Le parti socialiste sans frontière PSF a organisé une marche pacifique ce 18 février 2022 à N’Djamena pour réclamer la justice aux victimes de massacre d’Abéché et de Sandana. La marche est partie du rond-point Dembé à la bourse du travail. Reportage.

Ils sont quelque 300 militants et sympathisants à répondre présents à l’appel du président du Parti Socialiste sans Frontière Yaya Dillo Djérou Béti ce 18 février. Les militants sont habillés aux couleurs du parti. À 08h 12 min, le cortège se lance, mais sans le président Yaya Dillo. C’est arrivé non loin du Centre National de Traitement de Fistule qu’il est arrivé avec une escorte de trois véhicules. Pas à pas, les marcheurs arrivent au point d’arrivée de la marche : la bourse du travail.

Tour à tour, les veuves des militaires montent au podium pour dénoncer les injustices dont elles font l’objet après le décès de leur mari. Elles accusent les autorités de n’avoir rien faire pour elle depuis la disparition de leurs maris il y a 14 ans. Yaya Dillo intervient à son tour. Il déplore d’abord le nombre insignifiant des militants qui sont sortis pour la marche avant d’aborder les raisons de la marche. Il a qualifié la tuerie d’Abéché de terrorisme d’État, « comment les autorités qui sont censées protéger leurs populations leur tirent dessus, les tuant. C’est un massacre. C’est du terrorisme et de l’irresponsabilité de nos gouvernants. Nous n’allons pas accepter cela », a-t-il martelé.

Aussi, il demande le limogeage du gouverneur de la ville d’Abéché. Il appuie sa thèse par le fait que les autorités sont incapables de gérer les problèmes. Pour le cas de Sandana, le président du PSF parle de conflit intercommunautaire entretenu. « Ces communautés vivaient ensemble depuis longtemps. Quand il existe un différend entre eux, les autorités locales prennent parti. C’est cela qui crée les tensions. Sinon comment comprendre qu’une communauté peut tuer une dizaine de personnes innocentes parce que 1 seul des siens est mort », regrette-t-il.

Faisant allusion aux veuves des militaires, Yaya Dillo demande aux forces de l’ordre de ne pas soutenir un régime qui opprime le peuple. Il s’adresse aux forces de l’ordre en leur disant de ne pas mourir pour rien, « ne mourrez pas pour la jouissance des individus qui s’en foutent de votre mort, de l’avenir de vos enfants. Cessez d’opprimer le peuple. Ne participez pas à la mauvaise gestion du pouvoir. Si vous les accompagnez, voilà le sort qui sera réservé à vous enfants après votre mort ». Il a émis le vœu de voir en les forces de l’ordre, des citoyens responsables et des forces de l’ordre républicaines. Le chef du PSF déplore la réaction de certaines personnes qui prennent des positions communautaristes face aux évènements d’Abéché et de Sandana. Selon lui, c’est une question nationale et relève de la mauvaise gouvernance.  Il invite ses concitoyens à se lever pour combattre le système en place. De même, Yaya Dillo demande aux Tchadiens de cultiver le respect de la différence des uns envers les autres. La marche a été encadrée par les forces de sécurité. Aucun incident n’a été signalé. Une autre marche est annoncée par le président du PSF pour le mois de mars prochain avec un itinéraire à définir.

 Kouladoum Mireille Modestine

La marche de la plateforme de la coordination de la société civile prévue pour ce samedi 19, est reportée pour le 26 février prochain. Au cours d’une rencontre avec la presse pour annoncer la marche qui était autorisée pour le 12 février dernier, mais à cause des évènements de Sandanan, celle-ci a été reportée. Les organisateurs annoncent encore un autre report. Raisons de ce report : les autorités de la sécurité publique exigent que les responsables de Wakit Tama signent la condition de porter la responsabilité en cas de casses pendant la marche. Reportage.

La marche de la plateforme de la coordination de la société civile Wakit Tama de ce samedi 19 février n’aura pas lieu. Les responsables de Wakit Tama qui étaient en train d’échanger avec la presse sur la marche de ce samedi avaient reçu de leurs camarades qui étaient au ministre de la Sécurité publique pour les modalités de la marche une autre condition. Selon Wakit Tama, les autorités exigent de signer un engagement de porter la responsabilité des casses en cas de débordements. Les dirigeants de Wakit Tama se sont excusés auprès de la presse pour aller se concerter à huis clos dans une salle de la bourse du travail. Au retour du huis clos, les mines étaient tristes. Ils annoncent pour la 2e fois le report de cette marche.

Pour le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar, cette marche était autorisée, mais reportée pour des raisons de massacres perpétrés sur les populations de Sandana. Selon lui, Wakit Tama avait reporté la marche qui était prévue pour le 12 février dernier pour montrer aux autorités de la transition leur volonté pour un dialogue sincère et inclusif. « Nous ne comprenons pas que les autorités du Ministère de la Sécurité publique attendent à quelques heures de la marche pour changer de veste », s’indigne-t-il. Me Max explique que l’un des deux camarades chargés de suivre le dossier était absent. Il s’interroge s’il n’avait pas subi des pressions. Le coordonnateur de Wakit Tama souligne qu’il fallait deux signatures pour autoriser la marche.

À son avis, il est inadmissible de poser de conditions pour une marche qui était déjà autorisée. Il ajoute que la plateforme a juste reporté le délai pour des raisons humanitaires pour partager la douleur avec les populations de Sandana. « Nous avons le regret de vous annoncer qu’en toute responsabilité, nous reportons cette marche d’une autre semaine », annonce Me Max Loalngar. Il promet également d’introduire dès le lundi prochain une autre demande. Il soutient aussi que la plateforme se tient mobilisée pour que le samedi 26 février prochain soit réussi. C’est l’occasion selon lui de dénoncer les exactions perpétrées contre les paisibles populations d’Abéché et de Sandana.

Pour permettre aux Tchadiens de comprendre leur droit à la manifestation, l’avocat affirme qu’il y a deux régimes de liberté : le régime préventif et le régime répressif. Selon lui, le régime répressif est le plus libéral possible, parce qu’il permet au peuple d’organiser les manifestations sans prévenir les autorités. Il précise néanmoins que s’il y a des casses, les organisateurs seront devant leurs responsabilités. Concernant le régime préventif, Me Max ajoute que, c’est une lettre d’information qui est adressée aux autorités pour leur permettre de prendre des mesures pour encadrer la marche.

Pour le cas du Tchad, dit-il, c’est un régime hybride qui n’est ni préventif ni répressif.

Jules Doukoundjé

Le cinéaste tchadien résidant en France, Mahamat Saleh Haroun vient de présenter son deuxième livre ce 18 février 2022 à la Bibliothèque nationale de N’Djamena, Tchad. L’ouvrage intitulé, « Les Culs-reptiles » se veut un outil de réflexion pour la société tchadienne. Il qualifie les littéraires des donneurs d’alerte. Publié en France, l’auteur a utilisé un style simple pour peindre le mensonge comme une honte, nuisible à la cohésion sociale. Reportage.

Pour le modérateur M. Nocky Djedanoum, lui aussi écrivain, « Les culs-reptiles » est un livre pays. Il énonce que le profil littéraire de Mahamat Saleh Haroun était perceptible surtout qu’il dispose d’une importante bibliothèque chez lui. L’auteur d’après lui, en tant professionnel du cinéma, n’a fait aucunement allusion au cinéma. Le livre, dit-il, est purement et simplement littéraire « Les Culs-reptiles » est le deuxième ouvrage du cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun.

Selon l’analyste critique de ce roman Dr Ngaou-Dengdé Laobélé, Enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena, le livre compte 226 pages structurées en 16 plans. Ces plans assurent la continuité et la cohérence du récit dans le temps et dans l’espace. L’œuvre, dit-il, est classée dans le genre romanesque. « Les Culs-reptiles » sont deux mots composés d’un emploi métaphorique soutient-il. Il affirme que c’est une image d’un groupe d’individus bien connus qui vit dans l’immobilisme (jouer aux dames, cartes à la longueur de la journée sans rien faire). A son avis, ce roman est une fiction écrite en prose. Le livre d’après lui est conçu sur le récit d’un narrateur qui met en scène de personnages connus comme réels. Ce sont, dit-il, des gens qui combinent la narration, la description de la réalité et des paroles rapportées. Cet ouvrage n’est pas seulement imaginaire, mais descripteur des réalités sociales, a-t-il souligné. « Deux personnages clés ressortent de cette analyse : Bourma, le narrateur principal et Remadji, agent de l’État du ministère des Sports. Donc l’auteur met en exergue le musulman du nord et chrétien du Sud. Autrement dit, le stéréotype fabriqué de toute pièce n’est pas fondé. Des jugements hâtifs sans un fondement scientifique ». L’universitaire soutient que ce choix de l’écrivain, c’est pour briser ce mythe, casser cette barrière injustifiée qui gangrène la société. « C’est un frein au vivre ensemble et à la cohabitation pacifique ».

Dr Ngaou-Dengdé Laobélé, remarque que c’est un roman à thèse qui dénonce le concept de mensonge des gouvernants, le ras-le-bol des laissés pour compte et des marginalisés de la société. Il rajoute que ce livre d’aventure touche tous les sujets de la vie. « Ainsi, « Les Culs-reptiles » est un livre d’analyse ou psychologique qui permet de connaître les personnages. C’est un ouvrage réaliste et naturaliste qui expose les inégalités sociales ». L’auteur dit Dr Ngaou-Dengdé, se fait un enseignant qui initie un expatrié à une culture qui lui est étrangère. D’après lui, l’écrivain tire son inspiration du milieu africain.  Ces individus sont comparés aux reptiles qui rampent dans le sol comme s’ils n’ont rien à faire dans la société. Il indique que c’est un récit qui tombe au bon. Il tombe à un moment ou tout le Tchad prône le vivre ensemble. « Ce lingui légué par nos ancêtres doit être entretenue pour le bonheur de tous. Les Tchadiens doivent se débarrasser de toute étiquette qui attise la haine et entretiennent les clivages ethniques, religieux sans fondement », dit M. Ngaou-Dengdé. Pour lui, l’essentiel ne suffit pas de lire ce roman, mais de l’adapter aux réalités pour opérer un réel changement de mentalité.

« Les culs-reptiles » est publié en France en janvier 2022. Selon l’auteur, la parution de l’ouvrage devrait être effective en septembre 2021. Selon L’écrivain et cinéaste tchadien, il a écrit son roman au moment de confinement suite au covid-19 en France. Mahamat Saleh H dévoile l’objectif de son ouvrage qui est de, « pousser la société à la réflexion et penser à notre destin commun. Pour l’auteur, le mensonge est dangereux pour la vie en société ». Il déconseille les Tchadiens à attendre l’aide. Il estime qu’il faut être talentueux, car le talent ne se cache jamais.

L’écrivain pousse les Tchadiens à l’éveil de conscience pour booster le changement de comportement dans nos sociétés. Il conseille plus à la lecture et ne jamais faire éloge de la médiocrité. La présentation de cet ouvrage a été faite en présence de la ministre tchadienne de la Culture.

 Moyalbaye Nadjasna

Les cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports sont mécontents des nominations de certaines personnes extérieures aux postes de responsabilités techniques. Selon le bureau de la Section Académique de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (SACJS), c’est un clientélisme qui n’obéit nullement aux critères de compétences. Ce 17 février, Ialtchad a rencontré le personnel syndical en pleine concertation sous la houlette de son SGA, Netel Mianwodjim. Reportage.

Ce matin 17 février 2022, le personnel syndical du bureau de la Section Académique de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (SACJS) se sont concertés. Selon le SGA du SACJS Netel Mianwodjim, l’équipe a planché sur « les nominations aux postes de responsabilités dans les services centraux, les délégations provinciales et les organismes sous tutelle du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de l’Entrepreneuriat. » Lors de son point de presse hier, le syndicat reste intransigeant sur sa position notifiée dans ces différents communiqués de presse. Selon les syndicats, ces nominations sont basées sur des considérations purement subjectives. Pour le SG, elles laissent cours à des pratiques de types clientélistes. Ce sont des nominations, dit-il, qui ne respectent ni les compétences internes du ministère encore moins l’esprit de la circulaire du 08 septembre 2021. Il précise que cette circulaire détermine les critères de nomination portant sur les valeurs telles que la compétence, l’expérience et l’équité.

Sur un ton dur, les syndicalistes frappent du poing sur la table. Selon eux, cette situation n’a fait que perdurer. Cette fois-ci, les cadres demandent l’annulation pure et simple des décrets incriminés, ceux. du 14 janvier 2022. « Sur soixante (60) postes techniques de responsabilités proposés, plus de 60% sont confiés aux personnes externes au Ministère. La plupart n’ont pas d’expériences techniques, ni professionnelles. Et ce, sous prétexte que le Ministère ne dispose pas de compétences internes capables de remplir les obligations et missions liées à ces différents postes », dit le SGA Netel Mianwodjim. Il s’interroge si les compétences internes au ministère manquent. Mais aussi se demande si ce n’est pas la mauvaise volonté des auteurs de ces actes. « C’est à dessein qu’on refuse de considérer les compétences internes au ministère au détriment des copains, amis et frères. La plupart ne sont même pas agents de l’État comme le stipule les dispositions de l’article 5 de la loi N°017 portant statut général de la Fonction publique », évoque le syndicaliste. 

Le SACJS interpelle les autorités de la République. Le syndicat estime que celles-ci doivent prendre toutes des dispositions pour annuler ces nominations proposées par le ministre.

M. Netel Mianwodjim attire aussi l’attention du ministre sur la situation des lauréats issus de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports qui attendent depuis longtemps leur intégration à la Fonction publique.

Moyalbaye Nadjasna

Le pacte social signé entre le gouvernement et les syndicats semble voler en éclat. Certains syndicats menacent de déclencher une grève pour non-respect des engagements du gouvernement. Surtout, pour ce qui concerne le payement des primes de certains enseignants du secondaire. Le syndicat des enseignants du Tchad (SET), section de N’Djamena menace d’aller en grève d’ici lundi prochain, si l’État n’honore pas ses engagements. Reportage.

Les organisations syndicales et le gouvernement avaient signé le 4 octobre dernier un pacte social triennal qui devrait contribuer à l’instauration et à la consolidation d’un climat social apaisé. Mais ce pacte, selon nos sources, ne  semble pas avoir été respecté. Certains syndicats comme le SET commencent  à grogner. La section SET de N’Djamena menace d’aller en grève d’ici lundi si l’Etat n’honore pas à ses engagements.

Le secrétaire général de la section provinciale de N’Djamena Mbayana Laoukoura qui s’exprimait à propos du non-respect du gouvernement à reverser des rappels des primes de craies et de documentation recommandées par l’Inspection Général de l’État (IGE), souligne que le gouvernement refuse de manière délibérée de payer le salaire de juillet 2018 des enseignants reversés au trésor public. Il s’y ajoute aussi le non-payement des arriérés des salaires des nouveaux intégrés, la négligence des situations salariales et administrative des professeurs scientifiques contractuels. Le SET, section de N’Djamena dénonce aussi le refus du gouvernement de payer les jetons de présence des membres de la CAP des ministères de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle et des Métiers, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture et de la Promotion et de la Diversité, et en fin de l’Enseignement supérieur.

Selon les syndicalistes, l’objectif recherché par le gouvernement et les organisations syndicales en signant le pacte social est d’instaurer la paix sociale et un climat de confiance. Mais, souligne-t-il, le gouvernement cherche à faire du dilatoire sur certains points. Le syndicaliste qui, à la sortie d’une longue concertation avec ses camarades de la section provinciale de N’Djamena, exige du gouvernement le strict respect de ses engagements en prenant compte tous les points. Mbayana Laoukoura prévient en cas de non-respect des points énumérés, le trésor public et la solde seront responsables de tout ce qui adviendra.  Il demande à ses camarades de rester vigilants et soudés pour des actions à mener en cas de non-respect.

Le mois dernier, certaines sections provinciales du SET, telle que la section du Moyen-Chari et celles des deux Logone avaient émis l’intention de sécher les courent si le gouvernement ne respectait pas ses engagements.

À part le syndicat des enseignants du Tchad, d’autres syndicats comme le syndicat du personnel de la santé et ceux de l’action sociale se sont aussi plaints du non-respect des engagements du gouvernement.

Selon un représentant syndical qui s’exprime sous couvert d’anonyme, l’État a fait de son mieux en respectant plus de la moitié de ses engagements. Il exhorte les autres syndicats comme le SET à être indulgents dans ses réclamations.

Pour préserver les acquis du pacte social, le gouvernement devrait s’évertuer à respecter ses engagements, surtout ceux, des enseignants scientifiques qui ont déserté les cours depuis plus de deux semaines.

Jules Doukoundjé

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour l’Appel du 1er juin 2021 a présenté à la presse les propositions relatives aux critères de participation au Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS). Ces critères sont contenus dans un document rendu public le 4 février dernier et destiné aux forces vives tchadiennes. Ces propositions de critères de participation pourront servir de canal pour le dialogue en cours disent les auteurs. Reportage.

À travers ce document, le groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin invite au débat dans la recherche du consensus préalable au DNIS. Le succès du dialogue selon le document repose sur l’information immédiate et transparente du public, des forces vives, de l’agenda et des critères de participation. Cela va permettre à tous de se prononcer et de se préparer pour envoyer des délégués informés et représentatifs. Ses propositions sur les critères de participation se résument à quatre points. La qualité des participants, la parité hommes/femmes, la non-représentativité du Gouvernement et du CNT et le refus du droit de vote aux délégations. Pour le président du GRA-Appel du 1er juin, Bedoumra Kordjé, les délégués doivent avoir la capacité de participer de manière efficace aux débats constructifs. Ces débats selon M. Korê, vont permettre de parvenir à un consensus sur les principales thématiques essentiellement politiques que sont la refondation de l’État, sa forme et les textes législatifs qui en découlent. À propos du 2e point, le président propose que le dialogue se passe entre les deux camps c’est-à-dire entre ceux qui n’ont pas le même point de vue. Selon lui, le paysage politique tchadien est marqué par l’existence de deux camps. D’un côté ceux qui sont au pouvoir ou qui soutiennent le CMT. Et de l’autre côté ceux qui ne se reconnaissent pas dans la politique et les institutions mises en place à la suite du décès du Président Idriss Deby Itno. Il poursuit en disant que ce sont ces deux camps qui doivent discuter lors du dialogue.  Pas de représentants du Gouvernement et du CNT lors des assises du dialogue dont le groupe de réflexion le veut souverain. De l’avis de Kordjé, seul le PCMT garde sa fonction de Chef de l’État et le Gouvernement qui assure les affaires courantes de la République. Les délégations des forces de défense et de sécurité, des autorités religieuses, des autorités traditionnelles et coutumières, ne prendront pas part au vote.

Aussi, le président du groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin 2021 Bedoumra Kordjé invite le président du Conseil Militaire de Transition (CMT) Mahamat Idriss Deby à apaiser l’atmosphère et créer un climat de confiance entre les Tchadiens. Qu’il matérialise ainsi par un texte la souveraineté du dialogue et la non-éligibilité des dirigeants de la transition à tout poste électif à la fin de la transition. De plus, il demande au président de la transition de mettre fin au régime de terreur qui inquiète les populations illustrées par les massacres d’Abéché et de Sandana.

Kouladoum Mireille Modestine

D’Abéché capitale provinciale du Ouaddaï en passant par la sous-préfecture de Donia dans le Logone Oriental et maintenant à Sandanan. Les femmes se mettent de plus en plus au-devant de la scène pour réclamer  justice en sortant parfois torse nu. Ce phénomène semble nouveau dans l’espèce publique au Tchad. Pour comprendre cette situation, la rédaction a recueilli l’avis de quelques analystes. Reportage.

Les conflits intercommunautaires ne cessent d’endeuiller les familles dans plusieurs provinces du Tchad. Face à cette situation qui persiste et sans aucune réponse fiable, les femmes se mettent au-devant de la scène pour exiger plus de justice. Le 24 janvier dernier, lors d’une manifestation à Abéché pour contester contre l’intronisation du chef de canton de Bani-Halba, des centaines de femmes abéchoises se sont mises au-devant de la scène pour contester la répression des forces de l’ordre. Deux semaines plus tard, c’est à Donia, dans la province du Logone occidental que les femmes ont manifesté torse nu pour contester l’intronisation du nouveau chef de canton. Lors des massacres de Sandana, le 10 février dernier, les femmes avaient pendant 2 jours marché torse nu et les mains sur la tête pour réclamer justice.

La femme tchadienne qui, pendant longtemps mise à l’écart dans les négociations des conflits intercommunautaires s’invite aux débats et ne semble pas prête pour lâcher du leste sans obtenir gain de cause.

Pour expliquer ce phénomène qui semble nouveau, surtout quand les femmes se mettent à torse nu pour manifester, le secrétaire général national du syndicat des enseignants du Tchad (SET) et natif du grand Moyen-Chari, Ngartoïdé Blaise est formel. La situation est insupportable et les femmes, en tant que mères sont les plus touchées. Selon lui, on ne peut pas apprendre à une femme comment pleurer son enfant abattu devant elle. Le SG qui a dénoncé la violence perpétrée par les forces de sécurité publique, estime que celles-ci excellent dans les défenses de la sécurité dans la sous-région, mais peinent à assurer la sécurité de sa propre population. Ngartoïdé Blaise indique que cette situation ne restera pas impunie. Il souligne que les ressortissants de cette localité passeront par les moyens légaux pour que les bourreaux soient jugés et condamnés. Selon lui, ce serait des militaires qui ont quitté le rang pour aller tirer sur les paisibles citoyens de Sandana et c’est eux qui distribuent les armes à feu aux éleveurs.

Au sujet de la manifestation des femmes de Sandana et de Koumogo torse nu, il explique que quand les femmes se mettent à nue, c’est une malédiction qui s’annonce. Pour le SG du SET, quand une femme se déshabille pour montrer ses seins, c’est un signe de malédiction. Il souligne que ceux qui ont tiré sur les populations de Sandana vont mal finir. Il promet aux autorités politiques que les rites sont faits par rapport aux femmes qui sont torses nus auront de conséquences néfastes dans les jours à venir. Ngartoïdé Blaise note que l’échec sera à tous les niveaux.

De l’avis du sociologue Mbété Félix, la nudité des femmes en public et le sang versé sont les deux interdits en pays Sara et Ngambaye. Pour l’analyste, la nudité totale ou partielle de la femme mariée en public est motivée par l’injustice du mari, du frère, de la famille ou par le manque de protection face à l’adversité et les attaques multiformes. Mbété Félix souligne que selon la tradition du groupe Sara, l’homme qui ne répare pas l’exposition de la nudité de sa femme en public ou de sa mère, s’expose à de terribles sanctions mystiques. Selon lui, le mari qui ne répare pas la nudité de sa femme en public peut être soumis à la vengeance de ses frères pour laver l’honneur de leur sœur. Mais de nos jours, précise-t-il, il ne s’agit pas seulement des femmes en milieu Sara, mais le phénomène a été aussi observé à Abéché où les femmes semblent prendre le leadership pour réclamer justice et exprimer leur ras le bol. Le sociologue note qu’à travers ces actes, elles interpellent tous les hommes et l’État tchadien qui n’arrivent pas à protéger la vie humaine sacrée. Pour lui, par ce geste, elles invitent au respect de la vie humaine et de la dignité humaine.

Jules Doukoundjé

La semaine passée s’est enchevêtrée de grèves des agents de l’État dans quelques départements ministériels. À l’éducation, les enseignants scientifiques au secondaire réclament leur reversement dans le statut général de la Fonction publique, mais aussi leurs arriérés de salaires. Le SG du Syndicat national des enseignants du Tchad (SET), Blaise Ngartoïdé, dans un entretien à Ialtchad Presse regrette cette situation. Entrevue.

Le Syndicat national des enseignants du Tchad (SET) s’indigne de ce qui se passe par rapport au traitement des enseignants scientifiques et des maîtres communautaires. « Nous avons pour fonction d’alerter le gouvernement par rapport à des points de revendications. C’est ce que nous avons fait en tant que syndicat responsable. D’abord pour les maîtres communautaires qui constituent près de 70% des enseignants. Cela n’a pas été entendu, le budget de l’État étant voté sans la prise en charge de ces derniers » dit Blaise Ngartoïdé, SG national du SET. Selon lui, cette situation a causé trop du tort à l’école tchadienne. Il affirme que dans toutes les zones méridionales les maîtres communautaires sont en grève. Les professeurs scientifiques, dit-il, ont dans un premier temps signé des contrats avec le ministère de l’Éducation nationale. Certains ont perçu la totalité de leur traitement, d’autres non, souligne le SG du SET. Il soutient que plus de 98% n’ont pas perçu leurs arrêtés de contrat. Il signale tout de même, le reversement d’une petite partie est à l’origine du déclenchement de la grève des professeurs scientifiques contractuels, dit M. Blaise.

Le syndicaliste soutient que le SET n’a pas baissé le bras. « Nous avons écrit au ministre de l’Éducation nationale, nous avons aussi fait une fiche portée à l’attention du Chef de l’État. Il a réagi en contactant le ministre de Finances et du Budget. Il a demandé que le SET lui clarifie sa revendication. Et préciser ceux qui sont concernés par les arriérés et ceux qui n’ont pas été encore reversés. Nous l’avons fait par le biais du secrétaire général des Finances ». À son avis, les choses sont en cours d’être examinées. Seulement, note-t-il, nous sommes dans un pays ou les paroles des autorités ne sont pas prises au sérieux par les travailleurs. Du côté des maîtres communautaires, le ministère des Finances est en train de se grouiller pour qu’ils soient satisfaits, soutient M. Blaise. Il indique que le SET a délégué ses membres qui ont travaillé sur le dossier de l’arrêté de reversement des contractuels. L’équipe du SET assure-t-il, attend d’un moment à l’autre cet arrêté. Il remarque que de façon individuelle, certains professeurs scientifiques se sont fait payer. « Seulement, ceux qui ont des arriérés sont plus nombreux. Ce qu’il faut retenir, nous attendons l’arrêté pour aller vers les professeurs scientifiques et faire de concession avec eux. Si pour ce mois de février, la totalité de leurs arriérés est prise en compte, nous pouvons leur demander la reprise si l’arrêté apparaît », livre le SG.

Un souci orienté vers le devenir de l’école tchadienne

Le SG national du SET affirme, lorsqu’on va vers son employeur avec de revendications à 100%, il faudrait au moins qu’on totalise 60 à 70 % de compromis. Ce qui vaudra pour le syndicaliste que la négociation continue et la reprise soit effective. Pour l’instant exprime-t-il, le SET ne peut pas forcer la main des professeurs scientifiques à reprendre les cours, ils sont dans leurs droits.  « Notre plaidoyer c’est un souci orienté vers le devenir de l’école tchadienne. Ça nous gêne de voir nos enfants vadrouillés dans les quartiers. Si le mois de février finit sans une satisfaction aux revendications de ces professeurs, ils totaliseraient déjà deux mois sans cours. L’enjeu est d’ores et déjà important pour les élèves surtout ceux des classes d’examens », constate M. Blaise. Il précise que sans doute, le volume horaire pour composer les examens de fin d’année sera atteint. Le technicien de l’éducation imbu du danger plaide afin que le ministère de Finances décante plus rapidement cette situation. Il révèle aussi, le sort des nouveaux recrûs au ministère de la Jeunesse et des Sports qui n’ont pas perçu la totalité de leur salaire en grève.

La section SET de N’Djamena, dit-il, est en train de préparer une grève de soutien. « Il faut qu’une solution globale et définitive soit trouvée pour toutes ces revendications. Il faudrait que le gouvernement s’attelle afin que l’année ne soit plus perturbée, remettre notre éducation sur les rails. Créer des conditions favorables pour l’organisation des examens de fin d’année », suggère le responsable du SET.  L’enseignant estime que ce sera une expression de joie des élèves, des parents, du gouvernement ainsi que nos partenaires éducatifs.

La grève des enseignants scientifiques a été lancée annoncée par le rapporteur adjoint de l’amicale Djiraïbé Kosmadje, le 03 janvier 2022. Ils revendiquent : les reverser sans condition à la Fonction publique, payer intégralement leurs arriérés de salaire conformément au pacte social (50% en octobre et 50% en décembre 2021).

Moyalbaye Nadjasna

Depuis quelques jours, une conversation présumée de Timan Erdimi avec une autorité centrafricaine non-identifier circulait sur les réseaux sociaux. Dans ce coup de téléphone, l’on peut écouter la voix de ces deux hommes qui demandent le soutien de Wagner en la République du Tchad pour renverser le pouvoir du Conseil Militaire de Transition (CMT) et la France. En réaction à cet audio, le ministre de la communication Abdramane Koulamallah a affirmé sur les ondes de la RFI ce 15 février que Monsieur Timan Erdimi s’auto-exclu de la tenue du pré-dialogue de Doha. Professeur Ahmat Mahamat Hassane fait une analyse politique à propos de la réaction du ministre de la communication. Reportage.

« Sous prétexte qu’il veut chasser la France et le CMT, Timan Erdimi est capable d’aller pactiser avec le diable pour venir déstabiliser le pays.  C’est extrêmement grave. Nous n’accepterons pas que cet homme qui projette faire la guerre au moment où les gens veulent faire la paix puisse assister à un pré-dialogue. Nous accordons le bénéfice du doute au gouvernement centrafricain mais les autorités centrafricaines doivent donner des explications au gouvernement Tchadien ». Propos du ministre de la communication porte-parole du gouvernement Abdramane Koulamallah suite à la présumée discussion téléphonique. Professeur Ahmat Mahamat Hassane analyste politique, souhaite que les concernés que sont Timan Erdimi et l’autorité centrafricaine démentent ou confirment cette supposée conversation.

Pour lui, la réaction du gouvernement est précipitée. « Les  réseaux sociaux font circuler beaucoup de fausses informations de nos jours donc pour un gouvernement responsable, on aurait dû prendre la précaution  de vérifier l’authenticité de l’audio avant de prendre une position claire. À moins que le gouvernement est déjà accompli cette petite vérification préliminaire pour crédibiliser sa réaction », a-t-il indiqué. De son avis, Timan n’est pas au pouvoir pour qu’au nom de la République du Tchad puisse engager des conventions internationales avec la Russie qui est un état sujet du droit international. Il trouve la réaction du gouvernement très hâtée et légère.

L’analyste politique souligne également que le même gouvernement qui exclut Timan du pré-dialogue a affirmé à travers le premier ministre de transition que la tenue du Dialogue National Inclusif est conditionnée par le pré dialogue de Doha. « Tout me laisse croire que cette histoire de dialogue risque de ne pas avoir lieu. C’est des recherches de prétexte et c’est dommage. Monsieur Timan Erdimi a des ambitions pour le pouvoir depuis 2005 et il ne l’a jamais caché », précise-t-il. Professeur Ahmat ajoute que ça serait imprudent de prendre une telle décision pour juste une conversation téléphonique qui se limite à un simple souhait de Timan par rapport à Wagner. Ils crédibilisent le coté gouvernement centrafricain en lui accordant le bénéfice du doute poursuit-il, et s’accroche sur l’élément Timan Erdimi. L’analyste politique insiste sur l’authenticité de l’audio. Pour lui, ce n’est pas un élément crédible pour pouvoir s’accrocher dessus. « Un adversaire politique si on veut vraiment aller à un dialogue sincère avec lui, cette discussion ne peut pas empêcher qu’on puisse l’accepter à la table de négociation de Doha. Timan Erdimi n’est pas le seul à être dans les politico-militaire, il ya plusieurs groupes », argue-t-il. Il revient sur le fait que le gouvernement tchadien a pris il n’y a pas longtemps, une loi d’amnistie générale et que Timan Erdimi en bénéficie. Professeur Ahmat rappelle le caractère inclusif du dialogue que le voulait le gouvernement et réaffirme que ce dernier n’a pas à opérer une action de sélection. Il faudra un peu de calme du côté du gouvernement pour pouvoir prendre de bonnes décisions, a-t-il conclut.

Kouladoum Mireille Modestine

Une véritable scène de théâtres ce matin, 15 février 2022 à l’Espace Fiesta-Africa de N’Djamena capitale tchadienne. Les ressortissants du Grand Moyen-Chari se sont donné rendez-vous à ce lieu pour marcher et faire le deuil. Les marcheurs veulent exprimer leur soutien aux Tchadiens tués à Sandana dans le Moyen-Chari et à Abéché dans le Ouaddaï. La manifestation a été violemment dispersée par les agents de la sécurité. Reportage.

7heures. Les marcheurs habillés en noir, signe de deuil, n’ont pas pu se rassembler comme prévu à l’Espace Festa-Africa dans le 6e arrondissement de N’Djamena. Une forte mobilisation policière a pris d’assaut les lieux et les disperse. Ce n’est pas tout, les malheureux manifestants en deuil sont suivis sur l’axe Mbaïlem Dana. En file indienne, hommes comme femmes, ils se retrouvent brusquement sous une pluie des gaz lacrymogènes. C’était la débandade.

Les agents de sécurité étaient les maîtres du terrain, contrôlant toutes les voies secondaires du quartier Moursal. Tous les établissements scolaires dans cette zone ont libéré leurs élèves. Les enfants se précipitent chez eux pour se mettre à l’abri d’éventuel dérapage. Djimssassem Narbaye, coordonnateur de la plateforme du groupe « Robndo » fait partie des marcheurs. Il est frustré du comportement des forces de sécurité. Selon lui c’est juste un recueillement, on n’a pas besoin d’une autorisation pour organiser un deuil. « Nous ne sommes pas venus pour une marche politique ou citoyenne pour s’en prendre au gouvernement. C’est une manifestation de deuil pour apaiser les douleurs d’une communauté meurtrie. C’est un fait social, même les diables pleurent leurs morts. C’est vraiment déplorable, il faut que ce Diable incarné change de camp », dit-il.

Le coordonnateur de la plateforme Robndo remarque que c’est la tournure de la situation sur le terrain à Sandana qui pose problème. Ce n’est pas la première fois, dit-il. En 2015, 2019 c’en était pareil soutien M. Djimssassem Narbaye.  « C’est un massacre bien planifié et organisé qui n’a rien à voir avec un conflit agriculteur-éleveur. Ce n’est pas un conflit musulman-chrétien. Pas non plus un conflit intercommunautaire. Il faut que les récupérateurs des situations ne manipulent pas les choses », affirme-t-il. Il rappelle que leur organisation a demandé au gouvernement de ne pas aller sur la base de mensonge des autorités locales. Pour lui, les autorités sont complices et acteurs de ce qui s’est passé. Il soutient que c’est une question de sécurité de personnes et des biens. C’est une des missions régaliennes de l’État. Par exemple, dit-il, un ministre s’est fait tirer dessus. « Il faut préserver la paix et la cohabitation que d’exploser le Tchad en cette période de transition », lance Djimssassem Narbaye.

Selon le communiqué signé du porte-parole des ressortissants du Grand Moyen- Chari M. Ndiguingué Mayenan le 12 février 2022, cette marche est pour la « Dignité et la Justice. » Le document précisait que la marche est effectuée en mémoire des victimes de l’injustice et des barbaries commises à l’égard des paisibles citoyens sur l’ensemble du territoire national.

Moyalbaye Nadjasna

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