux litiges en cours avec les employés de la Coton Tchad SN, et ceux de la compagnie pétrolière Esso.
Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar
Les lauréats des écoles professionnelles de l’État entament une grève de faim de trois jours ce mercredi 30 juin. Ils revendiquent leur intégration à la Fonction publique.
Réunis pour évaluer les pourparlers avec les autorités, les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration à la Fonction publique ont unanimement décidé d’observer une grève de faim de trois jours.
« En avant, en avant pour l’exil », c’est avec ce refrain de la chanson de « souffrance » que ces lauréats se sont réunis autour du porte-parole de leur collectif, Neuzilka Emmanuel. Pour la énième fois, ils évaluent l’évolution des pourparlers engagés avec les autorités.
« Les négociations n’ont abouti à rien », annonce Neuzilka Emmanuel à ses camarades qui, déjà, ont le visage triste. « Ils vont de promesse en promesse. Et là franchement on est fatigués. On est devenus allergique au mot « patientez », fait-il savoir. Car, d’après lui, cela fait une dizaine d’années que les lauréats des écoles professionnelles attendent d’être intégrés. « On a tout vu, tout écouté, sauf l’arrêté d’intégration », déclare-t-il.
La décision, observer une grève de faim de trois jours. « Nous allons nous primer de manger. Nous sommes déjà des mourants. Donc nous allons mourir collectivement ici », harangue-t-il ses camarades de lutte.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les grévistes, venus avec des couchages, se sont installés dans la cour de la Bourse de travail. Certains sont allongés, d’autres jouent à des jeux de distraction, d’autres encore animent de petits débats. La grève de faim est lancée.
D’après le porte-parole du collectif, la grève est aussi une forme de lutte. Même si la grève de faim est assez osée, Neuzilka Emmanuel trouve que ça résume leur souffrance. « Grève de faim, si c’est fort ce n’est pas plus fort que ce que nous vivons. Nous souffrons énormément. Nous n’avons plus besoin d’égrainer ici nos situations. Cette foule que vous voyez, elle est dépourvue, sans moyen de subsistance », tempête-t-il. Toujours d’après lui, c’est aussi un moyen de faire pression sur le gouvernement afin de statuer promptement sur leurs cas. « Nous n’avons pas encore baissé les bras. Nous étudions d’autres stratégies. Et l’option de quitter le pays n’est pas non plus écartée », rappelle-t-il.
Dans l’après-midi, les grévistes ont reçu la visite de Yaya Dillo Djerou, président d’honneur de la plateforme politique dénommée Front national pour le Changement (FNC). Celui-ci est venu leur apporter son soutien dans cette lutte. D’après lui, cette situation que vivent ces lauréats est la résultante de la mauvaise gouvernance entretenue depuis des décennies. « Sinon comment comprendre qu’un Etat normal mette en place des écoles professionnelles et ne trouve pas des points de chute aux personnes formées », s’interroge-t-il.
En réalité, dit-il, lorsque l’Etat créé une école professionnelle c’est pour répondre à un besoin particulier. « Créer des écoles professionnelles, former des jeunes et les laisser à la merci de la nature, je crois que cela démontre combien de fois notre gouvernement manque d’initiative et de politique efficiente pour développer le pays », juge-t-il.
Autre soutien, celui des pasteurs des églises pentecôtistes. Ces trois hommes de Dieu, suspendus par le ministère de l’Administration pour leur participation à une marche, étaient présents aux côtés des grévistes. Des prières ont été dites pour implorer la Miséricorde de Dieu. « Nous nous en remettons à Dieu », conclut Neuzilka Emmanuel.
Le 24 juin, ces diplômés en instance d’intégration ont tenté de quitter le pays. Mais ils ont été empêchés et dispersés par la Police. Les autorités ont engagé des discussions avec les leaders de ce collectif. Mais ça traine au point où cet ultime sacrifice a été décidé. Tiendront-ils ou pas pendant ces trois jours ? La suite le dira.
Christian Allahadjim
Lors d’une l’interview du président de la CMT GAL Mahamat Idriss Deby Itno, accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, beaucoup des questions ont été posées. Beaucoup des réponses ont été faites. Mais une réponse a retenu l’attention de tous. Le Président de la transition conditionne le respect du délai de transition prévue pour 18 mois par les aides financières. Réactions des certains citoyens tchadiens au micro de Ialtchad Presse.
Akalambi Sanigué Abdias, est le premier citoyen rencontré ce matin, il déclare : « Je pense que prolonger les dix-huit mois n’est pas une solution et même attendre l’aide venant de l’international ce n’est ni une solution parce que le Tchad est un pays indépendant. Le Tchad peut bien organiser une élection sans l’aide venant de l’extérieur. Le président du CMT n’a pas droit de se présenter aux élections prochaines, sa mission c’est d’assurer la transition.»
Un deuxième citoyen Allaramadji Basile affirme : « Mahamat Idriss Itno a promis de régner 18 mois non renouvelables alors il doit tenir à sa promesse. Le Tchad n’est pas la dynastie ou le pouvoir se transmet du père au fils. Le fait qu’il soit au trône n’est pas une occasion pour qu’il se présente comme candidat aux élections prochaines. Nous voulons des candidats civils et non des militaires. Ils ne connaissent pas les souffrances des citoyens. Nous attendons un changement réel dans ce pays. Conditionner le respect du délai des 18 mois de transition par l’aide financière extérieure est un argument qui ne tient pas la route. C’est trop tôt de remettre en cause ce qui est à venir à moins que ce soit intentionnel. »
Allarangar Françis, lui soutient que « la transition est de 18 mois, il reste 16 mois. L’Union Africaine a accepté le principe. Mahamat Idriss Deby doit tenir à sa parole, celle promise au peuple tchadien de ne pas se présenter aux élections à venir. S’il aime réellement ce pays, il doit être sincère. Cela ne vaut pas la peine de penser à une éventuelle prolongation de la transition. Ça va susciter encore des mécontentements. Il faut revoir la charte de transition. »
Un quatrième et dernier citoyen, Ousmane Ahmat , « l’élection présidentielle est un droit et un devoir civique. Les citoyens ont le droit de choisir en toute conscience leur futur président. Si les 18 mois accordés au Président du CMT prennent fin, il doit se reposer pour qu’une autre personne prenne le pouvoir et nous voulons un civil. Un autre président qui sera élu par les Tchadiens. On souhaite que l’élection soit libre et transparente. Un président qui va nous conduire vers l’émergence. Pour sa candidature, on dit Non et c’est impossible. Normalement il devrait même ne pas assurer la transition, mais après le refus du président de l’assemblée, le CMT s’est autoproclamé. »
Réalisation Orthom L’or