Plusieurs marchés à N’Djamena, la capitale tchadienne, ont subi des incendies à répétions. Pour comprendre quelle est la responsabilité de la Mairie par rapport à ce phénomène récurrent, Ialtchad a rencontré ce 2 mars, M. Ali Haroun maire de la ville de N’Djamena. Selon lui, les incendies dans les marchés sont dus aux mauvaises installations électriques et à l’utilisation des gaz butane. Reportage.

Le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun affirme que les raisons d’une série d’incendies qui frappe les marchés sont d’ordre électrique et d’usage malpropre des gaz butane. Selon lui, les commerçants ne sollicitent pas des bricoleurs pour installer l’électricité dans leurs boutiques. Il déplore l’anarchie dans la commercialisation de gaz butane qui sont déposés partout sans aucune mesure de précaution, « il suffit d’un déclic pour bruler tout le marché », dit-il. Il ne s’est pas arrêté seulement aux marchés, mais il a aussi parlé des gaz butane qui sont vendus dans les boutiques des différents quartiers. Ils sont un risque permanent pour le voisinage.

Ali Haroun souligne que la ville de N’Djamena dispose d’un service de protection civile bien équipé qui répond à toutes les exigences. Ce service dédié aux incendies, il compte 5 gros fourgons et 13 autres de moyenne capacité.  Ces engins de secours sont positionnés à travers la ville et disponibles à tout moment, dit-il. « En dehors des engins propres à la Mairie, la Force Barkhane nous appuie, l’Armée nationale du Tchad et la police nationale également nous soutiennent en cas d’incendie. Le service de secours de l’ASECNA aussi lorsqu’on est dépassé, il nous épaule », dit le maire. Ali Haroun se dit toucher suite à l’incendie qui a ravagé le marché Faya la semaine dernière. Les pertes étaient énormes et évaluées à des millions de FCFA. Bien que compatissant, le Maire Ali Haroun déplore qu’une importante somme d’argent soit brûlée. A son avis, les intéressés auraient dû les placer à la Banque pour plus de sécurité. Il appelle les commerçants à la prudence dans la thésaurisation de l’argent .

Sur la question des usagers de routes qui ne cèdent pas le passage aux sapeurs-pompiers, afin d’arriver rapidement sur les lieux d’incendie, Ali Haroun trouve cela lamentable. Il demande aux usagers des voies publiques de faire preuve de citoyenneté et de faciliter le travail des services de secours de l’incendie. À son avis, la réussite d’une telle mission requiert la contribution de tous. Il plaide auprès des médias pour plus de sensibilisation au profit de nos populations pour une prise de conscience collective. Le Maire de la ville affirme que désormais, les unités de contrôles de la police municipale appuyée de la police nationale seront mises à l’alerte pour veiller sur la sécurité des grands marchés à N’Djamena.

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

Pour permettre à la femme tchadienne de s’épanouir et d’obtenir son autonomisation, l’État et ses partenaires, mais aussi les associations de la société civile et les associations féminines ont pendant des années lutté et sensibilisé les femmes dans les milieux ruraux et urbains.  Cette lutte a porté des résultats, mais beaucoup reste encore à faire. Reportage.

Au Tchad, les pesanteurs socioculturelles font que les femmes jouent un rôle de second plan dans nos sociétés. Que ce soit en le milieu urbain ou rural, les femmes tchadiennes sont confrontées à d’énormes difficultés qui les empêchent parfois de s’épanouir.

Pour améliorer la condition de vie de celles-ci, l’État avec ses partenaires a mis en place des politiques sectorielles pour l’autonomisation des femmes. À part le gouvernement et ses partenaires, il existe plusieurs autres associations féminines qui font un travail de titan pour aider leurs sœurs à connaître et à réclamer leurs droits. C’est dans ce sens que l’association pour la promotion des libertés fondamentales au Tchad (APLFT) mène pendant plus de 2 décennies une lutte dans le pays pour permettre aux femmes tchadiennes de connaître leurs droits afin de les réclamer.

Pour la chargée des affaires juridiques à l’APLFT, Djékounda Nembaye, la clinique juridique aide les femmes à connaître leurs droits et à obtenir justice. Elle souligne que beaucoup de femmes viennent se plaindre à la clinique juridique de l’association et surtout sur des cas liés à la prise en charge et à la réclamation des biens successoraux. Selon elle, l’APLFT aide beaucoup les femmes en détresse à entrer dans leurs droits.

Mme Djékounda Nembaye explique que l’association fait des sensibilisations et organise des causeries éducatives avec les associations des femmes pour les sensibiliser sur leurs droits et leurs devoirs. « Lors des sensibilisations, nous choisissons les thèmes par rapport aux groupes que nous venons sensibiliser », dit-elle. Au sujet de la participation de la femme à la gestion de la chose publique, la juriste de l’APLFT, précise que c’est une activité quotidienne de l’association. À son avis, même en dehors de la semaine nationale de la femme tchadienne, l’APLFT sensibilise, au moment convenu, sur cette cause. À propos des droits de ses consœurs tchadiennes, la jeune dame ajoute que la sensibilisation est faite dans les langues maternelles pour que celles-ci comprennent mieux afin qu’elles s’en approprient. L’APLFT est dans 17 provinces du pays et fait un travail remarquable dans les zones rurales, mais dit-elle, le poids de la tradition pèse beaucoup et elle pense qu’il va falloir que les autorités locales et traditionnelles puissent accepter que ces femmes s’affirment. « Tant que les femmes rurales sont sous le poids des us et coutumes, il sera difficile pour elles d’affirmer leurs droits en zones rurales. » La chargée de la clinique juridique de l’APLFT révèle qu’en milieu urbain, la situation s’est nettement améliorée, mais c’est dans le monde rural que le véritable défi se pose.

Abondant dans le même sens, assistante, chargée de la lutte contre la violence basée sur le Genre, Mme Narompi Yvette, affirme que la semaine de la femme tchadienne devrait être une semaine de réflexion sur la condition de la femme et non-être limitée aux festivités. « Ça devrait être le moment pour les femmes de réfléchir sur leur devenir et non une semaine pour acheter des pagnes et s’afficher », dit-elle. Selon elle, depuis toujours au Tchad, la femme a été vue comme un être qui n’a pas la capacité à occuper les postes que les hommes ont occupés. Elle estime que les femmes ont des atouts et des compétences requises pour pouvoir exercer les mêmes activités que les hommes. Mais, dit-elle, malheureusement les femmes pensent que le 8 mars est seulement une semaine dédiée à la tenue et à la fête. La chargée de lutte contre la VBG constate aussi que la femme entre temps ne se positionnait pas dans la prise des décisions, mais de nos jours, la situation a nettement évolué, à cause de la sensibilisation et dans le renforcement des échanges.

Pour Nadine Mapaté, du bureau VBG, beaucoup de femmes dans certaines contrées du pays trouvent que c’est normal qu’elles soient violentées par leurs maris. Elle explique que certaines femmes en milieu rural pensent que le fait d’être tapée par son mari est un signe d’expression d’amour. La jeune dame soutient aussi qu’au nom de la tradition, certaines femmes sont contraintes de souffrir en silence, au risque d’être la risée de tout le village. Pour mettre fin à ces pratiques néfastes pour l’épanouissement de la femme, Nadine Mapaté suggère que les femmes se surmontent pour franchir ces lignes rouges invisibles qui les empêchent de se libérer. Selon elle, il faut que les femmes acceptent de se sacrifier pour mettre fin à ces pratiques.

Jules Doukoundjé

Les activités marquant la 32e édition de la Semaine Nationale de la Femme Tchadienne sont lancées ce 1er mars sur toute l’étendue du territoire. Et c’est la ville de Pala chef-lieu de la province du Mayo-Kebbi Ouest qui accueille les activités nationales. Ici à N’Djamena, c’est la maison nationale de la Femme qui a servi de cadre à la cérémonie d’ouverture. Reportage

La salle de la maison nationale de la femme est pleine à craquer ce 1er mars. Toutes les couches sociales des femmes de toutes les communes de la ville de N’Djamena sont représentées à cette cérémonie inaugurale. Et c’est parti pour une semaine d’activités par les femmes, pour les femmes. M. Senoussi Mahamat Ali, vice-président du comité technique du dialogue national fait une présentation sur la conférence inaugurale axée sur le thème de SENAFET qui est « femme tchadienne au cœur de la transition, enjeux et perspectives ». Pour lui, la femme qui représente l’espèce humaine par excellence est marginalisée depuis le commencement des choses. Il souligne que les livres saints déterminent diversement le rôle de la femme dans la société. « Pour la bible, la femme est créée pour être une aide à l’homme. Le mot aide semble reléguer la femme au second rang. Mais la bible nous renseigne plus tard que Dieu est l’aide de ceux qui sont menacés à mort. Le coran dit que celui qui traite sa femme de la meilleure façon fait partie des meilleurs musulmans », a-t-il précisé.

Il revient pour aborder l’implication des femmes dans le processus de paix. À son avis, plusieurs expériences empiriques ont confirmé qu’à chaque fois que la femme est impliquée dans un processus de paix, la paix a plus de chance de durer. Mais, elles sont beaucoup plus sous-représentées dans les instances de négociation que dans le reste de processus. Pour M. Senoussi, le rôle informel que joue la femme est souvent crucial, mais peu visible dans les instances formelles de négociation en matière de la paix. Parlant de la violence basée sur le genre, le vice-président du CTD a fait remarquer que la femme a toujours été victime de violence sexuelle, de conflits armés et de déplacements forcés. « Très souvent, les femmes victimes ont moins de chance que les hommes de reprendre une vie normale après une violation de leurs droits. Aussi, il est difficile pour elles de dénoncer les violences afin obtenir justice dans une période post conflit », affirme-t-il.

La Maire 1er adjoint de la ville de N’Djamena madame Batchiret Fatimé Zara elle, salue les efforts du gouvernement de transition pour la confiance placée aux femmes. Allusion faite à la récente nomination de la Mme Pakouaré Evodia comme contrôleur général de police et Directrice générale Adjointe de la police nationale. Pour elle, c’est la première fois dans l’histoire du Tchad de voir une femme à ce poste. Revenant à l’idée de la SENAFET, elle rappelle que cette semaine initiée par les autorités est une période de réflexion sur les difficultés que rencontrent les femmes dans le but de dégager des solutions. « Durant ces jours, nous nous attellerons à travers des activités comme des séances de réunion, de sensibilisation pour la paix, la cohabitation pacifique et le dialogue national inclusif. Les femmes restent disponibles à apporter leur contribution à la réussite de la transition », a-t-elle indiqué. Madame Fatimé finit son discours en demandant un quota de 50% après la transition aux femmes.

La Secrétaire générale du ministère de la femme, de la Famille et de la protection de la petite enfance Mme Allahissem Dangar Martine représentant sa ministre de tutelle, souligne pour sa part que la SENAFET est un moment fort dans la vie des femmes tchadiennes. Elle place l’édition de cette année dans son contexte avant d’appeler les femmes à jouer le rôle qui est le leur. « Dans ce nouveau contexte de transition, les femmes ont des rôles particuliers à jouer pour contribuer au développement durable qui exige une participation inclusive de tous. Ce moment nous permet d’évaluer nos réalisations, celle du gouvernement dans la promotion et la protection des droits des femmes et des filles », argue-t-elle. Après la cérémonie de lancement, les officielles ont visité la foire.

Kouladoum Mireille Modestine

Le ministère tchadien des Finances et du Budget, pour apurer les arriérés des coupons des retraités, envisage en collaboration avec la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT) pour faire le recensement biométrique. Cette nouvelle n’a pas été bien accueillie par un groupuscule des retraités. Reportage.

Par rapport au pacte social signé entre le gouvernement et ses partenaires sociaux le 4 octobre 2021, il a été décidé de procéder à partir de janvier 2022, au paiement mensuel des pensions de retraite et prendre les dispositions nécessaires pour les verser au même moment que les salaires à la CNRT. Payer à la CNRT 13 milliards sur les 26 milliards d'arriérés de pensions à partir d'octobre 2021. La moitié restante sera apurée en 2022 conformément aux instructions du Chef de l'État et en fin, apurer à partir d'avril 2022, les arriérés des droits sociaux (primes de départ et indemnités pour services rendus), dus aux fonctionnaires et contractuels de L’État admis à la retraite ou dégagés.

Selon nos sources un groupuscule des retraites organisé en un comité de crise a donné un ultimatum de trois jours. Passé ce délai révèle la source, ils promettent organiser un set in devant la CNRT. Toujours selon la même source, le recensement est une émanation du ministère de Finances et du Budget. En tout, il faut 26 milliards pour apurer les arriérés de coupons des retraités. 

Mais déjà, un décaissement de 13 milliards est en vue par l’État pour un début d’apurement des arriérés, explique la source. Seulement le ministère a décidé de faire ce recensement afin de mieux maîtriser la Gab. Cela va permettre de mieux organiser le paiement.  C’est une opération indispensable pour assainir les fichiers des retraités et les ayants droit. Aussi, cela permettra de connaître l'effectif exact des retraités qui doivent normalement bénéficier de leurs arriérés de coupons est l’objectif principal du recensement biométrique, précise cette source.  Autre avantage d’après la même source, le ministère a décidé de mettre tous les retraités sur l'indice 115. Ce qui constitue un avantage à tous les pensionnés qui n’ont pas les mêmes indices depuis toujours.

Pour le SG de l’Union des travailleurs du Tchad (UST), il n’y a rien de compliqué dans ce que le ministère des Finances voudrait faire. À son avis, parmi les retraités, il y a des gens qui détiennent illégalement des carnets. Une telle opération va déceler les intrus et les carnets irréguliers, un avantage pour les retraités. C’est difficile, comme ce sont des personnes de 3e âge, d’autres n’arrivent pas à les comprendre. Selon lui, c’est un groupe de retraités qui demandent qu’on les paye sans le recensement. D’après leur communiqué, si rien ne se fait, ils iront faire un set in devant la CNRT. Le recensement ne coûte rien. Il suffit de se présenter et se faire recenser puis percevoir. Ce n’est pas tout le monde qui a des arriérés.

Moyalbaye Nadjasna

La Coordination des Association de la société civile et de Défense des droits de l’Homme CASCIDHO, a fait un point de presse ce 28 février 2022 à son siège. Le Comité Directeur National a axé sa communication par rapport aux évènements tragiques d’Abéché et de SANDANA. Son coordonnateur M. Mahamat Digadimbaye note que CASCIDHO à condamner avec fermeté et rigueur ces actes odieux. Reportage !

Par rapport à la tension sociale légitime des populations, du fait des conflits communautaires à Abéché et Sandana, la CASCIDHO appelle le gouvernement d’instruire les commissions d’enquête judiciaire à rendre publique, en urgence, leurs rapports et de procéder aux jugements des acteurs, co-auteurs et ou les complices. Selon M. Mahamat Digadimbaye, coordonnateur des Association de la société civile et de Défense des droits de l’Homme, son organisation observe avec regret la montée en puissance du communautarisme et du repli identitaire ce dernier temps au Tchad. Il signifie que ce comportement peu orthodoxe sape les principes sacro-saints de l’unité nationale, de la cohésion sociale et les valeurs républicaines du vivre ensemble dans une même Nation. « Aujourd’hui, sur les médias, les réseaux sociaux, les communications de certains acteurs politiques et sociaux et même d’une certaine intelligentsia, incite à la haine. Des déclarations dangereuses et incendiaires incitent à la discrimination, à la violence et à l’hostilité entre les Tchadiens », constate le coordonnateur de la CASCIDHO. A son avis, ce sont des calculs politiques malsains et égoïstes qu’on rêve malheureusement. M. Mahamat Digadimbaye affirme que de tels comportements basés sur des fibres ethniques et religieuses risquent de conduire à l’explosion du Tchad. « Oui, le sang tchadien a coulé à cause de l’injustice, de l’impunité et du népotisme. Il est également temps, que le sang tchadien ne coule plus à cause des conflits intercommunautaires », confie-t-il.

Le coordonnateur de la CASCIDHO estime que ceux qui entretiennent de comportements haineux sur les Réseaux sociaux doivent changer positivement et valoir plutôt les valeurs républicaines. Car un Tchad développé est tributaire de l’unité nationale et de la démocratie.  « Nous interpellons le gouvernement à prendre toutes ses responsabilités pour réguler l’utilisation des réseaux sociaux. Car, nous assistons à une dérive grave et inquiétante de l’exploitation de cet outil au service du mal », lance M. Mahamat Digadimbaye. Il évoque que les tchadiens doivent plutôt se mobiliser pour participer au Dialogue National Inclusif. A son avis, les préoccupations actuelles des Tchadiens doivent converger sur l’organisation la réussite de ces assises.   Pour lui, nous devons être vigilants dans cette phase décisive de l’histoire de notre pays. Tout ce que les tchadiens doivent faire, c’est d’éviter de contribuer l’échec du Dialogue National Inclusif en multipliant les campagnes de haine et de division, souligne la CASCIDHO. « Dans notre marche irréversible vers la tenue du Dialogue National Inclusif, acteurs politiques, sociétés civiles et médias, nous avons cette responsabilité historique de promouvoir l’unité nationale, la paix et la stabilité. Nous devons être fermes contre les artisans de la division et les ennemis de la paix au Tchad », lance M. Mahamat Digadimbaye. Il déclare que c’est ensemble, qu’on pourra éteindre l’incendie de la haine.

Moyalbaye Nadjasna

Le président du Conseil militaire de la transition (PCMT), après 10 mois au pouvoir, a remanié le gouvernement. 13 des 40 postes ministériels et de secrétariats d’État déjà existants ont été réattribués. Ce remaniement a été différemment apprécié par la société civile et certains analystes. Reportage.

Après 10 mois à la tête du pays, le président du Conseil militaire de la transition (PCMT), le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby a procédé à un remaniement de son gouvernement le vendredi dernier. Les postes concernés sont notamment ceux de la Sécurité publique, de l’Économie et Plan, du Pétrole et de l’Énergie, de la Santé et de l’Éducation nationale, etc. C’est le premier remaniement effectué dans le gouvernement du Premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert, mis en place le 2 mai 2021.

Mais, ce remaniement arrive au moment où le débat sur l’organisation du pré-dialogue avec les politico-militaires et le dialogue proprement dit font couler beaucoup d’encre. Certains analystes et leaders de la société civile tchadienne font des observations sur ce remaniement.

Pour l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, le professeur Ahmat Mahamat Hassan, ce remaniement ministériel a des enjeux politiques et confirment la tradition politique au Tchad qui consiste la gestion des équilibres interethniques régionaux. Selon lui, les membres du gouvernement sont dans la logique de la gestion des équilibres politiques qui représentent les différentes régions pour donner une légitimité au pouvoir en place. Le juriste évoque le retour remarqué et intéressé de l’ancien ministre du Pétrole, M. Bémadjiel, qui pourtant, à son avis, était poursuivi pour malversation et traîné en justice. L’ancien ministre de la Justice estime que pour des raisons politiques, l’ancien ministre du Pétrole a été blanchi et retrouve le même poste. Il affirme que le retour du ministre pétrole est un clin d’œil aux Logone sur la gestion des équilibres et à la montée de la communauté Ngambaye dans l’opposition et dans la résistance politique dans le sud du pays contre le régime en place. Le Prof Ahmat Mahamat Hassan note que toutes les provinces sont représentées et que ce remaniement respecte la tradition sociopolitique du Tchad avec une vision de stabilité et de la recherche de légitimité du pouvoir de la transition avant le dialogue. Selon lui, c’est une sorte de la recherche du consensus politique autour du CMT.

Au sujet du remaniement, le professeur explique que le pays est dans une période de transition et l’on devait avoir comme cahier de charge, préparer toutes les conditions pour la préservation de la paix et la stabilité et redéfinir le nouveau contrat social. Selon lui, les formes juridiques de ce remaniement ne sont pas respectées.  « On devait normalement dire décret portant remaniement sur proposition du Premier ministre. Ça n’a pas été respecté, c’est plutôt le porte-parole du CMT qui a lu le décret comme s’il n’y a pas chef de gouvernement », dit-il.

Pour le secrétaire général de la Convention tchadienne pour les droits humains (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou, ce n’est pas logique que le CMT puisse remanier le gouvernement. Le défenseur des droits humains estime que le pays est en période de transition et les autorités actuelles devraient juste gérer les affaires courantes en attendant le dialogue national inclusif (DNI). M. Mahamat Nour Ibedou voit dans ce remaniement des relents de l’ancien régime du défunt président Idriss Deby Itno. Il souligne que le pays a pour le moment besoin des technocrates pour conduire la transition et non les gens qui sont là pour chanter l’éloge du maître. Le défenseur des droits humains note aussi que ce remaniement ne reflète pas l’image d’un gouvernement de transition. Et il ajoute que cela jette un discrédit sur la conduite actuelle de la transition.

Enfin, pour le coordonnateur de la plateforme des organisations de la société civile, Me Max Loalngar, ce remaniement est un non-événement.  Selon lui, le CMT devrait avoir un cahier de charge clair qu’il doit mettre en pratique. Il estime que ce remaniement du gouvernement est l’expression de non-droit, sinon l’abus du droit et c’est triste pour la réussite de la transition.

Jules Doukoundjé

Les festivités marquant la Semaine Nationale de la Femme Tchadienne édition 2022 s’ouvrent ce 1er mars sur l’ensemble du territoire national. Ici à N’Djamena, c’est la Maison Nationale de Femme qui servira de cadre aux différentes activités. C’est autour du thème « femme tchadienne au cœur de la transition : enjeux et perspectives » qu’est célébré le 08 mars de cette année. À la veille du lancement officiel des activités, nous avons fait un tour à la maison nationale de femme pour prendre la température. Reportage.

Dans le village de la femme, on peut voir des stands construits, peints et décorés. Bref, une partie de la maison nationale de la femme a déjà planté le décor de la SENAFET édition 2022. Ce village de la femme va  abriter la foire où seront exposés tous les produits made in chad fabriqués par les femmes. Cette exposition va prendre la semaine du 1er au 7 mars. La maison nationale de la femme est prête pour l’ouverture officielle des festivités ce 1er mars, affirme Mme Bekoulloum Débat Mbaïtoloum, Directrice Nationale de la maison de la femme. Pour elle, il revient à l’institution en collaboration avec le ministère de tutelle d’organiser la foire, des manifestations socio-culturelles et sportives. Alors les différentes commissions mises sur pieds s’activent pour rendre la foire aux femmes dès les premières heures. « Tout est fin prêt pour le lancement officiel et tout ce qui va avec. Il n’est pas tard pour les partenaires et les différents acteurs impliqués dans l’organisation de la SENAFET de venir se procurer des stands. Nous les attendons », dit la Directrice générale.

Le pagne du 08 mars de cette année est subventionné par le président du Conseil Militaire de Transition (CMT) Mahamat Idriss Deby au prix de 5000FCFA, a fait remarquer madame Bekoulloum.  Ceci, pour permettre à chaque femme de pouvoir s’en procurer a-t-elle ajouté. Elle précise aussi que la maison nationale de la femme est le seul point de vente. La Directrice générale de la  maison nationale de la femme voit en cette subvention un cachet particulier et spécial qui est donné à l’édition 2022. Mais, depuis plus d’une semaine déjà, le stock de pagnes est fini avant même l’ouverture officielle des festivités. De son avis, aucune autre commande ne sera lancée. Toutefois, elle explique pourquoi les femmes sont en uniforme de pagne le jour du 8 mars. « Les pagnes symbolisent l’unité des femmes le jour de la SENAFET. Cela ne veut pas dire que cette journée se résume au port de pagne conçu pour le besoin. Au-delà des pagnes, nous menons des conférences-débats, des panels ou tout ce qui est intellectuel pour discuter des conditions de vie de la femme tchadienne », dit-elle. Elle invite toutes les femmes et également les hommes engagés au côté des femmes pour bouger les lignes à prendre part à la cérémonie d’ouverture ainsi que toutes les activités qui marquent la semaine. Car selon madame Bekoulloum, qui dit fête de la femme dit fête de l’homme, fête de l’enfant, bref fête de la famille.

Kouladoum Mireille Modestine

Les Arabes du Tchad ont tenu leur tout premier festival hier 27 février 2022, à N’Djamena, capitale tchadienne. Le thème de ce festival culturel est, « Ensemble pour la paix, le développement, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble. » L’Association solidaire des chefs de races de la communauté arabe a mobilisé plus d’un millier de ressortissants vivant à N’Djamena, ses banlieues et les villes et villages aux alentours. Ils étaient des milliers à envahir tôt dimanche matin, la cour de palais du 15 du janvier. Les cavaliers à dos des dromadaires et chevaux décorés n’ont laissé personne indifférent. Reportage.

De la couleur et du rythme se sont entremêlé ce matin du 27 février dans la cour de palais du 15-janvier de N’Djamena. Ce festival de la communauté arabe du Tchad était des véritables retrouvailles entre des milliers des Tchadiens. Convivialité, euphorie de joie, parade des cavaliers à dos des dromadaires décorés, la fête était gigantesques, les femmes et les jeunes filles habillées en tenue festivalière étaient belles, des tambourins et claironnistes rehaussent l’ambiance. Dans la salle de la cérémonie, du parterre aux gradins c’était plein comme un œuf. Des poèmes appelant à la solidarité du peuple arabe et de tous les Tchadiens ont été déclamés. Même message lors des différentes présentations théâtrales.

Selon le président du comité d’organisation Idriss Ousmane Djameh, ce festival permet de valoriser la culture arabe, mais aussi, appeler à la cohabitation pacifique des Tchadiens. Il affirme que toute la communauté reste positive pour un dialogue inclusif inhérent à la reconstruction de notre pays.

Pour le porte-parole des chefs de races Djidda Abdoulaye, le thème de ce festival culturel, « Ensemble pour la paix, le développement, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble », n’est pas fortuit. Le Tchad dit-il, depuis quelques mois est dans une phase de transition. La réussite de cette transition pour bâtir un Tchad digne de ses filles et fils nécessite l’implication de tous, a affirmé le porte-parole. Si la paix de notre pays concerne tous les Tchadiens, les chefs traditionnels en sont des acteurs clés, dit-il. Le Cheik Djidda Abdoulaye, recommande aux chefs coutumiers et traditionnels à résoudre tous les problèmes de manière pacifique en collaboration avec les acteurs politiques. « Notre pays connaît ce dernier temps de multiples crises sociales et de conflits meurtriers entre les différentes communautés. Et ce dans toutes les provinces entraînant d’énormes pertes en vie humaine. Il est de notre devoir en tant que chef traditionnel de jouer pleinement notre rôle pour le maintien de la cohésion sociale », a soutenu Djidda Abdoulaye. Il demande aux autorités traditionnelles de valoriser la solidarité nationale, la réconciliation et la cohabitation pacifique dans nos sociétés. « Chères autorités de la République, nous ne pouvons vivre en paix dans un pays s’il n’y a pas de justice et la paix. Nous devons contrecarrer la propagande de la division tribale à travers les propos haineux ».

Les femmes arabes déplorent les conflits meurtriers au Tchad et les haines via les réseaux sociaux. Elles plaident pour que la communauté arabe les implique dans toutes les organisations. Les jeunes arabes regrettent eux aussi, le comportement peu orthodoxe des jeunes tchadiens sur Internet. Ils demandent aux internautes tchadiens de véhiculer des messages de fraternité pour la consolidation de la paix au Tchad.

Les organisateurs du festival ont fait des recommandations. Ils se sont arrêtés sur l’essentiel: « assurer l’éducation et la santé des nomades, moderniser l’élevage, sensibiliser les populations sur la cohabitation pacifique, organiser chaque année le festival, etc. »

Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou

C’est le premier remaniement du gouvernement de la transition. Que peut-on retenir ?

Aussi, le Premier ministre Pahimi Padacké Albert est toujours Premier ministre de transition. On l’entend très peu. À quoi joue Pahimi? Pourquoi est-il si effacé? Est-ce un choix stratégique délibéré?

D’abord, le remaniement. Le bruit courait depuis quelques jours déjà. L’important ministère de la Sécurité publique, en ces temps d’insécurité, est remis à Idriss Dokony. Il a la réputation d’être un homme à poigne. Les Tchadiens le jugeront à ses premiers coups de poings.

Au ministère du Pétrole, c’est le retour de Djerassem Lebemadjiel. Un revenant traîné en justice pour malversations mais blanchit. Il revient au moment où le prix du baril monte. Au moindre faux pas, il sera sévèrement jugé.

Mahamoud Ali Seïd est propulsé ministre de la Jeunesse et aux Sports. Il a le verbe haut mais aura-t-il les épaules pour porter ce ministère où la chicane entre les cadres du ministère et l’ex-ministre Routouang a fini par emporté ce dernier.

Au ministère de l’Enseignement supérieur, les étudiants semblent avoir obtenu la tête de Lydie Béassoumal. Dr Ali Weido, un universitaire peu connu est aux commandes de ce ministère pas toujours facile à gérer. Il est du milieu, les Tchadiens verront…

Ensuite, Pahimi est toujours Premier ministre, mais il est toujours effacé. Jamais au-devant de la scène, pourtant il a joué des coudes pour obtenir le poste. Depuis l’adoption de la feuille de route, Pahimi s’est effacé. Il s’est claquemuré dans son hôtel réfectionné à grand frais. Il s’est tellement effacé que même ses propres ministres se moquent allègrement de ses instructions. Lorsqu’il les a recadré sur le sacro-saint principe du « droit de réserve ». Un ministre rétorque, « je ne suis pas un ministre qu’on recadre, mais qu’on instruit ». Un autre renchérit «  ne pas écrire, c’est mourir ». Pahimi a-t-il une emprise sur son gouvernement?

En fait, Pahimi ne veut pas. Il a adopté la stratégie du caméléon : la prudence. Chaque pas est mesuré. Chaque acte est calculé. Il s’exprime rarement. Il ne croit pas trop en cette transition. Il croit à son étoile. Il est convaincu que la charte ne disqualifiera personne. Il présume, peut-être, que la vraie transition commencera après le dialogue. Sa stratégie est donc : l’effacement. Pour Pahimi, la politique est un combat. Et le poste de Premier ministre est un arsenal pour la conquête du pouvoir suprême.

Bello Bakary Mana

Le président d’honneur de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) Dobian Assingar a dédicacé son livre intitulé « De la Kakistocratie au Syndrome de Chenilles », ce samedi à N’Djamena.  Ce livre est un style littéraire du genre Essai qui traite des sujets variés et exposés de manière personnelle par l’auteur. Le livre présente le fruit de sa réflexion et de sa vision des choses sur la vie politique, sociale et économique du pays. Reportage.

L’ancien président de la ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) et président d’honneur de cette institution, Dobian Assingar vient de sortir son 3e livre intitulé « De la Kakistocratie au Syndrome de Chenilles ». À travers cet écrit, l’auteur veut nous montrer vers quel désastre les dirigeants tchadiens veulent conduire le peuple. « La mort dans l’âme, j’ai pointé du doigt le pouvoir du pire ou la Kakistocratie, marquée par la banalisation de l’État qui se caractérise elle-même par la médiocrité dans la gouvernance, l’exercice patrimonial du pouvoir dans une ambiance paranoïaque et un empire de crimes et de mensonge », a déclaré Dobian Assingar lors de la cérémonie de la dédicace de son Essai. Pour l’auteur, tous ces comportements illustrent l’absence d’amour pour la patrie et l’obsession pour le pouvoir par tous les moyens, dans un océan de misère et de chaos.

À travers le cas du Tchad, ce livre aborde toutes les questions que se posent à celles et ceux qui souhaitent comprendre comment un État s’effrite, une République chavire et comment l’anarchie s’installe devant un peuple résigné, qui fait face à un régime de faussaire et d’innombrables lacunes dans la gouvernance.

Selon l’auteur, en 3 décennies, de fausses démocraties instaurées par le régime de feu maréchal Idriss Deby Itno, qui a réussi à corrompre les élites et à domestiquer une partie des médias, utilisés et dressés contre le peuple pour faire la propagande du régime.

Dans ce livre, l’auteur expose chapitre après chapitre, qu’il n’y a pas de justice ni de transparence au pays de Toumaï. Et deux expressions reviennent : une chimère et un slogan vide de sens. Pour le défenseur des droits humains, le défunt président Idriss Deby Itno apparaît aux yeux de ses compatriotes comme, quelqu’un dont la parole est instable. L’enfant de Mbikou, dans le Logone Oriental, estime aussi que le défunt Maréchal aimait gouverner avec des personnes dont il est sûr qu’elles lui doivent obéissance et soumission totale. 

Selon lui, pendant 3 décennies, les responsables politiques de toutes les provinces n’agissaient pas comme des hommes et des femmes au service de l’État, mais plutôt comme des employés au service des personnes influentes de notre pays. Et la conséquence de tout cela, la dignité et l’esprit de sacrifice ont disparu pour faire place à la traîtrise, la soumission et à la résignation. À son avis, les affaires publiques sont transformées en affaires privées, familiales et claniques.

Dobian Assingar pointe du doigt dans ce livre tous les complices de la dictature, de l’injustice, des massacres et des dérives sans distinction. « Je pointe du doigt le pouvoir qui corrompt, mais aussi certaines élites pour leur veulerie et leur flagornerie » dit-il. Pour l’écrivain et essayiste, lorsque l’on perd sa liberté de parole, l’on perd aussi son âme, pour ne pas dire sa raison d’être.

Après toutes ces critiques, il affirme que tout n’est pas du tout trop tard, il appelle à la prise de conscience. M. Assingar invite le Conseil militaire de la transition à prendre sa part dans ce combat, car il y a urgence pour sauver le Tchad. Selon lui, trop de sang et trop de morts dans notre pays pour rien. Alors il faut savoir arrêter à temps. « J’estime avoir fait ma part en donnant l’alerte en tant que citoyen, et j’invite les nouveaux dirigeants à faire la leur, sinon le temps me donnera raison ».

Jules Doukoundjé

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